Category: Asie

  • Hong Kong : interdiction d’un parti politique et escalade de la répression

    Socialist Action (partisans du Comité pour une Internationale Ouvrière à Hong Kong)

    Le gouvernement de Hong Kong a, pour la première fois, décidé d’interdire un parti politique. La répression politique menée par Pékin sur le territoire s’aggrave. Le 17 juillet, le Bureau de la sécurité a fait savoir qu’il utilisera l’Ordonnance sur les sociétés – une relique de la domination coloniale britannique – pour interdire le Parti national de Hong Kong (HKNP), pro-indépendance.

    Le HKNP est un groupe raciste très petit et largement sans importance qui a été clairement choisi par le gouvernement en tant que test approprié afin d’imposer de nouvelles restrictions sérieuses à la liberté d’expression et à la liberté d’association à Hong Kong. Cela fait suite à deux années de restrictions successives des droits politiques, de nouvelles lois répressives, d’interdiction des candidats aux élections et de lourdes peines de prison pour les jeunes militants pro-démocratie qui se sont engagés dans des manifestations contre la dictature “communiste” chinoise (du PCC, le Parti «communiste» chinois) et son gouvernement local fantoche à Hong Kong.

    C’est la première fois que l’Ordonnance sur les sociétés est utilisée pour réprimer les organisations politiques depuis la rétrocession de Hong Kong à la Chine et la fin de la domination britannique en 1997. Cela marque une intensification indubitable des attaques du gouvernement contre les droits démocratiques. Une fois que le Bureau de la sécurité émet une ordonnance pour des raisons de “sécurité nationale”, il est illégal de participer aux activités ou de faire un don à l’organisation. La peine maximale est une amende de 100.000 $HK (11.000 euros) et une peine d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à trois ans.

    Le HKNP dispose de 21 jours pour faire appel contre l’interdiction, mais dans l’environnement ultra-répressif actuel de Hong Kong, il ne fait guère de doute que l’appel sera rejeté. Ainsi, une fois de plus, les lois tant vantées par les capitalistes et les libéraux comme des garanties de certains droits démocratiques sont devenues des outils pour la suppression des droits démocratiques.

    Socialist Action (les partisans du Comité pour une Internationale Ouvrière à Hong Kong) s’oppose totalement à la politique et aux méthodes du HKNP, en particulier son racisme envers le peuple chinois continental et son soutien à l’impérialisme européen et américain. L’appel de ce groupe à l’expulsion de tous les Chinois continentaux de Hong Kong est un exemple de racisme totalement réactionnaire similaire à celui de Trump. Cela ne peut qu’aider l’État-PCC tout aussi raciste à utiliser des tactiques de division pour dévier et affaiblir les luttes de masse à Hong Kong et en Chine selon des lignes ethniques. Les socialistes défendent la lutte unie de tous les travailleurs, où qu’ils soient nés, contre l’ennemi réel, qui est un régime autoritaire milliardaire.

    La véritable cible du gouvernement n’est guère le HKNP, mais il est évident qu’il s’agit là d’un précédent pour ensuite élargir l’attaque et interdire d’autres organisations qui s’opposent au gouvernement et à son programme autoritaire. Le HKNP est un groupe qui n’a pratiquement aucun soutien, même au sein de la tendance de la jeunesse du localisme de Hong Kong (un nationalisme anti-Chine). Il est surnommé le “Parti des déclarations” par d’autres partisans de l’indépendance de Hong Kong parce qu’en dehors des déclarations, il ne fait rien.

    L’objectif du gouvernement en faisant du HKNP, qui ne représente aucune menace politique réelle pour le régime, sa première cible est limpide. Il veut établir un précédent et se prépare à répéter cette méthode pour interdire à l’avenir d’autres organisations d’opposition plus importantes et plus authentiques. Il commence par cibler ceux qui prônent l’”indépendance” qui, pour le PCC et le gouvernement de Hong Kong, est un sujet qui ne peut même pas être discuté.

    “Mettre fin au règne du parti unique”

    Mais le gouvernement inclut d’autres positions politiques comme sujets interdits. L’exigence des masses de “mettre fin au règne du parti unique”, fondamentale pour la lutte pour la démocratie, est aussi maintenant une cible de la répression du gouvernement. La chef de l’exécutif de Hong Kong, Carrie Lam Cheng Cheng Yuet-ngor, a récemment refusé d’exclure que ceux qui soutiennent cette demande puissent faire face à des conséquences juridiques, alors que les candidats qui ont exprimé leur soutien à cette revendication (c’est-à-dire presque tous les partis d’opposition pro-démocratie) courent le risque d’être empêchés de se présenter aux futures élections.

    Le gouvernement utilise une “tactique du salami” similaire à celle qu’il a utilisée en 2016, après les élections du Conseil législatif de Hong Kong, pour disqualifier deux législateurs locaux nouvellement élus, Baggio Leung Chung-hang et Yau Wai-ching, pour ne pas avoir prêté serment d’office de la manière requise. La mesure a ensuite été élargie à quatre autres législateurs, non locaux, qui représentent l’aile radicale de la lutte pour la démocratie et qui étaient la véritable cible de la purge du gouvernement.

    Le Bureau de la sécurité a produit un dossier de 700 pages sur le HKNP pour justifier l’interdiction, couvrant ses discours, sa présence sur les médias sociaux et les événements auxquels a assisté le leader du groupe, Chan Ho-tin. Comme à toutes les étapes précédentes de la répression du gouvernement de Hong Kong, cela se déroule dans le cadre d’un plan synchronisé visant à entraver l’opposition politique et à vaincre la lutte pour la démocratie. Le gouvernement s’empare de certaines déclarations de ce groupe pour le dépeindre comme une “menace violente” pour la sécurité de l’État, alors qu’il s’agit en fait d’un minuscule groupe spécialisé dans la recherche d’attention et qui ne se consacre qu’à bien peu d’autres choses.

    Le parti étudiant Demosisto, qui prône “l’autodétermination démocratique” et dont les membres n’ont pas le droit de se présenter aux élections, pourrait être la prochaine cible après l’interdiction du HKNP. De cette façon, nous pouvons voir que le gouvernement a déjà mis en œuvre “l’article 23” – une loi répressive en matière de sécurité – de manière déguisée.

    La dictature mène une “guerre” contre les droits politiques des jeunes. L’interdiction du HKNP, qui ouvre la porte à d’autres interdictions, à la persécution des partis pro-démocratie radicaux, à la manipulation des élections et à l’introduction imminente d’une loi sur l’hymne national et d’autres lois oppressives, vise à imposer le silence aux jeunes de Hong Kong qui s’opposent en masse à la dictature du PCC.

    Mais, comme en Chine continentale, la politique ultra-répressive ne peut pas éliminer la résistance de masse et la lutte pour la démocratie. À long terme, elle aura l’effet contraire. Elle augmentera la radicalisation et la politisation des jeunes et des travailleurs de tous âges, puis déclenchera de plus grandes vagues de résistance.

    Les localistes, une tendance politique lâche, très confuse et très hargneuse, ne peuvent offrir une voie vers l’avenir. Au contraire, la position nationaliste et raciste étroite des différents groupes localistes et leur idéologie de droite pro-capitaliste représente une impasse pour toute forme de lutte politique des jeunes.

    Cette dernière attaque autoritaire souligne la nécessité de reconstruire un mouvement démocratique de masse. Il est nécessaire de protester contre toute attaque antidémocratique et de comprendre que le système actuel prépare de plus en plus de répression. Les attaques ne s’arrêteront pas d’elles-mêmes, mais seulement en rencontrant un mur de résistance de masse, qui doit être organisé démocratiquement, avec des porte-parole élus et des comités de base pour décider de la stratégie à adopter et des revendications à défendre.

    La lutte pour la démocratie doit être liée à la lutte contre le capitalisme. Il est nécessaire d’établir des liens avec les travailleurs de Chine continentale et ceux du monde entier qui s’organisent et résistent aux réductions salariales et à l’austérité, aux politiques pro-riches et aux coupes budgétaires dans l’enseignement et le logement. Relier ces luttes entre elles ainsi qu’à une alternative socialiste est le moyen de faire de la lutte pour la démocratie un véritable mouvement de masse capable d’ébranler n’importe quel gouvernement, y compris la dictature chinoise.

    De nouveaux scandales politiques à Hong Kong, impliquant des transactions foncières lucratives et des constructions illégales concernant de nouveaux projets de métro, illustrent à quel point les capitalistes considèrent le système politique antidémocratique comme un “parapluie” pour les protéger de la pression de masse et fuir leurs responsabilités. Pour sauvegarder leurs profits, ils feront tout leur possible pour résister et repousser les exigences démocratiques de la classe ouvrière. Par conséquent, pour réaliser un véritable changement, le mouvement démocratique doit avoir un programme anticapitaliste et disposer d’un parti socialiste de masse. C’est la façon de vaincre la dictature du PCC et les super-riches.

  • Chine. La grève nationale des camionneurs, signe des temps à venir

    Les grèves des camionneurs dans plus de 12 régions confirment la tendance croissante vers les actions syndicales «interrégionales»

    Par des correspondants de chinaworker.info

    Les chauffeurs de camions de toute la Chine ont pris part à des grèves et à des actions de protestation contre l’augmentation des coûts du carburant, les péages routiers et une nouvelle application en ligne qui les monte les uns contre les autres dans la recherche d’emplois.
    Ces grèves sans précédent ont commencé dans la province de Jiangxi et du Chongqing, les 8 et 9 juin respectivement. Elles se sont ensuite étendues à d’autres régions. Un appel anonyme en ligne a appelé les “30 millions de camionneurs à travers la Chine” à se joindre à la grève. Les manifestations ont pris diverses formes, des conducteurs bloquant les routes dans certaines zones. Les vidéos présentes sur les médias sociaux montrent des convois de camions conduisant lentement, certains couverts de banderoles, les conducteurs klaxonnant et scandant des slogans.

    Bien qu’elles ne soient pas directement inspirées par des événements internationaux, ces grèves coïncident avec celles des camionneurs en Iran et au Brésil ces dernières semaines. Ces protestations ont surgi pour des raisons similaires : la hausse des prix du carburant jouant un rôle majeur.

    “Nous nous battons simplement pour survivre”

    Plus de 80 % des marchandises chinoises sont transportées par camions. Les grèves de juin pourraient donc représenter les premiers mouvements d’un géant. Plusieurs commentateurs avertissent que les grèves pourraient éclater à nouveau, surtout si les prix du carburant continuent d’augmenter.

    “Nous nous battons simplement pour survivre”, a déclaré un camionneur basé à Shandong au South China Morning Post, indiquant que de nouvelles manifestations pourraient être organisées plus tard dans l’année. En plus des coûts du carburant, la colère des grévistes est dirigée contre les péages élevés, le harcèlement de la police (qui a fait de l’imposition d’amendes aux camions surchargés un commerce rentable), ainsi que la mafia qui exige d’être payée pour laisser les camionneurs tranquilles.

    “Vous devez payer des frais et des péages partout où vous allez, pour utiliser l’autoroute ou les autoroutes nationales. Même les petits endroits demandent de l’argent maintenant”, a déclaré à Radio Free Asia un chauffeur appelé Shen.

    Un gros titre du Wall Street Journal a décrit les grèves comme étant “inégales” – mais cela n’est guère surprenant dans les conditions ultra-répressives de l’État policier chinois. L’ampleur de la protestation était toutefois impressionnante, les camionneurs étant rentrés en lutte dans plus d’une douzaine de régions et de villes, de Chongqing à l’ouest à Shanghai à l’est (l’équivalent de la distance entre Londres et Varsovie). Tout cela, bien sûr, avec un silence médiatique total en Chine, les censeurs du régime assurant qu’il ne soit pas possible de disposer d’une image plus claire des événements et du nombre de personnes impliquées.

    Pour cette seule raison, la grève est politiquement très importante, même si les chauffeurs eux-mêmes, comme la plupart des autres travailleurs impliqués dans la lutte, ont évité les revendications politiques directes. Malgré cela, le gouvernement aura été ébranlé par ce dernier épisode en date d’une vague de grèves interrégionales qui a balayé la Chine en 2018.

    Précédemment, c’étaient les grutiers et les livreurs d’aliments qui sont simultanément entrés en lutte dans des dizaines de villes. Bien que ces grèves aient été soudaines et de courte durée – inévitablement – elles indiquent clairement une nouvelle tendance à la lutte des travailleurs. Cela reflète des changements importants survenus dans la conscience des travailleurs de même que la sophistication dans l’organisation de manifestations à travers différentes régions sous les yeux attentifs d’un Etat policier.

    L’ordonnance de censure suivante, émise le 11 juin et diffusée sur le site Internet China Digital Times, souligne l’inquiétude du gouvernement face à cette dernière grève “interrégionale” : “Tous les sites Web de toutes les régions doivent immédiatement effacer toutes les nouvelles concernant les conducteurs de camions de marchandises et ne laisser aucune pierre non-retournée. Il faut renforcer la surveillance et se prémunir strictement contre les reportages et les commentaires provocateurs des médias étrangers.”

    Les reportages de certains médias étrangers ont déclaré à tort que certains chauffeurs en grève ont appelé sur des vidéos au renversement de la dictature du Parti “communiste” (?????). En y regardant de plus près, on entend les conducteurs chanter “A bas Huochebang” (?????), le nom d’une application en ligne de type Uber utilisée pour connecter les chauffeurs avec les clients du fret.

    La « gig economy »

    Cette application appartient au groupe Manbang, une société récemment fusionnée qui détient un monopole virtuel dans le secteur du transport par camion. Les conducteurs de camions, dont 90 % sont des indépendants, se plaignent que la nouvelle version de l’application les oblige à se soumettre à une course vers le bas les uns contre les autres. Le paiement du transport diminue alors que les coûts augmentent.

    Il s’agit d’un nouvel exemple de la « gig economy » (expression issue des Etats-Unis pour désigner l’économie des petits boulots, à la manière des musiciens qui courent après les cachets sans emploi fixe, gig signifiant « concert », NDT) que connaissent les économies occidentales et qui prend racine en Chine. Les emplois temporaires et précaires augmentent, les entreprises préférant embaucher de soi-disant indépendants plutôt que des employés à plein temps.

    Les mêmes facteurs expliquent des éruptions similaires de protestations de la part de travailleurs tels que les chauffeurs de taxi et les livreurs d’alimentation. Cela illustre à quel point, dans une économie capitaliste axée sur le profit, les nouvelles technologies augmentent énormément l’exploitation et la pression sur les travailleurs au lieu d’alléger leur charge de travail.

    Alors que la plupart des camionneurs chinois sont nominalement des entrepreneurs « indépendants », ce sont en réalité des esclaves salariés sous un autre nom. Une enquête publiée en avril par la Social Services Academic Press a révélé qu’en 2016, les camionneurs chinois travaillaient plus de 12 heures par jour pour un revenu mensuel moyen d’environ 8.000 yuans (1000 euros). Selon le South China Morning Post, les chauffeurs « sont constamment sur la route, dorment dans leurs camions et ne peuvent pas voir leur famille des mois durant ».

    Cette charge de travail excessive est imposée aux chauffeurs par la nécessité de rembourser les dettes que bon nombre d’entre eux ont contractées pour acheter leurs camions.

  • L’accord de Trump avec Kim Jong-un

    Donald Trump a rencontré Kim Jong-un à Singapour le 12 juin. Le sommet a été salué comme historique. Trump, fidèle à lui-même, semble aussi être allé plus loin que ce qu’envisageaient son propre gouvernement et ses chefs militaires, en promettant de geler les exercices militaires “provocateurs” dirigés par les Etats-Unis et même d’ouvrir la porte à d’éventuelles réductions du nombre de troupes américaines stationnées en Corée du Sud.

    Par chinaworker.info

    C’était “historique” parce qu’aucun président américain en exercice n’a jamais rencontré un dirigeant nord-coréen. C’était l’un des plus grands événements médiatiques de l’année 2018 avec 2.500 journalistes étrangers présents à Singapour. Des millions de personnes en Corée et dans le monde entier sont soulagées de constater que la politique de la corde raide nucléaire de l’an dernier ne semble pas être à l’ordre du jour.

    Mais ce sera un “processus de paix” tortueux avec un risque élevé d’inversion et d’effondrement. Le capitalisme et l’impérialisme n’ont pas de vraies solutions à ces problèmes, pas plus qu’il n’en a au Moyen-Orient ou aux Etats-Unis.

    Une victoire pour Trump ?

    Trump se berce probablement de l’illusion qu’il a mis les États-Unis à la tête du processus face à la Corée, en volant particulièrement la place à la Chine et qu’il peut dicter la direction de ce processus à l’avenir. C’est extrêmement improbable.

    Le plus grand gagnant de l’accord est Kim Jong-un, qui jusqu’à présent s’est engagé à très peu en échange de ce qui, si les déclarations de Trump ne sont pas retirées, serait des concessions majeures de la part des États-Unis : mettre fin aux exercices militaires conjoints avec la Corée du Sud et réduire le nombre de troupes américaines basées là-bas (actuellement 28.000).

    Xi Jinping est un autre gagnant, jusqu’à présent. La Chine maintient sa poigne de fer. Elle peut aussi se vanter que son approche a été justifiée. Le régime de Xi a soutenu les sanctions plus sévères de Trump contre la Corée du Nord, à condition qu’elles soient approuvées par l’ONU, mais a appelé au dialogue au lieu de menaces. Le régime chinois a présenté la proposition de “gel contre gel” – que Trump a rejetée puis maintenant adoptée – que les États-Unis suspendent leurs exercices militaires conjoints en échange du gel des activités nucléaires de la Corée du Nord.

    A partir d’ici, les choses vont devenir très compliquées. Plusieurs autres grandes puissances, pas seulement les États-Unis et la Chine, ont un grand intérêt dans la suite des événements. Les capitalistes sud-coréens ont leur propre agenda et il est significatif que la principale impulsion pour le sommet Trump-Kim est venue de Séoul et du président Moon. Les intérêts de survie de la dictature nord-coréenne, qui ont toujours gouverné son comportement non-conformiste, peuvent produire plus de chocs et de sauts périlleux.

    Le contenu réel de l’accord est très vague et comprend peu de détails. Le communiqué de Singapour ne contenait que 400 mots, contre 110 pages dans le cas de l’accord nucléaire iranien, que Trump a dénoncé comme “horrible” et dont il s’est retiré en mai. Le mot “vérification” – pour confirmer que Pyongyang a mis en œuvre les mesures convenues pour faire reculer son programme nucléaire – est totalement absent.

    Les deux parties ne se sont mises d’accord que sur de grandes ambitions telles que travailler pour un “régime de paix” dans la péninsule coréenne. Les Etats-Unis acceptent de fournir des garanties de sécurité (de Trump qui, il y a neuf mois, a menacé de “détruire totalement” la Corée du Nord) en échange d’un vague engagement en faveur du désarmement nucléaire par le régime de Kim.

    Cela ouvre-t-il la voie à l’élimination des armes nucléaires ?

    Mis à part l’hypocrisie des États-Unis – le seul État à utiliser des armes nucléaires dans une guerre revendique également la supériorité morale contre d’autres pays qui développent de telles armes – le régime de Pyongyang ne va presque certainement pas renoncer à toutes ses armes nucléaires. Une réduction partielle, cédant une partie des systèmes de missiles à plus longue portée qui peuvent atteindre les États-Unis par exemple, est possible en échange d’énormes pots-de-vin et d’incitations financières.

    Un récent discours du conseiller à la sécurité nationale de Trump, John Bolton, selon lequel la Corée du Nord devrait suivre le “modèle libyen” n’aura pas contribué à faire changer d’avis Kim Jong-un. Kadhafi, qui a abandonné le programme d’armement nucléaire de Libye en 2003, a ensuite été renversé par les États-Unis et assassiné.

    Le communiqué précise que la Corée du Nord “s’engage à œuvrer à la dénucléarisation complète de la péninsule coréenne”. Il s’agit d’un discours diplomatique standard qui place le régime nord-coréen dans une position de force pour manœuvrer et gagner du temps afin d’obtenir le maximum de concessions à chaque étape. Cela a toujours été sa stratégie. Les Etats-Unis ne sont pas si stupides qu’ils ne peuvent pas voir que l’accord est plein de failles, mais ils, en particulier Trump personnellement, voulaient que ce soit fait de toute façon. C’est un point clé pour comprendre ce qui s’est passé.

    Un virage abrupt

    C’est un virage très abrupt de la part des Etats-Unis. Les gouvernements américains précédents ont été largement guidés par l’idée que le régime nord-coréen était sur le point de s’effondrer. Par conséquent, l’isolement diplomatique et économique – les sanctions – pouvait accélérer ce processus ou forcer le régime à négocier à partir d’une position de faiblesse. Cette approche était favorisée au détriment d’une intervention militaire très risquée pour arrêter le développement des armes nucléaires de Pyongyang.

    Ce qui a changé, c’est qu’un certain degré de stabilisation économique en Corée du Nord a rendu l’effondrement du régime moins probable à court terme. Mais la situation régionale au sens large est également en train de changer, en particulier avec l’escalade du conflit entre les États-Unis et la Chine. C’est l’autre raison principale du brusque changement de cap du gouvernement américain.

    De nombreuses études ont montré aux dirigeants américains qu’une “frappe militaire chirurgicale” contre les installations nucléaires de Corée du Nord n’est pas une option viable. Il est probable que cela dégénérerait en une guerre que les Etats-Unis pourraient bien sûr gagner militairement mais, avec ou sans un horrible échange nucléaire, la dévastation serait si colossale – en Corée du Nord et du Sud, au Japon et même dans certaines parties de la Chine – que les Etats-Unis perdraient l’Asie, générant un sentiment anti-américain massif dans toute la région. Dans un tel scénario, l’économie mondiale entrerait très probablement dans une crise majeure.

    Les gouvernements américains précédents ont négocié des pactes beaucoup plus sévères et plus étendus sur le programme nucléaire de Corée du Nord avec le père de Kim Jong-il dans les années 1990 et les années 2000. Ces deux accords se sont effondrés. L’accord informel que Trump a négocié aurait en fait pu être réalisé par les Etats-Unis à tout moment au cours des 20 dernières années.

    Cet accord avec Kim n’est pas seulement un produit des idiosyncrasies de Trump – son imprévisibilité. C’est le reflet du déclin du pouvoir de l’impérialisme américain sur la scène mondiale et surtout en Asie où il est contré sur tous les fronts par la puissance croissante de la Chine. Cela produit des politiques plus désespérées et aventuristes.

    Que Trump espère-t-il réaliser ?

    Le gouvernement de Trump est un gouvernement en proie à la tourmente. Il a désespérément besoin de succès. Mais en plus d’espérer que les “selfies” avec Kim Jong-un conduiront à un soutien électoral plus important, l’accord permet aux Etats-Unis de se sortir d’une impasse potentiellement dangereuse. Trump voit également une opportunité, si l’accord conduit à un processus de “normalisation” plus profond, de renforcer la position américaine en Asie aux dépens de la Chine et d’autres rivaux.

    À cette fin, Trump a demandé à une équipe de production d’Hollywood de réaliser une vidéo promotionnelle de quatre minutes qu’il a montrée à Kim et à la délégation nord-coréenne, décrivant un flot d’investissements américains transformant la Corée du Nord en une nouvelle économie “miracle”. Lors de sa conférence de presse à Singapour, Trump le président a cédé la place à Trump le promoteur immobilier. « Pensez-y du point de vue de l’immobilier », a-t-il dit. « A titre d’exemple, ils[la Corée du Nord] ont de superbes plages. Tu vois ça à chaque fois qu’ils font exploser leurs canons dans l’océan. J’ai dit, mon gars, regarde cette vue. Ça ne ferait pas un super appartement de luxe ?”

    Certains au sein du gouvernement américain espèrent pouvoir « faire basculer » la Corée du Nord dans le camp américain contre la Chine et la Russie, qui se trouvent toutes deux à sa frontière. Selon ce scénario, en échange d’une assistance économique et de garanties militaires américaines massives, liées à un processus de réunification avec le Sud (une réunification complète à l’allemande est peu probable), le régime nord-coréen accepterait, avec le Sud, de faire partie de la sécurité et du parapluie militaire américain – ce qui constitue une menace pour les intérêts de la Chine et de la Russie dans cette affaire.

    Le rôle de la Chine

    Bien que le scénario ci-dessus soit peu probable, c’est un scénario qui inquiète le régime chinois qui a connu pendant de nombreuses décennies la diplomatie dissidente, pour ne pas dire trompeuse, du régime nord-coréen. C’est pourquoi Kim et Xi Jinping tiennent actuellement des pourparlers pour la troisième fois en autant de mois ; ils ne s’étaient jamais rencontrés avant cette année. La Chine utilise sa puissance économique et même une menace militaire implicite pour essayer de garder un allié en ligne et de bloquer tout mouvement vers un axe Trump-Kim aux dépens de la Chine.

    La Chine est le principal partenaire économique de la Corée du Nord, représentant 90 % de ses échanges commerciaux. Mais avant l’effondrement de l’Union soviétique en 1991, le régime du grand-père de Kim Il-sung jouait Moscou et Pékin l’un contre l’autre, utilisant fréquemment des tactiques de chantage similaires à celles de Kim aujourd’hui.

    La recherche d’un compromis avec l’impérialisme américain pour contrebalancer sa dépendance déséquilibrée à l’égard de la Chine a été l’une des principales raisons d’être du programme nucléaire de Corée du Nord. Kim espère sans aucun doute en tirer profit – gagner des concessions sur la sécurité, l’accès à l’économie mondiale, les accords d’investissement, et plus encore – en jouant la Corée du Sud, le Japon, la Russie et surtout les Etats-Unis et la Chine, les uns contre les autres.

    En dépit de ce que Trump peut croire, il n’est nullement certain que les Etats-Unis seront en tête de cette nouvelle lutte intensifiée entre puissances impérialistes. La Chine exercera des pressions de diverses manières pour s’assurer qu’elle est incluse dans les discussions en cours, avec un rôle majeur dans tous les accords et les futurs régimes d’inspection. Trump est aussi imprévisible que Kim Jong-un et pourrait utiliser les négociations coréennes pour obtenir un effet de levier dans d’autres conflits avec la Chine, comme la guerre commerciale qui s’intensifie rapidement.

    Mais Trump est également connu pour ses tendances “isolationnistes” et ses menaces antérieures de retirer les troupes américaines non seulement de Corée du Sud, mais aussi du Japon, où 50.000 soldats américains sont stationnés, à moins que ces gouvernements ne “paient tous les frais” de cette présence. Cela est également lié au désir de Trump de stimuler les exportations d’armes américaines, l’Asie étant le marché de l’armement qui connaît la croissance la plus rapide au monde.

    Son offre apparemment spontanée à Kim Jong-un de réduire ou de retirer les troupes américaines de Corée du Sud a fait planer encore plus d’incertitude sur les intentions américaines. Bien qu’improbable, du moins dans un avenir proche, un retrait militaire américain de Corée et du Japon déclencherait paradoxalement, sur la base d’un capitalisme déchiré par la crise, une course aux armements encore plus féroce dans la région, le Japon et la Corée du Sud construisant probablement leurs propres armes nucléaires. Une telle évolution alarmerait le régime chinois.

    Par conséquent, plutôt que la paix, le processus initié à Singapour pourrait être le début d’une nouvelle phase de tensions accrues entre les Etats-Unis, la Chine et d’autres puissances régionales.

    La stratégie du régime de Kim

    Depuis l’effondrement de l’Union soviétique – le principal soutien économique de la Corée du Nord – qui a provoqué l’effondrement de sa propre économie planifiée, le régime a été poussé par un objectif primordial : garantir sa propre survie. C’est là l’origine du programme nucléaire du Nord dans le cadre de sa politique étrangère traditionnelle de recherche d’attention.

    La survie du régime n’est pas une question idéologique, elle n’a rien à voir avec le communisme ou le stalinisme ou le fait de s’opposer au capitalisme. L’élite très riche et privilégiée de la Corée du Nord se compose d’un millier de familles de premier plan, la plupart du temps disposant de connexions militaires. Elles comprennent que si leur État et leur régime s’effondrent ou sont absorbés, comme l’Allemagne de l’Est (l’ancienne RDA), dans une Corée capitaliste “démocratique” gouvernée par le capitalisme sud-coréen où un anticommuniste de droite détient encore un pouvoir considérable, alors ils seront impitoyablement traités – procès-spectacles, prison ou pire encore.

    Pour cette raison, la politique de Kim est d’assurer, sur quelque base que ce soit, la continuité de son régime, aujourd’hui ancré comme une “monarchie” de troisième génération. Depuis la fin des années 1990, le régime a expérimenté diverses réformes du marché capitaliste mais, en raison de l’isolement économique et des sanctions américaines, ses tentatives de suivre l’exemple de la Chine ont été frustrées.

    Il est maintenant probable que Kim Jong-un profitera de l’élan de son accord avec Trump, qui renforce son emprise sur le pouvoir, pour lancer une nouvelle phase de réformes pro-capitaliste. Le régime, avec le soutien de Séoul et de Pékin, fera pression pour un assouplissement rapide des sanctions internationales avec l’espoir que de nouveaux accords économiques, en particulier avec le capitalisme sud-coréen, arrivent rapidement.

    Quelles perspectives ?

    La télévision d’Etat nord-coréenne a donné une couverture massive au sommet de Singapour, interviewant des citoyens ordinaires, faisant la promotion de la ville-Etat comme un succès éclatant pour du “capitalisme d’Etat autoritaire”. Les réformes économiques en Corée du Nord ne s’accompagneront donc pas d’un relâchement politique ou d’une démocratisation. La Chine sera à nouveau le modèle à cet égard.

    L’Etat sud-coréen, avec sa “démocratie à l’occidentale”, ne souhaite pas étendre ce système politique au-delà des frontières, comprenant qu’il a besoin d’un régime autocratique au Nord pour maintenir cette société largement très pauvre afin de bloquer tout déplacement de réfugiés vers le Sud, bloquer des protestations de masse, la syndicalisation et les grèves de la main-d’œuvre bon marché du Nord, que les capitalistes du Sud espèrent maintenant exploiter plus largement grâce à des accords économiques post-sommet.

    Les droits démocratiques ont toujours été obtenus par une lutte de masse à partir de la base, plutôt que par des accords conclus entre les gouvernements et les élites dirigeantes. C’est ce qui s’est passé en Corée du Sud, où les grèves de masse des années 80 ont mis fin au règne des généraux. La classe ouvrière – organisée démocratiquement en partis de masse socialistes – est la clé pour parvenir à une paix réelle et mettre fin aux régimes dictatoriaux brutaux en Corée, en Chine et dans toute la région, en mettant fin au capitalisme et à la menace d’interventions impérialistes de la part des Etats-Unis ou de toute autre puissance.

  • Sri Lanka : le retour du conflit sectaire ?

    Il y a huit ans, la guerre civile prenait fin au Sri Lanka. Le régime de la majorité de la population cinghalaise bouddhiste l’a remporté sur les Tigres tamouls (LTTE), plus de 40.000 civils ont été victimes de cette guerre dans sa dernière phase uniquement. Huit ans plus tard, il y a toujours des centaines de disparus et de prisonniers politiques parmi la population tamoule. Une nouvelle escalade de violence risque de prendre place de la part d’extrémistes bouddhistes à l’encontre de la minorité musulmane. Le 6 mars, l’état d’urgence avait été déclaré suite à des violences à l’encontre de musulmans dans la ville de Kandy.

    Par Geert Cool

    De la division nationale à la protestation unifiée

    La minorité tamoule habite surtout dans le nord et l’est du pays. Une majorité d’entre eux est hindoue, une partie est devenue chrétienne pendant la colonisation. La minorité musulmane habite surtout à l’est du pays et dans la capitale Colombo. Nombre d’entre eux y travaillent comme commerçants, la plupart travaillent dur pour peu de revenus mais il y a aussi une poignée de musulmans super riches qui dominent une grande partie du commerce de détail. Historiquement, la diffusion de l’islam remonte à l’arrivée des premiers commerçants arabes au 7ème siècle. La plupart des musulmans au Sri Lanka parlent tamoul mais ne sont pas considérés comme faisant partie de la communauté tamoule.

    Des années 1980 à 2009, une guerre civile sanglante a opposé le régime cingalais à la minorité tamoule. Dans ce conflit, le mouvement de guérilla LTTE (Tigres tamouls) a pris une position de plus en plus dominante. Cette guerre civile a été exacerbée par l’establishment après des protestations croissantes contre la politique néolibérale croissante fin des années 1970, début des années 1980. Les traditions syndicales et les partis de gauche combatifs ont ainsi été en grande partie écrasés. Même le prédécesseur de notre organisation-sœur sri-lankaise, qui a joué un grand rôle dans la grève générale de 1980, a été interdit et a dû travailler clandestinement, ce qui l’a empêché de consolider sa croissance.

    La guerre civile a connu des périodes de calme relatif pendant lesquelles les LTTE formaient, dans la pratique, un régime en soi au nord du pays qui a pris fin avec le tsunami de 2005. Le régime cingalais sous la direction du président ‘‘de gauche’’ Rajapakse (SLFP, Sri Lanka Freedom Party) a utilisé la catastrophe naturelle pour renforcer sa propre position : l’aide humanitaire a surtout été utilisée dans ses propres districts électoraux et ce fut pour lui l’occasion de s’enrichir. Cela a été couplé à un chauvinisme plus fort contre la minorité tamoule. La responsabilité des problèmes sociaux a été attribuée à la guerre civile et à la population tamoule. Même le parti prétendument ‘‘marxiste’’ JVP a poussé loin cette logique : il faisait partie du premier gouvernement de Rajapakse en 2005.

    Le régime de Rajapakse est passé à une offensive militaire lors de laquelle la population tamoule a été massacrée. Rien qu’au cours des derniers mois de la guerre de 2009, il y a eu des dizaines de milliers de victimes. La fin de la guerre n’a cependant pas signifié la fin des investissements massifs dans l’armée au détriment de l’enseignement, des soins de santé,… Rajapakse a été sanctionné à cet égard lors des élections de 2015. Un nouveau gouvernement a été formé sous la direction de l’United National Party (UNP, droite), soutenu par la Tamil National Alliance au nord du pays. Ce nouveau gouvernement a fait de grandes promesses mais la majorité de la population n’a pas vu de progrès social, ce qui a laissé de l’espace au chauvinisme extrémiste. Soutenu par des troupes d’élite bouddhistes qui ne craignent pas la violence de rue, Rajapakse a obtenu une victoire retentissante lors des élections locales du 10 février 2018 sur le gouvernement : il a obtenu plus de 40 % des voix. Rajapakse s’est présenté avec son nouveau parti mais reste également membre du SLFP du président Sirisena qui n’a pas été suffisamment fort pour exclure Rajapakse et ses partisans.

    Violences contre les musulmans et état d’urgence

    La victoire aux élections de Rajapakse renforce la confiance en soi des nationalistes d’extrême-droite qui ont directement utilisé la violence. Le gouvernement n’a jamais fait barrage à ces nationalistes alors que la répression était brutale contre les actions des étudiants, des paysans,… Le manque de croissance économique et le manque encore plus criant de progrès social pour la majorité de la population mènent à des frustrations dont les populistes de droite se servent pour faire passer leur message de division et de haine. C’est dans ce contexte qu’il y a une recrudescence de la violence envers les musulmans et contre la gauche qui s’y oppose. Après la défaite des Tamouls en 2009, l’attention est maintenant fixée sur les musulmans.

    Dans la région de Kandy, début mars, des mosquées, des maisons et des magasins appartenant à des musulmans ont été attaqués. Il s’agissait d’une provocation orchestrée par les moines bouddhistes extrémistes. Le gouvernement a réagi en déclarant l’état d’urgence le 6 mars et en bridant les médias sociaux. Le gouvernement condamne les violences mais n’offre aucune réponse. Pire encore : toutes les fraction de l’establishment utilisent le nationalisme cingalais pour garder du soutien dans un contexte de crise économique et politique. Lorgnant sur les voix des Tamouls et des musulmans, l’UNP et la fraction du président Sirisena dans le SLFP ne vont pas si loin que Rajapakse.

    Le soutien de l’élite politique parmi les Tamouls et les musulmans au gouvernement Sirisena et à l’UNP est de plus en plus contesté. Lors des élections locales en février, il y avait également un morcellement en différents partis au nord. Il y a eu des actions de protestation de la part des musulmans mais les leaders essaient de contenir la protestation et maintiennent les illusions par rapport au gouvernement.

    Il faut qu’un parti de masse émerge pour de meilleures conditions pour tous les travailleurs et les jeunes, qu’ils soient Cingalais, Tamouls ou musulmans. Un tel parti doit s’opposer à la politique néolibérale qui se caractérise, entre autres, par plus de privatisations dans les soins de santé et l’enseignement. L’unité de la classe ouvrière est la seule réponse aux forces chauvines et racistes. L’United Socialist Party, notre organisation-sœur au Sri Lanka, essaie courageusement de construire une telle force et défend les droits de toutes les minorités dans le pays comme élément d’un programme pour un changement de société socialiste. La campagne Solidarité tamoule via la diaspora, dont un nombre d’activistes sont présents dans notre pays, y participe également.

  • Chine. La répression brutale frappe une nouvelle victime, un militant tibétain

    Une vidéo de neuf minutes réalisée par le New York Times et diffusée en 2015 pourrait coûter quinze ans de prison au militant tibétain Tashi Wangchuk qui tenait à avertir du recul de sa culture et de sa langue face au mandarin. Il n’est que la dernière victime d’une répression sans précédent au cours de laquelle des centaines de dissidents et de défenseurs des droits humains ont été arrêtés, enlevés, “disparus’’, torturés, contraints de comparaître dans des “aveux” télévisés et, dans de nombreux cas, condamnés à de sévères peines de prison destinées à dissuader d’autres personnes de contester la politique de Pékin.

    Via chinaworker.info

    Tashi, 32 ans, un commerçant de la préfecture tibétaine de Yushu, dans la province de Qinghai, a été arrêté deux mois après avoir témoigné à visage découvert dans un documentaire vidéo du Times. Il a été maintenu deux ans en détention secrète, puis jugé le 4 janvier de cette année pour “incitation au séparatisme”. La vidéo (voir lien ci-dessous) a été visionnée lors d’un procès de quatre heures à peine et, selon l’avocat de Tashi Wangchuk, il s’agissait de la principale ‘‘preuve’’ contre lui. Le tribunal doit encore prononcer sa sentence, mais on craint qu’il ne soit condamné à quinze ans de prison.

    Les tribunaux chinois sont étroitement contrôlés par le régime et ont un taux de condamnation qui avoisine les 99 % et même les 100 % dans le cas de procès politiques comme celui-ci. Des observateurs internationaux ont condamné la détention et le procès de Tashi Wangchuk, qu’Amnesty International qualifie de ” bidon” en se basant sur des “accusations fallacieuses et flagrantes”.

    L’affaire met également en lumière l’aggravation de l’oppression des minorités ethniques en Chine. Les Tibétains, les musulmans ouïgours et d’autres minorités, y compris les Kazakhs qui vivent pour la plupart également dans le Xinjiang et qui sont de plus en plus durement réprimés, sont confrontés aux discriminations, à la négation de leurs droits, à la répression et aux difficultés économiques les plus diverses. Cette situation déplorable s’étend également jusqu’à Hong Kong, région ‘‘privilégiée’’ et théoriquement ‘‘autonome’’.

    Depuis que des manifestations de masse ont éclaté au Tibet en 2008, la répression atteint des niveaux inédit au nom de la lutte contre le ‘‘séparatisme’’ et le ‘‘terrorisme’’. Dans sa courte interview vidéo, Tashi Wangchuk décrit le quotidien des Tibétains ordinaires comme étant ‘‘fait de pressions et de peur’’. Certains faits illustrent l’angoisse du peuple tibétain face aux politiques ultra-répressives de la Chine:

    – Il y a eu 140 immolations de contestataires depuis 2009, des manifestations désespérées contre la répression
    – Il existe plus de 1.800 prisonniers politiques tibétains, beaucoup d’entre eux sont en prison pour avoir tout simplement écrit ou parlé.

    >> Accéder à la vidéo du New York Times – “A Tibetan’s Journey for Justice”.

    Une approche non-révolutionnaire

    Tashi n’est manifestement pas un révolutionnaire ni un défenseur de l’indépendance tibétaine. Le journaliste du New York Times Johan M. Kessel, qui a réalisé ce film, affirme que Tashi lui a spécifiquement précisé durant leur rencontre qu’il ne soutenait pas l’indépendance. Comme beaucoup d’autres personnes ciblées par la répression de ces dernières années, il a simplement réclamé que le système connaisse des réformes au lieu de préconiser un changement politique plus radical voire même la chute de la dictature.

    Tashi Wangchuk a simplement plaidé – de façon pacifique – en faveur des droits garantis par la Constitution, comme l’a rappelé Sophie Richardson, directrice de Human Rights Watch China. ‘‘Si les autorités chinoises considèrent cela comme une incitation au séparatisme, il est difficile de dire ce qui ne l’est pas.’’

    Tashi s’est rendu à Pékin pour appeler à la restauration du bilinguisme dans l’enseignement pour que le tibétain soit enseigné à côté du mandarin. La langue tibétaine a subi le sort des autres langues minoritaires et a dans les faits été éliminée à tous les niveaux de l’enseignement primaire. Le tibétain, le mongol et la langue ouïgoure turque, par exemple, peuvent encore être étudiés mais sur la même base que l’anglais ou le français, c’est-à-dire en tant que langues “étrangères”.

    Ce n’était pas le cas dans le passé. Même au cours des années Mao – communément appelées “l’époque sombre” de la répression – la politique linguistique n’était pas aussi rigide et lourde. Il est évident que les politiques actuelles du régime chinois n’ont strictement rien à voir avec un véritable marxisme ou avec le socialisme. Prenons par exemple l’approche extrêmement sensible et démocratique de Lénine, dirigeant de la Révolution russe, sur la question linguistique. Comme il l’a écrit avant la révolution: ” (…) les marxistes russes disent qu’il ne doit pas y avoir de langue officielle obligatoire, que la population doit avoir accès à des écoles où l’enseignement sera dispensé dans toutes les langues locales, qu’une loi fondamentale doit être introduite dans la Constitution déclarant invalides tous les privilèges d’une nation et toutes les violations des droits des minorités nationales.” [V.I. Lénine, une langue officielle obligatoire est-elle nécessaire? Janvier 1914]

    L’affirmation du régime chinois actuel selon laquelle une seule langue officielle, le mandarin, est nécessaire pour faciliter le développement économique et l’intégration est une approche fausse et aveugle. Elle est le reflet d’une mentalité policière grossière qui considère que la coercition est la meilleure réponse pour tous les problèmes. De nombreuses sociétés économiquement développées disposent de systèmes éducatifs où s’épanouissent plusieurs langues, de la Suisse à Singapour. Mais les politiques linguistiques de Pékin ont été adaptées à son programme nationaliste.

    Fragmentation de la Chine

    Au cours de la dernière décennie, alors que les craintes de Pékin d’agitation massive et de fracturation de la Chine ont augmenté, des mesures répressives de grande envergure ont été mises en œuvre, en particulier dans les régions tibétaines et dans le Xinjiang à majorité musulmane. Des dizaines de milliers de policiers auxiliaires ont été recrutés, des établissements religieux ont été militarisés et un ‘‘État profond’’ sans précédent a été mis en place grâce aux dernières technologies de surveillance de masse. Ces méthodes sont testées dans les régions minoritaires pour être ensuite utilisées à l’avenir contre la majorité des Han chinois – contre des travailleurs en grève ou des manifestants contre la pollution.

    Les politiques linguistiques actuelles du régime sont contraires à la Constitution chinoise, qui garantit la liberté des minorités ethniques d’utiliser leur propre langue parlée et écrite. Ces clauses, comme beaucoup d’autres dans la Constitution (qui “garantissent aussi” les droits démocratiques et la liberté d’expression) sont dénuées de sens. C’est ce qui se trouve au cœur du prétendu “crime” de Tashi Wangchuk qui, comme le montre le documentaire du Times, s’est rendu à Pékin pour demander aux autorités de faire respecter les droits culturels constitutionnels du peuple tibétain.

    Son procès pour “incitation au séparatisme” envoie donc un message sans équivoque, mais peut-être pas celui que le régime chinois entend faire passer. Ce dernier veut démontrer sa force et sa détermination pour écraser l’opposition. Mais un autre message est également envoyé, que cela soit désiré ou non. Ce message, c’est qu’il est impossible de poursuivre la “réforme” au sein du système autoritaire chinois. Si vous réclamez des réformes, même très limitées, surtout si vous le faites publiquement ou si vous embarrassez la dictature en proposant une modification de sa propre constitution, vous serez puni avec la même malice que si vous défendiez une révolution. De cette façon, la dictature ne laisse qu’un seul chemin ouvert à ceux qui veulent et ont besoin de changement : le chemin de la révolution.

    Plutôt que de créer une “stabilité”, la répression sans précédent qui est à l’oeuvre dans les régions des minorités ethniques chinoises suscite un mélange explosif de désillusion, de peur et de colère. Tout cela fait du régime chinois le plus puissant promoteur des revendications d’indépendance nationale, comme il l’est devenu à Hong Kong. Avec de telles politiques, le pouvoir de la Chine n’est pas renforcé, mais plutôt affaibli à plus long terme. La vaine mission de Tashi Wangchuk à Pékin et la réaction du régime ont fait de lui un héros de la jeunesse tibétaine. Mais la jeune génération partagera-t-elle sa conviction qu’il est possible de faire entendre raison à Pékin ?

    Ce n’est qu’en construisant des organisations indépendantes de la classe ouvrière qui unissent les opprimés de toutes les ethnies dans une lutte commune qu’il est possible de vaincre la répression et le pouvoir arbitraire d’un régime dictatorial. Cela fait partie d’une lutte mondiale contre les inégalités grotesques, l’oppression nationale, la destruction de l’environnement, la guerre et l’occupation étrangère. Ces horreurs découlent de la nature du capitalisme mondial qui est un pilier majeur du régime prétendument ‘‘communiste’’ chinois.

  • Hong Kong : Seule la lutte de masse peut vaincre la répression

    Pas une semaine ne passe sans que la dictature chinoise n’intensifie sa pression sur Hong Kong

    Pékin entend accroître son contrôle politique et réprimer la culture de manifestations de masse en faveur de la démocratie à Hong Kong. Plus récemment, il a encore forcé le ton en appelant à l’application de l’article 23, une loi de sécurité nationale qui permettrait de criminaliser l’opposition au régime du Parti communiste (PCC).

    Article issu du site de la campagne “Stop repression in Hong Kong and China” – Signez la pétition !

    L’indépendance

    Ce 12 octobre, des actions de protestations ont eu lieu dans 23 villes à travers le monde afin de dénoncer la répression politique croissante à l’oeuvre à Hong Kong. Cette campagne est l’oeuvre de Global Solidarity – Stop Repression in Hong Kong & China, dans laquelle des membres du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO, dont le PSL est la section belge) jouent un rôle clé. A Bruxelles, une délégation de membres du PSL s’est rendue au Hong Kong Economic and Trade Office (qui est directement géré par le Gouvernement de la Région administrative spéciale de Hong Kong de la République populaire de Chine).

    Le sentiment croissant pour l’indépendance parmi la jeunesse de Hong Kong a ébranlé le régime. La répression crée inévitablement un contrecoup, mais la dictature n’apprend pas et croit que la force et l’intimidation sont des solutions pour ses problèmes.

    Le soutien pour l’indépendance de Hong Kong n’a gagné un soutien massif qu’au cours de ces trois dernières années, en conséquence directe de la poigne qu’exerce Pékin, de l’énorme frustration qui a suivi l’échec des manifestations de 2014 (la « révolution des parapluies », en raison des parapluies utilisés pour se protéger des gaz lacrymogènes, un mouvement de masse qui a duré plusieurs semaine à l’automne 2014) et de l’autoritarisme de l’ancien chef de l’exécutif de Hong Kong Leung Chun-ying. Ce n’est pas pour rien que Leung est devenu connu sous le sobriquet de «père de l’indépendance de Hong Kong».

    On dit que la définition de la folie est de faire la même chose encore et encore en attendant un résultat différent. La réponse de la dictature est de réprimer encore plus fortement. Ses hommes de main à Hong Kong, comme Leung et son successeur Carrie Lam, ont éjecté les élus indépendantistes du Legco (le Conseil législatif de Hong Kong) et ont persécuté de nombreux militants, certains ayant été contraints à l’exil. Une attaque plus large a ensuite été lancée contre le mouvement démocratique.

    Les localistes (favorables à l’autonomie de Hong Kong) n’ayant aucune idée de la manière de mobiliser et d’organiser une lutte politique sérieuse et étant handicapés par une idéologie de droite raciste, ils se sont révélés constituer une cible très facile à réprimer pour Pékin. L’effondrement organisationnel du localisme n’a toutefois pas été synonyme de fin des idées indépendantistes. Au contraire, le sentiment anti-Chine se renforce, tout particulièrement parmi la jeunesse. Qui cela surprendra-t-il ?

    La loi sur le respect de l’hymne national

    La riposte du gouvernement a été d’accroitre la répression et d’accentuer les menaces. Le 1er octobre, le pseudo-parlement chinois, l’Assemblée nationale populaire, a adopté une nouvelle loi sur l’hymne national imposant des peines sévères pour tout ‘‘acte d’outrage’’ pouvant aller jusqu’à trois ans de prison. La loi sera copiée dans les statuts de Hong Kong dès que l’ANP pourra modifier sa Loi fondamentale (qui sert de constitution à Hong Kong).

    L’establishment de droite pro-Pékin – des politiciens qui ont ouvertement appelé à ce que les défenseurs de l’indépendance soient «tués comme des cochons et des chiens» – veut que la loi soit appliquée rétroactivement. Cela frapperait de vieilles «infractions», puisque la plupart des cas de supporters de football hongkongais huant l’hymne chinois lors de matches ont été filmés. Cela permettrait à la police et aux procureurs d’engager des poursuites en vertu de la nouvelle loi. Davantage de policiers et d’agents de police infiltrés sont envoyés aux matches de l’équipe de Hong Kong pour y enregistrer les actes « criminels ».

    Il s’agit d’un gaspillage monstrueux de l’argent public et de ressources policières. Au même moment, le crime réel du vol de milliards et de la manipulation de contrats des autorités dans le but d’enrichir une élite corrompue aux frais du public reste impuni.

    Un terrain d’essai

    Le contrôle de Xi Jinping sur le régime chinois étant maintenant apparemment cimenté, Pékin a l’humeur triomphante jusqu’à l’excès. L’économie, nous dit-on, s’est «stabilisée» et l’influence politique mondiale de la Chine s’étend. Hong Kong est donc devenu un terrain d’essai pour le régime de Xi, qui représente l’élite milliardaire chinoise, pour démontrer l’étendue de son pouvoir.

    L’actuel série de mesures antidémocratiques vise à briser le mouvement démocratique à Hong Kong en attaquant ses sections les plus radicales et orientées vers la lutte comme Long Hair (de son vrai nom Leung Kwok-Hung) et la Ligue des Sociaux-Démocrates (LSD) tout en faisant pression sur les démocrates modérés pour qu’ils se prosternent, acceptent que la démocratie totale n’est «pas négociable» et se distancient davantage des manifestations de masse.

    Les dirigeants pro-démocratie ont joué un rôle de frein majeur sur la lutte pour la démocratie en insistant aveuglément sur l’obtention d’un compromis avec un régime intransigeant. Ils redoutent la lutte de masse et participent aux manifestations démocratiques pour freiner le mouvement et empêcher les «radicaux» de prendre l’avantage.

    Mais même ceux qui veulent en finir avec la lutte et accepter les conditions de Pékin comprennent bien que cela leur ferait perdre tout soutien parmi les masses. Ces pressions peuvent prendre de l’ampleur au cours de la prochaine période avec le regain de vigueur du régime pour l’article 23.

    L’article 23

    Toute une série de personnages officiels chinois et de politiciens pro-Pékin ont appelé le gouvernement de Carrie Lam à relancer l’article 23, spectaculairement vaincu en 2003 en raison d’une opposition publique massive. Rao Geping (considéré en Chine comme un expert de Hong Kong, membre du Comité chinois de la Loi fondamentale) a récemment déclaré que le recours à cette législation était « affaire d’urgence ».

    Les commentaires publics de Carrie Lam montrent qu’elle est moins enthousiaste. Elle insiste sur le fait qu’elle se chargera du retour de l’article 23 lorsqu’il y aura une «atmosphère sociale convenable». Elle est bien consciente de l’histoire de Hong Kong et du mouvement explosif de 2003, même si Pékin dédaigne de tels «détails». Ce mouvement a mis fin à la carrière de son prédécesseur Tung Chee-hwa.
    En commentant les hésitations de Lam, le chroniqueur du South China Morning Post, Alex Lo, a déclaré que l’article 23 pourrait déclencher « une conflagration politique qui ferait ressembler les manifestations [de 2014] Occupy à un jeu d’enfant ».

    Pékin pousse à l’adoption de plus de mesures répressives à Hong Kong. Les dirigeants officiels du mouvement pour la démocratie se voient contraints de s’y opposer verbalement, sans offrir aucune piste, aucune stratégie et aucun programme pour riposter et vaincre ces attaques sans précédent contre les droits démocratiques.

    Le 20 août dernier, alors que 140.000 personnes manifestaient pour protester contre l’emprisonnement de 16 jeunes militants, les démocrates modérés ont été contraints de se joindre à la marche – mais ils ne l’avaient pas appelée. Cette marche gigantesque a été initiée par quatre groupes plus petits et plus radicaux, parmi lesquels le LSD et des activistes de la circonscription des Nouveaux territoires du Nord-Est. Cet exemple illustre la manière dont un mouvement de masse peut rapidement se doter de nouvelles organisations et d’une nouvelle direction dans le feu de l’action. Le plus important est de disposer d’une idée claire de ce qu’il convient de faire.

    Les choses n’étaient pas différentes en 2014, lorsque les occupations de masse du mouvement des parapluies ont éclaté d’en bas, initiées par des jeunes et des étudiants ignorant les «leaders» tels que ceux de la campagne Occupy Central, qui désiraient limiter la lutte. Occupy Central a été créé par des modérés et des intellectuels libéraux proches des leaders pan-démocratiques pour leur donner le contrôle du mouvement et couper la voie aux alternatives plus radicales. Les dirigeants d’Occupy Central ont refusé de soutenir les grèves et les manifestations des étudiants qui ont pourtant déclenché le mouvement des parapluies.

    Pour que le mouvement démocratique se réorganise et résiste efficacement aux attaques de Pékin, il doit tenir compte de ces leçons. La combativité ne manque pas parmi les Hongkongais. Mais une direction combattive est nécessaire pour offrir une stratégie claire au lieu de démobiliser et de continuellement refroidir les espoirs.

    Les dirigeants pan-démocratiques, avec leur attachement au capitalisme, un système qui a besoin de la dictature chinoise et qui bloque toute tentative de déstabilisation de son pouvoir, rejettent une telle approche combative. Ils optent toujours pour le «compromis» par opposition à la lutte.

    Un nouveau mouvement démocratiquement contrôlé par la base est nécessaire, en reposant sur la classe ouvrière et en faisant appel aux masses en Chine – dont le mécontentement grandit – pour faire cause commune contre la dictature.

    Un parti de masse des travailleurs qui attirerait à lui les couches les plus combatives du mouvement pour la démocratie pourrait relier ce combat à celui visant à en finir aux salaires de misère, à accorder à chacun un logement décent et à augmenter les investissements publics dans les soins de santé et l’éducation.

    C’est la même élite anti-démocratique – les magnats capitalistes et les fonctionnaires du PCC – qui bloque toute solution face à ces  problèmes. L’instauration de politiques socialistes, liées à la démocratie immédiate et complète, sont le seul moyen de gagner.

  • Nettoyage ethnique en Birmanie. Silence assourdissant d’Aung San Suu Kyi

    Quand la VUB va-t-elle lui retirer son doctorat honorifique ?

    Le conflit entre le gouvernement du Myanmar (Birmanie) et la population Rohingya de l’État d’Arakan (que le régime birman actuel appelle Rakhine) s’est intensifié ces derniers mois en raison d’une crise humanitaire majeure. Plus de 400.000 personnes ont fui vers le Bangladesh voisin. Des dizaines de milliers de personnes tentent de survivre dans des camps de réfugiés.

    Par Clare Doyle

    Le Premier ministre du Bangladesh, Sheikh Hasina, a déclaré que ces réfugiés devraient revenir. Un grand camp temporaire a été installé, mais il a tout d’une prison. Il est interdit aux populations locales de donner assistance aux réfugiés même s’ils sont de la même famille. Le gouvernement du Myanmar interdit même toute intervention des organisations humanitaires. Le Conseil de sécurité de l’ONU a formellement condamné la violence en cours, le secrétaire général Antonio Guterres parlant ouvertement de nettoyage ethnique.

    Aung San Suu Kyi

    Aung San Suu Kyi est de facto devenue la dirigeante politique du Myanmar après que son parti, la Ligue nationale pour la démocratie (NLD), ait obtenu 60% des voix aux élections législatives de 2015. Il s’agissait des premières élections libres après 50 ans de régime militaire. Aujourd’hui, les critiques s’élèvent partout à travers le monde contre Aung San Suu Kyi et son immobilisme face aux violences dont les Rohingyas sont victimes.

    Lorsqu’elle a enfin rompu son silence, après deux semaines, elle a simplement déclaré que les événements avaient fait l’objet de ‘‘beaucoup de désinformation’’. Pareil déni de la réalité fait penser à Donald Trump. Au même moment, les preuves de crimes et de massacres de civils innocents s’étalaient dans les médias du monde entier.

    Amnesty International a qualifié le discours d’Aung San Suu Kyi au parlement du Myanmar le 19 septembre d’‘‘un mélange de contrevérités et de blâme des victimes’’. Elle n’a pas abordé la violence militaire soutenue par les autorités et a affirmé que le gouvernement avait amélioré les conditions de vie des musulmans de Rakhine.

    Divers défenseurs des droits de l’Homme et institutions universitaires réclament que le prix Nobel de la paix d’Aung San Suu Kyi lui soit retiré. Cette récompense lui avait été accordée pour son opposition au régime militaire, opposition qui lui avait valu 15 ans d’assignation à résidence.

    Nous avons toujours défendu que la résistance passive d’Aung San Suu Kyi ne serait pas suffisamment forte pour en finir avec les décennies de régime militaire et que les masses devaient être mobilisées. Pour le capitalisme occidental, Aung San Suu Kyi a longtemps été un intéressant partenaire. Elle a ouvert le pays au commerce et aux investissements extérieurs. Mais il semble maintenant que la politique du Myanmar soit beaucoup plus déterminée par le contexte militaro-industriel chinois, dont l’influence est croissante dans la région.

    Des excuses pour les meurtres de masse

    L’armée du Myanmar détient le pouvoir fermement en main, à la fois dans la société et dans l’industrie. Les exactions commises à l’encontre de la population Rohingya (plus d’un million de personnes) sont présentées comme des opérations anti-terroristes. Mais c’est la terreur que fait régner l’armée avec le soutien des extrémistes bouddhistes nationalistes qui pousse certains jeunes dans cette direction.

    Le 25 août, les combattants de l’Armée du salut des rohingya de l’Arakan (ARSA) ont attaqué 30 postes de police et bases militaires. L’armée a déclaré qu’ils avaient aussi appelé la population à ‘‘l’émeute’’. Un peuple opprimé a le droit de se défendre, de manière armée si nécessaire. Mais, sans mouvement de masse, une telle tactique ne peut en soi fournir de solution à long terme. L’État instrumentalise cela comme prétexte pour réprimer toute une population.

    La riposte de l’armée face aux attaques du mois d’août fut une sanglante campagne de vengeance sans précédent. Des centaines de civils ont été tués, au moins 500 villages ont été brûlés et des centaines de milliers de personnes ont dû prendre la fuite, y compris des non-Rohingyas.

    Les Rohingyas

    Les Rohingyas vivent depuis le XIIe siècle dans cette région qui fait depuis partie du Myanmar. À l’époque coloniale, l’Empire britannique a joué sur les tensions ethniques pour asseoir sa domination.

    Des combattants tels que Aung San, le père d’Aung San Suu Kyi, ont joué un rôle crucial pour mettre un terme à la domination coloniale britannique et pour accéder à l’indépendance en 1948. Peu avant cela, Aung San et ses compagnons avaient été tués. En 1962, les généraux qui ont pris le pouvoir et ont procédé à des nationalisations de secteurs économiques, mais sans qu’il n’y ait de droits démocratiques ou de contrôles par la population.

    Plus tard, en août 1988, un soulèvement héroïque d’ouvriers et d’étudiants a failli renverser la dictature. Mais ils n’y sont pas parvenus, faute d’avoir accumulé l’expérience nécessaire et de disposer d’un parti théoriquement équipé pour poursuivre la révolution. Une intense période de répression s’en est suivie qui n’a été que temporairement interrompue par un nouveau mouvement en 2007.

    Les droits des minorités

    Le Myanmar comporte une majorité bouddhiste. Les Rohingya ont longtemps été une minorité opprimée. 135 groupes ethniques sont reconnus dans le pays, mais les Rohingya n’en font pas partie. Depuis 1982, ils ne sont même plus reconnus comme résidents du pays. Aux élections de 2015, le parti d’Aung San Suu Kyi ne disposait d’aucun candidat de cette communauté.

    Parmi les diverses minorités ethniques, beaucoup ont voté pour Aung San Suu Kyi dans l’espoir que ces élections puissent conduire à une plus grande autonomie locale et à un système fédéral face à une armée qui a pillé les richesses naturelles dans les régions du pays où vivent les minorités ethniques. Mais Aung San Suu Kyi ne s’intéresse pas au sort des Rohingyas et des autres minorités.

    Plusieurs pays d’Asie du Sud-Est comportent une majorité musulmane, parmi lesquels la Malaisie, un pays relativement riche. Cependant, tous les pays de la région ferment leurs portes aux Rohingyas.

    Stopper le cauchemar

    Beaucoup de gens se demandent comment mettre un terme à la souffrance des Rohingyas. Des actions de solidarité ont eu lieu au Myanmar, organisées par des personnes issues d’autres communautés. Des actions ont également eu lieu au Bangladesh, en Indonésie et ailleurs.

    La lutte pour défendre les minorités persécutées ne peut pas être détachée du combat de tous les travailleurs contre notre ennemi commun le patronat et les défenseurs de ce système. Les politiciens capitalistes et les institutions internationales réclamant la justice ne peuvent rien faire ou se contentent de verser des larmes de crocodile. Ces politiciens et leur système mènent à la guerre et à la division. Ils ont peur d’une révolte massive des travailleurs et des pauvres.

    Les défenseurs du socialisme se renforceront dans les mouvements sociaux à venir. Il est nécessaire de créer une nouvelle société dans laquelle les droits de toutes les minorités seront reconnus, jusqu’au droit à l’autodétermination, au sein d’une fédération volontaire d’États socialistes.

    [divider]

    Docteur honoris causa à la VUB

    Lorsque Kris Peeters s’est rendu au Myanmar pour parler à Aung San Suu Kyi, il voulait lui remettre un doctorat honoris causa de l’Université catholique de Louvain. Cela ne s’est pas fait, mais un doctorat honoris causa lui a tout de même été donné par la VUB (Vrije Universiteit Brussels). La VUB reviendra-t-elle sur cette décision ? Les politiciens traditionnels qui s’étaient rendus jadis avec tant d’enthousiasme au Myanmar vont-ils enfin publiquement se prononcer contre la violence à l’encontre des Rohingyas?

  • Stop à la répression à Hong Kong! Libération des prisonniers politiques!

    Ce 12 octobre, des actions de protestations ont eu lieu dans 23 villes à travers le monde afin de dénoncer la répression politique croissante à l’oeuvre à Hong Kong. Cette campagne est l’oeuvre de Global Solidarity – Stop Repression in Hong Kong, dans laquelle des membres du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO, dont le PSL est la section belge) jouent un rôle clé. A Bruxelles, une délégation de membres du PSL s’est rendue au Hong Kong Economic and Trade Office (qui est directement géré par le Gouvernement de la Région administrative spéciale de Hong Kong de la République populaire de Chine).

    La plongée de Hong Kong dans la répression et l’autoritarisme a choqué à travers le monde. L’année dernière, et surtout depuis que Carrie Lam est devenue Chef de l’exécutif en juillet 2017, Hong Kong subit un tsunami de répression, avec l’emprisonnement de 16 jeunes militants du mouvement pro-démocratie, dont des dirigeants reconnus du ‘‘Mouvement des parapluies’’ de 2014, et l’évincement de six parlementaires élus. Il est possible que plus de procès aient lieu et que des sentences encore plus lourdes tombent.

    Ainsi, les droits démocratiques hongkongais, durement acquis, sont en train d’être mis en pièce pour les intérêts de la dictature chinoise, qui par ailleurs est en train de mener l’opération de répression la plus grave et la plus violente depuis l’écrasement du mouvement de masse de 1989.

    Le gouvernement, qui clame ‘‘maintenir l’État de droit’’, se discrédite lui-même en utilisant les tribunaux à des fins de répression politique. Cela fait partie d’un plan qui vise à détruire les libertés politiques et démocratiques dont jouit spécifiquement Hong Kong. Le régime chinois se sent évidemment menacé par la lutte de masse pour la démocratie à Hong Kong. Il a peur qu’elle s’étende à la Chine continentale et serve d’inspiration pour exiger plus de droits démocratiques tels que la liberté d’expression, la tenue d’élections libres, de vrais droits syndicaux ou encore la liberté d’association.

    Participez vous aussi, signez la pétition !

    Exprimez votre pleine solidarité avec la lutte pour les droits démocratiques à Hong Kong, en Chine et à travers le monde !

    Avec la pétition suivante, les signataires appellent à la libération des prisonniers politiques et à la fin de la répression gouvernementale. Ils s’opposons à l’évincement des parlementaires – d’après des prétextes fallacieux (prestation de serment « hypocrite ») – dont l’objectif est clairement de tenter de compenser les pertes électorales suite aux élections législatives de 2016 et d’éliminer plus de parlementaires radicaux.

    Il est habituel pour les gouvernements chinois et hong-kongais de rejeter les critiques internationales sous prétexte qu’elles seraient de « l’ingérence » de « forces étrangères ». Notons que les signataires de cette pétition ne sont pas des représentants des gouvernements ou des privilégiés. Ils représentent le peuple : des mouvements civiques, sociaux et ouvriers qui se battent pour les opprimés et les laissés pour compte. C’est donc avec la voix des gens ordinaires, qui transcende les frontières nationales, que nous appelons à la fin de la répression politique à Hong Kong.

    Des centaines de militants à travers le monde ont déjà signé cette pétition. Vous aussi, signez-là et faites de même avec votre organisation, votre syndicat, votre association,…

    Stop à la répression à Hong Kong – libérez les prisonniers politiques !

  • Dangereuse évolution dans le conflit nucléaire coréen

    Trump contre Kim : bras-de-fer nucléaire entre deux régimes instables

    Au cours de cette dernière semaine, la situation déjà tendue dans la péninsule coréenne a connu un nouveau tournant dangereux. Après le test d’une bombe à hydrogène effectué par le régime nord-coréen, selon ses propres aveux, le dimanche 3 septembre, la Corée du Sud a entrepris plusieurs exercices militaires tandis que le ministre américain de la Défense James ‘Mad Dog’ Mattis a averti que les États-Unis pourraient lancer une “réponse militaire massive à la fois efficace et écrasante” contre la Corée du Nord. Mattis a également ajouté que les États-Unis disposent de nombreuses options en vue de l’anéantissement de la Corée du Nord.

    Editorial d’Offensiv, journal de Rättvisepartiet Socialisterna (section suédoise du Comité pour une Internationale Ouvrière)

    Le président américain Donald Trump a également menacé d’une réaction militaire à plusieurs reprises, tout en critiquant la Chine de même que la Corée du Sud, pourtant proche alliée des Etats-Unis, qui demandent des pourparlers avec le régime de Corée du Nord ? Selon Trump, la Corée du Nord “comprend seulement une chose” (c’est-à-dire la force militaire). De plus, Trump a menacé d’imposer des sanctions à tous les pays qui négocient avec la Corée du Nord, une menace qui vise essentiellement le principal partenaire commercial de la Corée du Nord : la Chine.

    L’impérialisme américain a également promis ces derniers jours de fournir une assistance supplémentaire à la Corée du Sud ainsi qu’au Japon via des systèmes d’armes “sophistiqués”. Dans l’impasse actuelle, il ne peut être exclu que les États-Unis incluent des armes nucléaires dans leur projet d’une militarisation accrue de la Corée du Sud.

    Si le conflit militaire et diplomatique en cours est suivi du déclenchement d’une guerre, la menace d’un échange nucléaire est posée, un développement aux conséquences catastrophiques. La menace d’un tel désastre global – la péninsule coréenne abrite plus de 75 millions de personnes – est en fin de compte ce qui retient les forces en présence. Mais en rejetant toute proposition visant à explorer la voie des négociations, l’administration Trump imprévisible et déchirée par la crise risque de devenir prisonnière de sa propre rhétorique.

    La dictature nord-coréenne estime que les armes nucléaires représentent une sorte de police d’assurance-vie pour le régime. Ce calcul extrêmement risqué et incertain ouvre la voie à d’autres essais nucléaires et antimissiles. Selon des responsables américains, le dernier essai nucléaire, le sixième effectué par la Corée du Nord et le quatrième depuis que Kim Jong-un est arrivé au pouvoir en 2012, aurait été dix fois plus puissant que la bombe américaine lancée à Hiroshima en 1945.

    À l’aide d’une répression brutale combinée à des réformes reposant sur l’économie de marché, la dictature nord-coréenne espère survivre après quasiment trois décennies d’effondrement économique et d’isolement. Les menaces et sanctions militaires impérialistes sont utilisées par le régime totalitaire. A l’instar des autres dirigeants de la région, cette dictature tyrannique craint une éruption du mécontentement de masse, une crainte d’ailleurs partagée par l’impérialisme américain.

    La guerre est une continuation de la politique par d’autres moyens. La politique guerrière de Trump en Asie est une continuation de ses politiques racistes, sexistes et anti-travailleurs à domicile. Celles-ci ont entraîné les plus grandes manifestations de masse aux États-Unis depuis la guerre du Vietnam. Assurer la poursuite d’une lutte de masse aux États-Unis contre l’agenda de Trump est le meilleur moyen d’assurer la paix.

    Cela n’équivaut toutefois pas à dire que nous soutenons la dictature de Corée du Nord, qui menace de guerre et détourne une part massive des ressources pourtant limitées de cette société en armements, afin de réduire les masses au silence et dans l’espoir d’obtenir une reconnaissance internationales de la part des forces impérialistes.

    La menace d’un conflit militaire menacera aussi longtemps que le capitalisme, le militarisme et l’impérialisme n’auront pas été abolis. Cette menace ne pourra être éliminée que par la lutte de masse des travailleurs, des paysans et des jeunes, tant en Corée que dans le reste du monde, en faveur du socialisme démocratique, de la paix et de la prospérité.

  • 16 prisonniers politiques à Hong Kong – Quelle riposte contre la dictature ?

    Joshua Wong, Nathan Law et Alex Chow, figures de premier plan du ”mouvement des parapluies”, juste avant qu’ils ne soient condamnés ce 17 août.

    Seule l’organisation d’une lutte de masse peut stopper cette sombre période de répression ! Une grève d’une journée contre la tyrannie peut en constituer la première étape !

    Tract qui sera distribué ce dimanche par Socialist Action (section du Comité pour une Internationale Ouvrière à Hong Kong) et Youth Against Repression lors de la manifestation de solidarité avec les jeunes activistes détenus par le régime.

    En 2017, Hong Kong a choqué le monde entier en devenant la plus récente dictature du monde! La répression politique de Carrie Lam (élue chef de l’exécutif de Hong Kong en mars 2017 et entrée en fonction en juillet) est encore pire que celle de son prédécesseur Leung Chun-ying. Sa rhétorique de ‘‘grande réconciliation’’ ne vise qu’à duper l’opinion publique. Les attaques du gouvernement sont planifiées et coordonnées: le droit de protestation est menacé. Le Legco (Conseil Législatif de Hong Kong) et les tribunaux suivent la même voie que sur le continent. Les futures élections législatives du Legco et autres élections prendront place alors que des combattants radicaux de la démocratie seront interdits d’y participer pour cause d’emprisonnement. Les partis radicaux favorables à la démocratie sont menacés par la faillite financière et les emprisonnements.

    Une riposte urgente est nécessaire. La manifestation de ce dimanche est un début, mais uniquement un début. Il nous faut plus que ça. La frustration est profonde parmi beaucoup de gens et de jeunes – pourquoi donc les réactions sont-elles si limitées ? Pour reconstruire une révolte massive, il est absolument crucial d’offrir aux gens un plan clair basé sur une désobéissance civile de masse allant crescendo.

    Pour une journée de grève contre la tyrannie !

    Face à la tyrannie du gouvernement, manifester est insuffisant. Les actions doivent aller plus loin, faute de quoi l’avenir sera faite de répression et un plus grand nombre de personnes seront emprisonnées. Nous défendons l’idée d’une grève d’une journée à Hong Kong et appelons tous les groupes politiques démocratiques, les syndicats étudiants, les syndicalistes et d’autres à ouvertement se prononcer en faveur d’une grève.

    La jeunesse peut jouer un rôle pionnier dans ce mouvement en organisant une grève étudiante et scolaire d’une journée à l’échelle de la ville en solidarité avec les anciens dirigeants étudiants et les autres prisonniers politiques emprisonnés. Ce serait un avertissement pour le gouvernement : qu’il recule ou des manifestations de masse encore plus importantes prendront lieu.

    Le troisième anniversaire du ‘‘mouvement des parapluies’’ (‘‘928’’, pour la date du 28 septembre) constitue un moment idéal pour une telle initiative. Cela pourrait devenir une journée de lutte massive à Hong Kong afin d’exiger la liberté des 16 prisonniers politiques et de s’opposer à la purge du Legco (plusieurs élus ont récemment été exclus), à l’installation du train à grande vitesse ou encore au lavage de cerveau dans l’enseignement (qualifiée ‘‘d’éducation nationale’’). Cette date permet de disposer d’un mois de préparation pour se rendre dans les quartiers, les écoles et les lieux de travail, pour créer des comités d’action visant à mobiliser pour cette journée de lutte et à l’organiser. Il est essentiel que cela soit démocratiquement contrôlé par la base.

    Une journée de lutte massive devrait comporter une grande manifestation centrale, des meetings de rue dans les divers districts de la ville, sur les lieux de travail et dans les écoles ou encore des distributions de tracts massives aux stations de métro. Une grève menée à l’échelle de la ville, même si elle n’est le fait que des étudiants et des jeunes, ferait des protestations démocratiques un avertissement lancé au gouvernement. Notre mouvement peut développer de nouvelles manières de résister à la tyrannie. Voilà qui redonnerait une confiance renouvelée dans la lutte et qui engagerait des milliers de nouveaux militants.

    • Pour la libération immédiate des 16 et de tous les prisonniers politiques ! Pour le retrait de toutes les charges retenues contre eux !
    • Stop à la répression politique !
    • Pour la réintégration des 6 membres du Legco exclus !
    • Pour le boycott de la ligne de train à grande vitesse et le retrait du plan de relocation des habitants ! Pour que les forces de sécurité chinoises quittent Hong Kong !

    Si vous êtes d’accord avec les points développés dans ce tract, rejoignez notre campagne: rejoignez Socialist Action, si vous êtes étudiant, rejoignez Youth Against Repression.

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