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  • Contre l’oppression des femmes, contre la guerre : résistance !

    Après les attentats du 11 septembre, l’impérialisme des Etats-Unis a décidé de se venger en déclenchant une guerre contre l’Afghanistan. Les partisans de la guerre avaient annoncé entre autre que la chute des Talibans mettrait fin à l’oppression de la femme en Afghanistan.

    Tina, EGA-Louvain

    En effet, les femmes étaient extrêmement opprimés et par exemple ne pouvaient pas aller à l’école et des règlements vestimentaires sévères étaient imposés par la loi islamique. Avec la guerre, le régime taliban a été remplacé par un gouvernement « démocratique » à la botte des USA. Mais les Talibans contrôlent toujours une grande partie du pays et la situation des femmes ne s’est jamais réellement améliorée dans les autres régions du pays. En effet, par exemple, beaucoup de filles se marient avant qu’elles aient 16 ans et 60 à 80% de ces mariages sont forcés. Loin de libérer les femmes, l’impérialisme américain et ses alliés sur place, dont la Belgique qui vient de renforcer son contingent au sein des forces de l’Otan, ont complètement accepté la Sharia qui reste toujours d’application. La lapidation, la pendaison de femme en place publique,… sont toujours monnaie courante en Afghanistan. La guerre, qui aurait dû arrêter l’oppression de la femme, n’a fait que des victimes qui sont principalement des femmes et des enfants et a conduit tout un pays dans une instabilité totale qui renforce l’influence des Talibans.

    En Irak, nous voyons aussi que la guerre touche surtout les femmes. Plusieurs politiciennes et militantes des droits de la femme ont été assassinées depuis l’invasion américaine du 20 mars 2003. A cause de l’insécurité qui règne dans les rues, les femmes peuvent à peine participer à la vie publique et leurs droits sont limités). Le viol est souvent utilisé comme arme de guerre. De plus en plus, les citoyens ordinaires sont victimes des guerres : il y a les dommages collatéraux toujours aussi mortels et après cela il y a les dommages très importants causés sur les infrastructures civiles qui privent les populations d’eau ou d’électricité. Dans toutes les régions, les gens sont en contact avec des armes à uranium enrichi, qui ont pour effet de provoquer des cancers et des leucémies.

    D’une part nous voyons que la puissance US a voulu montrer sa force militaire (ce qui n’a clairement pas réussi en Irak). D’autre part, il est clair que les guerres au nom de la liberté et de la démocratie servent uniquement les intérêts des multinationales (principalement celles des secteurs pétroliers et de l’armement). Participe à la manifestation du 8 mars pour les droits des femmes, le retrait des troupes du Moyen-Orient et la sortie de la Belgique de l’Otan !

    Une action de masse est nécessaire !

    Le 16 mars la plate-forme pour la paix organise une journée internationale contre la guerre sous le mot d’ordre “1000 marcheurs pour la paix”. Ce 20 mars cela fera exactement 5 ans que les USA ont envahi l’Irak. Entre temps, les excuses utilisées pour justifier la guerre ont été démasquées. Maintenant la guerre est pour ainsi dire passée, mais le pays est toujours occupé et gît sous les décombres. Le régime fantoche actuellement au pouvoir n’est pas du tout démocratique, et les troupes américaines n’ont toujours pas commencé leur désengagement. C’est pour cette raison que le 16 mars des manifestations vont se tenir partout dans le monde pour accuser cette situation intolérable. Mais malheureusement, la plate-forme officielle pour la paix ne va pas organiser de manifestation en Belgique contrairement aux dernières années, mais va organiser une promenade entre Louvain et Bruxelles sous le slogan : “1000 marcheurs pour la paix”. Selon nous, Il est impossible que cette promenade égale l’impact d’une manifestation. De plus, cela ne permet pas aux gens d’organiser et de mener ensemble la lutte contre la guerre. La même chose vaut aussi pour l’énième action de Bomspotting le 22 mars : “Nato : Game Over “. Le but est ici d’accuser l’OTAN de garder les armes nucléaires sur Kleine Brogel en essayant d’entrer par petits groupes dans la base. Bien entendu, l’accusation est justifiée, mais la forme d’action présentée par Bomspotting, est selon nous inefficace.

    Seule une grande manifestation dans laquelle les étudiants et les travailleurs imposent ensemble leurs revendications peut avoir un effet conséquent. Pour cette raison nous considérons la manifestation des femmes du 8 mars comme une manifestation contre la guerre et l’occupation.

  • Le Bourgmestre d’Ixelles autorise la manifestation pour les droits des femmes du 8 mars

    Hier après-midi, les organisateurs de la manifestation (Karzar, MAS/LSP, Femmes-CAP, 8mars.com) ont été invités au cabinet du bourgmestre d’Ixelles Decourty pour un entretien. Nous avons pu y entendre qu’un « malentendu » s’est développé et qu’il n’a jamais été dans ses intentions d’interdire cette manifestation. Il a même affirmé être en accord avec l’attitude que nous adoptons envers le régime actuel iranien et envers les droits des femmes.

    Ce n’est pourtant pas ce qui nous a été déclaré par la police zonale dans nos négociations portant sur le trajet de la manifestation (jeudi dernier) où on nous a clairement fait entendre à plusieurs reprises que le territoire d’Ixelles – le chemin le plus court vers l’ambassade d’Iran du point de vue de la manifestation – était exclu pour des raisons de trafic. Nous n’avions aucune raison de douter de la parole de la police sur ce point.

    La discussion s’est passée dans une bonne atmosphère et nous sommes contents que la manifestation puisse se dérouler de façon normale. Avec cette manifestation, nous voulons apporter un soutien au mouvement des femmes en Iran et en même temps défendre nos revendications autour du pouvoir d’achat en Belgique, dont la baisse touche plus durement les couches aux revenus les plus bas dans lesquelles les femmes sont surreprésentées. Ces protestations nécessaires ne peuvent être mises de côté pour des raisons de trafic et ne peuvent être prises en otage par différentes structures de pouvoir qui ont visiblement des problèmes dans leur communication entre elles.

    Qu’importe : le droit à la libre expression a gagné. Rendez-vous tous ce 8 mars, à 14h, devant l’ambassade des Etats-Unis !

    • Azar Behrouz, plateforme de femmes iraniennes Karzar
    • Anja Deschoemacker, commission femmes du Mouvement pour une Alternative Socialiste, MAS-LSP
    • Laure Miege, travail femmes des Etudiants de Gauche Actifs
    • Nadine Mertens, membre du Comité exécutif du Setca Bruxelles-Hal-Vilvorde
    • Ivy Meert, femmes du Comité pour une Autre politique (CAP)
  • Oppression des femmes en Iran: la lutte est nécessaire !

    Les lois portant sur l’infériorité de la femme en Iran illustrent à quel point la situation pour les femmes en Iran est des plus violentes sous le régime barbare des forces réactionnaires religieuses. Ainsi, une femme appartient à son père, puis à son conjoint dès qu’elle est mariée.

    Laure, EGA-ULB

    Ceux-ci ont le droit de vie ou de mort sur elle, ils peuvent la tuer par exemple s’ils estiment qu’elle a déshonoré la famille. Elle doit obtenir leur approbation si elle veut travailler, voyager,… La lapidation pour infidélité et les crimes d’honneur sont autorisés et choses courantes en Iran. Certaines femmes ont tout de même accès à des postes dirigeants, mais ce n’est que pour mieux cacher l’oppression qu’elles subissent, taire les révoltes et calmer la colère. Afin de mieux comprendre la situation et tracer des perspectives un retour historique est nécessaire.

    En 1979 a eut lieu la révolution contre la dictature du Shah. Les femmes ont d’ailleurs joué un rôle important pour faire renverser le régime. A l’époque, le parti communiste avait une grande autorité parmi les travailleurs et possédait un grand potentiel pour mener à bien la révolution. Mais malgré les aspirations socialistes de grand nombre de travailleurs et de femmes, la direction du PC n’a pas saisi ce potentiel. Leur stratégie était, à l’instar des théories staliniennes, « Tous contre le Shah, les ennemis de nos ennemis sont nos amis ! ». Ainsi, ils s’allièrent avec tous ceux qui prétendaient combattre le régime, quel que soit ce qu’ils comptaient mettre à la place. De cette façon, ils contribuèrent à la mise en place du régime fondamentaliste islamique dirigé par Khomeini. Deux semaines après qu’il ait accédé au pouvoir, ce dernier proclama l’obligation du port du voile. Le lendemain (le 8 mars 1979), deux millions de femmes (voilées ou non) étaient dans la rue pour s’opposer à l’imposition et défendre leur droit d’en décider. Leur lutte a obligé Khomeini de reculer temporairement. Du moment que le mouvement des femmes s’est affaibli, le régime réactionnaire a pu imposer l’obligation du port du voile.

    Aujourd’hui, la situation est celle que l’on sait, pourtant cela n’empêche pas le courage des femmes iraniennes de lutter contre leur oppression. Elles constituent une force importante et représente notamment 60% des étudiants. Ce n’est donc pas un hasard si elles n’ont pas le droit de s’organiser sur leur lieu de travail. Le régime islamique utilise l’oppression des femmes comme outil pour opprimer l’ensemble de la classe ouvrière et pour la diviser. Mais la lutte des femmes contre leur oppression doit être élargie en lutte contre le régime réactionnaire et contre l’oppression qu’il fait subir à l’ensemble des travailleurs, les jeunes, les homosexuels, les minorités religieuses, etc. Ce n’est pas certainement l’impérialisme américain ou l’instauration d’une société capitaliste qui permettra aux femmes d’être réellement libérées. En Europe, sur le plan légal la lutte des femmes a obtenu l’égalité mais sur le plan économique une inégalité de fait entre les hommes et les femmes persiste. Elles n’assurent pas non plus le bien être aux travailleurs, ni quelconque égalité entre eux et leurs patrons. La lutte pour l’émancipation des femmes en Iran, tout comme la lutte pour l’émancipation de l’ensemble de la classe ouvrière ne pourra aboutir que lors de l’avènement d’une société socialiste. L’expérience de la révolution de 1979 a démontré que cette lutte ne pourra être menée que dans une unité de classe (non dans l’alliance avec des personnes dont les intérêts sont divergeants) dont les protagonistes auront pour seul objectif l’avènement d’une telle société. Une société dans laquelle l’économie sera démocratiquement planifiée par et pour la population et non en fonction des profits et des privilèges d’une poignée, comme c’est le cas aujourd’hui, en Iran ou ici.

  • Le bourgmestre d’Ixelles interdit la manifestation des femmes iraniennes le 8 mars !

    Les femmes iraniennes, réfugiées des quatre coins d’Europe, manifestent le 8 mars pour faire entendre leur colère envers le régime réactionnaire iranien. En Iran, les femmes n’ont pas de droits. Ainsi elles ne peuvent quitter la maison sans l’autorisation de leur mari. Etre vue avec un autre homme ou ne pas porter le voile est suffisant pour être punie à coups de fouet. Il n’y a pas d’égalité devant la loi ; au contraire, l’inégalité en constitue le fondement.

    La plate-forme de femmes iraniennes qui veut manifester cette année à Bruxelles, avec d’autres organisations (entre autre des femmes belges, mais aussi kurdes et turques) le fait depuis des années déjà. C’est la première fois qu’elle se heurte à une interdiction dans une ville européenne. Ixelles sera donc inscrite dans l’histoire comme l’unique ville de l’occident "démocratique" où il est interdit aux femmes de manifester lors de la journée internationale de la femme ! Le bourgmestre d’Ixelles, W. Decourty (PS), est donc apparemment en accord avec le régime iranien sur le fait que la résistance des femmes est inacceptable, et qu’il faut réduire celles-ci au silence. Quoiqu’il en soit, il agit en tant qu’allié du régime réactionnaire en Iran.

    M. Decourty évoque comme raison pour l’interdiction de manifester sur son territoire la "perturbation du trafic". La perturbation du trafic ! Toute manifestation implique une plus ou moins grande perturbation du trafic – que reste t-il de notre droit constitutionnel à exprimer notre opinion (inexistant en Iran) si un bourgmestre peut invoquer une telle raison pour interdire une manifestation ? Cela nous procure aussi des inquiétudes sur le soutien qu’obtiendraient les femmes à Ixelles de la part de leur conseil communal si elles voulaient combattre l’oppression…

    Nous avons obtenu l’autorisation de Thielemans, le bourgmestre de Bruxelles-Ville, mais pour la dernière partie de la manifestation – jusqu’à l’ambassade iranienne – notre droit est refusé par son confrère du même parti à Ixelles. Cette décision ne sera pas seulement regardée en Belgique. En Iran même, l’élite dirigeante s’en frottera les mains de plaisir: même un pays démocratique tel que la Belgique refuse aux femmes iraniennes d’exprimer leur opinion !

    La manifestation du 8 mars est annoncée à 14 heures ; le point de départ se trouve à l’ambassade américaine où des femmes prendront la parole contre l’occupation de l’Afghanistan et de l’Irak. Ces occupations n’ont apporté aux femmes aucune amélioration, bien au contraire. Via le quartier européen, où nous voulons protester contre la politique asociale de l’UE, nous voulons nous diriger vers l’ambassade iranienne, point final de la manifestation.

    Mais c’était sans compter sur le bourgmestre d’Ixelles ! Même la proposition -peu probable et déjà totalement inacceptable- des services de police de faire une partie de la manifestation en métro (!) nous est refusée par W. Decourty. Une action de protestation aura lieu ce jeudi 28 février à 17h30 devant la maison communale d’Ixelles. Une conférence de presse prendra place au même moment dans le café L’amour Fou (Place Fernand Coq)…

    Nous sommes résolus à exprimer notre opinion, même si cela implique que nous devions emprunter le trottoir pour marcher jusqu’à l’ambassade iranienne. Nous invitons la presse à notre manifestation, qui sera unique par la partie partiellement souterraine de l’itinéraire qui nous est imposé. Aidez-nous à faire connaître cette situation scandaleuse à un plus large public !

    • Azar Behrouz, plateforme de femmes iraniennes Karzar
    • Anja Deschoemacker, commission femmes du Mouvement pour une Alternative Socialiste, MAS-LSP
    • Laure Miege, travail femmes des Etudiants de Gauche Actifs
    • Nadine Mertens, membre du Comité exécutif du Setca Bruxelles-Hal-Vilvorde
    • Ivy Meert, femmes du Comité pour une Autre politique (CAP)

    A: Mr. Decourty, bourgmestre d’Ixelles

    STOP à l’interdiction de manifester! Les femmes iraniennes doivent avoir le droit de manifester jusqu’à l’ambassade d’Iran!

    Cher M. Decourty,

    Nous avons entendu avec indignation qu’en qualité de Bourgmestre d’Ixelles, vous avez interdit aux femmes iraniennes de manifester jusqu’à l’ambassade d’Iran. Et cela pour la journée internationale des femmes – un jour qui a notamment été mis en place par les précurseurs de votre parti. C’est vos prédécesseurs, clairement plus socialistes que vous, qui ont créé ce jour de protestation international pour les droits des femmes !

    Mais les femmes iraniennes qui n’ont pas le droit de manifester dans leur pays d’origine, ni le droit de sortir de la maison sans la permission du père ou du mari, se voient refusées leur droit de faire entendre leurs voix par vous !

    Je vous demande de revoir cette décision et de ne pas donner au régime iranien l’argument que les droits des femmes sont refusés même dans un pays européen. En effet, le régime réactionnaire en Iran débordera de joie en apprenant votre décision anticonstitutionnelle et totalement antidémocratique. Au lieu de montrer au mouvement des femmes en Iran qu’elles ont le soutien de la communauté internationale pour leur lutte, vous leur donnez un signal totalement contraire.

    Je signe en ayant un espoir amoindri de votre raison et de votre sens démocratique,

  • Nigeria. Libération des militants étudiants ! Mais la bataille continue

    Deux des dirigeants étudiants emprisonnés de l’université de Obafemi Awolowo dans l’Etat d’Ile-Ife ont été libérés le 21 février après que leurs caution aient été payée. Olatunde Dairo, le responsable des relations publiques du syndicat étudiant et Taiwo Hassan Soweto, coordinateur de la campagne pour les droits à l’éducation, tous deux membres du Mouvement démocratique socialiste, avaient été arrêtés et emprisonnés depuis le 11 Octobre 2007.

    Cependant ce n’est pas « uhuru » (une victoire totale) car le président du syndicat étudiant, Akinola Saburi, est toujours en détention. L’audition sur la variation des conditions de caution strictes qui lui avait été accordé le 30 novembre n’a pas eu lieu le 12 février comme prévu à cause d’une grève des travailleurs du tribunal ! Ses avocats ont dit qu’une nouvelle date d’audition serait décidée la semaine prochaine. Saburi a té arrêté et détenu depuis le 31 Juillet 2007.

    Les dirigeants étudiants ont été incarcérés pour avoir mené des luttes pour améliorer les conditions de vie et d’études et pour le droit à un syndicalisme indépendant. Alors que nous célébrons la liberté conditionnelle de Soweto et Dairo, nous ne pouvons nous reposer sur nos lauriers jusqu’à ce que « le dernier homme debout », Saburi, soit libéré et toutes les fausses charges abandonnées.

    Pour mémoire, une caution avait déjà été fixée le 14 Décembre, mais elle était trop importante pour pouvoir être payée. On leur a demandé de produire des professeurs de l’université comme garants. Aucun professeur ne risquer d’ accepter d’être garant par peur de représailles de la part de la direction despotique de l’université ! Les avocats, aussi membres du DSM, on donc fait une demande pour modifier la caution.

    Il faut aussi se rappeler que la lutte pour la libération des étudiants emprisonnés a donné lieu à une série de manifestations localement et internationalement. Le magistrat lui même a parlé, lors d’une audience, des rapports sur les manifestations lus dans la presse et sur internet.

    Par conséquent nous remercions tous les camarades et les sections du Comité pour une internationale ouvrière, ainsi que tous les individus et groupes qui sont intervenus dans la campagne pour leur libération, par leurs dons ou par les manifestations. Nous avons aussi apprécié les lettres qui leur ont été envoyée et qui les ont aidé à garder le moral.

    Nous exigeons la libération immédiate de Saburi et l’abandon des fausses charges et la réintégration des 14 étudiants politiquement persécutés qui ont injustement été suspendus de l’université Obafemi Awolowo, de l’Etat d’Ile-Ife.

    Le CIO au Nigeria : socialistnigeria.org

  • 8 mars : Ce n’est pas au corps des femmes de payer le coût de l’enseignement !

    Au fur et à mesure de l’avancée de la politique néolibérale actuelle et de ses outils médiatiques, la situation des étudiantes se détériore à grande échelle. Certaines d’entre elles se voient obligées de trouver des solutions extrêmes pour financer leurs études, au-delà des pressions morales exercées sur elles.

    Elodie, EGA-Liège

    Dans l’enseignement en France, alors que les dépenses obligatoires ont augmenté de 23%, les bourses universitaires n’ont augmenté que de 10%. Droits d’inscription, livres, transports et logements, instruments basiques de l’accession à l’enseignement, deviennent inaccessibles à une grande partie des étudiants. Cette situation voit en effet plus de 100 000 étudiants vivre sous le seuil de pauvreté. (Il est toutefois intéressant de constater que tous ces chiffres ressortent d’études françaises. Il est assez éloquent qu’aucun chiffre ne soit disponible pour la Belgique !)

    Il n’est donc pas étonnant de retrouver ce chiffre très éloquent que celui d’une enquête de l’OVE (l’Observatoire de la Vie Etudiante) qui rapporte que, en France, 40 000 étudiant(e)s se voient obligés de recourir à la prostitution pour le financement de leurs études.

    Les étudiantes sont les plus vulnérables. L’industrie du sexe, la plus pécuniairement attrayante, leur ouvre grand les portes sous toutes ses formes. Trop d’étudiantes en sont réduit à transformer en la vente de leur corps dans des bars à hôtesses, des agences d’Escort-girl, par annonces sur internet, en posant pour des photos pornographiques ou des webcam, en faisant le ménage en sous-vêtements, ou simplement en faisant le trottoir des grandes villes.

    Cette flambée des prix dans le domaine étudiant n’est pas le seul problème que nous rencontrons. L’oppression de la femme n’épargne pas les étudiantes.

    Victimes de la médiatisation à outrance basée sur l’utilisation du corps des femmes en tant qu’objet, elles se sentent ancrées dans un système de concurrence et se sentent obligées de répondre à certaines normes intégrées dans le système de représentation que la société capitaliste impose et entretient tous les jours à travers différentes méthodes.

    Elles sont confrontées à une pression morale incessante qui mène à l’achat, entre autres, de cosmétiques fort couteux, et à une obsession d’une « plastique » imposée par le système. Pas étonnant dès lors, que certains problèmes de santé (dont des problèmes alimentaires) pèsent chaque jour sur elles. La femme se voit donc intégrée dans la société par son physique. Trop souvent, les modèles imposés de réussite féminine jouent sur ce niveau !

    Tout cela répond à la logique du système capitaliste et de la politique néolibérale actuelle. La femme ne pourra retrouver son effective dignité que dans l’anéantissement de ce système concurrentiel inégal et déterminé par les grands de ce monde. Une société socialiste doit être la réponse !

  • Pakistan : Malgré l’appel au changement, aucune grande modification en vue

    Comme prévu, le parti du président Musharraf a subi une défaite lors des élections pakistanaises. L’appel au changement a amené certains à voter pour les partis d’opposition – le PPP (parti du peuple pakistanais, mené par Asif Ali Zardari, le veuf de Benazir Bhutto) et le PML-N (la Ligue musulmane, menée par Nawaz Sharif) – et d’autres à s’abstenir. S’il est clair qu’on a voté contre Musharraf, on ne peut pas dire que la confiance soit grande envers les partis d’opposition.

    Article de Geert Cool

    Les chiffres

    Lors des élections de ce lundi 18 février, 272 sièges ont été directement attribués dans les circonscriptions électorales, 70 autres sièges sont réservés à des femmes et à des minorités religieuses et seront attribués proportionnellement aux résultats des partis. Au total, le parlement pakistanais comptera donc 342 sièges.

    Les élections ayant été reportées à certains endroits, il n’y a provisoirement que 337 sièges : 113 pour le PPP, 84 pour le PML-N de Sharif et 55 pour le parti de Musharraf, le PML-Q. Le parti nationaliste local MQM, allié fidèle de Musharraf, obtient 25 sièges à Karachi. Les fondamentalistes musulmans du MMA ont été quasiment évincés dans la province frontalière du nord-ouest. Ils ont subi une lourde défaite, après une période de participation au gouvernement de coalition provincial. Nationalement, Le MMA n’obtient plus que 7 sièges, contre 63 en 2002. Le fait que les islamistes soient rayés de la carte n’a pas fait la « une » des médias occidentaux mais a assurément une grande importance.

    Les chiffres indiquent que, avec 197 sièges, une majorité PPP et PML-N serait possible. Cependant, ils devront s’allier avec d’autres partenaires s’ils veulent atteindre la majorité des 2/3 requise pour pouvoir modifier la Constitution.

    Les médias occidentaux se sont surtout focalisés sur le rôle du PPP et avaient prévu une grande victoire pour le parti de Benazir Bhutto. Le PPP a, en effet, obtenu un bon score (avec un gain de 32 sièges) mais c’est surtout le score important du 2e parti, le PML-N, qui est frappant, alors qu’il était moins attendu par les médias. Le PML-N passe de 19 à 84 sièges (avec de bons scores surtout dans la province du Punjab). Ce n’est pas étonnant : le chef du parti, Nawaz Sharif, s’était résolument élevé contre Musharraf et est ainsi apparu, encore plus que le PPP, comme une figure d’opposition.

    La direction du PPP avait, quant-à-elle, communiqué le fait qu’un gouvernement de coalition avec le parti de Musharraf ne constituerait pas un problème fondamental pour elle. Un tel partage du pouvoir était le point de départ du PPP avant l’assassinat de Bhutto mais le scénario n’a pas été changé après sa mort.

    En outre, dans les cercles politiques pakistanais, une grande importance est accordée au rôle d’un chef de parti, considéré comme le centre de ce parti. La disparition de Benazir Bhutto a, de ce fait, très certainement eu un effet négatif pour le PPP.

    A la suite des résultats, le PPP a modifié son attitude en annonçant vouloir former des coalitions avec d’autres partis d’opposition. Il veut réaliser de telles coalitions dans les 4 provinces et au niveau national. Le leader du parti, Zardari, a clairement mentionné le PLM-N comme un partenaire de coalition potentiel. Il a, en même temps, fait savoir qu’il ne songeait aucunement à une coalition avec le PLM-Q.

    L’attitude à adopter envers le président Musharraf sera certainement un point important de la discussion. En effet, Nawaz Sharif veut la démission de Musharraf, tandis que le PPP serait satisfait si le président ne remplissait plus qu’une fonction purement protocolaire, avec transmission du pouvoir au 1er ministre.

    La réalité derrière les chiffres

    Le faible taux de participation est le reflet du manque de confiance dans l’establishment politique. Il y a une immense insatisfaction, encore activée par les fortes augmentations des prix, ces derniers mois : la nourriture est devenue très chère. Aucun parti traditionnel n’a apporté de réponse à cela.

    Ces élections sont une défaite pour Musharraf mais pas encore une victoire pour les partis d’opposition qui vont peut-être former un gouvernement. Dans quelle mesure ces partis sont-ils prêts à rompre avec la politique néolibérale de Musharraf ?

    La seule raison pour laquelle Musharraf a renversé Nawaz Sharif par un coup d’Etat en 1999 était que celui-ci avait tenté de s’approprier le pouvoir sur l’armée. Il n’y avait pas de différence politique fondamentale, c’était uniquement une question de pouvoir.

    Quant au PPP, malgré son passé de force populaire de gauche et ses discours sur une « économie socialiste », il a aussi un programme néolibéral. Cela a été démontré à l’époque où Bhutto était au pouvoir, fin des années ’80 et dans les années ’90. L’insatisfaction est profonde et les élections démontrent la victoire de celui qui s’est exprimé le plus fort contre Musharraf. Les partis qui avaient localement participé à des coalitions provinciales ont aussi été sanctionnés. C’est, entre autres, le cas des islamistes dans la province frontalière du nord-ouest.

    Il n’y a pas de doute, la fraude et la corruption n’ont pas été absentes de ces élections. Une majorité des sièges avait été fixée au préalable, comme cela avait déjà été le cas en 2002 et, lors d’élections précédentes. Cela a déjà conduit bien des fois à des réactions et des bagarres. A la fin des années ‘70, la fraude électorale et la réaction contre celle-ci ont mené à la chute définitive du père de Bénazir Bhutto, Zulfikar Ali Bhutto (qui avait déjà perdu son soutien parce qu’il n’avait pas rompu avec le capitalisme).

    Mais, indépendamment de la fraude, le résultat général est assurément une expression relativement correcte du sentiment qui prédomine au Pakistan : un sentiment de dégoût envers Musharraf et sa clique.

    Et après ?

    La question centrale n’est pas tellement de savoir quel gouvernement de coalition sera formé et qui y prendra quelle fonction. Les mêmes grandes et puissantes familles qui contrôlent l’élite politique depuis déjà bien des années continueront de le faire.

    La question principale est de savoir quelle sera l’attitude de l’armée. Celle-ci contrôle une grande partie des services publics mais aussi un bon nombre d’entreprises privées du pays. De plus, l’armée est partout présente, dans la vie sociale et dans la rue. Il est peu probable celle-ci s’accroche au président Musharraf qui en a récemment démissionné pour pouvoir continuer à siéger en tant que président civil.

    L’armée essayera probablement d’arriver à un compromis avec le nouveau gouvernement. Si jamais celui-ci tentait de limiter le pouvoir de l’armée, il ne serait pas exclu qu’elle se remette à jouer un rôle politique plus actif comme en 1999, lorsque Musharraf, alors chef militaire, a, avec le soutien de l’armée, fomenté un coup d’Etat. Il est probable que l’armée admette que Musharraf soit sacrifié en tant que symbole et qu’il doive quitter la scène, mais la restriction de la puissance militaire ne pourra beaucoup déborder du terrain symbolique.

    Une autre question est de savoir quelle sera l’attitude des USA et ce que deviendra le soutien du Pakistan à la guerre américaine contre le terrorisme. Bush a déjà déclaré qu’il continuerait, avec Musharraf ou n’importe quel gouvernement démocratique.

    Cela ne sera assurément pas difficile : les leaders du PPP ont déjà tenté bien des fois de « se mettre bien » avec les USA et affirment vouloir mener le combat contre le fondamentalisme musulman. Cependant, la population pakistanaise éprouve une grande aversion envers l’impérialisme américain, notamment suite à la guerre en Afghanistan et en Irak. Si le nouveau gouvernement veut quelque peu conserver le fragile soutien de la population, il devra en tenir compte. D’autre part, la pression internationale venant des USA risque d’être très forte.

    Le nouveau gouvernement va se trouver devant le même dilemme que Musharraf : se laisser utiliser en tant qu’allié des USA dans la guerre contre le terrorisme (malgré l’aversion que la population éprouve pour cela) ou alors se déclarer « isolé », avec les sanctions qui pourraient en découler et le risque d’une confrontation avec l’armée pakistanaise qui pourrait profiter d’un affaiblissement international du gouvernement pour reprendre les rênes en main. En résumé, tous les ingrédients sont réunis pour aller vers une période d’instabilité et les partis traditionnels n’auront pas de solution à apporter.

    Quels que soient les choix des partis établis, la clé du changement ne se trouve pas chez eux. Les ouvriers et les paysans pauvres pakistanais doivent s’organiser dans leur opposition contre le pouvoir néolibéral, qui est défendu par tous les partis traditionnels et aussi par l’armée.

    Il est indispensable de rétablir à nouveau la tradition des organisations de travailleurs, sous la forme de syndicats et au niveau politique. La population pakistanaise a une énorme tradition de lutte pour le changement. Le mouvement révolutionnaire de 68-69 a totalement renversé la scène politique, avec un fort appel pour un changement socialiste. Aujourd’hui, l’appel au changement ne s’exprime peut-être pas aussi fort en termes d’alternative socialiste, mais l’insatisfaction à l’encontre des effets du capitalisme est grande.

    Le Socialist Movement Pakistan, notre organisation-sœur au Pakistan, y travaille, en construisant une force socialiste active dans la création de syndicats combatifs et la formation de cadres politiques susceptibles d’intervenir dans des situations de changement rapide, en présentant un programme socialiste conséquent.

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  • Le capitalisme : un système en crise

    Le mois de janvier a de nouveau vu un krach boursier partout dans le monde, faisant suite à l’explosion de la bulle immobilière en août 2007. La conséquence la plus directe de cela a été entre autres la perte d’un million de logements et de dizaines de milliers d’emplois aux Etats-Unis, les familles les plus durement touchées par la crise étant les plus pauvres. Comment cela est-il explicable ?

    Baptiste, EGA-LLN

    La situation actuelle est caractérisée par une crise financière et un ralentissement économique, situation dans laquelle la spéculation immobilière tient un rôle clef. De fait, depuis plusieurs années, les prêts hypothécaires bon marché ont créé une hausse du prix du logement. L’impact dans le reste de l’économie est considérable, car du même coup les propriétaires de logements voient leurs capitaux gonfler, ce qui leur permet un pouvoir d’achat additionnel, permettant une hausse de la consommation, cœur de l’économie américaine; et surtout le marché immobilier est devenu une bulle spéculative du fait de la hausse du prix des logements.

    Ainsi le marché immobilier, comme pour toute bulle spéculative, nécessite un afflux constant de liquidités investies pour maintenir un marché haussier et pour que se prolonge la croissance du marché immobilier américain, devenu un élément clef dans la finance et l’économie américaine. Pour ce faire, l’emprunt hypothécaire est favorisé et les banques mettent à disposition, en plus des prêts hypothécaires « classiques », des hypothèques à haut risques (subprimes): il s’agit d’emprunts destiné aux plus pauvres, qui n’ont pas les moyens de s’offrir un logement, et dont le taux d’intérêt est variable : très faible au départ, il augmente après 2 ans. A nouveau ce système de crédit ne fonctionne qui si il y a une hausse continuelle du prix du logement ; mais surtout il y a le danger de non-remboursement des emprunts, les emprunteurs étant par définition peu solvables : de cela, les banques en ont conscience, et c’est pourquoi elles tentent de dissiper ce risque en cherchant un refinancement par des investisseurs, c’est-à-dire en revendant les emprunts entrecoupés en packages complexes. Les banques, en voulant sécuriser leurs fonds propres, ne font que dissiper et étendre les risques à l’ensemble de la finance et du crédit et le risque de contamination par des prêts non solvables est généralisé ; d’autant plus que ceux-ci, ayant été entrecoupés, ne sont plus identifiables !

    Aujourd’hui la crise des subprimes déborde sur toutes les finances et pour tous les emprunteurs, et c’est toute une superstructure construite sur le même type de fondation qui menace de s’écrouler ; une situation dans laquelle les classes moyennes, travailleurs et pauvres se retrouvent les plus vulnérables : ainsi, la plus grande hausse du taux de chômage a été enregistrée pour le mois de janvier, depuis la crise qui a fait suite au 9 septembre 2001.

    La réserve fédérale américaine (Fed) et le gouvernement ont envisagé plusieurs « remèdes » à la crise :

    • Une baisse de 1,25% du taux d’intérêt directeur en 9 jours par la banque fédérale américaine, ramenant celui-ci à 3 %. Le but de cette manœuvre est de pallier à la crise du crédit en en mettant plus à disposition, mais cela ne représente aucunement une solution à la volatilité de la bourse. Que du contraire, l’augmentation des liquidités dans l’économie entraine l’inflation, qui mêlée au pouvoir d’achat stagnant de la population ne ferait qu’aggraver la baisse de la consommation et le ralentissement économique.
    • Une mesure contradictoire serait le contrôle par la banque fédérale sur les activités des banques et une hausse des restrictions aux mauvais emprunteurs ; ce qui va à l’encontre de la logique décrite précédemment, et ne ferait que décaler la crise d’un point de vue temporel.
    • Une augmentation de l’exportation est très peu plausible. De fait, les 30 dernières années on a vu une désindustrialisation qui fait que l’exportation ne représente plus aujourd’hui que 12% de PIB aux USA. De plus, si la crise économique s’étend à travers tous les secteurs des finances, elle ne connaît pas non plus de frontière géographique, et les USA se retrouvent de fait sans marché où vendre ses produits potentiels. De plus, pour stimuler l’exportation (cette tendance est observée actuellement pour rectifier la balance commerciale), le dollar est dévalué, ce qui n’arrange pas les banques centrales asiatiques. Puisque les fonds de celles-ci sont en dollars, elles enregistrent des pertes. Si les banques centrales asiatiques revendent leurs dollars, celui-ci connaitrait une dévaluation jamais enregistrée et toute l’économie mondiale se retrouverait par Terre.
    • Une solution quasi ironique est le plan de Bush, approuvé grandement par les démocrates, qui met à disposition 140 milliards $ à disposition des entreprises et des classes moyennes pour tenter de stimuler la consommation. L’effet direct de cette mesure a été une chute de plus de 5% des principaux indices dans les bourses, leurs boursicoteurs paniquant sur la santé des finances !

    On le voit clairement, de toutes les « solutions » envisagées, aucune n’est concluante, et tous les signes poussent à croire que la crise risque fort de s’étaler sur une période de plus longue durée, les classes dirigeantes ne trouvant de solution à la crise d’un système pourrissant.

    La présente crise marque la fin de la récente phase de mondialisation, laquelle fut dominée par une spéculation financière sauvage. Elle fut nourrie par une vague de crédit à bon marché, et cette orgie de spéculation à grand-crédit et de profits atteint ses limites et résulte aujourd’hui en une crise du crédit qui s’avère très menaçante. La dette massive du crédit est un fardeau qui ralentit toute l’économie mondiale.

    Cette crise est loin d’être la première du capitalisme mais est probablement la plus importante depuis la fin de la 2e guerre mondiale. Il ne faut pas attendre de solution des classes dirigeantes, qui sont partie inhérente de cette condamnation à l’aberration récurrente et à l’éternel retour à la crise ! Tout simplement parce qu’il n’y a pas de solutions fondamentales au sein du capitalisme, ce système doit être remplacé par une économie démocratiquement planifiée où le travail disponible est utilisé en fonction des besoins de la population et non pas en fonction des profits !

  • Kosova. Une indépendance sous la supervision de l’Europe. Un dangereux mirage ?

    La déclaration d’indépendance provoque des divisions au sein de l’Union Européenne ainsi que de la violence aux frontières du Kosovo. Pendant que l’ethnie albanaise kosovare faisait la fête avec des feux d’artifice dans les rues de Pristina, la capitale du Kosovo, les nationalistes serbes irrités arrosaient de pierres l’ambassade américaine à Belgrade. Ces deux événements étaient des réactions suscitées par la déclaration d’indépendance vis-à-vis de la Serbie du parlement kosovare le 17 février dernier.

    Article de Dave Carr, publié en anglais le 20 février.

    Le Kosova (ou Kosovo, comme les Serbes l’appellent) est le septième Etat indépendant à être formé depuis la dissolution de l’ancienne fédération de Yougoslavie en 1991. Mais, bien que 90% des kosovares appartiennent à l’ethnie albanaise, il existe au Kosova une importante minorité serbe d’un peu plus de 5% de la population, principalement concentrée dans une enclave, au nord, et qui reste fermement opposée à la séparation de la Serbie.

    Bien que la Serbie ait déclaré qu’elle ne lancerait pas une guerre pour empêcher la sécession, la violence ayant pour cible les troupes de l’OTAN de la part de certains membres de la minorité serbe peut s’intensifier dans l’enclave tout en menaçant de s’étendre à un conflit plus large dans la région.

    Le 19 février, des Serbes masqués ont incendié des postes frontières qui séparent la Serbie du Kosova. Plus tard, les forces de l’OTAN ont fermé les routes menant aux points de contrôle des frontières.

    En outre, le même jour, près d’un millier d’hommes – dont certains sont suspectés d’appartenir au ministère serbe de la police intérieure – ont parcouru le nord du Kosova, où la plupart des serbes kosovares vivent, augmentant ainsi la crainte que le nord soit divisé en deux le long de la rivière Ibar.

    Depuis la guerre menée par l’OTAN contre la Serbie en 1999 (précédée de trois ans de guerre civile et de conflits ethniques entre le régime nationaliste serbe de Slobodan Milosevic et l’armée de libération du Kosova – UÇK – soutenue par la population albanaise, l’ethnie majoritaire), le Kosova a été administré par les Nations Unies, tandis que les troupes de l’OTAN maintiennent l’ordre.

    Les entretiens finaux sur le statut du Kosova ont commencé en 2006, mais ils n’ont pas permis d’aboutir à un accord entre la Serbie et le Kosova, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la France indiquant toutefois qu’ils reconnaitraient un Kosova indépendant. En novembre 2007, les élections parlementaires ont permis à Hashim Thaci, ancien commandant de l’UÇK, de devenir premier ministre, suivi, trois mois plus tard, par la déclaration d’indépendance coordonnée par les puissances occidentales.

    Mais la déclaration d’indépendance a des répercussions politiques, non seulement en Serbie – dont le gouvernement a appelé à un rassemblement de masse pour protester tout en menaçant d’appliquer des sanctions économiques et diplomatiques – mais également dans le monde entier.

    La Russie et la Chine se sont énergiquement opposées à l’indépendance kosovare. La Russie a même essayé, sans succès, de faire voter par le Conseil de sécurité de l’ONU une résolution affirmant que la déclaration d’indépendance du Kosova est « nulle et vide ».

    La Russie a des liens historiques avec la Serbie et veut éviter de voir une nouvelle érosion de son influence déjà amoindrie dans les Balkans, surtout pour un Etat pro-américain. Elle craint également que la déclaration d’indépendance du Kosova puisse représenter un précédent pour les mouvements sécessionnistes de certains territoires de la Fédération russe.

    La Russie a tout particulièrement peur que le Kosova stimule les séparatistes de Tchétchénie, contre lesquels la Russie a mené deux guerres sanglantes.

    Le Président russe Vladimir Poutine a notamment menacé, en représailles, de reconnaitre les régions dissidentes de la pro-occidentale Géorgie : l’Ossétie du Sud et l’Abkhazie, soutenues par la Russie. Il est également possible que les Serbes de l’ancienne République yougoslave de Bosnie-Herzégovine puissent réclamer un référendum sur l’option séparatiste.

    L’Union européenne, qui envoie 2.000 policiers et fonctionnaires administratifs pour surveiller la transition du Kosova vers l’indépendance, est divisée au sujet de la reconnaissance : la Chypre, la Grèce, la Roumanie, la Slovaquie et l’Espagne s’y sont opposés, déclarant que cela stimulerait les mouvements séparatistes.

    Cependant, avec le chômage et la pauvreté de masse qui sévit au Kosova, les puissances impérialistes occidentales craignent que, sans accorder une certaine indépendance, une révolte ou une guerre civile ne se développe contre le contrôle du pays par l’étranger. Elles préfèrent donc donner plus de pouvoir à leurs vassaux de l’élite politique du Kosova tout en gardant dans leurs mains le contrôle final. Le « nouveau Kosova » n’est pas un véritable Etat souverain indépendant, mais un « semi-protectorat » des puissances occidentales.

    L’Union Européenne va diriger le territoire tel l’Occident l’a déjà fait, tout comme pour la Bosnie, au cours de ces 10 dernières années, y compris en donnant un pouvoir gigantesque à « Bureau Civil International » qui aura le pouvoir d’abroger des lois et de démettre des fonctionnaires kosovares (Guardian, Londres, 20 février 2008). Le Kosova est d’une importance géostratégique essentielle pour l’impérialisme, en particulier dans le cadre de l’opposition face à la Russie. Les Etats-Unis ont déjà une importante base militaire dans le territoire.

    L’Alternative socialiste

    Sur base capitaliste, le sous-développement du Kosova, l’exploitation et la domination par des sociétés multinationales et des élites albanaises corrompues, l’extrême pauvreté et le chômage ne peuvent être surmontés. Un Kosova capitaliste indépendant ne pourrait développer ni une industrie nationale forte, ni une réelle démocratie, ni une vraie indépendance.

    Pour que le Kosova puisse devenir démocratique et économiquement viable, une transformation socialiste de la société est nécessaire, basée sur la propriété publique des secteurs primordiaux de l’économie sous le contrôle et la gestion des travailleurs. Une planification économique démocratique serait également nécessaire afin de satisfaire les besoins de la société.

    Un Kosova socialiste indépendant garantirait tous les droits, notamment linguistiques et culturels, des minorités. Cela peut également impliquer l’autonomie pour la minorité serbe, si celle-ci le réclame.

    C’est seulement sur cette base que les craintes des minorités d’être opprimées dans un Kosova indépendant à dominance albanaise peuvent être surmontées et qu’une vraie unité puisse être réalisée.

    Ce serait un signal clair aux classes ouvrières des autres pays des Balkans qu’un Kosova socialiste indépendant veut surmonter le nationalisme dans cette région et cherche la coopération des peuples des Balkans.

    Un appel devrait être lancé aux masses des travailleurs et des paysans des populations de l’ex-Yougoslavie et de l’Albanie pour emprunter un chemin socialiste et pour mettre sur pied une fédération volontaire, démocratique et socialiste des pays des Balkans.


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  • Face à la crise économique: quelle place pour l’environnement?

    L’Union Européenne à entrepris un plan climatique afin de combattre le réchauffement de la Terre, avec des objectifs individuels pour chaque Etat. Globalement, il veut que, d’ici 2020, l’énergie européenne soit composée à 20% d’énergies renouvelables. Actuellement, il se trouve que ce pourcentage est de 2% en Belgique.

    Jarmo, EGA-Anvers

    En mars de l’année dernière, il avait déjà été précisé que, d’ici 2020, en Europe, 20% de l’énergie serait renouvelable et que les rejets de CO2 seraient diminués de 20%. Le 23 janvier 2008, ceci s’est changé en une liste de revendications différentes pour chaque pays. La Belgique doit passer de 2% d’énergie renouvelable à 13% et restreindre ses émissions de CO2 de 15%. D’après différents rapports, la Belgique est, parmi tous les Etats membres, le pays le plus arriéré en ce qui concerne l’environnement. Michel Dardenne a rapidement souligné que le problème était surtout en Flandre et à Bruxelles et que la Wallonie est la seule région qui voit une diminution des émissions de CO2. Il a évidemment bien oublié de mentionner que cela est dû à la fermeture de beaucoup d’usines ces dernières années en Wallonie et pas à une politique environnementale efficace du gouvernement wallon !

    On pourrait affirmer que les objectifs fixés par la Commission Européenne pour le Climat arrivent bien trop tard et ne sont pas assez poussés. Ils ne répondent même pas aux propositions annoncées récemment à Bali. Aucun doute ne subsiste quant à savoir qui va supporter les frais d’une énergie plus verte: la population active. L’argument affirmant que ‘tout le monde doit contribuer à l’effort’ sera exploité afin que les travailleurs et leurs familles doivent encore payer plus pour l’énergie verte. Le développement de la crise économique réduit les possibilités que les capitalistes entreprennent des mesures même limitées en faveur de la planète car seul le maintien de leurs profits exorbitants compte.

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