[INTERVIEW] Nouvelle vague de lutte au Chili

Interview d’un camarade de Socialismo Revolucionario, section chilienne du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), réalisée dans le cadre de l’édition 2015 de l’école d’été du CIO.

Quelle est la situation de l’économie chilienne ?

chiliTout d’abord, il faut comprendre qu’il existe un lien économique très fort entre l’Amérique Latine et la Chine. En effet, cette dernière a désespérément besoin de ressources naturelles en abondance pour son marché. C’est ainsi que, par exemple, le Chili y exporte 40% de son cuivre. Il est donc logique que l’actuelle baisse de l’économie chinoise commence à avoir un impact sur le Chili. De plus, la chute des prix du cuivre est aussi a prendre en compte. Bref, son économie se ralentit substantiellement.

Qu’est ce que cela représente pour la vie quotidienne des chiliens ?

Un appauvrissement croissant. Les salaires n’augmentent pas, mais bien les prix. 70% de la population gagne l’équivalent de moins de 600€ et 55% gagne moins de 300€ pour un coût de la vie élevé. Par exemple, avec des loyers modestes de 200€ il ne te reste plus rien à la fin du mois ! Ainsi, on assiste à plusieurs grèves, notamment des travailleurs du métro ou encore des mines de cuivres.

A propos, on entend que les luttes contre le gouvernement se sont aussi développées dans la dernière période…

En effet, sur ce thème, le Chili semble être entré dans une nouvelle ère. A côté d’un début d’émergence d’une nouvelle vague de lutte ouvrière, les étudiants on reprit la rue après un recul depuis fin 2011. Avec plusieurs grosses mobilisations, notamment, le 18 avril, où 150.000 jeunes ont manifesté pour continuer la lutte pour l’éducation gratuite. Depuis, on voit régulièrement des centaines de milliers d’étudiants défilés.

J’ai cru comprendre qu’un de leurs principaux slogans étaient “Que les corrompus ne décident pas ce que le Chili a besoin”. Peux-tu m’en dire plus ?

En fait, ce slogan concerne presque tous les grands politiciens du pays. Récemment plusieurs cas de corruption ont été révélé touchant tant l’opposition que la coalition au pouvoir. C’est principalement des cadeaux financiers énormes d’entreprises à des politiciens. Même le fils de la présidente, Michelle Bachelet, est inculpé pour corruption ! Déjà que seulement 41% des chiliens s’étaient déplacés pour voter aux dernières élections, ces affaires ont encore aggravé la perte d’autorité des partis et du système politique. De plus, aucune des grandes réformes promises par le gouvernement sur le thème du travail, de la fiscalité ou de l’éducation n’ont réellement eu le résultat escompté, parfois c’est même pire qu’avant. Cela a pour conséquence que la cote de popularité de Bachelet est à moins de 20% alors qu’elle avait 84% quant elle a terminé son premier mandat.

Récemment, plusieurs jeunes ont été blessés gravement ou même tués lors des manifestations. Y a t-il un renforcement de la répression ?

Oui certainement, le ministre de l’intérieur est d’ailleurs un ancien de l’Oficina, une agence de service secret des années 90 utilisée contre l’opposition armée de gauche. On voit régulièrement des infiltrations ou provocations contre les mouvements sociaux par des carabiniers et un usage de la force hérité de la dictature de Pinochet. De plus, on peut constater que cette répression atteint même des proportions incroyables contre les Mapuches (peuple originaire du sud du pays). Celle-ci s’apparente à une véritable occupation militaire de leur region. On signale plusieurs cas de disparitions de Mapuche, des procès montés et une bonne dizaine de prisonniers politiques. Pour terminer je rajouterai que Bachelet a déclaré ne plus vouloir utiliser la fameuse “loi antiterroriste” et a “changer d’avis” le jour de son retour au pouvoir.

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