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Le PS et le SP.a soutiennent Corbyn… uniquement lorsqu’il se soumet à la droite !
Jeremy Corbyn a récemment été élu président du Parti travailliste, le Labour, en Grande-Bretagne. Cette élection d’un candidat anti-austérité représente un véritable bouleversement dans la situation politique.
Par Jarmo (Anvers)
Le Parti travailliste britannique fut l’un des premiers partis sociaux-démocrates européens à embrasser le néolibéralisme et à bazarder toute référence au socialisme ou à une politique favorable aux travailleurs. C’est aussi le parti travailliste, sous la direction de Tony Blair, qui a décidé de partir en guerre en Irak. C’est donc des plus remarquables que c’est précisément ce parti qui, aujourd’hui, se retrouve avec un socialiste à sa tête pour la première fois depuis des décennies.
L’enthousiasme autour de la figure de Corbyn a même des conséquences en Belgique. La social-démocratie essaie ainsi d’instrumentaliser son succès dans une tentative désespérée de soutenir qu’elle reste politiquement pertinente.
L’élection de Corbyn – avec 59% des suffrages exprimés – est l’expression de la recherche croissante d’une alternative politique en Grande-Bretagne. Le même processus a déjà conduit à l’émergence de nouvelles formations de gauche comme Syriza et Podemos tandis que, dans d’autres pays, l’espoir se développe que des personnalités de gauche soient capables de reprendre les rênes d’un parti comme le Parti travailliste.
Des centaines de milliers de jeunes et de travailleurs se sont mobilisés pour la campagne de Corbyn et ont placé leurs espoirs dans son programme d’investissements massifs dans les services publics, de réhabilitation des acquis sociaux comme les pensions et le droit de grève,… et dans la fin de la vague incessante et violente d’austérité qui frappe la population de plein fouet. L’élection de Corbyn est aussi une expression de la désillusion parmi la population britannique pour la direction traditionnelle du Labour, qui reste d’ailleurs opposée au programme de Corbyn. Cette contradiction devra, plutôt tôt que tard, conduire à une scission. Corbyn doit utiliser son soutien et l’enthousiasme qu’il a suscité pour rassembler autour de lui toutes les forces de gauche dans la société afin de construire un nouvel instrument politique pour la classe des travailleurs.
Il n’y a pas de différences fondamentales entre la direction traditionnelle du Labour et celles du PS et SP.a en Belgique. Ces partis sont partisans de la casse sociale qui, après des années de participation aux gouvernements, ne voient qu’un sentier de destruction sociale lorsqu’ils regardent derrière eux. La social-démocratie belge fut par exemple à la base de la réforme des prépensions, de la privatisation et du démantèlement des services publics,… Ils ont même été les auteurs de mesures haïes comme le Pacte des Générations en 2005 et la chasse aux chômeurs. Probablement aucun jeune en Belgique ne se souvient d’un moment où ces partis ont représenté une force progressiste.
Cependant, les dirigeants sociaux-démocrates flamands et francophones sentent aussi la recherche d’une alternative politique. Les succès électoraux du PTB, particulièrement du côté francophone, sont déjà une expression partielle de cette recherche. Elio Di Rupo a donc immédiatement félicité Corbyn en disant qu’ils ont ‘‘des objectifs communs : fin à l’austérité, une société juste et plus de justice sociale’’. Kathleen Van Brempt du SP.a a écrit une carte blanche en défense de Corbyn, mais en se limitant au tournant de Corbyn qui a déclaré qu’il n’est plus en faveur d’un Brexit (la sortie de l’euro). Le fait que Corbyn maintient cependant toujours que l’Union Européenne néolibérale n’est qu’un instrument politique aux mains de la classe dirigeante pour imposer une politique d’austérité sévère n’était bien sûr pas mentionné par Van Brempt. Elle essaie, de façon pathétique, d’utiliser la popularité d’un adversaire politique pour se donner une image plus à gauche.
Van Brempt n’est pas la seule à procéder de la sorte. Paul Magnette fait pareil. Il se réfère à Corbyn, mais surtout aux points spécifiques sur lesquels il a déjà cédé à la droite de son parti. Autrement dit, Magnette défend Corbyn tant qu’il ne s’agit pas des éléments qui ont créé l’enthousiasme ! Magnette lui reproche d’ailleurs de fonctionner comme la ‘‘gauche radicale’’ : de présenter des sujets complexes d’une manière simpliste. Cela n’empêche pas Magnette de déclarer que les programmes de la gauche radicale et du PS ne sont pas trop différents : une taxe des millionnaires, une fiscalité plus juste,… En réalité Magnette montre les limites de telles propositions. Si même des représentants d’une politique d’austérité sont prêts à les défendre en paroles…
Dans la même logique Di Rupo, tout comme le président du SP.a John Crombez, a déclaré qu’il n’était pas opposé à des coalitions avec le PTB. Ce parti a aussi déclaré d’être en faveur d’une ‘coalition progressiste’ à Anvers avec SP.a et Groen. Le président du PTB Peter Mertens a ainsi affirmé : ‘‘J’espère que personne ne va s’enfermer dans ses propres points de vue et qu’ils vont comprendre que cette collaboration est plus que jamais nécessaire.’’ Tous les précédents indiquent cependant qu’une nouvelle formation de gauche doit se méfier d’une collaboration avec la ‘‘gauche’’ néolibérale.
Dans la plupart des pays, le mouvement des travailleurs n’a plus d’instrument politique. L’élection des figures de la gauche dans anciens partis du mouvement ouvrier et l’émergence de nouvelles formations d’autre part, sont des expressions de la recherche d’une alternative. Cela peut constituer des pas importants dans la bonne direction. Mais une alternative politique ne sera en dernière instance seulement possible que sur base d’une grande implication du mouvement des travailleurs. Elle exige également la reconnaissance des limites programmatiques de certains partis de gauche, ainsi que la conscience que les anciens partis sociaux-démocrates dans leur état actuel sont devenus des cadavres pourrissants pour le mouvement des travailleurs. Le PSL veut aider au développement de chaque initiative allant vers la formation d’un nouveau parti des travailleurs.