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Category: Amérique du Nord
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Le 19 juin 2020 et la révolte contre l’oppression raciste aux USA

“Le pouvoir ne concède rien sans que cela lui soit exigé. Il ne l’a jamais fait, et ne le fera jamais.” – Frederick Douglass
Le 19 juin 2020 marque le 155ème anniversaire de l’entrée des troupes de l’Union à Galveston, Texas, pour annoncer que l’esclavage était terminé. Même si Abraham Lincoln a signé la Proclamation d’émancipation près de trois ans plus tôt, le 22 septembre 1862, le Texas était la partie la plus éloignée de la Confédération.
Par Eljeer Hawkins
Historiquement, le 19 juin, ou Jour de l’émancipation, est célébré pour les travailleurs et les jeunes noirs dans 47 États où il s’agit d’un jour férié d’État, mais pas d’un jour férié fédéral. Le 19 juin permet aux gens de se souvenir de l’histoire torturée de l’esclavage et de l’oppression systématique qui ont posé les bases du capitalisme américain.
Cette année, la journée du 19 juin prend plus de profondeur et de signification car elle se déroule au milieu de la révolte ouverte contre l’oppression raciste et la terreur policière. Cette révolte a commencé le 25 mai, après l’assassinat de George Floyd à Minneapolis, le dernier en date des innombrables jeunes et travailleurs noirs et bruns assassinés par des racistes.
Pendant ce temps, le président Trump, le raciste en chef, a choisi Tulsa, dans l’Oklahoma, pour relancer sa campagne électorale. En 1921, cette ville a été le lieu d’un horrible massacre commis contre la communauté noire, un massacre connu sous le nom de Black Wall Street, par une foule de racistes blancs en maraude, l’un des nombreux actes de violence des « justiciers blancs » dans tout le pays. Cette provocation ouverte de Trump vise à attiser les flammes de la haine et du racisme en encourageant encore plus le nationalisme blanc et en cherchant à diviser la classe ouvrière et les pauvres pour assurer le règne des riches. La réaction à cette initiative brutale de Trump l’a toutefois obligé à reporter le rassemblement.
Ce 19 juin sera commémoré dans tout le pays avec une nouvelle vigueur et une nouvelle détermination à démolir l’édifice de l’oppression raciste. La dévastation des communautés ouvrières, en particulier des communautés de couleur, pendant la pandémie de Covid-19 et le début d’une nouvelle grande dépression économique ont révélé la crise profonde dans laquelle est plongé le capitalisme. Il ne peut plus prétendre, à quelque niveau que ce soit, offrir la démocratie, la justice et la liberté à la majorité des travailleurs, des pauvres et des opprimés.
Le caractère multiracial dominant de la révolte contre la terreur policière est impressionnant, tant au niveau de la classe ouvrière que parmi la jeunesse. Nous avons vu un petit mais important segment du mouvement ouvrier, comprenant des travailleurs du transport, des facteurs, des travailleurs immigrés, des infirmières et des enseignants, exprimer leur rage face à l’oppression raciste et la terreur policière. Sur la côte ouest, l’International Longshore and Warehouse Union (ILWU) a annoncé qu’elle bloquerait 29 ports en signe de solidarité le 19 juin. La construction de l’unité du mouvement ouvrier est essentielle pour développer une lutte décisive contre le pouvoir des entreprises, le nationalisme blanc et Trump.
Le 19 juin, Socialist Alternative participera à diverses manifestations dans tout le pays. Nous exhortons les travailleurs et les jeunes à se solidariser avec la révolte par des arrêts de travail bien coordonnés. Nous demandons que ces actions sur le lieu de travail durent 8 minutes et 46 secondes, soit la durée pendant laquelle Derek Chauvin, qui a assassiné George Floyd, s’est agenouillé sur son cou et son corps au point de le tuer alors qu’il disait : “Je ne peux pas respirer”. Déclarons que le 19 juin 2020 soit le début d’une lutte sans compromis contre ce système de racisme, de violence étatique, d’oppression et de cupidité. Comme Malcolm X l’a déclaré il y a plus de cinquante ans, “Je crois qu’il y aura finalement un affrontement entre les opprimés et ceux qui oppriment. Je crois qu’il y aura un affrontement entre ceux qui veulent la liberté, la justice et l’égalité pour tous et ceux qui veulent continuer les systèmes d’exploitation”. Un monde socialiste est possible !
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Etats-Unis. Les marxistes et l’Etat : Comment en finir avec le maintien de l’ordre raciste ?

Le rôle de la police et comment un réel changement peut être obtenu
La nature du maintien de l’ordre aux États-Unis est indissociable de l’histoire violente et raciste du capitalisme dans ce pays. Un fil conducteur existe des patrouilles d’esclaves aux lynchages policiers dans les communautés noires d’aujourd’hui, en passant par les chiens et les lances d’incendie de Bull Connor contre les manifestants noirs à Montgomery pendant le mouvement des droits civiques.
Par Tom Crean, Socialist Alternative, USA
Historiquement, la répression policière et étatique a également été déclenchée contre les travailleurs qui essayaient de s’organiser en syndicats, contre des organisateurs radicaux et contre toute lutte sérieuse qui menaçait les intérêts de la classe dirigeante. En 1932, le président Hoover a envoyé l’infanterie et des chars pour détruire le campement des vétérans blancs et noirs à Washington D.C., des anciens soldats qui réclamaient leurs primes de la Première Guerre mondiale promises depuis longtemps. Le 30 mai 1937, la police de Chicago a abattu 40 métallurgistes non armés qui étaient en grève devant les portes de l’entreprise Republic Steel. Dix personnes ont été tuées ce jour-là. En 2006, l’ICE (United States Immigration and Customs Enforcement, une agence de police douanière et de contrôle des frontières du département de la Sécurité intérieure des États-Unis) a organisé des rafles massives faisant penser à la Gestapo dans les usines de viande du Midwest, ce à quoi ont suivi des déportations massives de travailleurs immigrés. Cela visait à écraser le mouvement qui se développait alors en faveur des droits des immigrés, il s’agissait d’une réaction face à des travailleurs qui s’organisaient.
Le rôle de la policeComme l’expliquait Frederick Engels il y a plus de cent ans, l’émergence de l’appareil répressif de l’État, comprenant les armées, la police, les prisons, etc. reflète historiquement la division de la société en classes sociales ayant des intérêts antagonistes. L’État est constitué, selon les termes d’Engels, de “corps d’hommes armés”, qui maintient l’antagonisme de classe “dans les limites de l’ordre” mais défend en fin de compte les intérêts de la classe dominante. Dans notre société, il s’agit des capitalistes. La répression et la menace du recourt à la violence font partie intégrante de la protection des richesses et de la domination de la classe dominante dans une société aussi inégalitaire que la nôtre.
De l’esclavage à la ségrégation institutionnalisés d’aujourd’hui en passant par Jim Crow, le maintien de la division raciste est fondement du régime capitaliste aux États-Unis. Afin de former de puissants syndicats industriels comme les Travailleurs Unis de l’Automobile dans les années ’30 et ’40, les organisateurs syndicaux radicaux ont dû repousser le poison du racisme qui était encouragé par des patrons comme Ford. Sans adopter une position antiraciste sans équivoque, ils n’auraient jamais réussi à convaincre les travailleurs blancs et noirs de se battre ensemble et de remporter des victoires historiques profitant à l’ensemble de la classe ouvrière. Ce mouvement était si puissant qu’il aurait pu être le début d’une remise en cause du pouvoir capitaliste lui-même.
L’attitude agressive de la police dans les quartiers pauvres noirs et latinos aujourd’hui est destinée à maintenir les gens littéralement enfermés dans des logements et des écoles inférieurs aux normes et à les maintenir dans la ségrégation. Mais les politiciens racistes ont également cherché à présenter les personnes de couleur pauvres comme une menace pour la classe ouvrière blanche plus aisée et les communautés de la classe moyenne afin de disposer d’un plus large soutien pour ces politiques répressives.
Il n’est pas possible de créer une police totalement “non raciste” tant que le racisme et la ségrégation institutionnels restent intacts dans la société. La police ne peut pas non plus être “abolie” dans le cadre d’une société capitaliste. Tant que les capitalistes seront au pouvoir, ils devront trouver un moyen de protéger leurs intérêts et leurs biens. Mais cela ne signifie pas que nous ne pouvons rien faire avant de nous débarrasser du capitalisme lui-même.
Un réel changement
Les changements obtenus lors de la première phase du mouvement Black Lives Matter après 2013, notamment un entraînement plus poussé des agents de police et le port de caméras corporelles, se sont révélés totalement insuffisants. Le maintien de l’ordre peut toutefois être changé de manière significative et les incarcérations de masse peuvent être réduites. De tels gains ne peuvent cependant être obtenus que par un mouvement de masse du type de celui qui a éclaté après l’horrible meurtre de George Floyd. Pour obtenir de réelles conquêtes durables, le mouvement doit être se poursuivre, se concentrer sur la mobilisation du pouvoir social des travailleurs et défendre un programme social plus large.
Le mouvement actuel a démontré que la masse de la population rejette le racisme odieux et réactionnaire qui sévit dans les forces de police. Ce rejet du racisme est extrêmement positif. Ce qui est également exposé, c’est la protection dont bénéficie la police. Celle-ci dispose d’une immunité légale virtuelle pour presque tous les crimes. Il s’agit d’une caste qui n’est soumise à aucun contrôle démocratique. La classe dirigeante l’a envoyée en mission pour maintenir la population dans le rang, surtout la communauté noire, il est donc maintenant difficile pour l’establishment lui-même de les diriger.
Le mouvement de masse a mis en évidence de réelles divisions au sein de l’establishment politique quant à la manière de traiter le maintien de l’ordre. La position de Trump et des éléments les plus réactionnaires est d’accroître la répression de façon massive, mais cette approche s’est retrouvée isolée. Une autre aile de l’establishment – représentée par les maires Durkan à Seattle et de Blasio à New York – cherche à maintenir le statu quo mais se trouve actuellement en retrait sous la pression du mouvement. Une troisième aile cherche à contrôler le mouvement en reprenant la revendication de la diminution du budget de la police pour ensuite affaiblir la portée du mouvement. A Minneapolis, la majorité du conseil de ville est allée jusqu’à s’engager à “dissoudre” le service de police. Mais presque immédiatement, ses membres ont commencé à revenir sur cette position, en expliquant qu’ils ouvrent une période d’un an pour examiner des manières alternatives d’assurer le maintien de l’ordre. L’exercice vise à faire gagner du temps à l’establishment. C’est maintenant que nous avons besoin de changement !
Nous devons rendre plus concrète la revendication de diminution du budget de la police. Kshama Sawant, élue socialiste au Conseil de ville de Seattle, a appelé à réduire le budget de la police de 50 % et mène la lutte pour taxer Amazon (dont le siège social se situe à Seattle) afin de financer en permanence des logements sociaux, des services sociaux et de bons emplois. Nous devons exiger une fois pour toutes que la politique policière, y compris l’embauche et le licenciement, soit placée sous le contrôle de conseils civils démocratiquement élus. La police doit être immédiatement purgée de tous les flics ayant commis des actes racistes ou violents dans les quartiers. Comme dans de nombreux autres pays, la police ne doit pas être armée lors des patrouilles. Une force de police placée sous contrôle démocratique, même dans une certaine mesure, réduirait l’oppression de la classe ouvrière noire en particulier, mais elle profiterait en fait à la classe ouvrière dans son ensemble.
Les divisions dans la police
Nous devons également reconnaître que la police ne constitue pas une masse homogène. L’aile réactionnaire est très forte et domine la plupart des forces de police locales dans tout le pays. Mais s’il y a eu des actes de mise en scène concernant le “genou à terre” de la part de flics qui ont ensuite violemment attaqué des manifestants, il y a également eu des signes de sympathie véritable de la part de certains policiers ordinaires. Une lettre récente de 14 officiers de Minneapolis prétend parler au nom de centaines d’autres policiers en dénonçant Derek Chauvin et en soutenant le mouvement. Il s’agit d’une mesure limitée et positive, mais elle aurait été totalement inconcevable sans la pression du mouvement de masse.
Si des policiers ordinaires veulent véritablement d’une réforme et d’une relation différente avec les communautés dans lesquelles ils travaillent, alors il est temps pour eux de se soulever et de s’efforcer de repousser des gens comme Bob Kroll – le chef d’extrême droite du syndicat de la police de Minneapolis, un partisan déclaré de Trump. Nous croyons au droit de la police à constituer des syndicats afin qu’elle puisse résister à l’utilisation que la classe dominante veut en faire contre les travailleurs. Mais ce n’est clairement pas le rôle que ces syndicats jouent aujourd’hui.
La vérité est que les forces de police de nombreuses villes ont utilisé leur participation au mouvement syndical général pour se couvrir. Le mouvement ouvrier ne peut pas rester silencieux. Il doit défendre la classe ouvrière noire et les communautés d’immigrés maltraitées par la police. Il doit exiger que les syndicats de police rejettent les politiques racistes de maintien de l’ordre et acceptent de soutenir une purge des services de police afin d’expulser les personnes ayant des antécédents de violence et de racisme pour qu’elles restent ou rejoignent les structures syndicales.
Une société juste et sûre
Vivre dans une société où les gens n’auront pas à craindre la répression de l’État et le racisme, cela implique de se débarrasser du capitalisme. Comme cela a été souligné dans un précédent article concernant la rébellion de Minneapolis :
“Une des tâches centrales d’un gouvernement des travailleurs, où les grandes entreprises seront aux mains du public et où les travailleurs disposeront du contrôle démocratique de l’économie, est de combattre l’héritage raciste de l’esclavage, de l’impérialisme et des inégalités de toutes sortes pour créer les conditions d’une société réellement débarrassée du maintien de l’ordre raciste, de l’exploitation et de l’oppression. Cela implique que les communautés ouvriers organisent leur propre sécurité et leur propre protection.
“Le processus de démantèlement de la police, des prisons et de la répression étatique en général est entrelacé avec le processus de dépassement du capitalisme et d’établissement d’une société socialiste véritablement égalitaire et sans classes. Cela ne sera pas fait par le conseil de ville de Minneapolis, mais par l’organisation consciente de la classe ouvrière en un mouvement révolutionnaire”.
Socialist Alternative défend :
- Licenciement et poursuite en justice immédiate de tous les policiers qui ont commis des actes violents ou racistes.
- Retrait de la garde nationale de Minneapolis et d’ailleurs et abrogation des couvre-feux. La garde nationale n’a rien fait pour la justice sociale et a plutôt été utilisée pour attaquer les manifestations, terroriser les communautés ouvrières, blesser les journalistes qui couvrent les manifestations non violentes et protéger les banques et les commissariats de police.
- Arrêt de la militarisation de la police. Il doit être interdit à la police d’utiliser des gaz lacrymogènes, des balles en caoutchouc et du matériel militaire. Désarmement des policiers en patrouille.
- Placement de la police sous contrôle de commissions civiles démocratiquement élues. Celles-ci devraient avoir un réel pouvoir, notamment sur les politiques d’embauche et de licenciement, la révision des priorités budgétaires et le pouvoir d’assignation à comparaître. Tout cela devrait être fait ouvertement et publiquement.
- Diminution radicale des budgets de la police et réinvestissement de ces fonds dans des écoles et des logements abordables. Imposition massive des riches pour investir dans des emplois verts, des programmes sociaux, l’enseignement public et des logements sociaux abordables en permanence.
- Les syndicats de police sont dominés par des réactionnaires qui défendent les abus, ils ne devraient pas être défendus par le mouvement ouvrier. Les syndicats doivent se ranger résolument du côté des manifestants et s’opposer au racisme et à la violence policière. Ils doivent exiger que les syndicats de police rejettent les politiques racistes de maintien de l’ordre et acceptent de soutenir une purge de la police afin de rester dans les structures syndicales ou d’y adhérer.
- Les deux principaux partis politiques, les démocrates et les républicains, ont démontré leur loyauté envers le système capitaliste raciste et oppressif. Les maires et les conseils de ville et municipaux démocrates n’ont pas fait grand-chose pour arrêter les flics tueurs. Nous ne devons pas croire que l’un ou l’autre des grands partis puisse nous représenter. Nous devons construire un nouveau parti politique de la classe ouvrière, un parti multiracial, indépendant des grandes entreprises, construit à partir de nos luttes.
- L’ensemble du système est coupable ! Comme l’a déclaré Malcolm X : “Il ne peut y avoir de capitalisme sans racisme.” Pour obtenir un changement durable, la lutte contre le racisme de la police et l’establishment politique des entreprises doit être étendue à une lutte contre le système capitaliste lui-même et pour une alternative socialiste.
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[DOSSIER] Un mouvement de masse inédit contre le racisme balaie les États-Unis

Le 25 mai à 20h25, George Floyd a cessé de respirer. Quelques instants plus tard, son pouls s’est arrêté. Deux minutes plus tard, l’officier de police de Minneapolis Derek Chauvin a retiré son genou du cou de Floyd. Moins d’une heure plus tard, il a été déclaré mort.
Par Keely Mullen, Socialist Alternative
- Jeudi 11 juin 2020 : Meeting online : L’héritage révolutionnaire de Malcolm X
Le jour de la mort de George Floyd, nous étions en confinement depuis plus de deux mois et demi. Des millions d’Américains ont perdu des êtres chers à cause du COVID-19, et ont été obligés dans de nombreux cas de faire leur deuil dans un isolement complet. Des dizaines de millions de personnes ont perdu leur emploi et beaucoup d’autres ont perdu des heures de travail ou une partie de leur salaire. Le loyer de juin approchait à grands pas et, une fois de plus, de nombreuses familles se demandaient si elles pouvaient payer leur loyer et acheter suffisamment de provisions.
Tout cela a affecté de manière disproportionnée la classe ouvrière noire. Les Noirs ont trois fois plus de chances d’attraper le COVID-19 que les Blancs. Des millions de travailleurs noirs ont été mis à pied ou licenciés et le taux de chômage des Noirs est le plus élevé de tous les groupes démographiques.
C’est dans ce contexte, celui d’un effondrement du système, que la mort de George Floyd a déclenché le plus vaste mouvement de protestation aux États-Unis depuis 50 ans.
#Justice4GeorgeFloyd
À partir de Minneapolis, la nuit où George Floyd a été assassiné, les manifestations de masse et les occupations ont déferlé sur les États-Unis. Cela marque une nouvelle phase, bien plus développée, du mouvement Black Lives Matter.
Il y a eu des manifestations dans tous les États du pays, avec plus de manifestations que lors des Women’s Marches de janvier 2017 qui en avaient totalisé plus de 650. Les manifestations ne se sont pas limitées aux grandes villes ni aux États du Nord, il y a ainsi eu plus de 100 manifestations dans tout le Sud des États-Unis. Le point culminant a été les manifestations de masse de ce samedi 6 juin, avec des centaines de milliers de personnes dans les rues de Washington DC et des centaines de milliers dans les villes du pays.
Ces protestations bourdonnent d’une rage énergique. Elles ont été menées principalement par des jeunes noirs, mais la foule est multiraciale. Des jeunes de toutes les couleurs de peau considèrent ce combat comme le leur. Des dizaines de milliers de jeunes, pour la plupart, sont sortis dans les villes avec une revendication simple et générale : la fin des meurtres de Noirs innocents par la police et la fin des brutalités policières racistes en général !
Contrairement au mouvement Black Lives Matter de 2014-2015, ce mouvement a pris le caractère d’une rébellion totale avec occupation dans une série de villes. A Minneapolis, les manifestants ont fait du lieu de la mort de George Floyd le siège du mouvement. Il y a maintenant un campement permanent de tout le quartier entourant le site du meurtre de George Floyd.
De même, à Brooklyn, les quartiers entourant le Barclay’s Center sont le lieu de résidence quasi permanent des manifestants. Presque comme lors d’un changement d’équipe en usine, les enfants et les familles défilent pendant la journée tandis que les adolescents et les jeunes adultes les remplacent la nuit.
Trump et “la Loi et l’Ordre”
La transformation de ces protestations en une rébellion plus large dans certaines villes peut être en partie attribuée à la réaction brutale de la police face aux premières manifestations. Celle-ci a utilisé à plusieurs reprises des gaz lacrymogènes, des balles en caoutchouc, des matraques et – dans quelques cas – elle a carrément foncé dans la foule contre des manifestants pacifiques.
Kshama Sawant, élue au Conseil de la ville Seattle et membre de Socialist Alternative, a introduit une loi au sein du conseil pour interdire l’utilisation d’armes chimiques (gaz lacrymogène, gaz au poivre), de balles en caoutchouc, de canons à eau et d’armes soniques à la police. Cette revendication est depuis devenue semi-virale et elle montre le rôle important que peuvent jouer les élus socialistes.
Aussi brutale qu’ait été la répression policière, elle n’atteint pas celle que Trump voudrait faire pleuvoir sur les manifestants. Il a exhorté les gouverneurs des Etats à “dominer” les manifestants et a déclaré : “quand les pillages commencent, les tirs commencent”. Il a envoyé l’armée américaine à Washington DC et a menacé de déployer les troupes dans d’autres villes pour réprimer le mouvement. Il a donné l’ordre à la police et à la Garde nationale de gazer une manifestation pacifique devant la Maison Blanche afin de dégager un chemin pour sa séance de photos en tenant une bible à l’église St John.
Trump n’a pas trouvé de large soutien pour ses menaces autoritaires parmi le public américain ou même au sein de sa propre administration, les hauts responsables militaires s’opposant à l’utilisation de l’armée. Actuellement, 62% des Américains considèrent les protestations comme légitimes. Plus surprenant encore pour l’establishment, 54% des Américains estiment que l’incendie du poste de police du 3ème arrondissement de Minneapolis était légitime.
L’approche de Trump, ainsi que la réponse violente de la police aux manifestations, n’ont fait qu’enflammer la situation. Trump tente de se faire passer pour le “président de la loi et de l’ordre” avec sa réaction musclée. Il semble vouloir suivre les pas de Richard Nixon, qui a remporté ainsi les élections de 1968 et s’est présenté sur une plateforme similaire de “loi et d’ordre”. Mais le contexte est complètement différent. En 1968, Nixon était le challenger alors que Lyndon Johnson et les démocrates présidaient la débâcle au Vietnam et alors que des troubles massifs avaient lieu aux USA. Politiquement, l’approche de Trump a profité à Biden qui est maintenant fermement en tête des sondages nationaux.
Les Démocrates exposés
Au niveau national, le Parti démocrate a publié des déclarations de soutien au mouvement. Cependant, parallèlement, les maires et les gouverneurs démocrates de tout le pays imposent des couvre-feux et ont approuvé l’augmentation massive des budgets de la police alors qu’ils réduisaient ceux des services sociaux. Ils nient carrément la violence de leurs propres forces de police.
De manière scandaleuse, de nombreux maires et gouverneurs démocrates se sont fait l’écho du récit de Trump et du procureur général Barr selon lequel les confrontations avec la police et les pillages étaient le fait d’”agitateurs extérieurs”. Trump s’en est pris à des anarchistes, aux « Antifa », en disant même à un moment donné qu’il les déclarerait “organisation terroriste”. Les démocrates, en particulier à Minneapolis, ont répandu la peur et la désinformation à propos d’une vague de suprémacistes blancs venus perturber les manifestations. Presque aucun fait n’a été avancé pour étayer ces récits qui visaient à dévier l’attention de la violence policière et à justifier la répression.
Le New York Times a publié vendredi 5 juin un article cinglant détaillant l’échec dramatique du maire de New York Bill DeBlasio, élu en 2014 notamment sur base de la promesse de réformer la police, et du gouverneur de l’Etat Andrew Cuomo pour répondre aux besoins du moment. Ils ont écrit : “Quelles responsabilités urgentes ont tellement occupé ces deux fonctionnaires qu’ils n’ont pas le temps de s’assurer que la sécurité des New-Yorkais est protégée et que les droits des New-Yorkais sont respectés ? Comment est-il possible qu’après tant de rapports sur les fautes de la police, ils ne puissent toujours pas se donner la peine de la superviser ?”
Cela illustre les divisions en cours au sein même de l’establishment. Une partie d’entre elle commence à exercer des pressions en faveur de réformes plus sérieuses de la police. A New York, les autorités de Manhattan et de Brooklyn ont déclaré qu’elles ne poursuivraient pas les centaines de personnes arrêtées pour “rassemblement illégal” et “trouble de l’ordre public”.
À Seattle, l’ambiance est à l’apogée pour chasser du pouvoir la maire démocrate Jenny Durkan, qui n’a pas su gérer les policiers qui terrorisaient les manifestants. Kshama Sawant s’est joint à cet appel et a officiellement demandé la démission de Durkan.
Certains membres du conseil de Minneapolis ont fait des propositions audacieuses pour abolir la police. Il ne fait aucun doute qu’il y aura des réformes de la police en réaction à la pression du mouvement. Pourtant, dans un monde où huit milliardaires possèdent autant de richesses que la moitié la plus pauvre de la population mondiale et où 40 millions d’Américains sont actuellement au chômage, l’État s’appuiera toujours sur une forme de force répressive pour maintenir l’ordre. Les marxistes soutiennent qu’un monde sans police ne peut être construit que sur la base de la garantie d’emplois, de logements, de soins de santé, d’écoles et d’un contrôle démocratique des ressources de la société.
Malheureusement, tout au long de cette rébellion, Bernie Sanders a été largement absent. Ceci n’est qu’une confirmation supplémentaire des terribles conséquences de sa capitulation totale devant l’establishment du Parti démocrate. S’il était resté dans la course, il aurait pu contribuer à utiliser sa campagne pour faire pression en faveur d’un changement décisif.
Ce mouvement a sans aucun doute affaibli l’autorité du Parti démocrate, car on a vu des responsables clés attiser la peur et excuser une nouvelle escalade de violences policières. Mais une autre section du parti s’efforce de s’associer au mouvement.
Le renforcement de la campagne de Biden constitue une exception à la règle générale chez les démocrates. Mais cela est principalement dû à la répulsion générale à l’égard de l’autoritarisme dangereux de Trump. Biden n’est sorti quelque peu de son bunker il y a deux semaines pour s’attaquer à Trump.
Organiser la lutte
Ce mouvement a déjà obtenu le licenciement, l’arrestation et l’inculpation des quatre officiers impliqués dans le meurtre de George Floyd. C’est le fruit de la résistance des manifestants dans tout le pays, mais surtout à Minneapolis.
Nous devons poursuivre sur cette lancée et construire le mouvement avec un certain sentiment d’urgence. Voici les prochaines étapes que Socialist Alternative propose.Revendications : Nous avons besoin de revendications concrètes, tant au niveau national que local. Les appels à la diminution des budgets et à la restructuration des services de police dans tout le pays ont pris de l’ampleur, certaines villes comme Los Angeles ayant même adopté des mesures pour réduire le financement de la police. Les villes de tout le pays dépensent des sommes démesurées pour la police. Kshama Sawant, à Seattle, a demandé que le budget de la police de Seattle soit réduit de moitié. Socialist Alternative soutient la réorientation d’une part importante du budget de la police vers le logement, l’éducation et les soins de santé.
Nous avons également besoin que les forces de police soient purgées dans tout le pays. Tout agent ayant des antécédents de racisme, de sexisme ou de violence devrait être immédiatement licencié. Cette mesure devrait être mise en œuvre par des conseils de surveillance communautaires démocratiquement élus.
Nos revendications doivent refléter l’ampleur de la crise à laquelle les travailleurs sont confrontés. Si le point de départ de celles-ci est certainement spécifique à la lutte contre la brutalité policière raciste, nous ne devons pas nous y limiter. Le coût croissant des loyers, les salaires de misère et notre système de soin de santé totalement inadéquat ont tous un impact disproportionné sur les Noirs américains. Nous sommes en beau milieu d’une pandémie et au début d’une dépression économique mondiale et il faut y répondre.
Le mouvement syndical doit s’impliquer : La lutte contre le racisme exige la participation de toute la classe ouvrière. La devise du mouvement ouvrier est : “Une attaque contre l’un est une attaque contre nous tous”. Les syndicats doivent organiser de toute urgence leur participation aux manifestations. Cela peut prendre la forme de grèves de solidarité de neuf minutes pour marquer les neuf minutes durant lesquelles Derek Chauvin a eu son genou sur le cou de George Floyd. Cela peut aussi consister à organiser la défense des manifestations contre les violences policières, à transformer les locaux syndicaux en dépôts pour que les manifestants puissent s’y ravitailler (notamment en équipement de protection tels que des masques), et à former des contingents pour se joindre aux manifestations et aux actions quotidiennes. À Minneapolis, Socialist Alternative a appelé à la préparation d’une journée de grève générale locale en solidarité avec le mouvement ainsi que pour exiger la fin de l’occupation de la ville par la Garde nationale.
Structuration du mouvement : Le mouvement a besoin de structures démocratiques dans chaque ville afin d’y discuter des prochaines étapes de la lutte. Il devrait y avoir, pour commencer, des réunions quotidiennes en plein air où se rencontrer pour discuter des projets de la journée et aborder les divers problèmes qui se posent. Si le mouvement devait se poursuivre à ce rythme, ces réunions devraient être transformées en organes d’organisation officiels avec notamment des représentants des organisations participantes. Nous avons également besoin de forums en ligne sécurisés pour communiquer rapidement.
La défense du mouvement : Nous avons besoin d’une équipe de défense multiraciale désignée à chaque manifestation, capable de se protéger contre les éléments antisociaux et criminels qui cherchent à tirer profit de la situation. Il ne s’agit pas d’un souci moral de protéger la propriété privée, mais d’empêcher les gens d’employer des tactiques susceptibles de saper le soutien plus large dont bénéficie le mouvement.
“Une attaque contre l’un d’entre nous est une attaque contre nous tous”
Une partie importante du mouvement ouvrier a déjà marqué cette rébellion de son empreinte. Le syndicat des chauffeurs de bus de Minneapolis, dirigé par des marxistes, en est un brillant exemple : dès la première nuit de manifestation, il a refusé de transporter les manifestants arrêtés en prison. Cette rébellion s’est rapidement étendue à New York et à Washington D.C. (entre autres villes) où les travailleurs des transports en commun ont adopté une position similaire.
Le 11e jour des manifestations, les infirmières de tout le pays se sont agenouillées sur les pelouses de leurs hôpitaux en solidarité avec le mouvement Black Lives Matter. Les priorités rétrogrades de notre système ont été mises en avant par ces infirmières qui ont été forcées de travailler pendant une pandémie en portant des sacs poubelles comme vêtements de protection alors que, devant leur fenêtre, la police défilait dans les rues en coûteuses tenues anti-émeute.
À la fin de la première semaine de manifestations, les travailleurs des épiceries de Minneapolis ont commencé à organiser des débrayages et des arrêts de travail pour soutenir le mouvement. Le 5 juin, une employée de la distribution de Minneapolis et membre de Socialist Alternative a organisé toute son équipe pour qu’ils quittent leur poste. Ils se sont rendus aux portes de leur supermarché pour crier des slogans avec des pancartes pendant 8 minutes et 45 secondes avant de retourner au travail. De plus, des membres de Socialist Alternative qui travaillent au bureau de poste de Minneapolis ont organisé un rassemblement de solidarité avec 60 travailleurs postaux. Ils ont manifesté du bureau de poste brûlé jusqu’à l’occupation, en déclarant avec audace qu’un bâtiment peut toujours être reconstruit, mais qu’on ne peut pas reconstruire la vie d’une personne assassinée par la police.
Alors que les manifestations empruntent les principales rues et autoroutes du pays, certaines des plus fortes éruptions de joie des manifestants sont déclenchées par un simple acte de solidarité de la part d’autres travailleurs ordinaires. À New York, chaque fois qu’un chauffeur de bus, de taxi ou de livraison klaxonne pour soutenir les protestations, la foule hurle de joie.
Le potentiel de solidarité organisée de la part du mouvement ouvrier au sens large est immense. Cependant, les dirigeants actuels de la plupart des grands syndicats se sont avérés – une fois de plus – complètement défaillants. Lors d’une conférence de presse organisée par la fédération syndicale AFL-CIO, les dirigeants de certains des plus grands syndicats du pays n’avaient guère plus à dire que “le racisme est mauvais, veuillez voter comme il faut”. C’est tout à fait insatisfaisant. Les besoins du mouvement ne peuvent pas attendre jusqu’en novembre. Si les dirigeants syndicaux existants ne sont pas préparés à mobiliser pleinement leurs membres dans la lutte contre le racisme, alors nous avons besoin d’une nouvelle direction. Nous avons besoin que les éléments les plus combatifs et les plus déterminés du mouvement syndical s’organisent pour que les syndicats redeviennent de véritables organisations de lutte.
La nécessité d’une tactique efficace
Les manifestations dans certaines villes ont temporairement éclaté en émeutes, avec des voitures de police (et des commissariats entiers dans le cas de Minneapolis) incendiées. Une très petite minorité de manifestants ont adopté un comportement antisocial, comme le pillage. Dans certains cas, ces pillages sont plus clairement motivés par la pauvreté, avec des rapports faisant état de parents emportant avec eux de la nourriture et des couches. Mais dans d’autres cas, ce sont des personnes qui profitent de manière opportuniste du chaos.
La rage qui se cache derrière les émeutes n’est pas seulement compréhensible, elle est positive. Nous avons le droit d’être en colère. Il y a beaucoup de raisons pour l’être. Cependant, nous devons réfléchir de façon stratégique à la manière dont cette rage est canalisée. En l’absence de structures démocratiques permettant au mouvement de débattre de la voie à suivre, les gens emploieront toute une série de tactiques – certaines efficaces et d’autres non.
“C’est tout le système qui est coupable”
Dans tout le pays, les gens se précipitent actuellement dans les rues, enragés par le racisme rampant de notre société. Cependant, il est clair que la rage est bien plus profonde à des kilomètres à la ronde. Elle plane comme un nuage au-dessus des manifestations. Pour de nombreux manifestants qui demandent justice pour George Floyd, il est évident que tout notre système économique et politique est brisé.
Si les manifestations de Black Lives Matter en 2014-2015 ont donné le sentiment, notamment chez les jeunes Noirs, que tout le système leur était défavorable, ce sentiment n’a fait que s’amplifier à mesure que des millions de personnes s’enfonçaient davantage dans la pauvreté.
Le désir croissant d’un changement sérieux sur tous les fronts nécessaires ne peut être séparé des conditions plus générales auxquelles nous sommes confrontés. Les jeunes et les travailleurs de toutes couleurs de peau perdent des personnes qu’ils aiment à cause d’un virus qui aurait pu être contenu et voient leur dette augmenter, leurs salaires diminuer, leurs emplois disparaître. Ils se demandent : comment aller de l’avant ?
Il y a moyen d’y parvenir, mais nous devons nous battre pour cela. Nous devons nous battre ici et maintenant pour une refonte complète des services de police, pour des logements accessibles et de bons soins de santé, pour des programmes d’emploi, pour une éducation et des services sociaux entièrement financés.
Cependant, nous ne pouvons pas non plus considérer ces réformes comme un objectif final. Notre projet doit être de créer un mouvement multiracial de la classe ouvrière pour mettre fin au système capitaliste – le système qui constitue la base de notre société.
Nos institutions politiques – y compris la police – existent pour défendre les intérêts de la classe dominante capitaliste, et non ceux des travailleurs. Si nous voulons vraiment surmonter des siècles de racisme et toutes les autres formes d’oppression, nous avons besoin d’un système entièrement nouveau. Un système qui ne récompense pas la division, la concurrence féroce et la privatisation des ressources, mais qui récompense la solidarité authentique, la collaboration et la redistribution des richesses de la société, une société socialiste.
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“Il ne peut y avoir de capitalisme sans racisme.” Qui était Malcolm X ?

Malcolm X était l’un des représentants les plus connus et les plus militants du mouvement des droits civiques qui a secoué la société américaine dans les années 1960. Il est aujourd’hui un symbole de résistance, non seulement pour les jeunes Noirs, mais pour toutes les couches opprimées de la population. Malcolm X reste une figure imposante dans le panthéon des révolutionnaires du 20ème siècle, examinons les 11 derniers mois de sa vie et l’héritage qu’il a laissé derrière lui.
Par Eljeer Hawkins, Socialist Alternative
- Jeudi 11 juin 2020 : Meeting online : L’héritage révolutionnaire de Malcolm X
1964 – L’évolution d’un révolutionnaire
Le 8 mars 1964, Malcolm X décida d’annoncer qu’il quittait la Nation de l’Islam et prenait ses distances de son leader spirituel Elijah Muhamad afin de s’engager complètement dans la lutte pour les droits civiques et humains aux USA et à l’étranger. Malcolm fonda Muslim Mosque Inc. (Mosquée Musulmane S.A.) pour regrouper les membres de la Nation de l’Islam qui l’avaient suivi. En juin, il en développa le bras politique : l’Organisation de l’Unité Afro-Américaine (OUAA) basée est sur le modèle de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA – précédant l’Union africaine) née après les victoires des luttes anti-coloniales de libérations, dans le monde néocolonial.
La Nation de l’Islam dénonçait l’hypocrisie de la ‘‘démocratie’’ américaine, le capitalisme, la suprématie blanche et les conditions de vie épouvantables de la population noire depuis l’esclavage. Recrutant ses membres parmi la classe ouvrière, les pauvres, les détenus et les travailleurs précaires noirs, la Nation de l’Islam prêchait et pratiquait une combinaison de nationalisme culturel noir et d’idéaux pro-capitalistes comme le mouvement de Marcus Garvey (UNIA, d’où étaient issus beaucoup de ses membres), le plus large mouvement dirigé par des Noirs et auquel les parents de Malcolm X appartenaient. La Nation de l’Islam était une organisation pyramidale, aux décisions prisent à la direction et imposées à la base, qui comprenait également une branche paramilitaire (Les fruits de l’Islam). L’organisation prêchait que le peuple noir était le ‘peuple élu’ destiné à être libéré du malin, de la suprématie blanche et des lois ségrégationnistes. Elle mettait en avant qu’il existe une connexion mondiale entre les peuples basanés d’Asie, d’Afrique, du Moyen-Orient et d’Amérique-Latine.
La forme spécifique d’Islam afro-américain de la nation de l’Islam n’était pas reconnue par l’Islam sunnite. Sa politique vis-à-vis du mouvement des droits civiques était basée sur le non-engagement alors qu’il s’agissait du mouvement social le plus important de l’époque. Elijah Muhammad craignait que le gouvernement s’attaque à son organisation. Alors que des évènements bouleversants se produisaient partout dans le monde avec des révolutions, des contre-révolutions, des rébellions et le Mouvement des droits civiques aux USA, l’embrasement politique et spirituel de Malcolm pour un engagement plus complet dans la lutte était de plus en plus palpable. En tant que porte-parole national de la Nation de l’Islam, Malcolm politisait la théologie d’Elijah Muhammad au grand désarroi de ce dernier, ce qui provoqua la colère de la direction de l’organisation.
Après avoir quitté la Nation de l’Islam, Malcolm entreprit dès avril 1964 deux voyages internationaux qui se sont étendus à l’Afrique, à l’Europe et au Moyen-Orient. Ce voyage avait des objectifs à la fois politiques et religieux, Malcolm voulant compléter son pèlerinage à La Mecque et accepter formellement les enseignements de l’Islam sunnite. Il souhaitait devenir un point de référence aux USA pour l’Islam, théologiquement et d’un point de vue organisationnel. Les voyages de Malcolm à travers l’Afrique et le Moyen Orient ont eu un énorme impact sur sa manière de penser l’Islam et la révolution.
Lier la lutte de libération des noirs à l’anticolonialisme
Politiquement, Malcolm souhaitait amener sur le devant de la scène internationale la cause des 22 millions d’Afro-Américains qui subissaient la pauvreté, les violences policières, l’exclusion politique, etc. de la ségrégation américaine.
Malcolm a dû naviguer à travers un monde d’après-guerre qui connaissait révolutions et contre-révolutions. Les révolutions dans le monde colonial comme en Chine, en Algérie, au Vietnam ou à Cuba et le mouvement des pays non-alignés qui donna naissance à la conférence de Bandung en 1955 ont eu un puissant impact sur sa vision politique du monde. Les révolutions anticoloniales ponctuaient le déclin de la puissance coloniale européenne, l’émergence des USA comme superpuissance capitaliste prééminente et le renforcement de la social-démocratie ainsi que du Stalinisme en Europe de l’Est. Voilà la toile de fond de l’évolution des idées de Malcolm sur une période de 11 mois. Aux USA, le mouvement de libération des Noirs – avec la naissance en 1955 du Mouvement des droits civiques suite à la mort brutale d’Emmett Till et au refus de Rosa Parks de se lever d’un siège dans un bus de Montgomery – déclencha un puissant mouvement social contre cet esclavage d’un autre nom qu’était le système Jim Crow (un ensemble de lois ségrégationnistes).
La doctrine anti-communiste de 1947 du président Harry Truman, la chasse aux sorcières du sénateur McCarthy et le libéralisme de la guerre froide à travers le bloc de l’Ouest ont eu un effet dévastateur sur le mouvement de libération noir radical, ses activistes de gauche et ses dirigeants radicaux. ‘‘Le soutien de beaucoup de libéraux afro-américains à la politique étrangère américaine pendant la guerre froide et à sa position sur le racisme et le colonialisme à l’étranger a nuit à la lutte anticoloniale et à la lutte des Noirs américains pour les droits civiques’’, comme le dit l’historienne américaine Penny Von Eschen.
Le mouvement des droits civiques
La montée d’un leadership réformiste, libéral et s’appuyant sur l’Église dans des organisations comme le NAACP (National Association for the Advancement of Colored People) et le SCLC (Southern Christian Leadership Conference) ont conduit le Mouvement des droits civiques à devenir la force dominante dans la lutte pour la liberté, par sa tactique de désobéissance civile non violente et sa lutte pour des réformes politiques et sociales accordées par l’establishment politico-économique pendant la période de croissance d’après-guerre. Une certaine élite libérale et politique pensait que le capitalisme pouvait endiguer la pauvreté, le racisme et l’oppression endémiques. Mais ce sont les militants du Mouvement qui forcèrent l’administration du président Johnson à implémenter des programmes sociaux clés sous le nom de programme de la guerre contre la pauvreté ainsi qu’à signer le Civil Right Act (1964, qui déclare la ségrégation et les discriminations illégales) et le Voting Rights Act (1965, qui octroie de facto le droit de vote aux Noirs sans tests ni taxes).
Durant cette période, Malcolm a souligné les limites du libéralisme sous Johnson. Elles sont devenues évidentes après l’implication complète (économique et militaire) de l’impérialisme américain au Vietnam, et le rôle joué par le système bipartisan républicains/démocrates. La récupération des mouvements sociaux par le Parti Démocrate devenait flagrante. Malcom a dénoncé la suprématie blanche, l’hypocrisie de la démocratie américaine face aux explosions sociales qui secouaient de nombreuses villes du pays, la répression violente des militants (lynchages, intimidations et meurtres) et le cadre trop étroit du Mouvement des droits civiques.
Malcolm cherchait à placer la lutte américaine pour les droits civiques dans le cadre de la lutte internationale anticapitaliste et anti-impérialiste. Il souhaitait unir les plus opprimés et les jeunes du Tiers Monde et des USA dans le combat pour une libération totale de l’oppression et de l’exploitation quotidiennes. Sa campagne consistait à vouloir confondre les USA devant les Nations Unies en portant plainte pour crimes contre l’humanité à l’encontre des Afro-Américains. Les élites dirigeantes internationales, les forces gouvernementales américaines et les membres de la Nation de l’Islam voulaient la mort de Malcolm X à cause de sa capacité d’organisation (nationalement et internationalement) et de sa capacité à inspirer les masses en offrant une alternative au racisme et au capitalisme.
La pertinence de Malcolm X aujourd’hui
À la fin de sa vie, Malcolm a tiré une analyse plus profonde du capitalisme et de la suprématie blanche, en fournissant une marche à suivre pour les jeunes générations d’activistes et d’organisations des mouvements de libération noirs. Les conditions matérielles derrière l’émergence d’une figure telles que Malcolm X existent toujours aujourd’hui. La pauvreté abjecte, le racisme, le taux de chômage élevé, l’incarcération de masse, la violence policière, les licenciements, l’austérité, etc. sont les sous-produits d’un système capitaliste malade basé sur la soif de profits d’une poignée de dirigeants faisant partie de l’élite.
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#JusticeforGeorgeFloyd. Action de solidarité à Gand ce 1er juin !

Action ce 1er juin à 16 heures à Gand (Sint-Pietersplein), en solidarité avec les mobilisations aux États-Unis.
- Fabriquez vos propres pancartes
- Respectons 1,5m de distance entre chacun
- Portez un masque bien entendu !
George Floyd a été assassiné, une énième victime de la brutalité policière raciste aux États-Unis. Les Noirs ont 2,5 fois plus de chances d’être assassinés par la police américaine que les Blancs. Bien que 12 % de la population américaine soit noire, ils représentent 26% des personnes tuées par la police et 33 % des personnes emprisonnées.
Des centaines de milliers de personnes sont descendues dans les rues à travers les États-Unis pour exprimer leur colère face à ce meurtre. Elles ont fait face à une sévère répression policière. Trump parle de tirer sur les manifestants à balles réelles ! Samedi, à Seattle, une fillette de 9 ans a été aspergée de gaz lacrymogène au visage. Dans de nombreuses villes et Etats, un couvre-feu a été instauré. Pourtant, la résistance se poursuit.
C’est un avant-goût de la façon dont le gouvernement américain va réagir à la résistance sociale après la pandémie de COVID-19. Aux États-Unis, près de 50 millions de personnes ont perdu leur emploi. Le racisme institutionnel a toujours été un moyen de créer un bouc émissaire pour les problèmes sociaux. Il est plus facile de stigmatiser une partie de la population que de chercher de véritables solutions à la pauvreté et à la misère tandis que la répression coûte moins cher que d’assurer des soins de santé, des salaires et des services publics décents pour toutes et tous ! Il faut taxer les riches au lieu de tirer sur les pauvres !
Les choses ne sont pas différentes en Belgique, pays où Mawda, Mehdi, Adil et bien d’autres ont été victimes de la répression d’Etat. Francken et ses collaborateurs préfèrent augmenter les tensions sociales dans les quartiers les plus pauvres du pays plutôt que de proposer des solutions sociales.
La Campagne ROSA, la campagne antifasciste Blokbuster et les Etudiants de Gauche Actifs sont solidaires des protestations aux États-Unis et exigent :
- L’arrestation immédiate et le procès des tueurs de Georges Floyd.
- La fin de la persécution des militants.
- Des solutions sociales pour les problèmes sociaux : il faut des investissements dans l’enseignement, les soins de santé et les salaires plutôt que dans la répression policière. Taxons les riches au lieu de tirer sur les pauvres !
- Malcolm X a dit : “il n’y a pas de capitalisme sans racisme” : nous devons combattre le système capitaliste, un système d’exploitation économique pour la majorité de la population aux profits d’une infime élite.
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La Garde nationale déployée à Minneapolis : Il faut riposter par une action de masse coordonnée
L’establishment politique qui a tué George Floyd ne mérite aucune confiance !George Floyd a soufflé “Je ne peux pas respirer”, encore et encore, pendant neuf longues minutes. C’est un meurtre. Un meurtre commis par la police de Minneapolis. Les récents meurtres racistes de Breonna Taylor et d’Ahmaud Arbery, ainsi que les innombrables cas de meurtres racistes commis par la police ces dernières années montrent à quel point ce genre de situation est courant en Amérique.
Déclaration de Socialist Alternative Minneapolis
Minneapolis ressemble désormais à un État policier. La Garde nationale occupe les points clés de la ville avec des chars et des armes automatiques, y compris les ponts et les carrefours qui ont été occupés par des manifestants ces derniers jours. Le poste de police de la troisième circonscription est toujours en flammes, et la cinquième circonscription de police toute proche est entourée de barbelés et de barricades. Des milliers de bénévoles nettoient les rues et la plupart des commerces sont toujours fermés, mais des déclarations de solidarité sont partout peintes sur des pancartes.
Ce qui se passe à Minneapolis est une rébellion de la classe ouvrière, dirigée par des jeunes gens de couleur. Ils ont affronté sans crainte des policiers lourdement armés au cours de manifestations et d’occupations qui ont duré 24 heures. Ils ont obtenu l’inculpation de l’officier qui a tué George Floyd et ont déclenché une nouvelle vague du mouvement d’émancipation des Noirs qui se répand nationalement. Des manifestations de solidarité qui ont même eu lieu à l’étranger. L’establishment du Parti démocrate qui dirige Minneapolis, et qui dirige actuellement l’État du Minnesota, ne néglige aucun effort pour réprimer les protestations et canaliser le mouvement vers les canaux contrôlés par l’establishment qui ont régulièrement laissé tomber les Noirs et les gens de couleur.
Nous devons être clairs sur qui “ruine notre ville” : la police raciste, l’establishment politique et les grandes entreprises. Le danger et réel que l’extrême droite soit enhardie par des tweets de Trump comme “si les pillages commencent, les fusillades commencent”. Des menaces réelles ont eu lieu, mais l’establishment politique a souligné la menace “d’agitateurs extérieurs” et de l’ingérence des milices de droite afin de justifier la répression des véritables manifestants.
Les médias affirment que les protestations sont dirigées par des “agitateurs extérieurs” ou des anarchistes et des “antifa”. Tous ceux qui ont participé à la rébellion de Minneapolis savent que c’est un non-sens absolu. Comment des “agitateurs extérieurs” pourraient-ils être le facteur clé des protestations qui se sont étendues à toutes les grandes villes ? Ce qui se produit actuellement est un soulèvement de la classe ouvrière avec des jeunes de couleur en première ligne. Trump menace de désigner les “antifas” comme une organisation terroriste pour faire diversion, agiter sa base de droite et tenter de diviser le mouvement. Nous devons riposter par l’unité, la solidarité et l’action de masse.
Le terrorisme d’État et la défense des quartiers
Le plus grand déploiement de forces de l’ordre jamais entrepris dans l’histoire du Minnesota ne vise pas à arrêter les suprémacistes blancs. Si c’était le cas, où en sont les arrestations ? Le déploiement de la Garde nationale a par contre ciblé les journalistes alors qu’ils couvraient des manifestations pacifiques. Une photographe a d’ailleurs reçu une une balle en caoutchouc dans l’oeil. Les travailleurs ont été terrorisés alors qu’ils essayaient d’organiser la surveillance des quartiers pour assurer la sécurité des habitants.
En fait, ce sont les travailleurs, en particulier les personnes de couleur, qui ont été les plus efficaces pour mettre fin à la violence des milices de droite. Par exemple, lorsqu’une personne à l’allure douteuse a été vue en train d’essayer de mettre le feu à un centre commercial somalien, la communauté somalienne s’est organisée pour l’affronter tandis que la police et la Garde nationale regardaient ailleurs. Des manifestants ont affronté un policier sous couverture soupçonné d’avoir brisé des vitres et déclenché des incendies dans un magasin de pièces automobiles situé en face du troisième commissariat. Aujourd’hui, un camion-citerne a tenté de s’introduire dans une manifestation sur une autoroute, et la police et la Garde nationale ont réagi après l’événement, puis ont lancé des gaz lacrymogènes sur les manifestants terrifiés pour qu’ils quittent le pont.
Jusqu’à présent, la Garde nationale n’a montré aucune preuve crédible du fait qu’elle ait effectivement mis fin à une menace des suprématistes blancs. Mais l’establishment et les médias capitalistes continuent de le souligner puisque cela fournit un prétexte bien utile pour réprimer les manifestation et les expressions de solidarité. Il a par exemple été demandé aux gens de retirer les pancartes de solidarité plantées dans leurs jardins et leurs cours en raison de la menace d’attaques d’activistes suprémacistes blancs sur leurs maisons. C’est évident, avec les tweets de Trump et des événements comme les attaques terroristes blanches à Charlottesville, la menace existe, mais les comités de défense de quartier qui ont vu le jour et sont organisés par la classe ouvrière représentent un outil bien plus efficace que la Garde nationale pour faire face à ces menaces.
L’utilisation de la Garde nationale par le maire Frey et l’Hôtel de ville menace les mobilisations. Celles-ci ont déjà remporté d’importantes victoires. Au départ, le procureur du comté de Hennepin, Mike Freeman, a retardé l’arrestation du policier qui a tué George Floyd en prétextant qu’il disposait de “preuves supplémentaires” qui l’empêchaient de poursuivre les officiers de police. Le lendemain de la fuite de la police de Minneapolis du poste de la 3e circonscription, qui a ensuite été occupé par les manifestants et a été incendié, l’officier Derek Chauvin a été finalement été arrêté et inculpé. La leçon à tirer ici est que l’entrée en action est efficace.
Une lutte de la classe ouvrière
Le lendemain, les manifestants réunis en masse continuaient de scander “un à terre, trois à venir”, en référence au fait que les autres officiers qui ont aidé au meurtre de George Floyd n’avaient toujours pas été inculpés. En outre, la mairie n’a pas indiqué qu’elle avait l’intention d’apporter des changements structurels au maintien de l’ordre à Minneapolis. Il reste encore beaucoup de travail à faire, et ce serait une grave erreur de faire confiance aux institutions politiques qui nous a conduit dans cette situation pour résoudre la crise.
L’histoire de Minneapolis offre de précieuses leçons quant à la manière de faire face à l’intervention des militaires. Lors de la grève des Teamsters de 1934, la Garde nationale avait été mobilisée pour réprimer la grève. Des soldats ont abattu des camionneurs en grève, terrorisé les familles des organisateurs de la grève et arrêté l’ensemble des dirigeants du syndicat des camionneurs. Tout cela s’est révélé inefficace car les révolutionnaires socialistes qui organisaient la grève avaient mis en place des structures véritablement démocratiques pour le mouvement capable de poursuivre la grève sous la répression et de traiter des questions de sécurité publique.
Des milliers de personnes dans les communautés ouvrières de Minneapolis organisent déjà des comités pour nettoyer les quartiers, fournir une aide médicale aux personnes attaquées au gaz lacrymogène et aux balles en caoutchouc, s’informer mutuellement des menaces potentielles et protéger les gens à la fois de la Garde nationale et de la menace de violence de la droite. Le mouvement ouvrier local devrait également jouer un rôle actif dans ce processus, en mettant ses ressources à disposition.
Un membre de Socialist Alternative qui est un chauffeur de bus organisé dans la cellule syndicale ATU 1005 a illustré ce qui peut être fait en refusant de conduire la police et les personnes arrêtées, ce qui a conduit à des actions similaires à New York et à l’appel lancé par le syndicat ATU International (Amalgamated Transit Union, qui organise des travailleurs du secteur des transports aux Etats-Unis et au Canada). Depuis lors, plus de 3.500 personnes ont rejoint le groupe d’organisation des membres du syndicat pour #JusticeForGeorgeFloyd sur Facebook afin de discuter de mesures similaires. En outre, des syndicats comme l’ILWU (International Longshore and Warehouse Union, qui regroupe des dockers et travailleurs portuaires aux Etats-Unis et au Canada), le NNU (National Nurses United, principal syndicat d’infirmiers et infirmières aux États-Unis), le CWA (Communications Workers of America) et des dizaines de syndicats locaux ont publié des déclarations de solidarité. Des institutions comme l’Université du Minnesota et les écoles publiques de Minneapolis ont mis fin à leurs relations avec la police.
Pour que justice soit rendue à George Floyd, nous avons besoin de protestations massives et coordonnées et de journées d’action qui soient bien préparées pour résister aux tentatives des militaires de réprimer les manifestations.
L’ensemble de la classe ouvrière, et en particulier le mouvement syndical, devrait mobiliser pleinement ses membres à ces actions et trouver des moyens de d’empêcher l’occupation de nos lieux de travail par l’armée. Si les violence de ce samedi soir sont une indication de ce qui arrive (des habitants ont été la cible de balles en caoutchouc pour s’être simplement tenus sur leur porche), les syndicats devraient également se préparer immédiatement à une grève générale d’un jour, ce qui bénéficierait de la sympathie générale de la communauté au sens large et même des petites entreprises qui expriment déjà leur solidarité avec le mouvement.
Ces manifestations devraient être liées à des journées nationales d’action dans tout le pays, en particulier dans les villes où la police sévit brutalement pour réprimer les manifestations non-violentes. Dans tout le pays, des villes sont soumises à des couvre-feux et la Garde nationale a également été déployée à Los Angeles, Atlanta et Detroit. Avec près de 40 millions de chômeurs, dont un nombre disproportionné de personnes de couleur, à travers le pays et d’innombrables exemples de violence policière raciste partout, la situation est explosive, surtout dans cette situation où Trump risque d’être réélu et cherche à mobiliser sa base.
Le rôle du Parti démocrate
La plupart des villes où cette rébellion est concentrée sont dirigées de haut en bas par des politiciens du Parti démocrate, et il est scandaleux qu’ils aient eu recours à des campagnes d’intimidation envers les protestations et à la mobilisation de l’armée plutôt que de s’attaquer à la police hors de contrôle et aux profondes inégalités qui fleurissent dans les villes.
Les socialistes, en revanche, y compris les dirigeants socialistes du syndicat des chauffeurs de bus de Minneapolis, montrent la voie, en soulignant le rôle essentiel d’une classe ouvrière unie et multiraciale dans la lutte contre le racisme. A Seattle, Kshama Sawant, membre du conseil de ville et de Socialist Alternative, a appelé à de véritables réformes structurelles du maintien de l’ordre, à la taxation des milliardaires pour construire des logements abordables de façon permanente et à un programme d’emplois verts.
Malheureusement, cela contraste même avec les figures de gauche du Parti démocrate, notamment Bernie Sanders et Alexandria Ocasio-Cortez, qui n’ont guère fait plus que publier des déclarations de soutien aux protestations. Nous avons besoin de plus d’élus, comme Kshama Sawant, qui se rangent réellement du côté du mouvement quand la pression est forte ! Cela signifie de rompre avec le Parti démocrate, qui est lié par un million de fils aux milliardaires, aux intérêts commerciaux et à la police.
Nous entrons dans une nouvelle phase de lutte explosive. Tout en résistant à la répression de l’État contre cette rébellion, nous pouvons jeter les bases d’un mouvement plus large cet été et au-delà. Une action déterminée est nécessaire pour mettre fin aux expulsions de logements, aux déportations de Trump, aux conditions de travail dangereuses, aux coupes budgétaires dans l’enseignement public et dans les services sociaux, et à la catastrophe climatique. Les jeunes et la classe ouvrière entrent en action, et nous devons poursuivre cette lutte contre les meurtres racistes de la police, mais aussi contre toutes les injustices inhérentes à ce système d’exploitation et d’oppression.
Ce qui s’est produit cette semaine à Minneapolis a clairement touché la classe ouvrière et les personnes opprimées dans le monde entier. Les protestations se sont répandues aux États-Unis et dans les villes du monde entier. Le capitalisme est un système de violence et d’oppression brutales, et bien que les détails puissent varier d’un pays à l’autre, la classe ouvrière et les peuples opprimés s’identifient à George Floyd et au mouvement pour une véritable justice qui a vu le jour. Cela montre le potentiel de la solidarité internationale contre toutes les formes d’exploitation et d’oppression, et contre le système capitaliste lui-même. Un attaque contre l’un d’entre nous est une attaque contre nous tous !
- Les quatre flics tueurs doivent être immédiatement poursuivis.
- Non à la Garde nationale – Jusqu’à présent, la présence de la Garde nationale n’a fait que terroriser les communautés ouvrières, blesser des journalistes qui couvraient les manifestations non violentes et protéger les banques et les commissariats de police. Il est temps qu’elle parte !
- Il faut développer la lutte au travers de manifestations de masses coordonnées et de journées nationales d’action.
- Un attaque contre l’un d’entre nous est une attaque contre nous tous – Les syndicats doivent mobiliser pleinement leurs membres, aider à protéger les manifestations et organiser une grève générale d’un jour.
- Il faut organiser des conseils de quartier pour discuter des prochaines étapes, se protéger contre la menace de milices de droite et de la Garde nationale, et répartir l’aide.
- Aucune confiance dans le maire Frey – La police doit être restructurée sous la direction de la collectivité, avec élection d’un conseil civil doté de réels pouvoirs, notamment en ce qui concerne l’embauche et le licenciement de policiers, la révision des priorités budgétaires et le pouvoir d’assignation à comparaître. Ce modèle doit être diffusé à l’échelle nationale.*
- Il faut financer les écoles et les logements sociaux, pas la police – La violence policière fait partie intégrante du système capitaliste, qui repose sur le racisme et des inégalités structurelles. Il faut taxer les riches pour des investissements dans des emplois verts, des programmes sociaux, l’enseignement public et des logements sociaux abordables en permanence.
- L’ensemble du système est coupable – Malcolm X avait déclaré : “On ne peut pas avoir de capitalisme sans racisme.” Pour obtenir un changement durable, la lutte contre le racisme policier et l’establishment politique capitaliste doit être étendue à la lutte contre le système capitaliste lui-même. Rejoignez Socialist Alternat dès aujourd’hui !
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USA. Justice pour George Floyd ! C’est tout le système qui est coupable !
George Floyd est mort étouffé par un policier de Minneapolis, le 25 mai 2020, un genou sur son cou. La vidéo de ce meurtre publiée par le Washington Post montre clairement que la police a menti sur le fait que Floyd ait résisté à son arrestation. Il a été assassiné parce qu’il “ressemblait à un suspect”. Les événements entourant la mort de George Floyd exposent la brutalité désinvolte mais mortelle de la police.Par Socialist Alternative – Minneapolis
La police a arrêté Floyd de façon agressive sur base d’un rapport selon lequel quelqu’un dans la région avait essayé d’utiliser un faux billet de 20 dollars. Tout d’abord, l’idée qu’un meurtre serait une réponse pour la simple accusation d’un crime de pauvreté est horrible et injuste. Ensuite, le meurtre de Floyd est un aperçu effrayant de la réaction de l’État durant une crise économique qui a déjà entraîné la mise au chômage de près de 40 millions de personnes. Floyd a été filmé alors qu’il proclamait à plusieurs reprises “Je ne peux pas respirer”, ce qui rappelle tragiquement le cas d’Eric Garner, assassiné par la police en 2014. Sa mort a déclenché des journées d’action de masse qui ont constitué le pic du mouvement Black Lives Matter.
Il n’a fallu que quelques heures pour que la colère se transforme en protestation. Plusieurs milliers de personnes ont défilé vers le commissariat. Le long du parcours de la marche, des pancartes de solidarité avaient été accrochées par le voisinage sur les portes et les porches. Cette manifestation a été accueillie par des gaz lacrymogènes, des balles en caoutchouc et des coups de feu.
Pour rendre justice à Georges Floyd, nous ne pouvons pas accorder de confiance à l’establishment politique qui nous a conduit droit à cette situation. La mobilisation et les actions de protestations représentent la plus sûre manière d’assurer que justice lui soit rendue et d’attirer l’attention sur la réalité actuelle des brutalités policières. La lutte doit être élargie pour y inclure des mobilisations plus larges avec des journées d’action de masse coordonnées qui impliquent les jeunes, les communautés de couleur et l’ensemble de la classe ouvrière. Sans structuration, le risque est grand que les mobilisations puissent perdre leur élan. Un mouvement de masse bien organisé peut commencer à s’attaquer au racisme et à l’inégalité structurels sur lesquels reposent la violence policière avec des revendications concernant des programmes sociaux, l’enseignement public et les logements sociaux.
Aucune confiance envers le maire Frey ou le FBI de Trump
La réaction de la police de Minneapolis face à ces manifestations contraste fortement avec la manière dont ont été traités les rassemblements armés exigeant de “libérer l’État” des mesures de confinement quelques semaines auparavant. Cette attitude de la part de la police augmente le risque que des « justiciers » de droite se sentent enhardis à terroriser les manifestants, comme ce fut déjà le cas dans le passé. Le patron du syndicat de police local, Bob Kroll, est un ardent défenseur de Trump, au point de l’avoir introduit lors d’un meeting en 2019, ce qui ne va qu’augmenter le risque que Trump et les forces de droite interviennent.
Pour faire face à la violente répression policière ou à la menace des « justiciers » d’extrême droite enhardis, les organisations de masse comme les syndicats devront soutenir les manifestations et utiliser tous leurs moyens pour organiser des comités de solidarité visant à protéger les manifestants. Les syndicats des infirmières du Minnesota et des enseignants de Minneapolis ont publié des déclarations condamnant le meurtre de Floyd. Ce sont des démonstrations de solidarité importantes qui doivent être suivies par d’autres syndicats.
Le maire Jacob Frey a immédiatement mis sous une intense pression. Il a été forcé de reconnaître que la population ne faisait pas confiance à la police pour mener l’enquête. Il a donc demandé que celle-ci soit menée par le Bureau des affaires criminelles du Minnesota et le FBI. Cette tactique n’est pas neuve et sert à affaiblir les mobilisations qui exigent la poursuite immédiate des officiers de police impliqués. La méthode sert à faire dérailler les mouvements qui luttent pour imposer des changements structurels dans le maintien de l’ordre.
Nous devons également être clairs sur le fait que les lois des États et les agences fédérales de maintien de l’ordre ne sont pas du côté des travailleurs, tout particulièrement dès lors qu’il s’agit de migrants et des communautés de couleur. Le Bureau des affaires criminelles du Minnesota est l’organisation qui a enquêté sur le meurtre de Philando Castille et qui a ouvert la voie à l’acquittement de l’officier de police. D’autres méthodes, comme le grand jury, fonctionnent rarement et aboutissent à des mises en accusation pour des meurtres commis par des policiers dans moins de 2 % des cas.
Nous ne devons avoir aucune confiance dans le fait que le FBI fera mieux. Opérant aujourd’hui sous la direction de Donald Trump, qui se range régulièrement du côté des flics tueurs et des forces d’extrême droite, le FBI a derrière lui une longue histoire de terrorisme envers les communautés ouvrières. Le FBI a notamment élaboré un programme d’espionnage visant à piéger les jeunes musulmans, il a organisé la répression des activistes des droits des peuples indigènes et il a élaboré des programmes tels que le COINTELPRO (qui avait pour objectif d’enquêter sur les organisations politiques dissidentes aux États-Unis et de perturber leurs activités, NdT) qui a violemment ciblé les mouvements radicaux de défense des droits des personnes de couleur.
Nous devons nous battre pour la poursuite immédiate des officiers de police impliqués dans cette affaire, mais aussi en faveur d’une révision complète de la manière dont la police est gérée. Le meurtre de George Floyd fait suite au meurtre de Justine Damond en 2017, à celui de Jamar Clark en 2015 et à celui de Terrance Franklin en 2013, ainsi qu’à de nombreux autres.
Les politiciens détournent déjà l’attention de tout changement structurel. La sénatrice du Minnesota Amy Klobuchar, l’un des principaux choix de Joe Biden comme éventuel vice-président, demande une enquête sur les “individus impliqués”. Sa déclaration néglige la réalité bien connue selon laquelle peu de policiers en service sont poursuivis pour leurs crimes. Elle tente d’éloigner les critiques des pratiques brutales et racistes qui caractérisent la police locale.
Nous ne faisons pas confiance au maire Frey ou au FBI de Trump pour obtenir justice. Leur incapacité persistante à éradiquer la police raciste et à mettre fin aux préjugés raciaux profondément enracinés dans les forces de l’ordre démontre l’urgence d’une enquête communautaire totalement indépendante, menée par des personnes élues et dotées des pleins pouvoirs vis-à-vis de la police de Minneapolis, y compris le pouvoir d’assigner à comparaître, d’embaucher, de licencier et de revoir les priorités budgétaires. Ces pouvoirs devraient être étendus à un conseil de contrôle communautaire permanent, élu démocratiquement.
C’est tout le système qui est coupable !
La mairie a fait le strict minimum et uniquement sous la pression concertée de la communauté. Malgré de nombreux meurtres de policiers très médiatisés, plutôt que de mener une campagne de nettoyage de la police, elle a résisté aux appels à la justice de la communauté. Même l’aile “progressiste” de la mairie ne parvient pas à agir. En 2018, les membres du Conseil Alondra Cano et la vice-présidente du Conseil Andrea Jenkins ont voté avec Lisa Goodman, Abdi Warsame et Linea Palmisano contre l’élargissement des pouvoirs du Conseil afin d’avoir un certain contrôle sur la police de Minneapolis. Ils se sont rangés du côté du chef de la police Medaria Arradondo, dont la nomination en tant que premier chef noir a été considérée comme une mesure progressiste en soi, et du maire Jacob Frey, qui s’est “catégoriquement opposé” à toute surveillance supplémentaire de la police.
Alors que des sociétés comme Target (grande entreprise de la distribution basée à Minneapolis, NdT) ont enregistré des ventes record avec le confinement et que des entreprises de Wall Street comme US Bank ont également leur siège à Minneapolis, les démocrates y dirigent l’une des villes les plus inégales du pays tant sur le plan racial qu’économique. La mairie s’est violemment opposée pendant des années au salaire minimum de 15 dollars de l’heure, une mesure qui n’est devenue réalité que grâce à la pression d’un mouvement de lutte croissant. Dans cette bataille, les Démocrates se sont souvent fait l’écho des discours de droite sur les travailleurs à bas salaire et les prétendus « créateurs d’emplois ». Pendant des années, les Démocrates ont essayé de privatiser ce qui restait des logements publics en favorisant un programme de développement de logements de luxe. Il y a un an, cinq personnes ont été tuées dans l’incendie d’un appartement dans un immeuble qui aurait pu être évité si les codes de construction de la ville avaient exigé que le propriétaire installe un système d’extinction automatique. Sous le capitalisme, l’État de droit est utilisé comme prétexte pour opprimer les travailleurs et les communautés marginalisées, puis s’évapore lorsqu’il s’agit de fraude massive de la part de la classe des milliardaires.
Mais une alternative est possible. Il suffit de comparer les faiblesses du conseil de Minneapolis avec l’approche de Kshama Sawant, une membre de Socialist Alternative qui a été élue à trois reprises au conseil de Seattle. Elle a fait entendre sa voix en faveur des travailleurs à tel point que des entreprises comme Amazon ont dépensé 1,5 million de dollars pour essayer de faire échouer sa campagne de réélection l’année dernière. Ces entreprises entendaient disposer de leur revanche face à ses efforts pour construire un mouvement capable d’imposer une “taxe Amazon” sur leurs milliards de dollars de bénéfices.
Kshama Sawant s’est également fait entendre contre la brutalité policière, en luttant notamment contre la militarisation accrue de la police de Seattle. Elle fut la seule au conseil à s’exprimer contre un contrat de police qui faisait reculer les mesures de base de responsabilisation. Cela a mis en rage l’establishment du Parti démocrate et la direction du syndicat de police de droite, qui ont fait campagne aux côtés des grandes entreprises pour la vaincre. Imaginez ce que nous pourrions faire dans des moments comme celui-ci, avec ne serait-ce qu’un seul élu à Minneapolis qui considère que son rôle est fondamentalement de rendre des comptes aux mouvements de justice sociale, et non de faire de la politique comme d’habitude !
Nous devons tout mettre en œuvre pour organiser les protestations visant à obtenir justice pour George Floyd.Socialist Alternative appelle à :
- Poursuivre la police : Arrestation immédiate et inculpation des quatre officiers de police impliqués dans le meurtre de George Floyd.
- #JusticeforGeorgeFloyd : Organisons des manifestations de masse coordonnées et des journées d’action qui impliquent les jeunes et les travailleurs, en particulier les personnes de couleur, dans leur planification et leur mobilisation.
- Aucune confiance dans le maire Frey ou le FBI de Trump : Il faut restructurer la police sur base d’élus de la communauté dotés de réels pouvoirs, notamment en matière d’embauche, de licenciement, de révision des priorités budgétaires et de pouvoir d’assignation.
- La pauvreté est une violence d’État : La violence policière fait partie intégrante du système capitaliste, qui repose sur le racisme structurel et l’inégalité. Il faut taxer les riches pour investir dans des emplois verts, des programmes sociaux, l’éducation publique et des logements sociaux abordables en permanence.
- Tout le système est coupable – a déclaré Malcolm X : “On ne peut pas avoir de capitalisme sans racisme.” Pour obtenir un changement durable, la lutte contre le racisme policier et l’establishment politique capitaliste doit être étendue à la lutte contre le système capitaliste lui-même.
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Sanders suspend sa campagne – Les travailleurs ont besoin de leur propre parti

Photo: Wikimedia Commons Ce mercredi, Bernie Sanders a annoncé qu’il suspendait sa campagne pour la présidence, ce qui y a mis fin dans les faits. Il se trouvait 300 délégués derrière Joe Biden et le chemin pour l’emporter était très difficile, mais se retirer à ce stade a profondément déçu des millions de partisans. Comme nous l’avons fait valoir avec Socialist Alternative, cette primaire a été volée par l’establishment capitaliste du Parti démocrate, comme c’était déjà le cas en 2016.
Par Kshama Sawant
Sanders a décidé de laisser tomber à un moment où les travailleurs sont confrontés à une crise sans précédent, alors que la nécessité d’un changement socialiste n’a jamais été aussi évidente. L’épidémie de coronavirus a pleinement mis en évidence l’inégalité massive de la société américaine et les effets catastrophiques de décennies d’attaques sur les gains durement acquis des travailleurs et de coupes budgétaires dans les services sociaux, y compris les soins de santé.
En plus des ravages causés par le coronavirus dans de nombreuses communautés de la classe ouvrière, en particulier parmi les travailleurs immigrés à New York et dans les communautés ouvrières noires de nombreuses villes, s’ajoute la nouvelle réalité du chômage de masse à une échelle qui ne peut être comparée qu’à la Grande Dépression. À la fin du mois d’avril, 50 millions de personnes auront perdu leur emploi, 35 millions auront perdu leur couverture de santé fournie par leur employeur et des dizaines de millions de personnes devront choisir entre payer leur loyer et acheter de la nourriture.
Cette crise démontre la faillite complète du système capitaliste à un degré qui n’a quasiment jamais été atteint.
Joe Biden, ce désastre
Le candidat démocrate présumé est maintenant Joe Biden, un fidèle serviteur de Wall Street depuis de nombreuses décennies qui a soutenu la réduction de la sécurité sociale et de Medicaid. Il fut l’un des principaux partisans des politiques d’incarcération de masse. Il a mené la charge au Sénat américain contre Anita Hill qui a témoigné du harcèlement sexuel dont elle a été victime par le candidat à la Cour suprême Clarence Thomas. Il a soutenu vigoureusement la guerre en Irak. Les facultés mentales de Biden ne sont manifestement pas non plus ce qu’elles étaient. Il a été absent pendant l’essentiel de la crise du coronavirus. Il se pourrait que l’establishment essaye de le remplacer par quelqu’un d’autre plus tard cette année. Mais toute tentative de ce type risque de discréditer encore davantage la direction du Parti démocrate dont on ne saurait trop insister sur le manque d’autorité.
Cela reflète le désespoir de l’establishment regroupé autour de Biden pour arrêter Sanders après l’élan qui était le sien suite à sa victoire dans les trois premières primaires. Après avoir désespérément cherché un autre candidat, l’establishment a dû s’en remettre à Biden, en dépit de ses faiblesses évidentes. Mais si Bernie a effectivement été bloqué, cela ne fait que retarder le décompte. Même si Biden bat Trump d’une manière ou d’une autre, il devra faire face à une crise comparable à la Grande Dépression qui mettra complètement en évidence l’insuffisance de la direction du Parti démocrate et alimentera le désir de millions de personnes de créer un nouveau parti de la classe ouvrière.
C’est la crainte d’un second mandat de Trump, le président le plus réactionnaire depuis des décennies, qui a ouvert la porte à l’establishment pour s’engager dans une campagne de manipulation de masse après les primaires de Caroline du Sud. L’ironie de la chose est que si beaucoup de ceux qui ont soutenu Biden ont adhéré à l’argument selon lequel Sanders serait un candidat “trop radical” pour battre Trump, ils ont également soutenu des éléments clés de la plate-forme de Sanders. Lors des 20 premières primaires, les sondages de sortie des urnes ont démontré qu’une majorité de personnes soutenaient le programme “Medicare for All”.
Malgré tout cela et en dépit des sondages qui montrent que Sanders battrait Trump, Bernie a accepté la défaite et a clairement fait savoir qu’il soutiendrait Biden. L’équipe de Sanders en est réduite à espérer obtenir des “concessions” verbales de la part de Biden en faveur d’une politique progressiste. Biden pourrait en effet jeter quelques miettes pour essayer d’empêcher des millions de progressistes, en particulier des jeunes, de rester chez eux en novembre prochain. Mais il serait franchement illusoire d’accepter les promesses farfelues de Biden qui, il y a encore quelques semaines, a déclaré qu’il opposerait son veto à l’assurance maladie pour tous si le Congrès l’adoptait !
Nous comprenons pourquoi des millions de personnes sont si désespérées de se débarrasser de Trump qu’elles soutiendraient presque n’importe quel adversaire. Mais nous savons aussi qui est Joe Biden et il n’est certainement pas un “ami” des travailleurs, des femmes, des noirs ou des immigrés. Nous ne le soutiendrons pas et Sanders ne devrait pas non plus le faire.
Pourquoi avons-nous soutenu Bernie Sanders ?
Socialist Alternative a officiellement soutenu Sanders en novembre et a tout fait pour que cette élection soit gagnée. Nous ne regrettons pas cette position, qui repose sur les éléments extrêmement positifs du mouvement qu’il a contribué à créer. En 2016, Sanders a électrisé des millions de personnes grâce à son programme radical en faveur de la classe ouvrière et son appel à une “révolution politique contre la classe des milliardaires”. Il a popularisé le terme de “socialisme démocratique”. Cette fois, Sanders est allé plus loin en disant que les milliardaires “ne devraient pas exister”, tout en parlant d’un “gouvernement de la classe ouvrière” et en déclarant que son rôle de président serait d’être “l’organisateur en chef” (des luttes sociales, NdT). Il a appelé à un Green New Deal et même à la prise en charge de certaines parties de l’industrie énergétique par le secteur public.
Mais la raison principale pour laquelle nous avons soutenu Bernie avec tant de force est la même que celle pour laquelle la classe dirigeante le craignait. Sa campagne de 2016 a contribué à inspirer les gens à entrer en lutte. Ce fut notamment le cas avec la révolte des enseignants en 2018 et 2019. Cela a contribué à la renaissance du mouvement ouvrier aux Etats-Unis. S’il avait d’une manière ou d’une autre surmonté tous les obstacles et remporté la présidence en 2020, la classe dirigeante craignait que l’énorme augmentation de la confiance des travailleurs ne conduise à une vague de lutte sans précédent. Les entreprises donatrices des démocrates ont clairement indiqué qu’elles préféraient quatre années supplémentaires de Trump à l’arrivée de Sanders à la Maison Blanche.
En même temps, nous avons toujours été francs concernant les limites de Sanders et les divergences importantes que nous avons avec lui. En 2016, nous avons souligné le caractère contradictoire de sa campagne : d’une part, en refusant tout argent des entreprises, il a mis en évidence le potentiel d’un nouveau parti, mais en même temps, il a ramené les gens vers les démocrates. En 2018, nous avons assisté à un nouveau virage de la gauche vers la tentative de réforme des démocrates, encouragé par l’élection d’Alexandria Ocasio-Cortez et d’autres en tant que socialistes démocratiques. Nous avons également soutenu cette évolution, car elle a exacerbé les contradictions au sein du Parti démocrate lui-même, un parti qui a été un obstacle majeur sur la voie du développement d’une gauche puissante aux États-Unis depuis les années 1930.
De plus, nous n’avons jamais été d’accord avec l’explication de Sanders sur le socialisme, qui semble selon lui être une combinaison du New Deal de Roosevelt et de la politique des gouvernements sociaux-démocrates européens. Ces exemples ne représentent que des tentatives de sauver le système capitaliste en faillite et une démarche visant à s’en débarrasser. Ce projet a échoué, comme le souligne la pandémie actuelle et la menace d’une catastrophe climatique.
Les dirigeants de la plupart des syndicats, à d’honorables exceptions près, ont joué un rôle dans la défaite de Sanders. Ils craignent davantage la lutte des classes que les attaques des patrons contre les travailleurs. Nous devons également mentionner le rôle terrible joué par Elizabeth Warren, qui a refusé de soutenir Bernie lorsque tous les candidats pro-entreprises se sont alignés derrière Biden.
Malgré les défis croissants auxquels sa campagne s’est retrouvée confrontée, Sanders a continué à défendre des propositions audacieuses pour faire face à la double crise émergente de la pandémie et de l’effondrement économique. Il a récemment appelé à verser à tous les travailleurs leur ancien salaire complet pour la durée de cette crise. Mais alors que lui et AOC ont émis un certain nombre de critiques sur le projet de loi de relance qui contenait un plan de sauvetage stupéfiant pour les entreprises américaines, ils ont voté fait l’erreur de céder à la pression et de voter en faveur de ce plan.
Cette situation et le fait que Biden soit constamment appelé “mon ami” par Sanders indiquent un problème plus important. Comme l’ont fait remarquer plusieurs personnes à gauche, une approche plus combative envers Biden dès le début aurait été bénéfique à Sanders en l’aidant à révéler qui est vraiment Biden. Il est temps de résister aux faux appels à l’”unité” de la classe dirigeante, de désigner les responsables de la catastrophe et de construire une résistance féroce, indépendamment des hurlements des médias dominants.
Et maintenant ?
Des millions de personnes se posent cette question. La décision de Sanders de suspendre sa campagne est sans aucun doute un véritable revers pour la gauche. Mais elle devrait aussi mettre fin aux illusions sur la capacité de la gauche à transformer le Parti démocrate. Il y a un réel danger de démoralisation mais des millions de personnes ont également les yeux ouverts. Cela oblige beaucoup de gens à se demander – en ces temps de crise profonde – de quel type de direction la classe ouvrière a besoin.
Alors que Sanders se dirigeait clairement vers la défaite à l’approche de la Convention démocrate de 2016 après des primaires truquées, nous l’avons appelé à continuer à se présenter en tant qu’indépendant. Cela a été largement relayé et a été considéré par beaucoup comme la prochaine étape logique. Il est possible qu’il ait pu gagner une course à trois avec Clinton et Trump. Un appel similaire aujourd’hui ne recueillerait probablement pas le même soutien en raison de la crainte prédominante parmi les millions de personnes d’une réélection de Trump. Toutefois, la principale contribution que Sanders pourrait apporter à la poursuite du développement du mouvement qu’il a créé, selon nous, est d’admettre l’impossibilité de réformer le Parti démocrate et de contribuer à l’effort de création d’un nouveau parti.
En attendant, les meilleurs militants, en constatant que la route est bloquée sur le terrain politique, se tourneront vers les luttes de masse qui se développent même en plein confinement. Des travailleurs de première ligne dans tout le pays réclament des mesures de sécurité et des primes de risque, notamment par la grève. Les travailleurs des industries clairement non essentielles ont exigé la fermeture de leurs lieux de travail.
Avec des dizaines de millions de personnes incapables de payer leur loyer, il existe objectivement les bases d’une grève des loyers à l’échelle nationale le 1er mai. Nous demandons que celle-ci soit combinée à des actions sur le lieu de travail dans tout le pays, même si elles sont de courte durée, et à des actions de solidarité en respectant la distance sociale dans les quartiers populaires. C’est à travers ces luttes du 1er mai et dans les mois à venir que la solidarité et la conscience de la classe ouvrière pourront être construites, ce qui aidera à poser les bases d’une révolte de la classe ouvrière contre le pouvoir des entreprises. C’est ce dont nous avons si désespérément besoin. Nous appelons celles et ceux qui veulent prendre part à cette lutte pour un changement révolutionnaire à contacter Socialist Alternative et à nous rejoindre.
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USA. Face au capitalisme malade, un plan anti-crise socialiste

Le monde a été bouleversé. Des millions de travailleurs voient maintenant leur santé et leurs moyens de subsistance mis en danger en raison de l’épidémie mortelle de COVID-19 et de l’effondrement de l’économie capitaliste à une échelle encore plus grande que celle de la Grande Récession de 2008-9.
Par Tony Wilsdon, Socialist Alternative (partisans d’Alternative Socialiste Internationale aux USA)
La pandémie et l’effondrement économique sont présentés comme le résultat d’un “acte divin” imprévisible. En réalité, les épidémies ont été multipliées par quatre au niveau mondial au cours des cinquante dernières années, principalement en raison de la destruction de l’environnement. Cette pandémie était tout à fait prévisible et, en fait, elle a été prédite par les scientifiques. Une chose qui n’était certainement pas inévitable, c’est l’absence totale de préparation.
Ce qui a vraiment été exposé aux États-Unis et en Europe, c’est l’effet dévastateur des réductions des budgets publics des soins de santé combinées à la privatisation. Le néolibéralisme, qui a massivement accru les inégalités sociales, va maintenant faire payer un tribut encore plus lourd aux masses populaires.
Si le coronavirus est le déclencheur de la crise économique, il met également en évidence l’énorme fragilité d’une économie mondiale qui était déjà au bord de la récession sans qu’aucun des problèmes sous-jacents à l’origine de la crise de 2008-2009 ne soit résolu. Aujourd’hui, Trump et les capitalistes sont contraints d’injecter des centaines de milliards dans l’économie, y compris directement dans les poches des travailleurs. Ce n’est pas parce qu’ils s’inquiètent soudainement de notre sort, mais pour sauver leur système d’un effondrement total. Leurs mesures ne feront que ralentir la crise, pas la résoudre.
C’est une crise créée à tous les niveaux par le système malade du capitalisme où les besoins de la grande majorité sont subordonnés aux diktats du profit pour les milliardaires égoïstes.
Une inaction criminelle
La Chine est maintenant présentée comme le “modèle” pour contenir le virus, mais la vérité est que le régime capitaliste d’État brutal a couvert l’étendue du problème fin décembre et début janvier tout en persécutant les travailleurs de la santé qui dénonçaient la situation. L’occasion de contenir l’épidémie au départ a donc été gâchée.
Pendant des semaines, Trump a été le pendant du comportement criminel du régime chinois en niant l’existence d’une menace quelconque et en ne faisant rien pour intensifier les tests ou préparer les soins de santé à faire face à la pandémie. Il cherche maintenant à détourner l’attention de cette inaction en attisant la xénophobie et en appelant le coronavirus le “virus chinois”. En raison de la négligence criminelle de cet égocentrique délirant, des milliers et probablement des dizaines de milliers de personnes mourront inutilement.
Trump envisage maintenant de “rouvrir l’économie” et d’exhorter les gens à reprendre le travail en avril afin d’éviter un effondrement plus profond de Wall Street. Cela va à l’encontre de l’avis quasi unilatéral des experts de la santé. En réponse à cela, au moment d’écrire ces lignes, le hashtag #NotDying4WallStreet (nous ne mourrons pas pour Wall Street) est devenu viral sur Twitter alors que les gens exprimaient leur indignation face à un système qui fait passer les profits avant la vie des gens.
Mais il n’y a pas que Trump. Les Démocrates au Congrès, ainsi qu’au niveau des États et des collectivités locales, à d’honorables exceptions près, ont été complices du maintien de ce qui se rapproche dangereusement d’un code du silence sur la véritable ampleur de la crise. Cela alors qu’au même moment, les médecins et les épidémiologistes du monde entier tiraient la sonnette d’alarme.
Même aujourd’hui, les États-Unis n’ont testé que 125 personnes par million, contre 5.000 par million en Corée du Sud qui a connu la première épidémie après la Chine et où elle a été relativement contenue, du moins pour l’instant.
Révision immédiate des soins de santé !
Des décennies de politiques capitalistes, conçues pour maximiser le profit sans se soucier des conséquences pour la société ou les travailleurs, sont responsables de l’état de vulnérabilité dans lequel nous nous trouvons aujourd’hui. Les longues chaînes d’approvisionnement et les coupes dans les hôpitaux publics nous ont laissés totalement démunis face à cette crise.
Nous sommes maintenant confrontés à une grave pénurie d’équipements de protection dans les hôpitaux, à un manque lamentable d’équipements de test et à une absence totale de préparation à cette pandémie.
– Nous exigeons que le gouvernement affecte immédiatement des ressources publiques à la production d’équipements médicaux, pour assurer des tests rapides pour l’ensemble de la population et pour doter le personnel médical et le public des équipements de protection nécessaires.
– Réouverture des hôpitaux fermés, construction immédiate de nouveaux hôpitaux pour faire face à l’afflux de patients à venir. Recrutement et formation accélérés et massifs du personnel médical. Le tout avec des droits syndicaux et de bons salaires.
– Création de cliniques médicales gratuites dans tous les quartiers. Réquisition des bâtiments vides lorsque cela est nécessaire.
– Investissements publics massifs dans la mise au point d’un vaccin. Non au plan de Trump de privatiser le vaccin. Nous avons besoin d’une entité publique pour assurer la production rapide d’un vaccin, gratuit pour tous, en toute transparence.Assurer des conditions de travail sûres
Dans tout le pays, les travailleurs ont subi des pressions de la part de leurs patrons pour qu’ils continuent de travailler malgré l’absence totale d’équipements de protection. Les travailleurs de première ligne comme les infirmières, les caissiers de supermarché, les camionneurs, les magasiniers et les livreurs ne devraient pas avoir à compromettre leur santé afin d’aider la société et recevoir un salaire. Nous avons besoin de syndicats forts pour lutter en faveur de mesures de sécurité, de droits au travail et d’une augmentation des salaires pour les travailleurs à risque.
– Tous les travailleurs ont droit à un lieu de travail sûr. Personne ne devrait avoir à choisir entre revenu et sécurité.
– Les travailleurs ont le droit de faire grève et de refuser de travailler jusqu’à ce que la sécurité soit assurée. Nous appelons à la création de comités de travailleurs élus pour protéger les travailleurs sur leur lieu de travail.
– Non aux attaques contre les droits syndicaux ! Pas de suspension de la négociation collective ou du droit de constituer un syndicat.
– Pour une “indemnité de risque” à tous les travailleurs essentiels. Tous les travailleurs essentiels devraient être payés au moins à 150% pendant la pandémie.
– Les entreprises qui refusent de fonctionner selon ces règles devraient être prises en charge par le secteur public, avec un contrôle et une gestion démocratiques des travailleurs.Plein salaire pour les chômeurs
– Tous les travailleurs doivent recevoir un salaire complet s’ils perdent leur emploi en raison de la pandémie ou de la récession. Cela inclut les millions de travailleurs qui sont faussement étiquetés “entrepreneurs indépendants” ou qui travaillent dans la « gig economy » (terme populaire aux USA qui désigne principalement les plateformes comme Uber ou Deliveroo).
– Tous les travailleurs sans travail rémunéré devraient avoir droit à des paiements fédéraux mensuels équivalant à un salaire de subsistance de 15 dollars de l’heure ou 600 dollars par semaine.
– Gel de tous les loyers et des hypothèques. Pour un plan d’urgence visant à loger les sans-abri.
Protéger les gens, pas les profits
Les travailleurs ne sont pas responsables de ces deux crises. Cependant, selon la logique du capitalisme, ce sont les travailleurs qui connaîtront les plus grandes difficultés, tandis que les PDG super-riches et les milliardaires, dont les politiques ont provoqué cette crise, reçoivent des billions de dollars en renflouements gouvernementaux. Et maintenant, il est révélé que des sénateurs investissaient des millions dans les stocks lorsqu’ils ont été avertis de l’ampleur de la pandémie à venir.
Les politiques néolibérales promues par les politiciens capitalistes ont saigné l’éducation publique et les services publics en général au cours des dernières décennies. Comme l’a souligné Bernie Sanders, l’absence d’un système d’assurance-maladie pour tous a laissé le public sans protection contre cette pandémie. La moitié des familles de la classe ouvrière n’ont pas les ressources nécessaires pour faire face à une urgence de 400 dollars. Ces politiciens capitalistes ne méritent rien de notre part. Nous devons être prêts à prendre des mesures décisives contre ceux qui nous ont mis dans ce pétrin.
– Soins de santé gratuits pour tous. Mettons un terme à la logique du privé dans le domaine de la médecine : propriété publique des installations médicales, de l’industrie pharmaceutique et des entreprises de dispositifs médicaux.
– Réorganisation rapide de l’industrie pour créer davantage de fournitures médicales, de masques, de désinfectants pour les mains et d’autres articles nécessaires.
– Toute entreprise cherchant à exploiter cette crise à des fins lucratives devrait être mise sous propriété publique avec gestion et contrôle démocratique des travailleurs.
– Confisquer les richesses des milliardaires avec une compensation qui ne sera accordée que sur la base d’un besoin prouvé. Utilisons ces ressources pour financer les fournitures médicales d’urgence, la nourriture et les services nécessaires à tous les travailleurs.
– Mettons fin à l’incarcération massive et à la détention inhumaine des migrants. Libération immédiatement de tous les délinquants non violents et les personnes accusées de délits mineurs. Fournissons immédiatement un espace public sûr pour héberger les sans-abri, où ils pourront avoir accès à des ressources médicales gratuites.Le capitalisme a échoué – pour une société socialiste
Le crash de Wall Street en 2020 et les attaques contre le niveau de vie et les programmes sociaux des travailleurs sont le résultat direct de la logique du capitalisme. Nous ne pouvons pas attendre du système capitaliste qu’il fasse autre chose que de maximiser la richesse des milliardaires qui thésaurisent les ressources et cherchent à tirer profit de notre misère. Cette crise a révélé qui fait réellement fonctionner la société : les infirmières, les magasiniers, les employés des épiceries, les livreurs. Nous exigeons que les ressources de la société soient planifiées démocratiquement par ceux d’entre nous qui font tout le travail – la majorité. Cela signifie qu’il faut remettre en question le règne des milliardaires et leur retirer les leviers du pouvoir.
Cela ne peut se faire que par la propriété publique de la richesse des plus grandes banques et entreprises et par une planification démocratique de l’économie par les représentants élus de la classe ouvrière sur le lieu de travail et dans la communauté. La nécessité d’une transformation socialiste de la société n’a jamais été aussi urgente.
Nous avons besoin d’un nouveau parti pour faire face à la crise
Les travailleurs peuvent encore agir pour changer les choses ! Les pétitions en ligne, les grèves, l’organisation des lieux de travail et d’autres efforts ont suscité des concessions de la part des démocrates et des républicains aux niveaux fédéral, étatique et local. Plus nous exigeons et nous nous battons, plus ils seront obligés de céder. Dans le même temps, les directions des deux partis sont achetées et payées par la classe des milliardaires, et ils feront ce qu’il faut pour soutenir ces mêmes milliardaires qui nous ont mis dans des lieux de travail dangereux, refusent de payer leurs impôts et cherchent à profiter de notre mort et de nos souffrances.
Le Sénat a adopté un projet de loi de relance qui prévoit des paiements uniques de 1 200 $ pour la plupart des adultes et une extension importante de l’assurance chômage. Mais il comprend également un plan de sauvetage de 500 milliards de dollars pour les entreprises américaines. Dans le même temps, la Réserve fédérale affirme qu’elle est prête à injecter littéralement un billion de dollars par jour sur les marchés financiers si nécessaire.
Le gouvernement a déjà donné des billions pour soutenir Wall Street qui joue sur nos vies. Cela n’a pas empêché l’effondrement économique. La seule raison pour laquelle ils aident maintenant les travailleurs est pour essayer de soutenir l’économie capitaliste. Trump se fait passer pour un homme fort populiste, mais nous nous opposons à toute tentative de militarisation de la société ou d’attiser la haine nationaliste contre les personnes de couleur ou les immigrants. Les ennemis des travailleurs sont les milliardaires et leurs représentants des deux partis, et non les immigrés ou les travailleurs d’autres pays. Nous ne pouvons pas laisser les riches diaboliser les malades et les personnes vulnérables et laisser les milliardaires égoïstes qui ont créé cette crise s’en tirer à bon compte.
Nous devrons compter sur notre propre force, notre engagement et notre organisation pour surmonter cette crise. Le Parti démocrate a bloqué Bernie Sanders, le seul candidat ayant un programme et un mouvement qui pourrait sérieusement s’attaquer aux crises auxquelles les travailleurs sont confrontés. Le soutien du parti démocrate à Joe Biden donne à Trump l’occasion de se présenter à nouveau comme le candidat le plus anti-establishment pour faire face à cette situation. Et ce en dépit du fait qu’il ait supprimé les tests pendant des mois et qu’il ait supervisé l’imprudence capitaliste qui a intensifié cette tragédie.
– Transformons la campagne de Bernie Sanders en un mouvement de lutte contre la pandémie grâce à l’organisation en ligne, sur le lieu de travail et au sein de la communauté, afin de gagner nos revendications socialistes.
– Bernie ne devrait pas se ranger derrière le raciste, sexiste et milliardaire Biden et plutôt lancer un nouveau parti des travailleurs.
– Organisons immédiatement des conférences en ligne des partisans de Sanders afin de s’organiser ensemble pour faire face à la crise et poser les bases d’un nouveau parti par, de et pour les travailleurs sans aucun don des entreprises ou des milliardaires.
– Pour un Green New Deal qui profite aux travailleurs. Assurons que les entreprises de combustibles fossiles deviennent propriété publique pour lutter immédiatement contre le changement climatique. Embauchons et formons des dizaines de millions de travailleurs pour aider à construire une nouvelle économie démocratiquement planifiée basée sur une énergie non carbonée. Pour les gens et la planète, pas pour les profits des entreprises ! -
Coronavirus : aux États-Unis, une situation aggravée par les inégalités

Au début de cette semaine dernière, cinq billions de dollars ont été effacés des marchés boursiers du monde entier, en raison des craintes liées au Coronavirus. Les travailleurs, à l’ombre de la menace du virus, auront cependant des préoccupations bien plus importantes.Par Rob Rooke, Socialist Alternative, ASI-USA, article initialement publié le 11 mars
Alors que le virus COVID-19 fait le tour du monde, des millions de travailleurs seront non seulement préoccupés par leur santé et celle de leur famille, mais aussi par la question de savoir si cette crise les anéantira économiquement. Aux États-Unis, et en particulier sur la côte ouest, on constate déjà une réduction des voyages et des revenus de nombreuses entreprises en raison de l’annulation de conférences. Les effets économiques s’aggraveront si les écoles sont fermées et si d’autres restrictions sont imposées.
Cinquante millions de personnes en Chine sont actuellement soumises à une quarantaine obligatoire, la plupart ne pouvant pas quitter leur domicile et aller travailler. Au Japon, toutes les écoles seront fermées pendant tout le mois de mars, ce qui oblige les parents qui travaillent et qui ont des enfants plus jeunes à rester à la maison. On estime que l’éducation de 300 millions de jeunes a été perturbée dans le monde entier.
Plus de 200 personnes sont mortes en Iran et le virus menace de se propager au Moyen-Orient, y compris parmi les réfugiés désespérés en Syrie dans des camps sans infrastructure. Les experts estiment que le nombre de cas de cette maladie dans le monde passera à 100.000 en quelques jours.
Dans le monde entier, de nombreux hôpitaux n’ont pas de kits de test ou sont à court de matériel. Les masques respiratoires et les désinfectants manquent dans les magasins. Dans les zones les plus touchées par le virus, seuls les plus désespérés se rendent à l’extérieur. De nombreux pays pauvres, le virus se propagera d’autant plus facilement que leurs systèmes de santé sont défaillants, et les quartiers pauvres du monde développé seront les plus touchés par la maladie.
Quel est le degré d’imminence de COVID-19 aux États-Unis ?
Ici aux États-Unis, malgré la tentative de l’administration Trump la semaine dernière d’affirmer le contraire, l’épidémie s’étend. Sur la côte ouest, au moment où nous écrivons ces lignes, l’État de Washington s’est déclaré en situation d’urgence sanitaire avec 10 décès signalés, et en Californie, 124 travailleurs de la santé du centre médical de l’Université de Davis sont en quarantaine.
Les États-Unis seront deux fois plus touchés que les autres pays développés en raison de leur système de santé privé et de la faiblesse de leur réglementation en matière de congé de maladie. Les Centers for Disease Control (CDC) demandent aux gens de faire trois choses : se laver les mains et, s’ils sont malades, rester à la maison et consulter un médecin. Des millions de travailleurs à bas salaire ne pourront se permettre que de se laver les mains.
Quarante-cinq pour cent des Américains ne disposent pas d’épargne et 24 % disposent de moins de 1.000 dollars de réserve. Ils y réfléchiront à deux fois avant de rester à la maison. Les enseignants, les serveurs, les chauffeurs et les autres travailleurs ayant des contacts fréquents avec les gens sont vulnérables à la maladie. Les employeurs américains ne sont pas tenus par la loi fédérale d’accorder aux travailleurs des congés de maladie payés, ce qui contribue à faire circuler plus de virus au travail que ce qui devrait être le cas. Pour les 60 millions d’Américains qui n’ont pas ou peu d’assurance maladie, consulter un médecin signifie peser le pour et le contre en considérant dans l’équation le paiement du loyer ou des prêts étudiants. Un facteur supplémentaire dans la circulation du virus au travail est la culture de travail oppressive des patrons aux États-Unis, où l’on attend de vous que vous travailliez jusqu’à ce que vous tombiez raide.
Les travailleurs faiblement rémunérés, surtout les sous-assurés, le plus souvent des femmes, et souvent des personnes de couleur, seront les moins à même de se défendre contre ce virus et ses effets.
“Je vous demande instamment d’ouvrir les fonds d’urgence de la ville de Seattle et du comté de King pour garantir que toute personne de notre région souffrant d’une maladie respiratoire ait accès à la visite d’un médecin sans crainte de factures médicales”, était-il écrit dans une lettre ouverte de la conseillère socialiste de Seattle Kshama Sawant (Socialist Alternative) aux dirigeants de la ville et du comté de King. Cette lettre souligne la nécessité d’adopter des mesures d’urgence afin d’aider les travailleurs au niveau local. Mais il est encore plus vital de prendre des mesures réelles au niveau fédéral, de mobiliser les ressources nationales et d’assurer une coordination à l’échelle nationale.
Le 10 mars, le New York Times a publié un éditorial en faveur d’un Congrès “exigeant que les travailleurs reçoivent des congés payés s’ils tombent malades ou s’ils doivent s’occuper d’un membre de leur famille malade”. Comme le journal souligne, 32 millions de travailleurs du secteur privé n’ont pas de congé de maladie payé. Les États-Unis sont l’un des rares pays industrialisés à ne pas avoir de politique de congés de maladie payés, bien que certains États aient adopté une loi en ce sens. Bien que l’appel du Times pour des congés de maladie payés dans cette situation soit rationnel, même d’un point de vue capitaliste, le manque de congés de maladie pour des dizaines de millions de personnes expose en soi à quel point le capitalisme américain est dysfonctionnel.
Trump à la barre !
Le Coronavirus exposera aussi pleinement le régime dysfonctionnel et incompétent de Trump. La principale préoccupation du milliardaire en chef est la bourse et sa réélection. La santé et le bien-être des travailleurs sont au bas de sa liste de priorités. C’est le point de départ de sa réponse à l’épidémie.
Lors de la conférence de presse de la semaine dernière, le président a clairement exprimé sa position : exagérer les succès du confinement et, puisque le vice-président Pence supervise le confinement, faire de lui son bouc émissaire. Le président a contredit la position du CDC selon laquelle le coronavirus se répand. Trump a même affirmé qu’un vaccin était en route, ce que les experts ont exclu. La nomination par Trump de Pence, dont le scepticisme vis-à-vis de la science est bien connu, va ajouter à l’anxiété des experts qui veulent s’attaquer efficacement à cette crise.
La tentative de garder secrètes les informations précises quant à la propagation du virus en Chine est à la base de celle-ci. L’administration Trump adopte une approche similaire qui aggravera sans aucun doute l’épidémie. Mais les régimes qui mentent éhontément le font souvent à leurs risques et périls.
Il devient chaque jour plus clair que des semaines précieuses ont été perdues alors que des efforts auraient pu être déployés pour contenir le virus. Cela est particulièrement démontré par la pénurie de tests. L’administration affirme maintenant qu’un million de personnes seront testées d’ici la fin de la semaine. Mais comme le montre la situation dans l’État de Washington, le virus s’y propage depuis des semaines sans entrave, en l’absence de tout plan national sérieux pour une réponse coordonnée
Les Républicains xénophobes
Il est dans la nature de la classe capitaliste de rechercher des boucs émissaires. La droite va tenter de brosser le tableau d’un monde hostile à l’Amérique. Le sénateur de l’Arkansas, Tom Cotton, a affirmé que le principal rival économique des États-Unis, la Chine, pourrait avoir fabriqué le virus dans un super laboratoire. C’est un signe des efforts que les républicains, en particulier, déploieront pour protéger leur chef des reproches.
Jouer avec la xénophobie anti-chinoise permettra quelques gains politiques, mais il est peu probable que cela tienne la route pour la plupart des travailleurs. Cependant, les discriminations à l’égard des Asiatiques et des Américains d’origine asiatique semblent bien s’accroitre. Des centaines de personnes ont défilé dans le quartier chinois de San Francisco le week-end dernier sous la bannière “Fight the Virus NOT the People” (combattre le virus, pas les gens). Comme le changement climatique, cette crise sanitaire exige une réponse internationale qui est minée par les perspectives nationales étroites de chaque classe capitaliste.
L’effondrement des marchés boursiers internationaux a marqué la fin de l’une des pires semaines de l’histoire de l’administration républicaine actuelle. Ce qui veut dire quelque chose. Suite à l’échec de la stratégie de destitution du Parti démocrate, Trump s’est lancé dans une grande purge contre toute personne résistant à son autorité. Il a chargé un jeune homme de 29 ans, John McEntee, d’enquêter dans tous les ministères fédéraux pour détecter les signes d’un sentiment anti-Trump. De plus en plus, le président s’entoure d’incompétents dont le principal attribut est leur totale loyauté envers le milliardaire. C’est totalement contre-productif pour une catastrophe sanitaire nationale. Trump cherche à faire taire les experts de la santé et à placer ses partisans sur le devant de la scène.
Le marché aggrave la situation
L’aspect le plus ridicule de la réponse de Donald Trump à la crise actuelle est peut-être sa suggestion que les Américains achètent des actions afin de soutenir l’économie. Cela illustre sa profonde incompréhension de la crise actuelle, liée à son obsession de rester au pouvoir. Cela illustre aussi à quel point les milliardaires estiment que ce qui est bon pour les entreprises privées est toujours bon pour tous les autres. Cette manière de penser aggravera les perspectives de toutes les personnes concernées.
Les grandes entreprises monopolistiques qui dominent l’économie américaine ont tendance à considérer les catastrophes comme des opportunités économiques. Leur premier instinct est l’argent et comment en faire plus.
Comme dans le cas de la crise climatique actuelle, les capitalistes sont non seulement trop dépendants du profit pour élaborer un plan, mais ils sont aussi trop divisés par leurs intérêts étroits pour travailler ensemble à la résolution des problèmes. Dans une crise sanitaire majeure comme celle-ci, ils seront contraints de travailler ensemble dans une certaine mesure. Mais quand la situation requiert rapidité et agilité, ce modèle économique échoue à chaque fois. Une planification est nécessaire, qui exige la participation des travailleurs et des experts de la santé de bas en haut. Dans une économie socialiste démocratique, un tel plan de lutte contre le coronavirus ne reposerait pas sur les bénéfices ou la protection des privilèges de l’élite, il placerait les intérêts des travailleurs au premier plan.
Quelles sont les mesures à prendre ?
La réponse scientifique aux épidémies de virus reste la même aujourd’hui que depuis des centaines d’années : isolement et identification, mise en quarantaine, puis recherche des voies de transmission. Plus la réponse est précoce, plus elle est efficace et plus le virus est contenu. Le COVID-19 se contracte très facilement, mais sans un comptage précis des personnes infectées, le taux de mortalité n’est pas clair. À ce stade, il semble être sensiblement plus élevé que celui d’une grippe normale.
Bien que l’on puisse faire plus, nous sommes opposés aux mesures brutales de quarantaine de masse imposées par la dictature chinoise, où la police a été utilisée sans pitié contre le public. De nombreux districts scolaires envisagent déjà la possibilité de fermer des écoles. Une étude de Women’s Policy Research a révélé que les travailleurs qui se sont rendus au travail pendant leur maladie lors de l’épidémie de grippe H1N1 de 2009 ont probablement causé sept millions d’infections de plus qu’il n’y en aurait eu autrement. Une quarantaine plus large créerait une demande de réponse publique, y compris des mesures d’urgence au même titre que les catastrophes naturelles.
Le gouvernement fédéral doit immédiatement adopter des mesures d’urgence pour protéger les travailleurs dans la période à venir :
- Congés de maladie payés pour tous les travailleurs malades et ceux qui s’occupent de parents malades ;
- Pas de licenciement des travailleurs qui choisissent de se mettre en quarantaine ;
- Soutien économique, y compris alimentaire, pour les ménages mis en quarantaine ;
- Des soins de santé gratuits – y compris les visites et les traitements des médecins – pour tous pendant toute la durée de la crise ;
- Moratoire sur le paiement des loyers et des hypothèques et sur le recouvrement des prêts pendant la crise ;
- Interdiction des profits des hôpitaux ou des entreprises de fournitures médicales.
Le pouvoir de la classe ouvrière et une présidence de Bernie Sanders !
Dans l’immédiat, la nécessité d’une assurance maladie pour tous est cruciale. Les travailleurs n’ont pas besoin d’une épidémie de virus pour les convaincre. Le soutien hésitant de la sénatrice Warren en faveur d’un système national de soins de santé ne correspond pas à l’urgence de l’épidémie actuelle. Cela ne correspond pas non plus à la crise dans la vie quotidienne de millions d’Américains confrontés à des besoins de santé qu’ils ne peuvent pas se permettre de payer. Le plan de Bernie Sanders prévoit une mobilisation massive des travailleurs pour forcer les républicains et les démocrates de l’establishment à adopter la loi sur l’assurance maladie. Socialist Alternative irait plus loin dans la lutte pour un système de soins de santé entièrement public et contrôlé démocratiquement, en faisant passer les chaînes d’hôpitaux et l’industrie pharmaceutique dans le giron de l’État.
La mise en œuvre du programme complet de Bernie concernant les droits syndicaux, les congés de maladie et d’autres réformes constituerait un grand pas en avant dans la bonne direction. Sanders s’est également engagé à annuler la privatisation et les coupes budgétaires dans les services publics que les démocrates et les républicains ont effectuées. Alors que Trump a essayé de réduire le financement des Centers for Disease Control, une administration Sanders pourrait commencer à rassembler des ressources pour répondre non seulement aux crises sanitaires mais aussi aux catastrophes naturelles qui se produisent plus fréquemment en raison du changement climatique. Mais nous avons besoin de bien plus qu’un simple changement de gouvernement.
Pour assurer une vie durable et la stabilité économique des travailleurs, nous avons besoin d’un changement systémique profond. Le modèle économique actuel donne la priorité aux intérêts des milliardaires. Les ressources suivent aveuglément le profit et détruisent les familles de travailleuses et travailleurs. Sous le capitalisme, l’apport d’idées de la classe ouvrière reste généralement inexploité. Là où les syndicats existent, nos voix sont entendues, mais essentiellement de manière défensive. Compte tenu des énormes crises écologiques et sanitaires à venir, nous devons changer fondamentalement les priorités de ce monde.
Nous avons besoin d’un gouvernement reposant sur la classe ouvrière et que cette dernière dispose du pouvoir démocratique à tous les niveaux de la société. Le Coronavirus, en substance, est un autre avertissement sur la nécessité de nous débarrasser d’urgence du système capitaliste.