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Category: Amérique du Nord
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USA. La droite tente de destituer Kshama Sawant, la riposte est à hauteur de l’enjeu

La riposte contre la tentative de destitution de Kshama Sawant (membre de Socialist Alternative et élue au conseil de la ville de Seattle) atteint son apogée alors que les bulletins de vote ont été envoyés aux électeurs et doivent être complétés avant le 7 décembre.
Pourquoi la droite veut-elle se débarrasser d’elle ? La réponse est simple. Depuis son élection en 2014, elle et ses camarades de Socialist Alternative se sont battus avec ténacité pour les droits des travailleurs à Seattle et au niveau international. Elle fut la figure de proue de la campagne pour un salaire minimum de 15 dollars de l’heure à une époque où l’on attaquait la revendication en la qualifiant d’utopique et d’irréaliste. Mais la mesure fut arrachée par la lutte et appliquée à Seattle. C’était la première grande ville des États-Unis à procéder de la sorte, ce qui a directement servi d’inspiration à celles et ceux qui se battaient ailleurs pour la même cause.
En 2020, elle a contribué à la victoire de la campagne « Taxez Amazon ». Résultat : l’entreprise, dont le siège principal est à Seattle et qui est réputée pour le faible niveau d’imposition qu’elle paie partout où elle est présente, devra verser 2 milliards de dollars au cours de la prochaine décennie pour financer des logements abordables et des projets d’infrastructure durables dans la ville.
Kshama Sawant a également provoqué la colère du lobby de l’immobilier de Seattle en obtenant des lois novatrices sur les droits des locataires, comme l’obligation pour les propriétaires de donner un préavis de 6 mois avant d’augmenter les loyers. Les personnes contraintes de déménager reçoivent dorénavant une aide au relogement pendant trois mois et les expulsions hivernales sont interdites. Elle a également défendu le contrôle des loyers.
Kshama Sawant fut encore la combattante la plus constante contre la brutalité policière et le racisme structurel. Elle a ouvert la voie à la première interdiction en Amérique de l’utilisation de gaz lacrymogènes et d’autres armes de « contrôle des foules » et a assuré le transfert de dizaines de millions de dollars du financement de la police vers des logements abordables.
Comme si cela ne suffisait pas déjà, les grandes entreprises la redoutent parce qu’elle n’est pas une politicienne carriériste qui passe son temps à faire des compromis et à privilégier les coulisses du pouvoir : elle utilise sa fonction pour construire des mouvements de lutte et y impliquer les couches larges de travailleuses et de travailleurs.
Il n’est donc pas surprenant que les entreprises aient réuni d’énormes sommes d’argent pour faire campagne contre Kshama. Rien que cette année, celles-ci ont accumulé un trésor de guerre de 2 millions de dollars pour les élections de Seattle. Parmi les partisans les plus actifs de la campagne de révocation figurent les propriétaires d’entreprises et des personnes telles que Morgan Battrel, vice-président senior d’Amazon, et John Schoettler, responsable de l’immobilier mondial d’Amazon.
Parmi les ennemis traditionnels des socialistes de Seattle figure le Seattle Times, journal qui fait ouvertement campagne pour la révocation de Kshama Sawant parce que « entre autres crimes », elle est la première élue qui ait jamais été impolie ! Bien sûr, ce qui leur déplaît vraiment, c’est que Kshama est une défenseuse infatigable des travailleuses et des travailleurs. Le journal a publié cette semaine un éditorial contre Kshama, truffé de préjugés sexistes et de condescendance envers la classe ouvrière.
La procédure de destitution par vote – la première jamais organisée en décembre – est conçue pour garantir un faible taux de participation, c’est-à-dire pour s’assurer que les habitants des zones les plus pauvres ne votent pas. La période de vote est interrompue par la grande fête de Thanksgiving, ce qui prive les partisans de plus de temps pour faire campagne. On s’attend à ce que, dans les jours précédant le 7 décembre, de nouvelles attaques et calomnies soient lancées pour tenter de saper le soutien à Kshama.
Les « comités d’action politique » (PAC) sont utilisés aux États-Unis comme un moyen de canaliser des fonds pour soutenir ou s’opposer à des candidats. Ils sont censés avoir une limite supérieure de 1000 $ pour les dons d’un individu. La droite a mis en place différents fonds pour s’opposer à Kshama et tente maintenant de faire supprimer la limite de 1000 $. Le dernier en date, intitulé « A Better Seattle », a récolté plus de 130.000 dollars auprès de sociétés immobilières et de méga-donateurs de Trump. Dans les prochains jours, cet argent sera injecté pour tenter d’obtenir la révocation de Kshama.

Une partie de l’équipe de militant.e.s de Socialist Alternative à Seattle. Mais le combat continue ! Malgré le terrain difficile sur lequel les socialistes de Seattle doivent se battre pour cette élection, ils sont déterminés à tout mettre en œuvre pour obtenir une nouvelle victoire. Seattle n’est pas connue pour son beau temps et la campagne a même lancé un appel pour collecter 5.000 dollars afin de « se préparer pour l’hiver » en équipant les militants d’auvents, de bâches, de ponchos, de lanternes, de gilets réfléchissants, de vestes étanches et bien d’autres choses encore afin que les bénévoles soient aussi sûrs et secs que possible.
D’énormes équipes de campagne vont à la rencontre des électeurs pour leur expliquer les enjeux de cette lutte et les persuader de se rendre aux urnes afin de rejeter cette tentative de destitution raciste et sponsorisée par les grandes entreprises. Le week-end dernier, par exemple, un « méga-canvass » du district 3, que Kshama représente, a été organisé. Des milliers de personnes ont discuté de l’attaque antidémocratique que cette tentative de rappel représente contre le mouvement Black Lives Matter et de l’avantage que représente la conseillère Kshama Sawant à la mairie pour les travailleuses et les travailleurs. Des centaines de personnes se sont portées volontaires pour participer à ces événements. Même pendant la campagne, Kshama continue de soutenir ceux qui se battent pour leurs droits. Elle a notamment soutenu activement la récente grève des charpentiers de Seattle.
La campagne de solidarité de Kshama a permis de réunir un fonds de lutte massif – plus de 840.000 dollars. Cette somme a été collectée non pas auprès d’un petit nombre de riches donateurs, mais auprès de plus de dix mille personnes. Diverses structures syndicales ont également organisé des événements de collecte de fonds.
Les soutiens affluent. Plus de vingt organisations syndicales ont soutenu Kshama, et beaucoup, beaucoup plus de militants et de membres individuels. Les travailleuses et travailleurs des soins de santé, de l’enseignement, de la restauration, de la distribution et de la construction sont les plus représentés. Ils sont rejoints par des groupes et organisations locales. Des personnalités de gauche telles que Noam Chomsky ont également appelé à soutenir Kshama.
Le journal de Seattle The Stranger s’est lui aussi fermement prononcé contre cette procédure de rappel. Il déclare : « Lorsque vous mettrez la main sur ce bulletin de vote, ouvrez l’enveloppe, remplissez la bulle “Recall No”, glissez-la dans la boîte de dépôt la plus proche avant le 7 décembre à 20 heures, puis maudissez la campagne Recall Sawant pour cette foutue perte de temps et d’énergie. »
Les Democratic Socialists of América (DSA) se mobilisent également pour soutenir la campagne, comprenant que si Kshama est battue, il y aura d’autres attaques contre d’autres élus socialistes. Les partisans de Bernie Sanders signalent maintenant qu’ils reçoivent eux aussi des messages de Bernie leur demandant de s’opposer à la tentative de révocation.
Les grandes entreprises peuvent penser qu’elles peuvent éliminer la seule marxiste élue des États-Unis – mais elles vont devoir se battre pour y parvenir.
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Québec. Plus de 1.000 voix (12%) pour la candidate socialiste dans Verdun!

L’équipe de Rosalie Bélanger-Rioux a récolté 1 050 votes lors des élections municipales du 7 novembre 2021 à Montréal. Sa campagne militante de terrain a montré comment des élections peuvent être utilisées pour élargir le mouvement de lutte des locataires dans Verdun.
Par Alternative Socialiste (ASI-Québec)
L’appui électoral à Rosalie (11,98%) la place en 3e position dans son district, mais aussi comme la 3e candidature indépendante sur 17 ayant recueilli le plus de voix à Montréal. Cet appui dépasse d’ailleurs la majorité de celui donné aux candidatures du 3e parti en importance, Mouvement Montréal.
Ce succès montre qu’il est possible d’aller chercher du soutien avec un programme ouvertement socialiste et des méthodes d’action basées sur l’organisation militante des gens du quartier. L’appui à Rosalie montre l’attrait grandissant pour un changement politique radical au Québec, pour une alternative socialiste. Il démontre surtout l’intérêt porté à une équipe qui était déjà plongée au cœur des luttes des locataires et qui a continué de les animer durant la campagne électorale.
Le besoin de s’organiser sur le terrain
La campagne électorale de Rosalie a tiré sa pertinence du fait qu’elle ne s’est pas contentée de recueillir des votes pour faire siéger une conseillère à la mairie d’arrondissement. Le cynisme ambiant, les bas taux de participation aux élections et la polarisation politique soulignent le rejet de ce type de parlementarisme strictement électoral.
La chance a été donnée au coureur lors des élections municipales de 2017. Portés au pouvoir de manière majoritaire, Projet Montréal et sa mairesse Valérie Plante ont présidé à une gentrification accélérée des quartiers de Montréal, en particulier à Verdun. L’itinérance a doublé et les camps de fortune sont systématiquement détruits. Les services policiers sont inondés de nouvel argent, tandis que les services de transport en commun connaîtront les coupures.
Seul un rapport de force basé sur l’organisation militante et massive des Montréalais et des Montréalaises peut forcer l’administration à nous donner ce dont nous avons réellement besoin. La campagne de Rosalie est un premier pas modeste qui témoigne du potentiel qu’a ce type d’approche.
Aider l’organisation militante des locataires
La campagne a réussi très tôt à mobiliser une vingtaine de bénévoles non seulement pour donner de la visibilité à la candidate, mais pour aider les locataires de Verdun à s’organiser contre leur mauvais propriétaire et leur conseil municipal négligent. Organisatrice de la campagne Nos quartiers ne sont pas à vendre, Rosalie a su utiliser sa campagne électorale pour nourrir la lutte pour le droit au logement.
Les bénévoles ont sillonné les rues de Verdun pour distribuer plus de 6 500 dépliants et discuter de la lutte à la gentrification avec des centaines de citoyens et citoyennes. Les bénévoles se sont spécialement mobilisé·es pour aider les locataires de la rue Godin dans leur lutte contre un gentrificateur qui menace de les évincer. Rosalie et son équipe sont les seules personnes impliquées dans la course électorale à leur avoir prêté mainforte, malgré des appels à d’autres conseillers.
Ces locataires sont venues demander de l’aide à Rosalie lors du «comité d’accueil» organisé par son équipe lors du débat entre les personnes aspirantes à la mairie de Verdun, le 19 octobre. Cette action couverte par plusieurs médias a fait réagir à juste titre les candidatures d’Ensemble Montréal et Projet Montréal.
Impliquer les gens de Verdun
Durant la campagne de Rosalie, des dizaines de personnes ont fait des dons totalisant plus de 3 000$. Ce trésor de guerre a notamment permis d’imprimer des milliers de dépliants ainsi que d’acheter des pancartes et des affiches géantes sur lesquelles étaient bien visibles des demandes urgentes : «Stoppons les rénovictions!», «Exproprions pour loger!» ou encore «Taxons les super riches pour financer les services publics!».
L’approche militante de la campagne nous a valu bien des appuis dans les rues de Verdun, mais aussi provenant de l’international. La conseillère municipale socialiste de Seattle, Kshama Sawant – à l’origine de la victoire du salaire minimum à 15$/h ainsi que de la Taxe Amazon dans cette ville – a envoyé une lettre d’appui à Rosalie. En s’inspirant de Sawant et de son parti, Socialist Alternative, la lutte pour le droit au logement dans Verdun ne s’arrêtera pas avec les élections!
Derrière la victoire de Projet Montréal, un appui qui faiblit
Le ras de marée pour Projet Montréal le 7 novembre cache une chute de 26 226 voix des appuis à Valérie Plante par rapport aux élections de 2017. Les appuis à Denis Coderre ont baissé encore davantage, soit de 57 596. Créé en 2021, Mouvement Montréal est le seul parti à avoir fait des gains significatifs avec ses 30 200 voix. Mais le parti de Balarama Holness a échoué à faire élire qui que ce soit.
Les élections municipales montréalaises présentent un taux de participation électorale bas de 38,4%, une chute de 4% par rapport aux élections de 2017. À titre comparatif, les élections fédérales de 2021 ont connu un taux de participation bien plus haut à 62%, et celles de 2018 au Québec, de 66,45%. Dans ces deux cas, les taux de participation ont toutefois chuté de 5% par rapport aux élections précédentes.
À travers Montréal, on retrouve les plus hauts taux de participation dans les arrondissements les plus aisés, par exemple Outremont et L’Île-Bizard-Sainte-Geneviève. Inversement, les taux de participation les plus faibles se retrouvent parmi les arrondissements les plus défavorisés, par exemple Montréal-Nord et Saint-Laurent.
L’abstention et Projet Montréal
En 2017, les forts taux d’abstention semblent avoir joué en faveur de l’équipe de Valérie Plante. Cette situation s’est reproduite cette année. Dans les faits, le choix de seulement 19,56% de toutes les personnes aptes à voter à Montréal a été suffisant pour porter Valérie Plante au pouvoir.
En d’autres termes, Projet Montréal a été capable de gagner la mairie sans avoir à tenir compte de 80% des électeurs et électrices. Il a suffi au parti de mobiliser le vote des couches sociales éduquées et relativement aisées qui le soutiennent. Pire encore, de nombreuses personnes disent avoir voté pour Projet Montréal le nez bouché afin d’éviter un retour de l’équipe de Denis Coderre. L’avenue du «vote stratégique» pour la candidature la moins pire n’a pas stimulé les gens à aller voter, au contraire.
Ce qui crève les yeux, c’est que la vaste majorité des électeurs et électrices de Montréal – plus de 685 000 – n’a voté pour aucun parti ou candidature.
L’abstention, une question de classe
Faut-il vraiment se surprendre des faibles taux de participation – en particulier dans les arrondissements plus ouvriers – lorsqu’il n’existe aucun parti alternatif issu des mouvements ouvriers et sociaux? Lorsque les discours politiques ne s’adressent pas aux travailleurs et aux travailleuses ordinaires? Lorsque les personnes élues défendent d’abord et avant tout les intérêts des employeurs, des entrepreneurs et des propriétaires?
L’écrasante majorité des gens sait bien que peu importe qui siègera à mairie, les coupures de services à la STM, les hausses de tarifs, les loyers trop chers et les jobs mal payés les attendront. La détérioration des conditions de vie de la majorité de la population s’est accélérée avec la crise économique et sanitaire. La classe ouvrière demeurera largement inactive sans une alternative politique dynamique qui s’engagera à inverser le cours des choses radicalement et à défendre ses intérêts. L’heure n’est plus au business as usual, mais à l’audace politique.
Une conscience sociale en développement
L’appui à Balarama Holness et à son parti, Mouvement Montréal, exprime en partie les nouvelles sensibilités populaires face aux enjeux de racisme systémique, de violences policières et de lutte aux inégalités. Créé cette année, ce nouveau parti a présenté 68 candidatures qui ont surtout performé dans les quartiers ouvriers où une très forte partie de la population est issue de l’immigration.
Cet appui laisse deviner un potentiel de radicalisation, mais ne reflète pas des dynamiques de luttes collectives vivantes dans les quartiers. Pour plusieurs personnes, l’intérêt de Mouvement Montréal concernait surtout les identités spécifiques de ses candidatures.
Bien qu’important symboliquement, la couleur de peau, l’origine ethnique ou encore le genre des candidatures ne sont pas un gage de transformation sociale. Dans la même veine, l’élite médiatique et politique petite-bourgeoise fait la même erreur en se réjouissant trop vite de «l’espoir» que fait naître l’élection de jeunes maires et mairesses carriéristes un peu partout au Québec.
Il ne peut pas y avoir de gentrification «féministe» ou de services policiers «antiracistes». Il ne peut pas y avoir d’économie locale capitaliste «écologique» ou d’industries culturelles qui respectent les droits des peuples autochtones et québécois. Une politique municipale qui s’articule autour des intérêts des compagnies privées et des grands propriétaires maintiendra les oppressions et profitera de l’exploitation. Le vrai changement viendra avec ceux et celles qui s’attaqueront frontalement aux personnes qui achètent nos quartiers, polluent nos milieux de vie et paient des salaires de crève-faim.
Une politique de combat
La différence entre la candidature de Rosalie et toutes les autres, c’est que Rosalie appelle à bâtir un mouvement au-delà des élections, un mouvement militant de travailleurs, de travailleuses, de jeunes et de personnes à la retraite dans toute leur diversité. Si Balarama Holness se contente de nous donner rendez-vous en 2025, Rosalie Bélanger-Rioux propose de rester mobilisé et d’agir dès maintenant!
Projet Montréal ne réalisera ses promesses les plus ambitieuses – telle la construction de 6 000 logements abordables par an pendant 10 ans – que s’il est contraint de le faire. Seul un mouvement massif de la base pourra établir ce rapport de force. Organisons-nous dès maintenant pour réclamer l’expropriation des terrains et immeubles abandonnés, vacants ou négligés dès les prochaines séances des conseils municipaux! Organisons la pression en mobilisant les gens du quartier, nos syndicats, nos associations étudiantes et nos organisations militantes! Nous pourrons alors constater ce que valent vraiment les élu⋅es de Projet Montréal.
Un mouvement de protestation massif peut poser les bases d’une future coalition politique des forces ouvrières et sociales montréalaises actives dans leurs milieux de vie. Avec un projet socialiste commun, la représentation politique d’un tel mouvement social pourrait radicalement changer notre façon d’habiter Montréal.
Venez militer avec nous pour établir ce rapport de force! Contactez-nous à pasavendre@alternativesocialiste.org pour joindre la lutte!
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Seattle. Les révolutionnaires socialistes défendent le siège de Kshama Sawant

Le 2 novembre 2021, les habitants de Seattle procéderont à l’élection de 17 postes politiques, dont celui de maire, et se prononceront sur plusieurs questions par référendum. Quelques semaines plus tard, lorsque l’attention sera complètement retombée, les électeurs recevront une autre missive électorale. Dans ce document, une seule question sera posée : la conseillère Kshama Sawant doit-elle être révoquée de son poste au conseil municipal? Cette campagne contre l’élue locale de gauche la plus connue des États-Unis est menée par l’establishment politique et économique local, par des milliardaires et par des populistes de droite proches de Trump. Ils espèrent que le taux de participation sera le plus faible possible, toute leur stratégie repose là-dessus.
Par Bart Vandersteene, article issu de l’édition d’octobre de Lutte Socialiste
Le retour de la gauche aux États-Unis
Depuis 2012, les lecteurs de Lutte Socialiste sont aux premières loges pour suivre l’évolution de la gauche et aux États-Unis. À la veille des élections municipales de Seattle, en novembre 2013, nous avons cité le Seattle Times qui décrivait l’atmosphère de la ville comme suit : « L’élection n’est que dans dix jours, mais nous savons déjà qui est le grand gagnant à Seattle. Ce sont les socialistes (…) Il est remarquable que, dans la campagne politique de Seattle, la quasi-totalité du programme de [Sawant] a été reprise par les deux candidats à la mairie. » (Seattle Times, 26 octobre). Kshama Sawant a finalement remporté le siège pour lequel elle se présentait avec 51% des voix (95.000 voix) en devenant ainsi la première personne ouvertement socialiste à être élue dans une grande ville américaine. Six mois plus tard, Seattle est devenue la première grande ville américaine à instaurer le salaire minimum de 15 dollars de l’heure.
Son élection a déclenché un séisme politique dans la ville et ses effets ont été ressentis dans tout le pays. Le socialisme en tant que référence idéologique est sorti de la marginalité. En 2015, Bernie Sanders a porté cette évolution au niveau national en se présentant aux primaires des Démocrates devant désigner leur candidat à l’élection présidentielle. Sa campagne reposait sur toutes les grandes revendications issues des luttes sociales du moment. Il se qualifiait de « socialiste démocratique ». Cela a propulsé la popularité du socialisme vers de nouveaux sommets. En 2018, quatre candidates de gauche progressistes – Alexandria Ocasio-Cortez (AOC), Rashida Tlaib, Ayanna Pressley et Ilhan Omar – ont été élues au Congrès national en tant que Démocrates. Elles ont constitué un groupe informel, The Squad (la brigade), qui a fait naître l’espoir qu’une aile gauche se forme au sein des Démocrates pour contester la direction du parti, totalement acquise aux grandes entreprises. En 2019, Bernie Sanders a à nouveau connu suscité l’espoir pour les présidentielles, mais il a à nouveau été poignardé dans le dos par l’establishment démocrate qui a recouru aux manœuvres électorales les plus sophistiquées.
Affronter l’establishment et non chercher des compromis
Aujourd’hui, ce que fait la gauche attire l’attention des médias de masse. AOC est une personnalité connue dans le monde entier. Les photos de sa robe de soirée blanche pour le gala du Met (le Metropolitan Museum of Art de New York) où était inscrit « Tax the Rich » en grosses lettres rouges ont fait le tour du globe. Ce que l’on sait moins par contre parmi les militants de gauche, c’est qu’AOC et The Squad ont à plusieurs reprises cédé et adouci leurs positions sous la pression permanente de la direction de leur propre parti.
Moins d’une semaine après avoir fait la une de l’actualité mondiale avec une robe de gala, AOC n’a pas osé, avec les autres membres de The Squad, voter contre la contribution américaine d’un milliard de dollars pour le bouclier antimissile israélien. Elle s’est abstenue. Les considérations électorales deviennent de plus en plus la boussole qui guide AOC et les autres élus progressistes. Ils et elles tombent dans le même piège que Jeremy Corbyn qui, une fois élu à la tête du parti travailliste britannique, a tenté de trouver un compromis avec la droite. Cette droite s’est servie de la « trêve » pour renforcer son emprise sur l’appareil du parti et poignarder Corbyn à la première occasion. Corbyn leur a laissé manigancer leur complot en refusant de mobiliser la base des affiliés contre la droite du parti.
The Squad fait face au même danger. Ces élus progressistes opèrent en terrain hostile et au sein d’un parti qui a choisi le camp de l’establishment capitaliste. L’ouverture du Congrès au début de l’année et l’élection de la présidente de la Chambre des représentants, la Démocrate Nancy Pelosi, constituaient des opportunités fantastiques puisque les votes de The Squad étaient nécessaires pour obtenir la majorité. En quelques jours à peine, 40.000 personnes ont signé une pétition leur demandant de n’accorder leur voix à Pelosi que si le Parlement votait immédiatement un projet de loi concernant la création d’un système de soins de santé public. Elles ont refusé de le faire en expliquant qu’elles souhaitaient éviter de mettre en péril leur possibilité de collaborer avec Pelosi.
La campagne anti-Sawant
À Seattle, Kshama Sawant a résolument adopté une stratégie différente, une stratégie qui repose sur les mouvements sociaux, l’organisation des luttes sociales et l’indépendance totale vis-à-vis des deux partis de Wall Street et du grand capital. Kshama Sawant est élue depuis huit ans et est dorénavant la plus ancienne des neuf conseillers de la ville. L’establishment n’a ménagé aucun effort pour l’éjecter de son siège en 2015 et en 2019, en vain.
En 2020, l’establishment a changé son fusil d’épaule. Confronté à deux échecs successifs durant des élections ordinaires, il veut maintenant tenter sa chance dans des élections extraordinaires, sur base d’une procédure de destitution impliquant une élection anticipée. La campagne en faveur de sa destitution recueille des signatures depuis près d’un an pour atteindre le seuil nécessaire des 10 % des électeurs du district électoral concerné.
Ce seuil a été atteint dès cet été, de sorte que cette demande de destitution aurait pu figurer sur le bulletin de vote du 2 novembre, pour lequel un taux de participation de 60-65% est attendu. Mais lors d’élections anticipées, un taux de participation de 40% est déjà un succès. La campagne anti-Sawant a délibérément attendu que la date limite pour figurer sur les bulletins de vote du 2 novembre soit dépassée avant de remettre leurs signatures.
Pour démasquer cette manœuvre antidémocratique, Kshama Sawant a elle-même signé la pétition exigeant un vote sur sa destitution début juillet, lors d’une conférence de presse bondée. Dans les semaines qui ont suivi, cette campagne a recueilli des milliers de signatures supplémentaires, de sorte qu’il y en avait plus qu’assez pour les soumettre avant la date limite. Le scénario le plus probable maintenant est qu’une élection spéciale aura lieu le 7 décembre.
La procédure de destitution menace de priver la classe ouvrière de Seattle d’un outil extrêmement précieux. De nombreuses luttes à Seattle ont pu aboutir grâce à cette unique élue qui a porté leur combat dans la salle du conseil en cherchant à les renforcer. La lutte pour taxer davantage les grandes entreprises via la « Taxe Amazon » a été couronnée de succès. Plusieurs millions de dollars ont ainsi été acquis pour lutter contre le sans-abrisme, construire des logements publics abordables et financer un Green New Deal à Seattle. Kshama Sawant a apporté une aide cruciale pour des victoires dans la lutte contre la brutalité policière et le racisme, pour les droits des locataires, la protection de l’environnement et les droits des populations autochtones.
La campagne visant à la destituer repose sur des accusations montées de toutes pièces selon lesquelles elle aurait abusé de sa position. Dans les faits, c’est son soutien aux mouvements sociaux, notamment Black Lives Matter, qui est visé. Nos camarades de Socialist Alternative feront tout ce qui est en leur pouvoir pour conserver cette position politique cruciale à Seattle. Ce siège symbolise un programme politique cohérent de lutte et de solidarité pour le socialisme.
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Guerre froide USA-Chine : Deux géants capitalistes sur la sellette

L’augmentation des tensions commerciales, diplomatiques et même militaires entre les États-Unis et la Chine montre que nous sommes entrés dans un monde différent. Pour la première fois depuis la guerre froide contre l’ancienne Union soviétique, l’impérialisme américain se sent fondamentalement menacé par un puissant challenger. Contrairement à ce que certains pensent – y compris à gauche – le capital américain n’est pas à couteaux tirés avec la Chine « communiste », mais avec le capitalisme chinois dirigé par le parti « communiste » chinois.
Par Peter (Leuven)
Depuis les années 1980, la Chine est passée d’une économie bureaucratiquement planifiée à un pays majoritairement capitaliste. En 2020, la Chine comptait plus de nouveaux milliardaires en dollars que les États-Unis. La production privée à but lucratif est devenue dominante. Les marxistes parlent plutôt de capitalisme d’État, en raison de la plus grande interférence de l’État dans l’économie. Cette situation est différente de celle lors de la précédente guerre froide : l’Union soviétique avait un système social différent, à savoir une économie planifiée, bien que soumise à un régime bureaucratique.
Des tensions croissantes, également avec Biden
Les tensions accrues entre la Chine et les États-Unis ne sont pas simplement le fait de l’administration Trump. Celle-ci avait bien augmenté les taxes sur les produits chinois et fermé les consulats en Chine. Son administration parlait d’une lutte entre « la liberté et la tyrannie ». Mais il ne s’agissait que d’un nouvel exemple d’hypocrisie capitaliste, comme le démontre largement la coopération historique et actuelle de l’impérialisme américain avec les dictatures du monde entier, telles que l’Arabie saoudite.
Avec Joe Biden, le conflit avec la Chine capitaliste d’État se poursuit. Il s’agit d’une lutte fondamentale entre deux groupes de capitalistes qui se disputent l’hégémonie sur le monde. Le régime de Pékin était même plus favorable à Trump car il estimait que celui-ci serait plus enclin à conclure des accords. Le capitalisme chinois – avec le vernis trompeur du Parti « communiste » – est un rival de la bourgeoisie américaine, de ses multinationales et de son État en termes de technologie, d’intelligence artificielle, de réseaux 5G et de suprématie militaire.
La flotte chinoise compte aujourd’hui plus de navires que la flotte américaine. La Chine se dote également d’une plus grande capacité nucléaire : de la « dissuasion stratégique », selon les termes de Xi Jinping. Parallèlement à sa puissance économique croissante, la Chine affirme des revendications plus impérialistes sur les îles de la mer de Chine méridionale et sur sa frontière avec l’Inde. En septembre, les États-Unis, ainsi que l’Australie et le Royaume-Uni, ont créé AUKUS, une alliance qui fournira à l’Australie des sous-marins à propulsion nucléaire. Les États-Unis ont également livré des équipements militaires d’une valeur de 20 milliards de dollars à leur allié indien en 2020. Les impérialismes américain et chinois forgent mutuellement des alliances stratégiques, politiques et économiques dans la lutte pour le contrôle de la région.
Taïwan est à ce titre un facteur important. Après que le régime de Xi ait soumis Hong Kong à une loi sur la sécurité nationale qui l’aligne de plus en plus sur le régime autoritaire de la Chine continentale, l’attention se porte sur Taïwan. Officiellement, celle-ci fait partie de la Chine, mais une invasion entraînerait des tensions extrêmement dangereuses avec le Japon et les États-Unis. D’autre part, le régime chinois n’acceptera jamais un Taïwan « indépendant » pour des raisons stratégiques et de prestige.
Via l’initiative « Belt and Road », les nouvelles routes de la soie, le régime chinois a rendu les gouvernements d’Afrique, entre autres, dépendants des prêts chinois. Cela sécurise ainsi l’accès aux matières premières et aux nouveaux marchés en construisant des ports et des infrastructures. L’impérialisme chinois tente de se présenter comme une alternative au capital occidental.
Le régime chinois n’est pas « progressiste », que ce soit dans sa politique étrangère ou sur son territoire. Au cours des dernières décennies, il a de plus en plus affaibli son propre État-providence issu de l’ancienne économie planifiée. Il a créé un régime dictatorial sophistiqué et brutal grâce à des technologies de pointe et n’a aucun problème avec les attaques contre les féministes, les personnes LGBTQI+ ou même simplement des « hommes à l’apparence féminine » afin de détourner l’attention de la crise économique et sociale.
Les causes sociales des tensions militaires
Depuis les années 1970, le capitalisme occidental traverse une crise prolongée de surcapacité, de baisse du pouvoir d’achat, de bulles spéculatives, d’endettement croissant,… La Chine s’est profilée dans ce marché mondial comme l’usine la moins chère du monde et a lancé une bouée de sauvetage au capitalisme occidental. Les deux grandes économies sont devenues structurellement imbriquées et ont relié l’ensemble de l’économie mondiale dans une chaîne de production complexe. La fragilité de cette situation est apparue clairement l’an dernier : des usines se sont arrêtées, des livraisons n’ont pu être effectuées à cause des grains de sable dans les rouages de la machine. Tel un sombre nuage, le conflit actuel entre les États-Unis et la Chine menace l’ensemble de l’économie mondiale.
Une crise de la dette se développe également en Chine. La croissance économique a été maintenue par un flux ininterrompu d’argent frais dans les banques contrôlées par l’État. Parallèlement, le coût de l’éducation, des soins de santé et du logement est devenu si élevé que les familles ont reporté la naissance de leurs enfants. La dette des ménages chinois a augmenté de 4.600 milliards de dollars entre 2015 et 2019. Au cours de la prochaine décennie, le nombre de femmes âgées de 22 à 35 ans en Chine diminuera de 30 %. Même après la levée de l’interdiction d’avoir plus d’un enfant, le taux de natalité est en chute libre puisqu’élever un enfant revient trop cher et que les services sociaux ont été amoindris.
En outre, le secteur de l’immobilier est entré en eaux troubles avec la menace de faillite du géant de la construction Evergrande. Cette crise peut s’étendre au reste du secteur et menace l’ensemble de l’économie chinoise. Le régime craint des débordements sociaux massifs. C’est également la raison sous-jacente des attaques contre certains capitalistes et de la réglementation dans un certain nombre de secteurs.
Cette guerre froide oppose, d’une part, l’ancienne puissance impérialiste classique mais déclinante des États-Unis et, d’autre part, la nouvelle puissance mondiale émergente, la Chine, qui a été en mesure de construire sa position de force sur base d’une économie planifiée. Mais au cours des dernières décennies, sous le contrôle du PCC, cette économie a été transformée en une brutale machine de capitalisme d’État dictatoriale. Prendre parti dans ce conflit revient à choisir entre la peste ou le choléra. La classe ouvrière, ni en Chine, ni aux États-Unis et ni dans le monde entier, n’a aucun intérêt dans ce conflit.
Les mobilisations se développent contre la crise du logement
À Amsterdam, le 12 septembre, 15.000 personnes ont manifesté contre la pénurie de logements abordables dans le pays en conséquence de la spéculation et de la loi du marché.
Face à la réduction du nombre de logements sociaux, le marché a fait grimper les prix. Les propriétaires spéculent sur le logement et achètent des propriétés facilement commercialisables pour les revendre plus cher. Des loyers plus élevés font également augmenter la valeur de vente.
Un appartement dans une ville aux Pays-Bas peut facilement coûter 1.000 euros par mois. De nombreuses personnes consacrent plus de 40 % de leur revenu au logement. Après la manifestation réussie du 12 septembre à Amsterdam, une autre suivra le 17 octobre.
Cette lutte est payante, nous l’avons déjà vu en Suède. Un mouvement de protestation crescendo, dans lequel notre organisation sœur Rättvisepartiet Socialisterna a joué un rôle important, a conduit à la chute du gouvernement et au retrait de la décision de laisser les loyers au marché.
À Berlin, l’expropriation de grandes sociétés de logement privées telles que Deutsche Wonen, qui possède pas moins de 113.000 appartements à Berlin, fait l’objet d’une campagne depuis des années. En même temps que les élections parlementaires, un référendum a été organisé à ce sujet à Berlin, mais la nationalisation elle-même doit être effectuée par le prochain gouvernement.
La résistance contre la soif de profit de la mafia du béton et des propriétaires est nécessaire. Elle ne peut qu’être renforcée par la revendication d’un plan massif d’investissement public dans le logement social pour assurer des logements sociaux durables, de qualité et abordables en nombre suffisant pour faire baisser les prix de tous les loyers.
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L’avortement interdit au Texas : il faut transformer la colère en action de masse

L’avortement a été interdit au Texas pratiquement du jour au lendemain. Toutes les cliniques de l’État, déjà peu nombreuses, ont interrompu leurs services d’avortement. Les États voisins, comme la Louisiane et l’Arkansas, voient déjà augmenter le nombre de patientes du Texas désireuses d’avorter. Des millions de femmes sont désormais terrifiées à l’idée de devoir se tourner vers l’avortement clandestin extrêmement dangereux pour interrompre une grossesse.Par Grace Fors, Socialist Alternative (ASI-USA)
La Cour suprême américaine a décidé de ne pas bloquer la mise en application d’une loi anti-avortement très restrictive au Texas. Le projet de loi 8 du Sénat (le «Texas Senate Bill 8» ou S.B.8) interdit tout avortement après la détection des battements du cœur du fœtus, généralement entre cinq et six semaines de grossesse, y compris dans les cas de viol et d’inceste. Entre 85 et 95 % des avortements ont lieu après cette période. La plupart des femmes ne savent pas qu’elles sont enceintes à ce moment-là.
Si cela n’était pas assez barbare, ce qui est particulièrement stupéfiant dans ce projet de loi, c’est son mécanisme d’application. Alors que depuis des années, une douzaine d’États républicains ont adopté des projets de loi similaires sur le « battement de cœur » qui ont été bloqués par les tribunaux, la loi du Texas fait passer l’application de la loi de l’État à des citoyens à titre privés. La loi permet à des citoyens de dénoncer, contre une récompense, ceux qui aident les femmes à avorter, la prime pouvant atteindre les 10.000 dollars par cas. Même un chauffeur Uber qui a emmené quelqu’un à un rendez-vous pour un avortement pourrait être poursuivi.
Un rappel à l’ordre
La menace d’un renversement de l’arrêt Roe contre Wade a plané au-dessus de nos têtes ces dernières années. Il s’agit d’un arrêt historique rendu par la Cour suprême des États-Unis en 1973 sur la question de la constitutionnalité des lois qui criminalisent ou restreignent l’accès à l’avortement. Un fanatique religieux déséquilibré et un prédateur sexuel ultraconservateur ont été nommés à la Cour suprême par l’ancien président Donald Trump sans que les Démocrates ne réagissent. La Cour suprême, hautement antidémocratique, a maintenant ouvertement démontré qu’elle était disposée à céder aux fanatiques de droite anti-avortement. Les perspectives de l’affaire Dobbs contre Jackson Women’s Health Organization, qui déterminera si les États peuvent interdire l’avortement après 15 semaines, sont dorénavant beaucoup plus sombres.
De nombreuses Lois ont été adoptées par des républicaines dans les divers Etats du pays et sont en attente d’un affaiblissement de l’arrêt Roe contre Wade. Elles entreraient directement en application si cela devait advenir. Les récents événements du Texas sont la faille qu’ils attendaient avec tant d’impatience. Les lobbyistes « pro-vie », c’est-à-dire opposés à l’avortement, contactent déjà les groupes texans pour les aider à rédiger des lois similaires. Le modèle texan pourrait bientôt être exporté dans des dizaines d’États.
Les travailleur.euse.s et tout particulièrement les jeunes femmes sont enragé.e.s à travers le pays. Mais il manque dramatiquement une direction politique afin de canaliser en action concrète l’opposition des 70% d’Américains face aux attaques contre l’avortement. Les principales organisations de défense des droits reproductifs ont publié des vidéos sans lancer aucun appel à l’action.
Après un bref moment de choc et de surprise face à l’interdiction soudaine de l’avortement, il est clair pour des millions de personnes au Texas et dans tout le pays que des manifestations de masse et même une journée d’action coordonnée sont nécessaires pour commencer à riposter et défendre les droits reproductifs et les droits des femmes.
Soulevons-nous pour riposter !
Nous sommes confrontés aux plus graves attaques contre les droits reproductifs des femmes depuis des décennies, mais la situation n’est en aucun cas désespérée. Nous pouvons protéger nos droits et garantir des avortements légaux dans tout le pays. Mais cela nécessite de construire un mouvement de masse de l’ampleur du mouvement des femmes des années 1960/70 qui a permis de remporter l’arrêt Roe contre Wade en 1973 en dépit d’une Cour suprême conservatrice durant la présidence de Richard Nixon. Le pays a été secoué par des mobilisations de masse, des grèves alors que des organisations radicales de base étaient engagées dans la bataille.
C’est ce dont nous avons besoin aujourd’hui. Notre mouvement devra exercer une pression énorme sur les Démocrates qui contrôlent la présidence et le Congrès pour qu’ils agissent, ainsi que sur la Cour suprême qui s’apprête à se prononcer sur l’affaire Dobbs.
Un mois avant de remporter la présidence, Joe Biden, alors candidat, s’est engagé à faire de l’arrêt Roe contre Wade « la loi du pays ». Avec le contrôle de la présidence et du Congrès, Joe Biden et les Démocrates n’ont aucune excuse pour ne pas tenir leur promesse.
Nous devons exiger que les Démocrates agissent. Parmi les nombreuses autres promesses non tenues, ils n’ont jusqu’à présent pas réussi à instaurer un salaire minimum fédéral de 15 dollars de l’heure, à adopter une législation radicale sur le climat, à protéger les droits syndicaux, à augmenter le taux d’imposition des grandes entreprises ou à rétablir le financement fédéral du Planning familial. À moins qu’un mouvement de masse ne se développe et qu’une pression immense ne soit exercée sur l’administration Biden, nous pouvons ajouter la protection du droit à l’avortement à cette liste.
Les dirigeants démocrates doivent faire tout ce qu’il faut pour adopter des protections radicales du droit à l’avortement. Ils peuvent agir maintenant pour inscrire l’arrêt Roe contre Wade dans la loi, mais comme nous l’avons vu, ils utiliseront toutes les excuses possibles pour ne pas agir. Nous ne pouvons pas leur laisser un pouce de marge de manœuvre pour contourner ce problème, nous avons besoin de manifestations et de grèves de masse pour exiger que les Démocrates codifient immédiatement cet arrêt. Les progressistes au Congrès doivent utiliser tous les moyens de pression dont ils disposent pour exiger que l’establishment agisse. En outre, nous devons mobiliser des manifestations de masse dirigées vers la Cour suprême, qui se prépare à prendre une décision dans l’affaire Dobbs. Pour déterminer les tactiques de notre mouvement, nous pouvons nous inspirer du récent mouvement des femmes en Pologne, où les femmes ont organisé une grève de masse pour protéger le droit à l’avortement.
Le féminisme socialiste est plus nécessaire que jamais
Notre lutte pour la libération des femmes doit aller au-delà de la question de l’accès à un avortement libre, sûr et légal. Cette interdiction et d’autres frapperont davantage les femmes pauvres et issues de la classe des travailleur.euse.s, celles qui souffrent déjà de la crise du logement et du manque de crèches. Nous avons besoin d’une lutte féministe socialiste pour des soins reproductifs gratuits et de haute qualité, y compris des services publics de garde d’enfants, le contrôle des loyers et des logements publics de bonne qualité. Nous devons mettre fin à la spéculation sur les soins de santé et assurer une transition immédiate vers un système de soins de santé pour tous. Nous devons également lutter contre le racisme, la transphobie et la terreur d’Etat contre les migrants, car toutes les formes d’oppression ne servent qu’à diviser la classe des travailleur.euse.s.
La génération actuelle de jeunes femmes n’est pas vendue au féminisme libéral qui limite ses revendications à l’accès des femmes aux postes dirigeants de la société capitaliste. Une soif de changement est visible partout autour de nous, pour un changement fondamental qui mette un terme décisif aux crises et à l’exploitation. Sous le capitalisme, chaque conquête péniblement arrachée par un mouvement social, tel que l’arrêt Roe contre Wade, peut être brisé par la volonté de la classe dirigeante. Pour obtenir une véritable libération de l’oppression de genre, la colère doit être canalisée contre le système capitaliste lui-même dans une lutte puissante pour une transformation socialiste de la société.
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George Floyd. Le policier Derek Chauvin condamné pour meurtre, une victoire arrachée par la lutte
L’agent de police Derek Chauvin a été reconnu coupable de tous les chefs d’accusation pour le meurtre de George Floyd ‼
Ce meurtre raciste avait déclenché le plus grand mouvement de contestation de l’histoire des États-Unis. Le fait que Chauvin ait été jugé coupable démontre l’importance des mobilisations de masse : tout le mérite de cette victoire revient à ce mouvement.- USA. Justice pour Daunte Wright ! Pendant que les Démocrates palabrent, la police continue de tuer
- Etats-Unis. Les marxistes et l’Etat : Comment en finir avec le maintien de l’ordre raciste ?
Pour nos camarades de Socialist Alternative aux Etats-Unis, il faut garder à l’esprit que l’establishment du parti démocrate, qui porte également la responsabilité de la mort de George Floyd, a sacrifié une “pomme pourrie” pour tenter de préserver son arbre pourri.
Nous devons maintenir la pression pour arracher un véritable changement !Le procès des trois complices de Chauvin sera d’autant plus tendu. Leur procès ne commence que le 23 août et se poursuivra jusqu’à l’automne, polarisant sans doute les élections de novembre à Minneapolis. Les activistes socialistes, le mouvement ouvrier et les militants contre les violences policières feront face au défi crucial d’assurer l’implication de la classe ouvrière dans la lutte pour une approche de la sécurité publique qui repose sur les communautés locales. Nous devons nous organiser dès maintenant !
Dans le sillage de ce cri de masse contre le racisme systémique, les Républicains ont fait passer des projets de loi à travers le pays pour criminaliser les protestations. Les quartiers populaires du Minnesota ont été terrorisés par l’opération Safety Net, une coalition de forces de l’ordre de toute la région utilisant la Garde nationale comme escorte armée, avec le soutien de l’establishment démocrate. Rien de tout cela n’a empêché le meurtre de Daunte Wright, 20 ans, à Brooklyn Center, ou d’Adam Toledo, 12 ans, à Chicago.
Il faut s’appuyer sur la victoire de cette condamnation pour lutter en faveur d’un monde meilleur et d’un changement structurel. Nous devons nous battre pour des assemblées de masse dans les communautés locales afin de décider démocratiquement des prochaines étapes du mouvement, notamment un conseil de surveillance communautaire démocratiquement élu ayant le pouvoir d’embaucher, de licencier et d’assigner à comparaître les agents de police et qui pourrait débarrasser les services de police de toute personne ayant un passé raciste, sexiste, fondamentaliste religieux ou violent. Nous devons réduire de moitié le budget de la police et taxer les riches pour financer le logement, l’emploi et l’éducation.
Nous devons construire un mouvement de masse par delà les couleurs de peau pour changer fondamentalement de société et démanteler ce système capitaliste raciste.
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USA. Justice pour Daunte Wright ! Pendant que les Démocrates palabrent, la police continue de tuer

Le 11 avril Daunte Wright, un jeune homme noir de 20 ans, a été tué par la police de Minneapolis pendant un contrôle d’identité. Cette acte de violence raciste qui survient quasiment un an après le meurtre de George Floyd dans la même ville a déclenché une nouvelle vague de protestation et a suscité une indignation on ne peut plus justifiée. Ce qui suit est une première réaction de la section de Minneapolis de Socialist Alternative, l’organisation sœur du PSL-LSP aux Etats-Unis.Malgré toutes les promesses de réforme de la police faites par l’établissement, regardez ce qui continue d’arriver. Un autre homme noir a été arrêté par la police sans raison. Et sans raison claire, il a été abattu et tué.
Socialist Alternative est solidaire du mouvement qui réclame justice pour Daunte Wright ainsi que la fin des violences policières et du racisme systémique. Les contrôles de routine ne devraient jamais être une condamnation à mort. Ce meurtre brutal, qui coïncide avec le procès de Derek Chauvin, intervient à un moment où Minneapolis se bat toujours pour que justice soit rendue à George Floyd.
Quelques centaines de personnes se sont rassemblées sur la scène du meurtre, où la mère de Daunte s’est adressée à la foule. Après de brèves confrontations avec la police, la communauté a réussi à forcer la police à quitter les lieux et une veillée pacifique a été organisée. Lorsque le groupe s’est dirigé vers le commissariat de Brooklyn Center, il a été confronté à la violence des flash-bangs, des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc.
L’été dernier, les jeunes de couleur de la classe des travailleurs ont mené des manifestations de masse après le meurtre de George Floyd. Sans ce mouvement, Chauvin ne passerait peut-être pas devant les tribunaux aujourd’hui. L’establishment de Minneapolis a renoncé à ses promesses de réforme, ce qui n’a fait que laisser le champ libre à un autre meurtre insensé.
Nous ne pouvons pas faire confiance à ces élus pour obtenir justice pour Daunte Wright. Pour soutenir la lutte et obtenir justice pour toutes les victimes de la violence policière, nous avons besoin d’un mouvement organisé et inclusif de la classe des travailleurs. Nous avons besoin d’un conseil de surveillance organisé par la communauté et avec de vrais pouvoirs, y compris celui de renvoyer tout officier de police ayant des antécédents de racisme ou de violence. Il faut réduire le financement de la police de 50%, taxer les grandes entreprises et les grandes fortunes pour financer le logement, l’emploi et l’éducation.
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MEETING After Capitol Hill: Fight Trumpism – Organize the left

Ce jeudi 21 janvier, 19h30
Avec notamment pour oratrice Keely Jane, membre de Socialist Alternative, en direct de New York.
La traduction de l’anglais vers le français et le néerlandais sera organisée via canaux audio séparés.
La prise d’assaut du Capitole a choqué des centaines de millions de personnes aux États-Unis et dans le monde entier.La menace représentée par l’extrême droite est toujours bien réelle.Alors que les manifestations antiracistes Black Lives Matter avaient dû faire face à des matraques et des gaz lacrymogènes, l’extrême droite a pu s’organiser ouvertement dans la rue et pénétrer sans encombre dans le Capitole.Comment en est-on arrivé là ? Que nous réserve l’avenir ? Comment organiser la riposte antifasciste de la jeunesse, des travailleurs, des groupes opprimés, de la gauche ? La procédure de destitution est-elle suffisante ? Nous ne le pensons pas. Trump a été vaincu, mais les contradictions du capitalisme vont continuer d’alimenter l’extrême droite. Il faut répondre à l’extrême droite par un mouvement de masse, la solidarité et la lutte pour les intérêts de la classe ouvrière.Le lendemain de l’investiture de Biden, nous organisons ce meeting pour discuter de la situation aux États-Unis et de la manière d’y faire face. La soirée sera introduite par un membre de Socialist Alternative, l’organisation-sœur du PSL/LSP aux États-Unis.Venez écouter et découvrir comment réagir ! -
USA : Nous avons besoin de manifestations de masse contre l’extrême droite

La menace de l’extrême droite ne disparaît pas après la tentative de coup d’État du 6 janvier. Une nouvelle série de rassemblements armés est prévue et peut-être même d’autres tentatives d’occupation de bâtiments législatifs à partir de ce samedi 16 janvier, pour aboutir à une éventuelle confrontation le jour de l’investiture, le mercredi 20 janvier.
Déclaration de Socialist Alternative (ASI-USA)
Comme nous l’avons vu avec l’émeute du Capitole et avec la succession de meurtres racistes de la part de la police, nous ne pouvons pas dépendre des flics pour nous défendre contre l’extrême droite. Au lieu de cela, le mouvement ouvrier et les leaders de gauche comme Bernie Sanders, AOC (Alexandria Ocasio-Cortez) et The Squad (nom informel d’un groupe de quatre femmes élues aux élections de 2018 à la Chambre des représentants) devraient appeler à l’organisation de manifestations de masse pour chasser les fascistes, les racistes et l’extrême droite en général de nos rues du 16 au 20 janvier. Nous avons pu constater l’efficacité des rassemblements de masse en 2017 après le rassemblement de l’extrême droite à Charlottesville, lorsque 40.000 personnes se sont réunies à Boston pour chasser les fascistes des rues, non seulement à Boston mais aussi au niveau national.
Les paroles vides de sens des dirigeants syndicaux ou les actions théâtrales des politiciens ne suffiront pas à vaincre la menace permanente de l’extrême droite. Bien que nous soutenions la procédure de destitution ou d’autres mesures constitutionnelles visant à démettre Trump de ses fonctions, nous ne pensons pas que la gauche devrait concentrer son énergie sur cela. Dans les heures et les jours critiques qui ont suivi le siège du Capitole, les déclaration de The Squad étaient presque indiscernables des articles de l’establishment capitaliste en expliquant que cette stratégie était un moyen d’empêcher Trump de se représenter en 2024, mais cette disqualification n’est pas automatique et seul le Sénat – et seulement avec un vote des deux tiers – peut exclure Trump d’une fonction élue. Au-delà de toutes les difficultés rencontrées avec cette approche, ce n’est pas non plus un moyen efficace de neutraliser l’extrême droite. Même si Trump ne pouvait pas se représenter, un autre dirigeant d’extrême droite se présenterait à sa place.
Alors que la principale tâche immédiate est de porter un coup à l’extrême droite et aux fascistes, la lutte contre l’extrême droite et le populisme de droite en général, qui dispose d’une audience de millions de personnes, ne sera pas gagnée dans les deux prochaines semaines. La classe dirigeante s’est maintenant tournée contre Trump qui a franchi une ligne rouge en s’attaquant directement à ses principales institutions politiques. Les grandes entreprises retirent leur soutien à Trump et à d’autres républicains clés tels que Ted Cruz et Josh Hawley. Twitter a banni Trump à vie. Mais la droite ne sera pas vaincue par les patrons des entreprises technologiques qui l’ont acceptée pendant des années. Nous savons que demain, de telles mesures seront utilisées contre la gauche dans le cadre d’une campagne contre “l’extrémisme”. Mais en tant que socialistes, tout en ne faisant pas confiance à l’establishment, aux entreprises américaines ou à l’État, nous sommes pour que des mesures soient prises contre l’extrême droite, comme la purge des forces de l’État, y compris la police, des racistes connus et de toute personne ayant des liens avec la droite dure et les groupes fascistes.
L’extrême droite disposera d’un potentiel pour croître avec une administration Biden qui n’a aucune solution pour les problèmes profonds du capitalisme. Le Tea Party s’est d’ailleurs développé sous Obama après le sauvetage des banques. Nous ne pouvons pas miner efficacement l’extrême droite en nous unissant à un establishment démocrate contrôlé par les entreprises qui alimentera l’ouverture pour ces idées en attaquant encore et encore les intérêts des travailleurs. Nous devons plutôt construire un front uni de la classe ouvrière qui lutte contre les menaces racistes et propose un programme pour faire face aux crises économiques, sanitaires et sociales de la société.
Le mouvement antifasciste doit défendre un programme capable d’unir les travailleurs : un système de soin de santé accessible à tous, une allocation de soutien COVID pour les travailleurs et la fin des pratiques policières racistes. Cela doit être combiné à une action de masse visant à empêcher l’extrême droite de colporter ses mensonges dans nos rues. Les petites confrontations aventureuses avec des éléments violents d’extrême droite ne sont pas notre objectif. Nous avons plus que jamais besoin d’un mouvement de masse de millions de personnes.
Socialist Alternative appelle à des réunions d’urgence des militants syndicaux, des socialistes et des organisations communautaires pour planifier des actions de masse du 16 au 20 janvier afin de vaincre les menaces de la droite. Des actions réussies contre l’extrême droite pourraient contribuer à lancer un front uni pour lutter contre le racisme et la classe des milliardaires. Ces problèmes n’ont pas disparu. La menace est immédiate, et nous devons agir de toute urgence. Même si les racistes violents sont repoussés dans la semaine à venir, l’extrême droite pourrait encore se développer, et il est essentiel que la gauche et le mouvement ouvrier prennent au sérieux cette lutte en cours.
