Category: Asie

  • Mobilisation de masse à Hong Kong: 130.000 manifestants contre la répression

    130.000 personnes ont manifesté le dimanche 28 avril.

    Après la manifestation de masse du 28 avril, il faut une grève générale politique de 24h !

    La participation massive de 130 000 personnes à la manifestation de ce dimanche 28 avril contre l’agenda répressif du gouvernement a changé la situation politique à Hong Kong. Il s’agissait de la plus grande manifestation depuis la ‘‘Révolution des parapluies’’ de 2014, la plus longue occupation d’une grande ville qui avait duré 79 jours.

    Rapport de Dikang, Socialist Action (CIO Hongkong)

    Cette mobilisation contre les amendements apportés par le gouvernement à la loi d’extradition de Hong Kong a été lancée en 11 jours à peine. Elle est devenue une véritable manifestation de colère contre l’administration non élue de Carrie Lam (cheffe de l’exécutif de Hong Kong). Les nouvelles lois permettront aux résidents de Hong Kong et même aux étrangers transitant par l’aéroport d’être extradés vers la Chine, où 99 % des condamnations judiciaires sont fondées sur des “aveux” régulièrement extorqués par la torture et la coercition ; En Chine, les droits juridiques fondamentaux – comme de choisir soi-même son avocat – n’existent pas. Ces modifications auraient pour effet de légaliser l’enlèvement de dissidents politiques à Hong Kong par l’Etat chinois.

    L’Article 23

    Le Front des droits civiques, une coalition de groupes pro-démocratie qui a appelé avec succès à participer à cette marche, est une illustration de la manière dont la pression de masse s’est accumulée sur les différents partis et groupes pan-démocratiques pour “faire quelque chose”. Une manifestation précédente, le 31 mars, avait attiré environ 12.000 personnes. Les groupes pan-démocratiques de droite plus modérés – largement aux abonnés absents au cours des trois dernières années d’escalade de la répression étatique – étaient sceptiques quant à l’idée d’une nouvelle manifestation. Ils craignaient qu’elle ne soit “petite” et ne soit une “preuve de faiblesse”.

    Au cours des trois décennies de lutte pour la démocratie à Hong Kong, ces soi-disant dirigeants n’ont jamais été les initiateurs de mouvements de masse pour les droits démocratiques. Ils ont plutôt été obligés de courir après les événements en craignant d’être mis de côté par la dynamique de celles-ci. Ce fut une fois de plus le cas.

    Le pilier de l’establishment Regina Ip a comparé cette gigantesque manifestation à la marche historique du 1er juillet 2003, forte de 500.000 personnes. Elle fut à l’époque forcée de quitter son poste de ministre de la Sécurité suite à ce mouvement et son ‘‘article 23’’ concernant la sécurité nationale a été abandonné. Le gouvernement de Carrie Lam subit de plus en plus de pressions de la part de la dictature chinoise pour qu’il reprenne le flambeau et introduise l’article 23 dans un proche avenir, ce que Lam et Cie ont hésité à faire précisément parce que cela peut relancer la lutte de masse pour la démocratie. Le lendemain de la manifestation du 28 avril, Ip a déclaré que le gouvernement ne pouvait pas se permettre de reculer cette fois-ci, avertissant que cela “affecterait la gouvernance”.

    Les commentaires d’Ip, repris par les ministres du gouvernement et la cheffe de l’exécutif Carrie Lam elle-même, démontrent que la classe dirigeante réalise – et craint – que la lutte actuelle dispose d’un potentiel similaire. 2003 a représenté une défaite historique pour l’establishment capitaliste pro-chinois de la ville et un revers pour la dictature chinoise. Celle-ci s’est vue contrainte de faire preuve de prudence dans sa gestion de Hong Kong les années qui ont suivi. Mais la bataille d’aujourd’hui s’inscrit dans un contexte différent, après trois années de répression politique sans précédent, de procès-spectacles et d’interdictions imposées aux partis politiques. Les enjeux sont plus élevés.

    Le siège du Legco (le Conseil législatif de Hong Kong)

    Comme nous l’ont déclaré d’innombrables manifestants, en particulier les jeunes présents en nombre, “manifester ne suffit pas”. Les orateurs de Socialist Action ont été applaudis à maintes reprises lorsqu’ils ont appelé à l’escalade de la lutte en soulignant que le gouvernement n’avait jusqu’à présent pas l’intention de battre en retraite, même avec 130.000 personnes dans les rues.?Comme nous l’avons dit, le mouvement doit riposter avec une détermination similaire : nous ne reculerons pas ! Mais de quoi a-t-on besoin pour faire progresser la lutte ?

    Nous disons oui à la proposition de “siège” – une occupation – face au Legco comme l’ont défendu les dirigeants de la mobilisation (ce qui reflète l’énorme pression exercée sur eux par les manifestants) : il doit commencer dès que possible. Mais même cela ne suffira pas. Pour faire échec à la loi sur l’extradition, obtenir la libération des prisonniers politiques, faire tomber le régime autoritaire de Lam et obtenir des droits démocratiques authentiques et complets, la lutte de Hong Kong doit se transformer en action de grève.

    Si 1 000 écoliers ont pu le faire le 15 mars dernier dans le cadre de la grève mondiale pour le climat, imaginez quelle serait la réponse si les dirigeants de la manifestation appelaient – immédiatement, afin de ne pas gâcher l’élan – à une première journée de grève politique de tous les travailleurs et étudiants sur le territoire ! C’est un pas que la Révolution des parapluies de 2014 n’a malheureusement jamais aspiré à franchir et c’est l’une des principales raisons qui explique pourquoi ce mouvement s’est terminé dans la frustration et sans obtenir la moindre concession.

    Il faut s’inspirer des révolutions actuelles en Algérie et au Soudan, où les masses ont chassé les dictateurs du pouvoir. Les grèves des travailleurs représentent quelque chose de tout à fait différent des manifestations de rue du passé, aussi importantes soient-elles, parce qu’elles touchent directement les profits des sociétés milliardaires et remettent en cause le contrôle des capitalistes sur l’économie.

    Le gouvernement s’entête, même après la gigantesque manifestation du 28 avril. “Nous ne battrons pas en retraite”, clame Carrie Lam. La même réponse, soutenue par une véritable organisation, doit être donnée par le mouvement démocratique – nous ne reculerons pas, nous irons de plus en plus loin jusqu’à ce que les politiques autoritaires de Lam et leurs auteurs soient complètement vaincus !

    Le magazine “Socialist” – Notre appel à une grève politique de 24 heures a suscité les applaudissements.
  • Sri Lanka. Non aux attentats terroristes ! Unis, les travailleurs peuvent repousser le racisme et la division

    L’United Socialist Party au Sri Lanka, la campagne Tamil Solidarity et le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) condamnent fermement les attaques atroces qui ont eu lieu au Sri Lanka le dimanche de Pâques (21-04-2019).

    Des attaques bien coordonnées ont eu lieu en huit endroits, dont trois églises qui se remplissaient alors à l’occasion des prières du dimanche de Pâques. Outre six sites à Colombo, des églises célèbres à Negambo et Batticalo ont également été visées. Au moment de rédiger le présent article, on estime que plus de 300 personnes ont perdu la vie et plus de 500 autres sont blessées. Il semblait que le nombre de morts devait encore augmenter. Les victimes de cette attaque aveugle venaient de tous les principaux groupes ethniques et religieux du Sri Lanka : des gens parlant les principales langues, le tamoul et le cinghalais, de même que des musulmans, des hindous, des bouddhistes ainsi que des chrétiens. Des Britanniques, Chinois, Néerlandais, Portugais et Turcs qui étaient dans le pays sont également décédés dans l’attaque.

    On ne sait toujours pas qui était derrière tout cela. Personne n’en a encore revendiqué ces attaques. Le gouvernement sri-lankais affirme que les attaques ont été perpétrées par des “extrémistes religieux”. On ne sait pas très bien quel groupe est à l’origine de ces attaques insensées. Le premier ministre a établi un lien entre ces meurtres et l’attaque qui a eu lieu en Nouvelle-Zélande. Dans cette incertitude, la peur s’empare du pays. Le gouvernement a fermé tous les médias sociaux et a déclaré l’urgence nationale ainsi qu’un couvre-feu. L’armée s’est déployée dans les rues alors que le gouvernement continue de maintenir le pays dans une atmosphère très tendue.

    Le choix des lieux où les attentats ont été commis et l’extrémisme religieux qu’ils révèlent ont choqué toutes les communautés. Bien que des massacres de cette nature n’aient jamais eu lieu dans l’histoire du Sri Lanka, les meurtres violents ne sont pas choses neuves. Cette année marque le dixième anniversaire de la fin brutale de la guerre civile qui a duré trois décennies. Plus de 140.000 personnes auraient péri au cours de la dernière phase de la guerre uniquement. Le principal parti d’opposition actuel, le Sri Lanka Freedom Party (SLFP) et l’ancien président Mahinda Rajapaksa et sa famille sont largement responsables des massacres génocidaires perpétrés contre la minorité tamoule durant la guerre avec les LTTE (Tigres de libération de l’Eelam tamoul) qui ont combattu pour disposer d’une nation séparée. Dans le passé, le clan Rajapaksa contrôlait une grande partie de l’appareil d’État, y compris le ministère de la Défense.

    Depuis la fin de la guerre en mai 2009, les tensions entre les trois principales communautés vivant au Sri Lanka se sont considérablement exacerbées. Aucune mesure concrète n’a été prise pour améliorer les conditions de vie des dizaines de milliers de victimes de la guerre. Nombre d’entre elles sont toujours détenues en tant que prisonniers politiques. Aucune mesure n’a été prise pour régler la question des disparitions ou celle de la libération des terres occupées par l’armée. Les droits démocratiques continuent d’être bafoués.

    Le triomphalisme de la famille de Mahinda Rajapaksa dès la fin de la guerre a renforcé le chauvinisme bouddhiste. Bien que l’extrémisme bouddhiste ne soit soutenu que par une petite minorité de la population majoritaire cingalaise de l’île, il a été consciemment encouragé par la famille de Mahinda Rajapaksa. L’ancien ministre de la défense Gotabaya Rajapaksa a été directement impliqué dans la création du Bodu Bala Sena (BBS), une organisation de moines bouddhistes ouvertement raciste. Cette organisation a ciblé la communauté musulmane. Leur propagande haineuse a débouché sur un certain nombre d’attaques contre la minorité musulmane. En outre, les sentiments anti-musulmans ont été renforcés, en particulier dans la partie orientale du Sri Lanka où vivent la majorité des musulmans.

    Jouer sur ces divisions est considéré comme nécessaire par ceux qui cherchent à retourner au pouvoir sans rien n’avoir à offrir à la masse des gens ordinaires. Ils cherchent donc à disposer d’une base parmi les groupes de droite et leurs partisans tels que Gotabaya Rajapaksa. Gotabaya a créé une organisation appelée Eliya à cet effet. Les membres dirigeants de cette organisation prônent ouvertement la haine contre d’autres communautés, en particulier contre les musulmans parlant la langue tamoule.

    L’expulsion de tous les musulmans du nord par les LTTE dans les années 1990 a ouvert de larges divisions entre les Tamouls hindous principalement basés au Nord et les musulmans. Les blessures infligées au cours de cette expérience ne sont pas encore complètement cicatrisées. Depuis les émeutes de 1915 contre les musulmans, la communauté musulmane du Sri Lanka est la cible de toutes sortes de préjugés, elle se sent marginalisée. L’isolement qui en résulte et la crainte justifiée d’une attaque contribuent à une situation où les dirigeants autoproclamés ont bénéficié d’une énorme autorité alors qu’ils se présentent comme une voix forte pour la communauté. Cependant, ce séparatisme n’a pas permis d’améliorer les conditions de vie de la majorité des musulmans qui vivent dans une pauvreté extrême.

    Cette situation ainsi que les événements mondiaux ont entraîné l’émergence d’un certain radicalisme religieux d’extrême droite au sein de la population musulmane. Cependant, seule une petite minorité de la population musulmane souscrit à ces idées. La majorité de la population musulmane s’oppose aux idées de l’islam politique de droite. Il est également bien connu dans le passé que le gouvernement sri-lankais a formé des groupes paramilitaires et les a armés afin de les utiliser dans la guerre contre les LTTE. Pendant de nombreuses décennies, les gouvernements de droite du Sri Lanka ont trouvé les diverses formes d’extrémisme religieux utiles pour les mobiliser, promouvoir la violence intercommunautaire et, en fin de compte, maintenir leurs régimes instables en place.

    C’est pour cela que beaucoup de gens soupçonnent aujourd’hui que le ministère de la Défense – ou du moins les partisans de l’ancien ministre de la Défense – est impliqué d’une manière ou d’une autre dans ces attaques. Le ministre de premier plan Mano Ganesan a admis que les agents de la Division de la sécurité ministérielle (DSM) avaient été avertis il y a quelques jours que des kamikazes visaient des politiciens. Il est également apparu que de nombreux ministres et leurs familles se sont préparés à se protéger contre toute attaque éventuelle. Le gouvernement sri-lankais n’a absolument pas averti la population de cette nouvelle et n’a fait aucun effort pour empêcher cette attaque.

    Les forces de droite ont déjà toutes tenté de tirer profit de ces horribles meurtres. Tout en prétendant être solidaires de toutes les communautés et en prêchant l’”unité”, ils propagent déjà la haine. Les partisans du Premier ministre indien Narendra Modi tentent de tirer parti de cette tragédie en affirmant qu’il s’agit d’une attaque organisée par des ressortissants pakistanais. Le célèbre homme politique de droite Subramaniyam Swamyam a déjà appelé au retour de la famille Mahinda pour contrer Daesh. Il a également appelé à voter en faveur de Modi pour éviter que de tels événements ne se produisent en Inde.

    Bien que le gouvernement sri-lankais et tous les partis de droite aient lancé des appels à la “paix et à l’unité”, leurs partisans et leurs dirigeants sont déjà en train de répandre la haine. Le personnel lié à l’organisation Eliya, dirigée par Gotabaya Rajapaksa, n’a pas manqué d’audace en contactant les principaux organisateurs de Tamil Solidarity pour leur demander de coopérer contre le “terrorisme islamique”. Ils ont prétendu qu’il s’agissait d’une intervention étrangère. La campagne Tamil Solidarity condamne ces attaques et collaborera avec toutes les forces véritablement en défense des droits de toutes les communautés. Mais c’est précisément la politique de division et de bellicisme de Rajapaksa et de ses partenaires qui a attisé la flamme de la division religieuse et ethnique dans le pays. Tamil Solidarity a donc rejeté cette proposition.

    Il existe une crainte généralisée que des représailles puissent être exercées contre la minorité musulmane, en particulier par les extrémistes bouddhistes. La tension entre les Tamouls et les musulmans de l’Est peut également s’exacerber. Les gouvernements sri-lankais faibles ont toujours eu recours à la division ethnique et religieuse pour se consolider et rester au pouvoir. Gotabaya Rajapaksa, en particulier, devrait selon toutes vraisemblances se servir de cet incident pour se remettre en évidence et revendiquer son statut de candidat aux prochaines élections présidentielles.

    Cependant, en peu de temps, les travailleurs et les pauvres de toutes les communautés ont démontré que d’autres puissantes traditions existent au Sri Lanka : celles de la solidarité. A l’hôpital de Kalmunai, une foule immense s’est réunie pour faire don de sang. Ce fut aussi le cas dans les hôpitaux du nord, dominé par les Tamouls, ainsi que dans le sud, dominé par les Cinghalais. Le Sri Lanka a une très longue histoire de lutte unitaire. L’United Socialist Party (USP, section du Comité pour une Internationale Ouvrière au Sri Lanka) s’inscrit dans cette tradition et continue de lutter pour construire une lutte unifiée de la classe ouvrière afin d’arracher tous les droits démocratiques, y compris le droit à la religion, la liberté d’expression et de réunion, le droit de grève et les droits nationaux des Tamouls. L’USP soutient également qu’il ne suffit pas de lutter pour des revendications démocratiques et souligne que la lutte unifiée doit s’en prendre au système capitaliste et établir une économie socialiste démocratiquement planifiée afin de mettre fin à toute oppression.

    On ne saura peut-être jamais qui est derrière ces meurtres odieux. Mais nous pouvons nous opposer ensemble aux conditions qui constituent le terreau propice à la menace d’attentats terroristes.

    Nous devons nous unir pour lutter en faveur de meilleures conditions de vie et de droits démocratiques pour tous. Nous devons nous opposer à toute propagande la haineuse et diviseuse reposant sur les boucs émissaires. Seules la classe ouvrière et les masses pauvres paient le prix de ces attentats terroristes.

    La classe capitaliste au pouvoir saisit toujours cette occasion pour réprimer nos droits démocratiques et consolider davantage son emprise sur le pouvoir. Tout en condamnant cette terreur, nous devons également nous opposer à l’hypocrisie de l’État sri-lankais qui est lui-même un État terroriste. L’action de unifiée de la classe ouvrière et la construction d’organisations de masse de la classe ouvrière est la seule chose qui peut nous protéger contre les divisions futures et l’escalade d’attentats qui pourraient survenir à l’avenir.

  • 8 mars. Hong Kong – Les travailleuses migrantes en lutte contre l’esclavage moderne


    ‘‘Ma première expérience en tant que travailleuse domestique à Hong Kong a été très mauvaise, je n’ai pas eu de jours de congé et l’employeur m’a même confisqué mon téléphone portable’’, raconte Mica, une travailleuse domestique migrante de 27 ans originaire d’Indonésie. La bataille que Mica a dû mener pour se sortir d’un contrat de travail cauchemardesque et éviter d’être expulsée de Hong Kong l’a poussée à s’organiser.

    Par Socialist Action (CIO-Hong Kong)

    Elle a rejoint le groupe indonésien de militantes migrantes KOBUMI, qui coopère étroitement avec Socialist Action dans diverses campagnes, et organise avec nous une manifestation à l’occasion de la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes pour défendre des revendications propres aux migrants mais aussi en solidarité avec les luttes féministes mondiales.

    Notre manifestation aura lieu à Hong Kong le dimanche 10 mars, le seul jour de congé pour les travailleurs domestiques migrants. Et certains n’ont même pas ça. Selon une nouvelle étude, environ six pour cent d’entre eux se voient refuser le moindre jour de congé, en toute illégalité.

    ‘‘L’employeur a refusé de me donner des congés, j’ai travaillé pendant trois mois sans prendre un seul jour de congé’’, nous explique Mica. ‘‘Le travail était très dur. Le patron avait fait une liste de mes tâches et du nombre de minutes que je pouvais y consacrer. On m’a accordé 15 minutes pour emmener l’enfant à l’école et ensuite revenir à la maison. Me rendre à l’école et au supermarché étaient les seules occasions où j’avais le droit de sortir. Ils avaient pris mon téléphone pour le placer sous vidéosurveillance afin de voir si je l’avais utilisé pendant la journée en leur absence. Une fois rentrés, ils vérifiaient ce que j’avais fait en leur absence grâce aux caméras.’’

    Aussi mauvais que ça puisse paraître, il y a des histoires encore pires que celle de Mica. 380.000 travailleurs domestiques migrants représentent 10 % de la main-d’œuvre de Hong Kong. La plupart sont issus d’Indonésie et des Philippines et travaillent ici pendant des années, voire des décennies, en ne voyant leurs propres enfants et leurs familles qu’une fois par an. Amnesty International qualifie cela de ‘‘sorte d’esclavage des temps modernes’’. Les conditions de vie des femmes migrantes sont souvent bien pires en Arabie saoudite et dans les États du Golfe – Hong Kong est généralement considérée comme un “paradis” en comparaison.

    Beaucoup de travailleuses domestiques ont vécu des expériences terribles. Les heures de travail sont longues pour des salaires de misère, mais il y a aussi des violations telles que la confiscation de passeports, de cartes bancaires et de téléphones. Les abus physiques et sexuels constituent de graves problèmes qui ne sont souvent pas signalés par les victimes de peur d’être licenciées et de devoir quitter Hong Kong.

    En février, une employée de maison philippine, Baby Jane Allas, a été diagnostiquée d’un cancer du col de l’utérus. Son médecin lui a prescrit un congé de maladie mais, peu de temps après, ses employeurs ont mis fin à son contrat, ce qui l’obligeait à quitter Hong Kong dans les deux semaines, selon ce qui est prévu par la loi. De cette façon, elle serait tout simplement privée de soins. Allas est une mère célibataire qui subvient aux besoins de cinq enfants aux Philippines. Des sympathisants et des amis l’aident aujourd’hui à porter l’affaire devant les tribunaux locaux et à demander une prolongation de visa.

    Pour le gouvernement de Hong Kong, les migrantes sont un moyen bon marché pour combler le vide créé par son refus d’investir dans les services publics tels que la garde d’enfants et les soins aux personnes âgées. Ces secteurs sont affamés alors que l’argent coule à flots vers les magnats capitalistes.

    Un gouvernement des riches et une exploitation infâme 

    C’est l’une des rares économies où les déficits budgétaires et le ‘‘socialisme’’ sont interdits en vertu de la mini constitution de Hong Kong, la Loi fondamentale. Le gouvernement ne consacre qu’environ la moitié de la moyenne de l’OCDE aux soins de santé et à la protection sociale en pourcentage du PIB (OCDE : les 36 pays les plus riches au monde). Les maisons de repos pour personnes âgées sont en nombre insuffisant en raison du sous-financement. Plus de 30.000 personnes sont sur liste d’attente pour une place dans un centre de soins et, chaque année, environ 4.000 d’entre eux décèdent avant d’en obtenir une.

    Le gouvernement de Hong Kong est l’un des plus riches au monde : ses réserves dépassent les mille milliards de dollars de Hong Kong (soit 127 milliards de dollars US). Ce gouvernement non élu, nommé par la dictature chinoise, consacre des sommes gigantesques pour des contrats d’infrastructure alors que Hong Kong possède déjà une infrastructure de classe mondiale, cela afin de transférer des moyens publics aux grands propriétaires et aux magnats de l’immobilier milliardaires qui dominent l’économie.

    Les travailleurs domestiques sont exportés à Hong Kong par les gouvernements capitalistes d’Asie du Sud-Est, des gouvernements qui appliquent des politiques capitalistes similaires et qui considèrent cette traite des êtres humains comme un bon moyen d’attirer au pays des devises fortes puisque les fonds envoyés par les travailleurs à l’étranger représentent une part importante du PIB de l’Indonésie et des Philippines. Cela atténue également la pression sur le marché intérieur du travail. Cette activité est gérée par des ‘‘agences de recrutement’’ sans scrupules, malhonnêtes et parasitaires qui perçoivent des honoraires illégaux et forcent les femmes migrantes à s’endetter.

    Une étude réalisée en 2017 par des étudiants de l’Université de Hong Kong a révélé que plus de 70% des agences de recrutement facturent des frais excessifs. La limite légale est de 431$HK, mais des frais de 15.000 $HK à 20.000 $HK – équivalent à presque cinq mois de salaire – ne sont pas rares. Cela pousse les femmes à s’endetter et elles sont obligées de tolérer toutes sortes de traitements – du déraisonnable au violent – afin de rembourser ces dettes.

    Une enquête réalisée en 2019 par l’Université chinoise révèle que plus de 70 % des travailleurs domestiques migrants travaillent plus de 13 heures par jour, tandis que près de 9 % d’entre eux déclarent travailler plus de 16 heures par jour et 5,9 % déclarent ne pas avoir droit à leur jour de congé légal une fois par semaine.

    La règle de résidence, qui oblige les travailleurs domestiques migrants à être logés chez leur employeur, est la cause principale de cette surcharge de travail et du refus d’accorder un temps de repos suffisant. Les heures ne peuvent pas être réglementées lorsqu’un travailleur vit aussi à la maison et qu’on lui demande d’accomplir des tâches ménagères, de nettoyer ou de s’occuper d’enfants, à toute heure du jour ou de la nuit. Seulement 43 pour cent des travailleuses domestiques de l’enquête disposaient de leur propre chambre. Les autres sont obligées de dormir dans les couloirs, les salles de bains, les réserves ou même de partager un lit avec les enfants.

    Voici la réalité telle qu’elle se présente dans une ville aux appartements notoirement trop petits, sauf pour les riches. Plus de 120 travailleurs migrants sont décédés à Hong Kong en 2016, principalement de maladies liées au stress comme l’hypertension.

    La riposte est vitale !

    Les organisations de migrants militent depuis des années pour l’abolition de la règle de résidence. Cette mesure a été introduite en 2003 en tant que mécanisme de contrôle social afin d’empêcher les migrants de s’implanter davantage dans l’économie locale et de limiter leur pouvoir de négociation. Ne pas respecter cette règle peut entraîner diverses sanctions allant de l’annulation d’un permis de travail à des poursuites pénales et à 14 ans d’emprisonnement.

    Le résultat peut-être le plus choquant de ces enquêtes concerne les niveaux de rémunération moyens qui, en 2017, étaient de 4.277 $HK (soit 545 $US) par mois, soit en dessous du salaire minimum des migrants qui était de 4.310 HK$ à l’époque (il a depuis été augmenté de 100 $HK par mois).

    Il y a des douzaines de raisons pour lesquelles les travailleuses migrantes et les travailleuses locales doivent s’unir et combattre ce système injuste, en s’assurant d’utiliser la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes comme prochain point de ralliement pour cette lutte. L’écart de rémunération à Hong Kong s’est creusé, les femmes gagnant en moyenne 22 % de moins que les hommes, contre 19 % il y a dix ans. A 60 ans, l’écart de rémunération entre hommes et femmes est encore plus important : les travailleuses ne perçoivent en moyenne que la moitié du salaire de leurs homologues masculins ! Les syndicats locaux, historiquement faibles à Hong Kong, n’ont pas fait assez pour défendre les droits des femmes ou pour assister l’organisation des migrants. Nous exigeons que cela change !

    Notre manifestation ce 10 mars comprendra des danses et des chants de femmes migrantes indonésiennes et des discours de Socialist Action, de KOBUMI et d’autres groupes de militants migrants. L’événement sera donc très international. Socialist Action diffusera des tracts en trois langues (anglais, chinois et indonésien). Nous marcherons également jusqu’au consulat indonésien. Des militants pour la démocratie et le député empâché Leung ‘‘cheveux longs’’ Kwok-hung, seront parmi les orateurs.

    • #MeToo : de la rue vers les lieux de travail ! Non aux abus sexuels et à la violence – pour le droit à “vivre dehors” pour les travailleurs domestiques migrants !
    • Non au racisme et au sexisme ! A travail égal, salaire égal !
    • Non à la “règle des 2 semaines” pour trouver un nouveau contrat : égalité des droits pour les travailleurs domestiques migrants pour changer de contrat de travail !
    • 8 heures de travail par jour pour tous !
    • Non aux agences de recrutement pour migrants : droits égaux pour l’engagement des travailleurs domestiques migrants !
    • Libérez les féministes et militantes ouvrières emprisonnées en Chine !
    • Pour un système de retraite universel à Hong Kong – Taxez les riches au lieu de favoriser les projets immobiliers !
    • Des investissements massifs dans les services publics – pour la gratuité des soins de santé, des écoles, des soins aux personnes âgées et des services de garde d’enfants afin d’alléger le fardeau des femmes de la classe ouvrière !
    • Pour le socialisme et un nouveau parti des travailleurs : brisons le règne antidémocratique des magnats milliardaires !
  • La Chine est-elle en passe de remporter la ‘‘guerre contre la pollution’’ ?

    L’année 2017 fut celle de la plus faible amélioration de la qualité de l’air depuis le début de la ‘‘guerre contre la pollution’’ lancée par Pékin.

    Par Dikang, article publié sur chinaworker.info le 21 mai 2018

    Le nouveau ministère de l’Écologie et de l’Environnement (MEE) a été dévoilé au Congrès national du peuple (CNP) de mars 2018 dans le cadre d’un important remaniement gouvernemental. La naissance de ce super-ministère marque un renforcement de la ‘‘guerre contre la pollution’’ lancée il y a quatre ans à Pékin. C’est du moins le message que désire faire passer la dictature du PCC (le parti soi-disant communiste chinois).

    Le régime de Xi Jinping a identifié ‘‘trois batailles critiques’’ qu’il doit gagner d’ici 2020 : contre la pollution, contre le risque financier et contre la pauvreté. Pour Xi, dont la mission est d’assurer la survie de la dictature du PCC via une centralisation inédite du pouvoir et la dictature personnelle, cette trinité de dangers pourrait déclencher des troubles de masse capables de menacer le régime. Cette courte échéance de trois années à peine pour mener à bien les ‘‘trois batailles critiques’’ souligne à quel point le pays pourrait être proche d’un conflit majeur.

    La Chine est devenue une zone écologiquement sinistrée. La pollution atmosphérique y tue plus d’un million de personnes chaque année, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Les rapports du gouvernement révèlent que plus de 80 % des nappes phréatiques chinoises qu’utilisent les fermes, les ménages ruraux et les usines sont impropres à la consommation. Pas moins de 19,4 % des terres agricoles chinoises sont contaminées par des polluants chimiques et des métaux. Cela représente 250.000 kilomètres carrés de sols contaminés, soit l’équivalent de l’ensemble des terres agricoles du Mexique.

    Tout résulte de décennies d’industrialisation sauvage et incontrôlée alors que les lois de protection de l’environnement étaient largement ignorées. Mais, contrairement aux dires de certains, la contamination de l’air, de l’eau, du sol et de la chaîne alimentaire n’est pas une conséquence inévitable de la modernisation économique. Cela ne devient inévitable que si ce développement économique est lui-même contaminé par le capitalisme et la recherche de profits au lieu de suivre une approche planifiée soumise au contrôle et à la gestion démocratiques de la classe ouvrière.

    Transfert de compétences

    Le nouveau MEE a obtenu un certain nombre de compétences précédemment détenues par la Commission nationale du développement et de la réforme, le Ministère des ressources en eau et le Ministère de l’agriculture. Le nouveau ministère dispose donc du contrôle des politiques relatives au climat, à l’eau et à la pollution agricole en plus des pouvoirs déjà détenus jusque-là par le Ministère de l’environnement.

    En Chine, les chiens de garde du régime en matière d’environnement ont toujours manqué de réel pouvoir. Ce n’était pas sans raison. Dans le but de réduire les coûts de production et de maximiser les profits, de puissants secteurs économiques tels que ceux de l’énergie, des mines et des transports de même que des élites régionales désireuses d’accroître leur pouvoir économique se sont opposés à l’émergence d’une puissante agence environnementale. Les tentatives répétées de renforcer la politique environnementale de la part du gouvernement central, par crainte de bouleversements politiques, s’inscrivent dans la lutte de pouvoir de Xi Jinping contre des intérêts rivaux.

    Le PCC a investi d’énormes capitaux dans la lutte anti-pollution (1.000 milliards de yuans, soit 130 millions d’euros, pour lutter contre la seule pollution des sols). Mais il reste encore à voir si le nouveau super-ministère sera à la hauteur du battage médiatique qui a accompagné sa naissance. Le South China Morning Post, un journal de Hong Kong favorable au régime de Pékin, a cité un ancien haut fonctionnaire du ministère de l’Environnement qui, s’exprimant anonymement, a avoué son scepticisme quant au fait que cela soit ‘‘suffisant’’.

    Ce journal faisait remarquer que le remaniement en profondeur des ministères gouvernementaux ‘‘n’est pas parvenu à instaurer un ministère de l’énergie tout-puissant pour superviser les vastes secteurs du charbon, du pétrole et de l’électricité du pays en dépit d’intenses attentes à ce sujet’’. A l’instar d’autres pays, le secteur des combustibles fossiles représente un bastion de puissants intérêts engagés corps et âmes dans un combat frénétique contre toute pression publique favorable à des politiques climatiques et anti-pollution capables de réduire leurs profits.

    Un bilan mitigé

    L’amélioration récente de la qualité de l’air à Pékin et dans d’autres villes du Nord au cours de l’hiver 2017-18 a été présentée par le PCC comme la preuve du bon fonctionnement de ses politiques. Si ces affirmations étaient vraies, cela représenterait un énorme changement dans la qualité de vie de dizaines de millions de personnes. La réalité n’est malheureusement pas si encourageante.

    En décembre 2017, Pékin s’est classée parmi les dix premières villes de Chine concernant la qualité de l’air (à la 9e place). Selon une analyse de Greenpeace, les niveaux moyens de particules fines PM2,5 (particules dangereuses en suspension dans l’atmosphère terrestre) ont chuté de 33,1 % à Pékin, Tianjin et dans 26 villes environnantes au cours des trois derniers mois de 2017. Mais en dépit de cela, les niveaux quotidiens moyens de PM2,5 étaient encore équivalents à plus du double du niveau considéré par l’OMS comme ‘‘dangereux’’, soit 25 microgrammes par mètre cube.

    Le régime du PCC revendique bien sûr d’avoir emporté une grande victoire grâce à ses politiques, qui comprennent notamment l’augmentation des inspections et sanctions pour violations de normes, la création de zones sans charbon, la délocalisation de certaines industries lourdes des environs de Pékin et la restriction de l’utilisation de voitures.

    Cependant, comme le souligne l’étude de Greenpeace, l’amélioration connue au cours de l’hiver est due à un ‘‘climat exceptionnellement favorable’’, les fronts froids de Sibérie apportant vents et pluies pour briser la pollution au sol. Selon Greenpeace, ce sont les conditions météorologiques qui ont permis d’abaisser les niveaux moyens de PM2,5 à Pékin d’environ 20 % en novembre et de 40 % en décembre.

    Plutôt qu’un succès retentissant, l’année 2017 a connu la plus faible amélioration de la qualité de l’air depuis le début de la ‘‘guerre contre la pollution’’ du PCC. Les niveaux moyens de PM 2,5 n’ont baissé que de 4,5 % dans l’ensemble du pays malgré des dépenses massives et la délocalisation de la production industrielle. En outre, les concentrations moyennes de PM2,5 ont augmenté dans certaines parties de l’est et du sud de la Chine, y compris dans le delta de la rivière des Perles. Les conditions météorologiques ont également joué un rôle dans ce phénomène, mais elles illustrent le déplacement de la production industrielle lourde polluante vers l’est et le sud après la répression rencontrée au nord.

    La domination capitaliste dictatoriale conduit à l’Armageddon écologie. La seule issue est de libérer le pouvoir créatif collectif du peuple en plaçant la classe ouvrière aux commandes du développement économique et politique, en éliminant le capitalisme et la bureaucratie incontrôlable et en transformant la société selon des lignes socialistes écologiquement durables.

  • La politique anti-pollution du régime chinois est vouée à l’échec

    Un mouvement environnemental de masse est nécessaire avec une production verte sous le contrôle des travailleurs

    Li Yiming, chinaworker.info

    Le mot “environnement” a été mentionné 89 fois par Xi Jinping dans son rapport du 19e Congrès du PCC, plus encore que “économie”. Il a envoyé des équipes d’enquête du gouvernement central dans les provinces pour vérifier les progrès des mesures anti-pollution. Les rapports indiquent que plus de 12 000 fonctionnaires et 18 000 entreprises ont été poursuivis.

    Les médias affirment qu’il s’agit de la plus grande campagne de protection de l’environnement de l’histoire de la Chine. Xi semble être un ardent défenseur de l’environnement, mais en fait, il est forcé d’agir face aux augmentations des protestations anti-pollution, ainsi que les énormes pertes économiques dues à la destruction de l’environnement. Cependant, la pression économique et le boycott non officiel des gouvernements locaux signifient que les politiques de Xi n’obtiendront pas de résultats substantiels.

    En octobre 2017, le périodique médical The Lancet a publié une étude selon laquelle plus de 1,8 million de Chinois ont été tués par la pollution en 2015, soit un cinquième de tous les décès en Chine. Un précédent rapport publié par l’Université de Nanjing révèle que parmi les 74 principales villes de Chine, un tiers des décès peut être attribué à la pollution par les PM2,5 (de fines particules de poussière aéroportées dangereuses).

    Qui plus est, la baisse des niveaux de PM2,5 dans le delta de la rivière des Perles et dans d’autres régions a entraîné un nouveau problème – une augmentation rapide de l’ozone troposphérique. L’ozone est produit par d’autres polluants exposés à la lumière du soleil. Elle est associée aux accidents vasculaires cérébraux et aux maladies cardiaques et a entraîné plus de 36 000 décès prématurés en Chine au cours des trois dernières années. La politique de “l’économie d’abord” de la dictature a conduit à une pollution généralisée et a fait que le régime du PCC “s’occupe d’une chose et en perd une autre de vue”.

    La pollution croissante, ainsi que l’inquiétude tout aussi croissante du public à l’égard des effets sur la santé, ont donné lieu à des manifestations antipollution de masse dans tout le pays. En novembre, la population de Zhaoqing, dans le Guangdong, est descendue dans la rue pour protester contre une troisième tentative du gouvernement local de construire un incinérateur d’ordures, le projet a été suspendu deux fois dans le passé en raison de manifestations.

    L’incapacité de résoudre ses problèmes de pollution a terni l’autorité du régime du PCC. Il est obligé de réagir, mais la campagne contre la pollution va accroître la pression sur une économie déjà fragile, ce qui signifie qu’il est peu probable que Xi la poursuive à tout prix.

    Au cours du premier semestre de 2016, le gouvernement a assoupli davantage la réglementation en matière de protection de l’environnement pour stimuler la faiblesse de l’économie, ce qui a entraîné la relance de nombreuses industries très polluantes comme l’acier, qui a aggravé le problème de la pollution atmosphérique.

    En décembre de la même année, un vaste nuage de brouillard couvrant 1,88 million de kilomètres carrés est apparu dans plus de 90 villes. Au cours des trois premiers trimestres de cette année, les concentrations de PM2,5 dans la région de Beijing-Tianjin-Hebei ont augmenté de 10 % par rapport à l’année précédente. Les effets ont été mondiaux – les émissions de gaz à effet de serre ont fortement augmenté en 2017 après deux années de stagnation, en raison du rebond de l’industrie lourde en Chine. La Société Générale estime que les mesures de protection de l’environnement coûteront à la Chine 0,25 % de son PIB annuel, et donc que lorsque de nouveaux risques de ralentissement économique se présenteront, Xi est susceptible d’assouplir à nouveau les contrôles de pollution.

    Des mesures bureaucratiques conduisant au chaos

    Dans le même temps, Xi Jinping se heurte également à la résistance des autorités locales, comme en témoigne le fait qu’il est contraint d’envoyer des équipes d’enquête au niveau local. Cependant, une telle intervention directe du gouvernement central a provoqué le chaos. De nombreux fonctionnaires cherchent à éviter les sanctions en fermant toutes les usines avant l’arrivée des équipes d’enquête, que les usines soient conformes ou non aux normes environnementales officielles. Cela a forcé le ministère de la Protection de l’environnement à intervenir et à mettre fin à cette réaction excessive.

    Pour résoudre le grave problème du brouillard hivernal, le gouvernement a interdit la combustion du charbon à Beijing et dans ses environs. Pourtant, la politique a été mise en œuvre à la hâte, de nombreuses régions n’ayant pas un approvisionnement stable en gaz naturel, laissant au moins des dizaines de milliers de familles sans chauffage pendant l’hiver rigoureux.

    La lutte contre la pollution nécessite des campagnes massives de protection de l’environnement et un contrôle démocratique de la production propre par les travailleurs sur une base socialiste. Les tentatives de Xi pour résoudre la crise environnementale par un mélange de mesures bureaucratiques et de mesures ” de marché ” n’aboutiront pas à des résultats substantiels à long terme, et déclencheront certainement une nouvelle colère massive.

    La politique du « chacun pour soi »

    En juin 2017, le président américain Donald Trump a annoncé que les États-Unis se retireraient de l’Accord de Paris, et les médias mondiaux ont surnommé la Chine le nouveau leader international dans la lutte contre le changement climatique. Pourtant, le régime chinois est l’un des plus grands obstacles à la lutte contre le changement climatique. Depuis le lancement du projet ” Belt and Road “, la Chine a construit de grandes quantités de centrales au charbon dans le monde entier et a dépassé le Japon en tant que premier exportateur mondial d’équipements de production d’électricité au charbon. Shanghai Electric, l’un des plus grands producteurs chinois de matériel électrique, a annoncé son intention de construire pour 6 285 Mégawatts de centrales électriques en Égypte, au Pakistan et en Iran, ce qui équivaut à dix fois les projets de construction chinois.

    Le régime du CCP espère utiliser le marché étranger pour alléger les pressions exercées par les mesures de réduction du carbone sur ses propres industries de l’électricité et du charbon. Ces nouvelles centrales électriques signifient que les objectifs de contrôle climatique fixés dans l’Accord de Paris seront impossibles à atteindre. La Banque mondiale a reproché à la Chine d’utiliser les pays les plus pauvres dont la réglementation en matière de protection de l’environnement est moins stricte comme « paradis de pollution », mais en même temps, la Banque mondiale a également déréglementé les limites environnementales pour concurrencer la Chine. C’est une course vers le bas au détriment du climat et de la santé des masses.

    Les socialistes s’opposent à la classe capitaliste qui recherche le profit au détriment de l’environnement et de la santé, nous nous opposons aussi aux puissances impérialistes qui exportent leur problème de pollution vers d’autres pays.

    La seule solution à la crise mondiale du climat et de la pollution est de construire un mouvement ouvrier international pour s’opposer au système capitaliste du « profit d’abord ». Nous devons nationaliser les banques et les grandes entreprises et les placer sous le contrôle et la gestion démocratiques des travailleurs, promouvoir la production propre dans le cadre d’une planification démocratique et investir davantage de capitaux et de ressources dans le développement d’énergies et de technologies propres.

  • Campagne internationale contre la répression à Hong Kong

    Le gouvernement de Hong Kong intensifie la répression. Sous l’influence de la dictature du Parti soi-disant communiste de Pékin, il a décidé d’interdire un parti politique. Le 17 juillet, les forces de sécurité ont annoncé l’interdiction du Parti national de Hong Kong (HKNP) au motif qu’il constitue une menace pour la sécurité de l’État et l’intégrité territoriale de la Chine. Cette décision repose sur une loi datant de l’époque de la domination britannique ! Il est à craindre que le HKNP ne soit pas le dernier à être interdit.

    Par Stef (Anvers)

    Après la fin de la domination britannique sur Hong Kong, en 1997, les droits démocratiques ont encore été réduits, contexte qui a alimenté un combat en faveur de la démocratie. Cette lutte se trouve actuellement dans une situation très difficile : les dirigeants chinois veulent y imposer un régime similaire à la dictature en vigueur sur le continent.

    Les groupes politiques qui luttent pour la démocratie affrontent un establishment favorable à la domination de Pékin. En 2003, un premier projet de loi anti-subversion à verser dans la Loi fondamentale hongkongaise afin de prévenir toute émancipation de la Région administrative spéciale (RAS) vis-à-vis de Pékin a été balayé à la suite de protestations massives. Mais, depuis lors, ceux qui détiennent les rênes du pouvoir ne sont pas restés les bras croisés. La répression a franchi plus d’un cap ces derniers mois. Des parlementaires du camp pro-démocratie ont été évincés et interdit de participer aux prochaines élections. Des activistes étudiants ont été emprisonnés pour avoir participé à des manifestations pacifiques.

    Le HKNP a été interdit en raison de ses positions en faveur d’un Hong Kong indépendant. Ce petit parti extrêmement raciste se situe dans la tendance politique hongkongaise du «localisme», une sorte de nationalisme anti-chinois. Il revendique la déportation de tous les habitants chinois vers le continent. Ne disposant que de quelques membres, le parti n’est pas très actif. Le HKNP a déjà été exclu des élections, il ne joue aucun rôle dans l’opposition aux autorités et ses positions racistes alimentent les divisions à Hong Kong, ce qui convient très bien à Pékin. Pourquoi cette interdiction alors ? La cheffe de l’exécutif de Hong Kong, Carrie Lam, a suggéré que les partis prônant la fin du régime chinois pourraient également être interdits. Cette interdiction vise donc à constituer un précédent. La mesure pourrait par la suite être étendue pour sanctionner la lutte pour la démocratie. Le HKNP était une cible de premier choix pour lancer le processus. D’autres suivront. Cela peut également frapper l’organisation-sœur du PSL, Socialist Action, qui s’oppose au régime dictatorial chinois.

    Le pouvoir de la dictature chinoise peut sembler insurmontable. Le pays dépense aujourd’hui 19% de plus pour sa sécurité intérieure que pour sa défense. L’appareil répressif s’est encore développé après l’entrée en fonction du président Xi Jinping. Les minorités sont opprimées au point que, dans la province du Xianjiang, 10% de la population musulmane ouïghoure locale vit dans un camp de rééducation. Les syndicats sont réprimés et les grèves illégales. Néanmoins, certains éléments éclaircissent la situation. L’an dernier, des grèves ont eu lieu simultanément dans 12 provinces, puis dans 13 provinces, de la part respectivement des grutiers et des camionneurs. Ces grèves ont touché des agglomérations d’une taille équivalente à Londres et Madrid ensemble. De telles grèves menées simultanément dans plusieurs provinces sont inédites en Chine. Le plus impressionnant est qu’elles ont été organisées via des groupes de discussion privés sur internet. Récemment, à Shenzen, au Sud de la Chine, les travailleurs de la société Jasic Technology sont entrés en grève pour exiger le droit de constituer leur propre syndicat.

    D’autres campagnes remarquables ont vu le jour, notamment concernant les droits des LGBTQI+ . La campagne #Iamgay (je suis gay) lancée contre l’interdiction de tout «contenu homosexuel» sur la plus grande plateforme de blogs chinoise a ainsi engagé 500 millions de Chinois dans la contestation de cette censure, campagne couronnée de victoire. Même si la répression en ligne est particulièrement forte en Chine, elle n’a pas été capable d’enrayer le flot de protestations.

    Ces mouvements sont d’une importance capitale pour la lutte démocratique à Hong Kong. Les dirigeants actuels du mouvement pro-démocratie, ceux de l’establishment, avalent défaite après défaite et la répression n’est pas le seul élément responsable de cet état de fait. Les partis de la classe capitaliste bloquent délibérément les mouvements. La ‘‘révolution des parapluies’’ de 2014 a par exemple partiellement échoué parce que les partis pro-démocratie craignaient de ne pas pouvoir garder sous contrôle des mouvements sociaux de masse. D’autre part, les capitalistes conservateurs qui ont une emprise ferme sur Hong Kong savent que la dictature est de leur côté. Les forces capitalistes du camp démocratique ont peur d’un mouvement social qui non seulement réclame des droits démocratiques, mais remette aussi en question leur position privilégiée. Le seul mouvement démocratique efficace repose donc inévitablement sur un programme socialiste combinant la lutte pour la démocratie à Hong Kong aux mouvements sociaux en Chine et à la fin de la dictature.

    Vous désirez soutenir la lutte contre la répression à Hong Kong ? Signez la pétition sur : https://www.stophkrepression.net/

  • Chine. La lutte des travailleurs de Shenzhen Jasic Technology atteint une phase cruciale

    “Continuez la lutte !”, c’est le message combatif de Shen Mengyu dans une lettre qu’elle a su faire passer hors de la cellule où elle est détenue à Shenzhen, en Chine. Les lecteurs auront le sentiment qu’elle s’adresse directement à eux et, espérons-le, auront envie de s’engager plus loin dans ce combat.

    Shen Mengyu a été violemment enlevé par des hommes non identifiés le 11 août dernier. La police a refusé d’enquêter sur sa disparition et a déclaré qu’il s’agissait d’une “dispute familiale”, comme on peut le lire sur une déclaration de la police sur les médias sociaux. La police affirme que les quatre caméras de surveillance présentes sur le lieu de l’enlèvement étaient “hors service”, ce qui signifie qu’il n’y a pas de preuve.

    Il est apparu récemment que Shen est détenue dans une maison à Shenzhen, dans un centre de détention officieux ou une “prison noire”, comme on les appelle. De pareilles méthodes de répression sont courantes en Chine. Cela permet à la police d’emprisonner quelqu’un indéfiniment, coupé de tout accès à un avocat, à sa famille ou aux médias. Huit policiers la surveillent 24 heures sur 24, même lorsqu’elle prend une douche ou se rend aux toilettes.

    Les jeunes militants de Shenzhen craignent qu’une descente de police sur leur lieu de rencontre soit imminente. Ils se préparent à résister. Ces derniers jours, la répression d’Etat a monté d’un cran, le harcèlement de la police est plus dur, la censure sur Internet est plus forte et les comptes et groupes de discussion des activistes ont été fermés sur les réseaux sociaux. “Jasic”, “Shen Mengyu” et “Pingshan” (le quartier de Shenzhen où se déroule la lutte) sont maintenant des mots interdits sur l’Internet chinois.

    Une lutte historique

    Ce combat est d’une importance historique pour le mouvement syndical émergent en Chine, où les syndicats authentiques sont interdits et où les travailleurs font face à de lourdes sanctions pour avoir essayé de s’organiser. Malgré ces menaces et ces obstacles, l’année 2018 a connu une incroyable reprise des luttes ouvrières et, plus spectaculairement encore, plusieurs “grèves multiprovinciales” ont éclaté en impliquant des grèves et des protestations simultanées de travailleurs dans au moins dix des 30 provinces chinoises !

    Cela a commencé en avril avec les grèves des grutiers et le phénomène s’est étendu à d’autres secteurs en mai, juin et juillet, comme les camionneurs et les livreurs de nourriture. Dans toutes ces luttes, la question de la création de nouveaux syndicats, distincts du syndicat jaune contrôlé par l’Etat l’ACFTU (All China Federation of Trade Unions) et sous contrôle démocratique des travailleurs, a été clairement évoquée. En fait, de nombreux travailleurs chinois appellent l’ACFTU le “syndicat noir”, ce qui est encore pire qu’un syndicat jaune – “noir” signifiant outil de répression. Les actions des travailleurs dans ces gigantesques luttes de grève ont été coordonnées en ligne par des syndicats non déclarés en cours de formation.

    La lutte des travailleurs de Jasic, qui a commencé en mai, a soulevé la question des syndicats indépendants et en a fait l’axe central. C’est ce qui rend cette lutte si importante, au-delà de l’amélioration des conditions en vigueur dans leur propre usine, que les travailleurs de Jasic assimilent à de l’esclavage. Des infractions mineures sont frappées d’amendes, les heures de travail sont excessives sans jours de congé, l’assurance sociale légale n’est pas respectée, etc. Cette lutte sera une référence importante pour les futures luttes ouvrières en Chine.

    Les procédures juridiques

    Au départ, les travailleurs de Jasic ont suivi les procédures légales pour établir une branche d’usine de l’ACFTU, le seul “syndicat” légalement autorisé. Ils ont reçu le feu vert du bureau régional de l’ACFTU, ou du moins le pensaient-ils. Ils ont commencé à recueillir des noms pour mettre sur pied la section syndicale, recueillant 90 noms en quelques jours parmi les 1.000 employés, en dépit de la tentative des patrons de dépasser les travailleurs en créant un soi-disant “congrès des travailleurs” sous contrôle de l’entreprise.

    Ensuite, la direction de Jasic a pris des mesures de répression en accusant les travailleurs d’agir illégalement. A ce stade, les responsables de l’ACFTU se sont complètement rangés du côté de la direction. Les patrons de Jasic sont liés à l’establishment local du PCC (Parti « communiste »), deux d’entre eux étant des “délégués” au Congrès du peuple de Shenzhen – un pseudo conseil municipal.

    Les syndicalistes Mi Jiuping et Liu Penghua ont été agressés par des voyous, probablement payés par l’entreprise, puis licenciés le 20 juillet. Les responsables de l’ACFTU n’ont fait aucun effort pour défendre Mi et Liu et ont publié le 23 juillet une déclaration commune avec l’entreprise selon laquelle ils “travaillent ensemble” à la création d’un syndicat. Conformément au modèle normal du “syndicalisme” de l’ACFTU, il ne s’agissait que d’une fausse section syndicale sous le contrôle de la direction de Jasic.

    La violence d’Etat

    Les travailleurs ont protesté contre le licenciement de leurs camarades et ont juré de continuer à faire campagne pour un véritable syndicat. Le 27 juillet, une manifestation à l’extérieur de l’usine a été le théâtre de violences policières contre les travailleurs et les jeunes activistes de gauche avec 30 arrestations, dont Mi et Liu. Amnesty International fait partie des nombreux groupes qui demandent leur libération (accéder à la déclaration d’Amnesty international en français). “L’arrestation de ces ouvriers et de personnes qui les soutenaient est tout à fait déplorable. Les revendications de ces ouvriers qui veulent fonder un syndicat de leur choix pour protéger leurs droits sont parfaitement légitimes”, a déclaré Patrick Poon, chargé de recherches sur la Chine à Amnesty International, Hong Kong.

    Au moment d’écrire le présent rapport, 14 de ces 30 personnes sont toujours détenues par la police, y compris Mi et Liu, tandis que d’autres arrestations de jeunes partisans, dont Shen Mengyu, ont été effectuées.

    Les travailleurs et les jeunes militants de gauche comme Shen et ses camarades de Shenzhen prennent des risques héroïques pour défendre les droits des travailleurs et construire le mouvement ouvrier en Chine, face à la dictature la plus puissante du monde et au plus grand appareil de répression sur terre. Les personnes arrêtées à Shenzhen sont victimes de coups et de torture, de privation de sommeil, de mises en situation de stress, de menaces contre leur famille et leurs amis, le tout dans le but de les pousser à “avouer”, souvent sur vidéo, et à incriminer les autres.

    Selon la journaliste de Reuters Sue-Lin Wong, sur son compte Twitter, les travailleurs de Jasic à qui elle a parlé ont mentionné l’humiliation sexuelle parmi plusieurs méthodes utilisées par la police pour obtenir des aveux signés. Ceux qui sont encore détenus pourraient bien faire face à l’accusation de “provoquer des troubles”, ce qui peut conduire à cinq ans de prison.

    La lutte des travailleurs de Jasic est un tournant important également en raison du rôle des jeunes militants de gauche, des anciens étudiants et d’autres, qui sont largement étiquetés comme des “maoïstes”. L’intervention de ces jeunes a suscité des critiques de la part de certains milieux, de certaines ONG syndicales “traditionnelles” et de certains médias libéraux à l’étranger.

    Ces couches se sentent mal à l’aise avec le fait que les luttes soient ‘‘politisées’’, pour les mêmes raisons que la dictature chinoise et les patrons capitalistes comme ceux de Jasic, de façon très ironique. De nombreuses ONG syndicales ont également été confrontées à une répression brutale de l’Etat alors qu’elles s’en tiennent strictement à une stratégie “apolitique” et “légale” qui limite souvent consciemment les luttes de la classe ouvrière.

    Chinaworker.info n’est pas d’accord que c’est le fait d’être “trop politique” qui a rendu la lutte à Shenzhen plus difficile ou l’a exposée à une plus grande répression. Les travailleurs et les jeunes militants impliqués ont fait preuve d’une bravoure exemplaire et leur attitude de recherche consciente de la solidarité internationale est un pas en avant bienvenu et nécessaire pour le mouvement ouvrier en Chine. La solidarité ouvrière au-delà des frontières devrait devenir la “nouvelle norme” malgré la propagande nationaliste du PCC accusant les manifestants d’être “manipulés par des forces étrangères”.

    Besoin urgent de solidarité !

    La lutte pour les droits syndicaux et contre la répression atteint une phase cruciale à Shenzhen et la solidarité internationale de la classe ouvrière est donc plus que jamais nécessaire. Chinaworker.info a reçu des dizaines de rapports et de photos de socialistes et de syndicalistes du monde entier. Une reconnaissance spéciale doit être faite aux membres du Comité pour une Internationale ouvrière (CIO) pour avoir organisé rapidement et de manière décisive la solidarité de l’Afrique du Sud à l’Inde en passant par le Mexique.

    Compte tenu de ce qui pourrait être une escalade significative de la répression étatique contre la lutte dans les jours à venir, nous demandons instamment à nos lecteurs d’intensifier leurs efforts : rendez-vous dans les ambassades et les consulats de Chine pour protester contre cette situation ! Contactez votre syndicat pour endosser la déclaration de solidarité ci-dessous ! Des usines Jasic Technology existent dans plus d’une douzaine de pays, dont la Grande-Bretagne, la France, les Etats-Unis et la Malaisie, et là où les travailleurs sont organisés, nous espérons que les syndicats déclareront leur solidarité avec leurs collègues de Chine !

    La déclaration suivante provient de députés irlandais socialistes – veuillez demander à votre organisation ou votre syndicat de publier une déclaration similaire et l’envoyer à l’adresse ci-dessous :

    “Nous, députés de Solidarity et membres du Socialist Party, déclarons notre pleine solidarité avec la lutte historique des travailleurs de Jasic Technology à Shenzhen, en Chine, pour établir un syndicat démocratique. Nous demandons la libération et l’abandon de toutes les accusations portées contre les travailleurs de Jasic et leurs jeunes sympathisants qui n’ont commis aucun autre crime que de défendre les droits des travailleurs. Nous sommes particulièrement alarmés par l’enlèvement de la militante Shen Mengyu qui a disparu le 11 août et par le refus de la police de Shenzhen d’enquêter sur ce crime. Nous saluons la bravoure de ces jeunes et de ces travailleurs face aux coups, aux mauvais traitements et à l’intimidation sexuelle de la part de certains policiers et de bandes criminelles. Travailleurs du monde, unissez-vous !”

    Mick Barry
    Ruth Coppinger
    Paul Murphy

    >> Envoyez vos rapports, photos et déclarations de solidarité à : cwi.china@gmail.com

  • [VIDEO] Chine : Solidarité avec les travailleurs en lutte de Jasic Technology !

    Nous publions ci-dessous une vidéo produite par chinaworker.info concernant une importante lutte qui prend actuellement place à Shenzhen, en Chine. Chinaworker.info appelle à l’organisation d’actions de solidarité, comme la prise de photos avec l’affiche de solidarité (que vous trouverez ici), à l’instar de l’image ci-dessous prise à Bruxelles.

     

  • Solidarité avec les travailleurs de Jasic Technology Shenzen (Chine)

    Action de protestation menée au poste de police de Shenzhen

    Depuis le 18 juillet, les travailleurs de Jasic Technology, une usine de Shenzhen (en Chine) employant 1.000 ouvriers fabriquant des machines et des robots, luttent pour la création d’un syndicat démocratique, c’est-à-dire indépendant. L’entreprise, les autorités locales du PCC (le parti « communiste » chinois) et le syndicat officiel contrôlé par l’État s’y opposent et ont sévèrement réprimé le combat.

    La police a arrêté 30 travailleurs le 27 juillet, dont 14 sont toujours en détention. Des travailleurs ont fait état de cas de torture et d’agressions physiques commis par la police. Les personnes libérées sont sous surveillance policière. L’entreprise a licencié plusieurs des travailleurs impliqués dans la lutte. Des travailleurs et des militants étudiants de gauche ont organisé des manifestations devant le poste de police pour protester contre la répression et exiger la libération de leurs camarades. Ces travailleurs pourraient être accusés de “chercher des troubles et les provoquer”, ce qui peut entraîner cinq ans de prison.

    Action de solidarité à Hong Kong

    Le 11 août, une militante de premier plan de ce combat, Shen Mengyu, a été enlevée par des personnes non identifiées (des forces de sécurité) et son lieu de détention est toujours inconnu. Le Comité pour une Internationale Ouvrière (dont le PSL/LSP est la section belge) exige que la police révèle où elle se trouve et sur base de quelles accusations elle est détenue. Nous exigeons sa libération de même que celle des autres travailleurs détenus sans qu’aucune accusation ne soit portée contre eux. Nous exigeons que les politiciens locaux et les fonctionnaires de police responsables soient congédiés pour avoir ordonné cette répression. Nous exigeons la reconnaissance immédiate du droit des travailleurs de Jasic Technology à constituer un syndicat démocratique et indépendant ainsi que la réintégration immédiate de tous les travailleurs licenciés.

    Action de solidarité de la section Bruxelles-Nord du PSL / LSP

    Les patrons de cette société privée cotée en bourse entretiennent des liens étroits avec le gouvernement local du PCC et sont déterminés à mettre fin à cette tentative d’établir un syndicat qui n’est pas sous le contrôle de l’entreprise.

    Vidéo du personnel en lutte de Jasic Technology chantant l’Internationale :

  • Chine : Aggravation de la crise et résistance de masse

    L’article qui suit est la retranscription de l’introduction de l’atelier de discussion consacré à la situation en Chine qui a été donnée à l’édition 2018 de l’école du Comité pour une Internationale Ouvrière. Cette introduction avait été donnée par Pasha, de Socialist Action, CIO à Hong Kong.

    L’année écoulée peut être décrite comme une année de grands changements en Chine – montrant l’aggravation de la crise de la dictature du parti unique et la forme particulière du capitalisme d’État chinois. Il y a eu un changement historique dans la structure du régime du “Parti communiste” (PCC) avec le couronnement de Xi Jinping comme “dirigeant à vie” en mars dernier.

    Depuis le mois d’avril, nous avons assisté à une série de grèves audacieuses qui se sont répandues dans de nombreuses provinces. Dans les relations internationales, le conflit entre les États-Unis et la Chine s’est aggravé de façon dramatique. Il s’agit du plus important conflit mondial entre les deux plus grandes puissances économiques.

    Le ministère chinois du commerce a décrit les droits de douane imposés par le président Trump le 6 juillet comme étant “la plus grande guerre commerciale de l’histoire économique”. Ce n’est pas encore la “plus grande jamais vue”, mais une nouvelle escalade est possible. Le conflit Etats-Unis / Chine n’est pas un phénomène passager ; c’est maintenant une réalité permanente, avec des hauts et des bas, qui définit une partie cruciale des perspectives du CIO concernant le capitalisme mondial.

    Nous observons également une nouvelle phase dans le malaise économique de la Chine. La répression du régime contre les dettes et opérations bancaires parallèles (« shadow banking ») a entraîné un nouveau ralentissement économique et, une fois de plus, un retour partiel aux politiques de relance, c’est-à-dire à une augmentation de la dette. Ce changement peut devenir plus important dans les mois à venir. Le problème de la dette de la Chine est un problème pour l’ensemble du système capitaliste mondial. Aucun pays dans l’histoire n’a accumulé autant de dettes.

    Eloignement de la politique de Deng Xiaoping

    La réunion de mars du « Congrès national du peuple » – le pseudo parlement chinois – a été surnommée le « couronnement de Xi Jinping ». Le congrès a supprimé les limites du mandat de la présidence afin que Xi puisse gouverner à vie.

    Depuis la fin des années 1970, la Chine est gouvernée par une forme de “leadership collectif”, un système mis en place par Deng Xiaoping, l’architecte du retour de la Chine au capitalisme. Le modèle de partage du pouvoir de Deng, ainsi que d’autres règles politiques, ont été conçus pour sauvegarder la “stabilité” et empêcher que les luttes de pouvoir au sein de l’État n’aillent trop loin et ne menacent l’existence de la dictature.

    Depuis la crise mondiale du capitalisme de 2007-08, l’élite dirigeante du PCC a besoin d’un “homme fort”, avec un pouvoir centralisé sans précédent, pour la sauver de ses propres crises – une dette croissante et des troubles de masse qui augmentent.

    En six ans, depuis son arrivée au pouvoir, Xi a mené une vaste campagne de lutte contre la corruption, qui porte en partie sur celle-ci et l’obtention du soutien du public, mais qui a surtout servi à consolider la position de Xi et à supprimer toute opposition. Mais plutôt que de surmonter les tensions au sein de l’État chinois et de l’élite dirigeante, la consolidation du pouvoir de Xi a porté les tensions à un niveau potentiellement plus élevé.

    Malgré la censure massive d’Internet, les citoyens chinois ont rapidement exprimé leur cynisme et leur opposition en ligne à l’égard du couronnement de Xi par des métaphores satiriques. Les censeurs d’Internet ont dû rapidement interdire toute une liste de mots tels que “limite de deux mandats”, “amendement constitutionnel”, “je ne suis pas d’accord”, “Corée du Nord”, et même “Winnie l’ourson” (considéré comme ressemblant trop au dirigeant chinois).

    Cela a mis en évidence le véritable niveau de soutien de Xi parmi les masses. Certains commentateurs ont décrit Xi comme le leader le plus fort depuis Mao, mais Mao était un dirigeant bonapartiste à la tête d’un mouvement qui a renversé le capitalisme en Chine ; le gigantesque culte de la personnalité que le régime a construit autour de Mao n’a été possible qu’en raison de son rôle dans la révolution.

    Xi Jinping préside un système capitaliste d’Etat et sa véritable base de soutien parmi les masses est exagérée. Son pouvoir repose principalement sur la répression, le nationalisme, le “lavage de cerveau” massif des médias et le fait que certaines couches de la population connaissent encore des améliorations. Mais c’est de plus en plus fragile. Les fondements du règne de Xi – niveaux d’endettement sans précédent, répression accrue et nationalisme – constituent une succession de crises à venir.

    Répression et conséquences

    Aujourd’hui, la répression étatique est la pire depuis 1989. Le budget du gouvernement pour la sécurité intérieure était de 193 milliards de dollars l’année dernière – il a triplé depuis 2007. C’est 19 % de plus que le budget militaire de la Chine (sécurité extérieure).

    Dans la région musulmane du Xinjiang, deux fois moins grande que l’Inde, la Chine a construit “l’État policier parfait”, selon le journal The Guardian. Entre 500 000 et 1 million d’Ouïghours musulmans ont été détenus dans des camps de prisonniers de type militaire – jusqu’à un sur dix de la population. Le PCC gouverne maintenant le Xinjiang par le biais d’un système ouvertement raciste de type apartheid avec des lois plus répressives pour les musulmans.

    Malgré le fait que le régime ait la machine d’État répressive la plus sophistiquée au monde, la résistance de masse et les protestations s’intensifient. Depuis la fin de 2017, les masses en Chine ont participé avec audace à des manifestations en ligne à grande échelle et à des grèves des travailleurs de plusieurs provinces, ce qui représente un tournant dramatique.

    En avril, les grutiers se sont mis en grève dans au moins 13 provinces pour réclamer de meilleurs salaires et de meilleures conditions. Ils ont ensuite appelé à une grève à l’échelle nationale le 1er mai. Étant donné la répression et la censure de l’État, c’est un exploit en soi. Ces luttes sont organisées par le biais de groupes de discussion en ligne et de messageries instantanées.

    Grèves multi-provinciales

    La grève des grutiers était historique dans le sens où c’était l’action la plus impressionnante, coordonnée et audacieuse à ce jour. Auparavant, presque toutes les grèves en Chine se déroulaient dans une usine ou un district. Une grève à l’échelle nationale est un très grand changement. La lutte d’avril semblait ouvrir le chemin aux luttes nationales.

    En juin, c’était au tour des camionneurs. Les camionneurs en grève dans plus de 12 provinces ont protesté contre la hausse du prix du carburant, les péages routiers coûteux, le harcèlement policier et l’exploitation accrue par une application d’embauche de type « Uber » ». L’action des camionneurs s’est déroulée dans les villes de Chongqing à l’ouest jusqu’à Shanghai à l’est. C’est similaire à la distance de Madrid à Londres. Faire cela sous la dictature la plus puissante du monde est impressionnant.

    Et depuis avril, les anciens combattants de l’armée de plusieurs provinces avaient organisé des manifestations pour réclamer le paiement des pensions et des prestations de retraite. Certains anciens combattants ont été battus par des gangsters payés par les gouvernements locaux du PCC. Par le biais de liens et de réseaux au sein de l’armée, des dizaines de milliers d’anciens combattants ont été mobilisés pour manifester en solidarité à travers le pays.

    La lutte des vétérans de l’armée est importante parce qu’elle sape la propagande nationaliste de Xi Jinping. Il y a 57 millions de soldats retraités en Chine. Cette question peut également avoir une incidence sur les soldats en service. Comment l’Etat peut-il défendre la “nation chinoise” s’il laisse ses anciens combattants mourir de faim et les frappe lorsqu’ils protestent ?

    Plus tôt cette année, le gouvernement a mis sur pied un nouveau ministère des Anciens Combattants parce qu’il était préoccupé par les protestations des anciens combattants. Mais le fait que des protestations aient éclaté de toute façon montre les limites de l’Etat pour faire face à ces problèmes.

    #Metoo en Chine

    Parmi les autres mouvements importants en Chine figurent les mouvements féministes et LGBTQI+. Le mouvement #Metoo qui a balayé le monde a aussi profondément affecté la Chine. En janvier, une universitaire chinoise travaillant aux États-Unis a révélé en ligne qu’elle avait été agressée sexuellement par son professeur il y a douze ans. Son tweet est devenu viral et a reçu un énorme soutien en ligne parmi les femmes en Chine.

    Cela a déclenché un mouvement en ligne, en particulier dans les écoles et les collèges. Cela a même forcé l’État à se contenter de belles paroles et à condamner la violence sexuelle. En même temps, le PCC craignait que le mouvement devienne incontrôlable et a donc rapidement interdit toute tentative d’organiser des manifestations dans les rues. Un blog féministe de premier plan a été interdit.

    Les censeurs de l’État ont ensuite décidés d’interdire les sujets LGBTQI+. Weibo, la principale plateforme de blogs en Chine, a annoncé qu’elle supprimerait les “contenus illégaux”, y compris l’ « homosexualité ». Cela a déclenché un contrecoup massif. La campagne #IamGay a appelé au boycott de Weibo. Avec plus de 500 millions de partage sur le net, il s’agissait probablement du plus grand mouvement en ligne au monde. Elle a forcé l’entreprise et les autorités à renverser l’interdiction du contenu « homosexuel ».

    De la récente vague de luttes, il y a plusieurs caractéristiques que nous pouvons observer. Les luttes de masse en Chine s’organisent de plus en plus malgré la répression et la censure de l’Etat, capables de se mettre en scène et de se coordonner à travers tout le pays. Les travailleurs tirent clairement les leçons du passé, ils se rendent compte que les problèmes ne peuvent être résolus localement.

    La radicalisation de la conscience de masse est également une caractéristique, bien qu’elle soit inégale. Les travailleurs limitent généralement leurs revendications à l’économie et évitent de contester directement le régime du PCC, en partie pour éviter la répression de l’État et en partie à cause des illusions persistantes du PCC.

    Si le régime recourt à la répression, ce qui est définitivement le cas sous Xi Jinping, ce n’est qu’une question de temps avant que les travailleurs ne tirent la conclusion que la dictature est un obstacle à tout changement réel et cela amènera leurs luttes vers une direction politique plus claire.

    Ralentissement économique

    L’économie chinoise est confrontée à des crises sur de multiples fronts. L’économie est en ralentissement après une courte période de légère reprise en 2017. Depuis le début de 2018, le marché boursier a perdu 2 billions de dollars américains, comparativement à 5 billions de dollars américains lors du krach boursier de 2015.

    Les données économiques du 2ème trimestre devraient être beaucoup plus faibles qu’au 1er trimestre. Les chiffres du commerce de détail en mai étaient les pires depuis 15 ans. Le taux de croissance de l’investissement est le plus faible depuis 20 ans. La part de la dette dans le PIB est passée de 141 % en 2008 à 256 % l’an dernier. Ce chiffre s’élève à 304 % du PIB si l’on inclut les banques de l’ombre. En fait, le niveau d’endettement réel est beaucoup plus élevé. Cela s’explique par le fait que la plupart des dettes bancaires fictives ne sont pas enregistrées. Même le gouvernement ne connaît pas le tableau complet.

    Le dernier ralentissement oblige le PCC à redémarrer la stratégie de relance économique. Pendant dix ans, nous avons vu le même zigzag dans la politique économique – de la relance au resserrement du crédit et de retour à la relance, c’est-à-dire davantage de dette. Le problème de la dette est particulièrement grave au niveau des administrations locales (les administrations locales en Chine sont les villes et les provinces, de sorte que certaines sont plus grandes que la plupart des gouvernements nationaux en Europe ou dans le monde).
    Cela a été en partie à l’origine des protestations des anciens combattants de l’armée. En fait, les gouvernements locaux d’au moins 32 villes de six provinces financent maintenant leurs dépenses de sécurité sociale et de retraite avec des prêts des banques ou des banques fictives. Ce problème ne fera qu’empirer avec le vieillissement rapide de la population chinoise.

    Une ville de la province du Hunan n’a pas été en mesure de payer ses fonctionnaires à temps en mai. Ces arriérés de salaires – pour les fonctionnaires – étaient les premiers dans l’histoire moderne de la Chine. Nous voyons déjà la crise de la dette se transformer en crise sociale, et nous en verrons d’autres à l’avenir.

    Guerre commerciale et conflit impérialiste

    L’escalade de la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine est un autre coup porté à l’économie chinoise déjà vulnérable. Le 6 juillet, les droits de douane imposés par l’administration Trump sur 34 milliards USD d’importations en provenance de la Chine représentaient le premier coup de feu après une longue période de menaces. Cela a depuis lors été suivi par des droits de douane sur 16 milliards USD d’importations supplémentaires et la menace de Trump d’élargir ce chiffre à 200 milliards USD de marchandises chinoises d’ici septembre.

    Le régime chinois est forcé de riposter « dollar pour dollar » avec ses propres tarifs douaniers contre les marchandises américaines, mais en fait, il a offert des concessions à Trump et voulait désespérément éviter la guerre commerciale. Dans le conflit commercial plus large, il y a une « guerre de la technologie ». L’objectif principal de l’impérialisme américain et de Trump est d’arrêter « Made in China 2025 » – le plan du PCC pour devenir une superpuissance technologique.

    Les sanctions du gouvernement américain qui interdisaient à la troisième plus grande entreprise d’infrastructure de télécommunications ZTE d’acheter quoi que ce soit à des entreprises américaines, ont essentiellement forcé la fermeture de l’entreprise pendant 70 jours en avril-mai. La crise du ZTE a mis en évidence la dépendance de la Chine à l’égard de l’Occident pour la technologie. ZTE obtient 90 % de ses « semi-conducteurs » auprès d’entreprises américaines.

    Trump a accepté de lever l’interdiction sur ZTE, mais l’accord subséquent est toujours humiliant pour l’entreprise et l’État chinois. Ils doivent payer une amende équivalente à deux ans de bénéfices. Mais pire encore, ils ont dû licencier l’ensemble du conseil d’administration et accepter des bureaucrates américains au sein de l’entreprise. Cela ressemble un peu à ce que la troïka du FMI et de l’UE a fait à la Grèce – envoyer des bureaucrates de l’UE pour vérifier que les Grecs ne “trichaient” pas.

    La situation est compliquée par le fait que même Trump a partiellement perdu le contrôle de la guerre commerciale – le Congrès américain, les républicains et les démocrates exigent maintenant des mesures encore plus sévères contre la Chine.

    Dévaluation

    Dans le cadre de ces représailles, la Chine a permis à sa monnaie, le yuan, de baisser face au dollar. Toutefois, il s’agit d’un mouvement dangereux, car il pourrait déclencher une fuite massive de capitaux de la Chine, comme ce qui s’est produit en 2015. Le régime devrait alors imposer davantage de contrôles des capitaux.

    Mais avec plus de contrôle des capitaux, il peut dire adieu au rêve d’ « internationaliser le yuan » pour en faire une monnaie de réserve mondiale. En fait, l’internationalisation du yuan a régressé au cours des trois dernières années. Moins de pays veulent utiliser la monnaie chinoise dans les paiements internationaux. Le franc suisse et le dollar canadien ont maintenant une plus grande part mondiale que le yuan. Cela est important parce que la domination du dollar américain dans l’économie capitaliste mondiale restreint les politiques que le régime chinois peut suivre.

    Les Etats-Unis et la Chine, les deux plus grandes puissances impérialistes, se disputent la domination économique et géopolitique. La confrontation entre eux a été accentuée par la crise mondiale depuis 2008.

    Alors qu’une « guerre spontanée » ou un affrontement militaire direct n’est pas une perspective immédiate, les guerres commerciales et autres conflits économiques peuvent devenir un substitut à l’action militaire. Tous les accords auxquels ils parviennent dans la guerre commerciale actuelle ne peuvent être que de courte durée et fragiles. Leurs conflits peuvent frapper davantage l’économie mondiale, qui ne s’est pas remise de la grave crise d’il y a dix ans.

    Le conflit taïwanais peut être relancé dans le cadre de la rivalité croissante entre les États-Unis et la Chine. Cela peut conduire à une guerre ou à une grave crise militaire à l’avenir. La crise capitaliste a aussi rapidement exposé le gouvernement DPP  « pro-indépendance » de Taiwan, élu en 2016, en tant que parti capitaliste néo-libéral qui défend également une augmentation des dépenses en armements et davantage d’accords avec l’impérialisme américain, tout en imposant l’austérité aux travailleurs. Aucune des élites au pouvoir, qu’il s’agisse des États-Unis, de la Chine ou de Taïwan, n’a de solution et ne fait que rendre la situation plus dangereuse.

    Le projet « Belt and Road »

    Xi Jinping a lancé l’initiative « Belt and Road » (BRI) en 2013 pour gagner de nouveaux marchés à l’étranger pour écouler la production excédentaire du capitalisme chinois. Il s’agissait également de se préparer aux futures guerres commerciales et construire un protectionnisme accru à l’échelle mondiale. La BRI a été ajoutée à la constitution du PCC l’année dernière – la première fois qu’une politique étrangère a été intégrée dans la constitution – pour signaler qu’il n’y aurait pas d’inversion de cette politique.

    Aujourd’hui, l’Initiative intègre plus de 70 pays. Son ambition est de relier le monde sous-développé en une sphère économique dirigée par la Chine via la construction de pipelines, d’autoroutes, de ports, de chemins de fer, de réseaux électriques.

    Nous décrivons le BRI comme un « impérialisme avec des caractéristiques chinoises ». Ces caractéristiques sont des prêts financés par l’État pour la construction d’infrastructures et l’exportation de certains éléments du régime autoritaire de la Chine. Il y a aussi une composante militaire avec certains projets de l’IRB – pour les ports et certains chemins de fer en particulier – principalement motivés par des considérations militaires stratégiques.

    La stratégie de la Chine pour s’emparer de terres et ressources dans les petits pays moins développés est simple : elle leur accorde des prêts pour des projets d’infrastructure, obtient le contrôle des projets et, lorsque le pays n’est pas en mesure de rembourser les prêts, les entreprises chinoises et l’État deviennent propriétaires du projet.

    Cependant, les aspirations impérialistes de la Chine sont déjà confrontées à des revers. Des manifestations de masse ont éclaté au Vietnam en juin contre les capitaux étrangers, principalement des entreprises chinoises. Ces sociétés ont acheté des terres au gouvernement vietnamien sur des baux de 99 ans, des arrangements qui rappellent les anciens traités du colonialisme. Le tsunami politique de l’élection malaisienne en mai a vu le nouveau gouvernement mettre au rebut le projet de train à grande vitesse Kuala Lumpur-Singapour dirigé par les Chinois.

    L’investissement mondial dans l’initiative Belt and Road est aujourd’hui ralenti. Au cours des cinq premiers mois de cette année, les contrats signés par des entreprises chinoises ont diminués de six pour cent par rapport à l’année dernière. Le nombre croissant de défauts de paiement de la dette du BRI aura un impact direct sur les entreprises chinoises, qui sont lourdement endettées. Ainsi, l’initiative, lancée à l’origine par le PCC pour exporter la capacité excédentaire et alléger la dette, fait maintenant partie du problème.

    La répression à Hong Kong

    Les développements en Chine ont également eu des implications importantes à Hong Kong où le PCC tente de décapiter la lutte démocratique. Le gouvernement de Carrie Lam représente une nouvelle escalade de la répression.

    Au cours de l’année écoulée, six législateurs de l’opposition démocratiquement élus ont été disqualifiés, plus de 40 jeunes et autres activistes ont été emprisonnés pour avoir participé à des manifestations antigouvernementales, et six candidats ont été interdits de se présenter aux élections pour des raisons de soutien à l’ « indépendance » ou à l’ « autodétermination ».

    De nouvelles lois draconiennes sont introduites, y compris la loi sur l’hymne national. Toute personne à Hong Kong reconnue coupable d’ « irrespect » de l’hymne national chinois est passible d’une peine d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à trois ans.

    Les principaux partis bourgeois pro-démocratie ont été en plein recul politique. Ils n’ont pas réussi à proposer une nouvelle stratégie de lutte contre le gouvernement autoritaire. Ces « pan-démocrates » ont en réalité été un frein à la lutte pour la démocratie pendant des décennies, avec des similitudes avec le rôle des dirigeants sociaux-démocrates et des dirigeants nationalistes bourgeois dans d’autres parties du monde :

    1. Ils ne croient pas à la lutte de masse et essaient toujours de trouver un compromis avec le régime qui, dans le cas de la Chine, n’a aucune chance d’aboutir.
    2. Ils craignent que les mouvements de masse, une fois qu’ils « s’échappent », deviennent incontrôlables et se radicalisent.
    3. Ils défendent le capitalisme et ne veulent donc pas pousser la lutte contre la dictature chinoise « trop loin », car cela mettrait aussi en danger le capitalisme.

    Le CIO est le seul à réclamer un mouvement démocratique de lutte basé sur un programme socialiste, avec un parti ouvrier de masse comme noyau dur. Nous expliquons également que la démocratie, y compris l’autodétermination à Hong Kong, ne peut être gagnée qu’en s’associant aux luttes de masse en Chine ainsi qu’à l’échelle internationale et en renversant la dictature du PCC.

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