Isma Maes
Les négociateurs de l’Orange Bleue sont très vite arrivés à un accord sur des mesures socio-économiques qui sont autant d’attaques contre notre niveau de vie et contre la sécurité sociale. Pour payer les nouveaux cadeaux promis au patronat (les libéraux veulent au moins 3 milliards d’euros de réduction de charges), ce sont notamment les allocations et les salaires qui devraient casquer. La sécurité sociale conquise par le mouvement ouvrier est en danger.
Tous les aspects de la sécurité sociale telle que nous la connaissons aujourd’hui sont le résultat des luttes des travailleurs. La grande grève de 1886 a conduit à la suppression de la loi « Le Chapelier » qui interdisait les grèves et les organisations de travailleurs (les idéologues antigrèves d’aujourd’hui trouvent visiblement que c’était une erreur !).
Organisés, les travailleurs ont pu conquérir de nouveaux acquis sociaux, d’abord sur leurs propres épaules (en constituant, par exemple, des caisses de chômages indépendantes), avant d’obtenir l’organisation de ces avancées par l’Etat. Les travailleurs eux-mêmes ont répondu à l’insécurité individuelle par la solidarité collective.
L’impact international de la Révolution russe de 1917 a permis d’obtenir des avancées sociales chez nous aussi. Le patronat belge craignait la contagion de l’exemple russe et il a donc concédé le suffrage universel masculin (en 1919) mais aussi la journée des 8 heures (en 1921), l’octroi des pensions (en 1924-25) ou encore les allocations familiales (en 1927). Ensuite, la grève générale de 1936 a arraché les congés payés.
La sécurité sociale telle que nous en bénéficions actuellement provient de la « loi sur la sécurité sociale » du 28 décembre 1944. Juste après la Deuxième Guerre Mondiale, la situation sociale préoccupait la bourgeoisie. L’expérience leur avait appris que la guerre pouvait entraîner des révolutions et qu’accorder des concessions importantes aux travailleurs était le prix à payer pour garantir l’avenir du système capitaliste. L’instauration de la sécurité sociale – une assurance obligatoire et généralisée permettant de faire face à la maladie au veillissement, à la charge des enfants et au chômage – est arrivée dans ce cadre.
La logique néolibérale adoptée par tous les partis traditionnels affirme que les cadeaux reçus par le patronat favorisent les investissements et augmentent de ce fait l’emploi, ce qui a un double effet bénéfique pour la sécurité sociale en augmentant les rentrées (en nouvelles cotisations) et en diminuant les dépenses (en allocations de chômage). Pour permettre la réalisation d’une succession de mesures de ce type, le prochain gouvernement devrait trouver environ 10 milliards d‘euros – le double des assainissements du Plan Global de 1993 ! Et où veulent-ils trouver cet argent ? Notamment dans la sécurité sociale elle-même, en épargnant sur les allocations ! Pourtant, les réductions successives de charges patronales n’ont en rien permis une diminution du chômage.
La sécurité sociale n’a pas seulement eu à souffrir des diminutions de charges sociales. Les chèques services sont aussi passés par là. L’année passée, cette mesure qui permet à l’employeur de payer une partie seulement du salaire – le reste étant pris en charge par l’Etat, c’est-à-dire par nous – a coûté 200 millions d’euros à la caisse de sécurité sociale. Ce chiffre pourrait même atteindre 1 milliard d’euros en 2008! Mais les chèques services signifient emplois précaires à bas salaire.
Le résultat de cette politique est l’accroissement d’un gouffre vertigineux entre riches et pauvres. Le taux de pauvreté est maintenant de 15% en Belgique, contre 6 % dans les années ‘90. La pauvreté grandissante met sous pression la sécurité sociale. Face à cela, les partis traditionnels réagissent contre les victimes alors que c’est leur politique qui crée cette misère. Au lieu d’agir contre le chomâge, on agit contre les chômeurs. Les pensionnés sont aussi pointés du doigt parce qu’ils partiraient « trop tôt » en retraite, mais on oublie de préciser que les retraites belges sont parmi les plus basses d’Europe alors que ces mêmes pensionnés ont contribué durant des années à la sécurité sociale. Ces contributions n’avaient peut-être comme seul objectif de pouvoir baisser encore les charges patronales ?
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Ces 25 dernières années ont vu déferler plusieurs offensives contre la sécurité sociale, et plus généralement contre notre niveau de vie. La part des revenus du travail dans l’ensemble des revenus au sein de l’Union Européenne est descendu en 2006 jusqu’à 57,8%, le niveau le plus bas depuis 25 ans. En Belgique, ce taux est même passé l’an dernier pour la première fois sous la barre des 50% ! Cela signifie que les salaires cèdent de plus en plus la place aux profits, ce qui en pratique revient à une augmentation de l’inégalité et à une concentration des richesses dans les poches d’une minorité toujours plus petite.
Les salaires réels ont eux aussi baissé : depuis 1981, ils diminuent en moyenne de 0,4% chaque année ! Ils ne peuvent donc pas suivre le rythme de l’augmentation du coût de la vie et de la productivité. Aux travailleurs de payer pour les immenses profits des entreprises. On nous raconte que nous devons être concurrentiels face aux travailleurs des pays de l’Est ou de la Chine, alors que les managers reçoivent des salaires records (pour être concurrentiels avec les salaires des managers américains). Un manager américain reçoit environ en une journée ce que ses travailleurs gagnent en une année. Va-t’on en arriver là chez nous aussi ?
Ce dimanche 18 novembre, plus de 35.000 personnes sont descendues dans les rues de Bruxelles pour manifester contre la surenchère communautaire. Cette manifestation est née à l’initiative d’une fonctionnaire liégeoise, Marie-Claire Houard, qui a récolté 140.000 signatures en trois mois sur une pétition exprimant ses inquiétudes sur la situation politique et appelant à défendre l’unité de la Belgique.
La présence massive à cette manifestation a montré que beaucoup de personnes en ont marre des jeux des politiciens et sont prêtes à manifester pour le montrer. Mais comme les syndicats ne se sont presque pas fait entendre au cours des premiers mois de la crise politique, cette manifestation a été dominée par les drapeaux noir-jaune-rouge et les déclarations belgicaines, c’est-à-dire par une position nationaliste qui défend l’unité de la Belgique sans remettre en cause la domination du patronat et de la monarchie. Comme si, par le simple fait d’être Belge, un chômeur qui vient de subir la suppression de ses allocations avait les mêmes intérêts qu’un capitaliste richissime comme Albert Frère ou que les locataires du Palais de Laeken…
Si nous défendons l’unité des travailleurs et de leurs familles en Belgique – comme ailleurs – cela ne signifie pas pour autant que nous soutenons l’Etat belge. Celui-ci a été construit sur base de l’exploitation des travailleurs et aussi dans le passé sur l’oppression des droits linguistiques d’une partie importante de la population.
Cette crise politique a également remis à nu le rôle de la monarchie, celui d’instrument de défense des intérêts de la classe dominante. Le « joker royal » avait déjà été utilisé par la bourgeoisie lors du mouvement « blanc » en 1996 : le Roi avait alors reçu chez lui les parents des enfants disparus afin de les « réconforter », mais surtout pour les ramener au calme et démobiliser les centaines de milliers de gens qui se posaient des questions sur le rôle de la justice, de la police et de l’Etat. Aujourd’hui, le Roi Albert appelle les politiciens à trouver une solution à la crise politique pour qu’on puisse passer aux choses sérieuses, comme l’introduction d’une nouvelle giclée de mesures d’austérité pour la population.
L’exaltation belgicaine ne conduit pas au renforcement de la solidarité mais à faciliter l’imposition d’une politique néolibérale exigée par le patronat. La manifestation du 18 novembre était l’expression d’un vide politique et du désarroi qui peut en découler mais les drapeaux tricolores n’offrent pas de solution.
Une solidarité qui surmonte la frontière linguistique contre la politique néolibérale est indispensable. D’ailleurs, cette politique et tous les problèmes qu’elle crée sont nés dans le cadre belge existant. Que le démantèlement de la sécurité sociale et des conventions de travail se déroule au sein de la Belgique unie ou au sein de la Flandre ou de la Wallonie séparées importe peu pour ceux qui en feraient les frais.
Mais il est clair aujourd’hui qu’une scission de la sécurité sociale renforcerait les attaques, ouvrirait la voie de la privatisation et rendrait plus difficiles les luttes contre ces mesures. C’est pourquoi il faut une lutte commune et solidaire pour utiliser les moyens financiers et matériels existants au bénéfice de la majorité de la population.
Où est le PS depuis six mois ? On serait tenté de dire : aux abonnés absents ! Mais cette discrétion illustre bien son projet politique. Depuis les élections, le PS a assisté – sans doute avec un plaisir gourmand mais en tout cas de manière fort discrète – aux problèmes que rencontrait la coalition Orange bleue. Mais cette discrétion a été sélective. On l’a très peu entendu quand l’Orange bleue a commencé à empiler les propositions les plus antisociales.
Par contre, Di Rupo est monté aux barricades quand les partis flamands ont voté la scission de Bruxelles-Hal-Vilvorde en Commission de l’Intérieur de la Chambre : agression inqualifiable, insulte aux francophones, atteinte aux droits de l’homme, on en passe et des meilleures. Il a ensuite continué à se profiler avant tout sur le terrain communautaire, en enfourchant le cheval belgicain et en participant à la manifestation pour la défense de l’unité de la Belgique.
En se profilant comme le super-défenseur des francophones, Di Rupo essaie de redonner au PS son image de « premier parti de la Communauté et père de la nation francophone »… et de mettre en difficulté un Reynders prêt à toutes les concessions à la droite flamande pour pouvoir mettre en place un gouvernement sans le PS. En jouant la défense de la Belgique, il mise sur la peur qui grandit dans la population wallonne et bruxelloise. Et en s’opposant à toute nouvelle avancée de régionalisation, il tente de gagner du temps en espérant que son Plan Marshall permettra dans quelques années de relancer l’économie wallonne.
Par contre, sa discrétion face aux attaques préparées par l’Orange bleue contre les travailleurs s’explique parce qu’il sait que si celle-ci s’écrase au décollage, le PS pourrait être appelé à participer aux nouvelles négociations gouvernementales dans un contexte où une récession économique approche et où plus de six mois auront été perdus en vaines palabres. Dans ce cas, le PS devrait sans l’ombre d’un doute s’associer à une nouvelle volée de mesures d’austérité. Ce n’est donc pas le moment pour les dirigeants du parti de jouer le mariolle dans les rues aux côtés de la FGTB et de faire de grandes promesses aux travailleurs.
Il suffit de se rappeler comment Rudy Demotte, quand il est devenu Ministre-Président de la Région wallonne cet été, promettait de refaire de la Wallonie une « terre laborieuse » en « libérant le marché », en « offrant les meilleures conditions aux investisseurs » et en limitant le droit de grève.
Alors que le SP.a ne jure plus que par le lion flamand, le PS veut nous faire marcher au pas vers un avenir néo-libéral, au son de la Brabançonne et main dans la main avec nos patrons, le tout au nom de la Belgique éternelle et de la Wallonie renaissante. Plus que jamais, nous avons besoin d’un nouveau parti qui appelle tous les travailleurs, wallons comme flamands, belges comme immigrés, à manifester et à lutter sous leur propre drapeau – le rouge – et surtout sur leurs propres revendications.
Ce samedi 8 décembre a connu la première grande manifestation en faveur de la protection de l’environnement en Belgique. Première manifestation, car il faudra bien d’autres mobilisations pour arriver aux réductions d’émissions de gaz à effet de serre nécessaires pour seulement « stabiliser » la situation actuelle.
Des syndicalistes de la FGTB ou de la CSC, des militants de différents partis politiques et d’organisations non gouvernementales mais aussi de nombreuses familles se sont ainsi réunies dans la capitale – tout comme dans une soixantaine de pays à travers le monde – malgré une pluie fournie et des problèmes de transports lié à un mouvement de grève dans les chemins de fer.
Le MAS/LSP était également présent avec sa campagne jeune « Résistance Internationale », sous le slogan « La science appartient à tous, la planète aussi » ou encore « Détruire le capitalisme avant qu’il ne détruise la planète », de même que le CAP, le Comité pour une Autre Politique. Cette initiative que nous soutenons et veut promouvoir l’idée d’un nouveau parti des travailleurs face à la seule priorité accordée par les partis traditionnels aux profits des entreprises.
A l’heure où les discussions sur la crise environnementale sont dominées par des propositions qui servent avant tout à protéger le système actuel, notre délégation combative et dynamique est intervenue pour mettre en avant nos solutions anticapitalistes et socialiste en contribution au débat. Nous avons tenu à exprimer le plus fortement possible l’impasse des solutions prévues dans le cadre du système de production capitaliste avec des slogans comme « C’est pas les éco-taxes qu’il faut payer, c’est le capitalisme qu’il faut éliminer !» ou encore « Pollution, pollution, la faute à qui ? Aux patrons ! ». D’autres slogans, mettant notamment en avant l’hypocrisie d’Al Gore sur ce sujet ont aussi retenu beaucoup d’attention.
Le lendemain de la manifestation, ce dernier a encore clarifier à quel point la logique de profit à court terme du système capitaliste n’est pas un problème… mais même une solution ! L’ancien vice-président américain, estime que les mécanismes de l’économie de marché sont les meilleurs outils pour lutter contre le changement climatique : « Les marchés distribuant plus d’argent en une heure que les gouvernements du monde entier ne le font en un an, nous devons trouver un moyen d’exploiter l’énergie et la vitalité du marché pour aider à réduire les émissions de CO2 ». Pour nous, l’énergie et la vitalité du marché n’est capable que d’exploiter les travailleurs et l’environnement : ce n’est qu’en tirant l’industrie hors du contrôle d’une minorité d’actionnaires et de patrons que nous arriveront à éviter le gaspillage et la pollution causée par la production telle qu’elle est organisée pour l’instant.
A ce titre, le rôle principal de la lutte pour la protection de l’environnement doit être joué par les travailleurs, qui sont au centre de la production et peuvent donc la bloquer avant de la faire tourner, enfin, en fonction de leurs intérêts, parmi lesquels la défense de leur milieu.
Autour de notre bloc revendicatif, nos militants ont reçu pas moins de 200 euros de soutien financier, en plus de la vente de près de 150 exemplaires de notre mensuel, l’Alternative Socialiste. L’intérêt porté aux idées que nous défendons a également été illustré par les nombreuses personnes qui ont laissé leurs coordonnées pour entrer en discussion afin de rejoindre notre parti. Vous aussi, n’attendez plus et rejoignez la lutte des révolutionnaires socialistes !
Du 19 au 26 novembre, les travailleurs de Janssen Pharmaceutica ont fait grève contre la décision de la direction de supprimer 600 emplois. Le premier plan social a été rejeté par 92 % des travailleurs, le second à 54%, ce qui n’était pas assez (puisqu’il faut 66% pour poursuivre une grève). La grève a donc été levée mais la tension reste vive. Au piquet de grève, nous avons discuté avec Luc Van der Schoot, délégué CSC.
Luc : « Les travailleurs ont trouvé le plan social et la convention collective (CCT) largement insuffisants. Le nombre de licenciements et le fait que la CCT prévoit un blocage salarial de trois ans sont inacceptables. Nous ne voulons pas nous laisser tromper par les employeurs. La volonté d’action est grande. 92 % des travailleurs ont refusé ce plan.
«La participation au vote – 88 % – a été très importante. C’était un vote particulièrement représentatif de tous les ouvriers et employés. Les chercheurs ont également voté. Ceux qui étaient sûrs de ne pas perdre leur travail aussi. Il ne s’agit pas seulement de gros sous mais aussi de la considération et du respect dus aux travailleurs. C’est pourquoi le plan social, qui était pourtant meilleur que celui d’il y a cinq ans, a rencontré une opposition aussi large.
« Avec 92 % de travailleurs contre le plan social, personne n’est venu pour travailler. Au contraire, chaque jour des gens viennent spontanément au piquet pour apporter leur soutien et montrer que nous ne sommes pas seuls.
« Le piquet de grève est pourtant nécessaire pour éviter que la direction ne livre des médicaments. Naturellement, nous laissons passer les médicaments destinés aux affections graves. Mais la direction a essayé d’en abuser. Elle a tenté d’entasser d’autres médicaments entre ceux qui pouvaient être livrés.
« Au piquet, il y a beaucoup de monde. Les gens veulent de la considération et de la reconnaissance pour leur job. Ce n’est pas évident et il est même difficile de toucher les médias avec cette grève. La grève chez Janssen est éliminée de la une des médias. Mais le piquet est prêt à répondre à toutes les questions.
« Les chiffres des bénéfices sont de l’huile sur le feu. J&J veut s’étendre vers les pays asiatiques et africains, mais il n’aurait pas assez d’argent pour l’emploi en Belgique ? Nous ne le croyons pas.
« De plus, il y a beaucoup d’insuffisances dans la communication de la part de la direction. Tout le monde a reçu une lettre avec un prétendu résumé de ce que contenait le plan social. En fait, la direction avait inséré entre les lignes de quoi faire pression pour que les travailleurs acceptent le plan, en disant que, s’il fallait recommencer les négociations, l’accord serait moins bon encore. »
Après une semaine de grève, il est acquis qu’il y aura 25 licenciements en moins et que la prime de départ sera portée de 11.000 à 15.000 euros. Le blocage salarial reste mais deux primes de 750 euros ont été promises en plus du salaire. Le mécontentement reste toutefois profond.
Le problème environnemental est, à l’heure actuelle, préoccupant pour chacun. Et à juste titre. De nombreuses solutions nous sont présentées, mais sont-elles vraiment efficaces et adaptées à la situation?
Au menu des solutions en vogue: les biocarburants, les panneaux solaires, les voitures électriques, les accords de Kyoto, etc. Nous n’avons que l’embarras du choix. Mais ces alternatives sont-elles vraiment efficaces? Prenons les biocarburants. On nous assure que l’on pourra bientôt rouler « vert », cependant, la culture des plantes destinées à fournir des biocarburant nécessite qu’on grignote de nouvelles forêts. Au Brésil, par exemple, il faut créer de nouvelles terres arables en rognant sur la forêt amazonienne. La déforestation est responsable de 14 % des gaz à effet de serre. Ainsi, indirectement, les biocarburants renforcent la pollution au lieu de la combattre.
On assiste en guise de solution à une véritable campagne de culpabilisation basée sur l’idée « C’est à tout le monde de faire des efforts ». Cela conduit à nous faire payer le coût de la crise écologique alors que notre pouvoir d’achat ne cesse de diminuer. De plus, ce slogan ne modifie pas l’orientation de la production alors que c’est justement la racine du problème. Par exemple, 47% des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES) proviennent directement des entreprises tandis que ce qui vient des ménages est “négligeable”.
Le Protocole de Kyoto, de 1998, en est un autre exemple. Les pays signataires se sont engagés à diminuer les émissions de gaz à effet de serre de 5,2 % d’ici 2012 par rapport à 1990, ce qui n’est que de la poudre aux yeux. En effet, les Etats-Unis, premier émetteur de gaz à effet de serre, n’ont pas ratifié le Protocole. En réduisant les émissions de 70 %, 100 ans seraient nécessaires pour résorber les effets des GES ! A quoi riment ces ridicules 5,2 %?
Les problèmes environnementaux s’aggravent de plus en plus. Il est temps d’arrêter de jouer aux hypocrites et de mettre en place de vraies solutions efficaces. Il ne faut pas prendre des chemins détournés qui ne mènent à rien mais plutôt s’en prendre à la racine du problème, qui est le contrôle de la production par les capitalistes.
C’est pourquoi le MAS/LSP revendique :
Mais toutes ces revendications (et les nombreuses autres qui en découlent) se heurtent évidemment à la logique de profit des entreprises et ne seront jamais appliquées dans une société capitaliste. C’est pour ça qu’il est impératif qu’une société vraiment socialiste se mette en place au niveau international. Détruisons le capitalisme avant qu’il ne détruise la planète !
Le 15 novembre dernier, un cyclone a frappé les côtes du Bangladesh, provoquant plus de 3.250 morts, la destruction de milliers d’habitations et la fuite forcée de centaines de milliers de personnes. Une grande partie de la population, totalement isolée par les dégâts, est privée d’eau potable et de vivres.
A première vue, la responsabilité du système de production capitaliste n’est pas limpide pour beaucoup de monde. Cependant, la course effrénée aux profits, en plus d’occasionner des dégâts à l’environnement et à la population, alourdit les conséquences de telles catastrophes.
Quand il s’agit de profiter de la situation précaire et des salaires dérisoires des ouvriers du textile bangladais, d’exiger la privatisation du secteur bancaire, de soutenir un régime réprimant les grèves et le mécontentement, ou encore de vendre des armes aux militaires, gouvernements et multinationales se précipitent.
Par contre, pour prévenir des catastrophes naturelles, rien de tel n’est mis en œuvre. Par exemple, alors que le Bangladesh est fortement vulnérable à des aléas climatiques techniquement prévisibles (un tiers de son territoire est situé en zone inondable) entraînant des faits dramatiques, les moyens nécessaires pour y faire face ne sont pas déployés.
A chaque catastrophe, les grandes puissances capitalistes et les différents organismes internationaux s’achètent en quelque sorte une bonne conscience en annonçant l’envoi d’aides humanitaires. Cependant, du milliard de dollars promis après le tremblement de terre à Bam (Iran) fin 2003, seuls 17 millions avaient effectivement été payés deux ans plus tard. De même, après les tempêtes tropicales de 1998 en Amérique centrale, sur 300 millions d’euros promis, la moitié seulement avait été débloquée.
D’autres évènements ont démontré la passivité du capital quand il faut agir contre les catastrophes naturelles. Cyclones, tremblements de terre, inondations et tsunamis sont placés sous le même signe… celui de l’indifférence dans le meilleur des cas, celui de la poursuite de la politique des gouvernements dans le pire.
En 2005, le tsunami en Asie du Sud-Est a bénéficié d’une attention médiatique supérieure aux autres désastres naturels, en grande partie en raison du nombre de touristes occidentaux victimes du raz-de-marée. On a beaucoup moins parlé de la manière dont l’aide a été répartie ; elle a été utilisée en priorité pour reconstruire les sites touristiques (notamment en chassant des pêcheurs dont les villages avaient été détruits) ou pour s’attaquer plus encore aux minorités ethniques (en Indonésie ou encore au Sri Lanka).
La même année, le cyclone Katrina à la Nouvelle-Orléans avait frappé les esprits. Là encore, les profits priment sur la survie et la sécurité de la population. Au nom de la lutte contre le terrorisme, 187 millions de dollars avaient été retirés chaque année du budget de prévention américain destiné aux catastrophes naturelles. Cela laissait à ce budget une somme dérisoire comparée aux milliards de dollars qui ont été chaque semaine nécessaires à l’occupation de l’Irak… Et quand Bush a rapatrié 300 soldats d’Irak pour les envoyer à la Nouvelle-Orléans, ils devaient avant tout protéger les restes de la ville des « pillages » avec le mot d’ordre de « tirer pour tuer ». La majorité écrasante de ces “pillages” n’était en fait que des opérations de collectes de vivres ou de médicaments pour faire face à l’incurie des secours…
Comment apporter une aide réelle et effective à toutes les victimes en restant prisonnier d’une telle logique ?
La question de la diminution du pouvoir d’achat est bien entendu un problème qui ne se pose pas uniquement aux travailleurs et allocataires belges. Vous trouverez ici deux brèves sur des luttes particulièrement offensives qui se sont déroulées en Allemagne et en Finlande pour des augmentations salariales importantes.
En Allemagne s’est déroulée la grève des chemins de fer la plus importante depuis la Deuxième guerre Mondiale sur base de revendications salariales offensives portées par le petit syndicat des machinistes (GDL, qui ne connaît pourtant aucune tradition de lutte). Transnet, le plus important syndicat des cheminots, a reproché au GDL de provoquer une division poussant des revendications salariales séparées. Mais Transnet a toujours accepté les concessions sur les salaires et les conditions de travail et a même voté en faveur d’une privatisation! GDL revendique un salaire minimum de 2.500 euros bruts, avec un large soutien (66% de la population a déclaré comprendre la grève). Le SAV, notre parti-frère en Allemagne, est actif au sein des comités de solidarité. GDL a pour l’instant stoppé la grève, mais le mécontentement reste important et la possibilité de futures actions reste à l’agenda.
Le personnel finlandais du secteur des soins de santé est entré en lutte en revendiquant une augmentation salariale de 24% ! Face au refus du gouvernement, le syndicat THEY a menacé de démissionner collectivement avec 12.800 infirmières et autres travailleurs des soins de santé (soit un quart des salariés du secteur) le 19 novembre et, s’il le fallait, une deuxième vague de démissions collectives devait arriver au mois de décembre. Le gouvernement a finalement cédé et des augmentations salariales de 22 à 28% ont été accordées.
Jusqu’à la mi-décembre, un nouveau sommet international de l’ONU pour l’environnement a lieu à Bali. Cette conférence doit débattre d’un nouvel accord sur le climat préparant l’après Kyoto, c’est-à-dire pour une période commençant après 2012. Cependant, même les scientifiques estiment que les objectifs du Protocole de Kyoto étaient largement insuffisants pour fondamentalement améliorer les conditions climatiques.
L’atmosphère se réchauffe, les océans deviennent de plus en plus acides et les glaces fondent. Au moins un quart des espèces vivantes sont menacées d’extinction sur fond de hausse du nombre de désastres environnementaux et alors que l’ONU prévoit cinquante millions de réfugiés environnementaux pour 2010.
Le Protocole de Kyoto n’offre aucune solution. Tout au plus a-t-il permis un juteux commerce où les pays les plus riches peuvent acheter des droits d’émissions aux pays les plus pauvres. De plus, ce Traité entré en vigueur en 2004 n’a jamais été ratifié par les USA et l’Australie et les pays signataires n’ont même pas respecté leurs engagements. Selon différents chercheurs, malgré les intentions, ce protocole n’a pas abouti à des réductions démontrables et a même freiné les débats sur les solutions à apporter à la crise environnementale.
Le problème des alternatives énergétiques reste entier. L’énergie nucléaire est régulièrement mise en avant, sans que l’on ne tienne compte des coûts énergétiques de l’ensemble du cycle de production d’énergie, du stockage des déchets nucléaires ou des ressources limitées d’uranium. C’est la voie suivie par les politiciens belges, sous le prétexte que l’énergie nucléaire est très rentable : priorité aux profits d’Electrabel et aux taxes qui en découlent !
Tous les politiciens tentent de se positionner comme « écologistes », mais la crise environnementale n’a, en Belgique, été qu’une occasion d’imposer de nouveaux impôts sur les emballages. Au Danemark, de telles taxes ont également été introduites, mais au moins les moyens récoltés ont-ils été versés à un fonds pour les mesures environnementales (sans toutefois que ces mesures n’aient été réellement appliquées).
Alors que les politiciens défendent avant tout leur image en prétendant prendre le problème des changements climatiques à bras le corps, seuls 2% de l’énergie produite en Belgique provient d’énergies renouvelables. Mais comment arriver à des alternatives sans plus de moyens pour la recherche? Ou encore si cette recherche est totalement contrôlée par les entreprises pétrolières et autres multinationales? En 2006, la multinationale Exxon Mobil a réalisé 39,5 milliards de dollars de profits, soit dix fois plus que les dépenses du gouvernement américain en recherche énergétique la même année.
De fait, le budget des Etats-Unis pour la recherche consacrée aux énergies alternatives a diminué de moitié depuis 1979. Il s’agit aujourd’hui d’un vingtième des moyens pour la recherche militaire. Et seuls 7,6% de ces moyens financiers sont destinés à la recherche des énergies renouvelables…
Obtenir un « capitalisme écologique » est aussi réaliste que de tenter de domestiquer un ouragan. Ce système est axé autour de la recherche de profits à court terme, même au détriment de l’environnement. Le constat que le système de production capitaliste sacrifie l’environnement et les conditions de vie des générations actuelles et futures, démontre que le capitalisme ne peut pas se développer de manière durable.
La seule question est de savoir si le capitalisme s’éteindra en emportant avec lui la planète ou si le mouvement des travailleurs (qui par leur position dans la production sont les seuls à même de renverser ce système) saura apporter sa réponse : une gestion des ressources et de leur utilisation planifiée avec la participation – et donc le contrôle – de chacun. Rejoignez le MAS/LSP pour renforcer cette voie!