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  • Interview d’un socialiste chinois

    Dean Roberts, du journal australien "The Socialist" (journal du Socialist Party, section australienne du CWI, notre Internationale), s’est récemment rendu en Chine. Durant son voyage, il a rrencontré Li Gang, un socialiste de 25 ans, qui travaille en tant qu’employé à Shanghai, à l’administration dans l’entreprise d’Etat des Chemins de Fer Chinois. Ci-dessous, vous trouverez le compte-rendu d’un entretien qui s’est déroulé à la mi-décembre.

    Dean Roberts

    Peux-tu me parler des conditions de travail auxquelles doivent faire face les Chinois ?

    Li Gang : En gros, les travailleurs en Chine sont divisés en deux groupes. Le premier est constitué de ceux qui ont été assez chanceux que pour pouvoir aller à l’université, et qui visent à obtenir un poste d’employé dans une entreprise d’Etat. Dans les grandes villes, comme Shanghai et Beijing, les diplomés gagnent environ 2000 Yuan par mois (210€).

    Le problème, cependant, est que beaucoup de ces diplomés universitaires ne trouvent pas de travail car il n’y nulle part assez de place. Il y a eu beaucoup de restructurations massives dans les compagnies étatiques ces dernières années, et dans les entreprises privées les salaires et les conditions de travail sont bien moindres. Dans les entreprises d’Etat, on peut travailler de 8h à 17h, du lundi au vendredi et recevoir une assurance-santé et autres avantages.

    L’autre groupe des travailleurs, est celui de ceux qui n’ont pas eu de place à l’université, et des gens de la campagne qui migrent vers les villes pour y trouver un emploi. C’est surtout dans les usines qu’on retrouve tous ces gens, ou sur les chantiers de construction et dans les autres secteurs moins bien payés, comme la vente. Bon nombre d’entre eux travailleraient aussi dans le secteur informel. Le revenu moyen pour ces travailleurs est de seulement 1000 Yuan par mois (105€). Ils n’ont aussi droit qu’à 4 jours de repos par mois, s’ils sont chanceux, et peuvent travailler jusqu’à 12h par jour !

    Dans les boîtes privées, il n’y a pas d’assurance-santé, tout ce qu’on reçoit, c’est un salaire. Une journée de travail typique commence à 8h et ne se termine pas avant que tout le travail n’ait été effectué, ce qui signifie travailler jusqu’à 21 ou 22h !

    Les immigrés en provenance de la campagne subissent une forte discrimination, et ont beaucoup moins de droits que les gens nés dans les villes, et ceci à cause du hùkou. Le hùkou est un système de permis qui détermine où les gens ont le droit de travailler en Chine. Les gens sont grossièrement répartis en travailleurs "ruraux" ou "urbains". Pour une personne venant d’une région rurale, il est quasiment hors de question de pouvoir obtenir un job dans une entreprise d’Etat.

    Quel est l’état des syndicats en Chine ?

    Li Gang : En Chine, le pouvoir des syndicats est très limité, pour employer un euphémisme. Par exemple, les grèves sont interdites par la loi. Comparé à celui des pays les plus développés, le droit du travail en Chine n’est qu’une farce.

    En Chine, les syndicats "officiels" ne sont rien de plus qu’une division de l’Etat. Ils sont un mécanisme de contrôle des travailleurs, pas de combat. Je comprends évidemment que la plupart des syndicats australiens soient plus intéressés par l’obtention d’ordinateurs bon marché et de tickets de cinéma plutôt que par une réelle représentation industrielle des travailleurs, mais en Chine, cet état de fait se situe sur un autre plan. Les syndicats sont extrêmement efficaces pour l’organisation de visites de musées ou de voyages à la Grande Muraille, mais il ne leur viendrait même pas à l’idée de même protester contre la super exploitation actuelle.

    Sur mon lieu de travail, le permanent syndical a son bureau dans la même pièce que le gérant, et il est considéré comme un cadre !

    Plus généralement, quels sont les autres problèmes auxquels sont confrontés les travailleurs chinois ?

    Li Gang : Par où commencer ?! … Le coût de la vie pour les gens ordinaires est extrêmement élevé. Le prix du logement est un gros fardeau, de même que les soins de santé. Croyez-moi, en Chine, vous devez vraiment vous assurer de ne jamais tomber malade ! Une simple visite à l’hopital coûte jusqu’à 500 Yuan (50€). Puis, il faut payer les médicaments. On trouve de la corruption partout dans le secteur de la santé. Nous sommes dans une situation où les docteurs reçoivent des backchiches de la part des entreprises pharmaceutiques, afin qu’ils prescrivent des médicaments très chers mais inutiles.

    L’éducation en Chine est loin d’être gratuite. Les minervals peuvent aller jusqu’à 5000 Yuan (520€). Quand on regarde le salaire moyen en Chine, on constate que ceci est hors de porrtée de la plupart.

    Les dégâts environnementaux sont un problème qui affecte de plus en plus directement les travailleurs en Chine. Dans les grandes villes, la pollution des cours d’eau et de l’air devient de pire en pire. Il y a déjà eu de nombreuses manifestations au sujet des problèmes environnementaux, et elles ne sont pas près de s’arrêter.

    Qu’est-ce qui t’a mené à te considérer socialiste ?

    Li Gang : En Chine, nous étudions le "marxisme" et le "socialisme" à l’école. L’Etat prétend même que nous vivons sous le socialisme en Chine ! Mais ils ne nous enseignent qu’une version déformée du marxisme, afin de contrôler la population ; en ce qui les concerne eux, le marxisme est une doctrine à réciter par coeur, plutôt qu’une gamme d’outils destinée à changer le monde. L’Etat se contente de nous apprendre la théorie, à condition que nous ne tentions jamais de la mettre en pratique !

    Les enseignements du gouvernement ne sont pas basés sur le marxisme authentique, et nous ne vivons pas sous le socialisme en Chine. Avec toutes les inégalités qui existent dans ce pays, personne ne croit que nous vivons ici un socialisme authentique. J’ai voulu apprendre par moi-même les vraies idées de Marx, Engels, Lénine et Trotsky, afin de pouvoir changer le monde.

    Je suis fâché du gouffre énorme qui existe entre les riches et les pauvres en Chine. Les inégalités qui existent ici seraient impossibles à croire pour la majorité des travailleurs du monde développé. Il y a tellement de gens en Chine qui n’ont pas d’argent ni pour des soins de santé de base, ni pour l’éducation, ni pour un logement décent. Il doit clairement y avoir une meilleure manière de gérer la société. Je veux combattre côte à côte avec les socialistes au niveau international pour une égalité des humains partout dans le monde.

    Quels sont les dangers auxquels doivent faire face les socialistes en Chine ?

    Li Gang : Être un socialiste en Chine est quelque chose de très dangereux. Nous risquons l’arrestation, des années de prison et même la mort. Il est en ce moment interdit par la loi de critiquer le gouvernement.

    On n’a qu’à regarder ce qui s’est passé en 1989 (NDT : le mouvement national de protestation en faveur de la démocratie, qui culmina avec le massacre de la place Tian’anmén du 4 juin 1989) pour voir comment le gouvernement gère le mécontentement. A cette époque, ils ont tué des milliers d’étudiants, dont le nombre réel ne sera jamais révélé. Ces étudiants se battaient contre la corruption de l’Etat et pour des droits démocratiques. Certains se battaient même pour un véritable socialisme.

    Que savent les jeunes des manifestations de 1989 ?

    Li Gang : Rien du tout ! Les événements de 1989 en Chine, et en particulier le massacre de la place Tian’anmén, furent un moment majeur de l’histoire mondiale, mais le gouvernement chinois aimerait faire croire aux gens que rien ne s’est jamais produit. La plupart des jeunes chinois ignorent complètement l’existence de ces manifestations. A cause de la censure, il est extrêmement difficile de trouver des informations à ce sujet, même sur internet. Le sujet tout entier a été rendu tabou par le gouvernement.

    Ce que nous pensons, c’est qu’une nouvelle situation comme les événements de 1989 est inévitable dans le futur. Le couvercle ne peut plus être maintenu bien longtemps sur la marmite bouillonnante qu’est la Chine. La politique actuelle du gouvernement ne fait qu’ajouter de l’huile sur le feu en créant de plus en plus d’inégalités. Les tensions dans la société ne peuvent que s’intensifier, avec l’aggravement de l’économie mondiale.

    La tâche des socialistes est de prendre une part active à la construction d’un nouveau mouvement ouvrier, et de s’y battre pour les idées du marxisme authentique. Lorsque ce mouvement se développera sur une plus large échelle, la classe salariée écrira une fois de plus une nouvelle page de l’histoire de la Chine, posant les bases pour un monde socialiste.

  • Verviers: Le personnel communal maintient la pression

    Ce lundi 17 décembre, le front commun syndical des agents communaux vervietois a de nouveau manifesté sa colère face au plan de licenciement concocté par leurs édiles. En effet, la commune est confrontée à une grave crise budgétaire (mal anticipée selon les dires mêmes des responsables) et a opté pour des économies de personnel drastiques. 70 équivalents temps-pleins sont ainsi menacés.

    Simon Hupkens

    Devant le refus du collège de recevoir les délégations, le front commun avait manifesté une première fois une semaine auparavant. Pari gagné pour les travailleurs de la commune puisque depuis, des concertations ont eu lieu. Mais il est hors de question pour eux de laisser retomber la pression. Voilà pourquoi, lundi 17, jour de réunion du conseil communal, une manifestation a de nouveau rempli la place du marché de slognas et de chasubles. Personnel administratif, travailleurs du CPAS, pompiers,… quelques 300 personnes étaient réunies ce soir-là, malgré le froid, avec flambaux, enterrement factice au son de la fanfare des pompiers, et pancartes pour exprimer leur colère. On pouvait notamment lire: parti socialiste ou capitaliste? Le bourgmestre (PS) Desama était clairement mis en cause. Son arrivée à l’hôtel de ville a d’ailleurs été saluée par les huées des travailleurs. La colère du personnel était bien visible, et les travailleurs sont ensuite partis défiler dans le centre-ville au bruit des pétards et des slogans du type “Desama démission”.

    Trois de nos camarades sont intervenus à cette manifestation avec un tract spécifique qui accompagnait celui distribué lors de la manifestation du 15 décembre pour le pouvoir d’achat, tous deux bien accueillis par les travailleurs. Mais si nous étions la seule organisation politique a avoir concrètement manifesté notre soutien au personnel communal en lutte, plusieurs habitants sont venus en solidarité, dont des membres du collectif Vesdre Avenir et des bénéficiaires du CPAS.

    Depuis cette action, la ville a obtenu un prêt de 10 millions d’euros de la région wallone. Sera-ce sufisant pour la faire renoncer à son plan de licenciement? Rien n’est moin sûr. Seule la mobilisation et l’intransigeance des travailleurs de la commune pourront faire reculer le collège.

  • Des étudiants arrêtés torturés en Iran

    Nous publions ici un rapport effectué sur base d’un tract diffusé par des étudiants en Iran. Ce rapport livre des informations sur la situation de dizaines d’étudiants arrêtés au début du mois de décembre. Ces étudiants subissent les formes les plus dures de tortures. Il est plus que nécessaire de protester contre ces sévices et d’exiger la libération immédiate des étudiants.

    Les étudiants de gauche iraniens sont très préoccupés par la situation de plus de 30 étudiants actuellement en prison après des actions menées début décembre. Aucun contact n’est possible avec les étudiants dans la prison qui est contrôlée par les services spéciaux de sécurité. La partie de la prison où ils sont détenus n’est même pas accessible pour le personnel ordinaire de la prison. Loin des témoins, les prisonniers subissent les supplices et tortures physiques, psychologiques et même sexuelles les plus dures pour les forcer à livrer de faux aveux.

    Les prisonniers sont forcés de répondre aux questions écrites ou orales des inspecteurs tout en étant assis sur des chaises en bois ou en métal en faisant face au mur. Ce genre d’interrogatoire dure des heures et des heures sans interruption. Si les prisonniers ne sont pas prêts à coopérer ou refusent d’admettre les accusations, alors commence un processus plus dur. Les inspecteurs insultent ainsi tous les membres de la famille, en étant particulièrement insultant pour les femmes. Ils mélangent les insultes aux menaces et frappent le dos, le cou et les épaules du prisonnier. Peu à peu arrive la période sombre de la torture. Ceux qui sont appelés par les inspecteurs les « briseurs de volonté » entrent en scène. Ils prennent le prisonnier à la cave, dans la salle pour le chauffage central ou dans l’arrière-cour. Les « briseurs de volonté » crient, insultent et menaces sans arrêt. Ils ordonnent au prisonnier de s’asseoir puis de se tenir debout et il ou elle doit choisir entre obéir ou être battu. Pendant ce processus, les « briseurs de volonté » continuent de parler de la maladie des parents du prisonnier, de la mère qui a eu une crise cardiaque en entendant parler de son enfant, etc. Au moment où le prisonnier entame un mouvement pour se reposer ou se tenir, ils commenceraient à le battre. Peu à peu, le prisonnier se sent fatigué et commence à devenir insensible des pieds. Ils ordonnent alors au prisonnier de rester sur une jambe. Ne pas obéir signifie recevoir des coups dans l’estomac ou des claques au visage. Ceci augmente la faiblesse de sorte qu’il est plus difficile de se tenir sur un pied. Les « briseurs de volonté » commencent ensuite à battre les pieds du prisonnier. Chaque coup force les genoux à se plier et à rompre l’équilibre. Alors ils commencent à battre l’arrière du cou. Les coups contre la colonne vertébrale causent un obscurcissement de la vision. Durant tout ce processus, le prisonnier doit fréquemment sombrer, mais les « briseurs de volonté » jettent de l’eau froide au-dessus du visage et dans le cou et attrapent le prisonnier par la taille pour le maintenir plus vigilant.

    Ils ramènent le prisonnier dans de telles conditions à la prison en voulant de lui qu’il remplisse 100 pages des papiers marqués du « tribunal de la révolution », en précisant que si les papiers ne sont pas remplis le jour suivant, la torture serait alors répétée. Après autant de pression, le prisonnier doit encore choisir entre ne pas dormir ou être encore torturé.

    En cas de refus de se plier à la volonté des inspecteurs ou des « briseurs de volonté », ils reviennent ensuite avec l’ordre Islamique de punition spécial du juge. Selon cet ordre, ils peuvent attacher les bras et les jambes à un lit en bois et battre le prisonnier avec une ceinture ou un fouet.

    Si l’équipe d’enquête n’a pas de certitude au sujet de la durée d’emprisonnement, ils ne rencontreront aucun risque pour peu qu’ils ne laissent aucune trace de torture sur le corps. Dans ce cas, ils emploient la torture blanche. Il existe ainsi des prisons individuelles de couleur blanche ou rouge dans lesquelles est maintenu le prisonnier durant quelques semaines sans que rien ne lui soit demandé. Il n’y a qu’une petite fenêtre de 20cm de longs et de 10 cm de large au bas de la porte pour pousser la nourriture à l’intérieur, le prisonnier ne peut ainsi même pas voir le garde. En raison de la couleur des murs, le prisonnier perd l’équilibre et est victime de tensions nerveuses graves. Si elle continue pendant longtemps, cette méthode de torture indolore rend le prisonnier complètement fou, il perd sa subjectivité et devient alors prêt à coopérer avec les autorités.

    Un autre genre de torture particulièrement utilisé contre les jeunes prisonniers est l’abus sexuel. Ils attachent les mains du prisonnier derrière le corps, couvrent ses yeux et le mettent contre le mur avec autour de lui trois ou quatre tortionnaires qui commencent par des menaces sexuelles et des attouchements à différentes parties du corps du prisonnier… Ce dernier devient si nerveux que qu’il est prêt à tout pour coopérer ou devient fou.

    Maintenir éveillé le prisonnier est une autre manière de torturer. Ils mettent le prisonnier dans une prison individuelle éclairée par des projecteurs très puissants distants de seulement 3 mètres et baignée constamment dans les bruits d’alarmes ou de la musique. Ainsi ils déchirent les nerfs des prisonniers et même lorsqu’ils perdent connaissance, ils les immergent dans de l’eau pour les tenir éveillés. Ce processus continue durant de 3 à 7 jours.

    Les descriptions ci-dessus sont seulement une part de ce qui se produit dans les prisons. Les « amoureux de la liberté et étudiants égalitaires » qui sont déjà dans les prisons du régime de la république Islamique d’Iran sont sous la menace des telles pratiques inhumaines et barbares. Ce danger est beaucoup plus grand pour les prisonniers qui ne pourraient pas avoir de contact avec leurs familles.

  • Pakistan. Après l’assassinat de Benazir Bhutto : Opposition de masse face aux militaires et au régime de Musharraf

    Le comité exécutif central du Pakistan People’s Party et la réunion du Conseil fédéral tenue dans la maison de la défunte Benazir Bhutto, dans la province de Sindh le 30 décembre, n’ont livré aucune surprise à ceux qui connaissent un tant soit peu le PPP et la politique pakistanaise. Le fils de Benazir Bhutto âgé de 19 ans, Bilawal Bhutto, a été nommé Président du parti, la coprésidence revenant au mari de Benazir, Asif Zardari. La direction du PPP a aussi décidé de contester l’élection générale prévue le 8 janvier et de poursuivre les politiques adoptées par Benazir Bhutto.

    Khalid Bhatti, Lahore, Socialist Movement Pakistan (section de notre internationale – le CIO – au Pakistan).

    Beaucoup de commentateurs politiques considèrent cette réunion comme une deuxième fondation du PPP, avec une nouvelle direction. Toutefois, en réalité, cette nouvelle direction ne fait que confirmer le règne de la famille Bhutto au-dessus du PPP, selon les volontés laissées par Benazir pour sa famille et le parti. Elle avait ainsi demandé à son mari de prendre la direction du PPP. Si ce dernier a laissé la présidence à son fils, c’est pourtant bien lui, Asif Zardari, qui continuera dans les faits à dominer le parti au nom des Bhutto.

    Cette tradition de transmission familiale du pouvoir avait déjà été utilisée par Zulifqar Ali Bhutto en 1979 quand il a remis la direction du parti à sa fille, Benazir, sans aucune consultation. La tradition féodale dynastique est ainsi toujours d’application au 21ème siècle…

    L’avenir de la politique du PPP

    La disparition soudaine de Benazir Bhutto a créé un vide énorme non seulement au sein du PPP, mais également dans la politique nationale, où elle était une personnalité incontournable avec derrière elle une histoire de lutte et de sacrifice contre l’establishment et la dictature militaire. Son image anti-établissement s’était cependant considérablement fanée, particulièrement ces derniers mois, en raison des accords qu’elle essayait de conclure avec le général Musharraf, avec le soutien de l’impérialisme occidental.

    Malgré tout, la mort violente du chef du PPP a fait d’elle un symbole de la lutte ou encore du courage contre le fondamentalisme et la dictature. Cette situation va la laver de plusieurs trahisons et erreurs politiques qu’elle a commises durant sa carrière politique.

    La direction du PPP va utiliser la vague de sympathie et de peine pour poursuivre les politiques qui servent leurs propres intérêts. Le PPP est maintenant plus susceptible de maintenir intacte son unité et d’éviter de grandes scissions à court terme tout en étant plus capable de remporter une majorité lors des prochaines élections pour la formation d’un gouvernement. La direction féodale du PPP emploiera l’atmosphère actuelle et la colère contre le régime pour rassembler à son avantage le soutien des masses pour se tailler un nouvel accord avec l’establishment militaire afin de partager le pouvoir.

    Une fois au gouvernement, le PPP devra traiter des véritables problèmes. Les masses laborieuses ne vont pas donner énormément de temps à un gouvernement du PPP pour résoudre leurs problèmes. S’il est une chose qui est très claire, c’est que le parti de Bhutto ne saura pas résoudre les problèmes rencontrés par la classe ouvrière et les pauvres : il ne possède aucun programme alternatif ni aucune stratégie pour cela. Ce parti ne fera que poursuivre les politiques économiques soumises au marché « libre » que les précédents gouvernements du PPP avaient appliquées, avec en conséquence une baisse de son soutien. Le plus probable est que le PPP poursuive sa politique pro-américaine et soutienne la prétendue « guerre contre la terreur ».

    Le PPP comporte beaucoup de factions et de groupes résultant du culte des personnalités au sein du parti. Les dirigeants les plus connus du PPP ont chacun leurs propres groupes de supporters basés non pas sur des idées, des principes ou des programmes différents, mais bien sur le simple soutien à des figures connues pour en retirer le maximum de gains politiques. Ces groupes et factions peuvent s’engager dans une bataille ouverte pour obtenir le contrôle de l’appareil du parti. Asif Zardari ne pourra pas maintenir le PPP intacte pendant une longue période. De grandes ou plus modestes scissions peuvent apparaître autour de différentes questions.

    Alors que le PPP souffre de l’absence d’un programme clair capable de l’unifier, il n’y a maintenant plus de chef charismatique pour rassembler le parti sur le long terme, à la manière de Benazir Bhutto. À l’avenir, la PPP peut se diviser en différents groupes qui peuvent mener à de nouvelles formations.

    Si un mouvement de la classe ouvrière commence à se développer dans les prochains temps, alors une formation plus radicale pourrait se développer, autour de dirigeants comme Aitzaz Ahsan (le chef du récent mouvement des avocats). La taille et la nature de n’importe quelle scission du PPP dépendra des conditions concrètes du moment mais une chose est claire : la route politique sur laquelle le PPP s’engage le conduira dans le désordre et la crise la plus profonde.

    Sentiments de la classe ouvrière

    La probable victoire électorale du PPP sera décrite par de nombreux commentateurs comme la renaissance d’une tradition politique. Le PPP va assurément gagner un certain appui électoral sur base de la vague de sympathie et de peine. L’assassinat de Benazir Bhutto a certainement enclenché une colère contre l’establishment auprès des masses. Cette sympathie et cette colère peuvent s’exprimer en assez de voix pour que le PPP puisse défaire les partis pro-Musharraf. Mais ce phénomène a des limites et ne sera que de courte durée. Il ne changera pas fondamentalement la conscience et l’attitude de la classe ouvrière envers le PPP.

    Le plus probable est que le PPP sera incapable de rétablir sa base et son appui dans la classe ouvrière. Toute sympathie disparaîtra dès que ce parti arrivera au pouvoir pour appliquer les mêmes mesures contre les travailleurs et les pauvres. Quelques sections de la classe ouvrière sortiront pour diriger leurs votes contre le régime et, en l’absence d’une alternative viable pour la classe ouvrière, ces voix iront en faveur du PPP.

    Il n’est pas possible pour le PPP de redevenir le parti des masses comme il a pu l’être dans le passé. Il sera vu différemment. Les couches les plus avancées des travailleurs ne sont pas prêtes à accorder leur confiance à la direction du parti. Même dans les couches plus larges, la sympathie ne se manifeste pas en appui pratique. La majorité écrasante de la classe ouvrière n’est pas prête à s’exprimer politiquement pour la plateforme du PPP.

    La province de Sindh pourrait toutefois être une exception dans cette situation. Le PPP bénéficie de l’appui des masses à l’intérieur de cette province (les régions les plus rurales et féodales) en raison d’une montée du nationalisme sindhi. Faute d’alternative pour les travailleurs, le PPP peut maintenir un important appui électoral parmi des sections des masses laborieuses. Néanmoins, il n’est pas possible pour la direction du PPP de transformer le parti en force politique capable de rencontrer les espoirs répandus parmi les masses.

    Dans la période qui a précédé sa mort, Benazir Bhutto n’a pas réussi à mobiliser les masses derrière son parti. Ses meetings électoraux et publics comprenaient moins de monde en comparaison des campagnes électorales précédentes.

    Les seules personnes au Pakistan à croire encore que le Pakistan People’s Party peut être remanié ou transformée en une organisation radicale de gauche, une organisation de combat pour la classe ouvrière sont les prétendus marxistes révolutionnaires qui travaillent en son sein. Néanmoins, il est possible que quelques dirigeants ou sections du PPP, sous la pression des masses, adoptent – au moins verbalement – des positions plus à gauche, radicales, anti-impérialistes ou sociale-démocrates.

    Des leçons qui n’ont pas été tirées

    Zulifqar Ali Bhutto – père de Benazir et président-fondateur du PPP – avait tiré les conclusions de ses échecs politiques avant de se retirer en 1979. Dans son dernier livre écrit en prison, « Si j’étais assassiné », il concluait ainsi : « Je passe mon temps dans cette cellule de mort parce que j’ai essayé de faire des compromis entre deux classes en lutte – la classe ouvrière et la classe dirigeante. Aucun compromis ne peut être fait entre ces classes aux intérêts contradictoires. Cette guerre de classe finira seulement avec la défaite décisive d’une des classes. C’est la leçon de ma condition présente ».

    Bhutto n’a pas eu l’opportunité d’une seconde chance après avoir tiré cette conclusion mais sa fille a refusé d’apprendre les leçons de son expérience. Z.A. Bhutto a eu la chance de pouvoir transformer la structure d’Etat et le système politique, mais il n’a finalement fait que le renforcer : il a appliqué des réformes qui ont blessé la classe régnante et l’ont décidé à prendre sa revanche. Bhutto a essayé de reformer l’Etat et le système, mais a échoué.

    Benazir Bhutto avait essayé la même chose et a misérablement échoué. Elle n’a pas défendu et ni favorisé les intérêts de la classe ouvrière et des masses pauvres, mais a par contre fait tout ce qui était possible pour passer des compromis avec l’establishment, sans toutefois jamais réussir à obtenir leur confiance. Ses efforts se limitaient à apaiser la classe dirigeante pakistanaise et à sembler acceptable pour l’impérialisme.

    La lutte pour la liberté, la démocratie, les droits fondamentaux, pour une transformation politique et sociale, pour résoudre tous les problèmes rencontrés par la classe ouvrière et les masses pauvres du Pakistan est une lutte pour changer le système et la structure d’Etat. Cela signifie une lutte contre le capitalisme, le féodalisme, l’impérialisme et l’Islamisme politique de droite – tout cela en même temps. Chaque aspect est lié avec les autres ; n’importe quel effort contre un seul d’entre eux échouera parce que les autres viendront à son secours.

    Benazir Bhutto a voulu en finir avec le fondamentalisme religieux réactionnaire sans en finir avec le capitalisme, l’impérialisme et le féodalisme. C’est irréalisable. La lutte contre la pauvreté, le chômage, l’inflation des prix et la faim est liée à la lutte pour le renversement du capitalisme et pour l’instauration du socialisme.

    La direction actuelle du PPP n’est pas prête à engager cette lutte contre le capitalisme et le féodalisme. Au lieu de cela, ce parti veut renforcer le « statut-quo » : le système actuel tel qu’il est putréfié. La direction du PPP n’est pas prête à apprendre les leçons du passé et semble prêt à en reproduire les erreurs. Les travailleurs et les pauvres, cependant, seront disposés à tirer des conclusions sur base de leur expérience et des déceptions amères qu’ils auront eues. Au regard de la manière dont la « succession » de Benazir Bhutto a été réglée et de l’absence de volonté de la part des chefs du PPP pour une véritable rupture avec le féodalisme, le capitalisme et l’impérialisme, il ressort clairement que la nécessité d’un mouvement et d’un parti indépendant pour les travailleurs et les pauvres est un besoin urgent. Ce serait là une force avec laquelle pourrait être engagé le combat pour un réel changement des conditions de vie des masses de la population du Pakistan et pour mener la lutte pour le socialisme.

  • Nos camarades pakistanais condamnent l’assassinat de Benazir Bhutto

    La mort de la dirigeante du Parti du Peuple Pakistanais, tuée lors d’une attaque suicide, suscite une aggravation de la crise politique et du chaos régnant dans le pays.

    Khalid Bhatti, Socialist Movement Pakistan (CWI), Lahore

    Benazir Bhutto, dirigeante du Parti du Peuple Pakistanais (PPP), a été tuée lors d’une attaque suicide après avoir parlé à un rassemblement publicà Rawalpindi ce jeudi 27 décembre. Sa mort tragique a une fois de plus exposé la volatilité de la situation qui règne dans le pays. Le gouvernement pointe un doigt accusateur en direction d’un groupe lié à Al-Qaeda, mené par Baitullah Mashud, un seigneur tribal.

    Benazir avait déclaré à de nombreuses reprises que certains éléments au sein de l’appareil d’Etat désiraient la tuer.Elle a survécu à une attaque suicide mortelle lors de la cérémonie de réception pour son retour d’exil à Karachi, le 18 octobre, dans laquelle près de 150 personnes avaient perdu la vie. Elle était sur la liste noire d’Al-Qaeda et d’autres groupes islamistes ractionnaires. Un orte-parole d’Al-Qaeda en Afghanistan a revendiqué la responsabilité de sa mort. Selon ce porte-parole, sa mort aurait été causée par son alliance avec les « infidèles », et parce qu’elle aurait été un agent des Américains.

    Tandis que la nouvelle de sa mort se répandait à travers tout le pays, la violence éclatait. Le Sindh, la province natale de Benazir, a été ravagé par des foules en colères, qui ont partout incendié les banques, les bâtiments gouvernementaux, les stations d’essence et de gaz, les gares, les trains, les voitures, ls bus, et les magasins. Plus de 24 personnes sont déjà décédées au cours de ces émeutes. C’est le pays tout entier qui s’est arrêté en guise de protestation, et le gouvernement a également annoncé trois jours de deuil. Tous les trains ont été annulés, les autres transports ont été bloqués de même.

    Cette situation est semblable à une grève générale, mais une grève spontanée qui n’aurait été organisée par personne, et qui acquiert même un carctère semi-insurrectionnel dans certaines zones. De nombreux travailleurs et pauvres, qui n’étaient pas des partisans de Bhutto, ont exprimé leur colère envers le régime tout entier. Cette colère pourrait être canalisée à travers la fédération de comités de défense démocratiques unis en un mouvement qui s’étendrait à l’ensemble du Pakistan, capable de mettre à bas le gouvernement Musharraf tant haï.

    Les Etats-Unis perdent une partisane essentielle de leur « Guerre contre la Terreur »

    Nous ne pouvons pas ignorer l’implication dans cet assassinat de couches réactionnaires au sein de l’appareil d’Etat. Les éléments réactionnaires fondamentalistes et nationalistes dans l’appaeil d’Etat sont liés de près à divers groupes armés islamiques réactionnaires. Beaucoup de ces groupes ont été créés et développés par l’appreil d’Etat lui-même, et en particulier par les services secrets. Ces éléments n’étaient pas satisfaits de la politique pro-USA mise en avant par Benazir, et en prticulier de son opposition verbale à l’extrémisme et à la militance islamiste. Elle était une partisaneenflammée de la « Guerre à la Terreur » menée par les Etats-Unis, et se déclarait en faveur des opérations militaires contre les groupes militants. Il ne fait donc aucun doute que des forces extrémistes réactionnaires sont derrière son assassinat.

    Benazir est le qutrième membre de la famille Bhutto à être assassiné pour ses opinions politiques. Son père et ses deux frères furent éliminés par l’appareil d’Etat. Malgré la pendaison en 1979 de son père, Zufikar Ali Bhutto, fondateur du PPP, aux mains du Général Zia-ul-Haq, le dictateur militaire de l’époque, elle a tenté tout son possiblé pour obtenir un compromis avec l’establishment militaire.

    Benazir a abandonéé la politique en faveur des masses pour apaiser l’establishment. Malgré cela, elle n’a jamais totalement obtenu la confiance de l’armée ni des larges couches de l’élite dirigeante pakistanaise.

    Mobiliser les travailleurs et les pauvres contre la réaction

    Le Socialist Movement Pakistan condamne rigoureusement l’assassinat de Benazir Bhutto, t nous rejetons les actes terroristes et les méthodes des forces extrémistes religieuses réactionnaires. Toutefois, le SMP a toujours clarifié son opposition à la politique pro-impérialiste et capitaliste de Benazir Bhutto, et à la direction du PPP, qui travaille à défendre le système actuel. Même à son épqoue la plus radicale, la direction du PPP n’a jamais promis que des réformes au sein du système capitaliste et féodal pourri du Pakistan, sans jamais expliquer comment ces mesures pourraient être mises en oeuvre. Une fis au pouvoir, les dirigeants du PPP se sont toujours retrouvés à remplir leurs propres poches et à attaquer le niveau de vie des travailleurs ainsi que leurs droits démocratiques. Mais nous condamnons également les actes de terrorisme individuel ou d’Etat menés par des individus ou des groupes. Le SMP croit à la lutte indépendante et massive des travailleurs afin de renverser le système pourri actuel, capitaliste et féodal.

    Le SMP est certain du fait que l’extrémisme religieux ne peut être battu que par un mouvement massif des travailleurs et des masses pauvres. Le régime actuel a échoué dans sa lutte cntre les forces réactionnaires de l’extrémisme religieux. La classe ouvrière st la seule force dans la société qui est capable de vaincre la dictature et l’extrémisme religieux. Une action politique massive et bien organisée peut vaincre les forcs de la réaction, ce que ne pourra pas accomplir la vague de violence que nous observons aujourd’hui. Au contraire, les travailleurs ont besoin d’un mouvement politique massif et organisé, avec des objectifs clairs et un programme qui reprenne les intérêts de la majorité de la population, tels que la hausse terrible des prix de l’alimentation, le chômage de masse et la pauvreté galopante.

    Nous avons toujours expliqué que les élections prévues pour le 8 janvier ne seraient rien d’autre qu’une farce – en aucun cas démocratiques – et avons appelé à ce que les élections soient tenus sur une base différente, càd visant à l’élection de représentants à une assemblée constituante révolutionnaire qui préparerait la voie à un gouvernement des travailleurs et des pauvres.

  • Le Comité pour une Internationale Ouvrière se prépare pour 2008

    Début décembre, le Comité Exécutif International a célébré un an de progrès continu. Tandis que rentraient chez eux les participants à la réunion de décembre de l’Exécutif International du CWI, une intensification de la lutte des classes dans l’année à venir semblait de plus en plus certaine. Les commentaires dans les journaux et à la télé parlaient de plus en plus de la perspective d’une baisse dans la croissance économique et d’une véritable récession !

    Au meeting du CEI lui-même, des orateurs de chaque continent ont confirmé la perspective d’un aggravation de la situation économique pour le capitalisme, et une nouvelle hausse des prévisions de lutte pour les travailleurs et les pauvres. Les immenses bulles de dettes, qui ont permis de maintenir le monde à flot, sont en passe d’atteindre leur point d’explosion. Des dizaines de milliards de dollars sont injectés dans les banques et les grosses entreprises tandis que des millions des gens les plus pauvres, même dans les pays riches, doivent faire face aux expulsions et à la perte de leur logement.

    Le Comité Exécutif International a commence par discuter de l’Amérique Latine – le continent qui a vu les luttes les plus grandioses lors de la dernière période. La réponse au travail de notre section brésilienne, Socialismo Revolucionário, qui vise à pousser le P-SoL, le nouveau parti des travailleurs, à se développer en tant que force socialiste combative, a été extrêmement encourageante pour notre Internationale. Des problèmes très importants, comme le référendum au Venezuela et l’assemblée constituante en Bolivie, sont apparus dans la discussion. Le Chili a connu une situation volatile qui a amené de nouvelles forces à la recherche d’idées socialistes.

    Développements mondiaux

    La discussion au sujet de la manière dont l’économie mondiale s’est développée et de comment les grandes puissances en ont été affectées se poursuivit pendant deux jours au meeting du CEI. Elle engloba les crises en développement en Asie, y compris les récentes révoltes en Birmanie. Il y eut des contributions au sujet du Pakistan, du Sri Lanka, de l’Inde et de la Malaisie, où a débuté le plus grand mouvement d’opposition depuis 10 ans.

    Les élections en Australie et, plus tôt dans l’année, au Nigéria, furent examinées lors de la session « mondiale », ainsi que la guerre qui fait rage au sommet de l’ANC (African National Congress), remuant toute la pourriture qui stagne dans l’Afrique du Sud capitaliste.

    Les camarades du CEI militant aux USA ont décrit l’état d’esprit croissant en faveur d’une opposition aux partis capitalistes qui se développe dans leur pays, avec Bush qui s’enfonce dans l’impopularité au sujet de la guerre d’Iraq, et les membres des pays du Moyen-Orient et de Russie ont apporté d’importantes contributions à cette discussion.

    Une question importante qui s’impose autant chez les économistes capitalistes que chez les marxistes, est de savoir si l’économie survoltée de la Chine pourra résister à une baisse de l’économie mondiale, ou même l’empêcher. A l’unanimité, ces deux scénarios ont été mis de côté. Qui plus est, les contradictions internationales, et en particulier le fossé énorme entre riches et pauvres, pourrait résulter en des conflits majeurs et en un changement de la conscience au sujet de ce qui doit être accompli.

    En Asie et en Afrique, la surexploitation est accompagnée d’une corruption à grande échelle et d’une dictature plus ou moins déclarée. La réunion du CEI a pris connaissance du fait qu’une baisse de l’économie mondiale ne signifie pas automatiquement une explosion de la lutte des classes sur les lieux de travail. Mais il existe bel et bien en ce moment un énorme mécontentement et une grande colère – contre les gouvernements, contre les patrons, contre les politiciens et la politique dans de nombreux pays.

    L’Europe et les nouveaux partis des travailleurs

    Les dirigeants syndicaux ont si souvent bloqué toute action de la part des travailleurs qu’il y a un sentiment en faveur du développement d’organisations à partir de la base. Les initiatives qui ont été prises pour créer de nouveaux partis des travailleurs ont mené à divers résultats dans divers pays. L’expérience du P-SoL au Brésil a refait surface dans la discussion majeure sur l’Europe.

    A travers tout le continent, il n’y a quasiment aucune opposition à la politique néolibérale en vigueur, préconisée par tous les principaux partis. Mais cette période arrive à son terme.

    Les développements dans Die Linke (La Gauche) en Allemagne, dans le PRC (Parti de la Refondation Communiste) en Italie, dans le SP (Parti Socialiste) aux Pays-Bas, et dans le SSP (Parti Socialiste Ecossais) en Ecosse furent examinés, en parallèle avec les initiatives plus récentes en Grande-Bretagne, en France, en Belgique et en Grèce, qui impliquent les sections du CWI dans ces pays. Des contributions furent apportées d’Autriche, de Suède, de Pologne, d’Irlande (du Nord et du Sud), de Tchéquie et de Russie, toutes contribuant à une meilleure compréhension de toute l’Internationale quant à ce qui nous attend plus loin.

    Les grèves des cheminots en France et en Allemagne étaient symptomatiques du sentiment qui se développe parmi les travailleurs à travers toute l’Europe. C’est sans doute en Grèce que s’est le plus développée la colère au sujet des problèmes environnementaux, où le CWI est à l’origine du lancement de « Green Attack » à la suite des incendies désastreux de cet été. La haine des racistes et des fascistes a été canalisée par nos camarades en un mouvement de protestation efficace, en Autriche et ailleurs.

    Construire le CWI

    Une journée à la fin d’une semaine d’assemblée était bien trop juste pour pouvoir entendre les détails de toutes les autres activités extrêmement enrichissantes qui ont été accomplies par nos camarades partout dans le monde. Trotsky a un jour avait exprimé l’idée que les révolutionnaires au fur et à mesure que croissent leurs tâches. Même au cours d’une période relativement difficile, où il est difficile de convaincre les travailleurs et jeunes qu’une lutte pour le socialisme est la seule issue, les militants socialistes du CWI ont démontré qu’ils ont les capacités de diriger et remporter des batailles. A ce stade, quelques succès, bien que relativement mineurs, ont été remportés, et même les échecs ont été riches de leçons, pour peu qu’ils soient correctement analysés.

    Ce qui est ressorti de tous ces rapports, c’était une véritable confiance et un sentiment que les événements vont dans notre direction, remplissant nos rangs des meilleurs combattants de la classe. La compréhension de l’histoire, y compris la célébration des anniversaires des révolutions et des autres événements historiques, est une manière de nous préparer pour l’avenir. Une autre manière est de nous efforcer de construire les ressources, les journaux et les sites web du CWI.

    Les quelques courtes sessions séparées – sur le Nigéria, l’Afrique du Sud et le Pakistan – lors de la dernière journée du CWI furent extrêmement instructives. A elles seules, elles auraient suffi à raviver la flamme de chaque militant à porter plus loin la lutte pour le socialisme !

    Prendre une pause

    Bien que nous entrions dans une période de relâchement dans de nombreux pays – avec les fêtes de l’Eid, de Noël, du Nouvel An – plusieurs campagnes de solidarité sont en train de se dérouler. Deux camrades du CWI sont en prison au Nigéria, un jeune militant syndical suédois va devoir faire face à des mesures disciplinaires le 28 décembre, des socialistes sont parmi les membres de l’opposition en Malaisie qui seront jugés ce 26 décembre, et la solidarité est an passe d’être organisée pour les étudiants persécutés en Iran.

    Des détails sur ces campagnes et de nombreuses, nombreuses autres choses peuvent être consultées sur le site du CWI – www.socialistworld.net. Quelques articles seront encore publiés d’ici le 24 décembre, mais, à moins de développements politiques majeurs, le site sera en pause jusqu’au 2 janvier.

    Nous, membres du quartier général du Comité pour une Internationale Ouvrière, souhaitons un bon repos et une nouvelle année fructueuse à tous nos membres, partisans et sympathisants, afin de porter plus loin encore la cause du socialisme. A tous, nos vœux les plus camaradesques pour l’année 2008 !

  • Sicko chez nous…

    Le film « Sicko » de Michael Moore a dénoncé les conséquences désastreuses – des prix inabordables pour de mauvais soins – qu’entraîne la commercialisation du secteur de soins de santé aux Etats-Unis. Chez nous aussi, cette commercialisation des soins de santé progresse à vue d’oeil.

    Dans le secteur des maisons de repos, le SLG (Senior Living Group) détient une position dominante sur le marché avec 2.600 lits reconnus. Ce groupe a un chiffre d’affaires de 75 millions d’euros. Le groupe français Orpéa ne compte lui que 835 lits mais il veut en rajouter encore 500 par an. Ce groupe, actif sur le plan européen, a réalisé l’an dernier un bénéfice net de 309 millions d’euros.

    Mais les choses ne vont pas encore assez vite au goût de certains. Un parlementaire libéral flamand a dénoncé « les syndicats qui mènent une campagne idéologique contre les maisons de repos privées. Cela limite les investissements privés dans le secteur des soins aux personnes âgées ». Selon lui, c’est donc la résistance syndicale contre les initiatives privées qui serait à l’origine des listes d’attente. Nous qui pensions naïvement qu’il s’agissait du résultat du manque d’investissements !

    Dans le secteur hospitalier, la concurrence conduit les petits hôpitaux à être avalés par des entités toujours plus grandes, ce qui entraîne souvent par la suite le démantèlement pur et simple des plus petites entités. Selon un administrateur d’un hôpital bruxellois, entre 1.500 et 2.000 lits disparaîtront au cours des cinq prochaines années. Patients et salariés seront ensemble victimes de la commercialisation du secteur.

  • De Lijn: « Il nous faut plus de moyens, tant pour la fourniture de service que pour notre sécurité »

    Le CD&V et l’Open VLD ont dit au Parlement flamand qu’on accordait trop de moyens à la société régionale de transports en commun De Lijn. Ils trouvent qu’on ferait mieux de privatiser les transports en commun. Le nombre des passagers ne cesse pourtant d’augmenter. La première moitié de 2007 a vu 238 millions de passagers emprunter les véhicules de De Lijn, soit une hausse de 3,9%. Nous avons discuté de la situation à De Lijn avec quelques chauffeurs de bus.

    Est-il vrai qu’on dépense trop d’argent pour les transports en commun ?

    La hausse du nombre de passagers n’a pas entraîné une augmentation des effectifs dans les mêmes proportions. De ce fait, les jeunes chauffeurs doivent prester des horaires intenables et ont parfois du mal à prendre congé. C’est mauvais pour le service comme pour les chauffeurs. La sécurité s’en ressent.

    Un autre problème, c’est l’augmentation de l’agressivité contre le personnel. Nous sommes de plus en plus confrontés à des hold-up, des passagers agressifs, des gens qui ne peuvent pas payer, … J’ai moi-même été récemment victime de violence dans le bus, mais la seule réaction de la direction a été de proposer un cours d’ « assertivité ». Comme si c’était la solution.

    La discussion sur les moyens alloués aux transports en commun va souvent de pair avec celle sur le service minimum. L’une et l’autre portent atteinte aux intérêts du personnel et partent du principe que nous sommes des profiteurs qui circulent avec des bus vides. La vérité est évidemment tout autre et nous devons défendre notre droit à mener des actions collectives. Le service minimum, loin d’être une solution à l’agressivité, ne pourra que susciter encore plus d’agressivité. Une journée de service minimum sera en effet une journée de chaos.

    Le plan de sécurité ne permet-il pas de parer à l’agressivité ?

    Le plan de sécurité de De Lijn consiste notamment à augmenter le nombre de caméras et de stewards. Il est aussi question de la création d’un service de sécurité propre à De Lijn. Dans la pratique, il y a peu de choses qui changent et on accorde beaucoup moins d’attention au problème. Les bonnes intentions sont répercutées dans les médias et restent sans suite. Bon nombre de caméras ne sont toujours pas installées et leur efficacité n’est pas certaine. Il y a aussi un problème avec les stewards de bus : ce sont souvent des gens sans formation digne de ce nom qui doivent travailler avec un statut précaire.

    Comment faire reculer l’agressivité ?

    Il y avait jadis dans tous les bus et trams un deuxième homme chargé de contrôler les tickets et de jeter un oeil sur ce qui se passe. On a supprimé cette fonction par souci d’économie. Un deuxième homme serait pourtant plus qu’utile.

    Neuf agressions sur dix tournent autour de l’argent. Des transports en commun gratuits et de qualité seraient une solution. A côté de ça, il faut évidemment un mouvement social de plus grande ampleur : donnons aux jeunes des perspectives d’avenir et d’emploi convenable et il y aura beaucoup moins de problèmes qu’aujourd’hui.

  • Iran : Ni intervention militaire, ni soutien au régime réactionnaire ! Action aux ambassades iranienne et américaine

    Ce 22 décembre se tenait deux manifestations, la première devant l’ambassade des USA (contre une possible intervention militaire des USA) à 11H30, et la seconde devant l’ambassade de l’Iran à 13H (Contre le régime iranien). Le MAS/LSP et un collectif auquel appartiennent plusieurs iraniens ont manifesté ensemble, mobilisant plusieurs dizaines de militants, une manifestation pour soutenir les prisonniers politiques iraniens face au régime islamiste et réactionnaire iranien.

    Corentin, MAS-Bruxelles

  • La fin de Blokwatch – Fin de la lutte ?

    C’en est fini du site antiraciste flamand “Blokwatch”. Depuis des années, ce site était une excellente source d’info sur l’extrême-droite. Les animateurs du site ne sont plus en mesure de continuer le travail à cause de changements dans leurs vies professionnelles.

    Malheureusement, ils ont utilisé des arguments politiques à l’appui de leur décision de fermer Blokwatch en affirmant que la lutte contre le VB était finie, comme si celui-ci ne représentait plus un danger…

    La nécessité de continuer la lutte contre l’extrême-droite en Flandre est pourtant claire. La possibilité d’une croissance électorale continue d’exister, surtout avec la crise politique actuelle dans laquelle s’empêtrent les partis traditionnels.

    Dans les universités nous continuons la bataille contre la reconnaissance du NSV – le cercle étudiant du Vlaams Belang – comme organisation officielle. Maintenant que le NSV est reconnu à Anvers, il s’en sert pour appuyer sa demande de reconnaissance à Gand. Nos camarades anversois font signer une pétition contre le NSV et ont déjà récolté plus de 500 signatures. La pétition sera aussi présentée aux professeurs et au personnel.

    Le 3 décembre, 5 membres du NSV doivent comparaître devant le tribunal correctionnel d’Anvers pour leur participation à des actes violents commis en marge de la manif du NSV en mars – ils avaient saccagé le mobilier d’un café « trop progressiste » à leurs yeux. Des incidents comme celui-là démontrent la dangerosité du NSV. Il est déplorable qu’ALS/EGA (Etudiants de Gauche Actifs, le cercle étudiant du MAS/LSP) soit la seule organisation étudiante à Anvers qui mène encore des campagnes contre le NSV et sa reconnaissance officielle.

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