Category: Asie

  • NĂ©pal : l’aide humanitaire doit ĂȘtre placĂ©e sous contrĂŽle dĂ©mocratique !

    nepal_aideLe NĂ©pal est l’un des pays les plus pauvres de la rĂ©gion sud-asiatique. Le pays a Ă©tĂ© durement touchĂ© par le rĂ©cent tremblement de terre. Les consĂ©quences de cette catastrophe naturelle sont accrues par le capitalisme.

    Le gouvernement nĂ©palais et les gĂ©ologues savaient d’avance qu’une catastrophe de cette ampleur Ă©tait possible et se produirait. Ce n’était qu’une question de temps. Cependant, rien n’a Ă©tĂ© entrepris pour limiter les consĂ©quences d’un tremblement de terre. Les gouvernements capitalistes ne sont, en effet, pas en Ă©tat de planifier la production en fonction des besoins des masses.

    Le large soutien dont a bĂ©nĂ©ficiĂ© l’UCPN-M (Unified Communist Party of Nepal–Maoist) aprĂšs les mouvements de 2006-2009 a Ă©tĂ© mis sous pression la derniĂšre pĂ©riode. Ce parti ne voulait pas rompre avec le capitalisme mais cherchait surtout, dans le cadre de la ‘‘phase dĂ©mocratique bourgeoise’’ de la rĂ©volution, une alliance avec les partis de droite en vue de la rĂ©daction d’une nouvelle constitution. Cela a traĂźnĂ©, ce qui a donnĂ© le temps Ă  la droite de regagner du terrain. En 2013, les maoĂŻstes ont subi une lourde dĂ©faite Ă©lectorale. L’échec du gouvernement de droite Ă  organiser correctement l’aide aprĂšs le tremblement de terre suscite le mĂ©contentement et peut conduire Ă  de nouveaux mouvements.

    Comme lors de prĂ©cĂ©dentes catastrophes, il y a une large solidaritĂ© internationale. Il y a cependant un manque criant d’instruments fiables pour transformer cela en soutien effectif. Une grande partie de l’argent que les gens donnent Ă  des organisations humanitaires reste bloquĂ©e dans ‘‘l’administration’’ et est parfois utilisĂ©e par le gouvernement pour ses propres objectifs de propagande. L’ancien prĂ©sident-dictateur du Sri Lanka, Mahinda Rajapaksa, a utilisĂ© une bonne partie de l’aide humanitaire ayant suivi le tsunami de 2004 pour dĂ©velopper sa base Ă©lectorale. Divers rapports indiquent dĂ©jĂ  que les gouvernements indiens et chinois saisissent ‘‘l’opportunité’’ de cette crise pour accroĂźtre leur influence au NĂ©pal.

    Des comitĂ©s de travailleurs, de paysans et de pauvres, dĂ©mocratiquement Ă©lus, sont nĂ©cessaires pour organiser l’aide humanitaire, planifier la reconstruction du pays et contrĂŽler la maniĂšre dont les ressources sont utilisĂ©es. Ces comitĂ©s doivent avoir la compĂ©tence de donner des compensations aux familles qui ont perdu des vies et des biens mais aussi de contrĂŽler les prix des terrains et des biens tels que les matĂ©riaux de construction. Des entreprises capitalistes sont dĂ©jĂ  prĂȘtes tirer profit de la catastrophe. L’aide humanitaire doit se faire sous contrĂŽle et gestion dĂ©mocratiques, de sorte que les intĂ©rĂȘts des victimes soient placĂ©s au centre des prĂ©occupations. Les consĂ©quences de cette catastrophe naturelle sont encore renforcĂ©es par le capitalisme.

  • Affaire des «neuf de Bali»: Il faut abolir la peine de mort!

    bali9Au petit matin du 29 avril dernier, huit hommes condamnĂ©s pour des dĂ©lits de drogue et condamnĂ©s Ă  mort par les tribunaux indonĂ©siens ont Ă©tĂ© extraits de leur cellule, attachĂ© Ă  des poteaux et abattu par un peloton d’exĂ©cution composĂ© de 13 hommes. Parmi eux se trouvaient deux australiens, Andrew Chan et Myuran Sukumaran, deux dirigeants du groupe des «neuf de Bali».

    Par Conor Flynn (Socialist Party, section australienne du Comité pour une Internationale OuvriÚre)

    En 2006, ceux-ci avaient Ă©tĂ© reconnus coupables d’un complot pour avoir tentĂ© de faire passer 8,3 kg d’hĂ©roĂŻne, (d’une valeur de 4 millions de dollars) de l’IndonĂ©sie Ă  l’Australie. Sept des neuf personnes impliquĂ©es dans l’affaire avaient reçu de trĂšs lourdes peines de prison, allant de 20 ans Ă  perpĂ©tuitĂ©. Chan et Sukumaran avaient quant Ă  eux Ă©tĂ© condamnĂ©s Ă  mort.

    Le plus grave dans l’affaire (outre une exĂ©cution sommaire effroyable) fut que la police nationale indonĂ©sienne (INP) avait Ă©tĂ© alertĂ©e onze jours au prĂ©alable de l’opĂ©ration de contrebande. En effet, le pĂšre d’un des hommes impliquĂ©s avait alertĂ© la police fĂ©dĂ©rale australienne (AFP) du plan avant que le groupe ait quittĂ© l’Australie pour Bali.

    Il avait alors Ă©tĂ© assurĂ© par l’AFP que son fils serait retenu Ă  la frontiĂšre. Au lieu de cela, l’AFP avait simplement remis l’information Ă  la police indonĂ©sienne. Ceux-ci avaient en effet conseillĂ©s Ă  l’INP de «prendre les mesures qu’ils jugeaient appropriĂ©es». Lorsqu’Andrew Chan et Myuran Sukumaran furent condamnĂ©s, le Premier ministre de l’époque John Howard (Liberal Party) et le chef de l’opposition Kim Beazley (Labor) avaient soutenu le rĂŽle de la police fĂ©dĂ©rale australienne dans cette affaire tout en sachant pertinemment que leur dĂ©cision avait probablement menĂ© les deux hommes Ă  leur exĂ©cution.

    Et tandis qu’Howard et Beazley versaient des larmes de crocodile, aucun responsable politique de l’un des partis traditionnels d’alors n’avait eu la dĂ©cence ou le courage de condamner l’AFP pour avoir facilitĂ© la mort de ces deux jeunes hommes.

    En 2009, le prĂ©sident indonĂ©sien Susilo Bambang Yudhoyono avait toutefois imposĂ© un moratoire de quatre ans sur la peine de mort, et il semblait alors probable que leurs condamnations Ă  mort furent commuĂ©es. En juin 2014, le gouverneur de la prison de Kerobokan, Farid Junaedi, avait mĂȘme usĂ© de moyens personnels pour tenter de faire rĂ©duire leur peine tant leur comportement Ă©tait exemplaire.

    Cependant, l’espoir pour les deux hommes avait Ă©tĂ© anĂ©anti quand Joko Widodo a remportĂ© l’Ă©lection prĂ©sidentielle en octobre dernier. Bien qu’initialement populaire, le soutien de Widodo en IndonĂ©sie a considĂ©rablement diminuĂ©. Dans le contexte d’un ralentissement de l’économie, la baisse des prix du pĂ©trole, et les exigences de la Banque mondiale pour une refonte de l’Ă©conomie indonĂ©sienne, le soutien de Widodo a plongĂ© d’un niveau record de 71 % Ă  42 %.

    Dans le but de consolider le soutien de certaines figures-clĂ©s de la classe dirigeante indonĂ©sienne Ă  Widodo, et de dĂ©tourner l’attention des vrais problĂšmes auxquels font quotidiennement face les indonĂ©siens, celui-ci a ainsi adoptĂ© une approche intransigeante en matiĂšre de criminalitĂ©, et a promis d’intensifier la «guerre contre la drogue» en IndonĂ©sie.

    MalgrĂ© d’innombrables appels juridiques et moraux afin de tenter de sauver la vie des deux hommes, Widodo avait fermement rejetĂ© la candidature de Chan et Sukumaran Ă  la clĂ©mence en Janvier dernier. Le PrĂ©sident indonĂ©sien avait ainsi jurĂ© qu’il ne montrerait aucune pitiĂ© Ă  l’un des 64 trafiquants de drogue condamnĂ©s Ă  mort, et qu’il n’y aurait pas de «compromis» quant Ă  la politique de l’IndonĂ©sie concernant la peine capitale.

    Pourtant, la peine capitale est une mĂ©thode barbare de contrĂŽle social. Les dĂ©fenseurs des idĂ©es du socialisme exigent que la peine de mort soit abolie. L’État capitaliste, un corps biaisĂ© qui permet Ă  une minoritĂ© riche de statuer au dĂ©triment de la majoritĂ©, ne devrait pas pouvoir dĂ©cider qui a droit de vie ou de mort !

    Seul un systĂšme qui est basĂ© sur la satisfaction des besoins de la majoritĂ© pourrait mettre un terme au pouvoir dont sont dotĂ©s tous ces politiciens, qui utilisent ainsi la vie des gens comme un moyen pour servir leurs propres fins politiques. Tout en faisant campagne pour abolir la peine de mort ici et maintenant nous devons Ă©galement nous battre pour une sociĂ©tĂ© socialiste oĂč les besoins passent avant les profits, pour Ă©radiquer la corruption et les horreurs que ceux-ci engendrent.

  • Hong Kong : Deux perspectives diffĂ©rentes des protestations


    “Le Big Business essaie de dire qu’on est privilĂ©giĂ©s”

    La journaliste Shannon Van Sant, basĂ©e Ă  Hong Kong, a interviewĂ© le milliardaire Allan Zeman et le manifestant Pa Sha, par ailleurs membre de notre organisation-soeur Ă  Hong Kong, Socialist Alternative. Ces extraits d’interview ont Ă©tĂ© postĂ©s sur sa page facebook.

    « J’ai fait un portrait d’Allan dans le documentaire de 2007 sur la façon dont Hong Kong a changĂ© depuis la rĂ©trocession par les Britanniques, il Ă©tait donc intĂ©ressant de discuter de nouveau avec lui aujourd’hui. »

    Allan Zeman: Les protestations ont polarisĂ© la communautĂ©. Les entreprises et le gagne-pain de beaucoup de gens dĂ©pendent de ce que les rues soient ouvertes et gagnent leur vie. Beaucoup de magasins perdent leur petit marchĂ©, ils ne peuvent pas se permettre de garder leurs employĂ©s. Il faut que cela prenne fin. Il n’y a aucun systĂšme au monde qui soit un systĂšme politique parfait. Hong Kong n’a jamais eu le suffrage universel. Nous devons comprendre cela du point de vue de la Chine. Le gouvernement chinois ne veut pas que cela s’Ă©tende en Chine, parce qu’ils ont besoin de maintenir la stabilitĂ© de la Chine. Si vous comprenez la Chine, vous comprenez parfois pourquoi ils ont besoin de couper les informations pour conserver leur bien-ĂȘtre.

    Danny-600x468Pa Sha : Les riches et le secteur des affaires se sont fermement positionnĂ©s contre les droits dĂ©mocratiques Ă  Hong Kong. Les gens comme vous et moi sont pour la dĂ©mocratie et ont dĂ©ferlĂ© en rue toute la semaine derniĂšre. Le Big Business essaie de dire que nous sommes suffisamment privilĂ©giĂ©s et que nous n’avons pas besoin de dĂ©mocratie. Et mĂȘme dans leur logique, si vous nous comparez Ă  la Chine, c’est comme si vous compariez l’enfer Ă  un enfer un peu moins pire. Hong Kong est dominĂ© par le Big Business, les magnats des affaires, les grandes corporations qui pactisent le CCP et le gouvernement de Hong Kong. Et Ă  cause de cette alliance entre les corporations et le gouvernement, le gouvernement a depuis des annĂ©es implantĂ© beaucoup de politiques en leur faveur, ce qui a mis beaucoup de gens en colĂšre. Il ne s’agit pas seulement de l’avenir mais des moyens de subsistance des citoyens de base. Hong Kong a les logements les moins abordables du monde entier. En tant que jeunes, nous ne pourrons pas possĂ©der nos propres habitations Ă  l’avenir. La stagnation des salaires est une autre question, ainsi que l’absence d’un systĂšme de pensions universel et de normes d’horaires de travail.

  • Hong Kong : la “RĂ©volution des parapluies” a commencĂ©

    La colÚre contre la violence policiÚre alimente la « Révolution des Parapluies » spontanée et le mouvement de grÚve qui commence

    Par Vincent Kolo, chinaworker.info

    parapluiHKCe fut le weekend qui a tout changĂ© Ă  Hong Kong. La rĂ©sistance populaire de masse en rue, jour et nuit, avec des rassemblements massif de 100 000 Ă  jusque 180 000 personnes, avec la jeunesse et une grĂšve Ă©tudiante d’une semaine comme fer de lance, a forcĂ© le gouvernement non-Ă©lu de Hong Kong et les milliers de policiers anti-Ă©meute lourdement armĂ©s Ă  battre en retraite.

    Les mĂ©dias du monde entier, saisissant la nature sans-prĂ©cĂ©dent de ces Ă©vĂ©nements, parlent « d’impasse historique ». Avec les manifestations de masse qui continuent Ă  grossir et Ă  ressentir une Ă©norme confiance en elles depuis la dĂ©faite de l’attaque de la police dimanche, le mouvement de Hong Kong reprĂ©sente, selon les mots d’Associated Press, « une Ă©norme rĂ©sistance » au programme anti-dĂ©mocratique du rĂ©gime de PĂ©kin Ă  Hong Kong et en Chine.

    L’assaut vicieux de la police ce dimanche 28 septembre a choquĂ© et mis en colĂšre toute la sociĂ©tĂ©, Ă  une Ă©chelle jamais vue auparavant. C’est la crise politique la plus sĂ©rieuse Ă  Hong Kong depuis son retour sous l’emprise Chinoise en 1997. Il y a certaines caractĂ©ristiques de situation prĂ©-rĂ©volutionnaire, avec un gouvernement dans une crise profonde ayant subi une perte de contrĂŽle et d’autoritĂ©.

    Les institutions d’Etat – surtout la police – suscitent la mĂ©fiance et le mĂ©pris gĂ©nĂ©ral. La majoritĂ© de la population de Hong Kong n’a plus confiance en la faible « autonomie » du territoire en tant que spĂ©ciale en Chine ou la considĂšrent comme une imposture.

    Cependant ce mouvement est presque entiĂšrement sans organisations, sans programme ni direction, reproduisant le modĂšle qu’on a pu voir dans des mouvements de contestation massifs similaires partout dans le monde. Il y a un sentiment anti-parti trĂšs puissant dans les manifestations, et alors que les partis d’opposition dĂ©mocratiques bourgeois continuent Ă  produire des dĂ©clarations qui les identifient au mouvement, monopolisant la plupart des interviews des mĂ©dias, ces partis sont presque entiĂšrement absents sur le terrain. Alors que ce modĂšle « spontané » s’est montrĂ© plus qu’Ă  la hauteur de la tĂąche de dĂ©clencher le mouvement en rue, il y a besoin de plus : des Ă©tapes pour organiser, construire des comitĂ©s de grĂšve dĂ©mocratiques et des comitĂ©s d’occupation, et Ă©tablir un programme clair des revendications pour faire avancer la lutte et vaincre le programme anti-dĂ©mocratique du gouvernement.

    Une question cruciale est le besoin d’Ă©tendre le mouvement au-delĂ  de la frontiĂšre, en faisant appel aux travailleurs et aux jeunes de la Chine continentale Ă  rejoindre la lutte contre la dictature Ă  parti unique (le PCC) chinoise. Tant que le PCC dirige, il est clair qu’il n’y aura aucune possibilitĂ© d’Ă©lections dĂ©mocratiques Ă  Hong Kong – l’objectif principal du mouvement – et que seul le renversement du rĂ©gime peut ouvrir cette voie. Cette tĂąche requiert de plus grandes forces que les seules masses de Hong Kong ne peuvent rassembler. PlutĂŽt que d’appeler l’administration amĂ©ricaine ou l’ancien colonisateur britannique en soutien, comme le font les organisations pan-dĂ©mocratiques (pour les capitalismes amĂ©ricain et britannique, les accords financiers avec la Chine l’emportent toujours sur la dĂ©mocratie et les droits de l’Homme), le mouvement de protestation doit chercher des alliĂ©s parmi les travailleurs et le jeunes de base, en Chine et dans le monde entier.

    Révolution des Parapluies

    Le mouvement a Ă©tĂ© surnommĂ© « RĂ©volution des Parapluies » sur les rĂ©seau sociaux, en rĂ©fĂ©rence aux parapluies inversĂ©s utilisĂ©s par les manifestants pour se protĂ©ger des gaz lacrymogĂšnes et en particulier du gaz poivre. Le dimanche 28 septembre, la police a lancĂ© vague aprĂšs vague d’attaques au gaz lacrymo – 87 fois selon leur propre dĂ©claration – dans une tentative de nettoyer la manifestation autour du quartier gĂ©nĂ©ral du gouvernement Ă  Admiralty. Le gaz lacrymogĂšne n’avait pas Ă©tĂ© utilisĂ© contre les manifestants de Hong Kong depuis 1967, sous l’empire colonial Britannique (il a Ă©tĂ© utilisĂ© par la police en 2005 dans les manifestations contre l’OMC, mais la composition de ces manifestations Ă©tait surtout « internationale »).

    Le lundi soir, 29 septembre, une foule massive atteignant environ 180 000 personnes s’Ă©tait rassemblĂ©e dans 3 endroits autour de Hong Kong. Quelques barricades sporadiques avaient Ă©tĂ© jetĂ©es en travers des principales routes, et dans la nuit, la ConfĂ©dĂ©ration des Syndicats de Hong Kong avait lancĂ© un appel Ă  « la grĂšve gĂ©nĂ©rale ». MĂȘme si c’est un dĂ©veloppement extrĂȘmement important (Ă  nouveau, l’annonce d’une grĂšve politique est sans-prĂ©cĂ©dent Ă  Hong Kong, et les partisans du CIO, Socialist Action (section-soeur du PSL), Ă©taient les seuls Ă  le prĂ©coniser), la participation des travailleurs Ă  cette grĂšve est Ă  ce stade assez limitĂ©e.

    Les Ă©tudiants, de plus en plus rejoints par les Ă©coliers qui ont fait face Ă  une Ă©norme pression et aux menaces autoritĂ©s des Ă©coles, ont reconduit la grĂšve de la semaine derniĂšre, avec des dĂ©brayages et des sit-in Ă  une Ă©chelle encore plus grande. La rapiditĂ© des Ă©vĂ©nements est telle que la principale prĂ©occupation du mouvement est maintenant de demander la dĂ©mission du Chef de l’ExĂ©cutif Chun-Ying (CY) Leung, une personnalitĂ© dĂ©jĂ  dĂ©testĂ©e dont le rĂŽle de cerveau de la rĂ©pression de ce week-end ne fait que s’ajouter Ă  la liste de ses crimes.

    RĂŽle de la jeunesse

    Ce n’est pas une crise seulement pour l’Ă©lite dirigeante de Hong Kong. Par la brutalitĂ© crasse, dans une tentative de montrer « une main ferme » contre les manifestations pour la dĂ©mocratie, le gouvernement – sous la pression de PĂ©kin et pour lui dĂ©montrer sa loyautĂ© – a dĂ©clenchĂ© ce qui est potentiellement le plus grand challenge Ă  la dictature du PCC en un quart de siĂšcle.

    « C’est dĂ©jĂ  plus gros que tout ce Ă  quoi s’attendaient les autoritĂ©s de PĂ©kin et Hong Kong », commente Larry Diamond de Stanford University dans le New York Times. « Ils n’ont pas de stratĂ©gie pour dĂ©samorcer ça pacifiquement, parce que cela demanderait des nĂ©gociations, et je ne pense pas que le prĂ©sident Xi Jinping le permettrait », a-t-il ajoutĂ©.

    Sans surprise, la Chine a renforcé ses contrÎles sur internet, en bloquant les recherches en lignes sur des mots comme « gaz lacrymogÚne » et « occuper » et en supprimant Instagram, qui était utilisé pour partager les images des manifestations de Hong Kong en Chine.

    Il est extrĂȘmement significatif que ce mouvement, comme beaucoup d’autres dans le monde entier, a commencĂ© avec la jeunesse et en particulier avec la grĂšve Ă©coliĂšre qui a commencĂ© le 22 septembre. Sur la majeure partie des deux derniĂšres annĂ©es, les partisans et membres Ă©tudiantsd’Action Socialiste ont Ă©tĂ© seuls Ă  prĂ©coniser une grĂšve des Ă©coles de toute la ville, dans l’idĂ©e que cela pourrait dĂ©clencher des grĂšves parmi les travailleurs, comme une arme-clĂ© dans la lutte pour la dĂ©mocratie. Cette perspective a Ă©tĂ© confirmĂ©e presque jusqu’au dernier dĂ©tail par les Ă©vĂ©nements de la semaine passĂ©e.

    Les Ă©normes manifestations et occupations actuelles ont Ă©voluĂ© Ă  partir de la grĂšve Ă©tudiante d’une semaine, Ă  laquelle ont participĂ© prĂšs de 13 000 Ă©tudiants. Ils ont Ă©tĂ© rejoints par environ 1 500 Ă©coliers, dont certains n’ont que 12 ou 13 ans, le vendredi 26 septembre. Vendredi soir, un groupe de manifestants Ă©tudiants a rĂ©ussi Ă  rompre le cordon autour du « Civic Square » et a commencĂ© Ă  l’occuper. C’est en thĂ©orie un lieu de manifestation public, devant le quartier gĂ©nĂ©ral du gouvernement, qui a Ă©tĂ© entourĂ© de barriĂšres par la police en juillet, en anticipation des manifestations Occupy.

    Environ 80 Ă©tudiants et autres manifestants ont Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©s vendredi et samedi, la police utilisant du gaz poivre et des tactiques autoritaires. L’animateur du groupe Ă©tudiant Scholarism, Joshua Wong, 17 ans, a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© et en garde Ă  vue pendant 40 heures, pour ĂȘtre relĂąchĂ© sans charges.

    Au dĂ©but cependant, la police a annoncĂ© que Wong serait inculpĂ© de 3 charges dont la lourde charge d’avoir « attaquĂ© la police ». Les arrestations d’activistes Ă©tudiants, et la violence policiĂšre excessive, a fait jailllir l’Ă©tincelle des mobilisations de masse de ce week-end.

    Menace d’escalade

    Au plus haut point, dimanche, 120 000 personnes ont protestĂ© contre la rĂ©pression policiĂšre envers les Ă©tudiants. MĂȘme aprĂšs les premiĂšres attaques au gaz dimanche soir, environ 50 000 sont restĂ©s face aux rangĂ©es de policiers anti-Ă©meutes. Des rapports sont parus, ensuite reniĂ©s, selon lesquels la police se prĂ©parait Ă  utiliser des balles en caoutchouc et Ă  amener des voitures blindĂ©es Ă©quipĂ©es de canons Ă  son. Dans une situation aussi chaotique, il est difficile de savoir s’il s’agit de fausses rumeurs, peut-ĂȘtre dĂ©libĂ©rĂ©ment rĂ©pandues, ou si ces rapports Ă©taient rĂ©els mais que le gouvernement et les chefs de la police a hĂ©sitĂ© et les a retirĂ©s. Les rapports ont cependant Ă©tĂ© pris au sĂ©rieux par les dirigeants du mouvement Occupy Central (OC), qui, il faut le souligner, n’ont jouĂ© aucun rĂŽle dans la grĂšve Ă©tudiante ni dans les mobilisations de ce week-end. Il serait plus juste de dire qu’ils se sont « parachutĂ©s » eux-mĂȘme dans les manifestations de façon Ă  proclamer leur rĂŽle dirigeant une fois que l’Ă©chelle du mouvement ne faisait plus aucun doute.

    Dans la nuit de dimanche, alors que les rumeurs sur les balles en caoutchouc et les voitures blindĂ©es circulaient, le dirigeant de OC Chan Kin-man a appelĂ© les manifestants Ă  Admiralty Ă  se retirer. « C’est une question de vie ou de mort », disait-il. MĂȘme les dirigeants la FĂ©dĂ©ration des Étudiants ont appelĂ© les manifestants Ă  quitter les lieux, ce qui a Ă©tĂ© ouvertement critiquĂ© par Longs-Cheveux Leung Kwok Hung de la Ligue des Sociaux-DĂ©mocrates, qui a appelĂ© les manifestants Ă  tenir leur position.

    Alors que la plupart des manifestants ont Ă©vacuĂ© le lieu principal de protestation Ă  Admiralty, de nouvelles occupations sont apparues dans deux autres endroits de la ville, avec environ 3 000 personnes se rassemblant Ă  Mong Kok, fermant Nathan Road, la principale artĂšre Ă  travers Kowloon. « Occupy Mong Kok » est encore en cours Ă  l’heure ou nous Ă©crivons, avec environ 30 000 personnes qui si sont rassemblĂ©es dans la nuit de lundi. D’autres ont campĂ© toute la nuit Ă  Causeway Bay, un autre quartier d’affaires et de commerce. L’attaque de la police n’a donc pas rĂ©ussi Ă  disperser et rĂ©primer le mouvement Occupy comme elle l’espĂ©rait. Au lieu de cela, les manifestants ont « mĂ©tastasé » – en rĂ©ponse aux tactiques de la police – en des occupations multiples, ce qui prĂ©sente un dĂ©fi bien plus grand Ă  la police.

    Ce dĂ©nouement reprĂ©sente une victoire pour les manifestants qui ont surmontĂ© et rĂ©sistĂ© Ă  « la dĂ©monstration de force massive » de la police, comme le dĂ©crit Willy Lam, un commentateur libĂ©ral. La police de Hong Kong avait Ă©tĂ© prĂ©parĂ©e (dans les moindres dĂ©tails) depuis deux ans, depuis la premiĂšre fois que OC a Ă©tĂ© annoncĂ©, Ă  briser les occupations. Leur tĂąche a Ă©tĂ© facilitĂ©e par les reports et tergiversations rĂ©pĂ©tĂ©es des dirigeants de OC. Cela impliquait la transformation complĂšte de la police en force para-militaire, avec de nombreuses rĂ©pĂ©titions pour durcir la police et en faire un outil politique contre la lutte dĂ©mocratique. Mais malgrĂ© cela et le manque d’une organisation cohĂ©rente au sein des manifestations Ă  ce stade, l’attaque de la police a Ă©chouĂ© face Ă  la rĂ©sistance opiniĂątre et hĂ©roĂŻque.

    La fin des illusions

    C’est la deuxiĂšme fois en un mois que les puissantes illusions construites par l’Ă©lite dominante sur des dĂ©cennies, sous la domination britannique puis chinoise, ont Ă©tĂ© Ă©crasĂ©es, ce qui montre la profondeur de la crise actuelle. La premiĂšre occasion, le 31 aoĂ»t, Ă©tait la dĂ©cision du faux « parlement » non-dĂ©mocratique chinois, l’AssemblĂ©e Nationale Populaire (ANP), qui a anĂ©anti les espoirs populaires d’Ă©lections libres du prochain Chef de l’ExĂ©cutif. Cette fois-ci, c’est l’illusion que les Forces de Police de Hong Kong – « les meilleures en Asie » – qui ont explosĂ© littĂ©ralement en une nuit. MĂȘme Fung Wai-Wah, le prĂ©sident du syndicat des enseignants trĂšs « modĂ©ré », a dĂ©clarĂ© « la police s’est faite l’ennemie du peuple ».

    Significativement, l’un des principaux slogans scandĂ©s envers la police par les manifestants depuis les attaques de dimanche est « la police, en grĂšve ! » C’est un appel Ă  ce que la police refuse les ordres, ce qui pose sans doute de nouveaux problĂšmes aux commandants de police, car le moral est entaillĂ© et ils sont forcĂ©s de revoir complĂštement leurs stratĂ©gies.

    La destruction d’illusions vieilles de dĂ©cennies dans l’impartialitĂ© de l’Etat et dans « l’Etat de droit » sacrĂ© Ă  Hong Kong rĂ©sulte de la position de plus en plus dure, rĂ©pressive et rigide du PCC, qui est Ă  son tour le reflet de la crise qui s’approfondit au sein de la dictature. Le PCC ressemble Ă  une machine Ă  une seule viterre : la rĂ©pression. Le rĂ©gime Ă©tant plus enclin Ă  supprimer que d’installer des « amortisseurs » sous forme de rĂ©formes politiques limitĂ©es demandĂ©es par les libĂ©raux bourgeois, les perspectives politiques pour la Chine vont de plus en plus vers une explosion sociale ou une sĂ©rie d’explosions. Vers des soulĂšvements rĂ©volutionnaires, en d’autres mots, ce dont nous sentons un arriĂšre-goĂ»t Ă  Hong Kong.

    Cela se voit trĂšs explicitement dans la rĂ©pression d’État de plus en plus forte dans la rĂ©gion Ă  majoritĂ© Musulmane de l’Ouest de la Chine, le Xinjiang, avec des centaines de personnes tuĂ©es cette annĂ©e dans des affrontements avec les forces d’État et la dĂ©cision rĂ©cente d’interdire de porter la barbe dans les bus dans certaines parties de la rĂ©gion ! La semaine derniĂšre, un soi-disant tribunal a condamnĂ© le professeur musulman OuĂŻgour Ilham Tothi Ă  une peine de prison Ă  vie de facto pour « sĂ©paratisme » ; alors que Tothi est vu comme un critique modĂ©rĂ© du rĂ©gime chinois, prĂ©conisant les rĂ©formes plutĂŽt que la rĂ©volution.

    Il est probable que le rĂ©gime de Hong Kong a fait tomber l’Ă©chelle sur laquelle se tenait les dirigeants bourgeois pan-dĂ©mocratiques « modĂ©rĂ©s », qui ne voulaient rien de plus qu’une invitation Ă  des nĂ©gociations pour des changements Ă©lectoraux. Les « modĂ©rĂ©s » Ă©taient prĂȘts Ă  avaler la plupart des rĂšgles et contrĂŽles anti-dĂ©mocratiques de PĂ©kin en Ă©change de concessions mineures, mais PĂ©kin Ă  refusĂ©.

    « Un pays, deux systÚmes » sous pression

    Cette ligne dure Ă©rode rapidement ce qui reste de tolĂ©rance envers le rĂ©gime, Ă  Hong Kong par exemple, oĂč beaucoup avaient achetĂ© l’idĂ©e que la ville pourrait coexister en tant qu’enclave relativement dĂ©mocratique dans une Chine autoritaire. Les partisans du CIO Ă  Hong Kong et en Chine ont depuis longtemps expliquĂ© que ce n’Ă©tait pas possible ; que soit la lutte pour la dĂ©mocratie s’Ă©tendrait Ă  toute la Chine – avec l’Ă©tincelle initiale venant assez probablement des mouvements Ă  Hong Kong – aboutissant au renversement de la dictature, soit la dictature chercherait de plus en plus Ă  fermer l’espace dĂ©mocratique de Hong Kong. C’est la dynamique que nous voyons aujourd’hui.

    Un sondage rĂ©cent dans le South China Morning Post publiĂ© avant le mouvement de masse actuel a montrĂ© que 53 % des habitants de Hong Kong n’ont maintenant plus confiance en la formule « un pays, deux systĂšmes » (qui permet Ă  Hong Kong un certain degrĂ© d’autonomie) contre 37% qui ont l’opinion opposĂ©e. Un effondrement depuis les 76% qui avaient foi en l’arrangement « un pays, deux systĂšmes » en 2007. Comme nous l’avions expliquĂ© dans les rapports prĂ©cĂ©dents, les sentiments « sĂ©paratistes » de Hong Kong et le soutien Ă  l’indĂ©pendance vis-Ă -vis de la Chine vont inĂ©vitablement augmenter en rĂ©sultat des politiques actuelles de la dictature.

    Mais PĂ©kin, en particulier sous Xi Jinping, craint de perdre le contrĂŽle – en Chine et pas seulement Ă  Hong Kong – mĂȘme en n’ouvrant qu’une seule fenĂȘtre ou porte vers les « élections libres » sur le soi-disant modĂšle occidental. Il veut non seulement mettre un frein au processus dĂ©mocratique de la ville, mais aussi l’inverser, imposant un contrĂŽle politique encore plus grand sur la ville.

    La dĂ©cision du ANP en aoĂ»t n’est qu’un Ă©lĂ©ment du plan qui vise Ă  emprisonner la lutte pour la dĂ©mocratie de Hong Kong. En plus de militariser la police et de contrĂŽler encore plus les mĂ©dias locaux, ce plan va rĂ©duire les pouvoirs le la lĂ©gislature largement impuissante de Hong Kong et transfĂ©rer plus de contrĂŽle, sur le budget par exemple, au prochain Chef de l’ExĂ©cutif « élu par le peuple » sous le faux systĂšme Ă©lectoral dessinĂ© par la dĂ©cision de l’ANP. C’est ce grand projet d’amener Hong Kong encore plus sous le systĂšme autoritaire qui a foncĂ© dans le mur de l’opposition de masse dans les derniers jours.

    Soutien massif

    Le plan du gouvernement pour Ă©craser et discrĂ©diter « OC », et de cette façon Ă©carter la tempĂȘte de protestations contre les propositions Ă©lectorales non-dĂ©mocratiques de PĂ©kin, est maintenant en lambeaux. MalgrĂ© la propagande massive contre l’occupation, et les horribles avertissements contre le « chaos » et la « violence », il est Ă©vident quel cĂŽtĂ© Ă  gagnĂ© la bataille pour le soutien du public dans les Ă©vĂ©nements de ce week-end.

    Le South China Morning Post a rapportĂ© que des employĂ©s de bureau en route vers leur travail lundi matin avaient applaudi les Occupants Ă  Causeway Bay. Le journal cite un comptable qui disait que le gouvernement avait « sous-estimĂ© le pouvoir du peuple ». Il y a beaucoup de rapports de passants apportant de l’eau et de la nourriture et montrant leur soutien.

    L’Ă©norme foule qui est sortie lundi soir et les masses scandant « A bas le Chef ExĂ©cutif Leung » montrent oĂč le mouvement en est. Les premiers frĂ©missements de la classe ouvriĂšre, qui n’a jusqu’Ă  maintenant pas encore fait son entrĂ©e en tant que force distincte, organisĂ©e et indĂ©pendante dans le mouvement pour la dĂ©mocratie, est pour les socialistes le plus significatif de tous les dĂ©veloppements. MĂȘme si la rĂ©ponse Ă  l’appel Ă  la grĂšve a Ă©tĂ© mitigĂ©e, reflĂ©tant la faiblesse numĂ©rique des syndicats Ă  Hong Kong sur une longue pĂ©riode historique, des groupes importants ont quand mĂȘme cessĂ© le travail dans leur colĂšre contre la rĂ©pression policiĂšre. Cela incluait environ 200 ouvriers de l’usine de Coca-Cola Ă  Sha Tin, les travailleurs de l’eau, les conducteurs de bus, des employĂ©s de banque et des professeurs.

    Occupy Central supplanté

    Dans cette lutte, le mouvement « Occupy Central » ĂągĂ© de 2 ans n’est rien de plus qu’une note en bas de page, un plan qui n’a jamais Ă©tĂ© mis en pratique et a depuis Ă©tĂ© mis de cĂŽtĂ© par la « rĂ©volution des parapluies » improvisĂ©e par en-bas. Comme nous l’avons montrĂ© dans nos critiques des dirigeants de OC, leur vision a toujours Ă©tĂ© pour des manifestations plus petites et surtout symboliques, d’un millier de participants, disant mĂȘme au dĂ©partemen que les jeunes ne devraient pas prendre part Ă  l’occupation. Tous les aspects de leur plan rĂ©sonnaient avec la peur de « l’action radicale » et de la spontanĂ©itĂ©. La rĂ©alitĂ© a renversĂ© cela.

    Donc, alors qu’une partie des mĂ©dias capitalistes – et nous pouvons comprendre pourquoi – continue de prĂ©senter les dirigeants de OC comme les initiateurs du mouvement de masse actuel, ce n’est pas du tout le cas. Le mouvement actuel s’est dĂ©veloppĂ© indĂ©pendamment des dirigeants de OC qui sont restĂ©s sur le cĂŽtĂ©, ne jouant un rĂŽle ni dans les grĂšves Ă©tudiantes ni dans la premiĂšre vagues de manifestations contre la violence policiĂšre. Cela n’a changĂ© que tĂŽt le dimanche matin, 28 septembre, quand le mouvement de masse Ă©tait dĂ©jĂ  Ă©tendu et que les dirigeants de OC se sont retrouvĂ©s Ă  « courir aprĂšs le bus ».

    Comme Action Socialiste l’expliquait au commencement de OC en 2013, tout en supportant l’appel Ă  une occupation de masse, OC Ă©tait aussi une tentative des dirigeants pan-dĂ©mocratiques « modĂ©rĂ©s » de reconstruire leur autoritĂ© endommagĂ©e dans la lutte dĂ©mocratique, en particulier chez les jeunes et beaucoup de militants, et de se positionner eux-mĂȘme Ă  la tĂȘte de la confrontation sur la rĂ©forme Ă©lectorale. Alors que l’idĂ©e d’occupation correspondait Ă  l’ambiance populaire pour une lutte plus radicale pour obtenir la dĂ©mocratie, le but des pan-dĂ©mocrates « modĂ©rĂ©s » Ă©tait d’utiliser l’appellation « OC » pour bloquer les initiatives plus radicales par en-bas. Les « modĂ©rĂ©s » qui sont proches politiquement de la direction de OC, et qui jusqu’au mois dernier cherchaient encore un compromis avec PĂ©kin, ont souffert d’une grosse perte Ă©lectorale en faveur des candidats pro-dĂ©mocratie plus radicaux dans les derniĂšres annĂ©es en rĂ©sultat de leurs trahisons et des compromis pourris avec la dictature, en particulier pendant les prĂ©cĂ©dentes rĂ©formes Ă©lectorales en 2010.

    « Les dirigeants de OC ont hĂ©sitĂ© et reportĂ© trop de fois », dit Sally Tang Mei-Chingd’Action Socialiste. « Quand [le dirigeant de OC] Benny Tai Yiu-Ting est venu aux manifestations Ă©tudiantes, aprĂšs deux jours de rĂ©sistance face Ă  la police, et a dit qu’il annonçait le dĂ©but d’Occupy Central, beaucoup de gens l’ont huĂ© et ont mĂȘme commencĂ© Ă  quitter les lieux par mĂ©contentement ».

    Sur presque toutes les questions – le timing, la composition, la stratĂ©gie, pour ne pas parler de leur programme « modĂ©ré » trĂšs limitĂ© – les dirigeants de OC Ă©taient dĂ©synchronisĂ©s de la rĂ©alitĂ© et de l’humeur des masses. MĂȘme leur choix de l’endroit, Central, a Ă©tĂ© dĂ©passĂ© par le dĂ©veloppement rĂ©el de la lutte. Ce mouvement est plutĂŽt « Occupy Decentral » – adoptant consciemment un caractĂšre non-concentrĂ© dans divers endroits pour dĂ©jouer les plans de la police. Le mouvement actuel a Ă©mergĂ© par en-bas, par les manifestants qui ont endurĂ© les attaques de la police, plutĂŽt que par les « dirigeants » auto-proclamĂ©s.

    Action Socialiste a montrĂ© que ce dont ce mouvement a besoin, mais qui fait encore tristement dĂ©faut, est une direction dĂ©mocratiquement Ă©lue pour les manifestations de masse, un comitĂ© d’action pour dĂ©cider de la stratĂ©gie et des tactiques, ouvert Ă  tous les groupes, partis et syndicats, mais sans qu’un seul groupe essaie d’imposer son monopole.

    Un nouveau Tiananmen?

    Beaucoup de gens ont Ă©tabli des parallĂšles entre les Ă©vĂ©nements de ce week-end et la lutte pour la dĂ©mocratie en 1989 en Chine, et la rĂ©pression brutale qui a suivi. Dans nos articles prĂ©cĂ©dents, nous avons explorĂ© la question de jusqu’oĂč le rĂ©gime chinois Ă©tait prĂȘt Ă  aller pour bloquer la revendication pour des Ă©lections libres Ă  Hong Kong. Il y a une lutte de pouvoir trĂšs acĂ©rĂ©e et potentiellement explosive au sein de la dictature du parti unique PCC. Xi Jinping peut difficilement se permettre de paraĂźtre faible ou de ne pas savoir manier une crise politique Ă  Hong Kong. Cela pourrait dĂ©clencher une contre-attaque sur la position de Xi par les « groupes d’intĂ©rĂȘts (vested interests) » et les « tigres » (hauts fonctionnaires) qui ont Ă©tĂ© visĂ©s par des purges ces deux derniĂšres annĂ©es.

    En mĂȘme temps, la concentration d’encore plus de pouvoirs dans les mains de Xi, contrairement aux 30 derniĂšres annĂ©es ou plus de dictature « de groupe », va inĂ©vitablement lui faire porter le chapeau – sans personne derriĂšre qui se cacher – quand les politiques du rĂ©gime manquent spectaculairement leur cible, comme en ce moment Ă  Hong Kong. Hong Kong constitue Ă  prĂ©sent un Ă©norme dilemme pour Xi et sa tentative de consolider son contrĂŽle au sein du rĂ©gime. Comme Edward Wong et Chris Buckley le notent dans le New York Times : «   MĂȘme de modestes concessions [aux manifestants de Hong Kong] pourraient envoyer des signaux Ă  travers la frontiĂšre, montrant que les manifestations de masse donnent des rĂ©sultats – un soupçon de faiblesse que M. Xi, un dirigeant qui exsude une auto-assurance imperturbable, paraĂźt dĂ©terminĂ© Ă  Ă©viter, selon les analystes de la Chine continentale. Et il est improbable que les petits compromis apaisent beaucoup des habitants de Hong Kong qui ont rempli les rues ».

    Dans sa dĂ©cision en aoĂ»t, le PCC a jetĂ© le gant, balayant mĂȘme les revendications minimales des pan-dĂ©mocrates « modĂ©rĂ©s » et calculant qu’il pourrait contenir ou Ă©craser le dĂ©fi qui paraissait Ă  ce moment-lĂ  Ă©maner de la timide direction de OC. Mais comme nous l’avons vu, et comme les socialistes avaient averti que c’Ă©tait de plus en plus une possibilitĂ©, le mouvement actuel a Ă©clatĂ© sans et malgrĂ© les dirigeants « modĂ©rĂ©s », et en partie du Ă  l’intransigeance de PĂ©kin.

    La tentative initiale de rĂ©pression de masse a explosĂ© Ă  la figure du gouvernement (comme plusieurs des boites de gaz lancĂ©es par la police). Cela force CY Leung et les forces d’État locales Ă  rester en arriĂšre pour le moment. Lundi, selon le Financial Times, le gouvernement a annoncĂ© le retrait des troupes anti-Ă©meutes des rues (mĂȘme si cela ne s’est rĂ©vĂ©lĂ© qu’en partie vrai).

    TĂŽt lundi matin, les « bons flics » du dĂ©partement des relations publiques de la police ont Ă©tĂ© envoyĂ©s pour nĂ©gocier avec les manifestants, leur demandant « gentiment » si les routes pouvaient ĂȘtre laissĂ©es ouvertes au trafic, comme si rien ne s’Ă©tait passĂ© la veille ! Dans l’occupation de Mong Kok et Causeway Bay, il y n’y a actuellement presque aucune prĂ©sence policiĂšre, alors que sur le terrain du gouvernement Ă  Admiralty, les manifestants font toujours face Ă  des rangĂ©es de policiers.

    MĂȘme le mĂ©ga feu d’artifice lancĂ© du port de Hong Kong pour cĂ©lĂ©brer le 65Ăšme anniversaire de la fondation de la RĂ©publique Populaire de Chine, le 1er octobre, a Ă©tĂ© annulĂ© par peur des manifestations. Ce n’est qu’un avant-goĂ»t de la façon dont la crise politique actuelle Ă  Hong Kong peut rebondir sur Xi Jinping et crever l’image triomphante qu’il veut promouvoir.

    Le Global Times de Chine, porte-parole fanatique du gouvernement, a publiĂ© un Ă©dito en anglais disant : « les activistes radicaux sont condamnĂ©s ». Sur le site internet en chinois du journal, un article a Ă©tĂ© supprimĂ© qui disait que la Police ArmĂ©e du Peuple, la force anti-Ăšmeute et anti-terroriste chinoise, pourrait assister la police de Hong Kong pour Ă©craser les manifestations ; « Le soutien des forces armĂ©es pourrait rapidement restaurer la stabilité » Ă  Hong Kong, disait-il. Que le rĂ©gime fasse taire de tels propos pour le moment indique que mĂȘme Ă  PĂ©kin – oĂč il y a des signes de « dĂ©connexion » et d’un faible rapport aux rĂ©alitĂ©s du terrain, en particulier envers Hong Kong, mais pas seulement – on reconnaĂźt maintenant qu’une crise politique explosive a Ă©tĂ© créée et qu’il faut s’avancer prudemment.

    MĂȘme les 5000 unitĂ©s de l’ArmĂ©e Populaire de LibĂ©ration (APL) stationnĂ©es Ă  Hong Kong ne seraient pas nĂ©cessairement suffisantes Ă  « restaurer l’ordre », c’est Ă  dire Ă  porter un coup dĂ©cisif aux manifestants, en particulier avec le caractĂšre de plus en plus dĂ©centralisĂ© du mouvement. DĂ©ployer des troupes chinoises risquerait d’embraser un contre-coup politique encore pire. Pour le rĂ©gime chinois et l’establishment capitaliste de Hong Kong, la garnisonde l’APL a un rĂŽle dissuasif, une menace plutĂŽt qu’une intention sĂ©rieuse.

    Cela ne veut pas dire que les troupes de l’APL ne vont jamais ĂȘtre utilisĂ©es, ni le projet de renforts de l’autre cĂŽtĂ© de la frontiĂšre, dans le cas d’une crise et de scissions entre l’appareil d’État local de Hong Kong et les forces de police. A court terme cependant, cela est peu probable. La tactique du gouvernement dans les prochains jours, comme Ă  Taiwan pendant le « mouvement des tournesols » plus tĂŽt cette annĂ©e, va ĂȘtre d’utiliser des gangsters payĂ©s et des « groupes de volontaires » pro-PCC pour servir de provocateurs pour dĂ©clencher des affrontements qui peuvent ĂȘtre utilisĂ©s afin de discrĂ©diter le mouvement et fournir un prĂ©texte pour une nouvelle rĂ©pression par la police.

    “A bas CY!”

    MĂȘme si la situation change extrĂȘmement vite, avec des variations aiguĂ«s et des changements possibles, il semble maintenant que le rĂ©gime va se retenir d’envoyer une nouvelle vague de rĂ©pression, et probablement offrir des concessions, peut-ĂȘtre en sacrifiant un haut-fonctionnaire impopulaire (comme il l’a dĂ©jĂ  fait auparavant) de façon Ă  gagner du temps et Ă  laisser passer la crise.

    Il n’est pas exclu que CY soit forcĂ© de se retirer pour permettre de restaurer « la stabilité » Ă  Hong Kong, mĂȘme si son dĂ©part face au mouvement de protestation de masse sera d’un Ă©norme coĂ»t Ă  la fois pour le rĂ©gime chinois et de Hong Kong. Cela augmenterait Ă©normĂ©ment la confiance du mouvement pour la dĂ©mocratie et justifierait l’idĂ©e de rĂ©sistance de masse audacieuse. L’appel Ă  la destitution de CY est maintenant la principale prĂ©occupation et revendication du mouvement de masse. MĂȘme les dirigeants de OC ont appelĂ© Ă  la rĂ©signation du Chef de l’ExĂ©cutif, reflĂ©tant la pression de la colĂšre de masse qu’ils ressentent en ce moment. Dans la nuit de lundi, CY a produit une dĂ©claration disant qu’ils « ne ferait pas de compromis » – mais Ă  mesure que la crise se prolonge, des scissions ouvertes vont Ă©merger dans le camp du gouvernement, submergĂ© par la pression.

    Action Socialiste a Ă©tĂ© active tout au long du mouvement et joue un rĂŽle important dans l’organisation de grĂšves parmi les Ă©coliers du secondaire Ă  travers la Citywide School Strike Campaign. Action Socialiste explique que la dĂ©mocratie authentique ne peut ĂȘtre obtenue que par la liaison des manifestations de masse Ă  Hong Kong avec les soulĂšvements rĂ©volutionnaires en Chine, oĂč la classe ouvriĂšre gigantesque est la force la plus importante pour changer la sociĂ©tĂ© et vaincre la dictature. La lutte pour la dĂ©mocratie ne peut ĂȘtre gagnĂ©e dans les limites du capitalisme, qui partout, y compris dans les « dĂ©mocraties occidentales » prĂ©conisĂ©es par les dirigeants pan-dĂ©mocrates, signifie le contrĂŽle des politiques par les milliardaires non-Ă©lus et les grandes corporations. Le capitalisme signifie la dictature, que ce soit par des rĂ©gimes autoritaires ou par les marchĂ©s financiers. Notre alternative est une sociĂ©tĂ© socialiste dirigĂ©e dĂ©mocratiquement et une Ă©conomie planifiĂ©e qui peut Ă©liminer la pauvretĂ© croissante, les logements insalubres, le chĂŽmage et les contrats de travail sous-payĂ©s.

    Dans les manifestations de masse actuelles, Action Socialiste dĂ©fend la crĂ©ation d’un parti de masse des travailleurs Ă  Hong Kong et aussi en Chine, qui lie les revendications dĂ©mocratiques rĂ©volutionnaires avec le besoin d’une alternative socialiste claire.

    SolidaritĂ© avec la « RĂ©volution des Parapluies » de dĂ©sobĂ©issance civile de masse, de grĂšves et d’occupations Ă  Hong Kong !

    Étendons le mouvement de grĂšve ! Construisons des syndicats et des comitĂ©s de grĂšve dĂ©mocratiques des travailleurs et des Ă©tudiants.

    Pour la démocratie complÚte et immédiate à Hong Kong et en Chine ! A bas la dictature à parti unique du PCC !

    Dégageons CY Leung et son gouvernement non-élu !

    Opposons-nous Ă  la rĂ©pression – pas de nouvel Ă©crasement comme Ă  Tiananmen !

    Solidarité internationale avec les manifestations de masse à Hong Kong

    Plusieurs initiatives ont été lancées pour montrer la solidarité avec la contestation à Hong Kong et mettre la pression sur les autorités. Le Comité pour une Internationale OuvriÚre (CIO), auquel Action Socialiste est affiliée, a appelé ses membres du monde entier à rejoindre ou à initier des actions devant les ambassades chinoises ou les missions commerciales Hong Kong. Les militants peuvent aussi prendre des selfies ou des photos de groupe de leurs actions en utilisant nos slogans en chinois.

    Utilisez facebook et les rĂ©seaux sociaux pour montrer votre soutien ! Postez vos images sur la page facebook d’Action Socialiste : https://www.facebook.com/SocialistAction

  • Iran: Pour la relaxe immĂ©diate des mineurs grĂ©vistes arrĂȘtĂ©s !

    Plus de 5000 mineurs iraniens se sont mis en grĂšve le 19 aoĂ»t dans la province centrale de Yazd pour exiger la relaxe de deux grĂ©vistes arrĂȘtĂ©s par les forces de sĂ©curitĂ© de l’État.

    Les deux travailleurs de la mine de Bafq Iron Ore ont Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©s Ă  la demande de la direction de la mine.

    Les mineurs arrĂȘtĂ©s, Amir Hossein Kargaran et Ali Sabri sont accusĂ©s d’avoir organisĂ© une grĂšve de 40 jours, dĂ©butĂ©e le 18 mai, contre la privatisation de la mine.

    Les forces de “sĂ©curitĂ©” avaient prĂ©vu d’arrĂȘter 16 autres grĂ©vistes qui avaient aussi participĂ© Ă  cette grĂšve.

    Elle s’Ă©tait terminĂ©e sur la promesse des autoritĂ©s d’accĂ©der aux revendications des grĂ©vistes. Ceux-ci voulaient que les plans visant Ă  transfĂ©rer les parts de la mine au privĂ© soient annulĂ©s.

    Ils revendiquaient aussi la démission du directeur de la mine, et des garanties de sécurité pour leurs emplois.

    La grĂšve prit fin quand le gouverneur de la province promit de satisfaire ces revendications sous deux mois.

    L’Ă©chĂ©ance s’approche, dans quelques jours, et aucune n’a Ă©tĂ© satisfaite.

    Le 23 aoĂ»t, cinq mineurs de plus ont Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©s. Les grĂ©vistes et leurs familles tiennent un piquet de grĂšve devant le bureau du gouverneur et ont annoncĂ© qu’ils continueraient jusqu’Ă  ce que les travailleurs arrĂȘtĂ©s soient libĂ©rĂ©s.

    Ces derniers mois, les mineurs iraniens ont mené de grandes grÚves pour de meilleurs salaires et contre la privatisation des mines.

    Envoyez vos messages de soutien aux mineurs de Bafq Iron Ore Ă  : karzarpki@gmail.com

  • Sri Lanka : L’United Socialist Party attaquĂ© par des moines bouddhistes racistes

    Le Comité pour une Internationale OuvriÚre (CIO) appelle à des actions de protestation et à la solidarité financiÚre

    Clare Doyle (secrétariat du CIO)

    L’United Socialist Party (Parti socialiste unifiĂ©, section du CIO au Sri Lanka) a rĂ©pondu avec beaucoup de courage Ă  l’attaque de leur manifestation motorisĂ©e de samedi dernier. Le film disponible ci-dessous, bien qu’en cingalais, donne une bonne idĂ©e de ce qui s’est passĂ©.

    Le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de l’USP, Siritunga Jayasuriya, a expliquĂ© que lui et ses camarades suivaient leur parcours. « Tout Ă  coup, un policier est venu vers nous et a dit: « des voyous vont venir, sortez de leur route ! » J’ai ensuite vu des moines arriver en voiture et courir vers nous. Nous nous sommes arrĂȘtĂ©s et j’ai essayĂ© de parler Ă  l’un d’eux, en m’adressant Ă  lui comme « PĂšre », comme cela est d’usage dans ce pays. Il a simplement commencĂ© Ă  crier: « OĂč Ă©tiez-vous au moment de la guerre? Nous avons gagnĂ© la guerre! Etc. » Nous avons rĂ©pondu qu’alors qu’ils se cachaient, nous Ă©tions dans la rue, Ă  lutter pour la paix et contre la guerre. Puis, ils ont commencĂ© Ă  nous frapper. Notre camarade Dhammika a Ă©tĂ© touchĂ©, de mĂȘme que Piyaratna et notre camarade avocat, Srinath Perera,… »

    Certains camarades de l’USP ont dĂ» ĂȘtre emmenĂ©s Ă  l’hĂŽpital. Fort heureusement, leurs blessures sont relativement mineures par rapport Ă  ce qui aurait pu se produire Ă©tant donnĂ© la nature de l’attaque. Les policiers eux-mĂȘmes ont exprimĂ© leur sympathie aux dirigeants de l’USP, tout en s’excusant de ne pouvoir intervenir pour stopper l’attaque. Ils avaient sans doute reçu des ordres de leurs supĂ©rieurs, la clique autour du gouvernement Rajapakse essayant d’utiliser ces forces communautaristes pour leur propre protection.

    Les camarades de l’USP ont dĂ©clarĂ© que la rĂ©ponse des personnes qui se trouvaient le long de la route Ă©tait extrĂȘmement chaleureuse. Sous les sons d’un batteur traditionnel tamoul et d’un cor, ils les ont accueillis avec des guirlandes, de la nourriture et des boissons. Avant le dĂ©but de la manifestation, l’USP avait d’ailleurs reçu des milliers de roupies de dons de la part de sympathisants.
    Loin de reculer face Ă  cette attaque violente, et avec le soutien d’autres organisations et individus, l’USP va intensifier son travail de campagne.

    Ils ont reçu des dĂ©clarations de solidaritĂ© de la part d’autres organisations de gauche comme Frontline Socialist Party et le Nava Sama Samaja Party et son dirigeant, Vikramabahu Karunaratne. Les camarades de l’USP reçoivent toujours des centaines d’appels tĂ©lĂ©phoniques de soutien, notamment de Vasudeva Nanayakkara, membre du gouvernement actuel UPFA, qui a exprimĂ© ses prĂ©occupations pour les blessures et les dommages subis par les camarades de l’USP. Il a ajoutĂ© que le parti avait “atteint un nouveau point culminant dans la politique du Sri Lanka pour son courage dans la lutte contre le racisme”.

    Assistance

    Envoyez des lettres de protestation condamnant l’attaque en vous inspirant de celle du CIO disponible ci-dessous, Ă  votre ambassade locale du Sri Lanka (que vous pouvez trouver ici) ainsi qu’à ps@presidentsoffice.lk avec une copie Ă  l’USP Ă  : info@lankasocialist.com et au CIO Ă  cwi@worldsoc.co.uk ainsi qu’au PSL : geert@socialisme.be

    De la part du Comité pour une Internationale OuvriÚre

    Nous condamnons l’attaque physique de la «marche Socialiste pour la paix, contre le racisme et le communautarisme», de samedi dernier, le 26 juillet, alors qu’elle passait le long de la route devant le temple bouddhiste Stupa, Ă  Kalutara.

    Nous pensons que votre gouvernement est responsable de permettre aux forces qui ont organisĂ© cette attaque d’agir en toute impunitĂ©. Nous exigeons de votre part la fin du soutien Ă  toute forme de communautarisme et le racisme envers les personnes de langue tamoule et les musulmans au Sri Lanka. Nous exigeons Ă©galement que vous assuriez une compensation lĂ©gale et matĂ©rielle adĂ©quate Ă  ceux qui ont souffert de blessures au cours de cette attaque.

    Nous allons continuer Ă  soutenir les forces de l’USP qui se battent pour mettre fin Ă  la dictature et Ă  la pauvretĂ© dans votre pays – ironiquement connu comme sous le nom de « RĂ©publique socialiste dĂ©mocratique du Sri Lanka ».

    Nous sommes pour la fin de toutes les formes de communautarisme et pour le droit de toutes les sections de la sociĂ©tĂ© Ă  exercer leurs pleins droits dĂ©mocratiques sans crainte de discriminations, d’attaques ou de persĂ©cutions.

    Finances

    L’USP a besoin d’une aide considĂ©rable pour ses avocats, la rĂ©paration de vĂ©hicules endommagĂ©s et pour le financement de leur travail politique. Le vĂ©hicule Ă  trois-roues du parti – symbole de l’USP aux Ă©lections et outil indispensable pour son travail – a dĂ» ĂȘtre remorquĂ© Ă  Colombo et nĂ©cessitera des dĂ©penses considĂ©rables pour ĂȘtre remis sur la route. Les propriĂ©taires de nombreuses motos de la manifestation auront Ă©galement besoin d’aide pour des rĂ©parations. Le parti est Ă©galement contraint de prendre des mesures supplĂ©mentaires pour dĂ©fendre ses locaux et ses employĂ©s Ă  temps plein dans leur lutte pour les libertĂ©s politiques et dĂ©mocratiques et pour la dĂ©fense des idĂ©es socialistes.

    Les contributions financiĂšres peuvent ĂȘtre envoyĂ©es via ce site web. Elles doivent avoir pour mention « SolidaritĂ© Sri Lanka ». Les montants et les noms des donateurs seront immĂ©diatement communiquĂ©s Ă  l’USP.

    Merci d’avance, au nom des camarades de l’USP.

    DĂ©claration de presse de l’USP : Il faut construire une plateforme des militants de gauche et des syndicalistes contre le racisme

    Par Siritunga Jayasuriya, secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de l’United Socialist Party

    L’United Socialist Party tient Ă  remercier tous les partis de Gauche, syndicats et individus qui ont fait preuve de solidaritĂ© dans le cadre du lancement de notre campagne ‘Marche socialiste pour la paix et contre le racisme et le communautarisme ». Nous remercions Ă©galement tous les partis de gauche qui ont organisĂ© une confĂ©rence de presse pour condamner l’attaque brutale contre la manifestation motorisĂ©e de l’USP ce 26 juillet. L’USP est reconnaissant envers tous ceux qui ont manifestĂ© de la sympathie et du soutien aprĂšs que nous ayons Ă©tĂ© pris en embuscade par le « Singhala Rawaya » et d’autres voyous extrĂ©mistes religieux bouddhistes.

    La manifestation de l’USP visait Ă  mettre en Ă©vidence la tendance croissante au racisme et au fondamentalisme religieux dans notre pays. Les communautaristes prĂŽnent la persĂ©cution des minoritĂ©s religieuses et ethniques, causant d’Ă©normes dommages Ă  l’unitĂ© du peuple dans ce pays. L’USP, grĂące Ă  cette initiative d’une marche de la paix, a tentĂ© de diffuser le message de l’unitĂ© contre l’oppression Ă  travers le pays.

    Nous, les forces socialistes et de gauche, quel que soit le drapeau et l’identitĂ© des partis, reprĂ©sentons une sociĂ©tĂ© oĂč toutes les religions, les langues et les minoritĂ©s ethniques peuvent vivre en harmonie, d’Ă©gal Ă  Ă©gal. Par consĂ©quent, pour dĂ©noncer les attaques physiques et idĂ©ologiques de plus en plus pesantes sur ces valeurs, nous avons en tant qu’USP lancĂ© une initiative, une manifestation motorisĂ©e contre le racisme Ă  travers le pays, de la ville d’Aluthgama-Dharga Ă  Colombo-Narahenpita.

    Cette action est symbolique et vise Ă  envoyer un message de confiance pour les sections les plus vulnĂ©rables de notre sociĂ©tĂ©, en affirmant que des forces existent pour dĂ©fendre leurs intĂ©rĂȘts. Mais les communautaristes et les racistes ne peuvent pas digĂ©rer ce mouvement pour l’unitĂ©. Ils veulent jouer la politique cancĂ©reuse du sectarisme, et pousser plus loin ce pays vers un bain de sang de par leurs activitĂ©s meurtriĂšres.

    Nous condamnons cette attaque horrible. Nous pensons qu’il s’agit d’un dĂ©fi qui doit ĂȘtre relevĂ© par toute la gauche. « Une attaque contre un est une attaque contre tous ». Nous demandons Ă  la gauche en gĂ©nĂ©ral, aux syndicats, aux et aux groupes et partis socialistes (petits et grands) de se rĂ©unir pour constituer une plate-forme unitaire sous le slogan de la gauche et des socialistes unis contre le racisme au Sri Lanka. De cette façon, nous pouvons relever le dĂ©fi posĂ© par les communautaristes et les intĂ©gristes religieux du pays.

     

  • Hong Kong : Un journal pro-PĂ©kin a lancĂ© une attaque contre le CIO

    Le journal pro-PĂ©kin “Ta Kung Pao” a attaquĂ© le parlementaire pro-dĂ©mocratie Leung Kwok-Hung (connus sous le surnom de Longs Cheveux, en raison de son refus de se couper les cheveux tant que PĂ©kin n’aura pas reconnu le massacre de Tiananmen en 1989) et Socialist Action (section du ComitĂ© pour une Internationale OuvriĂšre Ă  Hong Kong) dans leur 10Ăšme Ă©dition de juin. Ce tissu de propagande dans un journal quotidien tristement connu comme Ă©tant le porte-parole de la dictature du Parti Communiste Chinois Ă  Hong Kong est publiĂ© au moment oĂč la lutte pour la dĂ©mocratie Ă  Hong Kong entre dans une phase cruciale, Ă  la veille de la mĂ©ga-manifestation annuelle du 1er juillet contre le gouvernement. Le rĂ©gime chinois intensifie sa guerre psychologique contre “l’instabilitĂ© politique” et les revendications “illĂ©gales” d’Ă©lections libres Ă  Hong Kong.

    Dikang, Socialist Action, CIO-Hong Kong

    Socialist Action a exigĂ© un avis juridique sur la nature diffamatoire de l’article tout en menant une dĂ©fense politique vigoureuse pour exposer ses mensonges.

    Le journal proclame faussement que Longs Cheveux, qui purge actuellement une peine de 4 semaines de prison sur de fausses accusations politiques, a organisĂ© la crĂ©ation de Socialist Action en 2010 pour en faire une force plus extrĂȘme dans la lutte pour la dĂ©mocratie. Des accusations et attaques absurdes de ce type courent tout au long de l’article, qui Ă©voque les spectre des “forces Ă©trangĂšres”, c’est-Ă -dire le ComitĂ© pour une Internationale OuvriĂšre, dont Socialist Action fait partie. Ta Kung Pao accuse le CIO de dĂ©fendre “des mĂ©thodes trĂšs violentes” et accuses ses sections au BrĂ©sil, en Turquie et en SuĂšde d’avoir fomentĂ© les Ă©meutes de l’annĂ©e passĂ©e! C’est classique de la part des journaleux d’une dictature dont le niveau de paranoĂŻa est inĂ©galĂ© quand il s’agit de manifestations de masse, d’idĂ©aux dĂ©mocratiques et de socialisme authentique.

    La prĂ©occupation de Ta Kung Pao envers la violence mĂ©rite un Oscar Ă©tant donnĂ© leur silence au sujet du massacre militaire des manifestants Ă  PĂ©kin en 1989. Ce journal a attaquĂ© les 180.000 personnes qui ont manifestĂ© cette annĂ©e en commĂ©moration des victimes du massacre du 4 juin 1989 en qualifiant la manifestation “d’acte de trahison nationale”.

    Fomentation des émeutes

    “Les mĂ©thodes d’action du CIO sont trĂšs violentes”, affirme l’article. “Le 20 mai 2013, la section suĂ©doise du CIO RĂ€ttvisepartiet Socialisterna a initiĂ© une manifestation contre les politiques sociales du gouvernement suĂ©dois et le manque de services publics. Les manifestants ont mis le feu Ă  des voitures, ont dĂ©truit des centres commerciaux et attaquĂ© des postes de police, et cela a menĂ© Ă  3 jours d’Ă©meutes. Beaucoup de policiers et de passants ont Ă©tĂ© blessĂ©s”.

    Ce n’est qu’un exemple du « journalisme » dĂ©rangĂ© de Ta Kung Pao. Les Ă©meutes de l’annĂ©e derniĂšre Ă  Stockholm ont Ă©tĂ© dĂ©clenchĂ©es par le meurtre d’une personne ĂągĂ©e par la police, aprĂšs des annĂ©es de racisme et de nĂ©gligence des infrastructures publiques dans les quartiers ouvriers. La section du CIO a initiĂ© un meeting de protestation avec des groupes des communautĂ©s locales pour appeler Ă  la fin des incendies et des Ă©meutes tout en critiquant durement la brutalitĂ© de la police et les politiques nĂ©o-libĂ©rales du gouvernement.

    Comme dans des cas similaires en Grande Bretagne, en France et en Chine, le CIO a toujours montrĂ© clairement qu’il ne croit pas aux Ă©meutes, mĂȘme si elles sont des rĂ©actions comprĂ©hensibles face au capitalisme, au chĂŽmage et Ă  la pauvretĂ©. Nous dĂ©fendons les organisations (des partis ouvriers et des syndicats de lutte) et les mĂ©thodes de lutte de masse collectives et disciplinĂ©es, comme les grĂšves et les occupations ouvriĂšres, liĂ©es Ă  la dĂ©fense d’une alternative socialiste au capitalisme.

    Les assertions de Ta Kung Pao sur les manifestations de masse en 2013, actuellement ravivĂ©es au BrĂ©sil durant la Coupe du Monde, sont encore plus fantastiques ! DĂ©clarant que 300.000 personnes ont participĂ© aux manifestations contre l’augmentation des billets de mĂ©tro, il dit que le police a utilisĂ© la rĂ©pression contre les “organisations criminelles” et que “beaucoup de ceux qui ont Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©s Ă©taient membres de la section brĂ©silienne du CIO, LSR.”

    Le trotskisme

    L’article continue contre le trotskisme qui est dĂ©crit dans des termes quasi-maoĂŻstes comme une tendance “ultra-gauchiste et violente” : “beaucoup de pays les considĂšrent comme des organisations extrĂ©mistes, les pires aprĂšs les terroristes”. Il attaque la thĂ©orie de la rĂ©volution permanente, qu’il transforme en doctrine de “l’Ă©meute permanente”. En rĂ©alitĂ©, la rĂ©volution permanente est la conception brillante de Trotsky qui explique pourquoi les capitalistes dans les pays coloniaux et semi-coloniaux sont incapables de remplir les tĂąches dĂ©mocratiques bourgeoises comme l’unification nationale ou la rĂ©solution des problĂšmes laissĂ©s par la sociĂ©tĂ© fĂ©odale. Hong Kong, la Chine et beaucoup d’autres endroits en Asie vivent la preuve de l’exactitude des thĂ©ories de Trotsky, qui explique pourquoi les travailleurs ont besoin d’organiser une alternative socialiste de masse et non pas de laisser les luttes contre la dictature ou contre la domination impĂ©rialiste Ă©trangĂšre Ă  une des ailes de la classe capitaliste.

    L’article de Ta Kung Pao fait partie d’une offensive propagandiste plus large du PCC pour discrĂ©diter les partis les plus radicaux de la lutte dĂ©mocratique. Le but est de lier Longs Cheveux au CIO et des les goudronner avec les pinceaux de la “violence” et de “l’extrĂ©misme politique”. Parmi les accusations les plus outrageuses, il affirme que Socialist Action coopĂšre avec Passion Civique, un groupe de droite “nativiste” (nationalistes de Hong Kong) qui mĂšne une vicieuse campagne de diffamation contre Socialist Action. Au contraire, tout en reprĂ©sentant diffĂ©rentes organisations et programmes politiques, Socialist Action et Longs Cheveux ont coopĂ©rĂ© dans beaucoup de luttes pour les droits des travailleurs et contre la dictature chinoise.

    La lutte pour la démocratie

    L’offensive propagandiste du PCC est liĂ©e Ă  la situation politique plus chargĂ©e Ă  Hong Kong et en Chine. Il est plus clair que jamais que PĂ©kin n’a pas du tout l’intention d’autoriser la tenue d’Ă©lections libres (au suffrage universel) Ă  Hong Kong en 2017, comme les gens l’ont pensĂ© pendant un moment (mais qui n’a pas Ă©tĂ© le cas, comme l’avaient prĂ©vu les camarades du CIO). Au lieu de cela, ils nous servent un rĂ©arrangement du modĂšle d’Ă©lections “contrĂŽlĂ©es” actuelles, provoquant une colĂšre gĂ©nĂ©ralisĂ©e. En juin, le conseil d’Ă©tat chinois (le cabinet) a dĂ©voilĂ© un Livre Blanc sur Hong Kong qui stipule que “la haute autonomie du territoire n’est pas une autonomie totale”. Ce document, sans prĂ©cĂ©dent depuis la rĂ©trocession de Hong Kong par la Grande Bretagne en 1999, est largement considĂ©rĂ© comme la preuve que le gouvernement chinois s’assied sur les revendications dĂ©mocratiques. Sa publication suit une sĂ©rie d’avertissements des politiciens pro-gouvernement notamment au sujet de la possibilitĂ© d’instaurer la loi martiale Ă  Hong Kong et de dĂ©ployer des troupes pour Ă©craser les manifestations.

    Dans le mĂȘme temps, les partis d’opposition bourgeois dĂ©mocratiques (pan-dĂ©mocrates) ont Ă©normĂ©ment compliquĂ© la lutte dĂ©mocratique par leur volontĂ© d’Ă©viter la lutte de masse en plaçant tous leurs espoirs dans un compromis avec le PCC. Les accusations de violence de la part de l’establishment et de journaux comme Ta Kung Pao sont une tentative dĂ©libĂ©rĂ©e d’attaquer les sections les plus radicales de la lutte pour la dĂ©mocratie, comme Longs Cheveux, et d’augmenter la pression sur l’aile dominante “modĂ©rĂ©e” des pan-dĂ©mocrates pour qu’ils se dissocient des mĂ©thodes “extrĂ©mistes”.

    Ces derniers ont honteusement condamnĂ© Longs Cheveux (en prĂ©sentant une motion contre lui Ă  la lĂ©gislature) quand il a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© et accusĂ© de “dommages criminels” et de “conduite dĂ©sordonnĂ©es” pendant une manifestation en 2011. C’Ă©tait contre un faux processus de consultation menĂ© par le gouvernement pour resserrer encore les rĂšgles Ă©lectorales, utilisĂ©es comme couverture pour plus d’attaques contre les droits dĂ©mocratiques. Longs Cheveux a Ă©tĂ© condamnĂ© Ă  deux mois de prison (ce qui auraient abouti Ă  la perte de son siĂšge Ă  la lĂ©gislature), peine rĂ©duite Ă  4 semaines en appel.

    Les socialistes contre-attaquent!

    L’attaque de Ta Kung Pao, mĂȘme si elle est infĂąme, est une reconnaissance dĂ©formĂ©e de l’impact de Socialist Action et du CIO Ă  Hong Kong et de la peur de la dictature chinoise des idĂ©es socialistes. L’article mentionne la campagne Ă©lectorale du conseil de district de 2011, quand Socialiste Action a prĂ©sentĂ© Sally Tang Mei-Ching comme candidate, et mentionne mĂȘme qu’elle est allĂ©e Ă  TaĂŻwan pour le compte du CIO durant le mouvement de masse “tournesol”, au dĂ©but de cette annĂ©e.

    L’article rĂ©fĂšre aussi Ă  l’appel de Socialist Action au mouvement Occupy Central (un plan visant Ă  occuper les rues du principal quartier d’affaires, dirigĂ© par les pan-dĂ©mocrates “modĂ©rĂ©s”) pour adopter un programme et une approche plus combatifs qui comprenne la nĂ©cessitĂ© de la grĂšve comme une arme-clĂ© dans la lutte contre le PCC, Ă  commencer par un appel Ă  des grĂšves Ă©tudiante. Ta Kung Pao, bien entendu, a dĂ©formĂ© cela, espĂ©rant faire rimer “grĂšves” avec “violence” et “extrĂ©misme” – ce qui est la façon dont la dictature et les capitalistes voient vraiment l’utilisation de la grĂšve par les travailleurs aujourd’hui.

    A propos du soutien de Socialist Action Ă  la campagne pour l’Union des RĂ©fugiĂ©s Ă  Hong Kong, il affirme que c’Ă©tait “une utilisation des rĂ©fugiĂ©s comme hommes de main” pour prĂ©parer et radicaliser le mouvement Occupy Central. Les rĂ©fugiĂ©s, dont l’occupation de 120 jours et le camp contre la discrimination et la corruption a Ă©tĂ© un modĂšle de discipline, sont dĂ©crits comme des criminels qui correspondent au soi-disant plan de Socialist Action parce qu’ils “ne craignent pas la prison”. Comme avec l’accusation des Ă©meutes Ă  l’Ă©tranger, Ta Kung Pao n’a pas donnĂ© un seul fait pour appuyer ses accusations.

    Un autre objectif de cet article est de lier Longs Cheveux aux “forces Ă©trangĂšres” sous la forme du CIO et de l’Union des RĂ©fugiĂ©s. C’est un des thĂšmes prĂ©fĂ©rĂ©s de la propagande du CCP aujourd’hui, promouvant le nationalisme chauvin chinois et une prĂ©tendue conspiration Ă©trangĂšre pour “diviser” la Chine. L’article souligne que Socialist Action a des membres “Ă©trangers” et des liens avec des “organisations Ă©trangĂšres” – ce qui sera illĂ©gal si la lĂ©gislation sĂ©curitaire pro-PCC, l’Article 23, est adoptĂ© Ă  Hong Kong. Cette lĂ©gislation a Ă©tĂ© diffĂ©rĂ©e pendant 10 ans sous la pression des masses, mais n’a pas Ă©tĂ© abandonnĂ©e par le camp pro-gouvernement.

    Alors que Ta Kung Pao est fortement discrĂ©ditĂ© Ă  Hong Kong en tant que journal maintenu avec l’argent du PCC, il n’y a aucun Ă©chappatoire Ă  la menace implicite de ses attaques contre les camarades du CIO. Hong Kong et la Chine se dirigent vers des temps tumultueux et la dictature identifie et attaque ses ennemis politiques.

    PlutÎt que de se laisser intimider, cependant, les socialistes seront encore plus déterminés à lutter pour la démocratie authentique, y-compris des médias démocratiques sous propriété publique, et à construire des organisations de masse de la classe ouvriÚre et des jeunes et en en finir avec le capitalisme et la dictature.

  • Tienanmen 1989 : Sept semaines qui ont Ă©branlĂ© le monde

    Le 15 avril 1989, l’ancien secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral dĂ©chu du Parti ‘Communiste’ Chinois Hu Yaobang dĂ©cĂšde d’une crise cardiaque. Cet Ă©vĂšnement anodin va donner le coup d’envoi d’un des plus grands mouvements de masse de l’histoire moderne, un mouvement qui dĂ©borde rapidement les espoirs les plus fous de ceux qui l’ont lancĂ© et qui a Ă©tĂ© prĂšs de renverser le rĂ©gime dictatorial du parti soi-disant ‘communiste’.

    Par Vincent Kolo, Chinaworker.info

    Le 17 avril, environ 700 Ă©tudiants et professeurs partent vers la Place Tienanmen («la Place de la Paix cĂ©leste») dans le centre de la capitale chinoise, Ă  15 kilomĂštres de leur universitĂ©. Ils crient «Longue vie Ă  Hu Yaobang! Longue vie Ă  la dĂ©mocratie! Non Ă  la corruption! Non Ă  l’autocratie! » Ces slogans vont par la suite rĂ©sonner dans le monde entier tandis que des millions de personnes prendront part Ă  des manifestations Ă  PĂ©kin et dans plus de 110 autres villes chinoises.

    Un énorme mouvement de masse

    Cinq jours aprĂšs cette modeste premiĂšre manifestation, ce sont plus de 200.000 personnes qui participent Ă  une manifestation interdite le jour de l’enterrement de Hu Yaobang. Une grĂšve Ă©tudiante de durĂ©e indĂ©terminĂ©e est annoncĂ©e dans plus de 20 universitĂ©s et instituts supĂ©rieurs de PĂ©kin tandis qu’une organisation se met en place pour coordonner le mouvement.

    A la mi-mai, les travailleurs commencent Ă©galement Ă  s’organiser et font les premiers pas vers la crĂ©ation de syndicats indĂ©pendants, ce que les dirigeants du pays craignent par-dessus tout. Le rĂ©volutionnaire russe LĂ©on Trotsky expliquait qu’une rĂ©volution arrive quand les masses commencent Ă  crĂ©er elles-mĂȘmes les Ă©vĂ©nements et, ce faisant, commencent Ă  sentir quel pouvoir est le leur. C’est effectivement ce qui s’est produit en 1989. Le rĂ©gime chinois de Deng Xiaoping, fĂ©licitĂ© par les gouvernements occidentaux pour avoir intĂ©grĂ© des Ă©lĂ©ments de capitalisme dans son « communisme », apparaĂźt plongĂ© dans la confusion et impuissant face au mouvement qui se dĂ©veloppe. Le gouvernement et l’armĂ©e sont profondĂ©ment divisĂ©s. Il leur faut plusieurs semaines pour dĂ©cider d’une riposte.

    Dans la nuit du 3 au 4 juin, Deng Xiaoping et les partisans d’une ligne dure prennent la dĂ©cision d’organiser un vĂ©ritable carnage pour reprendre le contrĂŽle de la situation. Plus de 200.000 soldats sont mobilisĂ©s pour envahir la capitale (presque autant que ce que les USA dĂ©ploieront pour envahir l’Irak en mars 2003 !).

    Selon Amnesty International, les confrontations au centre-ville causent au moins un millier de morts. Dans les semaines et mois qui suivent plus de 40.000 personnes sont arrĂȘtĂ©es, surtout des travailleurs qui sont tout particuliĂšrement visĂ©s. Ceux qui ont organisĂ© des grĂšves ou simplement tentĂ© de le faire sont condamnĂ©s Ă  de longues peines de prison, voire mĂȘme exĂ©cutĂ©s. La FĂ©dĂ©ration Autonome des Travailleurs de PĂ©kin Ă  peine nĂ©e, qui avait lancĂ© un appel Ă  une grĂšve gĂ©nĂ©rale pour essayer de stopper la rĂ©pression militaire, est accusĂ©e d’avoir projetĂ© une rĂ©volte armĂ©e contre le gouvernement et interdite tandis que ses militants sont massivement arrĂȘtĂ©s.

    Circulez, il n’y a rien à voir

    Depuis lors, il est interdit de revenir sur les Ă©vĂšnements de « Liu Si » (le 4 juin). Seule la version officielle du rĂ©gime peut ĂȘtre exposĂ©e, version selon laquelle il n’y a pas eu de morts sur la Place Tienanmen et Deng Xiaoping n’est intervenu que pour protĂ©ger la Chine du chaos social. Pour les dirigeants chinois (et leurs partisans Ă  l’étranger), ce mouvement massif d’opposition populaire – oĂč les participants chantaient l’Internationale et criaient des slogans en faveur du socialisme – n’était rien d’autre qu’une contre-rĂ©volution bourgeoise. La rapide croissance Ă©conomique des annĂ©es ‘90 et du dĂ©but de ce siĂšcle a servi de lĂ©gitimation historique Ă  l’intervention brutale du rĂ©gime.

    Mais la rĂ©pression de cette rĂ©volte n’a rien Ă  voir avec la crainte d’une restauration du capitalisme en Chine. C’est le rĂ©gime lui-mĂȘme qui a appliquĂ© une politique de plus en plus capitaliste nĂ©o-libĂ©rale combinĂ©es au renforcement d’un pouvoir autoritaire. Ceux pour qui le capitalisme et la dĂ©mocratie vont de pair ont bien du mal Ă  expliquer ce qui s’est passĂ© en Chine et pourquoi le modĂšle chinois est si populaire auprĂšs des multinationales occidentales.

    Cette annĂ©e, le rĂ©gime chinois Ă©tait particuliĂšrement sur ses gardes. Le 20e anniversaire de cette rĂ©volte a en effet pris place dans le contexte d’une crise Ă©conomique sĂ©vĂšre. Les commĂ©morations du 4 juin n’étaient autorisĂ©es qu’à Hong Kong, oĂč au moins 200.000 personnes ont participĂ©. Dans le reste de la Chine, les mesures de sĂ©curitĂ© ont Ă©tĂ© renforcĂ©es de mĂȘme que la rĂ©pression contre les militants pro-dĂ©mocratie mais aussi contre ceux qui Ă©mettent des critiques de gauche et socialistes contre le rĂ©gime.

    Un moment clé de la crise des régimes staliniens

    Le courage des Ă©tudiants et des travailleurs chinois et la brutale rĂ©pression du mouvement par le rĂ©gime a aggravĂ© et accĂ©lĂ©rĂ© la crise dans les autres pays Ă  rĂ©gime stalinien de parti unique, que ce soit en Europe de l’est ou en URSS mĂȘme. Les pays staliniens ont Ă©tĂ© touchĂ©s par des crises persistantes et successives depuis la fin des annĂ©es ‘70. L’industrialisation rapide des premiĂšres annĂ©es – reposant sur la planification centrale de l’économie et de la propriĂ©tĂ© d’Etat des moyens de production – a cĂ©dĂ© la place Ă  une stagnation due au rĂŽle de plus en plus parasitaire et Ă©touffant de la bureaucratie. Faute d’implication active de la part des couches plus larges de la population dans l’organisation de la sociĂ©tĂ© et de l’économie, c’était inĂ©vitable.

    La combinaison de la crise Ă©conomique, de la nature rĂ©pressive des dictatures staliniennes et des attaques de la bureaucratie contre les acquis sociaux a conduit Ă  une hostilitĂ© grandissante face au «socialisme» au nom duquel ces rĂ©gimes prĂ©tendaient gouverner. Un grand nombre d’intellectuels et d’élĂ©ments de la bureaucratie ont commencĂ© Ă  se dĂ©tourner du «socialisme».

    Dans tout le bloc stalinien, tant en Chine qu’en Hongrie, en Pologne ou en Yougoslavie, des parties de la bureaucratie ont commencĂ© Ă  considĂ©rer le capitalisme comme une bouĂ©e de sauvetage pour protĂ©ger leur propre pouvoir et leurs privilĂšges.

    En Chine, la dĂ©faite des dirigeants maoĂŻstes de la «Bande des 4» et la prise de pouvoir de Deng Xiaoping en 1978 ont constituĂ© un tournant crucial, mĂȘme si on ne peut pas dire qu’il existait alors un plan pour rĂ©instaurer le capitalisme en Chine. Il s’agissait plutĂŽt d’une tentative «pragmatique» d’introduire nombre d’élĂ©ments capitalistes – des revenus plus Ă©levĂ©s pour les managers, une moindre protection sociale pour les travailleurs, plus de marge pour les investissements privĂ©s et pour une accumulation de richesse – au sein d’une Ă©conomie bureaucratiquement planifiĂ©e. Dans le courant des annĂ©es ’80, une aile plus consciemment pro-capitaliste s’est dĂ©veloppĂ©e au sein du rĂ©gime chinois. Deng Xiaoping et Zhao Ziyang en ont Ă©tĂ© les figures de proue.

    Les changements Ă©conomiques qui ont suivi ont Ă©tĂ© spectaculaires : privatisation de l’agriculture, dĂ©veloppement accĂ©lĂ©rĂ© des zones et des villes cĂŽtiĂšres par l’afflux de capitaux Ă©trangers, liquidation de la plupart des protections sociales. C’est ainsi que les travailleurs chinois sont peu Ă  peu devenus la main d’Ɠuvre bon marchĂ© par excellence des multinationales Ă©trangĂšres.

  • Sri Lanka : Interview de Siritunga Jayasuriya

    Par Geert Cool

    De par la prĂ©sence d’une population tamoule dans notre pays, l’actualitĂ© au Sri Lanka y a suscitĂ© un plus grand intĂ©rĂȘt pour les militants de gauche et les dĂ©fenseurs des idĂ©es du socialisme. Presque 10 ans aprĂšs le tsunami dĂ©vastateur qui a provoquĂ© des milliers de morts et presque cinq ans aprĂšs la fin meurtriĂšre de la guerre civile longue de plusieurs dĂ©cennies qui a fait rage dans le pays, le rĂ©gime du prĂ©sident Rajapakse commence Ă  montrer ses premiĂšres fissures. Nous en avons parlĂ© avec Siritunga Jayasuriya, secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral d’United Socialist Party, section du ComitĂ© pour une Internationale OuvriĂšre au Sri Lanka et parti-frĂšre du PSL.

    Dix ans aprĂšs le tsunami et cinq ans aprĂšs la fin officielle de la guerre, le gouvernement de Rajapakse parle d’une forte croissance Ă©conomique et de prospĂ©ritĂ©. La situation est-elle vraiment meilleure pour le commun de la population ?

    Siritunga: “Une partie importante de la population qui a, Ă  l’époque, Ă©tĂ© touchĂ©e par le tsunami en supporte encore les consĂ©quences aujourd’hui. Presque 10 Ă  15 % des victimes de l’époque Ă©prouvent toujours des problĂšmes consĂ©cutifs au tsunami. C’est particuliĂšrement le cas dans l’est du pays, dans et autour de Pottuvil et dans d’autres villes de l’est. Beaucoup n’ont toujours pas de maison et vivent dans des centres d’accueil temporaires. AprĂšs le tsnunami, il y a eu beaucoup de soutien de l’ouest mais il n’y a pas eu de plan pour aider les victimes. Lors de la reconstruction, beaucoup d’argent a disparu et il y a eu de la discrimination surtout vis-Ă -vis de la population de l’est.

    “Le gouvernement dit que maintenant, tout va bien et qu’il y a une croissance Ă©conomique. Mais ce soi-disant dĂ©veloppement Ă©conomique ne bĂ©nĂ©ficie pas Ă  la plus grande partie de la population. Il y a des travaux d’infrastructure, mais quelles sont les prioritĂ©s ? Les grands prĂȘts de la Chine sont utilisĂ©s pour servir le planning du prĂ©sident et de sa famille pas pour la population.

    “Prenez Hambantota, le district dont Rajapakse est originaire. On y a construit un nouveau port maritime, un nouvel aĂ©roport, un nouveau stade,
 qui ont d’ailleurs tous Ă©tĂ© appelĂ©s comme Rajapakse. Mais dans le port, il n’y a pas de bateaux, au stade, pas la moindre Ă©quipe de cricket. On dĂ©pense beaucoup d’argent et le rĂȘve de Rajapakse Ă©tait de concurrencer Singapour. Mais pourquoi construire un nouveau port Ă  une distance relativement courte des ports existants de Galle et de Colombo ? Les facilitĂ©s ne sont pas adaptĂ©es et la rĂ©expĂ©dition de navires depuis Colombo coĂ»te plus cher au pays et Ă  la communautĂ©. La population n’en tire aucun avantage, seul compte le prestige du prĂ©sident et de sa famille.

    “Alors que le gouvernement augmente les taxes sur les biens de base comme les oignons et les pommes de terre, ce qui crĂ©e des problĂšmes Ă  la population, la taxe sur les voitures de sport de luxe a Ă©tĂ© supprimĂ©e. Le fait que le fils du prĂ©sident se ballade volontiers en Lamborghini n’y est pas Ă©tranger. Cela rĂ©sume bien le projet du gouvernement et pourquoi le mĂ©contentement augmente.

    “Lors des Ă©lections provinciales, ce mĂ©contentement croissant a Ă©tĂ© vĂ©rifiĂ©. Le gouvernement a perdu et cela l’inquiĂšte. Il y a un peu de confusion sur ce qui va se passer maintenant. Nous en saurons certainement plus le 1er mai. Alors, tous les partis organiseront des activitĂ©s et des marches dans le pays. MĂȘme le gouvernement le fait et profite de l’occasion pour faire des dĂ©clarations.”

    MalgrĂ© le mĂ©contentement croissant, l’opposition officielle ne semble pas bien s’en tirer. L’UNP (United National Party) de droite a Ă  peine progressĂ©. Comme cela se fait-il ?

    Siritunga: “L’UNP est un parti capitaliste pro-occidental qui n’a aucun progrĂšs Ă  offrir Ă  la population. En fait, le programme de l’UNP est aujourd’hui exĂ©cutĂ© par ce gouvernement, c’est un programme de rĂ©formes nĂ©olibĂ©rales. Le manque d’alternative proposĂ©e par l’UNP met le parti en crise et le fait stagner. Lors de ces Ă©lections, le dĂ©pĂ©rissement a stoppĂ© mais il n’y a pas eu de progression.

    “Le fait que le gouvernement ait maintenant peu de soutien mĂȘme Ă  Colombo a constituĂ© un nouveau facteur lors de ces Ă©lections provinciales. Le fait que le gouvernement avait peu de soutien dans le nord et l’est n’était pas nouveau. Mais maintenant, les Tamouls et les musulmans dans la capitale ont massivement votĂ© contre le gouvernement. Aucun des candidats tamouls ou musulmans de la coalition gouvernementale n’a obtenu de siĂšge. Cela indique une forte mĂ©fiance Ă  l’égard du gouvernement. A Colombo, un parti tamoul, le Democratic People’s Front (DPF) de Mano Ganeshan, a obtenu un bon rĂ©sultat et deux Ă©lus. Ce parti comporte des Ă©lĂ©ments de gauche, le bon rĂ©sultat obtenu exprime principalement le fait que les Tamouls de la capitale voulaient voter pour un parti tamoul.

    “Cinq ans aprĂšs la fin de la guerre, ces Ă©lections ont clairement dĂ©montrĂ© que les trois grandes communautĂ©s du pays, la majoritĂ© cingalaise et les minoritĂ©s tamoule et musulmane prennent chacune leur voie. Il n’y a pas de plus grande unitĂ© nationale comme le prĂ©tend le gouvernement tout au contraire. Cela ne s’est pas exprimĂ© par les armes mais via l’isoloir. Le systĂšme capitaliste n’est pas Ă  mĂȘme de construire l’unitĂ©.”

    Une rĂ©solution des Nations Unies Ă  GenĂšve exige une enquĂȘte internationale sur les crimes de guerre au Sri Lanka. Le gouvernement de Rajapakse y a rĂ©agi trĂšs nĂ©gativement. Est-il question de conciliation ?

    Siritunga: “Le gouvernement essaie de crĂ©er un nouveau spectre LTTE (Tigres de libĂ©ration de l’Îlam Tamoul). Pour les Ă©lections provinciales, une rhĂ©torique anti-impĂ©rialiste d’opposition aux USA a Ă©tĂ© utilisĂ©e. Cela n’a pas fonctionnĂ©. Maintenant, on recourt Ă  nouveau Ă  la division nationale en mettant en avant un danger de terrorisme.

    “Une majoritĂ© de la population ne veut absolument pas de retour Ă  la guerre. MĂȘme les Tamouls ou les musulmans ne le veulent pas. Personne ne veut le retour de la guerre. Mais si le problĂšme persiste et que les minoritĂ©s n’obtiennent pas de droits et de libertĂ©s, un retour Ă  la violence n’est pas exclu Ă  l’avenir. La population tamoule au nord et Ă  l’est ne veut pas la guerre, elle veut diriger sa propre province et disposer de la libertĂ©. La prĂ©sence militaire et la rĂ©pression menĂ©e au nord conduisent Ă  de nouvelles frustrations.”

    Quelles rĂ©ponses l’United Socialist Party met en avant ?

    Siritunga: “Sur les 66 ans d’indĂ©pendance, tant la coalition gouvernementale autour SLFP que l’UNP ont chacun dĂ©tenu le pouvoir pendant 33 ans. Ils ont dĂ©montrĂ© qu’ils n’apportent aucune solution aux problĂšmes socio-Ă©conomiques et Ă  la question nationale. Beaucoup d’argent a Ă©tĂ© consacrĂ© Ă  la guerre et il y a de l’argent pour le dĂ©veloppement mais pour les besoins sociaux de la majoritĂ© de la population, il n’y a rien.

    “Il faut un gouvernement de travailleurs et de pauvres. Pour y parvenir, nous devons unifier le mouvement ouvrier et la gauche. Il y a pour l’instant des centaines de syndicats. Rien que pour le rail, il y en a 50. L’USP dĂ©fend l’idĂ©e d’une convention nationale de reprĂ©sentants Ă©lus des syndicats pour dĂ©cider d’actions Ă  mener. Les dirigeants syndicaux actuels sont une entrave Ă  l’aboutissement d’une telle convention dĂ©mocratique nationale.

    “Nous devons, nous les partis de gauche, lutter ensemble contre le capitalisme. Dans la crise Ă  venir, l’USP jouera un rĂŽle actif. Notre participation Ă©lectorale en Ă©tait les prĂ©mices. Sans publicitĂ©, nous avons obtenu 605 voix Ă  Galle et 739 Ă  Kaluthara. Dans la pĂ©riode Ă  venir, nous continuerons Ă  discuter avec la population et Ă  construire une alternative socialiste. Une gauche unie dans la lutte contre le nĂ©olibĂ©ralisme et pour le socialisme nous renforcerait.”

  • Sri Lanka. Les Ă©lections provinciales contrecarrent les projets prĂ©sidentiels

    Par Siritunga Jayasuriya, secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral d’United Socialist Party (Sri Lanka)

    Les Ă©lections provinciales dans les provinces du Sud et de l’Ouest du Sri Lanka, fin mars, ont donnĂ© un rĂ©sultat remarquable par rapport aux Ă©lections prĂ©cĂ©dentes. Les Ă©lections ont Ă©tĂ© anticipĂ©es aprĂšs que deux conseils provinciaux aient Ă©tĂ© dissous selon un « plan par Ă©tapes » du prĂ©sident Rajapakse. Son intention Ă©tait de montrer que la population dans le Sud du pays lui est largement favorable. Il pensait que cela affaiblirait le parti d’opposition de droite UNP ainsi que d’autres forces d’opposition et qu’il pourrait ensuite adapter la Constitution afin de lui autoriser un troisiĂšme mandat de prĂ©sident avant d’organiser de nouvelles Ă©lections prĂ©sidentielles. Le gouvernement pensait que les partis d’opposition allaient surtout se chamailler entre eux.

    Pour faire passer ce plan, le rĂ©gime de Rajapakse a menĂ© une campagne mĂ©diatique massive visant Ă  monter l’opinion publique contre la rĂ©solution introduite par les Etats-Unis devant la commission des droits de l’homme de l’ONU. Cette rĂ©solution proposait une enquĂȘte internationale sur les violations des droits de l’homme lors de la phase finale de la guerre au Nord. Elle a Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©e par le rĂ©gime comme une conspiration des impĂ©rialistes et de soi-disant traitres anti-rĂ©gime qui veulent un « changement de rĂ©gime ». Il a Ă©tĂ© demandĂ© Ă  la population au Sud de protĂ©ger le prĂ©sident Rajapakse.

    Le gouvernement savait Ă  l’avance que le vote sur la rĂ©solution de l’ONU aurait lieu Ă  GenĂšve le 27 mars. La docile commission Ă©lectorale s’est pliĂ©e au projet du gouvernement. Ces Ă©lections revĂȘtaient donc plus d’importance que les autres. De sa propre initiative, le gouvernement avait fait de ces Ă©lections un sorte de rĂ©fĂ©rendum.

    Depuis le moment des nominations jusqu’à celui des Ă©lections, tout a Ă©tĂ© orchestrĂ© par le prĂ©sident et les autres leaders de la coalition au pouvoir. Ce faisant, les problĂšmes de la population n’ont, Ă  aucun moment, Ă©tĂ© pris en compte. On a consciemment jouĂ© la carte du patriotisme en demandant aux Ă©lecteurs de soutenir le leader qui « a vaincu le terrorisme et sauvĂ© le pays ». On rĂ©pĂ©tait sans cesse que la rĂ©solution de GenĂšve reprĂ©sentait un danger en tant qu’Ă©lĂ©ments d’une conspiration visant Ă  renverser le rĂ©gime.

    La propagande anti-USA n’a eu aucun effet

    Le jour des Ă©lections, Rajapakse est allĂ© voter Ă  Madamulana dans son district Hambantota. Il a dĂ©clarĂ© qu’avec ces Ă©lections, les gens devaient clairement montrer qu’ils se prononçaient contre la rĂ©solution votĂ©e Ă  GenĂšve. Il contrevenait ainsi, sans vergogne, Ă  toutes les lois Ă©lectorales. Cette dĂ©claration, le matin-mĂȘme des Ă©lections, a largement Ă©tĂ© diffusĂ©e dans tous les mĂ©dias. Le ministre des affaires Ă©trangĂšres G.L. Peiris a, entre-temps, trouvĂ© une nouvelle formule mathĂ©matique pour expliquer que les USA avaient subi un revers Ă  GenĂšve. Il estimait que la rĂ©solution n’avait obtenu que 23 votes pour, 12 voix contre et 12 abstentions et que, par consĂ©quent, le Sri Lanka l’avait remportĂ© par 24 voix…

    Ce contexte est important pour analyser les rĂ©sultats des Ă©lections dans le Sud. La population au Sud n’a pas suivi l’appel du Rajapakse et de son gouvernement. Le prĂ©sident est restĂ© plus d’une semaine dans sa rĂ©gion natale pour y susciter l’intĂ©rĂȘt des Ă©lecteurs envers son parti. Ces derniĂšres annĂ©es, des travaux d’infrastructure importants ont Ă©tĂ© entrepris dans le district d’Hambantota avec la construction d’un port international, d’un aĂ©roport, d’un stade,
 Ils ont tous Ă©tĂ© appelĂ©s comme le prĂ©sident :  port Rajapakse’, ‘aĂ©roport Rajapakse’,
 Mais cela n’a pas suffi Ă  obtenir l’effet escomptĂ©. Il y a eu une chute spectaculaire du nombre de voix en faveur de Rajapakse.

    Le nombre de personnes qui ont Ă©tĂ© voter dans le district d’Hambantota a diminuĂ© de 70,2% Ă  66,8%, mĂȘme aprĂšs que le prĂ©sident se soit personnellement dĂ©placĂ©. Dans la province du Sud, la coalition au pouvoir a obtenu 804.071 voix lors des prĂ©cĂ©dentes Ă©lections provinciales en 2009. Maintenant, ils n’ont plus eu que 699.408 voix, soit 104.663 voix de moins. Le nombre d’élus a chutĂ© de 38 Ă  33. Dans la province occidentale, la coalition gouvernementale est passĂ©e de 1.404.440 voix en 2009 Ă  1.363.675 voix aujourd’hui. Le nombre de siĂšges a chutĂ© de 68 Ă  56.

    Une nouvelle situation

    Les rĂ©sultats indiquent que la marche triomphale de Rajapakse touche Ă  sa fin. Cela a commencĂ© avec la victoire lors des Ă©lections prĂ©sidentielles de 2005 et ensuite, il y a eu un momentum avec une victoire encore plus aisĂ©e lors des Ă©lections prĂ©sidentielles suivantes juste aprĂšs la dĂ©faite des Tigres tamouls en 2009. Le point d’orgue de son triomphe a eu lieu lors des Ă©lections parlementaires de 2010. Entre-temps, beaucoup de gens constatent que leurs problĂšmes socio-Ă©conomiques ne disparaissent pas et que le gouvernement ne pourra plus refouler ces thĂšmes longtemps par le racisme et l’hystĂ©rie martiale.

    Cela constitue un important revirement. La progression du rĂ©gime de Rajapakse est sous pression et il y a une nouvelle composition des forces anti-gouvernementales. Il y a eu des manifestations Ă  Weliweriya Ratupaswala pour exiger la fermeture d’une entreprise qui pollue l’eau. Lors des Ă©lections, des milliers de personnes ont occupĂ© les rues Ă  Dematagoda, Colombo, pour protester contre leur expulsion au nom d’un soi-disant dĂ©veloppement. A Avissawella Thunnana, il y a eu des protestations contre la pollution de l’eau par une fabrique de caoutchouc. Lors de cette action, un agent de police a perdu la vie. Les travailleurs et les pauvres commencent Ă  agir collectivement pour dĂ©fendre leurs droits et exprimer leur mĂ©contentement face au systĂšme actuel.

    L’image de Rajapakse tel un roc imprenable commence Ă  s’effriter. Mais nous devons aussi comprendre le caractĂšre des partis d’opposition. Le principal parti d’opposition est l’UNP, pro-capitaliste. Il est parvenu Ă  Ă©viter un dĂ©pĂ©rissement de son nombre de voix mais le parti n’a pas rĂ©ussi Ă  regagner le confiance des masses. MĂȘme Ă  un moment oĂč la population se retourne contre le rĂ©gime, ça ne marche pas. L’UNP n’a obtenu qu’un score minimal et n’est pas parvenu Ă  attirer les voix des minoritĂ©s.

    L’UNP a obtenu six siĂšges dans la ville de Colombo oĂč il a battu des candidats du gouvernement. Mais le Democratic People’s Front dirigĂ© par Mano Ganeshan et soutenu officiellement par la TNA (Tamil National Alliance) a obtenu 44.156 des voix et a gagnĂ© deux siĂšges. Cela indique qu’une majoritĂ© des Tamouls qui habitent Ă  Colombo ont votĂ© pour le DPF. Une large majoritĂ© de bouddhistes cingalais des faubourgs de Colombo a votĂ© pour les autres partis non-gouvernementaux. Le rĂ©sultat de Mano est comparable Ă  la victoire de Vigneshwaran au Nord, en septembre. Le rĂ©sultat du DPF peut ĂȘtre considĂ©rĂ© comme un premier pas pour les Tamouls pour mettre en avant leur propre identitĂ© et de s’écarter des principaux partis capitalistes tant gouvernementaux que celui d’opposition UNP.

    Nouveaux liens de coopération

    Le Muslim Congress, qui fait partie du gouvernement, a tentĂ©, une fois de plus, de tromper la population musulmane mais n’y est pas parvenu. Ce parti n’a obtenu que 20.183 voix et un seul Ă©lu. Un Ă©lĂ©ment important de ces Ă©lections est qu’aucun candidat tamoul ou musulman de la coalition gouvernementale n’est parvenu Ă  se faire Ă©lire. C’est une indication du fait que le gouvernement de Rajapakse est rejetĂ© non seulement par la population du Nord et de l’Est mais aussi par les Tamouls et les musulmans de la mĂ©tropole, Colombo.

    Le Parti DĂ©mocratique de l’ancien dirigeant militaire Sarath Fonseka a obtenu 7,9% dans la province occidentale et 6,2% dans la province du Sud. Cela exprime un vote anti-gouvernement pour ceux qui en ont marre des disputes internes Ă  l’UNP. A cĂŽtĂ© de ça, une partie de couches plus chauvines et militaristes a votĂ© pour le parti de Fonseka.

    Le JVP chauvin a jouĂ© un rĂŽle central dans la victoire Ă©lectorale de Rajapakse en 2005 et Ă©tait un fervent dĂ©fenseur de la guerre. Au cours de la derniĂšre pĂ©riode, le parti Ă©tait dans les cordes mais avec ces Ă©lections, il y a un rĂ©tablissement. Ce parti a mĂȘme reçu pas mal d’attention de la part des mĂ©dias bourgeois. Il y a un nouveau dirigeant de parti : Somawansha Amarasinghe a Ă©tĂ© remplacĂ© par Anura Kumara Dissanayaka. Celui-ci a tout de suite essayĂ© de balayer quelques vieux « pĂȘchĂ©s ». Dans une certaine mesure, il y est parvenu.

    Le JVP dĂ©fend l’idĂ©ologie petite-bourgeoise cingalaise concernant la question nationale. Le parti essaie de se faire passer pour une nouvelle puissance “propre” qui s’oppose Ă  la corruption et ce, au nom des masses bouddhistes cingalaises. Le nouveau programme du parti, “Notre vision”, a Ă©tĂ© prĂ©sentĂ© par les leaders religieux bouddhistes Ă  Kandy. Le nouveau programme contient une idĂ©ologie bouddhiste cingalaise arriĂ©rĂ©e qui est centrale pour le JVP.

    Le JVP a obtenu de bons rĂ©sultats lors de ces Ă©lections mais l’espoir des jeunes d’un avenir socialiste (une part de sa propagande) avec le JVP va en prendre un sacrĂ© coup dans la crise Ă  venir. Les voix pour le JVP sont, d’une façon assez obscure, Ă©galement l’indication qu’une partie des masses se radicalise et veut construire une alternative anticapitaliste Ă  gauche.

    Le réponse du régime

    Le rĂ©gime essaie d’utiliser la rĂ©pression maintenant qu’il perd un peu prise sur le pouvoir. Dans le Nord, une « tigrophobie » anti-tamouls est créée et de dures mesures rĂ©pressives sont annoncĂ©es. MĂȘme si Ruki Fernando et Fr. Praveen Mahesan ont Ă©tĂ© libĂ©rĂ©s, leurs droits dĂ©mocratiques sont fortement bridĂ©s. Pas de libertĂ© en vue pour Jeya Kumari et sa fille Vibhushika qui ont Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©s Ă  Kilinochchi. Les gens sont arrĂȘtĂ©s sur base de lois anti-terrorisme et emprisonnĂ©s Ă  durĂ©e indĂ©terminĂ©e. Dans la pratique, il y a un rĂ©gime militaire au Nord avec le gouvernement qui mĂšne campagne contre le soi-disant retour des Tigres tamouls. Le gouvernement a interdit 16 organisations dans le pays sous prĂ©texte qu’elles sont liĂ©es au LTTE. C’est un Ă©lĂ©ment de la campagne gouvernementale.

    Pour le rĂ©gime de Rajapakse, jouer sur les sentiments nationalistes bouddhistes cingalais est la seule option de survie. Le gouvernement a annoncĂ© qu’aucune enquĂȘte internationale sous les conditions de la rĂ©solution de GenĂšve ne sera autorisĂ©e. Cela peut avoir des consĂ©quences extrĂȘmes pour le pays et mener Ă  une crise des relations internationales. L’industrie textile du Sri Lanka a dĂ©jĂ  beaucoup endurĂ© suite Ă  la suspension des accords de libre-Ă©change GSP+ avec l’Union europĂ©enne. La position dure du gouvernement envers GenĂšve peut provoquer de nouveaux problĂšmes.

    Il possible que Rajapakse procĂšde Ă  des Ă©lections anticipĂ©es aprĂšs avoir adaptĂ© la constitution. Mais mĂȘme cela ne sera pas aisĂ© pour le rĂ©gime. En effet, l’opposition prend de l’ampleur.

    L’United Socialist Party

    Lors de ces Ă©lections, l’Etat a utilisĂ© des mĂ©thodes de gangster. Oppression, corruption et violence ont dominĂ©. L’United Socialist Party (section srilankaise du ComitĂ© pour une Internationale OuvriĂšre et parti-frĂšre du PSL) a pris part aux Ă©lections avec un programme clairement socialiste. Nous n’avons reçu aucune attention mĂ©diatique. Nous avons obtenu 605 voix Ă  Galle et 739 Ă  Kaluthara. Les voix obtenues dans ces localitĂ©s sont selon nous un signe avant-coureur d’un soutien plus large dans la pĂ©riode Ă  venir.

    Le gouvernement est confrontĂ© Ă  d’énormes difficultĂ©s. Nous ne pouvons attendre pour construire une force anticapitaliste qui unisse les diverses organisations de gauche, les travailleurs actifs, les jeunes et les reprĂ©sentants des communautĂ©s de paysans et pĂȘcheurs pauvres. Il est, pour ce faire, essentiel de construire une organisation nationale du monde du travail et des syndicats. L’USP peut jouer un rĂŽle dĂ©cisif dans ce processus.

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