Category: Non-marchand

  • Manifestation : Le Non-marchand en colère

    Ce 19 juin, quelque 3.000 travailleurs du secteur non-marchand sont descendu dans la rue pour avertir les gouvernements fédéral et régionaux. Ils exigent plus de personnel afin de fournir des soins de haute qualité, s'opposent à la commercialisation des soins et refusent les économies opérées dans le secteur. Ces principes sont diamétralement opposés à la politique mise en œuvre par les différents gouvernements. Par conséquent, cette action n'est qu'un avertissement. Si on ne tient pas compte de l'avis des syndicats, alors l'automne connaitra de plus grandes actions du secteur.

  • Soins de santé : Quelle réduction du temps de travail souhaitons-nous ?

    céline_grèveL’heure est à la lutte dans les hôpitaux de Paris. Ce 21 et 28 mai, 24,34% du personnel de l’AP-HP (Assistance Publique des Hôpitaux de Paris) s’est rassemblé lors d’une Assemblée générale. Les organisations syndicales CGT, SUD, FO, CFDT, CFE-CGC, CFTC et Unsa ont appelé à une nouvelle grève massive ce jeudi 11 juin de “tous les hôpitaux d’Ile-de-France?» et pas seulement ceux de l’AP-HP. «?Nous invitons l’ensemble de la fonction publique hospitalière à nous rejoindre?» a déclaré Jean-Marc Devauchelle, secrétaire général de SUD Santé.

    Par Céline (Namur)

    En effet, Martin Hirsch (directeur de l’AP-HP) veut mettre en œuvre des réformes touchant quelque 75.000 agents (notamment des infirmiers, des aides soignants, des brancardiers,…) dans 38 hôpitaux. Si rien n’est fait, ces changements déboucheront sur une dégradation accrue des conditions de travail de l’ensemble du personnel médical. L’entrée en vigueur de ces nouvelles mesures autoritaires est prévue pour le 1er janvier 2016.

    Diminution du temps de travail rémunéré avec augmentation des cadences…

    Une partie de la réforme consiste à passer d’une journée de 7h36 à 7h20 voir 7h. Cet horaire de 7h de travail par jour n’irait pas de pair avec une diminution des tâches à réaliser, que du contraire. Il est prévu que les agents conservent la même quantité travail, mais qu’en plus les pauses ne soient plus comprises dans celui-ci. Cela implique que le personnel soignant – déjà surmené autant en charge physique qu’émotionnelle – doive produire plus, en moins de temps et pour le même salaire.

    Nous avons besoin d’une réduction du temps de travail, mais celle-ci doit se faire sous le contrôle des travailleurs et sans perte de salaire. Elle doit permettre des embauches compensatoires et une réduction des cadences pour contrer le rythme de travail effréné auquel sont contraints les travailleurs des soins de santé, mais de l’ensemble des secteurs plus généralement.

    Diminution ou suppression des RTT (réductions du temps de travail)

    La RTT est un système permettant aux heures supplémentaires d’être comptabilisées et récupérées par la suite en jours de congé. Cette réforme prévoit de limiter, voir supprimer l’accès aux RTT !

    Le directeur de l’AP-HP estime, avec raison, que les soignants font trop d’heures supplémentaires. Mais plutôt que de remédier au manque de temps et personnel dans le secteur hospitalier, il souhaite ne plus rémunérer les heures supplémentaires pourtant indispensables dans l’état actuel des choses pour offrir un service décent aux patients. La réserve des travailleurs pour la RTT (sur leur Compte Épargne Temps) est estimée aujourd’hui à 74,7 millions d’euros. En la supprimant, une belle économie sera réalisée sur le dos des bénéficiaires et surtout des travailleurs.

    Avec cette mesure, Martin Hirsch – et les actionnaires derrière lui – espère faire une économie de 20 millions d’euros chaque année. Il justifie cette attaque en argüant que cela évitera la suppression de 4000 postes. Il a d’ailleurs déclaré: “le risque si on ne la fait pas (la réforme), c’est qu’on va devoir supprimer des emplois.”

    Les hôpitaux gérés au bénéfice des actionnaires

    L’AP-HP, avec 38 hôpitaux sur Paris, constitue à lui seul 10% de la fonction publique hospitalière française. Les infirmiers, les soignants, ouvriers, administratifs et techniques travaillant dans les hôpitaux de l’AP-HP devront travailler plus pour le même salaire sur un temps de travail réduit et n’auront plus le droit de récupérer leurs heures supplémentaires par des jours de RTT.

    Ceci n’est qu’un fragment de la spirale infernale qui consiste à tuer les services publics à coup de réformes antisociales, qui vont s’étendre encore et encore, et tout ça, dans le but de mettre plus d’argent dans les poches des grandes entreprises. Force est de constater que Martin Hirsch n’a rien retenu de son passage à Emmaüs. Les hôpitaux sont de plus en plus gérés comme des entreprises comme les autres. Cela s’illustre par le vocable utilisé : un patient n’est ainsi plus appelé un “patient”, mais bien un “client”. Il illustre la gestion néolibérale du secteur sur le dos des travailleurs et des usagers.

    Pour que les soins de santé soient un véritable service public

    Nous voulons apporter notre soutien aux travailleurs de ces hôpitaux et à leurs délégations syndicales qui appellent à une grève ce jeudi 11 juin. Nous savons tous que ce n’est pas le secteur le plus facile à l’émergence de mouvements de masses, car le personnel tient la vie de personnes entre leurs mains. Toutefois, au rythme où sont menées les réformes néolibérales, le détricotemant des soins de santé sera bientôt tel que les malades non nantis n’auront plus rien à en attendre. Travailleurs et bénéficiaires : même combat !

    Partout ailleurs dans le monde, des luttes similaires ou bien plus importantes encore bourgeonnent, et tout ça, dans le même but: ne pas se laisser écraser par le capitalisme. En Belgique, le rendez-vous est fixé le vendredi 19 juin (9h30 – gare de Bruxelles centrale) pour une manifestation de l’ensemble du secteur non marchand.

    L’importance d’une organisation solide avec des revendications claires pour mener ce combat (si pas la guerre) est primordiale! Avec l’effet de masse, nous pouvons gagner toutes les batailles, nous devons rester solidaires, pas seulement dans notre pays, mais aussi au niveau international. Notre force nous la tirons de notre nombre et avec un seul ennemi commun, le système capitaliste et le mode de pensée néolibéral à la faveur des 1% les plus riches. Organisé et avec un programme juste, la victoire ne peut être qu’écrasante.

  • Manifestation du secteur Non-Marchand : NON à l’austérité !

    Ce 27 mars, tout juste 2 mois avant les élections de mai 2014, le secteur non-marchand francophone a manifesté en front commun syndical dans les rues de Bruxelles. Plus de 3.000 militants, délégués et travailleurs du secteur ont défilé pour prévenir les politiques et pousser leur cahier de revendications : le non-marchand n’a pas à payer pour la crise économique !

    Secteurs socio-culturel et de l’aide à la jeunesse, travailleurs des hôpitaux, des maisons de repos, entreprises de travail adapté, SETCa, CNE, CGSLB, etc. le non-marchand uni manifestait de manière solidaire pour défendre un secteur qui se prend – à l’instar du reste de la société – une crise économique en pleine gueule.

    La question centrale est la suivante : comment financer les activités et les emplois d’un secteur central pour les services ? Dans toutes les prises de parole, une conclusion s’imposait : les coupes budgétaires que subit le secteur illustrent une nouvelle fois que les services sociaux ne sont pas la priorité des politiques au pouvoir. Dans le Plan Marshal 2022, par exemple, le secteur n’est pas intégré aux objectifs. Cette absence illustre l’importance toute relative donnée par les partis traditionnels au non-marchand et aux revendications des travailleurs… De manière générale le cahier de revendications du secteur veut appuyer le fait que le non-marchand est un vecteur d’épanouissement social et de démocratie et qu’il doit être considéré pour la plus-value sociale qu’il apporte. Le secteur lutte donc contre la commercialisation des ces activités.

    A côté de ces revendications générales importantes, la manifestation voulait pointer de manière combattive certaines dérives très concrètes. Avec la nouvelle réforme de l’Etat et la redistribution des compétences, les financements ne sont plus garantis. Par exemple, les emplois ACS ou APE, très utilisés dans le secteur, n’ont pas de garantie quant à leur financement futur par le nouveau pouvoir compétent suite à leur régionalisation. (voir notre article précédent). Pour les maisons de jeunes par exemple, on parle de l’impossibilité de financer un tiers des emplois.

    Idem pour les hôpitaux, avec le désengagement du fédéral, le financement ne va pas suivre et les travailleurs s’attendent à une suppression de lits. Avec la logique compétitive qui s’impose partout comme un dogme, on parle également d’un financement des urgences selon le nombre de patients traités, ce qui va inévitablement pousser à une détérioration du service afin de traiter toujours plus de dossiers. Cette logique détériore le service et exacerbe la compétition entre les prestataires pour s’octroyer le plus de financement. Nous voyons d’ailleurs cette logique à l’œuvre dans le secteur socio-culturel. Face aux pénuries de financement, les politiques pompent dans un secteur pour le réinjecter dans un autre, comme ils le font en ressortant une série de détachés pédagogiques du socio-culturel. La conséquence est que toute une série de projets sociaux vont disparaître.

    Une délégation a rencontré 4 représentants des partis traditionnels (PS, CDH, Ecolo et MR). Face aux revendications syndicales, ils ont dû surfer entre promesses et compréhension, campagne électorale oblige. Il est important de ne pas se laisser endormir par la surenchère de promesses électorales. La manifestation de jeudi dernier est importante parce que nous sommes convaincus que seule la lutte organisée des travailleurs sera capable d’imposer leurs revendications. Cela fait des années que le secteur attend une revalorisation salariale et une indexation des budgets. Comment, alors que les perspectives économiques se détériorent, faire confiance aux partis traditionnels pour inverser une tendance qu’ils ont eux-mêmes initiée dans la dernière période ?

    Maison de repos, secteur handicapé, service d’aide à la jeunesse,… les coupes budgétaires vont avoir des conséquences dramatiques pour l’aide aux plus vulnérables. Les manifestants ont poussé ce message : quel type de société voulons-nous finalement?

    Une oratrice a notamment pris comme exemple la situation dramatique que connaissent certains pays européens, comme la Grèce ou l’Espagne. Les politiques européennes d’assainissements poussent inévitablement à une destruction des services de santé ou de sécurité sociale. Les manifestants se sont logiquement donnés rendez vous ce 4 avril pour la manifestation européenne contre l’austérité.

  • Manifestation du secteur non marchand 18 décembre 2013

    Le non marchand manifestait à Bruxelles en front commun. “Notre modèle de société n’est pas une société où tout est marchandisé, commercialisé, compétitif”. Ce jeudi le secteur socioculturel manifestait devant les bureaux des ministres de la Fédération Wallonie-Bruxelles pour protester contre notamment les conséquences pour le secteur de la sixième réforme de l’Etat.

    Le point est qu’avec les nouvelles mesures de régionalisation, les compétences sont transférées mais les budgets ne suivent pas forcément. Si bien qu’aujourd’hui le secteur voit venir les diminutions de budget pour l’emploi et par conséquent d’effectifs.

    Les emplois visés sont notamment les APE/ACS qui vont changer de pouvoirs subsidiaires avec le risque pour les associations de devoir payer les charges ONSS dans leur entièreté (0,56% aujourd’hui, + de 33% demain ?!). De plus, la fédération a déjà gelé l’indexation des subventions de fonctionnement en 2013 … En gros, et c’était clair durant le rassemblement, les travailleurs du secteur protestaient contre l’austérité et ne voulait pas payer la facture des mesures budgétaires votées au fédéral et imposées par l’Union Européenne.

    Un autre dossier est en discussion au sein du même secteur, c’est la suppression des détachés pédagogiques évoluant au sein de ces structures. Après le 31 décembre 2014, un certain nombre des professeurs détachés pourraient être redirigés vers l’enseignement sans compensation bien entendu pour les associations. Le secteur va donc perdre des postes, et donc des moyens de mener ses projets. Ici, les partis au pouvoir, face à la crise et n’ayant que l’austérité comme alternative, partagent les pénuries entre les secteurs. On reprend aux associations pour compléter le manque dans l’enseignement !

    Le secteur socioculturel comprend les organisations de jeunesse, les centres et maisons de jeunes, les centres culturels, les fédérations sportives, les musées, les bibliothèques et les organismes d’éducation permanente. Des structures qui fonctionnent avec beaucoup d’emplois APE/ACS.

    Une délégation a été reçue par des représentants des ministres. A sa sortie, la délégation a expliqué que rien n’a été mis en avant pour garantir quoi que ce soit. Les représentants semblent même avoir utilisé la bonne vieille rhétorique du « C’est pas nous, c’est le fédéral qui a voté les budgets ». Les mêmes partis siègent aux différents niveaux de pouvoir, mais chaque fois il est commode de remettre la responsabilité sur l’autre … et surtout d’appliquer les mesures d’austérité. D’ores et déjà les travailleurs ont donné rendez-vous début 2014 pour continuer la lutte contre ces mesures.

    Comme les manifestants l’ont brandi, il est nécessaire de refinancer le secteur non- marchand. Le PSL défend la nécessité, contre l’austérité, de lutter pour un plan de refinancement public massif. Les conclusions de la manifestation sont que les problèmes sont loin d’être résolus. Les orateurs ont donné rendez-vous dès début 2014 pour continuer le combat. Nous avons besoin d’un plan d’action allant crescendo, capable également d’unifier les différents secteurs en résistance. Tous ensemble, construisons un plan d’action combattif contre l’austérité !

  • Charleroi : le Front de Gauche ''voit rouge'' au débat de la FGTB

    Le Front de Gauche de Charleroi a été invité ce lundi 8 octobre à la FGTB pour un débat organisé dans le cadre des élections communale. Les 6 partis présentant une liste complète étaient représentés, avec Monsieur Magnette pour le PS. Comme l’a précisé un article de la Nouvelle Gazette : le Front de Gauche a vu rouge !

    La FGTB avait posé une série de questions aux divers partis portant sur le chômage et la pauvreté, sur le redéploiement économique, sur le logement, les crèches et les services publics, sur la culture, sur la place que les partis donnent à la FGTB comme interlocuteur, sur la lutte contre l’extrême droite et la place réservées aux aînés et aux jeunes.

    Chaque parti a répondu aux questions, tous défendant le bilan de l’ancienne majorité, tous donnant des réponses formatées et consensuelles. Magnette en particulier a, comme dans beaucoup des débats où il se rend, expliqué qu’il fallait arrêter de tomber dans le misérabilisme, que tout n’était pas si noir, qu’il y a beaucoup de choses positives qui se passe à Charleroi. Sur le chômage, il a expliqué que nous ne devions pas nous inquiéter pour les finances communales, car le fédéral a prévu de compenser la surcharge financière des CPAS conséquente aux exclusions du chômage. Sur l’emploi, il a expliqué, comme beaucoup de ses camarades de la future majorité PS-MR-CDH-ECOLO que le problème venait du manque de formation des carolos. Et il donna un chiffre ; sur l’ensemble des policiers de Charleroi, seul 5% sont réellement carolos.

    Sur la question du rapport avec les syndicats, Monsieur Magnette a expliqué qu’il espérait qu’un jour on aurait un syndicat carolo qui ressemblerait à celui de liège où, selon lui, bon nombre de syndicalistes participent au développement de la ville. Que voulait-il dire ? Qu’à Charleroi les syndicalistes ne veulent pas participer au développement de la ville ? Ou est-ce une critique de la combativité des syndicalistes carolos et une réponse à l’appel que la FGTB Charleroi a fait lors du premier Mai dernier? Appel qui clamait la responsabilité du PS dans les diverses attaques que subissent les travailleurs depuis les années 80 et qui, en conséquence, propose de « Rassembler à gauche du PS et d’ECOLO. » Car disent-ils, « Il y a la des forces vives, actives, militantes et anticapitalistes porteuses d’espoir pour le monde du travail », ce qui n’est clairement plus le cas du PS.

    Cyprien, du MR, après avoir expliqué que dans l’actuelle majorité communale tout le monde y met du sien, nous a parlé du besoin de faire venir des investisseurs. Sur l’emploi, il allait dans le sens de Magnette sur la manque de formation des carolos et la preuve en serait toutes ces plaques d’immatriculation françaises que l’on voit sur les parking de certaines entreprises du zoning.

    Germain du PTB a pour sa part parlé du manque de logements et de crèches publiques. Il a alors parlé de la nécessité d’un plan d’urgence sociale pour répondre à la situation dramatique dans laquelle se trouvent beaucoup de carolos. Il termina ensuite par un appel à voter pour le PTB.

    Benjamin Dusaussois, membre du Parti Socialiste de Lutte, a ensuite prit la parole au nom du Front de Gauche de Charleroi. Voici quelques extrait de son intervention :

    « Je viens parler ici au nom du Front de Gauche, et vu que tout le monde ici ne nous connaît peut être pas encore, je vais nous présenter. Le Front de Gauche est une liste unitaire qui regroupe des travailleurs, des syndicalistes, des jeunes, des pensionnés, des allocataires sociaux, des personnes issues du monde associatif et des membres du Parti Communiste et du Parti Socialiste de Lutte. Rien à voir avec le Parti qui se dit socialiste ici a coté. Notre projet est de constituer une vaste coalition anti-austérité ainsi qu’un relais politique large véritablement de gauche.

    Maintenant, sur les questions de la FGTB même si c’est bien évidemment difficile de répondre à 10 question en 10 minutes.

    Sur le Chômage,

    Pour le Front de Gauche Charleroi, si de véritables socialistes avaient le pouvoir à Charleroi, ils considéreraient leur commune comme premier lieu de combat contre les mesures d’austérité imposées par les différents niveaux de pouvoir, qu’ils soient européen, fédéral ou régional.

    De véritables socialistes s’opposeraient fermement à l’actuelle réforme du chômage défendue par le gouvernement fédéral.

    De véritables socialistes organiseraient la lutte pour son retrait et iraient jusqu’à faire de la désobéissance civile organisée afin de ne pas l’appliquer, un peu à l’image du bourgmestre espagnol d’Izquierda Unida dans le sud de l’Espagne qui refuse lui aussi d’appliquer l’austérité dans sa commune et essaie de pousser les communes voisines à faire de même.

    Et ils ne proposeraient pas, comme le fait le 8ème sur la liste du PS, Philippe Van Cau, sur son mur Facebook, de mettre les chômeurs au travail gratuitement pour la ville en échange de leur allocation ! J’espère que vous direz un mot la-dessus Monsieur Magnette.

    Pour répondre à la question de la pauvreté galopante et des manques de revenus de la ville. Ceux qui veulent faire croire qu’on peut sortir Charleroi de sa lente descente aux enfers dans le cadre de l’actuel budget communal sont des menteurs. Seule une lutte massive pour augmenter les ressources budgétaire, provenant par exemple du fond des communes, peut donner à Charleroi les moyens dont la ville a besoin. De l’argent, il y en a, dans les poches du patronat, des actionnaires et des banques. De véritables socialistes organiseraient la construction d’un rapport de force en faveur des 99% pour aller le chercher.

    Sur la question du redéploiement économique,

    Au FDG, nous considérons que c’est la soif de profits et la logique destructrice et chaotique de l’économie de marché qui est responsable de la fermeture de nombreuses entreprises. Des entreprises qui font des profits, comme l’expliquait Nico Cué, ici même il y a peu de temps, pour ArcelorMittal, mais dont les profits ne suffisent pas aux actionnaires pour continuer à produire.

    Si les profits de la sidérurgie ne suffisent pas aux patrons et aux actionnaires, ils nous suffisent à nous !

    Nationalisons sans rachat ni indemnité et sous contrôle des travailleurs et des syndicats toutes ces entreprises qui veulent fermer. Et produisons pour nous même. De l’acier, on en aura toujours besoin, et certainement à Charleroi quand on voit les travaux énormes qu’il va falloir faire pour remettre la ville en état.

    Sur la formation,

    Je m’insurge contre l’idée selon laquelle les gens ne trouvent pas de travail car il ne sont pas assez formés. Comme s’il suffisait d’être formé pour décrocher un emploi ! Les diplômés universitaires que je connais et qui sont au chômage ou travaillent comme agent de sécurité sont là pour témoigner que le problème fondamental n’est pas le manque de formation, mais le manque d’emploi.

    Nous sommes évidement d’accord de stimuler et de créer de nouveaux outils afin de pousser les gens à se former, mais on considère que le meilleur stimulant sera la perspective d’un emploi réellement existant.

    Sur le logement social,

    Je ne m’attarde pas car on a un programme fort similaire à celui du PTB et Germain a déjà parlé la-dessus, tout comme sur la question des crèches. Nous sommes d’accord sur la nécessité de répondre à l’urgence sociale.

    Sur la culture,

    J’avoue ne pas être un spécialiste des questions culturelles. Mais il y a une ou deux choses que je sais. C’est que quand je vais au cinéma ou à une activité culturelle le soir, je dois rentrer 40 minutes à pied vu qu’il n’y a plus de transport en commun. Que quand je veux aller à certaines activités comme "rire sur la ville" je dois payer entre 40 et 60 euros pour une place. Je n’ai pas cet argent et beaucoup de jeunes ou de chômeurs ne l’ont pas non plus.

    Les seules activités culturelles que je peux faire c’est d’aller courir sur un terril, ou traîner avec une bande de potes aux abords des usines à l’abandon de la région, ou aller au café. Si la culture peut être utilisée pour redynamiser la ville, il faudrait qu’elle soit accessible et on retombe donc sur la question des moyens budgétaires de la ville.

    Sur la question de la FGTB comme interlocuteur,

    Un socialiste du début du siècle avait une image. Le mouvement des travailleurs, c’est comme un boxeur: il a deux bras pour lutter. Son premier bras, c’est le syndicat, l’outil ou les travailleurs sont massivement organisé pour défendre leurs conditions de travail.

    Son deuxième bras, c’est un parti politique, qui se ferait le relais politique des revendications concrètes des luttes des travailleurs et permettrait la prise du pouvoir. On est obligé de constater qu’aujourd’hui, les travailleurs se batte avec un bras dans le dos. Seul le syndicat lutte encore. Tandis que le deuxième bras, le parti, n’existe plus. Les socialistes ne le sont plus depuis bien longtemps et c’est devenu très clair depuis que Di Rupo est premier ministre.

    Avec le Front de Gauche, on pense qu’on a besoin de nos deux bras pour lutter en faveur d’une société plus juste et plus égalitaire. Et qu’on doit donc construire une nouvelle formation politique qui soit véritablement de gauche. Le Front de Gauche de Charleroi n’a pas la prétention d’être cette nouvelle formation mais on s’inscrit dans la continuité de l’appel du premier Mai lancé par la FGTB de Charleroi. Après les élections, on participera, avec d’autres je l’espère, à la construction d’une vaste coalition anti-austérité qui pourrait enfin donner ce prolongement politique aux luttes syndicales.

    Avant de conclure, vu que mon temps se termine, un mot sur l’extrême droite.

    Dans la lutte contre l’extrême droite, il y a deux éléments. Tout d’abord, il faut les empêcher d’occuper le terrain, car le jour ou ils pourront tranquillement déverser leur discours de haine dans la rue sans que personne ne s’interpose, on est foutu. Et on est donc ouverts au lancement d’une campagne de lutte contre l’extrême droite à Charleroi après les élections.

    Mais il y a un deuxième point qui est très important. C’est le fait de lutter contre les causes qui poussent de plus en plus de gens à voter pour l’extrême droite. Et si les gens votent pour eux, c’est qu’ils en ont ras le bol de la situation, ras le bol de la galère dans laquelle ils s’enfoncent de plus en plus chaque jour. Et je n’ai pas peur de le dire, le Parti Socialiste est responsable,

    Quand Van Cau père a dit de la lutte de Splintex que c’était une tâche noire pour la Wallonie, des travailleurs ont répondu qu’ils voteraient FN, et je comprends leur colère. Moi-même comme vous le voyez, je suis en colère.

    Quand Di Rupo mène l’austérité et pousse les gens dans la misère, beaucoup en réaction se tourneront vers l’extrême droite. On doit donc proposer une véritable alternative politique de gauche qui permette à la colère des gens de se manifester dans des propositions concrètes comme par exemple un logement décent pour tous, un emploi bien payé pour tous et plus encore. La lutte contre l’extrême droite passe aussi par la lutte pour une société plus juste, c’est-à-dire par la construction d’une alternative aux partis traditionnels.

    Et pour conclure, un mot sur la question de la place des jeunes et des moins jeunes.

    Je vais répondre de manière un peu détournée. Les anciens devraient avoir le droit de bénéficier pleinement d’une pension bien méritée après une vie de dur labeur. Et les jeunes devraient avoir le droit à une vie décente et un futur meilleur. Mais ce n’est clairement pas ce qui est en train de se passer. Et la faute en reviens aux partis traditionnels qui acceptent la logique du système capitaliste, qui acceptent de gérer les crises en les faisant payer à la population.

    Je propose donc, en tant que militant syndical, une vaste campagne de syndicalisation massive de la jeunesse, pour leur apprendre à lutter pour une société où on respecte ses anciens en leur donnant une véritable pension. Pour leur apprendre à ne compter que sur eux mêmes pour se construire un futur meilleur.

    Et dans le même temps, en tant que militant politique j’appelle à la construction d’une organisation politique qui se ferait le porte-parole de leurs revendications.

    Merci. »

    Après avoir applaudis cette dernière intervention, les militants dans la salle ont pu poser leur question. Un premier intervenant a parlé de la situation difficile des chômeurs et, quand Magnette, pour on ne sait quelle raison, a sourit, le militant s’est énervé, lui criant "Tu ris?, mais ce n’est pas drôle ! il y a des gens qui crèvent de faim !"

    Une autre personne est intervenue pour parler des statuts et sous-statuts. Notamment des titres services et du fait qu’on oblige des gens à retourner au chômage alors qu’ils ont du travail, simplement parce qu’ils perdent un statut qui donnait des avantages financiers à l’employeur. Un délégué de la Sonaca est intervenu pour répondre à ce qui a été dit sur le fait qu’il y a de nombreux Français qui travaillent dans des entreprises du coin. Pour lui, c’est clair, c’est la faute aux employeurs et non au manque de formation des carolos.

    D’autres questions du même genre sont posées et un tour de réponses des partis commence. Les divers représentant des partis traditionnels interviennent pour expliquer les problèmes de budget de la ville, en donnant des chiffres par rapport à Liège. Ils ont également expliqué le besoin de mixité sociale, de faire venir des revenus plus élevé à Charleroi. Il ont affirmé qu’ils étaient contre le problème que sont les pièges à l’emploi en réponse à la question de la salle et particulièrement le représentant du CDH, ce qui n’a pas manqué d’étonner l’assemblée. Ils ont également rappelé qu’il ne fallait pas tomber dans la caricature et que tout n’allait pas si mal.

    Seul Germain et Benjamin sont intervenus dans le sens de la salle, critiquant le bilan de la majorité et leur vision angélique de la situation à Charleroi. Germain parlant du besoin d’avoir un élu de gauche au conseil communal et Benjamin appelant à construire un rapport de force sur le terrain avec un plan d’action. Benjamin a également interpellé Magnette : "vous n’avez pas répondu à mon interrogation de tout à l’heure, que voulez-vous dire par : il faut réorganiser l’administration communale. Est-ce comme votre huitième de liste le propose, mettre les chômeurs gratuitement à disposition de la ville?"

    La salle a ensuite eu de nouveau la parole et les critiques se sont faites plus vives encore vis-à-vis du PS. Monsieur Magnette y répondant en disant qu’il ne comprenait pas pourquoi il répondait aux invitations de la FGTB, car on lui crie dessus à chaque fois et que si ça continuait ainsi, il ne viendrait plus. Mais la salle insiste, explique qu’on n’attend rien du MR et du CDH, mais que c’est du PS qu’on attend quelque chose. Le vétéran syndical Gustave Dache est alors intervenu également pour, entre autres, critiquer la vision du PS et des autres partis traditionnels selon laquelle tout ne serait pas si terrible à Charleroi. Il pose alors la question : "Les politiques vivent-ils sur la même planète que nous ?"

    Les politiques ont alors de nouveau eu la parole, pour la dernière fois. Sans que rien de bien intéressant ne sorte de leur réponses. Magnette a toutefois été obligé de déclarer que si c’était vrai, il condamnerait les déclaration de son huitième de liste.

    Enfin, Benjamin a dit un dernier mot que voici :

    "Je veux répondre à la question de Paul, qui semble s’étonner de ce que certains ici s’énervent et lui crient dessus. Peut-être même encore plus que sur le MR et le CDH de qui personne n’attend rien ici. Ce n’est pas parce qu’on aime crier et s’énerver, moi par exemple j’ai systématiquement une migraine lorsque je sors de ce genre de débat ou je m’énerve également. La raison de cet énervement c’est que vous ne répondez pas à une question pourtant simple : Pourquoi vous dites vous socialiste alors que votre parti participe à la mise en place de l’austérité ?"

    Magnette souffle immédiatement : "Tu n’était pas là, la fois dernière pour t’en rendre compte."Ce a quoi Benjamin répond en disant : "ben si, j’étais présent la fois dernière et je faisais partie de ceux qui vous ont crié dessus depuis le fond de la salle. Et je vais continuer en répondant à une question à laquelle on n’a pas encore répondu : les politiques vivent-ils sur la même planète que nous ?

    Je suis tenté de dire que non, parce que quand on touche entre 10 et 15000 euros par mois comme Paul, on ne vit pas dans les même conditions. Est-ce qu’on a faim ? Est-ce qu’on a froid ? Parce que moi j’ai froid pour le moment, car le chauffage, je vais pas le mettre avant le mois de novembre. Et laissez-moi vous dire, je me souviens du titre de votre livre, "Le bel avenir du socialisme". Eh bien il est pas beau votre socialisme et je vous le dis, votre avenir c’est celui du PASOK en Grèce, c’est la faillite !

    Pour conclure, je vais répéter une chose, car ma grand-mère me dit toujours qu’il faut taper sur le clou. De l’argent, il y en a. Pas dans mes poches, mais dans les poches des riches, comme le montre cet article de la presse patronale, "les Belges n’ont jamais été aussi riches" et dans les poches des entreprises, mais comme le montre cet autre article, nos 500 plus grandes entreprises ne payent que 5,44% d’impôts. Pourtant, on verra après ces élections où les partis traditionnels vont aller le chercher leur argent, que ce soit au fédéral ou à la commune.

    Alors j’ai envie de dire, pour répondre à notre camarade du CDH qui nous disait tout à l’heure qu’il n’y avait plus de guerre en Europe qu’au contraire, il y a bel et bien une guerre en Europe, et pas une guerre entre la Grèce et l’Allemagne comme certains veulent nous le faire croire. Pas une guerre entre flamands et wallons, pas une guerre entre étrangers et belges. Mais une guerre de classe pour savoir qui va payer la crise."

    Le débat s’est alors terminé tout d’abord par une interpellation de René Andersen, ancien cheminot et tête de liste du Front de Gauche à Charleroi, sur la situation a la SNCB puis par une intervention d’un ancien militant socialiste qui a énuméré les différentes attaques contre les travailleurs auxquelles le Parti Socialiste a participé depuis les années ’80, en parlant de trahison honteuse.


    Article de La Nouvelle Gazette

  • Il est temps d'avoir de VERITABLES ACTIONS efficaces!

    … des promenades à Bruxelles, des actions ludiques à l’hôpital, une flashmob au ministère …

    Notre secteur va casquer. Ces prochaines années, des milliards d’euros seront épargnés dans les soins de santé. Tant les patients que le personnel le sentiront très clairement passer. Combien de fois encore allons-nous devoir payer pour la crise ? Pour cette crise que NOUS n’avons pas causée ? Pendant ce temps, les banques et les grandes entreprises accordent des mégabonus aux chefs d’entreprise. Pour éviter que nous ne parvenions droit dans un scénario-catastrophe pour les soins de santé (avec le vieillissement de la population en général mais aussi du personnel), le gouvernement devrait investir plusieurs milliards au lieu d’y aller à la hache dans le budget.

    Tract d’Hypertension, journal d’action du non-marchand de syndicalistes combatifs CSC et FGTB

    Le gouffre salarial avec le secteur marchand s’élève à 15% environ. La dernière augmentation barémique dans les hôpitaux date déjà d’il y a… 12 ans (+1% en 2000). Mais les patrons et les partis politiques de droite veulent supprimer l’indexation automatique des salaires ou la ”modifier”. Pour notre secteur, ce serait une véritable catastrophe. Depuis 2008, nous avons connu 8 adaptations automatiques (de 2%) de notre salaire. Sans ce mécanisme d’indexation, nous aurions donc perdu environ 1/6 de notre pouvoir d’achat par rapport à 2008 !

    Du RESPECT non de dieu !

    Sommes-nous des travailleurs de second rang ? Devons-nous nous contenter de cacahouètes pendant que les banques et les grandes entreprises empochent des sommes faramineuses ? Notre secteur est subventionné, mais comment qualifier autrement tous ces cadeaux aux entreprises ? (déduction des intérêts notionnels,…)

    Depuis 2002, l’Institut de Classification de fonctions (IF-IC) est occupé à décrire sur base scientifique les fonctions au sein de l’hôpital dans un tableau qui évalue les différentes fonctions entre elles. La progression du salaire selon les barèmes serait aussi nouvelle et plus logique. Ce travail de titan touche maintenant à sa fin. L’instauration complète de cette nouvelle classification de fonctions avec les barèmes connexes signifierait un coût supplémentaire de 910 millions d’euros. Même si tant les syndicats que les employeurs désirent l’application de l’IF-IC, avec une répartition de l’effort sur plusieurs accords sociaux successifs, le gouvernement reste sourd et n’est prêt qu’à consacrer 40 millions d’euros uniquement en 2013.

    Alors que les 130.000 travailleurs du secteur Flamand du Non-Marchand sont parvenus à conclure un accord social de 210 millions d’euros, avec entre autres un 13e mois presque complet, les travailleurs du secteur fédéral (300.000 travailleurs) restent sur leur faim. Un mini-accord a été trouvé pour 2011 (avec un faible contenu et un faible budget de 50 millions d’euros). Pour le reste, l’offre du gouvernement se limite à 40 millions d’euros en 2013 qui seront quasi entièrement consacré aux nouveaux emplois (800 équivalents temps plein environ). Le budget original pour notre accord était 300 millions d’euros, mais ce montant s’est réduit jusqu’à 40 millions au cours des négociations pour former le nouveau gouvernement.

    La limitation du budget aux emplois supplémentaires est en contradiction avec la politique d’austérité du gouvernement dans le secteur, une politique qui mine l’’emploi soi-disant prioritaire. Nier l’existence des professions lourdes dans le secteur, et donc limiter les systèmes de fin de carrière (1/5 temps-crédit à partir de 55 ans au lieu de 50 ans) et les prépensions, n’aident pas non plus. Et en ce qui concerne notre pouvoir d’achat : il y a rien du tout de prévu. Mais cela ne sera probablement qu’un détail. Il n’est donc pas surprenant que les négociations du secteur avec le gouvernement aient sauté fin mars.

    Comment organiser une grève efficace ?

    C’est flagrant, le gouvernement ne prend pas au sérieux les travailleurs de notre secteur. Les petites actions ne l’incitent pas à avoir peur. C’est pourquoi les militants veulent de VÉRITABLES actions organisées efficacement avec un résultat conséquent : il faut instaurer une réelle pression sur le gouvernement (et ses partis) par leurs relais dans les directions des hôpitaux. Hypertension appelle donc à l’organisation d’une grève de 24 heures en juin, mais avec quelques conditions. Par région, il faut choisir 1 ou 2 grands hôpitaux où concentrer toutes les forces afin d’organiser une grève effective : y compris avec des piquets qui contrôlent la liste du personnel réquisitionné. Les militants des autres institutions pourraient venir soutenir leurs collègues. Si cet avertissement ne suffit pas, préparons une semaine de grève pour septembre (après les grandes vacances en tout cas) avec une même manière de fonctionner, avec de légères adaptation, avec des grèves de 24 heures successives : le mardi l’hôpital X, le mercredi hôpital Y, le jeudi hôpital Z, etc. Les militants d’autres institutions devraient à chaque fois venir soutenir les piquets. Avec ce système, il est possible de contourner une partie des restrictions au droit de grève de notre secteur. En 2005, le SETCa-BHV avait fructueusement testé ce plan d’action de grève. Notre question est maintenant la suivante : le sommet syndical national est-il prêt à poser ce pas en avant nécessaire pour contrer le défaitisme et la démotivation de certains militants0et0travailleurs?

  • Le non-marchand en colère

    Quelques centaines de syndicalistes du secteur non-marchand fédéral se sont réunis aujourd’hui à Bruxelles en front commun pour dénoncer le manque de moyens du secteur. Les 40 millions d’euros promis par le gouvernment pour 2013 sont insuffisants pour faire face aux besoins du secteur. Mais pour faire plier le gouvernement, nous aurons besoin de véritablement organiser la lutte, avec des grèves et des mobilisations sérieuses.

  • Les soins de santé doivent-ils saigner pour leur crise ?

    Tract de Hypertension || PDF

    Austérité dans les soins de santé

    Après chaque round de négociations pour un nouveau gouvernement, les assainissements prévus dans les soins de santé augmentent. Le 20 novembre dernier, le montant de 1,2 milliard d’euros dans la note Di Rupo a presque doublé vers 2,3 milliard d’euros. Pour les libéraux, cette casse sociale n’est pas suffisante. La prochaine fois qu’Alexander De Croo de l’Open VLD tombe de son cheval, il pourra se soigner lui-même à l’hôpital. La norme de croissance du budget des soins de santé de 4,5% est diminuée et sera de 2% maximum. Cette norme de croissance du budget a pour but de payer le vieillissement (tant des patients que du personnel) et de payer les augmentations des frais liés aux progrès technologiques.

    Des milliards pour les banques, des cacahuètes pour nous ?

    Le budget pour l’accord social pluriannuel des services de santé fédéraux est 300 millions d’euros. Difficile à dire si c’est une blague ou pas. Pour les 150.000 travailleurs des secteurs flamands du non-marchand, un accord social a récemment été conclu, avec un coût de 210 millions d’euros. L’introduction d’un presque 13ème mois (94 à 95%) est un pas important. Quand on compare le budget pour les 300.000 travailleurs des secteurs fédéraux avec le budget flamand, il est clair que le budget fédéral est très limité…

    IF-IC

    La mise en oeuvre de la nouvelle classification des fonctions (IF-IC) avec des échelles de salaires correspondantes, coûtera déjà 910 millions d’euros. Bien que l’idée soit d’étaler les effets de cette classification sur deux accords sociaux successifs, il ne faut pas être physicien nucléaire pour savoir que les 300 millions d’euros sont largement insuffisants.

    Lorsque les banques étaient en difficulté, le gouvernement n’a eu besoin que d’un week-end pour mettre les milliards d’euros sur table. Notre secteur continue à « attendre Godot » depuis le dépôt de nos revendications le 2 février 2010. Ah oui, nous avions presque oublié le mini-accord de 2011. Le nom de cet accord vite fait dit tout ; avec seulement 50 millions d’euros en plus, c’est un vrai mini-accord. La priorité de ce gouvernement en affaires courantes est claire : sauver les banques pendant que les travailleurs sont en difficulté. Il semble qu’en plus ils veulent nous faire payer la crise.

    L’institut Itinera

    Dans le cercle antisocial autour d’Alexander De Croo, il y a aussi l’institut Itinera avec des experts qui ont un énorme accès aux médias pour défendre leurs positions néolibérales. Les prophètes de la commercialisation et des privatisations n’ont aucun scrupule pour mettre en avant leurs déclarations audacieuses.

    Dans le magazine Jobat du 14 novembre (consacré au secteur des soins de santé), Brieuc Van Damme suggérait : « La norme de croissance dans le secteur des soins de santé est encore de 4,5% en dessus de l’inflation. C’est beaucoup plus que la croissance de l’économie. Cela signifie que les soins de santé cannibalisent la richesse produite en Belgique. » Nous, le personnel naïf, pensions cependant que c’étaient les banquiers, spéculateurs et grand managers qui poussent l’économie dans les problèmes et qui sont responsables pour la crise la plus profonde depuis la Deuxième Guerre Mondiale. Heureusement que les prophètes de l’institut Itinera nous montrent la voie…

    En plus, l’article met en avant que la seule solution est une commercialisation profonde parce que nous évoluons vers une économie dans laquelle la responsabilité est mise chez les individus. Nous savons ce que cela veut dire aux Etats-Unis. Des millions d’Américains n’ont pas accès aux soins de santé pendant que les managers de grandes entreprises d’assurances sont parmi ceux qui ont les salaires les plus élevés. L’utilisation de nouveaux médicaments ou technologies devient dépendante d’une analyse coûts-bénéfices.

    Pas d’alternatives ?

    Le journal d’action Hypertension plaide pour une réorganisation fondamentale du système des soins de santé pour aller à l’encontre de la menace libérale de chaos. Notre réponse à la soif de profit de l’industrie pharma, à la commercialisation rampante et au cancer de la médecine de performance est la création d’un service de santé publique et national qui défende les intérêts de la population au lieu des intérêts du profit ou du prestige de différentes personnes et institutions.

    À notre avis, cela n’est pas possible dans le système capitaliste, qui est aujourd’hui dans une crise. La lutte pour un système de santé différent est une partie intégrante de la lutte pour une autre société. Il est donc grand temps que le mouvement syndical se rapproche de la nouvelle génération de jeunes qui, tant au Moyen-Orient et en Afrique du Nord qu’en Europe et aux Etats-Unis, se met en avant dans la lutte. Le socialisme démocratique est, à notre avis, la seule alternative.

    Notre réponse à TINA (There Is No Alternative) est la prononciation de ROSA* : "Socialisme ou barbarie !"

    (*Rosa Luxemburg : socialiste allemand)

  • Le déclin des hôpitaux publics et du statut de fonctionnaire est-il irréversible ?

    Dans le secteur social/non-marchand, on parle souvent de la commercialisation du secteur des hôpitaux publics, mais on entend moins souvent parler du déclin de ces hôpitaux, également lié à la “réforme” du statut de fonctionnaire. La synergie des secteurs privés et publics dans les hôpitaux inquiète les syndicats, car cela s’accompagne souvent de la casse des acquis du personnel.

    Analyse d’Hypertension, blog d’action du secteur social/non-marchand

    La mort lente de nos hôpitaux

    Ces trente dernières années, le paysage hospitalier a drastiquement changé. Les économies d’échelle ont réduit la sympathique clinique de quartier à un beau souvenir. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : en 1980, on comptait encore 521 hôpitaux en Belgique, avec un total de 92.436 lits. En 2000, le nombre d’hôpitaux avait été réduit de moitié (223) et plus de 20.000 lits avaient disparu (il n’en restait que 72.304). En 2008, le nombre d’hôpitaux est encore passé à 207, pour 70.084 lits. Par contre, pour être complet, il faut préciser que le nombre de lits dans les maisons de repos a plus que quadruplé (de 12.203 en 1990 à 129.775 en 2008). (1)

    Les grands groupes hospitaliers grignotent comme des requins immobiliers les petites cliniques et se partagent le butin (bâtiments, lits, personnel). On trouve les exemples les plus frappants à Bruxelles, avec entre autres le défunt Hôpital français et le démantèlement de St-Étienne par l’hôpital St-Jean. Les lits d’hôpitaux qui en ont été “récupérés” ont déménagé de Bruxelles vers la Wallonie et la Flandre en échange d’une forte somme.

    Les hôpitaux privés, essentiellement catholiques, ont entre temps abandonné leur dernière touche caritative. Les nouveaux termes à la mode sont aujourd’hui “conformité au marché”, “production”, “concurrence”. Parallèlement, les structures strictement publiques évoluent vers des hôpitaux hybrides, vers des partenariats avec le privé par des processus ‘‘d’autonomisation’’ ou des fusions pures et simples. Une conséquence de cette évolution est le commerce bien lucratif des lits d’hôpitaux.

    En Flandre, la situation a viré à la caricature : il ne reste plus qu’un seul hôpital strictement public : l’hôpital communal de Roeselare. Il existe 22 hôpitaux (soit 22.600 employés et 11.300 lits) avec un partenaire public au conseil d’administration (généralement le CPAS). De ces 22.600 employés, seule une minorité (qui tend à diminuer) de 8.000 personnes bénéficie d’un contrat statutaire ou d’une nomination ! Ce processus de privatisation en douce peut être comparé à un jeu de dominos. Les pièces tombent une à une, et les employeurs ont plus de facilités à imposer leurs vues concernant les conditions de travail.

    Comme la majorité des personnes nominées dans les hôpitaux publics flamands a plus de 50 ans, il est clair que si cette évolution n’est pas stoppée, il n’y aura plus de personnel statutaire d’ici une dizaine d’années. Dans le langage des employeurs, on dit : “Les nominés, à la porte”.

    Il y a toutefois un village d’irréductibles Gaulois qui résiste encore et toujours : l’hôpital universitaire de Gand. En 2008, les syndicats y sont parvenus à arracher la statutarisation automatique du personnel. Le 1 janvier 2009, il y avait là 4.143 statutaires et 798 contractuels (plus de la moitié du nombre de statutaires de toute la Flandre y sont donc rassemblés).

    Tant les employeurs que les syndicats demandent une harmonisation des conditions de travail pour les employés du privé et du public. Les employeurs veulent casser les conditions d’embauche du secteur public et les rendre semblables au privé, tandis que les syndicats défendent une harmonisation à la hausse. La lutte des employés du secteur public pour le maintien du statut et d’autres avantages est en ce sens une lutte pour les employés du privé.

    L’unité d’action des syndicats dans le public et dans le privé – plus que jamais nécessaire !

    Nous constatons hélas que la communication entre les syndicats des hôpitaux publics et privés est lamentable. A la FGTB, par exemple, il y a d’un côté la CGSP et de l’autre le SETCa et la Centrale générale. Lors des dernières mobilisations des secteurs fédéraux des soins de santé (la ‘‘colère blanche’’), il fallait chercher à la loupe les délégations de la CGSP. À la CSC, il semble que la communication entre les centrales du privé et du public fonctionne un peu plus correctement.

    Comme l’accord budgétaire pluriannuel du secteur vaut tant pour le public que pour le privé, lutter en commun est crucial. Avec des initiatives comme le réseau Hypertension du côté francophone et Polslag en Flandre, la concertation existe entre militants de base du privé et du public. Les différences entre hôpitaux “publics” et privés ne s’expriment constamment plus qu’au niveau des points et des virgules, les militants des deux secteurs peuvent apprendre beaucoup les uns des autres. Les employeurs battent le tambour de guerre communautaire…

    En mars 2011, l’administrateur responsable d’ICURO (la coupole flamande des hôpitaux à partenaires publics) a annoncé des nouvelles de mauvais augure. De Standaard titrait: ‘‘Le boom des pensions dans les hôpitaux publics’’. Cette bombe temporelle s’élèverait à 2,7 milliards d’euros pour le versement des pensions dans les 25 années à venir. La baisse dramatique du nombre de statutaires a pour conséquence que de moins en moins d’argent rentre dans la caisse des autorités publiques locales, alors qu’il y a encore beaucoup de pensions à payer.

    L’ICURO et Zorgnet sont aussi fâchés contre la ministre Onkelinx parce que 90% du budget prévu dans le mini-accord de 2011 des soins de santé fédéraux pour pouvoir maintenir à niveau, voire augmenter, le nombre de nominations, est destiné à la Wallonie. Il est cependant logique que si l’on refuse de faire usage des nominations, on ne reçoit pas non plus d’argent pour ce faire… Il est clair que nous devons tenir compte du fait que les soins de santé publics sont mieux représentés en Wallonie (42 privés contre 25 publics) et à Bruxelles, tandis qu’en Flandre, on voit une prédominance absolue des hôpitaux privés (90 privés contre 22 “publics”).

    La solution qui se trouve pourtant à portée de main et qui est défendue par les syndicats, c’est-à-dire de nominer de nouveau un assez grand nombre du personnel de sorte que la caisse de pensions engrange à nouveau assez de revenus, semble totalement hors de question pour les employeurs. C’est un choix purement idéologique.

    (1) Source : Health Systems in Transition, volume 12 nr 5 2010, KCE

  • [PHOTOS] La Colère Blanche du non-marchand dans les rues de Bruxelles

    L’an dernier, à cette époque, il y avait déjà eu une grande manifestation du personnel du non-marchand et, cette année encore, une manifestation a réuni hier environ 16.000 travailleurs. Les négociations concernant les salaires, les conditions de travail et l’engagement de plus de collègues n’aboutissent pas. Ce secteur très diversifié souffre d’un même problème : un manque cruel de moyens. Pour sauver les banques ou participer à une guerre impérialiste en Libye, les moyens ne manquent pas. Mais lorsqu’il s’agit d’offrir des soins de santé ou un acceuil décent pour les personnes âgées,… là, les caisses sont "vides". Le PSL faisait bien entendu partie de la manifestation et y a distribué un tract ‘Hypertension’. Nous avons également tenu un stand politique au début et à la fin de la manifestation et vendu 68 exemplaires de notre mensuel, Lutte Socialiste.

    Photos de Geert


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