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  • La violence fasciste à Liège

    Mercredi 15 décembre 04, un de nos membres étudiants été victime d’une agression par deux skinheads en pleine ville. Il semble que les deux individus n’aient pas apprécié les propos antifascistes qu’ils lui avaient entendu prononcé un peu plus tôt dans un café proche.

    EGA-ULg

    Bien qu’il ait réussis à se débarrasser de ses agresseurs, notre camarade s’est retrouvé avec une fracture du bras. Les fascistes à Liège ne sont pourtant ni nombreux ni organisés. Comme partout ailleurs en Wallonie, ils ne représentent rien d’autre que quelques excités marginaux. Pour autant, comme on le voit, ces excités ne pas inoffensifs. Cela montre bien quelles sont les options fondamentales de ce genre de personne : leur violence n’est que le reflet d’une morale autoritariste fermée sur elle-même qui refuse par avance toute idée de dialogue et de démocratie.

    Lorsque nous sommes confrontés à un adversaire politique, nous avons l’habitude de lui opposer la discussion et le débat politique. Mais face aux fascistes, il n’y a pas de discussion possible. La seule option que nous ayons est d’isoler leurs militants et de dénoncer leur idéologie raciste et antisociale.

    Sous couvert d’un discours favorable aux travailleurs, les partis fascistes (comme le front national par exemple) ne sont que les avatars de la société capitaliste. Ils comptent sur le mécontentement de la population pour la gagner à un programme de ségrégation raciale, de démantèlement des droits des femmes et de destruction des acquis sociaux. C’est pourquoi le MAS, comme parti ouvrier, s’est toujours montré très actif sur le terrain des luttes antifascistes.

    Ce qui est arrivé à notre camarade ne peut que renforcer notre détermination à lutter pour une société dont sera exclue toute idéologie de violence et de haine.

  • AMÉRIQUE LATINE. Rompre définitivement avec le néolibéralisme

    AMÉRIQUE LATINE

    L’EXÉCUTIF DU Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO, internationale dont fait partie le nale MAS/LSP) a porté une attention toute particulière aux perspectives et aux tâches du mouvement ouvrier au Brésil et au Vénézuela. En janvier 2005, des milliers de jeunes et de travailleurs participeront au vailleurs Forum Social Mondial (FSM) qui se tiendra de nouveau à Porto-Alegre. Certains seront en quête d’idées et d’organisations qui proposent des alternatives. Le MAS/LSP y sera présent, dans la délégation internationale du CIO.

    Els Deschoemacker

    Malgré les possibilités limitées pour les organisations politiques à se profiler ouvertement lors du FSM, les développements de turbulences politiques et sociales s’y reflèteront.

    Vénézuela: le programme de Chavez est insuffisant pour résoudre les problèmes de la classe ouvrière

    Celso du Chili: «Pour la troisième fois, les masses ont sauvé la peau de Chavez et de sa politique. Le taux de participation extrêmement élevé lors du référendum cet été, le plus élevé dans l’histoire vénézuélienne, montre le soutien public immense pour les réformes sociales. Mais le chômage gigantesque, les bas salaires et les mauvaises conditions de travail nous montrent que le réformisme de Chavez se fait dans les limites du capitalisme et n’offre pas de solutions fondamentales.

    «Avant le référendum, on pouvait avoir l’impression que Chavez virait à gauche. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Le Chavisme a une nette tendance bonapartiste. Le régime balance systématiquement entre les deux classes dans la société. Quand Chavez se sent en sécurité, il emploie un langage conciliant envers l’opposition réactionnaire et il renvoie les masses à la maison. Quand il est moins sûr, il mobilise ces mêmes masses. Vis-à-vis de l’impérialisme, il tient un discours menaçant, mais il garantit pourtant aux Etats-Unis l’ininterruption de l’approvisionnement en pétrole.

    «Le CIO au Vénézuéla – nos premiers membres ont été gagnés au cours de l’année passée. Nous publions un nouveau bulletin sous le nom Socialisme révolutionnaire – et menons une discussion sur la nécessité d’un programme et d’une organisation de la classe ouvrière, indépendante de Chavez et de la bourgeoisie. La question est de savoir combien de temps durera le processus révolutionnaire au Venezuela. La bourgeoisie n’a pas mis de côté son espoir de liquider Chavez. Plus longtemps cette situation perdure, plus la réaction aura de temps pour se réorganiser.

    «La polarisation et le soutien immense pour la révolution bolivarienne sont toujours dominants. Les partisans de Chavez avaient obtenu, aux élections d’octobre, 270 des 334 conseils communaux et 20 des 22 régions. Mais il y avait aussi des critiques. Le syndicat UNT, par exemple, disait que les candidats bolivariens devraient être élus au lieu d’être nommés par Chavez. Cette critique montre que Chavez est testé politiquement. Ces développements vont constituer un terrain favorable pour la construction du CIO au Vénézuela.

    Brésil: processus de réorganisation dans le mouvement ouvrier

    André (Brésil): «Le Brésil avait peut-être bien un des partis anticapitalistes les plus importants du monde, le Parti des Travailleurs (PT) de Lula. Ce parti refuse néanmoins de rompre avec le capitalisme et se dirige ostensiblement vers un instrument de la bourgeoisie et de l’impérialisme. «Après la crise économique en 2003 et une série de scandales, Lula pouvait partiellement réasseoir sa position grâce à une croissance économique de presque 6% dans les deux premiers trimestres de 2004 à cause d’une croissance dans l’exportation. Le chômage a baissé de 13 à 11%, mais les nouveaux emplois souffrent tous de faibles rémunérations et de mauvaises conditions de travail.

    «La politique de réforme néolibérale de Lula ne laisse pas de place au doute. La coopération public-privé est à l’agenda dans les universités. En préparation des réformes structurelles du marché du travail, le gouvernement travaille sur une réforme syndicale qui donne plus de pouvoir aux bureaucrates des directions syndicales. Les OGM ont été légalisés pour le marché de l’alimentation malgré des promesses contraires. Des réformes agraires promises, seulement 44% de l’objectif a été réalisé. Tous les programmes sociaux sont sous pression à cause des réelles priorités du PT, notamment le payement de la dette et des normes fiscales strictes que le gouvernement utilise. Ce n’est pas tout. Un scandale a éclaté quand le ministre de la Défense a soutenu publiquement les tortures sous la dictature. La demande de militants des droits de l’Homme pour ouvrir les archives militaires se heurtait à un «Niet!» de Lula. Sur le plan international aussi, le rôle du PT est réactionnaire. A Haïti, les troupes brésiliennes aident à soutenir un gouvernement qui a pris le pouvoir par un coup d’état et qui est soutenu par les Etats-Unis. De cette manière, Lula veut clairement construire une crédibilité envers les Etats-Unis et obtenir un siège dans le Conseil de Sécurité de l’ONU.

    «Pendant que le PT progressait aux élections communales dans un grand nombre de petites villes, il perdait aussi des positions importantes dans un nombre de plus grandes villes comme Porto- Alegre et Rio de Janeiro. A Rio, dans les élections présidentielles, le PT avait encore 80%. Cette foisci, il y a obtenu son plus mauvais score. Une partie de ces positions ont été reprises par des candidats à gauche du PT, ce qui montre le potentiel pour la gauche. Mais la bourgeoisie a aussi gagné quelques coups. A Sao Paulo, par exemple, le PSDB, parti de l’exprésident Cardoso, a gagné au détriment du PT. «La politique de Lula se heurte à toujours plus de résistance. Cette année, les travailleurs des banques ont fait grève pendant un mois contre les attaques continuelles. Les dix dernières années, 400.000 des 800.000 emplois ont été perdus dans ce secteur. Le PT y mine sa propre position car il avait, dans le passé, beaucoup de soutien dans ce secteur : trois des ministres du PT sont des ex-dirigeants des travailleurs bancaires.

    «La classe ouvrière tire des conclusions de sa situation. Le lancement du Psol, nouveau parti de gauche, est une expression politique d’une partie de ce processus. Une des priorités du Psol est maintenant de se faire légaliser et de construire de solides structures. Mais la pression de l’électoralisme se développe déjà. Bien que ce parti ait peut-être le programme le plus à gauche des nouveaux partis, le danger subsiste que ce parti se cantonne au simple discours engagé. Socialisme Révolutionnaire, notre organisation au Brésil était un des premiers défenseurs de la nécessité de mettre sur pied un parti de gauche comme le Psol. On doit aider à construire ce parti, mais la défense d’un programme révolutionnaire au sein de ce parti reste crucial.»

  • Contre le Vlaams Belang! Pour une alternative socialiste!

    LA QUESTION d’une stratégie efficace contre le Vlaams Belang revient dans toutes les discussions. Faut-il donner raison au cynisme de la presse traditionnelle? Est-ce qu’on a vraiment tout essayé en vain? Selon nous: non. L’élaboration d’une stratégie est une question sérieuse où il faut tenir compte à la fois du score électoral du Vlaams Belang et du noyau dur fasciste qui dirige ce parti.

    Geert Cool

    Pour lutter contre un parti qui progresse à partir du mécontentement d’une partie de la population envers la politique antisociale de l’establishment, on ne peut pas s’en remettre à cet establishment. Crier victoire après une décision de justice ou après des déclarations de politiciens sur la dotation des partis ne mène à rien. Nous devons convaincre les électeurs du Blok que ce parti n’a pas de solutions à leurs problèmes. Edulcorer notre discours pour gagner des partisans dans l’establishment n’a non seulement aucun sens, mais est contreproductif.

    Bien au contraire, nous devons construire une force qui s’oppose au système, non seulement en paroles, mais qui est aussi prête à l’affronter lors de campagnes concrètes.

    Nous devons tirer les leçons des défaites de l’extrême-droite en Europe. L’Italie en 1994, la France en 1995, récemment l’Autriche – où l’extrême-droite a subi des – défaites électorales après les protestations de masse contre la politique néolibérale.

    En Italie, à la fin 1994, des centaines de milliers de travailleurs ont manifesté contre les plans de retraite du premier gouvernement Berlusconi. Le mouvement fondait son espoir sur la gauche politique pour mettre fin à la politique antisociale. La base sociale du gouvernement de droite (auquel participaient aussi l’Alliance Nationale “postfasciste” et la Ligue du Nord) était totalement sapée et le gouvernement est tombé. Berlusconi et Cie ne sont revenus au pouvoir qu’après quelques années. En fin de compte, cela n’a été possible que grâce à la politique tout aussi néolibérale de la coalition de “l’Olivier” de centre-gauche.

    En Autriche, le FPÖ a perdu le soutien de la population après la grève quasi générale de l’an dernier. Alors qu’après sa première participation au gouvernement, le FPÖ avait même vu son score augmenter. Ce qui contredit l’idée que la participation au pouvoir leur coûterait de toute façon des voix.

    Ces exemples montrent qu’une stratégie antifasciste doit reposer sur la résistance active contre la politique antisociale. La croissance de la pauvreté, mais aussi la crainte des gens relativement plus aisés de voir chuter leur niveau de vie, mènent à un sentiment d’insécurité sociale et font douter de l’avenir. Tant que la résistance à tout cela ne parvient pas à s’exprimer activement dans des mobilisations et à s’organiser dans une formation politique ouvrière, elle continuera à s’exprimer passivement par un vote de protestation pour le Vlaams Belang.

    Nous appelons tous les jeunes et les travailleurs qui veulent combattre l’extrême-droite à commencer la lutte dans les quartiers, les écoles, les entreprises, les universités,… C’est là qu’on doit construire la résistance active à la politique actuelle. Une bonne façon de le faire, c’est de participer à la campagne pour la Marche des Jeunes pour l’Emploi du 19 mars.

  • De Lijn. Les temps de repos et de parcours: un problème partout

    LA CIRCULATION automobile, de plus en plus dense, bloque souvent les bus et les trams dans les embouteillages. Ce qui signifie que les temps de parcours des bus et des trams sont de plus en plus utopiques. Même au départ des lignes, il y a souvent du retard. Pas de pause pour les chauffeurs, même pas pour l’administration. Afin de rattraper le temps perdu, les règles de sécurité sont de moins en moins respectées, y compris sur la vitesse maximum.

    Correspondant

    Dans les grandes villes, le problème est très présent, mais dans les petites villes et sur les routes régionales, les embouteillages sont une réalité de tous les jours. A Anvers, à Bruxelles et à Gand, la situation est alarmante et le mécontentement croît de plus en plus au sein du personnel. Depuis longtemps les syndicats de De Lijn revendiquent une solution à ce problème. Comme aucune réponse ne venait la direction, ni des conseils communaux concernés, les travailleurs ont menacé de passer à l’action.

    A Gand, les chauffeurs ont mené plusieurs actions au cours des dernières semaines. Quand ils ont menacé de faire grève pendant les périodes d’achat de Noël et de nouvel an, des mesures ont été prises pour assurer un trafic plus fluide pour les trams. A Anvers les chauffeurs de bus ont décidé de ne plus emprunter certaines rues trop encombrées jusqu’à ce que les problèmes soient résolus. Les chauffeurs en ont pardessus la tête des promesses en l’air!

    Le stress monte, pas seulement pour les chauffeurs, mais aussi pour les techniciens et les employés. La direction temporise. Investir dans le transport public ne signifie pas seulement envoyer plus de bus et de trams dans les rues ou sur les routes encombrées, mais aussi assurer qu’il y ait suffisamment de personnel et que l’on puisse travailler dans de bonnes conditions.

  • UKRAINE. Les travailleurs n’ont pas de candidat!

    AUTREFOIS région économique de premier plan pour l’URSS, l’Ukraine est tombée dans le capitalisme le plus sauvage après la chute du stalinisme. Dans les années 90, la libéralisation de l’économie a mis sur la paille des millions de travailleurs. Aujourd’hui, la population ukrainienne possède le niveau de vie le plus bas d’Europe.

    Stéphane DelcrosEn novembre dernier, la fraude massive qui a entaché le résultat du second tour de l’élection présidentielle en Ukraine a débouché sur un mouvement de protestation de grande ampleur dans la partie occidentale du pays. Des dizaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue pour protester contre la victoire frauduleuse du premier ministre Viktor Ianoukovitch, le candidat de l’ancienne bureaucratie reconvertie dans le capitalisme mafieux. Non content d’avoir truqué le scrutin, le régime n’a pas hésité à empoisonner le candidat de l’opposition Viktor Iouchtchenko qui représente la nouvelle bourgeoisie ukrainienne. L’invalidation du scrutin sous la pression de la rue a déclenché des manifestations de masse dans la partie orientale de l’Ukraine qui avait voté pour Ianoukovitch. En effet, cette région de l’Ukraine est la plus industrialisée et ses habitants, majoritairement russophones, craignent que Iouchtchenko ne ferme les mines et toutes les entreprises nonrentables.

    Le Président russe Poutine, qui soutient Ianoukovitch, a tenté d’exploiter cette situation en agitant la menace d’une partition de l’Ukraine. Ce qui se passe en Ukraine pourrait être le prélude à des mouvements analogues en Russie et dans d’autres républiques exsoviétiques. Poutine s’efforce de consolider son pouvoir en utilisant les méthodes et les symboles de l’ancien régime stalinien. Mais la destruction de tous les acquis sociaux qui ont accompagné le rétablissement du capitalisme a créé une situation sociale potentiellement explosive qui pourrait emporter le régime Poutine.

    D’un autre côté, l’Union européenne et les Etats-Unis soutiennent ouvertement Iouchtchenko qui n’a aucune alternative à offrir à la population ukrainienne. Sous couvert de soutenir la démocratie, les dirigeants occidentaux ne pensent qu’à élargir leur sphère d’influence. Partisan de la nouvelle bourgeoisie ukrainienne, ancien gouverneur de la banque centrale et artisan des réformes néolibérales qui ont notamment poussé à la fermeture de nombreuses mines dans l’est du pays, Iouchtchenko est passé maître dans l’art d’exploiter les travailleurs au profit des banques privées.

    Le mouvement de protestation en Ukraine combine des éléments de révolution et de contre-révolution. D’un côté, la population s’insurge pour la défense de ses droits démocratiques (à l’ouest) ou pour la défense de l’emploi (à l’est). En occupant les rues jour et nuit et en bloquant le système administratif du pays, la population a utilisé les méthodes de lutte du mouvement ouvrier. D’un autre côté, la direction politique du mouvement dans les deux régions du pays est une direction bourgeoise.

    L’absence d’une alternative politique qui pourrait unifier les travailleurs ukrainiens de l’ensemble du pays ouvre la voie à des tentatives de fractions diverses de la classe dirigeante pour récupérer le mouvement à leur profit et dresser les travailleurs les uns contre les autres, avec tous les risques de guerre civile qui en découlent.

    La population de l’Ukraine occidentale s’oppose davantage à Ianoukovitch qu’elle ne soutient Iouchtchenko. Si celuici devait être finalement élu au “ troisième tour “, le 26 décembre, la population devra utiliser les mêmes armes contre lui pour lutter contre sa politique néo-libérale. Le seul moyen de surpasser les intérêts impérialistes – d’est ou d’ouest – et d’empêcher les divisions ethniques, c’est d’unifier les travailleurs de toutes les régions afin qu’ils luttent pour leurs droits démocratiques et sociaux. La classe ouvrière ukrainienne a besoin d’un parti des travailleurs défendant ses intérêts!

  • Soutenez le Parti Socialiste Unifié (USP) au Sri Lanka

    Le MAS et le CIO (Comité pour une Internationale Ouvrière – notre organisation internationale) ont été soulagés d’apprendre qu’il n’y a pas eu de morts parmi les membres de notre organisation dans la région. Mais ceux-ci ont encore besoin d’aide. C’est pourquoi nous organisons une solidarité concrète pour les camarades qui sont sans abri ou blessés.

    Le tsunami a touché une région du Sri Lanka où vivent et travaillent beaucoup de nos membres. Le camarade Piyatilake, membre de la direction à Galle, a été porté disparu pendant plusieurs jours et nous avons craint le pire. Son lieu de travail près d’une station de bus a été entièrement détruit et deux personnes qui travaillaient avec lui sont décédées. Le camarade lui-même a été retrouvé dans un hôpital, grièvement blessé. Depuis lors, il est rentré chez lui pour se rétablir.

    Plus de 25 membres de l’USP et leurs familles dans le sud et l‘est de l’île sont sans abri. La plupart résident temporairement dans des camps d’accueil où il y a un besoin urgent en eau, en nourriture, en vêtements et en médicaments. Beaucoup de membres du parti ont perdu des membres de leur famille proche. Presque tous les camarades manquent d’eau potable et il y a une menace de diarrhée et d’autres maladies dans les régions touchées.

    Nous lançons un appel pour aider nos camarades de l’USP. Le parti lui-même organise la protection de ses membres et de ses sympathisants sur l’île. Nous voulons envoyer du matériel pour épurer l’eau et des médicaments au Sri Lanka. Nous voulons aussi leur faire parvenir le plus vite possible des vêtements, de la nourriture et du matériel pour construire des abris.

    Bien que l’USP s’occupe prioritairement d’organiser la survie de ses membres, le parti veut aussi apporter le plus vite possible une réponse politique avec des affiches, des tracts,…. Une plateforme de revendications va être rédigée pour indiquer comment réagir à la crise.

    Pour une reconstruction complète et rapide, il y a un besoin urgent de moyens. Pendant des années, la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire International ont mis la population locale au pain sec avec leurs diktats néo-libéraux. Toutes les dettes extérieures du pays doivent immédiatement être supprimées et pas seulement postposées. Pour une solution durable aux problèmes des travailleurs et des pauvres au Sri Lanka, une transformation socialiste de la société est nécessaire. Nous voulons apporter notre soutien aux membres de l’USP à un moment où ils en ont grand besoin.

    Un premier chargement de tablettes d’épuration d’eau est déjà parti pour le Sri Lanka. Il a été payé par notre député irlandais Joe Higgins et a coûté quelque 400 euros. Même avec des montants relativement modestes comme celui-là, nous pouvons apporter une contribution très importante pour pourvoir aux besoins les plus urgents de l’USP au Sri Lanka.

    Des contributions financières peuvent être versées de plusieurs façons :

    > Online via le site www.socialistworld.net du CWI (pour ceux qui disposent d’une carte de crédit (Visa ou autres). Ecrivez en communication : « Campaign Sri Lanka ».

    > En effectuant un virement sur le compte 001-2260393-78 du MAS avec la mention « Sri Lanka ».

    Tous les montants seront intégralement utilisés pour une aide concrète et directe au Sri Lanka. N’hésitez pas à vous montrer solidaire.

  • Le capitalisme va t-il investir dans notre sécurité?

    Dans la région du Pacifique il y avait bien un système d’alarme contre les tsunamis. Le commandement militaire américain a pu avertir à temps sa base militaire sur l’île de Diego Garcia qui se situe dans l’Océan Indien. A Diego Garcia il n’y a donc eu aucune victime. Par contre, l’armée et les autorités américaines ne se sont pas soucié de prévenir les pays menacés par le tsunami. Les spécialistes sont unanimes: un tsunami met des heures à traverser un océan, ce qui laisse largement le temps de prévenir la population. Un tremblement de terre n’est pas prévisible mais, dans le cas d’un tsunami, personne ne devrait, en principe, perdre la vie.

    En outre, des scientifiques d’une commission des Nations Unies avaient déjà plaidé l’été dernier pour la création d’un système d’alarme dans l’Océan Indien. Ils avaient déclaré que "le risque d’apparition d’un tsunami venant de l’Océan Indien ou de plus loin est bien réel". Aucune action n’a cependant été entreprise, peut-être parce que les responsables ont considéré que le danger n’était pas assez grand face aux coûts que cela risquait d’engendrer. Tel a été certainement le raisonnement des responsables indonésiens. Par contre, pour faire la guerre contre des régions séparatistes comme le Timor oriental et l’Aceh, le gouvernement indonésien n’a eu aucun mal à ouvrir son portefeuille.

    Les capitalistes et leurs gouvernements investissent – avec notre argent – pour protéger leur système contre certaines menaces, par exemple contre le terrorisme des fondamentalistes musulmans comme Al-Qaeda. Mais ils sont incapables de résoudre les problèmes qui engendrent le terrorisme : l’oppression, la pauvreté, les guerres, l’absence totale de perspectives. La soif de profit des grandes entreprises empêche d’assurer à toute la population du monde un niveau de vie décent et un véritable contrôle sur sa vie. Dans la lutte contre les conséquences des catastrophes naturelles, il en va de même. A chaque pas, nous sommes freinés et bloqués par les intérêts étroits d’une petite minorité.

    Un membre du bureau sismologique en Thaïlande, Chcheep Mahachan, a déclaré à propos du tsunami : « La sonnette d’alarme n’a pas vraiment été tirée. Si nous l’avions fait et que l’information se serait avérée fausse, cela aurait signifié la mort du tourisme dans la région. ». La chasse au profit – propre au système capitaliste – a ici reçu la priorité au détriment de la sécurité des gens.

    Par ailleurs, on est en droit de se poser à propos de l’aide la question suivante : combien d’argent promis par les gouvernements occidentaux sera-t-il réellement déboursé ? Après le tremblement de Bam en Iran en 2003, un milliard de dollars d’aide a été promis. Finalement seuls 17 millions de dollars ont été effectivement payés jusqu’à présent. Les gouvernements capitalistes ont leurs propres priorités : le maintien de leur pouvoir, de leurs positions et de leurs privilèges et de ceux des entreprises qui aspirent à faire un maximum de bénéfices et avec qui ils sont alliés. Le sort de simples travailleurs et de jeunes ne peut pas les intéresser.

    Planification socialiste : la meilleure garantie contre les conséquences des catastrophes naturelles

    C’est pourquoi, nous aussi, nous avons besoin de nos propres partis pour défendre nos intérêts. Des partis de travailleurs qui sont actifs dans les syndicats, sur les lieux de travail, dans les quartiers et les écoles et qui défendent un véritable programme socialiste. Un programme qui revendique pour la population laborieuse au niveau mondial le contrôle des usines, des matières premières, des terres et de son propre travail par le biais d’un système de comités de travailleurs, de jeunes et d’opprimés, démocratiquement élus à tous les niveaux, avec la possibilité de révocation à tout moment de ceux qui ne font pas correctement leur travail et avec des représentants qui ne gagnent pas plus que le salaire moyen d’un travailleur qualifié.

    Un tel système de démocratie ouvrière et de contrôle de la production par l’ensemble de la population est la meilleure garantie pour nous protéger contre les « catastrophes naturelles ». Ce ne seraient pas des motivations de commerce et de profit qui primeraient pour l’évaluation d’un danger mais bien les intérêts de tous, car ce serait la majorité de la population qui gèrerait l’Etat sur une base démocratique et non pas une clique de politiciens capitalistes au service de la chasse au profit des patrons.

    Ainsi, lors de l’élaboration d’une planification de travaux de construction, il y aurait des discussions sur la manière de prendre en compte les questions d’environnement, les possibilités d’inondations,… A l’heure actuelle, des formes naturelles de défense contre les inondations – comme les barrières de corail ou la végétation dans les dunes de sable – sont souvent sacrifiées aux intérêts à court terme du tourisme ou d’une autre industrie. Dans une économie socialiste planifiée, ce ne serait plus possible. De même, des responsables qui promettent une aide mais qui ne tiennent pas leurs promesses pourraient immédiatement être démis.

    Les décisions concernant la qualité des habitations, la construction de digues, l’aménagement du territoire,… seraient prises collectivement avec une participation permanente de la population laborieuse. De cette façon, on pourrait aussi, lors d’une catastrophe naturelle, organiser l’aide et dégager les moyens nécessaires de façon plus rapide et plus efficace que ce n’est le cas sous le capitalisme. Dans le système actuel, les politiciens et les patrons font tout pour maintenir la masse de la population en dehors de la politique de manière à pouvoir prendre leurs mesures de recul et de destruction sociale. Dans un système socialiste véritablement démocratique, les masses seraient organisées de manière permanente pour gérer la production et la société. Lutte avec nous pour construire une telle société. Deviens membre du MAS !

  • Une solidarité qui en dit long…

    En Belgique également, les organisations humanitaires ont vu une forte croissance des dons. Au 4 janvier, un montant record de 7,2 millions d’euros avait été récolté. Beaucoup de jeunes et d’adultes prennent des initiatives pour aider la population en Asie. Cette solidarité massive réfute bien des préjugés, et notamment l’idée que le Flamand est un "égoïste raciste". Pour certains commentateurs, ce serait là la raison principale de la croissance du Vlaams Belang. Ils "oublient" la politique antisociale d’attaques notre pouvoir d’achat, les conditions de travail et les services publics et qui crée le terreau favorable à la montée de l’extrême-droite. Cette politique est imposée par le gouvernement et le patronat et pas par les immigrés qui sont utilisés comme boucs émissaires par le Vlaams Belang.

    Cette solidarité est également une gifle pour le Vlaams Belang lui-même. Ce parti est opposé à toute aide qui n’est pas destinée à "notre propre peuple d’abord". Le VB a parodié la campagne 11.11.11 en la nommant Zelf.Zelf.Zelf (jeux de mot cynique : en néerlandais, 11 se dit elf tandis que zelf signifie soi-même). Une semaine après la catastrophe humanitaire en Asie qui a fait 150.000 victimes et qui domine l’actualité mondiale depuis des jours, le Vlaams Belang n’a pas encore fait le moindre commentaire sur son site web qui est pourtant mis à jour quotidiennement. Il méprise la solidarité entre les travailleurs du monde et espère juste qu’elle se dissipera rapidement.

    Crise économique : l’autre tsunami

    Le MAS pense que les organisations humanitaires comme Médecins Sans Frontières, 11.11.11,… peuvent apporter une aide directe à court terme mais que nous devons chercher plus loin. Comment pouvons-nous apporter une solution définitive aux conflits, aux guerres, à la misère,…. au niveau mondial ? Quel sens cela a-t-il de colmater une brèche quelque part si deux ou trois nouvelles brèches s’ouvrent quelques kilomètres plus loin à cause de la crise et de l’instabilité du capitalisme ?

    Selon les chiffres des Nations-Unies, la moitié de la population mondiale vit officiellement dans la pauvreté. Une partie importante de cette population pauvre vivait dans la région touchée par le raz-de-marée. Chaque jour dans le monde, 30.000 enfants meurent de faim et de maladies guérissables. Ceci n’est possible que parce que des richesses d’une importance jamais vue auparavant sur cette planète ne sont pas utilisées pour satisfaire les besoins de tous. Le système capitaliste et les politiciens qui le servent sont responsables chaque semaine d’un tsunami silencieux à l‘égard des enfants de la planète. Avec une petite partie des fortunes accumulées par les plus riches – ou avec ce que Bush dépense en un mois pour l’occupation de l’Irak – ces enfants ne devraient plus mourir et leurs parents pourraient mener une vie décente.

    C’est ce bas niveau de vie qui est responsable de l’instabilité, des conflits et des guerres. De plus, ces pays à bas salaires sont utilisés comme arguments auprès des travailleurs d’ici sous la forme de menace de "délocalisation" des entreprises. Le capitalisme exploite plus durement la classe ouvrière et les opprimés tant en Occident que dans les pays sous-développés. Les problèmes là-bas sont liés aux problèmes ici.

    Il est écoeurant de voir aujourd’hui les dirigeants du monde occidental se gargariser d’un "moratoire" du remboursement de la dette de ces pays. Cela fait des années que ces pays sont contraints par des institutions capitalistes comme le FMI de casser leur production locale et d’ouvrir leur économie pour satisfaire la soif de profit des multinationales. Ce n’est qu’à ces conditions que ces pays se sont vus octroyer des prêts… qui les ont fait crouler sous le poids de montagnes de dette. La somme que l’Indonésie doit payer aux institutions financières occidentales pour les intérêts de sa dette pour cette seule année – 3 milliards de dollars – dépasse de loin toute l’aide qui a été récoltée jusqu’à présent dans le monde pour l’Asie du Sud-Est (2 milliards de dollars).

    Il existe un danger qu’un report temporaire du payement de la dette conduise à une plus grande soumission au FMI et aux grandes puissances occidentales. Ce qui est nécessaire c’est une suppression totale et inconditionnelle de cette dette. Au lieu de payer des intérêts aux riches régimes occidentaux, on pourrait libérer cet argent pour les besoins de la majorité de la population. La question de la suppression des dettes doit être liée à la question du contrôle de l’utilisation de ces moyens.

    Il faut mettre un terme au pillage des richesses des pays sous-développés dont sont responsables les élites capitalistes aussi bien d’ici que de là-bas. Ces richesses doivent être utilisées pour pourvoir les populations en logements corrects, en salaires décents, en soins de santé, mais également en système d’alarme face à des catastrophes naturelles comme le tsunami que l’on vient de connaître. Cela n’est cependant pas possible sous un système qui fait passer les profits de quelques-uns avant les besoins de la majorité.

  • Tsunami en Asie du Sud-Est. Comment pouvons-nous éviter une telle catastrophe?

    Tsunami en Asie du Sud-Est

    Le tremblement de terre dans l’Océan Indien et les inondations destructrices provoquées par celui-ci ont conduit à des visions d’horreur. Dans le monde entier, les travailleurs se sont demandés comment ils réagiraient dans une telle situation. Des enfants, des parents, des proches,… morts ou disparus. Tout ce que vous possédiez, emporté par l’eau. En Indonésie, qui est la zone la plus proche de l’épicentre, la violence du tsunami a balayé des villages côtiers entiers. Là où, un instant auparavant, il y avait encore la vie, ne restait que mort et désarroi.

    A l’heure actuelle, le nombre de morts est estimé à 150.000. Cependant, si on tient compte des risques d’épidémies comme le typhus et le choléra, ce chiffre peut encore doubler. La survie de 1,8 millions de personnes dépend de l’aide alimentaire.

    Le Mouvement pour une Alternative Socialiste (MAS) partage la tristesse des populations touchées et des familles des victimes et tient à leur exprimer toute sa solidarité face à cette terrible catastrophe. En tant que militants d’une organisation socialiste internationale, nous avons aussi suivi avec une angoisse particulière, pendant les premiers jours qui ont suivi la catastrophe, les nouvelles concernant de possibles morts et blessés parmi les membres de nos organisations-soeurs dans la région. Parmi les 30.000 morts estimés au Sri Lanka, il y a des proches et des amis de membres de l’United Socialist Party (USP). Heureusement la nouvelle nous est parvenue qu’aucun de nos membres n’a été emporté par le raz-de-marée. Mais plusieurs camarades ont perdu leur maison dans la catastrophe. Notre soutien va aussi aux membres de l’organisation Dudiyora Horaata en Inde et aux camarades que nous avons dans le Parti Socialiste en Malaisie. Nous pensons que c’est ce genre d’organisations – qui aspirent à mettre fin à la misère et à l’absence de perspectives d’avenir sous le capitalisme – qui pourront à terme améliorer fondamentalement la vie des populations dans la région.

    Sur qui pouvons-nous compter pour des changements ?

    Nous pensons également qu’il est clair que Bush et les autres dirigeants capitalistes dans le monde ne sont pas en mesure d’apporter ces changements. Aujourd’hui ceux qui détiennent le pouvoir dans les pays les plus riches se bousculent pour témoigner leur soutien aux régions sinistrées. Mais il a fallu pour cela qu’ils soient fortement poussés dans le dos par leur propre population. Celle-ci s’est montrée tout de suite beaucoup plus touchée par la souffrance des populations d’Asie et beaucoup plus généreuse que l’élite fortunée des politiciens occidentaux.

    Aux USA, Bush a commencé par promettre une aide gouvernementale de 15 millions de dollars, puis de 35 millions et ensuite de 350 millions de dollars – quand il s’est avéré clair que la population américaine avait fait des dons pour un montant à peu près équivalent à ce dernier chiffre. Autrement dit, quand il a remarqué à quel point son aide était limitée face à celle des Américains ordinaires, le riche Texan Bush a vite rajouté un petit zéro à la fin ! En comparaison, les USA dépensent chaque semaine entre 1 et 4 milliards de dollars (le montant varie) pour l’occupation militaire de Irak.

    L’ex-ministre des Affaires Etrangères, Colin Powell, a déclaré en Indonésie, le plus grand pays musulman, qu’il faut voir dans cette aide " les valeurs américaines et la générosité américaine en action". Apparemment, il y a de grandes différences entre les valeurs et la générosité de l’élite dominante et celles du reste de la population ! En outre, l’argent donné par le gouvernement provient des impôts qui sont essentiellement payés par la population laborieuse. Ce sont les travailleurs qui apportent, directement ou indirectement, la plus grande partie de l’aide financière et pas l’élite politique qui craint comme la peste tous les signes évidents de solidarité de classe entre les travailleurs.

    Nous devons exiger que cette aide – ici et là-bas – soit contrôlée par des organisations du mouvement ouvrier ou des comités démocratiquement élus de la population concernée. On ne peut accepter que des politiciens locaux corrompus en Inde, en Indonésie, au Sri Lanka,… répartissent l’aide de manière discriminatoire sur une base ethnique, politique ou religieuse. Nous devons également empêcher que des politiciens bourgeois ne canalisent l’aide vers les zones intéressantes pour le tourisme et pour les investisseurs capitalistes.

  • STIB. Une nouvelle couche de militants s’éveille

    STIB: INTERVIEW D’UN DÉLÉGUÉ

    A la STIB (tram, bus et métro bruxellois), les travailleurs se battent depuis plusieurs mois pour améliorer les conditions de travail. Plusieurs journées de grève de 24 heures ont eu lieu, initiées en grande partie par des militants de la CGSP. Nous avons interviewé Marco Devuyst, délégué CGSP au dépôt de Haren.

    Propos recueillis par Guy Van Sinoy

    STIB EN BREF…

    Grève le 10 janvier

    Au début décembre, l’assemblée des délégués CGSP a décidé de continuer la lutte pour arracher un nouvel accord sur les temps de conduite. Elle avait cependant décidé de ne pas faire grève pendant les examens des écoles secondaires et de faire grève le 24 décembre. L’assemblée du jeudi 16 décembre a décidé de reporter la grève prévue le 24 décembre au lundi 10 janvier. Le 24/12 avait en effet peu d’effet sur les entreprises (beaucoup de travailleurs sont en congé) et pénalisait surtout les usagers à la veille de Noël. Le 10 janvier est le jour de la reprise des cours.

    Deux délégués exclus de la CSC !

    La CSC vient d’exclure bureaucratiquement deux délégués, dont Max Feraille, qui participaient aux grèves car ils rejettent l’accord bidon signé par les secrétaires CSC et CGSLB. Dans ce cas, la loi prévoit que le délégué garde son mandat au Conseil d’entreprise ou au CPPT. Il y a quelques semaines, la direction était déjà au courant des exclusions prévues car elle avait annoncé au Conseil d’Entreprise que Max Feraille n’en ferait bientôt plus partie. Naniot, le secrétaire de la CSC, serait-il compromis avec la direction à ce point ?

    – Alternative Socialiste: Dans ton dépôt y a-t-il, au cours des derniers mois, un changement dans l’attitude des travailleurs?

    – Marc De Vuyst: Oui, il y a une réaction totalement différente du passé. Il y a une réflexion collective: les problèmes de toutes les catégories de personnel sont mis sur la table. Les querelles individuelles ont été mises de côté. Il y a une radicalisation et beaucoup de discussions. On le voit notamment par la participation de militants de base aux assemblées générales de la CGSP.

    – A.S.: Il y a donc une nouvelle couche de travailleurs qui s’impliquent et qui n’étaient pas auparavant des militants syndicaux?

    – M.D.: Ils s’impliquent dans les discussions et dans les actions menées. Au cours des récents jours de grèves, j’ai parfois eu plus d’aide de ces nouveaux militants que de délégués qui, finalement, n’ont fait que ce qu’ils doivent faire. Venant de travailleurs qui, chaque jour depuis des années ne disaient pas un mot pour se plaindre, cela impressionne: ils ont battu le pavé avec nous car ils ont compris que le danger est là.

    – A.S.: Est-ce qu’il y a beaucoup de jeunes parmi ces travailleurs qui s’éveillent à l’action?

    – M.D.: Pas mal de jeunes de 25 ou 26 ans, qui ont quatre ou cinq ans d’ancienneté, ont mûri non seulement en âge mais aussi en réflexion et surtout en action. La radicalisation ne concerne pas seulement les jeunes: il y a aussi des travailleurs dans la trentaine, la quarantaine ou la cinquantaine. Mais il est évident que le dynamisme est différent: à 50 ans un travailleur restera toute la journée au piquet de grève tandis qu’un jeune prendra plus facilement sa voiture pour faire un saut à un autre dépôt et aller renforcer un piquet qui en a besoin.

    – A.S.: Comment vois-tu ton activité de délégué?

    – M.D.: Même si elle me passionne, elle est difficile: on est confronté à des gens qui ont vécu une vie de travail relativement calme car la STIB était un fleuron social, et maintenant on est confronté à une direction agressive. Sur le terrain bon nombre de travailleurs commencent à réfléchir de la même manière, mais le processus est inégal. Il est parfois difficile de rassembler tout cela: de tempérer les ardeurs excessives et de réveiller les plus hésitants pour organiser l’action collective, tout en fournissant une information claire et compréhensible pour tous.

    – A.S.: Quel genre de pressions sont exercées par la hiérarchie?

    – M.D.: Un exemple: un conducteur dont l’épouse est sur le point d’accoucher reçoit un sms l’informant qu’il doit la conduire d’urgence à la maternité. Après avoir immobilisé son bus, il appelle son épouse pour lui demander qu’elle prévienne le dispatching, ce qu’elle fait. Le dispatching prévient le dépôt qui répond que ce n’est pas grave, et qu’il faut laisser l’agent rouler jusqu’à la fin de son service, qui est presque terminé, et par ce fait qu’il ne faut pas remplacer l’agent sur ligne. C’est scandaleux et totalement contraire aux règles en vigueur, mais sur un plan humain c’est tout bonnement inqualifiable!

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