Category: Asie

  • A Hong Kong, le régime de Xi Jinping prépare un nouveau Tiananmen

    Les travailleurs doivent s’organiser d’urgence pour résister à la répression. Construisons une véritable grève générale !

    Le gouvernement de Carrie Lam à Hong Kong a fait exploser le niveau de violence policière contre le mouvement de protestation pro-démocratique. Cette escalade, évidente depuis le début du mois de novembre, a été clairement ordonnée par la dictature chinoise. C’est l’un des résultats de la Quatrième session plénière du Comité central du Parti “communiste” (PCC) qui s’est tenue fin octobre. Xi Jinping a tenu une rare réunion avec Carrie Lam à Shanghai peu après pour signifier au monde le soutien du régime à des mesures plus brutales contre les manifestations de masse qui font rage depuis presque six mois.

    Par Dikang, Socialist Action (Hong Kong)

    Le PCC craint les conséquences économiques, politiques et géopolitiques du lancement d’une opération de répression à Hong Kong par l’Armée populaire de libération (APL). Il ne voit là qu’une “solution finale” à éviter dans la mesure du possible et préfère donc utiliser les outils “internes” de Hong Kong, en élevant à des niveaux extrêmes la violence policière dirigée contre les manifestants, qu’il s’agisse des “radicaux” qui ont riposté aux attaques de la police avec des briques et des bombes à pétrole, ou encore des dizaines de milliers de manifestants pacifiques. Ces dernières ont à nouveau été mobilisées ces derniers jours par le biais d’appels urgents en ligne pour descendre dans la rue.

    Les occupations d’université

    Au cours de la semaine dernière, la lutte s’est concentrée sur les universités, dont six ont été occupées à un moment donné. Ces occupations étaient des actions défensives des étudiants visant à empêcher la police d’entrer sur les campus pour y procéder à des arrestations massives. La mort d’un étudiant de 22 ans, Chow Tsz-lok, le 8 novembre, a été le déclencheur de ce qui est devenu l’un des affrontements les plus graves de la lutte à ce jour. Chow est décédé des suites de blessures subies lors d’une opération de police dans un garage. Les circonstances de l’incident sont suspectes.

    Alors que la colère des jeunes explosait, des appels ont été lancés en ligne sur les plateformes de messagerie – le principal centre d’organisation de la lutte – pour une “grève générale”. En réalité, il ne s’agissait pas d’une grève des travailleurs, mais d’une série d’actions directes de jeunes manifestants visant à saboter et à fermer des artères de circulation centrales, comme les tunnels et les ponts. Une grande partie de Hong Kong a été paralysée la semaine dernière, ce qui a causé la plus grave perturbation économique de la lutte jusqu’à présent. La bourse de Hong Kong a chuté de 5 % au cours de la semaine. Les écoles et les universités ont été fermées et elles le sont toujours.

    De nombreuses universités sont situées à proximité des grands axes routiers ou ferroviaires et l’objectif des manifestants était de sécuriser les universités tout en perturbant au maximum les voies de transport à proximité. La réponse de la police a été de lancer des attaques inédites et lourdement armées avec des canons à eau, des véhicules blindés et “plus de tout”, c’est-à-dire plus de gaz lacrymogènes, plus de balles en caoutchouc, etc. sur les universités occupées afin d’éliminer les “sources” de la lutte.

    L’action du gouvernement n’est pas de “rétablir l’État de droit” comme il le prétend, mais d’utiliser la terreur d’État pour réprimer les étudiants et les jeunes qui ont été l’épine dorsale de la lutte. Les autorités suivent le manuel de Tiananmen, avec une méthode moins mortelle jusqu’à présent, mais avec exactement le même objectif. Comme en juin 1989, l’objectif est de rétablir l’autorité de la dictature avec une démonstration écrasante de violence d’Etat pour dissuader ceux qui voudraient défier son pouvoir.

    En une seule journée, dimanche dernier (17 novembre), alors que la police assiégeait l’Université polytechnique (Poly U), mille grenades lacrymogènes ont été tirées sur le campus. La police a également utilisé des grenades assourdissantes et certains officiers portaient pour la première fois des fusils d’assaut. Une déclaration de la police a averti que les munitions réelles pouvaient être utilisées à moins que les occupants ne se rendent. Les jeunes occupants ont affiché leurs dernières volontés sur les médias sociaux, car beaucoup s’attendent à un massacre, ce qui est toujours une terrible possibilité.

    Les arrestations de masse

    Le siège et l’occupation de la Poly U se poursuivent au moment de la rédaction du présent rapport, bien qu’il y ait encore beaucoup moins de manifestants à l’intérieur. Plus de 1.100 étudiants et leurs partisans ont été arrêtés sur une période de 24 heures. Des centaines de mineurs d’âge ont été libérés après avoir été enregistrés mais ils risquent de faire l’objet de graves accusations par la suite. Tous les jeunes de plus de 18 ans qui ont été arrêtés sont maintenant détenus dans le cadre de la plus grande arrestation massive du mouvement à ce jour. Plusieurs centaines de ces jeunes font face à des accusations d’émeutes.

    Des images vidéo montrent des policiers en train de battre des étudiants arrêtés. De nombreux occupants ont subi des blessures graves, notamment une hyperthermie et des fractures osseuses, et 280 d’entre eux ont été hospitalisés. Pourtant, la police a refusé aux volontaires médicaux l’accès aux étudiants blessés, les menaçant de les traiter de la même manière que les “émeutiers”. Ce n’est que sous la pression croissante de l’opinion publique que la police a été forcée d’autoriser une équipe de la Croix-Rouge à entrer sur le campus de l’Université polytechnique.

    Un noyau dur d’une centaine de jeunes refuse d’abandonner. La police a clairement indiqué que tous ceux qui sont arrêtés seront poursuivis pour émeute, ce qui entraîne une peine de 10 ans de prison. D’autres sont parvenus à s’échapper au cours d’évasions audacieuses et désespérées, en utilisant parfois des cordes pour descendre en rappel des ponts jusqu’à l’endroit où des “parents” (citoyens volontaires) les ont emmenés en voiture et en moto pour échapper à la police. Des dizaines de personnes se sont échappées par d’étroits tuyaux de drainage souterrains, à peine assez larges pour s’y faufiler, avant que la police ne découvre la pratique et bloque cette voie d’évacuation.

    Des groupes de défense des droits humains et même des gouvernements étrangers (qui restent normalement silencieux) ont condamné la violence policière. Beaucoup de gens ont été stupéfaits et émus par ces scènes. Parents, politiciens et travailleurs sociaux, souvent en larmes, sont venus plaider et faire pression sur la police pour qu’elle lève le siège et permette aux jeunes de sortir indemnes.

    Les tactiques de la jeunesse

    ‘‘Avant, je me demandais si les manifestants, ou ceux qui semblaient être des protestataires, avaient franchi une ligne rouge d’une quelconque manière. Mais maintenant, je comprends mieux pourquoi ils ont dû utiliser ces tactiques’’, a déclaré un père qui essayait de sauver sa fille de 17 ans de l’université Poly U. “Les cocktails Molotov qu’ils lancent visent principalement à créer une distance entre eux et la police”, a-t-il déclaré au New York Times.

    “Je ne comprends pas pourquoi la police doit réprimer les étudiants de cette façon”, a déclaré à un journaliste du South China Morning Post une mère en larmes dont les deux filles sont coincées dans le campus. “Ça ne me dérange pas de mourir. Pourquoi devrions-nous rester à Hong Kong alors que nos enfants n’ont pas peur de la mort ?”

    Le gouvernement estime – à tort selon nous – que les manifestants de première ligne ont perdu le soutien massif dont ils disposaient, ce qui leur donne l’occasion d’intensifier la répression et d’écraser le mouvement de protestation dès que possible. La stratégie du régime du PCC a consisté à créer délibérément le chaos par des mesures policières brutales – en interdisant les manifestations pacifiques, en provoquant une réaction violente chez les jeunes, en infiltrant les manifestations – pour tenter d’épuiser et de désintégrer le mouvement.

    Mais la violence débridée de l’État a eu un grand retentissement dans l’opinion publique. A l’heure du déjeuner tous les jours pendant plus d’une semaine, des milliers de personnes ont participé à des barrages routiers et des manifestations dans le quartier central des affaires, pour la plupart des cols blancs et des employés du secteur financier. Beaucoup d’entre eux portaient des masques, ce qui était illégal jusqu’à hier en vertu d’une loi d’urgence qui a maintenant été rejetée par la Haute Cour.

    Il y a une semaine, l’Université chinoise de Hong Kong a été le théâtre des affrontements les plus violents avec la police. Une bataille pour le contrôle d’un pont sur une grande autoroute a fait rage sans interruption pendant 30 heures. À ce moment-là, des milliers de personnes sont venues sur les lieux pour soutenir les manifestants. Lorsque, quelques jours plus tard, Poly U a été encerclée, des dizaines de milliers de personnes ont répondu aux appels en ligne pour “sauver les étudiants”, se précipitant vers les lignes de police près du campus et dans la zone voisine de Yau Tsim Mong pour essayer de distraire la police. Ces manifestations de solidarité se sont heurtées exactement à la même violence frénétique de la part de la police, qui a notamment lancé des bus à grande vitesse vers les manifestants. Ce sont des méthodes terroristes employées contre la population.

    Depuis trois jours, des unités spéciales de police d’élite, connues sous le nom de “Raptors”, encerclent la Poly U, en permettant aux manifestants de ne sortir que par une issue pour se rendre, toutes les autres sorties étant soumises à de lourds bombardements de gaz lacrymogènes et de grenades assourdissantes. Dans l’Université chinoise et l’Université polytechnique, une fois les occupations commencées, les manifestants ont commencé à organiser des cantines autogérées surnommées “Café Resistance”, des barricades de sécurité, la production en série de bombes à essence et de projectiles.

    Le soutien aux manifestants parmi les couches importantes de la société et l’atmosphère pour “défendre” les étudiants repose sur la peur généralisée que le gouvernement et la police se préparent à une répression sanglante : une “version de Hong Kong du 4 juin” (date du massacre de 1989 à Pékin). Les rapports de première ligne de l’Université chinoise la semaine dernière, et maintenant de Poly U, confirment ces craintes. Un policier à l’extérieur de Poly U a dit à la mère en pleurs d’une jeune fille de 16 ans enfermée à l’intérieur : “Il n’y a aucune chance que cela se termine pacifiquement”.

    Face à une force armée aussi extrême et écrasante, les étudiants ont utilisé des armes simples comme des bombes à essence, des catapultes et même des arcs pour tenter d’empêcher la police d’avancer, de prendre d’assaut les campus et de procéder à une arrestation massive.

    L’auto-défense du mouvement

    Alors que la police et certains médias font beaucoup de bruit au sujet de la violence des manifestants, le fait est qu’il s’agit de luttes défensives avec la police qui, dans tous les cas, est à l’origine de la violence. Il s’agit d’une lutte incroyablement unilatérale et, en tant que telle, malgré un niveau inspirant d’héroïsme et de sacrifice, ce n’est pas le fondement sur lequel une lutte réussie peut finalement être construite. La lutte a le droit de se défendre contre la brutalité policière. Mais pour qu’elle soit couronnée de succès, cette autodéfense doit être sous contrôle démocratique. Malheureusement, la lutte de masse jusqu’à présent n’a pas produit d’organisations de masse capables d’exercer un tel contrôle démocratique. Plutôt que d’être au centre de la lutte, toutes les questions de tactique “militaire” devraient être subordonnées à la question principale de la mobilisation et de la construction d’un mouvement organisé.

    La police et certains médias accusent les jeunes d’être à l’origine de la violence. Ce n’est pas vrai. Les premières semaines du mouvement – avec des millions de manifestants en juin et en août – ont été largement pacifiques. Même le vandalisme de la chambre du Conseil législatif (Legco) en juillet n’a pas causé de blessures graves. C’était en grande partie le cas jusqu’à ces dernières semaines. Les bombes à pétrole n’ont été lancées qu’en août, lorsque le régime avait déjà commencé à interdire toutes les manifestations appelées par l’”aile pacifique” du mouvement : les politiciens pan-démocratiques et leurs alliés des ONG.

    C’est l’État – la police de Hong Kong sous les ordres du PCC – qui, à chaque étape, a élevé le niveau de violence pour terroriser les masses et ainsi les soumettre. C’est la stratégie que l’Etat a choisie comme politique calculée pour provoquer d’abord une destruction massive et ensuite l’utiliser pour discréditer et isoler les jeunes.

    La seule façon de déplacer l’accent de la lutte hors des affrontements physiques et du vandalisme – qui ne s’avéreront en fin de compte pas des méthodes efficaces contre une force de police militarisée bien entraînée – c’est une stratégie de mobilisation des masses et, surtout, de la classe ouvrière de Hong Kong afin qu’elle construise ses propres organisations. Ce sera le “ciment” politique qui permettra d’assurer le succès d’une lutte de masse.

    La classe ouvrière est la clé

    Les socialistes ne sont pas les seuls à comprendre que la classe ouvrière est la force décisive dans les grandes luttes politiques contre les régimes autoritaires. C’est la conclusion sans équivoque d’une étude récente d’universitaires norvégiens publiée dans le Washington Post (24 octobre 2019), qui portait sur les mouvements démocratiques de masse au cours des cent dernières années : “Dans une nouvelle étude, nous examinons systématiquement comment les citoyens ont cherché à promouvoir la démocratie dans environ 150 pays. Voilà ce que nous avons trouvé : Les travailleurs de l’industrie ont été des agents clés de la démocratisation et sont même plus importants que les classes moyennes urbaines. Quand les travailleurs de l’industrie mobilisent une opposition de masse contre une dictature, la démocratisation a de grandes chances de suivre.”

    C’est la leçon que le mouvement de Hong Kong doit tirer s’il veut gagner.

    La situation après les occupations universitaires est compliquée. Beaucoup d’étudiants ont l’impression d’avoir été vendus et abandonnés, ce qui cause de graves divisions parmi les jeunes militants. Cela souligne le fait que plus la lutte arrive à un moment critique – comme aujourd’hui – plus elle a besoin d’une organisation démocratique.

    L’opposition de nombreux jeunes à un mouvement plus organisé et traditionnel découle du rôle passé de politiciens pan-démocratiques qui ont utilisé leur contrôle de la “scène politique” pour monopoliser la direction des manifestations. Les dirigeants pan-démocratiques ne voulaient pas que ces luttes se développent et se radicalisent, c’est pourquoi, dans la plupart des cas, ils ont stoppé les luttes avant qu’elles n’obtiennent des gains concrets. Mais rejeter les structures formelles et organisées au profit d’une lutte totalement décentralisée et informe ne protège pas contre le “hi-jacking” de quelques dirigeants autoproclamés, bien que cela ait aussi produit de nombreuses méthodes de protestation innovantes et ingénieuses.

    Il faut une organisation de masse

    La stratégie pour vaincre une dictature puissante et cruelle doit être formulée consciemment, par les représentants élus des masses et à travers le débat et la discussion sur les objectifs politiques. Les tactiques devraient toujours découler d’une ligne politique claire. Pour cette raison, le mouvement de Hong Kong a un besoin urgent de construire des structures démocratiques et une organisation réelle de masse. C’est pourquoi des comités démocratiques devraient être mis en place dans les écoles, les lieux de travail et les communautés locales.

    Le PCC et le gouvernement de Carrie Lam préparent des attaques encore plus graves contre les droits démocratiques. L’Assemblée populaire nationale de Chine a déclaré la guerre à la Haute Cour de Hong Kong après sa décision cette semaine d’annuler la loi anti-masque de Carrie Lam. Si l’APN fait respecter sa position, elle émasculera complètement le système judiciaire indépendant de Hong Kong, qui est l’un des derniers éléments du principe “un pays, deux systèmes” qui existe encore. La loi anti-masque a été imposée en octobre parce que le gouvernement voulait tester le terrain pour une utilisation plus large de l’Emergency Regulations Ordnance de l’époque britannique. Il s’agit d’une “arme nucléaire” juridique ancienne et draconienne, utilisée pour la première fois en 1922 contre la grève historique des marins de Hong Kong, qui paralysa le territoire pendant plus d’un an et joua un rôle important dans l’émergence des organisations ouvrières en Chine dans les années 1920.

    La dernière attaque de l’APN vise à davantage entraver le pouvoir judiciaire à Hong Kong. Les élections des conseils de district prévues pour dimanche (24 novembre) peuvent encore être annulées, sous prétexte des derniers affrontements. Ces élections à des conseils locaux plutôt insignifiants et impuissants sont considérées comme un référendum sur la lutte antigouvernementale et pourraient entraîner des pertes historiques pour les partis pro-Pékin.

    En outre, sept législateurs pan-démocratiques risquent à présent d’être arrêtés à la suite d’une manifestation qui a eu lieu au siège du conseil législatif Legco il y a six mois. Cela ressemble au début d’une nouvelle tentative de transformer le Legco semi-élu en une forteresse du camp pro-PCC.

    Il n’y a pas de retour en arrière possible pour la lutte initiée en juin. Mais pour aller de l’avant, il faut une nouvelle stratégie et surtout un appel organisé aux masses chinoises. Un appel aux masses chinoises exige une approche différente, amicale et politique. Nous voulons une lutte unie contre le règne brutal de Xi Jinping. Si la moitié de l’énergie investie par certaines sections du mouvement de protestation pour faire appel au Congrès américain (qui, nous le prédisons, n’apportera pas grand-chose) est investie dans des manifestations et des actions coordonnées pour appeler les travailleurs et les jeunes du continent à rejoindre notre lutte, cela pourrait représenter une renaissance explosive du mouvement de masse dans une direction qui terrifiera le PCC.

    Des divisions dans la classe dirigeante

    La cohésion interne de l’establishment capitaliste pro-Pékin a été sérieusement ébranlée. Récemment, l’ancien président du Conseil législatif Jasper Tsang Tsang Yok-sing a accordé une interview remarquablement franche à un sinologue français. Tsang a déclaré que le principal parti pro-gouvernemental, la DAB (Democratic Alliance for the Betterment and Progress of Hong Kong) avait déjà demandé à Carrie Lam d’accepter une commission indépendante pour enquêter sur la police – une des cinq demandes du mouvement. Bien que cela ait été favorablement accueilli par la majorité des dirigeants de l’establishment pro-Pékin, Carrie Lam a rejeté la proposition en invoquant le moral “fragile” des forces de police. La véritable raison est l’intransigeance du PCC et sa Quatrième réunion plénière pour intensifier la répression et préparer une répression brutale.

    Les politiciens de l’establishment comme Tsang portent l’entière responsabilité de la crise actuelle. Ils ont appuyé la loi sur l’extradition et les purges, les arrestations et la répression contre le mouvement démocratique qui ont eu lieu au cours des trois dernières années. Mais maintenant, le camp de l’establishment est profondément divisé, beaucoup exhortant le gouvernement à faire des concessions pour désamorcer la colère générale. Ils craignent une instabilité permanente à Hong Kong, qui pourrait paralyser son statut de centre financier mondial autrefois très rentable.

    Le PCC ordonne à Carrie Lam d’ignorer toutes ces idées de concessions. Son point de départ n’est pas ce qui se passe à Hong Kong, mais leur crainte que toute faiblesse à l’égard de Hong Kong ne provoque une instabilité encore plus grande en Chine continentale.

    Construisons une véritable grève générale !

    Il est plus important que jamais de se tourner vers la grève comme meilleur moyen d’organiser la résistance. Pour une véritable grève, nous devons nous baser sur les travailleurs, leur organisation et la construction de syndicats plus forts. Les manifestants de Hong Kong ont depuis longtemps en tête l’idée d’une grève, mais parce que la classe ouvrière ne dispose pas de syndicats de masse, elle n’a jusqu’à présent pas effectivement lancé une grève collective. Une grève doit être organisée, elle ne peut pas simplement “se produire”. Elle doit être enracinée dans les lieux de travail, dans les écoles et dans les quartiers et pas seulement sur internet. Les applications de messagerie et les forums peuvent être un outil puissant, mais ils ne sont qu’un outil. L’organisation des travailleurs doit devenir une réalité physique en incitant tous les travailleurs à adhérer à un syndicat ou à en créer un.

    Les congés de maladie et les jours de vacance ne remplacent pas l’action collective lancée par un syndicat contre la terreur blanche des patrons. Malheureusement, au cours des derniers mois, les dirigeants syndicaux officiels sont restés largement silencieux.

    Pour organiser et diriger un tel mouvement, il faut créer des structures adéquates : des comités démocratiques où toutes les questions peuvent être débattues et votées. Il est beaucoup plus difficile pour la police et les agents du gouvernement d’infiltrer des réunions publiques et des comités démocratiquement élus que de s’insérer dans des forums en ligne et des foules anonymes afin de semer le chaos. Des structures organisées et ouvertes signifient que toutes les idées peuvent être remises en question et contrées par d’autres propositions et chacun déclare qui il est et quel groupe il représente.

    Le Front civique des droits humains (le réseau pan-démocratique qui a lancé l’appel pour les manifestations historiques des 9 et 16 juin) a été mis de côté à la suite de l’interdiction des manifestations par la police. Il doit cependant montrer la voie dans cette situation et devrait annoncer une assemblée de masse d’une journée ouverte aux représentants des lieux de travail, des écoles et des groupes locaux pour discuter de la voie à suivre pour la lutte de masse et de la manière de résister aux projets des autorités pour une répression “du 4 juin” à Hong Kong.

    Après plus de cinq mois de lutte de masse, de plus en plus de manifestants reconnaissent l’importance des organisations ouvrières. Dans de nombreuses industries, il est possible de commencer à organiser des syndicats, qui devraient ensuite se coordonner et assumer le rôle principal dans la lutte de masse.

    – Organisons les syndicats et les comités de grève ! Préparons une véritable grève générale !
    – Changeons le mode de lutte et faisons de la lutte ouvrière l’épine dorsale du mouvement !
    – Cinq revendications et pas une de moins, mais ces revendications doivent aussi être élargies pour intégrer les besoins urgents de la classe ouvrière !
    – Exportons la révolution en Chine pour une lutte de masse unie des travailleurs du continent et de Hong Kong pour vaincre la dictature du PCC !
    – Démantelons le régime capitaliste antidémocratique de Hong Kong ! Remplaçons le Legco antidémocratique par une véritable Assemblée du peuple, basée sur le suffrage universel à l’âge de 16 ans, pour mettre en œuvre immédiatement des politiques en faveur de la classe ouvrière et briser le pouvoir économique des capitalistes !

  • Hong Kong : les locaux de Socialist Action cambriolés

    Appel urgent à la solidarité !

    Socialist Action, l’organisation qui regroupe les partisans du Comité pour une Internationale Ouvrière à Hong Kong, a été victime d’un cambriolage. Aux petites heures du 17 octobre, six ordinateurs, des téléphones portables, trois cartes de crédit et divers objets personnels appartenant à des membres ont été volés. Au total, plus de 20.000 dollars de Hong Kong (environ 2.300 euros) ont été volés en espèces et par cartes de crédit. Deux camarades dormaient dans le bureau alors que le cambriolage prenait place vers 3 heures du matin. Les choses auraient encore pu être bien pire s’ils s’étaient réveillés et avaient dérangé les voleurs.

    Par des correspondants de chinaworker.info

    Les voleurs ont accédé au bureau du sixième étage par une fenêtre, ce qui a été rendu possible par les échafaudages temporaires actuellement posés à l’extérieur du bâtiment. Des précautions avaient pourtant été prises, nos camarades ayant rajouté des barreaux métalliques à toutes les fenêtres, ainsi que des caméras de sécurité à la porte d’entrée et à l’intérieur. Mais celles qui n’ont pas été désactivées par les voleurs couvraient la porte qui n’a pas été utilisée lors de l’effraction. Les voleurs ont pu pénétrer dans les lieux en enlevant un barreau de la fenêtre d’un débarras.

    Ce cambriolage est un coup dur pour Socialist Action au moment d’un mouvement de masse historique contre le régime autoritaire qui dure déjà depuis quatre mois et demi. Dire que la pression sur les militants socialistes est élevée en ce moment serait un euphémisme. Hong Kong est à la merci d’un déchaînement effréné de violence policière et de répression. Les attaques au gaz lacrymogène et les passages à tabac sont quotidiens. Plus de 2.500 arrestations ont été effectuées depuis juin. Un état d’urgence a été de facto imposé par le gouvernement non élu de Carrie Lam, qui a qualifié les manifestants “d’émeutiers” et de “terroristes”. Depuis le mois d’août, la plupart des manifestations ont été interdites et sont violemment attaquées. Les membres de Socialist Action, tout comme beaucoup d’autres groupes et partis d’opposition, font face à une menace quotidienne de répression et d’arrestation ainsi qu’à d’éventuelles poursuites judiciaires pour avoir soutenu des “rassemblements illégaux” ou pour d’autres accusations politiques. L’utilisation croissante des « pouvoirs spéciaux » de l’époque britannique par le gouvernement pourrait bientôt entraîner la fermeture partielle d’Internet à Hong Kong, la censure de la presse et l’interdiction de publications, de nouvelles arrestations et des parodies de tribunaux.

    La nature compliquée de cette lutte dans une société sans organisations de masse, sans partis politiques de la classe ouvrière et avec un mouvement syndical faible ou très timide et face à la dictature policière la plus puissante et la plus high-tech du monde a inévitablement produit un mouvement de masse aux caractéristiques contradictoires.

    Ce mouvement combine une résistance de masse héroïque, une spontanéité inspiratrice et des méthodes d’action directe, côte à côte avec un manque de stratégie claire, un manque d’organisation et de nombreuses idées confuses. Le relatif changement de conscience pro-américain au sein d’une couche des masses en action constitue un exemple de cette confusion. Cela exprime une recherche de salut auprès de politiciens américains qui, pour la plupart, s’intéressent à leurs votes aux Etats-Unis plus qu’au soutien sincère à la lutte pour la démocratie. Ironiquement, la dictature chinoise encourage en partie ce changement pro-américain, car cela lui sert à « justifier » sa propre propagande sur les « forces étrangères hostiles » et parce qu’elle sait que cette voie ne représente aucune issue pour la lutte des masses.

    Socialist Action – pour une alternative des travailleurs !

    Socialist Action joue un rôle unique en militant constamment pour que le mouvement de masse change de direction, s’oriente vers l’organisation et les méthodes des travailleurs comme les grèves et les comités de grève démocratiques, s’oppose à l’impérialisme américain et chinois et cherche à étendre consciemment le mouvement de masse à la Chine continentale.

    Socialist Action explique que cela ne peut se faire qu’en élargissant les “cinq revendications” du mouvement pour que le cahier de revendications intègre les besoins de la classe ouvrière et de la jeunesse (qui sont exigés avec la même force à Hong Kong et en Chine) pour un logement abordable, des emplois décents, la fin du travail d’esclave et des investissements publics massifs dans les services publics au lieu des projets d’infrastructure de prestige obscènes aux profits des magnats de l’immobilier capitalistes.

    Nous appelons à une solidarité financière urgente de la part des militants pour la démocratie, des socialistes et des syndicalistes du monde entier. Pour récupérer les pertes dues à ce cambriolage et améliorer la sécurité des bureaux, Socialist Action doit collecter 70.000 dollars de Hong Kong (environ 8.000 euros). Nous devons le faire le plus rapidement possible pour éviter de perdre du temps au milieu de ce combat crucial qui constitue la lutte la plus importante que nous ayons jamais connue.

    Sans le remplacement des six ordinateurs que nous avons perdus, nous ne sommes plus en mesure de continuer à produire les quatre éditions de notre magazine bimensuel (à Hong Kong, en Chine continentale, à Taiwan et en édition anglaise). Notre organisation quotidienne risque d’être fortement perturbée non seulement à Hong Kong, mais également dans l’important travail de solidarité que nous essayons de développer – dans des conditions clandestines – en Chine continentale.

    Ce cambriolage souligne les problèmes et les pressions auxquels sont confrontés les militants socialistes à Hong Kong et en Chine alors qu’ils défendent une activité inlassable dans la lutte anti-autoritaire. Socialist Action est obligé de louer des locaux dans un quartier ouvrier pauvre où le taux de criminalité est élevé. Cela s’explique par les loyers extrêmement élevés qui sévissent à Hong Kong, la ville la plus chère du monde. Nous ne pouvons pas réclamer d’assurance pour ce vol parce que cela implique de porter plainte à la police, ce qui permettrait à cette dernière (qui terrorise toute l’opposition à Hong Kong) d’enquêter sur nos locaux et d’interroger notre personnel, en mettant ainsi davantage leur sécurité en danger. Par conséquent, nous ne pouvons nous tourner que vers nos camarades et sympathisants à travers le monde et au sein du mouvement ouvrier et pro-démocratique à Hong Kong, en Chine et ailleurs.

    Voici les informations nécessaires pour nous envoyer un don. Chaque somme, petite ou grande, sera d’une grande aide pour permettre à Socialist Action de reprendre rapidement sa pleine vitesse.

    Vous pouvez effectuer une donation directe via Go Fund Me.

    Si vous êtes membre du CIO, discutez de cela lors de votre reunion de section. Les donations devraient être effectuées via les structures du CIO avec pour mention “Hong Kong Socialist Action”.

  • Journée internationale d’action et de solidarité avec un gréviste licencié à Hong Kong

    Action de protestation à la Chambre de commerce de Hong Kong à Bruxelles.

    Nathan Leung Lai Pong, membre de Socialist Action (notre organisation sœur à Hong Kong), a travaillé en tant que collaborateur externe pour HSBC, une des plus grandes banques au monde. Il a récemment été renvoyé en raison de sa participation à la grève générale du 3 septembre et de son appel à la création d’un syndicat démocratique dans le secteur bancaire.

    • La lutte contre le PCC aujourd’hui : Participez à nos réunions ouvertes consacrées au mouvement de masse à Hong Kong ! Le 10 octobre à Bruxelles (plus d’infos) et le 15 octobre à Liège (plus d’infos).

    Le CIO (Comité pour une Internationale Ouvrière, organisation internationale à laquelle le PSL est affiliée) exige que la banque HSBC revienne sur ce licenciement scandaleux qui s’inscrit clairement dans le cadre d’une campagne de persécution des travailleurs à Hong Kong. Les autorités de Hong Kong et les grandes entreprises cherchent à s’en prendre au mouvement de masse pour la démocratie actuellement en cours.

    Les grandes entreprises profitent de la répression du mouvement de protestation par le gouvernement local et le régime chinois pour saper les droits des travailleurs sur leur lieu de travail. Elles craignent que cette lutte de masse n’inspire les travailleurs à se radicaliser et à s’organiser plus efficacement pour se défendre contre leurs patrons.

    Le cas de Nathan est symptomatique de la politique des grandes entreprises à Hong Kong. Nous devons riposter par la solidarité des travailleurs, des activistes, des syndicalistes et des défenseurs des droits humains. « Maintenant que la dictature chinoise contrôle directement Hong Kong, non seulement la liberté d’expression et les droits syndicaux du personnel de HSBC, mais aussi ceux de tous les travailleurs de Hong Kong seront encore plus menacés », a déclaré Nathan. « Nous devons nous organiser ensemble et nous opposer à la répression combinée de l’Etat chinois et des grandes entreprises. »

    En collaboration avec la campagne “Stop Repression in Hong Kong”, le CIO organisait hier des actions aux sièges de HSBC et d’autres endroits. Il y a ainsi eu des actions de solidarité à New York, Vancouver, Montréal, Londres, Manchester, Berlin, Bruxelles, Gand, Vienne, Athènes, Thessalonique, Sana’a, Cracovie, Dublin, Stockholm, Taipei,… Nous exprimons notre solidarité pleine et entière avec Nathan et toutes les victimes de la persécution politique à Hong Kong. Nous nous opposons bien entendu à l’attitude antisyndicale de HSBC et du régime chinois. Nous soutenons la lutte des travailleurs et des jeunes en défense de leurs droits démocratiques et de leur droit à un meilleur à Hong Kong et en Chine.

    Celui qui s’attaque à l’un de nous, s’attaque à nous tous ! Vive la solidarité internationale !

    Ci-dessous : photos de solidarité prises à Liège (au dessus) et à Gand (en dessous) à l’occasion de réunions des Etudiants de Gauche Actifs (EGA)

  • Mobilisation inédite contre la dictature chinoise à Hong Kong : entretien avec un activiste socialiste

    Le mouvement de protestation à Hong Kong dure depuis des mois. Jamais un mouvement social n’y a eu une telle ampleur. Les manifestations ont atteint jusque 2 millions de personnes et 350.000 travailleurs ont participé à deux grèves générales de 24 heures. Cette colère affronte la destruction des droits démocratiques à Hong Kong, la dictature du Parti ‘‘communiste’’ chinois et la répression policière. Les manifestants réclament des élections démocratiques au lieu du système actuel qui permet à 1.200 millionnaires et dignitaires de choisir le gouvernement. Les concessions limitées accordées par Carrie Lam, cheffe de l’exécutif de Hong Kong, n’ont pas suffi à arrêter le mouvement. Nous en avons parlé avec Simon, de Socialist Action, notre organisation-sœur à Hong Kong activement impliquée dans ces protestations.

    Propos recueillis par Sander (Termonde)

    • La lutte contre le PCC aujourd’hui : Participez à nos réunions ouvertes consacrées au mouvement de masse à Hong Kong ! Le 10 octobre à Bruxelles (plus d’infos) et le 15 octobre à Liège (plus d’infos).

    Quelle est la composition sociale du mouvement pro-démocratie à Hong Kong ? Y a-t-il beaucoup de travailleurs impliqués ? Sont-ils représentés par leurs syndicats ?

    ‘‘Le noyau actif du mouvement se compose principalement de jeunes issus de la classe ouvrière et de la classe moyenne, y compris des écoliers et des étudiants. On trouve aussi beaucoup de travailleurs âgés dans les rues pour protéger les jeunes et protester contre la répression policière brutale.

    ‘‘Malheureusement, la classe ouvrière ne participe pas au mouvement en tant que classe consciente d’elle-même. Elle n’est pas organisée sous la forme de syndicats et de partis. Le mouvement se caractérise, entre autres, par l’absence de dirigeants ou d’organisations ; en partie parce que le syndicat pro-démocratie (HKCTU) refuse d’organiser les travailleurs au sein de ce mouvement. Il y a eu deux grèves générales contre le régime autoritaire et la répression policière, mais toutes deux ont été lancées à partir des réseaux sociaux. L’ampleur du mouvement a forcé le HKCTU à finalement soutenir les grèves générales, mais la fédération syndicale n’a pas organisé la grève sur les lieux de travail. La direction syndicale n’a fait aucune distinction entre cette grève et les manifestations ordinaires. La plupart des grévistes n’étaient pas organisés en syndicat.

    ‘‘La HKCTU compte 190.000 membres, soit environ 5% de la population active. Le nombre de syndicalistes est extrêmement faible, surtout si l’on exclut la HKFTU, le «faux» syndicat pro-gouvernemental. La direction de ce dernier suit principalement la ligne politique basée sur le compromis des partis bourgeois du camp démocratique, les ‘‘pan-démocrates’’. Les ‘‘dirigeants’’ pan-démocrates craignent qu’un mouvement de masse militant ne les empêche de conclure des accords avec le régime chinois. Nous pensons que négocier des réformes démocratiques avec un régime dictatorial est inutile.’’

    La pauvreté est impressionnante à Hong Kong. Beaucoup de jeunes n’ont pas les moyens d’acheter leur propre logement, même s’il ne fait que quatre mètres carrés. Le célèbre économiste néolibéral Milton Friedman qualifiait Hong Kong ‘‘d’expérience néolibérale parfaite’’. Pourquoi donc cette économie ne peut-elle offrir aux gens un logement et des salaires décents ?

    ‘‘C’est précisément parce que Hong Kong est ‘‘parfaitement néolibéral’’ que le malaise économique est si important. Cela joue un rôle crucial dans le mouvement de masse actuel. Une petite élite d’oligarques domine l’économie de la ville. Le régime autoritaire protège et maximise les profits des grandes entreprises sur le dos de la population active, dont les conditions de travail et de vie sont de plus en plus mauvaises, comme en Chine.

    ‘‘Les prix des logements ont explosés, surtout depuis 1997, année où Hong Kong a été rétrocédée du Royaume-Uni à la Chine. L’inégalité est particulièrement grande. Le ‘‘coefficient de Gini’’ (qui mesure l’inégalité) de Hong Kong est de 0,539, au neuvième rang après les pays d’Afrique subsaharienne ou de petits pays insulaires. Le malaise à Hong Kong est bien résumé par de jeunes militants qui utilisent le slogan ‘‘pas d’argent, pas d’appartement, pas de démocratie’’.

    ‘‘L’inégalité sociale résulte d’une politique qui sert uniquement les intérêts des grandes entreprises. Ces dernières dominent le Legco, le ‘‘parlement’’ antidémocratique de Hong Kong. Malheureusement, les principaux partis d’opposition, les partis pan-démocrates, ne sont pas prêts s’opposer au capitalisme. A cela s’ajoute encore la faiblesse historique du mouvement ouvrier à Hong Kong.’’

    Les manifestations se poursuivent depuis plus de cinq ans maintenant. Des comparaisons sont régulièrement faites avec le Mouvement des parapluies de 2014. Les circonstances actuelles sont-elles différentes de celles à l’époque ? Il semble qu’il y ait une plus grande prise de conscience de la nature antidémocratique du gouvernement de Hong Kong et du fait que Pékin est le réel maître. Parallèlement, les militants ne semblent pas disposés à mieux organiser et structurer la mobilisation. Pourquoi donc ?

    ‘‘Les différences sont nombreuses entre les manifestations actuelles et le Mouvement des parapluies de 2014. L’aversion des militants envers toute forme d’organisation joue désormais un rôle encore plus important. Les expériences de 2014 et les précédentes jouent un rôle à cet égard. Les activistes s’opposent à l’utilisation de la ‘‘méthode du podium central’’, qui fait référence à la manière dont les pan-démocrates tentent de contrôler les mouvements de masse. Les pan-démocrates organisent des étapes lors des grandes journées d’action où seuls leurs porte-paroles prennent la parole. Il est normal qu’il y ait une méfiance à l’égard de ces méthodes bureaucratiques.

    ‘‘Les pan-démocrates ont largement été mis à l’écart par les activistes, ce qui explique pourquoi ce mouvement dure depuis si longtemps et est tellement massif. L’aversion à l’égard des ‘‘dirigeants’’ et des organisations ne vise pas seulement l’absence de direction, mais aussi l’organisation du mouvement lui-même. Cela crée des obstacles pour de nouveaux progrès.

    ‘‘Les révolutionnaires socialistes sont les seuls à défendre l’organisation démocratique du mouvement avec la classe ouvrière comme épine dorsale. Une direction démocratiquement élue peut donner au mouvement une orientation et un programme clairs pour arracher des victoires. La spontanéité qui a fait avancer le mouvement dans une première phase a épuisé son potentiel.

    ‘‘Contrairement à il y a cinq ans, les travailleurs ont utilisé l’arme de la grève politique. Une première en cent ans ! Et nous y avons contribué : Socialist Action a été la première organisation à défendre l’idée d’une grève politique. Ces grèves constituent un jalon dans la lutte pour la démocratie à Hong Kong, mais des difficultés restent bien entendu présentes. Les pan-démocrates, y compris la fédération syndicale HKCTU, ne sont pas parvenu à diriger le mouvement de grèves. Mais malheureusement, Socialist Action a été la seule organisation à défendre la création de comités de grève et la création de syndicats là où ils ne sont pas encore présents. De cette façon, nous pourrions construire de nouvelles grèves générales.

    ‘‘Il y a eu une répression contre les travailleurs impliqué dans ce mouvement. Par exemple, Nathan Leung, un employé de la banque HSBC, a été licencié pour avoir tenté de créer un syndicat. Une campagne internationale est actuellement en cours contre le licenciement de Nathan, par ailleurs également membre de Socialist Action, dans le cadre d’une campagne plus large contre la répression exercée contre les travailleurs impliqués dans le mouvement. Cette répression est une tactique consciente du gouvernement pour affaiblir le mouvement et, en particulier, pour empêcher le développement des syndicats.’’

    Si les mobilisations restent isolées de la Chine, la défaite menace. Qu’en est-il des tentatives d’entrer en contact avec les travailleurs chinois par le biais des médias sociaux ou d’autres canaux ?

    ‘‘Le mouvement ne peut gagner que s’il entretient des liens avec les travailleurs et les jeunes en Chine. C’est là-dessus que nous concentrons notre propagande, dans nos campagnes sur les médias sociaux et dans la rue. Début juillet, une manifestation a eu lieu dans le but d’informer les touristes chinois qui, chez eux, n’entendent que les mensonges du Parti «communiste» chinois (PCC). C’était un bon point de départ, mais malheureusement l’initiative n’a pas été prise au sérieux par de nombreux militants. C’est compréhensible : c’était la première fois que le mouvement essayait cela et la plupart des jeunes ne savent pas comment obtenir un soutien en Chine.

    ‘‘Notre organisation, Socialist Action, est active dans trois pays (Chine, Hong Kong et Taïwan). Nous comprenons l’importance de relier les luttes de masse à Hong Kong et en Chine. L’une de nos tâches principales est de sensibiliser les travailleurs et les jeunes à la manière et aux raisons pour lesquelles nous pouvons construire cette unité.’’

    • Tenez-vous au courant de la lutte de Hongkong via chinaworker.info

    Solidarité internationale contre le licenciement de Nathan Leung, envoyez une lettre de protestation !

  • Hong Kong. Un syndicaliste du géant bancaire HSBC licencié après une grève

    Nathan Leung, membre du CIO à Hong Kong, victime du géant bancaire HSBC – Un licenciement pour avoir participé à la grève générale de septembre

    Socialist Action, CIO Hong Kong

    Hong Kong fait face à une vague de “terreur blanche” des entreprises – licenciements, espionnage et intimidation – contre les travailleurs et les syndicalistes qui expriment leur soutien au mouvement de protestation de masse actuellement en cours. Nathan Leung Lai Pong, membre de Socialist Action (section du Comité pour une Internationale Ouvrière à Hong Kong) et employé de HSBC, a été licencié le 5 septembre après avoir participé à la grève générale contre le gouvernement deux jours auparavant et avoir accordé différentes interviews aux médias au sujet de la nécessité de créer un syndicat des employés de banque.

    HSBC est la plus grande banque d’Europe et la cinquième au monde, bien que les quatre cinquièmes de son activité soient réalisés en Chine et en Asie. L’entreprise s’est étroitement intégrée à la dictature chinoise, l’assureur public Ping An étant désormais le plus grand actionnaire individuel de HSBC.

    Ces dernières semaines, les entreprises de Hong Kong ont été encouragées par le régime chinois à s’en prendre aux syndicats et aux travailleurs qui ont participé aux manifestations, aux grèves générales (deux depuis le 5 août) et même pour avoir exprimé leur soutien au mouvement sur les médias sociaux. Cela montre les liens étroits qui existent entre les grandes entreprises de Hong Kong et le régime autoritaire. HSBC et de nombreuses autres grandes entreprises ont publié des annonces dans des journaux pour condamner les manifestations. Cela reflète les craintes des capitalistes que les syndicats, traditionnellement faibles de Hong Kong, puissent être renforcés et radicalisés à la suite des manifestations de masse actuelles.

    Un ralentissement économique mondial s’annonce, ce qui ouvre la perspective de licenciements, de réductions de salaires et d’une plus grande austérité. En août, HSBC a annoncé 4.000 suppressions d’emplois dans son effectif mondial. Les entreprises de Hong Kong profitent de la répression actuelle du régime contre le mouvement de protestation de masse pour attaquer et affaiblir les syndicats. Cela se voit clairement dans l’industrie du transport aérien où au moins 20 travailleurs ont été licenciés au cours des dernières semaines, dont le dirigeant de l’un des plus grands syndicats d’agents de bord.

    Le CIO et la campagne Stop Repression in Hong Kong lancent un appel aux protestations internationales contre HSBC le 2 octobre en solidarité avec Nathan Leung. Nous exhortons les syndicats, les organisations de gauche et les mouvements sociaux à se joindre aux manifestations et à contacter HSBC ainsi que les médias locaux afin de protester fermement contre les attaques envers les droits syndicaux et démocratiques à Hong Kong.

    Nous vous invitons à prendre des photos de solidarité avec les affiches suivantes et à nous le envoyer à redaction@socialisme.be

    Non à la répression de HSBC contre un syndicaliste de Hong Kong !

    Réintégrez immédiatement Nathan Leung Lai Pong ! Non aux attaques antisyndicales !

    “Je m’appelle Nathan Leung et je travaille en sous-traitance au sein de l’équipe du service clients de HSBC à Hong Kong. J’ai été licencié parce que j’ai participé à la grève générale du 3 septembre, dans le cadre des manifestations de masse contre le régime autoritaire et la brutalité policière à Hong Kong. Je participe activement à une campagne pour la création d’un syndicat dans le secteur bancaire et j’ai reçu le soutien et l’attention des médias lors de la grève.

    “Les grandes entreprises de Hong Kong tentent de priver les travailleurs du droit de grève et de participer aux manifestations de masse historiques, des cas de licenciements similaires existent chez Cathay Pacific et d’autres compagnies aériennes.

    “Deux jours après la grève générale, la société d’externalisation de la main-d’œuvre au service de HSBC m’a dit que HSBC avait décidé de me licencier au motif qu’elle ne permettait pas à son personnel de révéler qu’il travaille pour HSBC lorsqu’il participait à des activités politiques. C’est une pratique absurde et antidémocratique pour plusieurs raisons. HSBC est l’une des plus grandes entreprises et l’un des plus grands employeurs du secteur financier à Hong Kong ; ses relations avec le régime chinois et le gouvernement local de Hong Kong sont donc d’intérêt public dans les manifestations de masse actuelles.

    “Il est également impossible de ne pas mentionner l’entreprise pour laquelle on travaille dans le cadre du processus de création d’un syndicat. Il est clair que, dans le contexte du mouvement de protestation actuel, mon licenciement s’inscrit dans le cadre d’une répression plus large contre les syndicats ainsi que contre la liberté d’expression et la liberté d’association inscrites dans les lois de Hong Kong.

    “La société d’externalisation de la main-d’œuvre m’a proposé un autre poste à condition que je ne proteste pas contre cette décision de HSBC et que je ne fasse pas davantage mention de HSBC et de ses actions envers moi. C’était inacceptable, car il s’agissait d’un ordre signifiant mon consentement face à cette violation antidémocratique de mon droit de créer un syndicat et de participer à des manifestations légales et pacifiques. Je refuse de l’accepter et j’ai plutôt l’intention de continuer à travailler à la création d’un syndicat démocratique des travailleurs du secteur bancaire et financier à Hong Kong pour défendre nos droits, y compris le droit à la liberté d’expression.

    “HSBC, comme d’autres grandes entreprises de Hong Kong, s’est soumise à maintes reprises à la dictature chinoise sous sa pression économique et politique. Par exemple, sous la pression du Bureau de liaison chinois à Hong Kong, la banque a décidé de cesser de placer des publicités auprès d’un groupe de médias allié à l’opposition démocratique. Depuis le début du mouvement de masse pro-démocratie en juin, le régime chinois a renforcé ses liens avec HSBC. En août, l’entreprise publique chinoise Ping An Insurance est devenue le principal actionnaire de HSBC. Peu de temps après, trois cadres supérieurs ont démissionné et HSBC a publié des annonces pro-gouvernementales dans les journaux, accusant les manifestants de Hong Kong d’être responsable de “violence et de nuire à l’ordre social”. HSBC s’est complètement engagé contre le mouvement démocratique de Hong Kong. Aujourd’hui, surtout depuis le mois d’août, nous assistons à une vague de terreur blanche de la part de plusieurs grandes entreprises à Hong Kong. Des travailleurs et des syndicalistes sont espionnés, menacés et sanctionnés. Il y a eu des dizaines de licenciements pour avoir soutenu les manifestations anti-gouvernementales.

    “Avec la dictature chinoise contrôlant directement Hong Kong, la liberté d’expression et les droits syndicaux non seulement des travailleurs de HSBC mais de tous les travailleurs de Hong Kong seront encore plus menacés. Nous devons nous organiser et résister ensemble contre la répression combinée de l’État chinois et des grandes entreprises.

    “Je continuerai à m’organiser pour créer un syndicat du secteur financier et bancaire et à protester contre le rôle antisyndical de HSBC. J’espère obtenir le soutien d’autres militants syndicaux et travailleurs à Hong Kong et dans le monde, y compris par des manifestations de solidarité internationale pour soutenir la lutte en faveur de syndicats démocratiques à Hong Kong et en Chine”.

    Tous les travailleurs du secteur financier et bancaire sont les bienvenus pour nous aider à construire le syndicat. Veuillez contacter Nathan :

    Telegram: @@Na_un_str
    Téléphone : 62268474

    Voici un modèle de résolution pour les sections syndicales :

    A envoyer à (traduction ci-dessous) :

    • sustainable.finance@hsbc.com
    • hsbchk.social@hsbc.com.hk
    • financebankingunion@gmail.com

    “We wish to protest at the victimisation of Hong Kong bank worker and activist Nathan Leung Lai Pong by HSBC in Hong Kong. Nathan Leung is one of dozens of Hong Kong workers and trade unionists who have been targeted in a campaign of repression and victimisation since the first, 5 August, general strike against the government as part of Hong Kong’s summer-long mass protest movement.

    “This movement demands democratic rights, an investigation of unprecedented police brutality, and democratic elections to replace the current system in which only 1,200 millionaires and VIPs ‘elect’ the government. It is natural that trade unions and labour organisations around the world, which have always stood to the fore in winning democratic rights and resisting tyranny, should support and show full solidarity with this struggle. These are the biggest protests ever in Hong Kong, with up to two million joining marches and over 350,000 workers taking part in two one-day general strikes.

    “We call for the immediate reinstatement of Nathan Leung Lai Pong and all other workers and union activists who have been dismissed for political reasons, and for companies like HSBC to immediately stop their anti-union and anti-democratic practises in Hong Kong.”

    “Nous souhaitons protester contre la victimisation de Nathan Leung Lai Pong, employé de banque et activiste de Hong Kong, par HSBC à Hong Kong. Nathan Leung fait partie des dizaines de travailleurs et de syndicalistes de Hong Kong qui ont été la cible d’une campagne de répression et de victimisation depuis la première grève générale contre le gouvernement, le 5 août, dans le cadre du mouvement de protestation de masse de cet été à Hong Kong.

    “Ce mouvement exige des droits démocratiques, une enquête sur une brutalité policière sans précédent et des élections démocratiques pour remplacer le système actuel, dans lequel seulement 1.200 millionnaires et VIP “élisent” le gouvernement. Il est naturel que les syndicats et les organisations syndicales du monde entier, qui ont toujours été à l’avant-garde dans la conquête des droits démocratiques et la résistance à la tyrannie, soutiennent cette lutte et fassent preuve d’une solidarité totale. Il s’agit des plus grandes manifestations jamais organisées à Hong Kong, avec jusqu’à deux millions de manifestants et plus de 350.000 travailleurs qui ont participé à deux grèves générales d’une journée.

    “Nous exigeons la réintégration immédiate de Nathan Leung Lai Pong et de tous les autres travailleurs et militants syndicaux qui ont été licenciés pour des raisons politiques, ainsi que l’arrêt immédiat des pratiques antisyndicales et antidémocratiques de sociétés comme HSBC à Hong Kong.

  • Hong Kong : Appel à la solidarité syndicale !

    Rebecca Sy On-na, responsable syndicale de 2.000 agents de bord de la compagnie aérienne Cathay Dragon a été congédiée sans explication. 14 employés de compagnies aériennes ont été licenciés ou ont démissionné à mesure que la purge lancée par les autorités s’élargit. Ces dernières veulent imposer le silence à un groupe crucial et puissant de travailleurs qui – comme nous tous – sympathisent avec les manifestations anti-autoritaires de masse à Hong Kong.

    Par chinaworker.info

    Il s’agit du début d’une offensive visant à se venger de la grève générale du 5 août et de l’occupation – brève mais réussie – de l’aéroport (une action menée en indépendance des syndicats). Cela avait permis d’imposer des coûts énormes aux entreprises qui soutiennent la ligne gouvernementale.

    La direction de Cathay, qui fait partie du groupe milliardaire Swire, a démontré qu’elle est un outil politique de la dictature chinoise du PCC pour réprimer les manifestations de masse. Elle s’attaque désormais directement aux syndicats pour détruire l’un des plus organisés et potentiellement puissants de Hong Kong. La confédération des syndicats de Hong Kong HKCTU doit réagir dès maintenant en lançant un appel clair à la grève et aux grèves de solidarité des autres secteurs. Contester judiciairement ces attaques ne représente qu’une arme limitée pour les organisations de travailleurs. La plus grande erreur serait de laisser cette offensive se poursuivre, sans réponse, jusqu’à ce que la situation se soit calmée. Le meilleur moment pour agir est MAINTENANT alors que toute la population est déjà mobilisée.

    A l’étranger, lançons un appel pour le plus de messages de solidarité syndicale possible : dirigeants syndicaux, membres d’exécutif, délégués, en particulier des compagnies aériennes et du secteur des transports.

    Les syndicats peuvent envoyer leurs messages de solidarité à :

    • HK Confederation of Trade Unions : hkctu@hkctu.org.hk
    • Cathay Dragon Flight Attendants Union : info@kafaa.org.hk
    • Avec copie à cwi.china@protonmail.com

    Vous pouvez poster vos rapports d’action de solidarité sur la page facebook de Socialist Action

  • Hong Kong : Quelle voie le mouvement de masse doit-il suivre ?

    Ce dimanche 21 juillet, une autre grande manifestation a été organisée par le Front des droits humains civils dans le cadre de la lutte de masse qui se poursuit contre le gouvernement de Carrie Lam. Socialist Action (CIO – Hong Kong) a diffusé ce tract durant cette manifestation.

    • Non aux interdictions de manifestation ! Luttons contre la “loi martiale” rampante !
    • Intensifions la lutte de masse et étendons-là à la Chine !
    • Non à la dictature du PCC (Parti soi-disant communiste) et aux riches !

    Le gouvernement de Carrie Lam est plus “mort” que son projet de loi d’extradition. Mais le PCC ne permettra pas au gouvernement de tomber parce qu’il craint que cela soit perçu comme une défaite pour l’empereur Xi Jinping et que cela puisse permettre à la lutte de masse de s’étendre en Chine. Le choix d’un nouveau chef de l’exécutif ouvrirait les vannes des revendications de masse en faveur d’une véritable démocratie à Hong Kong contre le système autoritaire dominé par les milliardaires.

    Le sol sous notre lutte de masse s’est donc déplacé. Ce n’est pas seulement une lutte contre le “fantôme” de Carrie Lam. Il s’agit maintenant principalement d’une lutte directe contre la dictature du PCC – le vice-premier ministre Han Zheng serait assis à Shenzhen pour diriger les actions quotidiennes du gouvernement et de la police de Hong Kong, qui sont maintenant le principal outil de la politique du PCC à Hong Kong.

    La police et le camp de l’establishment pro-Pékin s’efforcent de provoquer des “émeutes” comme prétexte à une répression. La folle et dangereuse violence policière au Sha Tin New Town Plaza Mall (le dimanche 14 juillet, plus de 20 personnes ont été hospitalisées et deux sont dans un état critique) a montré la nouvelle “stratégie” de la police qui consiste à piéger et provoquer les jeunes dans des batailles. Cette stratégie policière est si imprudente qu’elle pourrait entraîner des morts !

    Ils veulent se servir de cette excuse pour interdire les manifestations. Le gouvernement teste actuellement la possibilité d’une éventuelle “loi martiale” de facto dans certains districts. Si cela réussit, ils essaieront de l’étendre à l’ensemble de Hong Kong. Notre mouvement doit refuser d’accepter toute interdiction – si la police refuse la permission, nous manifesterons quand même ! Nous défendrons notre liberté de réunion comme un droit sacré !

    Pour gagner contre cette stratégie de la police du PCC et de Hong Kong, le mouvement de masse doit s’intensifier. Cette escalade comporte trois volets, qui sont tous essentiels au succès.

    1) Nous devons étendre la révolution à la Chine. Pour une lutte de masse unie des peuples de Hong Kong et de Chine contre la dictature du PCC ! La Chine et Hong Kong sont toutes deux confrontées à un régime autoritaire, à la répression policière, à des inégalités anciennes et de plus en plus graves, au manque de logements abordables, aux emplois sans avenir pour les jeunes et à la dictature des magnats.

    2) Nous devons élever la lutte au-delà des “5 revendications “* immédiates pour appeler à la fin du système capitaliste autoritaire à Hong Kong, à l’instauration d’un véritable suffrage universel pour tous à partir de 16 ans, au remplacement du Legco (conseil législatif de Hong Kong) truqué par une Assemblée populaire pleinement démocratique et à l’extension du contrôle démocratique sur l’économie afin de briser l’emprise des magnats sur le secteur immobilier, les banques et les grandes entreprises, ce qui est source de pauvreté, d’heures de travail excessives et de crise immobilière.

    3) Nous devons sérieusement organiser une grève générale d’une journée pour faire tomber le gouvernement – cela signifie que nous devons commencer dès maintenant à créer des comités de grève et des organisations syndicales dans tous les lieux de travail et dans les établissements scolaires.

    Notre mouvement a déjà ébranlé la dictature de Xi et donné au PCC sa crise la plus grave depuis trente ans. Mais bien sûr, cela signifie qu’ils se préparent sérieusement à riposter. La lutte de masse a besoin d’une organisation de masse – par le biais de comités démocratiques de base dans tous les domaines – pour unir la lutte, prévenir la fragmentation et décider démocratiquement quelles sont les prochaines actions à entreprendre.

    L’extension de la lutte de masse à la Chine sera une question de vie ou de mort – si nous restons un mouvement de masse à Hong Kong seulement alors, comme en 2014, le régime peut attendre et vaincre le mouvement. Une lutte aussi avancée, transfrontalière, impliquant de nombreux secteurs, ne peut se faire sans une véritable organisation et des structures démocratiques. Des réseaux lâches et des actions “spontanées” ne suffisent pas ! C’est pourquoi Socialist Action est favorable à la création d’un nouveau parti de masse des travailleurs et pour des syndicats combattifs, qui seraient les véhicules d’une lutte organisée capable de vaincre la dictature et la classe capitaliste dont elle protège le pouvoir économique.

    Si Hong Kong parvient à organiser une véritable grève politique d’une journée, cela exercera directement une pression sans précédent sur le gouvernement de Hong Kong et le PCC. En même temps, cela attirera une attention massive et augmentera l’importance de notre lutte aux yeux des masses en Chine et dans le monde, augmentant ainsi la confiance et la volonté de lutter de Hong Kong et du peuple chinois.

    Socialist action revendique :

    • Nous voulons une démocratie entière et immédiate à Hong Kong et en Chine !
    • Pour l’organisation d’une grève générale d’une journée à Hong Kong comme prochaine action majeure du mouvement de masse ; établissement de comités de grève et création de syndicats de lutte puissants pour empêcher les employeurs de persécuter et licencier les grévistes.
    • Non à la dictature du PCC et des riches. Virez les magnats capitalistes !
    • Pour la construction d’un nouveau parti de la classe ouvrière qui lie la lutte pour une véritable démocratie aux conditions de vie misérables des travailleurs. Nous sommes opposés au système actuel contrôlé par les capitalistes, qui comptent sur le gouvernement autoritaire violent pour protéger leurs milliards. Par conséquent, nous prônons le socialisme et un contrôle démocratique total sur le gouvernement et l’économie !

    *Les 5 revendications du mouvement de la loi contre l’extradition sont le retrait formel du projet de loi, la démission de Carrie Lam en tant que directrice générale, le retrait de l’accusation d’”émeute” contre les manifestants arrêtés, la libération de tous les manifestants arrêtés et une enquête publique indépendante sur les violences policières contre des manifestants non armés.

  • Combien de temps Carrie Lam, cheffe “zombie” de Hong Kong, peut-elle encore s’accrocher au pouvoir ?

    Après qu’un quart de la population de Hong Kong ait participé à une méga manifestation, jusqu’où le mouvement peut-il aller ? Le 16 juin, deux millions de personnes ont manifesté, l’incroyable mouvement de masse secoue désormais toute la région. L’entretien suivant a été réalisé le 18 juin avec Vincent Kolo de chinaworker.info : “C’est un mouvement sans précédent à Hong Kong qui a mobilisé les plus grandes manifestations de l’histoire du territoire. Le 9 juin, un million de personnes ont envahi les rues de Hong Kong, puis le 16 juin, deux millions, soit plus du quart de la population de Hong Kong. Il est difficile d’exagérer l’importance de ce mouvement non seulement pour Hong Kong mais aussi pour la Chine.”

    Propos recueillis par Robert Bielecki (CIO-Suède) pour Offensiv (hebdomadaire du CIO en Suède)

    Que signifie cette crise du gouvernement de Hong Kong ?

    “Le New York Times a qualifié la suspension par le gouvernement de son projet de loi sur l’extradition, annoncée le 15 juin, de plus grand recul sur une question politique de la Chine depuis l’arrivée au pouvoir de Xi Jinping en 2012. Xi était considéré comme un “homme fort” invincible, donc c’est un tournant.

    “Il ne doit pas y avoir de malentendu, malgré l’insistance de la dictature chinoise pour dire que la loi sur l’extradition était l’idée du gouvernement et de la cheffe de l’exécutif de Hong Kong, Carrie Lam, ce qui est peut-être vrai, le feu vert venait de Beijing. S’il ne l’avait pas fait, le gouvernement de Hong Kong n’aurait jamais osé aller aussi loin. L’ordre de faire des concessions (la suspension de la loi) est également venu de Pékin.

    ” Le 14 juin, de hauts responsables chinois, dont Han Zheng, membre du Comité permanent du Bureau politique et vice-Premier ministre, se sont rendus à Shenzhen, à la frontière avec Hong Kong, pour des entretiens de crise. Carrie Lam et les ministres de Hong Kong les ont rencontrés et ont reçu l’ordre de reculer.”

    Comment les masses ont-elles réagi ?

    “L’atmosphère qui règne à Hong Kong, c’est que ce n’est pas suffisant. La concession est trop petite, trop tard. Les masses détestent le gouvernement de Lam et ne croient pas un seul mot de ce qu’elle dit. Ils veulent que la loi sur l’extradition soit abolie complètement et ils ont peur des sales tours du gouvernement. Le gouvernement a menti, intimidé et tenté de se tirer une balle dans la tête en ordonnant à la police de recourir à une violence extrême, surtout le 12 juin. C’est alors que 70.000 étudiants et jeunes ont manifesté devant Legco (le Conseil législatif, le faux parlement de Hong Kong) dans une mobilisation qui a totalement surpris la police.

    “Les jeunes sont arrivés en masse déjà à six heures du matin et avant que la police ne sache ce qui s’était passé, ils avaient occupé toutes les routes autour de Legco. La police a totalement mal estimé la situation. Cette mobilisation s’est faite principalement via les médias sociaux et les applications de messagerie cryptées comme Telegram, qui a été la cible d’une attaque de piratage informatique majeure en provenance de Chine ce jour-là. Des dizaines de milliers de jeunes se connectent via ces applications de messagerie pour organiser des actions de protestation.

    “L’esprit combatif de la jeunesse, c’est ce qu’il y a de plus choquant pour l’élite dirigeante. Le rédacteur en chef du South China Morning Post a écrit un article intitulé : ” Nos jeunes n’ont pas peur des matraques et des balles – c’est effrayant”.

    Comment le mouvement d’aujourd’hui se compare-t-il à la ‘Révolution des Parapluies’ ?

    “Le mouvement a beaucoup appris de la Révolution des Parapluies de 2014, qui s’est terminée dans une impasse. S’en sont suivies quatre années de répression brutale et de contrôle accru de la dictature chinoise sur le système politique de Hong Kong.

    “L’après-midi du 12 juin, le gouvernement et le chef de la police ont décidé de recourir à la répression, craignant une nouvelle occupation de type ‘Parapluie’, de sorte qu’ils ont tiré plus de gaz lacrymogène en une journée que pendant les 79 jours de la Révolution des Parapluies.

    “Et pour la première fois, ils ont tiré sur la foule avec des balles en caoutchouc. Deux personnes ont reçu une balle dans la tête et deux sont hospitalisés pour des blessures qui mettent leur vie en danger. Ils ont aussi pour la première fois utilisé des projectiles ‘en sachets’ (‘bean bag rounds’). Ce sont les nouveaux investissements que la police a acheté après 2014 – et ça n’a pas marché ! Ils pensaient que la démonstration de force disperserait les jeunes et briserait l’élan du mouvement, mais les jeunes sont restés et leur résistance a terrifié l’élite, surtout dans une situation où un million de personnes venaient de manifester. C’est pourquoi Pékin s’est refroidi.

    “La dictature chinoise estime qu’elle ne peut pas avoir un tel mouvement de masse à Hong Kong en même temps que la situation de confrontation difficile dans laquelle elle se trouve avec les Etats-Unis et Trump, alors elle a essayé de le désamorcer rapidement, mais cela a échoué.

    “La suspension de la loi sur l’extradition par Carrie Lam le 15 juin n’a pas apaisé les masses et, au contraire, son refus de retirer la loi et sa défense de la violence policière ont rendu les gens furieux. C’est pourquoi deux millions sont sortis dans la rue le lendemain.”

    Que se passe-t-il ensuite ?

    “Les masses discutent des prochaines étapes. Le gouvernement doit abolir complètement la loi proposée. A la suite du 15 juin, Lam s’est plusieurs fois excusée publiquement. Mais les excuses ne contiennent pas de nouvelles concessions, juste des mots vides. C’est un peu comme aller à l’église pour confesser ses péchés. Dieu lui pardonnera peut-être, mais pas le peuple.

    “Ses discours ne contiennent pas les mots-clés pour dire que la loi sera complètement abolie et qu’elle démissionne. Le fait est que le régime chinois l’empêche de le faire, quoi qu’elle veuille faire. C’est leur otage.

    “La suspension de la loi n’était pas suffisante, alors maintenant Pékin et le gouvernement de Hong Kong essaient d’attendre la fin du mouvement et de s’en sortir sans faire de concessions encore plus grandes.

    “Il s’agit déjà d’un prix politique très élevé pour l’autorité de la dictature de Xi Jinping et si la loi devait être abolie et que Lam tombe, ce serait une défaite massive pour eux. Il faut craindre la dictature. Reculer devant un mouvement de masse est la chose la plus dangereuse qu’il puisse faire. Il ne s’agit pas seulement de Hong Kong, mais de ce qui peut arriver en Chine.

    “Par conséquent, le mouvement va probablement grandir et devenir encore plus intense, parce que la majorité n’est pas satisfaite. Lors d’un rassemblement, un orateur pro-démocratie a comparé la nouvelle situation à celle d’une équipe de football qui a gagné “5-0″ contre le gouvernement – cet orateur s’est fait huer par les manifestants. L’atmosphère qui règne, c’est que se contenter des concessions d’aujourd’hui ne serait pas une victoire, ce serait inacceptable.”

    Pourquoi Lam ne démissionne-t-elle pas ? La dictature du Parti Communiste (PCC) ne peut-elle pas trouver une autre marionnette prête à mettre en œuvre sa politique à Hong Kong ?

    “Lam est une cheffe ‘zombie’, une morte ambulante, mais le PCC essaie de tenir la ligne et de la défendre parce que ce serait un désastre pour eux si elle tombait par ce mouvement. Hong Kong n’est pas une démocratie : s’il y a une nouvelle élection, c’est dans le système du petit cercle truqué dans lequel seulement 1.200 électeurs, milliardaires plus quelques millionnaires, obtiennent le droit de vote.

    “Ces électeurs d’élite se font dire par Pékin pour qui voter, ce qui est un système que les capitalistes de Hong Kong adoptent. En échange de la perte d’un peu d’influence politique directe, ils obtiennent toutes sortes de privilèges et de gros contrats commerciaux en Chine et à Hong Kong – leurs intérêts financiers sont bien pris en charge par la dictature.

    “Plus important encore, la dictature empêche la classe ouvrière et les masses en Chine d’organiser et de défier le pouvoir des capitalistes. C’est pourquoi les socialistes lient la lutte pour les droits démocratiques et contre le système autoritaire actuel à la nécessité de briser le pouvoir des capitalistes. On doit faire les deux.

    “Le PCC ne veut pas qu’une telle prétendue élection ait lieu à Hong Kong dans le feu d’un mouvement de masse aussi important que celui-ci. S’ils sont forcés d’organiser une telle farce grotesque “d’élections” dans cette situation, où l’on peut voir certaines caractéristiques prérévolutionnaires bien que la conscience de la manière de changer les choses ne soit pas encore élevée, ils pourraient être confrontés à la colère du mouvement de masse qui s’orienterait contre le simulacre d’élections et exigerait des élections réelles. Cela relancerait la lutte de masse pour un vote individuel et ouvrirait la boîte de Pandore pour le régime chinois.

    “Il n’y a aucun signe de plus de concessions pour le moment et les masses ne sont pas satisfaites, donc la logique de la lutte est vers une nouvelle escalade.”

    Comment Socialist Action (CIO – Hong Kong) participe-t-il au mouvement ?

    “Socialist Action est pleinement impliqué dans le mouvement et a été la seule force politique jusqu’à la manifestation d’un million de personnes le 9 juin qui exigeait une grève politique pour se débarrasser de la loi sur l’extradition et du gouvernement fantoche de Carrie Lam. Nous appelons à une grève politique d’une journée, ce que nous soulignons dans les 25.000 tracts que nous avons distribués, sur nos bannières, nos journaux et nos discours le long du parcours des manifestations. L’écho s’est fait de plus en plus vif.

    “Il n’y a pas de tradition, pas depuis les années 1920, de ce type de grève à Hong Kong. Il s’agit donc de rétablir des traditions très anciennes et oubliées et il y a urgence parce que la situation ne peut rester indéfiniment sans changer. Le temps presse pour ce mouvement de masse impressionnant de trouver les méthodes et le programme nécessaires pour remporter une victoire décisive sur la dictature. Si l’occasion est ratée, la dictature reviendra pour se venger.

  • Plus d’1 million de manifestants à Hong Kong contre la loi d’extradition !

    La manifestation de ce dimanche est la plus grande de l’histoire de Hong Kong ! Plus d’un million de personnes y ont participé, soit un habitant sur sept ! Ils entendaient ainsi protester contre la loi qui vise à autoriser les extraditions vers la Chine continentale, ce qui placerait de fait la population de Hong Kong à la merci du système judiciaire de la dictature du Parti « communiste » chinois.

    Cette mobilisation historique représente un désaveu massif de la politique désastreuse de la cheffe de l’exécutif de la Région administrative spéciale de Hong Kong Carrie Lam et de son Conseil législatif. A la suite de quatre années de répression sans précédent, de procès-spectacles, d’arrestations politiques et d’atteintes diverses à la liberté d’expression, les masses sont descendues dans la rue pour crier NON !

    Le texte ci-dessous est basé sur le tract de Socialist Action (CIO – Hong Kong) distribué à cette occasion.

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    Hong Kong : Mettre fin à la loi sur l’extradition exige une grève politique

    La lutte contre la loi maléfique de Carrie Lam sur l’extradition entre maintenant dans une phase critique. Même après qu’un million de personnes aient manifesté leur colère en remplissant les rues pendant huit heures dimanche dernier, le gouvernement affirme qu’il ne reculera pas. Le mercredi 12 juin, les amendements sont soumis au Conseil législatif (Legco) pour débat. Nombreux sont ceux qui, tout comme nous, iront à nouveau manifester.

    Ce dont a peur Xi Jinping

    Aujourd’hui, la dictature chinoise du PCC sous le régime de Xi Jinping est plus autoritaire qu’en 2003, lorsque des manifestations de masse ont fait reculer le gouvernement et bloqué la législation sur la sécurité nationale de l’article 23. Le PCC craint qu’une victoire remportée par le mouvement démocratique à Hong Kong ne devienne un exemple pour les masses chinoises.

    De plus, l’escalade du conflit sino-américain rend l’enjeu encore plus important pour Xi Jinping. La loi sur l’extradition est devenue le symbole du pouvoir exercé par le PCC à Hong Kong et du rejet de “l’ingérence étrangère”. La population de Hong Kong a déjà pu constater qu’une marche de protestation, même gigantesque, ne suffit pas à forcer le gouvernement à faire des concessions. Quelle est donc la prochaine étape à franchir ? Aujourd’hui, les grèves spontanées et le débat à ce sujet se propagent à la base du mouvement. Voilà qui peut conduire la lutte à un autre niveau.

    La grève politique

    Beaucoup de gens, parmi lesquels des enseignants, des travailleurs sociaux, des chauffeurs de bus ou des étudiants, discutent de la nécessité d’une grève. C’est peut-être le plus grand changement que la politique de Hong Kong ait connu. L’une des raisons pour lesquelles le Mouvement des Parapluies n’a pas réussi à imposer des concessions au gouvernement en 2014 est que l’action de grève n’a jamais été discutée. Ce fut une faiblesse fatale au mouvement. Le gouvernement peut “ignorer” même les plus grandes manifestations, même l’occupation. Mais lorsque l’économie s’arrête et que les travailleurs montrent qu’ils représentent le véritable pouvoir dans la société, le défi est beaucoup plus grand pour le pouvoir en place.

    Dès le début de cette lutte, Socialist Action a mené campagne en faveur d’une grève politique à l’échelle de Hong Kong. Nous étions la seule organisation à exiger une grève pour la manifestation du 9 juin. Heureusement, Cette idée d’une grève gagne en popularité.

    Cela peut être l’équivalent de l’éclatement d’un barrage. Dans le passé, nombreux ont été ceux à estimer qu’une grève politique contre la politique du gouvernement était “trop difficile”. Ce point de vue est en train de changer. L’écho des grèves actuelles ouvre la possibilité de faire monter la lutte en puissance, ce qui pourrait déclencher une nouvelle vague d’actions.
    La grève exige l’organisation

    Mais les grèves ne peuvent pas reposer uniquement sur la spontanéité, elles doivent être organisées. Le mouvement spontané de grèves qui se produit aujourd’hui constitue un début essentiel mais, pour être vraiment efficace, il faut de plus en plus d’organisation, de préparation et de coordination.

    Les dirigeants de la Confédération des syndicats (HKCTU) doivent assumer pleinement leurs responsabilités et donner une impulsion à ce processus. Mais, dans de grands secteurs de l’économie de Hong Kong, il n’existe aucun syndicat ou alors la présence syndicale est traditionnellement faible. Il est donc urgent de créer immédiatement des comités sur les lieux de travail, de convoquer des réunions et de soumettre la question de la grève au vote, en utilisant des pétitions, des affiches et les médias sociaux pour réunir le personnel et les organiser. La grève n’est pas une action individuelle mais une action collective.

    Sur les médias sociaux, des messages circulent au sujet de la grève générale au Soudan organisée par les travailleurs dans leur lutte pour faire tomber la dictature militaire. La lutte de masse de Hong Kong est en train d’apprendre et de rattraper son retard en s’inspirant des exemples internationaux de lutte de masse. Il s’agit également d’un changement positif par rapport aux espoirs aveugles nourris par les gouvernements “démocratiques” occidentaux. Ces gouvernements accordent trop d’importance à leurs relations économiques avec la dictature chinoise pour offrir plus que des critiques verbales.

    Socialist Action estime que la prochaine étape de la lutte devrait être la convocation d’une grève politique d’une journée dans le but de bloquer totalement l’économie locale, ou au moins une partie significative de celle-ci. Prévoir une grève politique d’une journée commence par fixer une date afin de donner aux travailleurs et aux étudiants un délai suffisant pour s’organiser sur leurs lieux de travail et dans leurs classes. Un grand rassemblement et une grande manifestation devraient être organisés le même jour que la grève pour rassembler tout le monde dans une puissante démonstration de force et afin de décider de la prochaine étape.

    Ce serait un avertissement pour le gouvernement de Lam qu’une grève encore plus grande et plus longue suivra à moins que la loi sur l’extradition ne soit abandonnée. Une grève politique à l’échelle de Hong Kong fera écho partout dans le monde et en Chine, ce qui secouera ce régime brutal.

  • Chine : 30 ans après le massacre de Tiananmen

    Ce 4 juin établira un record de participation à la veillée de Hong Kong commémorant le massacre de Pékin

    Aujourd’hui marque le 30e anniversaire de l’horrible massacre perpétré à Pékin par l’Armée populaire de libération (APL) sur ordre des principaux dirigeants chinois. La Chine était alors en proie à un mouvement de masse révolutionnaire. Les manifestations de masse qui ont éclaté en avril 1989 ont paralysé Pékin pendant sept semaines et se sont étendues à plus de 300 villes. Une multitude de ‘‘mini-Tiananmens’’ ont également eu lieu ailleurs, d’énormes mouvements de contestation ont saisi des villes telles que Chengdu et Xian, dont les principales places ont également été occupées par des centaines de milliers de manifestants.

    Par Dikang, chinaworker.info

    Suite à la répression du 4 juin à Pékin, on estime généralement qu’un millier de personnes ont été tuées, voire beaucoup plus. S’ajoute à cela encore davantage de morts, de blessés et d’arrestations dans plusieurs villes du pays.

    Dans la nuit du 3 au 4 juin, des chars et des convois blindés de l’APL ont commencé à tirer dans la capitale chinoise depuis quatre directions. La résistance de masse fut héroïque de la part des travailleurs et des citoyens ordinaires de Pékin, notamment des jeunes.

    ‘‘Tuez ceux qui doivent être tués’’

    L’invasion de la capitale par l’armée, avec 200.000 hommes (assez pour envahir tout un pays), avait été stoppée, la troupe ayant été obligée de camper en banlieue pendant quinze jours et quinze nuits en raison de la mobilisation massive de la classe ouvrière et des citoyens ordinaires de Pékin. Les hauts dirigeants avaient cru qu’une simple démonstration de force militaire suffirait à refroidir les masses et à ‘‘rétablir l’ordre’’, c’est-à-dire à restaurer leur pouvoir autoritaire ébranlé.

    L’ingéniosité et l’audace des masses avaient émoussé les premiers déploiements militaires. Les soldats ne voulaient pas attaquer le peuple. Les officiers de l’armée étaient divisés et ne savaient pas exactement quelles forces du régime étaient aux commandes à ce moment, ni d’ailleurs ce que les dirigeants voulaient vraiment. L’APL était paralysée, ce qui a engendré une crise encore plus grave au sein du régime. C’est l’une des principales raisons pour lesquelles la violence a été si extrême lorsqu’elle a fini par éclater.

    Plus d’un million de personnes ont participé au ‘‘mur humain’’ de 15 jours de Pékin, comme le décrit Chen Bo dans le livre Seven Weeks that Shook the World (publié par chinaworker.info, ouvrage disponible sur leur boutique en ligne), pour bloquer et s’engager avec les unités PLA. Avec tout le respect que nous devons aux étudiants, les événements représentaient bien plus qu’un ‘‘mouvement étudiant’’. C’est une lutte révolutionnaire qui touchait toutes les couches de la société qui se déroulait alors. Des diplomates américains à Pékin se sont plaints d’avoir dû envoyer leurs voitures chercher leurs homologues chinois dans l’enceinte diplomatique du PCC parce que les chauffeurs des responsables chinois manifestaient dans la rue.

    ‘‘Tuez ceux qui doivent être tués, condamnez ceux qui doivent être condamnés’’, a déclaré Wang Zhen, un colonel loyal à Deng Xiaoping, l’architecte ultime de la répression. Deng avait dit qu’il était prêt à ordonner la mort de 20.000 personnes si cela garantissait vingt ans de stabilité en Chine.

    Ces événements sanglants ont façonné la Chine d’aujourd’hui, la deuxième économie capitaliste la plus puissante du monde dirigée par un régime nominalement “communiste” qui refuse d’accepter même les plus petites réformes démocratiques. Ce régime a plutôt renforcé la répression d’Etat et le contrôle politique pour atteindre des niveaux sans précédent, tout particulièrement ces cinq dernières années.

    Certains considèrent cette répression comme était symptomatique du mal du ‘‘communisme’’ maoïste alors qu’en fait, dans le cas de la Chine, la répression s’est accrue à mesure que le pays devenait capitaliste. Comme l’a déclaré au Washington Post (25 mai 2019) un militant marxiste de 20 ans engagé dans la lutte contre la répression de 2019 des étudiants et des militants ouvriers de gauche : ‘‘Une fois qu’on étudie le marxisme, on sait que le vrai socialisme et le soi-disant socialisme chinois aux caractéristiques chinoises sont deux choses différentes. Ils vendent le fascisme comme le socialisme, comme un vendeur de rue fait passer la viande de chien pour de l’agneau.’’

    Le rôle principal de l’Etat policier surdimensionné du PCC, qui compte pas moins de 10 millions d’espions sur Internet et un budget de sécurité équivalent au PIB de l’Egypte (193 milliards de dollars en 2017), est d’empêcher la classe ouvrière de s’organiser.

    ‘‘Au cours des 40 dernières années, le marché a été considéré comme une baguette magique en Chine’’, affirme le militant syndical Han Dongfang. ‘‘C’est ironique que les gens agitent le drapeau communiste, mais en fait, le parti est le plus grand partisan du capitalisme, du marché et de la loi de la jungle au monde.’’ [Financial Times, 24 mai 2019]

    Les syndicats indépendants

    Han a été emprisonné après le massacre du 4 juin pour son rôle de pionnier des syndicats indépendants qui ont émergé lors de la lutte de masse de 1989. Ces syndicats étaient les principales cibles de la répression effectuée ensuite par le régime. Les premiers jours du mouvement, le régime a tout fait pour essayer de nier le rôle que jouaient la classe ouvrière, les syndicats indépendants nouvellement créés et les grèves généralisées. Mais le régime du PCC a ensuite dirigé les éléments les plus redoutables de la répression contre la classe ouvrière. L’endroit de la place Tiananmen où les syndicats indépendants avaient leur siège fut l’endroit où la répression fut la plus sanglante le 4 juin.

    La poignée d’activistes étudiants les plus recherchés à Pékin en 1989 ont passé tout au plus de deux à trois ans en prison. C’était déjà de trop, bien entendu. Mais sur les 20.000 personnes arrêtées dans les mois qui ont suivi la répression, on estime que 15.000 étaient des travailleurs pour la plupart accusés d’avoir organisé des grèves (‘‘sabotage’’) et des syndicats de travailleurs clandestins (‘‘collusion avec des forces étrangères’’). Aucun étudiant n’a été exécuté, mais ce sort a touché des dizaines de travailleurs, tandis que d’autres ont été condamnés à perpétuité ou à de nombreuses années de travaux forcés.

    La plupart des reportages sur le mouvement de 1989 le décrivent comme un “mouvement étudiant”. Cela ne n’aborde qu’une partie du tableau. Les étudiants ont déclenché la lutte en marchant jusqu’à la place Tiananmen et en l’occupant par la suite. Ils fait preuve d’héroïsme et d’audace, mais ils avaient aussi plus d’illusions dans l’aile “réforme” du PCC autour du secrétaire général Zhao Ziyang. Ce dernier était favorable à une ouverture démocratique progressive et contrôlée de la Chine, contrairement aux dirigeants plus radicaux qui voulaient renforcer le régime autoritaire et estimaient que les réformes “libérales bourgeoises” de Zhao étaient allées trop loin. Zhao avait rendu possible un assouplissement très partiel du contrôle des médias et avait aboli les “cellules du parti” dans les officines gouvernementales (ces cellules étaient en réalité des groupes de surveillance et de contrôle fidèles au régime).

    L’essentiel des reportages consacrés aux événements de Tiananmen omettent de parler du rôle clé de la classe ouvrière. Les protestations étudiantes avaient déjà atteint leur paroxysme, de nombreux militants étaient épuisés par les grèves de la faim de masse qui avaient commencé en mai. Les premiers dirigeants étudiants issus des écoles les plus prestigieuses de Pékin, qui entretenaient un lien plus fort avec certaines couches de la bureaucratie du PCC, avaient été remplacées par de nouvelles couches d’étudiants venant souvent de l’extérieur de Pékin et d’un milieu ouvrier. Le poids spécifique des étudiants au sein du mouvement de masse dans son ensemble a diminué à mesure que les travailleurs, et la jeunesse ouvrière de Beijing en particulier, ont commencé à jouer un rôle plus important. Ce changement a été accéléré lorsque l’armée est entrée à Pékin le 20 mai, à la suite de la proclamation de la loi martiale.

    Les événements ont commencé comme un mouvement de contestation étudiant visant à renforcer l’aile “réformiste” du PCC et à mettre de côté les partisans les plus autoritaires de sa “vieille garde”. Mais il s’est bien vite transformé en une lutte de classe majoritairement ouvrière avec un objectif plus déterminé mais pas totalement clair : la défaite du régime dans son ensemble, sans entretenir de liens particuliers avec Zhao et ses alliés réformateurs.

    Hélas, cet objectif n’était pas servi par une stratégie claire, par un programme élaboré de revendications et par des mesures à adopter pour faire avancer ce mouvement. Alors que les dirigeants étudiants qui avaient initié la lutte rechignaient à aller “trop loin” et voulaient initialement tenir les travailleurs à l’écart des manifestations de masse (de peur de “provoquer” le gouvernement), les couches les plus fraîches et les plus prolétariennes qui remplissaient le mouvement n’avaient pas de telles réserves.

    Aux yeux de ces derniers, le mouvement est rapidement devenu une question de vie ou de mort. Le régime n’était pas prêt à faire des concessions. Mais il manquait un programme clair et une organisation politique – un parti socialiste révolutionnaire – capable de voir comment répondre aux besoins de la situation en réorientant à temps le mouvement de masse.

    La lutte pour le pouvoir au sein de l’élite

    Zhao a été vaincu de manière décisive dans la lutte pour le pouvoir qui a connu son apogée en mai 1989 autour de la controverse portant sur les concessions ou l’utilisation de l’armée pour réprimer les manifestations. Cette lutte de pouvoir fut brutale et Zhao fut assigné à résidence jusqu’à sa mort quinze ans plus tard. Cela explique aussi pourquoi Deng et ses complices ont déclenché une violence gratuite et excessive les 3 et 4 juin.

    ‘‘Il fut un temps, en mai 1989, où le gouvernement chinois fut renversé en tant que véritable autorité de contrôle’’, écrivait A. M. Rosenthal dans le New York Times du 23 mai 1989. La description est exacte. Cet auteur, il y a trente ans, a fait une autre observation très importante : ‘‘Comme aucune autorité n’est disponible pour intervenir, le gouvernement chinois sera probablement en mesure de rassembler ce qui reste de son influence et d’invoquer son autorité à diriger la nation une fois de plus.’’

    En 1989, la Chine s’est retrouvée dans une lutte à mort entre la révolution (le mouvement de masse) et la contre-révolution (le régime pro-capitaliste de Deng). Les partisans de la révolution ont échoué à présenter une autre forme de gouvernement, à demander au mouvement de masse d’aller plus loin et à construire des organes de pouvoir populaire tels que des comités démocratiques reliés à travers le pays. Ils n’ont également pas poussé les travailleurs des syndicats indépendants à prendre l’initiative pour instaurer un gouvernement démocratique des travailleurs et des pauvres. Ils ont donc perdu l’initiative.

    Le régime de Deng a réussi à retrouver son équilibre et à frapper fort. Ce faisant, il voulait faire d’une pierre deux coups. Les organisations de travailleurs ont été la cible principale, et le nettoyage des rues des manifestants avec une telle férocité qu’elles ont envoyé un signal qui a résonné à travers le pays et à travers les âges. Une autre cible de la répression sanglante était les réformateurs politiques autour de Zhao, qui avaient joué à soutenir ou à faire des concessions aux étudiants protestataires. Le message de la répression était que si toutes les ailes du PCC étaient d’accord sur la nécessité de mesures plus capitalistes, la ” réforme politique ” et une ” démocratie ” à l’occidentale n’étaient plus sur la table.

    Cela n’a pas conduit, comme certains commentateurs l’ont prétendu, à la reconsolidation d’un régime stalinien non capitaliste, un système social qui avait déjà commencé à rompre avec les réformes capitalistes significatives de la décennie précédente. La dialectique de la situation était que la répression du 4 juin, prétendument pour défendre le ” socialisme “, a été un moment décisif qui a poussé le régime chinois à achever la transition au capitalisme avec des caractéristiques chinoises plutôt uniques. 1989 a été une révolution politique vaincue, bien qu’elle n’ait pas encore pleinement articulé ses objectifs.

    Une restauration capitaliste brutale

    Sous Deng, allait continuer sur la voie du capitalisme, en particulier avec son historique tournée dans le Sud de 1992, mais sous le contrôle strict de l’Etat-PCC afin d’assurer que l’élite du parti et surtout les “princes” – la monarchie du PCC – puissent prendre en mains les morceaux les plus juteux de l’économie capitaliste tout en maintenant un contrôle politique ferme sur la classe ouvrière. C’est ainsi qu’ils envisageaient prévenir toute résistance contre le retour brutal du capital. Jusqu’à 60 millions d’emplois ont été perdus lors de la privatisation des industries publiques qui a atteint son paroxysme à la fin des années 1990. Les emplois permanents ont été remplacés par des contrats temporaires et précaires et par le travail intérimaire. Le secteur public chinois emploie aujourd’hui 60 millions de travailleurs intérimaires à des salaires et avantages sociaux inférieurs, soit plus que sa main-d’œuvre permanente.

    Les logements ont été privatisés dans le cadre d’une réforme “big bang” en 1998 similaire aux politiques de Margaret Thatcher menées à bien moindre échelle en Angleterre. Aujourd’hui, 95 % du marché immobilier chinois est composé de propriétaires, avec seulement un minuscule secteur du logement social, en comparaison de 51 % en Allemagne et de 65 % aux Etats-Unis. Le prix des maisons est devenu un fardeau énorme pour la classe ouvrière et la classe moyenne chinoise. Les prix moyens des maisons à Pékin par rapport aux revenus moyens sont parmi les plus élevés au monde, avec Shanghai et plusieurs autres villes chinoises (deux fois plus chers que Tokyo et presque quatre fois plus chers que Londres).

    C’est exactement ce que Léon Trotsky avait prédit dans son analyse du stalinisme – La Révolution trahie (1936) – si, comme ce fut le cas en Chine en 1989, une révolution politique ouvrière échouait à établir un contrôle démocratique sur l’économie étatique.

    Le capitalisme autoritaire chinois est enraciné dans sa peur des troubles de masse et dans l’insécurité de l’élite capitaliste. Celle-ci cache en grande partie ses richesses à la société grâce au contrôle des médias et à la propagande d’État. Son modèle capitaliste n’est pas la “démocratie” et le “libre marché” à l’américaine, mais plutôt le capitalisme autoritaire d’Asie de l’Est : le Taiwan de Chiang Kai-shek, Singapour de Lee Kuan Yew ou la Corée du Sud de Park Chung-hee. Il s’agissait de régimes entièrement capitalistes avec une économie capitaliste largement contrôlée par l’Etat ou une économie capitaliste d’Etat.

    De récentes fuites médiatiques crédibles suggèrent que la famille du président Xi Jinping, l’un des principaux ” princeps ” du PCC, a amassé 1 000 milliards de dollars de richesse à l’étranger. La plupart des dirigeants du Politburo chinois au pouvoir sont tout aussi incroyablement riches. Et il y a longtemps, la Chine a devancé les États-Unis au chapitre du nombre de milliardaires les plus riches en dollars, avec 819 contre 571 l’an dernier.

    Recent credible media leaks suggest the family of president Xi Jinping, one of the CCP’s top ‘princelings’, have amassed US$1 trillion of wealth in overseas assets. Most of China’s ruling Politburo are similarly mind-bogglingly rich. And China long ago outstripped the US in terms of the most dollar billionaires, with 819 against 571 last year.

    La veille de Hong Kong

    Les commémorations du 30e anniversaire des événements pourraient connaitre une affluence record à Hong Kong, la seule ville dirigée par le PCC où les manifestations et le souvenir du massacre du 4 juin sont tolérés. La veillée d’anniversaire de 2019 est d’autant plus importante que la lutte se poursuit contre la nouvelle loi sur l’extradition vers la Chine imposée au bulldozer par le gouvernement fantoche de Hong Kong. Cette loi permettra aux dissidents et aux militants politiques de Hong Kong d’être envoyés en Chine pour y être jugés dans un système judiciaire autoritaire connu pour ses aveux forcés et parfois télévisés, sa torture et son déni total des droits fondamentaux.

    Ailleurs, la répression du PCC continue de battre des records. Dans la région à majorité musulmane du Xinjiang, une population entière est terrorisée avec plus d’un million de personnes incarcérées dans des camps de concentration appelés “centres de formation professionnelle”. Toute la région, équivalente à la moitié de la superficie de l’Inde, est devenue un gigantesque banc d’essai pour un État policier numérique doté de technologies de pointe comme les systèmes de surveillance par reconnaissance faciale, le prélèvement d’ADN et les logiciels espions obligatoires dans tous les téléphones cellulaires.

    La répression des jeunes militants, étudiants et travailleurs de gauche à la suite de la lutte des travailleurs de l’entreprise Jasic dans le sud de la Chine, l’année dernière, est un exemple extrêmement important de l’aggravation de la répression sous Xi Jinping. Tout en se déguisant sous la bannière du “communisme” pour des raisons historiques qui n’affectent en rien la politique quotidienne, le régime de Xi a désigné les marxistes et les socialistes comme son ennemi public numéro un. Ceci dans un contexte de nervosité officielle accrue, non atténuée par l’anniversaire de Tiananmen, et par les avertissements de Xi au début de cette année que la Chine fait face à des “dangers inimaginables”.

    La “guerre froide” Chine-USA

    Une autre nouveauté qui accompagne le 30e anniversaire du 4 juin est l’escalade brutale du conflit impérialiste entre la Chine et les États-Unis, qui a commencé avec les politiques commerciales protectionnistes de Donald Trump et s’est rapidement étendue aux investissements, à la technologie, aux échanges universitaires, à la géopolitique et à la concurrence militaire. Il s’agit d’une nouvelle “guerre froide” entre les deux superpuissances, d’une lutte de pouvoir pour être numéro un plutôt que d’une lutte entre deux systèmes socio-économiques incompatibles comme ce fut le cas lors de la guerre froide du siècle dernier entre le “communisme” stalinien et le capitalisme.

    Dans ce contexte, sur la base d’intérêts divergents de grandes puissances, la Chine et les États-Unis ont également commencé à s’attaquer mutuellement à leur bilan en matière de “droits de l’homme”, ce que nous n’avons pas vu à un niveau significatif depuis plus de deux décennies.

    En privé, les principaux représentants du capitalisme américain ont qualifié la répression de 1989 de “nécessité” désagréable. Dans le passé, Donald Trump a exprimé son admiration pour la “démonstration de force” de la dictature du PCC en réprimant ce qu’il a appelé une “émeute”. Le gouvernement de George H. W. Bush a agi rapidement mais secrètement en juin 1989 pour envoyer le conseiller à la sécurité nationale Brent Snowcroft à Pékin afin de rassurer les dirigeants du PCC que les sanctions américaines (limitées) et les récriminations officielles concernant le massacre seraient temporaires et que Washington voulait maintenir “son engagement”. Une position similaire a été adoptée par le gouvernement Thatcher en Grande-Bretagne.

    Le régime chinois a assuré les gouvernements occidentaux qu’il ne fallait pas tenir compte des accusations publiques d’” ingérence occidentale” et d’”influences étrangères”. Ces accusations étaient nécessaires à des fins de propagande intérieure pour assurer que les politiques pro-capitalistes de la décennie précédente soient maintenues.

    Pour les dirigeants capitalistes occidentaux, les gains économiques et l’accès de leurs entreprises à la Chine étaient le plus important. Cela primait sur les nobles idéaux en matière de droits humains et de démocratie. Si ce ton est actuellement en train de changer, cela fait partie d’un jeu de propagande politique, les classes dirigeantes chinoise et américaine voulant présenter l’adversaire comme étant dangereux.

    Apprendre les leçons qui s’imposent

    Les leçons du mouvement de 1989 sont cruciales pour la construction d’une future alternative socialiste de masse au capitalisme en Chine et dans le monde. Le régime du stalinisme-maoïsme chinois, issu de la révolution déformée de 1949, s’était épuisé dans les années 1970 et avait épuisé sa capacité à développer l’économie. Avec les autres dictatures bureaucratiques staliniennes en Russie et en Europe de l’Est, elle est entrée dans une période de crise profonde où les couches supérieures de l’Etat ont vu dans le retour au capitalisme leur seule planche de salut.

    Le mouvement ouvrier naissant en Chine, également entravé par le renforcement des idées pro-capitalistes de droite et les dirigeants du mouvement ouvrier occidental, n’a pas pu s’organiser à temps pour empêcher la bureaucratie “communiste” de détruire l’économie planifiée et de convertir ses propres rangs en capitalistes.

    Le capitalisme, bien qu’il semble fournir des chiffres spectaculaires de PIB dans le cas de la Chine, a créé des problèmes sans précédent, des inégalités massives, une pollution inimaginable, de longues heures de travail et des revenus réels stagnants. Les tensions sociales en Chine sont plus extrêmes aujourd’hui qu’en 1989. Une nouvelle explosion de colère de masse s’annonce, comme en témoignent les avertissements à peine déguisés de Xi et d’autres hauts responsables du PCC.

    Comme le montrent les jeunes de gauche qui remplissent actuellement les cellules d’arrestation de Xi Jinping, un nouveau mouvement ouvrier socialiste est nécessaire et se développe progressivement en Chine. Aucune répression d’État ne peut l’empêcher malgré les terribles souffrances que le régime fait endurer. Comprendre clairement ce qui s’est mal passé en 1989 et qui a laissé les bouchers de Pékin s’en tirer à bon compte est la meilleure manière d’avancer et de construire un nouveau mouvement de masse contre l’autoritarisme, le capitalisme et l’impérialisme, avec en son cœur un parti des travailleurs.

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