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Category: Non-marchand
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Soins de santé de qualité contre marché « libre »
Le film ‘Sicko’ de Michael Moore nous offre une belle occasion de discuter plus profondément des soins de santé aux Etats-Unis. Comment fonctionne ce système? Et y a-t-il des alternatives?
Le choc des chiffres
Une enquête, réalisée dans treize pays industrialisés a comparé 16 indicateurs médicaux. Les Etats-Unis y ont reçu une cote très basse : l’avant-dernière position du classement. Ainsi, les USA ont-ils obtenu le pire résultat en ce qui concerne l’insuffisance pondérale à la naissance et la mortalité infantile pendant le premier mois suivant la naissance. La durée moyenne du séjour en maternité y est très basse : seulement deux jours. En Belgique, en 2000, la moyenne était de plus de cinq jours ; dans les pays de l’OCDE (Organisation de Coopération et de Développement Economique), quatre jours.
Selon une enquête de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), sur un total de 25 pays, les Etats-Unis se classent 15e au niveau de la qualité des soins de santé. Cette enquête de l’OMS a tenu compte de l’état de santé général de la population. La caricature du mauvais style de vie du «gros Américain» n’a donc pas d’impact sur le classement. Divers paramètres ont été utilisés pour mener l’étude: le pourcentage de la population qui fume, la consommation d’alcool, l’utilisation de graisses animales saturées, le taux de cholestérol,…
Si l’on jugeait selon le ‘mauvais’ style de vie, les Japonais emporteraient la première position! Le Japon connaît notamment un pourcentage élevé de fumeurs : 61% des hommes et 14% des femmes. Mais malgré cela, le Japon est en première position en ce qui concerne les soins de santé. Un autre chiffre alarmant: les Etats-Unis sont en 27e position en ce qui concerne la longévité.
Les “listes d’horreur” des soins de santé américains
Le Journal of the American Medical Association du 26 juillet 2006 a donné un exemple saisissant de la mauvaise qualité des soins de santé aux Etats-Unis. Dans ce pays, les erreurs médicales constituent la troisième cause de mortalité. Chaque année, 225.000 Américains meurent d’erreurs médicales dont 12.000 pour cause de chirurgie superflue, 80.000 suite aux infections dans les hôpitaux, 106.000 à cause des effets secondaires des médicaments, etc.
4 à 18% des patients qui subissent un traitement polyclinique en subissent des effets négatifs qui nécessitent à leur tour un traitement supplémentaire chez un autre médecin. En chiffres bruts, cela signifie:
- 116 millions de consultations supplémentaires chez un autre médecin
- 77 millions de prescriptions supplémentaires
- 17 millions d’interventions supplémentaires de premiers secours
- 8 millions d’hospitalisations supplémentaires
- 3 millions de traitement supplémentaires de longue durée
- 199.000 décès suite à un traitement supplémentaire (donc une succession d’erreurs)
- un total de 77 milliards de dollars de frais médicaux supplémentaires
D’après les chiffres de l’OCDE, en 2001, la Belgique a dépensé 9% de son produit intérieur brut (PIB) en soins de santé. Les USA étaient en première position de ce classement avec 13,9% du PIB. Etrange lorsque l’on sait que les Américains doivent payer eux-mêmes la majorité de leurs frais médicaux. Seulement un quart de la population jouit d’une assurance garantie par des programmes d’aide publics et près de 47 millions d’Américains ne disposent d’aucune forme d’assurance maladie. La part des dépenses publiques dans le total des dépenses de soins de santé s’élève en moyenne à 72% dans les pays de l’OCDE, mais à seulement 44% aux Etats-Unis. Et ce sont pourtant les USA qui dépensent le plus en soins de santé (4.900$ par habitant), malgré leur inefficacité et leur coût élevé.
Caisses de soins de santé: D’abord les actionnaires, puis les patients
Aux Etats-Unis, les soins de santé sont en principe régulés par le soi-disant « marché libre ». Résultat: chaos total. Il existe d’innombrables formes d’organisation, chacune ayant sa propre dynamique économique, ses frais, son lot d’assurances, sa qualité et son accessibilité. Les clients concluent des contrats avec des clauses de soins auprès de prestataires bon marché répartis sur de vastes territoires. Les gens sont orientés vers le centre A pour les soins de première ligne, vers l’hôpital B pour l’aide médicale d’urgence, vers le bâtiment C pour les hospitalisations, vers la polyclinique D pour les diabètes, vers la maison de repos E, etc.
Les sociétés d’assurance et les prestataires de soins (hôpitaux, médecins de famille, maisons de repos,…) sont organisés dans les Health Maintenance Organisations (HMO). Ces industries concluent aussi des contrats avec les employeurs pour leurs salariés. Certaines font partie du secteur non-marchand, d’autres sont commerciales, cotées en Bourse et emploient les managers les plus cher du pays.
L’unique but des soins de santé aux Etats-Unis est la réalisation de profits. Plus on dépense pour soigner les patients, moins il y a de dividendes à distribuer aux actionnaires. Dans le film de Michael Moore, ce mécanisme est mis à nu. Les assurances-maladie privées font tout pour éviter de rembourser un assuré. On va jusqu’à recruter des détectives qui enquêtent sur le passé médical du patient afin de pouvoir lui réclamer de l’argent en cas de « rétorsion d’informations » lors de la conclusion du contrat. Ainsi, un cancéreux peut se voir refuser le remboursement de ses frais médicaux pour avoir omis de signaler une infection bactérienne.
D’un point de vue médico-technique, l’offre de soins professionnels est satisfaisante. Du moins pour ceux qui y ont accès. En pratique, les soins de santé de bonne qualité aux Etats-Unis sont un privilège des riches. Ceux qui n’y ont pas droit doivent en appeler à la charité et aux soi-disant ‘dispensaires collectifs’ (‘community health centers’).
Aux Etats-Unis, la médecine préventive est quasi-inexistante et se limite à la diffusion de dépliants informatifs, des vaccinations et des enquêtes auprès de la population. Les soins de santé sont entièrement centrés sur les individus et se limitent en fait à des soins curatifs. Si on veut vendre la maladie et la santé sur un marché économique, les soins de santé doivent être regroupés en paniers de ‘produits’ négociables à un certain prix. La prévention n’y trouve pas sa place.
L’approche commerciale a pour effet de déresponsabiliser les individus et les collectivités. L’impossibilité d’investir dans la santé et dans l’usage rationnel des possibilités génère le consumérisme, la surconsommation et l’usage inapproprié. Tout ceci contribue à gonfler la facture qui se répercute finalement dans la médecine curative, d’où les coûts élevés aux Etats-Unis.Aux Etat-Unis, mais également en Europe, l’idée de “liberté de choix” n’est qu’un alibi pour le marché des soins de santé. Mais la plupart des gens n’ont pas la possibilité d’y faire leur marché. Tout y est régulé par l’offre et la demande de soins.
La santé publique en Europe : Terre promise ?
Ces dernières années, en Europe également, la tendance est à la commercialisation des soins de santé. Les avocats du système américain affirment que le ‘libre’ marché dans les produits de soins aboutira à l’efficacité, à la maîtrise des coûts, au libre choix et à la qualité.
Plusieurs tentatives ont été faites pour donner les soins de santé en pâture aux vautours du privé par le biais des institutions internationales (entre autres l’OMC et l’UE). Par exemple, seule la pression syndicale a permis d’éviter (provisoirement ?) que le secteur de la santé (et ses dérivés) tombe dans le champ d’application de la directive “Bolkestein”.
Bien loin de la vision idyllique qu’en donne “Sicko”, les soins de santé en Europe souffrent de graves carences. A l’instar d’autres secteurs, la politique néo-libérale y a laissé des traces profondes. Les mesures d’économie n’épargnent pas ce secteur et les problèmes sont donc le plus souvent dus à un manque de moyens qui met sous pression les systèmes de soins de santé universels comme le NHS (National Health Service) en Grande-Bretagne.
Et en Belgique ?
La pression financière accrue sur les soins de santé qui deviendrait intenable pour les pouvoirs publics sert d’argument massue pour justifier l’ouverture du secteur au privé. Ainsi, les longues listes d’attente dans le secteur des maisons de repos constituent l’alibi parfait pour des initiatives privées. Dans ce secteur, les maisons de repos commerciales sont en train de gagner du terrain : il y a déjà 7 grandes sociétés d’investissement qui sont actives sur le terrain. Elles y font évidemment des bénéfices, ce qui implique des économies sur le personnel, les bâtiments, l’infrastructure,… L’engagement de ces sociétés d’investissement n’est évidemment pas dicté par l’amour des personnes âgées…
Dans les hôpitaux, on sous-traite les tâches secondaires (comme les services de nettoyage) et on privatise les activités les plus lucratives. Dans certains hôpitaux (publics), il y a plusieurs catégories de personnel qui coexistent : à côté du personnel nommé en voie d’extinction, il y a les contractuels qui sont engagés dans des entités juridiquement distinctes où les salaires et les conditions de travail sont nettement inférieures…
Une commercialisation accrue ne peut qu’aboutir à terme à un système de soins de santé à deux vitesses : une offre de base accessible à tous et des soins de luxe pour ceux qui peuvent se le permettre.
David et Goliath…
Les soins de santé à Cuba et aux USA
Le cauchemar des soins de santé aux Etats-Unis contraste avec la situation à Cuba. Malgré les critiques que l’on peut faire au régime cubain, il est frappant de constater que la santé publique y est meilleure qu’aux Etats-Unis. A Cuba, les soins de santé sont gratuits et universels. Il y a un système de soins intégrés qui met l’accent sur la prévention. Les médecins soignent leurs patients mais agissent aussi sur les causes. Ils appliquent un politique médicale au niveau des quartiers. Dans les laboratoires cubains, la recherche sur les vaccinations est très poussée.
Des milliers de médecins cubains travaillent dans 68 pays différents. Rien qu’au Venezuela, il y a près de 20.000 travailleurs de la santé cubains. Pas mauvais pour un pays du Tiers-Monde avec autant d’habitants que la Belgique. Les médecins compétents ne deviennent donc pas forcément des vampires assoiffés d’argent…
Ce que nous proposons
Notre remède à la soif de profit de l’industrie pharmaceutique, à la commercialisation rampante et au cancer de la médecine de presta-tion: la création d’un service de santé public et national qui coiffe, organise et coordonne les différents services de santé dans l’intérêt de la santé publique et pas du profit ou du prestige de quelques individus et institutions.
La mise en oeuvre d’un tel système se heurte au fonctionnement du capitalisme. Une autre santé publique n’est possible que dans un autre monde : un monde socialiste.
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Le néoliberalisme: un système malade !
“Sicko” ou l’industrie de la santé américaine mise à nu
Dès le 10 octobre, nous pourrons voir dans les cinémas belges le documentaire « Sicko » du réalisateur Michael Moore. Après « Bowling for Columbine » et « Fahrenheit 9/11 », il dévoile une autre catastrophe nationale au Etats-Unis : les soins de santé.
Moore s’est construit une réputation de critique acerbe des puissants du monde auprès d’un large public. Quand les entreprises américaines des soins de santé ont appris qu’elles seraient le sujet du prochain film de Michael Moore, un véritable état de siège a commencé. Cela a manifestement eu pour effet que nulle part dans le film, on ne voit une confrontation physique entre Michael Moore et des membres de conseils d’administration ou des porte-paroles de l’industrie de la santé, ce qui est pourtant le cachet du critique américain. Mais pas de panique : le film a d’autres tours de force.
A travers le film, en comparant les soins de santé américains avec ceux des autres pays industrialisés, il montre le véritable désastre sanitaire aux Etats-Unis. Ce film montre le rôle évident de « Tricky Dick » alias le président Nixon dans cette catastrophe.
Il est cependant regrettable que le film n’aborde le problème que pour ceux qui ont une assurance maladie, ce qui laisse un gros point aveugle de 47 millions d’Américains qui en sont dépourvus. Obtenir une assurance n’est pas une panacée, mais ceci n’est que le début du calvaire. Les assurances maladie étant privées, la soif de profits conduit ici aussi à des situations absurdes et surréalistes que Michael Moore met en scène. La manière badine avec laquelle Michael Moore cadre les histoires adoucit les faits, mais on en a pas moins envie de crier vengeance : quelques témoins y ont littéralement perdu la vie.
Sur l’air connu de Star Wars, défile à l’écran la liste (35 pages!) des maladies pour lesquelles il est impossible de prendre une assurance maladie privée. Une visite à Guantanamo Bay montre jusqu’où cette absurdité peut aller. La prison/forteresse américaine sur le sol cubain est le seul lieu aux Etats-Unis où existent des soins de santé universels et gratuits,… alors que de nombreux sauveteurs du 11/9 sont abandonnés à leur triste sort.
Ce documentaire de Michael Moore a, comme d’habitude, le mérite de dénoncer des injustices. Cependant, on peut regretter le ton quelque peu moralisateur (typiquement américain) de la critique et de son approche des soins de santé européens qui est tout sauf nuancée. L’Europe est présentée comme le pays de cocagne où la politique néolibérale de ces dernières années n’a été apparemment qu’un mauvais rêve. Mais c’est oublier le démantèlement de la sécurité sociale en Europe. Le Service National des Soins de Santé (NHS) en Grande-Bretagne est mis sur un piédestal, alors qu’il ne se passe pas une semaine sans qu’il y ait d’actions contre la fermetures de cliniques.
“Sicko” est cependant vivement recommandé à tous ceux qui veulent savoir quel avenir nos politiciens néolibéraux et les patrons nous préparent.
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Non marchand. Manifestation du personnel IRIS
Environ 1500 travailleurs du réseau IRIS (fonction publique en région bruxelloise –hôpitaux, ville,…) ainsi que le personnel des CPAS ont manifesté mercredi matin dans les rues de Bruxelles.
Un membre du CAP – Bruxelles (Comité pour une Autre Politique), ouvrier IRIS.
Le front commun syndical appelait à une journée de grève et à une manifestation afin de réclamer une revalorisation des bas salaires ainsi que la réalisation de l’accord fédéral soins de santé. Les ouvriers de ce secteur, qui touchent en moyenne à peine 1100 euros par mois, ont exprimé leur volonté de lutter pour un respect des accords salariaux bafoués depuis des années mais aussi plus largement pour une amélioration de leurs conditions de travail.
On pouvait ressentir dans cette mobilisation une énorme motivation au sein des diverses délégations. Malheureusement, le suivi de la grève et le nombre de participants étaient assez limités. Ceci est la conséquence directe du manque de sérieux des directions syndicales dans l’information et la mobilisation de leurs membres. De manière générale, la colère qui peut exister dans ce secteur ressortait très clairement dans les discussions. Mais l’incapacité de nos dirigeants syndicaux à donner une quelconque perspective pour obtenir une victoire a joué un rôle démobilisateur.
Pour illustrer cela, les permanents syndicaux ont eu le plaisir de rencontrer le ministre président Charles Picqué. Après quasi deux heures d’attente dans un froid de canard, ceux-ci sont réapparus pour nous faire juste savoir que : « Rien n’a été obtenu, nous allons essayer de renégocier avec lui, merci à vous d’être venus » Point barre ! La frustration parmi les dernières personnes présentes était énorme.
Une seule conclusion peut être tirée : aujourd’hui plus que jamais, il est temps de s’organiser sur notre lieu de travail pour construire une aile combative au sein de nos délégations afin de construire sérieusement un rapport de force qui peut faire aboutir nos revendications. Le potentiel est là, nous devons l’exploiter.
Dans ce cadre, la réaction que les membres du Comité pour Une Autre Politique ont reçu était extrêmement favorable. Nos affiches en soutien aux travailleurs de VW ont connu un succès fulgurant. Le lien entre les licenciements massifs des ouvriers de VW et leur situation apparaissait comme évident aux yeux des manifestants. La nécessité de l’unité dans la lutte pour la défense de nos acquis venait à l’avant plan. D’ailleurs, une délégation s’est formée après la manif et a été soutenir les grévistes de VW.
Le chômage massif, la pauvreté croissante et la politique de casse sociale touchent et sont les préoccupations premières d’énormément de travailleurs aujourd’hui. Les discussions autour de la nécessité d’un outil pour organiser nos luttes et d’un relais politique des revendications des travailleurs étaient très encourageantes. Nous appelons donc tout le monde à rejoindre le CAP et à commencer à renouer avec les traditions de luttes des travailleurs en Belgique.
Assemblée Générale provinciale du Comité pour une Autre Politique de Bruxelles ce vendredi 15 décembre, à 19h à la VUB, bâtiment D. Venez nombreux !
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Non-marchand flamand: déception autour d’un maigre accord
Le 7 mai, les syndicats, le gouvernement et le patronat ont conclu un accord pour le secteur non-marchand flamand. Il a fallu 17 mois de lutte. La veille de la grève annoncée (à durée illimitée), 77% des militants de la LBC ont accepté l’accord. Dans les autres syndicats, celui-ci a été accepté avec une toute petite majorité. Il sera appliqué dès janvier 2006, ‘il y aura donc un trou d’un an puisque l’accord précédent expirait en décembre 2004.
Un militant LBC
L’accord améliore les conditions de travail et de salaire dans le non-marchand, mais il fallait plus et il était possible de l’obtenir. Il est par exemple prévu d’augmenter la prime de fin d’année, mais il n’y a pas de treizième mois complet. La revendication d’une augmentation des primes pour les prestations irrégulières n’a pas été obtenue non plus. L’élargissement du règlement 45+ vers tous les travailleurs dans le non-marchand flamand est lui obtenu, tout comme un remboursement partiel du coût des transports pour les travailleurs des soins à domicile. Dans les soins pour les handicapés chaque travailleur A1 sera payé selon son diplôme. A côté de cela, les syndicats ont aussi obtenu que l’accueil en dehors de l’école des enfants soit finalement repris dans l’accord et ils ont pu stopper la création des nouveaux statuts précaires.
Globalement on peut donc parler d’un accord modéré. Les conditions de travail et les salaires sont améliorés, mais l’écart salarial de 10,5% envers les autres secteurs n’est pas structurellement resolu. L’application de la semaine de 36 heures n’a pas été obtenue et dans la création des emplois supplémentaires, le gouvernement flamand a utilisé le même truc que son collègue fédéral. Par exemple : une partie des moyens de l’accord sur plusieurs années vont vers des mesures qui ont été prises dans d’autres dossiers.
L’accord reste limité et dans la ligne de l’accord fédéral. La déception chez beaucoup de syndicalistes est compréhensible après la lutte exemplaire de ces derniers mois. A cause de cette expérience de lutte et de la conviction qu’on pouvait et devait imposer des concessions, on s’attendait à beaucoup plus. De l’autre côté, il y a aussi quelques concessions qui ont été obtenues au niveau flamand et donc, obtenir plus était sans doute difficile au vu de l’accord dans le secteur fédéral.
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Non-marchand: Bilan d’un mouvement social historique
Non-marchand: Bilan d’un mouvement social historique
Après une grève historique de 12 jours, les syndicats du non-marchand ont approuvé le 7 mars le pré-accord pour le secteur des soins de santé fédéraux. Bien que cet accord soit bien en-deça du cahier de revendications initial, c’est la première fois depuis longtemps qu’une lutte débouche sur une extension plutôt que sur la préservation d’acquis. Les effets n’ont pas tardé à se faire sentir. Depuis lors, le secteur de l’alimentation est passé à l’offensive, les ministères flamands sont entrés en action contre le gel des recrutements et même les syndicats de l’enseignement se sont réveillés.
Eric Byl
Les syndicats du non-marchand ont mené des actions pendant 14 mois. En décembre 2003, ils rédigaient un cahier de revendications commun à tout le secteur après avoir consulté 15.000 travailleurs. On y réclamait notamment 25.000 emplois supplémentaires, la semaine des 36 heures, un 13ème mois complet, une prolongation de la convention 45+ et la prépension à 57 ans. La facture se montait à 3,7 milliards d’euros. Ces revendications n’avaient rien d’excessif. 25.000 emplois supplémentaires dans un secteur qui compte 460.000 travailleurs, ça ne représente qu’une augmentation d’à peine 5% du personnel. Le gouvernement n’a que le mot vieillissement à la bouche pour nous convaincre de travailler plus longtemps. Mais il n’en tient pas compte dès lors que le secteur revendique des moyens supplémentaires.
Les profits des entreprises ont fortement augmenté sur base de la hausse de la flexibilité et de la généralisation de conditions de travail malsaines. Cela entraîne une hausse des frais médicaux. Les patrons et le gouvernement sont d’accord d’encaisser les profits, mais pas qu’on leur présente la facture des soins de santé qui va de pair. Un groupe de plus en plus restreint doit abattre un volume de travail de plus en plus imposant. Le personnel est au bout du rouleau. Le gouvernement en est bien conscient, d’où le système de fin de carrière qui prévoit des jours de congés supplémentaires à partir de 45 ans. La prépension à 57 ans et l’extension du système de fin de carrière à tous les membres du personnel n’ont donc rien d’un luxe superflu.
Une étude du HIVA (haute école du travail liée à la CSC flamande) a démontré que les salaires du non-marchand sont inférieurs de 10,5% en moyenne à ceux des fonctions similaires dans d’autres secteurs. Un 13ème mois complet ne ferait que compenser partiellement ce retard.
Après 13 mois d’actions, le gouvernement était prêt à négocier. Entre-temps, les syndicats avaient fortement réduit leurs revendications. Il n’était ainsi plus question des 36 heures. Le cahier de revendications n’était plus que de 520 millions d’euros au moment où les négociations ont commencé. A titre de comparaison, c’est moins que les 700 millions d’euros que Belgacom veut verser cette année à ses actionnaires ou autant que ce que le gouvernement fédéral a mis sur la table pour soustraire le capital à risque au fisc.
Mais c’était encore de trop pour le gouvernement qui ne voulait pas lâcher plus de 375 millions d’euros en 5 ans. Ceci a été rejeté le 22 février par les syndicats. Au Setca/BBTK, les militants ont à peine été consultés. Dans les comités professionnels les secrétaires ont déclaré après coup que la LBC accepterait l’accord et que ça n’avait donc plus de sens de continuer la grève. Par ailleurs, la fraction sociale-démocrate au sein du Setca/BBTK prétendait que la LBC ne faisait grève que parce que le CD&V et le CDh ne siégeaient pas au gouvernement fédéral. Pourtant la LBC faisait aussi grève dans les secteurs flamands malgré que la ministre CD&V de la santé provenait de ses propres rangs. Résultat: 66% du Setca/BBTK a voté pour la reprise du travail. Même le secteur non-marchand de la CGSLB libérale a voté à 75% contre l’accord. La LBC a consulté 350 militants et délégués à ses Etats-Généraux. Seuls 2 présents ont voté pour ce préaccord.
“Grève au finish”
Après le rejet de la proposition du gouvernement par la LBC, Walter Cornelis a déclaré que la coupe était pleine. Il a appelé à la " grève au finish " à partir du 24 février. Non seulement les militants syndicaux, mais pratiquement tout le personnel était enthousiaste à l’idée de participer à une lutte que les dirigeants syndicaux n’allaient cette fois pas stopper à mi-chemin. Au début des actions, dont le coup d’envoi fut donné par la concentration de militants en front commun à la salle de la Madeleine en décembre 2003, la mobilisation se limitait le plus souvent à des délégués renforcés par un groupe stable de manifestants.
Cela a changé à partir du 24 février. Pour la première fois, des couches plus larges du personnel étaient impliquées. Dans plusieurs hôpitaux, des assemblées du personnel ont eu lieu, y compris pour les réquisitionnés. Ailleurs, des comités de grève ont été mis sur pied. Les travailleurs ne se sentent vraiment impliqués que s’ils peuvent participer aux décisions.
La ministre de l’emploi, Freya Vanden Bossche (Spa), ne voulait pas négocier sous la pression d’une grève, mais son extension rapide l’a vite ramenée à la raison. Alors que les actions et les grèves s’élargissaient, que la conscience et la combativité croissaient et que les travailleurs étaient de plus en plus nombreux à rejoindre la lutte, … le gouvernement négociait un nouveau préaccord avec les syndicats pour un montant de 471 millions d’euros. Y figuraient notamment : la conversion de contrats ouvriers en contrats d’employés, une extension considérable du système de fin de carrière, une légère augmentation de la prime "d’attractivité" de 300 à 400 euros, une hausse dérisoire de 50% à 56% de la prime de compensation pour les prestations irrégulières et un supplément pour le cadre moyen. Concernant l’emploi: une augmentation des normes pour les soins et l’infirmerie, valable pour 3.432 emplois à temps plein (ETP) dans les hôpitaux. Dans le ROB/RVT 2.613 ETP, soit 80 dans les soins à domicile, 205 dans les soins psychiatriques et 900 pour compenser le système de fin de carrière. Total: 7230 ETP.
Le gouvernement était manifestement pressé d’arriver à un accord. A tel point qu’il a fait des concessions qui doivent encore être avalisées par les employeurs pour être valables. Becoprivé, une organisation patronale en Wallonie et à Bruxelles, a déjà déclaré avoir des problèmes avec 5 points du préaccord et non des moindres. A l’heure où ces lignes sont écrites, l’accord des employeurs n’était pas encore acquis.
Le "finish" était plus proche des attentes
Beaucoup de travailleurs, motivés par la position dure de la LBC, ont été déçus de voir les actions s’arrêter soudainement sans qu’on prenne la peine de consulter ces couches larges qui s’étaient mises en branle. Beaucoup considéraient l’acceptation quasi unanime de l’accord par la LBC comme "incompréhensible" voire comme une "trahison". Les infirmières, surtout, se sentaient abandonnées. Il est manifeste que, sous pression de la base, la direction de la LBC avait suscité des attentes qu’il n’avait nullement l’intention d’honorer. La désillusion dans la direction du Setca était déjà un fait depuis le 22 février, ce qui se traduisait par une combativité accrue et une attitude plus critique des affiliés envers leur propre direction syndicale.
Paradoxalement, Walter Cornelis a pu faire accepter cet accord en s’appuyant sur l’autorité qu’il avait acquise par sa fermeté lors du préaccord précédent du 22 février. A la LBC, l’accord (du 7 mars) a été voté lors d’Etats-Généraux: un grand meeting de 500 délégués et militants avec micro ouvert où chacun a une voix. Au Setca/BBTK, l’accord a été approuvé par le comité fédéral, composé principalement de secrétaires et de permanents, à l’exception de quelques sections dont Bruxelles-Hal-Vilvorde qui a d’ailleurs voté contre. Le vote se fait par section et n’est pas reporté à la proportionnelle, mais selon le principe "the winner takes it all" (le vainqueur gagne tout). Sous la pression du gouvernement, il fallait que l’accord soit approuvé à tout prix le lundi 7 mars. Le vote a donc fait l’objet de manipulation subtiles et moins subtiles. Au Setca/BBTK, le texte (qui est relativement long et détaillé) n’a été donné aux délégués qu’au début de la réunion. Il était donc impossible de le discuter de manière sérieuse.
La LBC à fait encore mieux: les militants n’ont reçu le texte qu’après le vote (l’excuse étant que l’on était encore en train de le copier). Nous dépendions donc de la présentation powerpoint et du commentaire de la direction syndicale.
En comparaison avec beaucoup d’autres secteurs, cet accord du non-marchand est un pas en avant important. Si on regarde les besoins du secteur et la rapidité avec laquelle le gouvernement – dès que la grève s’est corsée – à du céder, on voit non seulement qu’il fallait mais qu’on pouvait obtenir davantage. Les sympathisants du MAS dans le non-marchand publient un journal pour le secteur sous le nom "Hypertension". Nous sommes actifs à la LBC, à la CNE, au Setca/BBTK et à la CGSP. Vous voulez lutter pour des syndicats démocratiques et combatifs? Contactez-nous.
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Non-marchand. Il faut une stratégie pour vaincre!
Les travailleurs du secteur non-marchand sont à un tournant décisif dans leur lutte pour l’amélioration des salaires et des conditions de travail. Après la manifestation du 27 janvier, qui a vu descendre dans la rue des milliers de membres du personnel infirmier, du personnel paramédical, d’éducateurs, d’animateurs ontclamé leur colère, tant en matière d’amélioration des conditions de travail que sur le plan salarial, le gouvernement a bloqué l’enveloppe budgétaire à 375 millions d’euros répartis sur 5 à 6 ans.
Correspondant
Ce qui limite la création d’emplois à 10.000 au lieu de 25.000, soit 7.000 équivalents temps plein. C’est beaucoup trop peu pour soulager la charge de travail.
En matière de pouvoir d’achat, ce sera encore plus mince. Le gouvernement s’en tient à la position du ministre précédent Frank Vandenbroucke (SP.a) qui avait opposé un Niet! pendant deux ans aux revendications salariales. Il n’est prévu qu’une petite augmentation pour les plus mal payés et on instaurera un deuxième pilier pour les pensions dans le secteur. Les pensions des travailleurs du non-marchand figurent parmi les plus maigres en Belgique.
Les travailleurs du non-marchand gagnent en moyenne 10,5% de moins que dans les autres secteurs, et cela durera encore deux ans. Les syndicats ont fait savoir que les propositions du gouvernement étaient insuffisantes. Ils revendiquent une enveloppe minimale de 520 millions d’euros. Mais ils abandonnent ainsi une bonne partie de leur cahier de revendications alors que les travailleurs se sont battus pour l’application de ce cahier pendant plus d’une année. Qui dit que les prochains mois, ne verront pas les négociateurs syndicaux opérer une nouvelle reculade, et que les travailleurs du non-marchand ne se retrouveront pas de nouveau avec un accord sans contenu pour les cinq ou six ans à venir?
Les syndicats ont déposé un préavis de grève illimité à partir du 24 février, mais ils laissent leurs affiliés dans l’incertitude sur les modalités pour organiser ces grèves. La LBC (la Centrale CSC pour les employés, en Flandre) veut faire une grève générale les 24 et 25 février afin d’exercer le plus vite possible une pression maximale sur le gouvernement et arracher des concessions. Si le gouvernement tient bon, le secteur ira-t-il vers une grève générale? La LBC tient-elle compte du fait que dans beaucoup d’institutions les actions sont menées uniquement par les délégués?
Il faut une mobilisation. Mais la forme qu’elle prendra reste très floue. Ainsi le SETCa envoie ses militants diffuser des tracts "Grève à durée indéterminée… dans les soins de santé?". Attention au point d’interrogation. Distribuez-le aux collègues de travail et, pour le reste, tirez votre plan? C’est la recette assurée pour une défaite. Dans son dernier tract, Hypertension (bulletin de militants du SETCa, de la LBC et de la CNE dans le non marchand), le MAS insiste sur la nécessité d’un plan d’action par région et sur la mise sur pied d’un comité d’action. Cela permettra d’informer la masse des travailleurs qui, jusqu’à présent, l’a peu été. Au SETCa, il y a un plan d’action avec des réunions d’information et des piquets massifs sont prévus à partir du 1er mars sur un certain nombreux d’hôpitaux bruxellois. Avec un tel plan de mobilisation, il est possible de lancer des actions qui iront en s’élargissant. Mais il faudra aussi que ces actions puissent durer dans le temps.
Pour mettre sur pied des comités d’action, il faudra travailler à la base pour unifier les militants de la FGTB et de la CSC. Jusqu’à présent, les manifestations se sont déroulées en " blocs de couleur ", les verts d’un côté, les rouge de l’autre. Cela nuit à l’unité.
Une victoire du non-marchand est possible et nécessaire. D’abord pour le personnel, mais aussi pour les usagers. Chaque délégué doit prendre l’initiative d’organiser, dès que possible, des réunions pour préparer le passage à l’action dans les institutions de soins et, sur le plan régional, élaborer un plan d’action capable de mener à la victoire.
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Grève à durée illimitée pour: Des soins de santé à la mesure des patients et du personnel!
Freya, Inge et Rudy veulent: Des soins de santé à la mesure du budget
Cela fait plus d’un an que le personnel du non-marchand est en action. Nous revendiquons une réduction de la pression du travail et une meilleure rémunération pour effacer l’arriéré salarial. Le gouvernement ne veut rien entendre. Cela a finalement mené à un blocage de la situation. Le gouvernement refuse de négocier sous la pression d’une grève, les syndicats se rendent cependant compte que cela fait plus d’un an que nous manifestons et que notre patience est à bout.
Hypertension Journal d’action de syndicalistes combatifs CSC et FGTB
En décembre 2003, les syndicats du non-marchand ont mis sur pied, après consultation d’au moins 15.000 membres du personnel, une plate-forme complète de revendications pour tout le secteur. Nous y revendiquions entre autres 25.000 emplois supplémentaires, la semaine des 36 heures, une opération de rattrapage salarial, un 13ième mois complet, des moyens pour la formation, une prolongation de la convention collective des 45+ et de la prépension à 57 ans. Dans son ensemble cela représente un budget de 3,7 milliards d’euros.
Ces revendications n’avaient rien d’excessif. 25.000 emplois supplémentaires, cela peut sembler beaucoup à première vue, mais, dans un secteur qui emploie 450.000 personnes, cela fait tout au plus une augmentation du personnel de 5 %. Le gouvernement n’a que le vieillissement à la bouche. La Banque Nationale de Belgique a calculé que les dépenses de soins de santé pour un septuagénaire sont en moyenne 3,5 fois plus élevées que pour quelqu’un de 35 ans et celles pour un nonagénaire au moins 12 fois plus élevées. Le gouvernement cite volontier ces chiffres à l’appui de ses tentatives de nous imposer de nouvelles coupes budgétaires ou de nous faire travailler plus longtemps, mais il les oublie dès lors qu’on demande des moyens pour le secteur.
Il n’y a pas si longtemps, l’hebdomadaire de droite Trends/ Tendance publiait les chiffres de profits des 30.000 plus grandes entreprises de Belgique. Il semblerait que sur une année, ils aient doublé pour atteindre un minimum de 27,8 milliards d’euros ou 300.000 francs belges par personne active. Ni les cours de la bourse, ni les investissements, qui se trouvent à des niveaux historiquement bas, ne peuvent expliquer cette augmentation de gains. Les raisons les plus importantes à cela sont l’augmentation du taux d’exploitation par la flexibilité et le travail pénible.
Cela conduit évidemment à une hausse des coûts de maladies. Les patrons et le gouvernement poussent les profits à la hausse, mais ils ne sont pas prêts à faire de même avec les dépenses de santé qui vont de pair.
Non seulement dans le secteur privé, mais également dans le nonmarchand, le volume de travail augmente tandis que le personnel se réduit. De plus en plus de membres du personnel tombent en dépression et sont surmenés. Le gouvernement s’en rend bien compte, d’où le système de fin de carrière qui prévoit des jours de congé supplémentaires pour les plus de 45 ans. La prépension à 57 ans et l’élargisssement du système de fin de carrière à tous les membres du personnel n’est donc pas un luxe superflu.
Une étude de l’Institut Supérieur du Travail de Louvain montre que les salaires dans le non-marchand sont en moyenne 10,5% plus bas que les salaires pour des fonctions équivalentes dans d’autres secteurs. Un 13ième mois complet devrait compenser en partie ce décalage.
Une plate-forme de revendications édulcorée
Les syndicats ont déjà fortement édulcoré leurs revendications en espérant trouver plus d’écho auprès d’un gouvernement qui les ignorait superbement. Il n’est plus question de la généralisation de la semaine des 36 heures ni même des 25.000 emplois supplémentaires. La plateforme de revendications sur base de laquelle les syndicats veulent négocier actuellement ne se monte qu’à 520 millions d’euros, soit la même somme que pour Belgacom, qui a trente fois moins de personnel que dans le non-marchand. Cela ne représente que les dividendes annuel distribués par Belgacom à tous ses actionnaires.
C’est pourtant déjà trop pour le gouvernement qui ne propose que 375 millions d’euros en cinq ans, soit 75 millions d’euros par an. Avec cette somme, le gouvernement veut créer 10.000 nouveaux emplois en six ans, dont presque la moitié pour des lits supplémentaires dans les maisons de repos et les maisons de convalescence. Seuls 5.700 de ces emplois supplémentaires pourraient donc servir à baisser la pression du travail, à remplacer les absents et à compenser l’élargissement du système de fin de carrière à tous les membres du personnel. Le gouvernement ne cesse de claironner qu’il s’agit de 10.000 emplois supplémentaires, mais il se garde bien de préciser qu’il s’agit pour une bonne part de temps partiels. En réalité, cela n’équivaut qu’à 7.500 temps pleins.
En ce qui concerne les salaires, le gouvernement ne veut pas entendre parler d’un 13ième mois. Il campe sur une hausse graduelle de la prime de fin d’année jusqu’à 300 euros par an. Cela ne correspond même pas à une augmentation de salaire de 2 % en 6 ans. En outre, le gouvernement veut compenser le détricotage du système de pension légale par une pension extra-légale via une cotisation de 150 euros par an et par travailleur, soit 0,58 % du salaire moyen dans le secteur des soins de santé.
A propos de la pression du travail, le gouvernement propose une légère amélioration du système de fin de carrière. Le nombre de membres du personnel qui entrent en ligne de compte sera élargi et les emplois " non-pénibles " recevront également une légère compensation. Il est cependant alarmant que l’élargissement du système de fin de carrière serve de feuille de vigne au démantèlement des prépensions. Les syndicats du non-marchand doivent s’alarmer du fait que le gouvernement se serve de leur secteur pour remettre en question les prépensions à l’approche de la conférence sur les fins de carrières.
Le secteur du non-marchand en Flandre n’a encore rien obtenu. Leurs revendications sont cependant comparables à celles du secteur fédéral. Le gouvernement flamand attend officiellement que le fédéral bouge, mais la ministre Vervotte a d’ores et déjà marqué son accord avec la proposition de son collègue Franck Vandenbroucke sur le gel des salaires.
Le front commun syndical se maintient, mais non sans mal.
Finalement, la proposition gouvernementale a été rejetée par les syndicats. Cela n’a pas été sans mal, surtout au sein du Setca/BBTK. Les militants n’ont pas – ou si peu – été consultés. Au sein des comités professionnels, les secrétaires ont déclaré que la LBC allait de toute façon accepter l’accord et que la grève était donc vouée à l’échec. En outre, les sociaux-démocrates au sein du BBTK/Setca ne cessent d’insinuer que la LBC chrétienne n’est disposée à faire grève que parce que le CD&V et le Cdh ne sont pas au gouvernement fédéral. La LBC fait pourtant également grève dans les secteurs flamands, malgré que le ministre de la santé – CD&V- provient de l’ACV (la CSC en Flandre).
Résultat : 66% du BBTK/Setca ont voté pour la reprise du travail. Même les libéraux de la CGSLB ont voté dans leur ‘groupe d’intérêt nonmarchand’ à 75 % contre l’accord. La LBC a consulté 350 militants et délégués lors de ses étatsgénéraux. Seules deux personnes présentes ont voté pour l’accord. Le MAS a des militants tant à la LBC et à la CNE qu’au BBTK/Setca. Nos militants du BBTK/Setca se sont sentis manipulés.
Certains participent à des comités de grève où ils ont été obligés de se distancier de leur centrale syndicale. Le BBTK/Setca s’est finalement rallié aux autres syndicats, mais l’épisode a mis en évidence le besoin de démocratie interne.
Les syndicats mettent parfois plus d’énergie à se mettre des bâtons dans les roues qu’à organiser la lutte. Rien n’est plus absurde que ces blocs rouges, verts et bleus. Nous espérons que les assemblées du personnel qui s’organisent ici et là pourront rétablir la confiance.
Freya dans les traces de Wivina Demeester et de Mieke Vogels
Il n’a fallu qu’une grève pour faire tomber le masque de Freya VdB. Elle refuse de négocier sous la pression d’une grève. N’importe quel patron qui s’exprimerait ne récolterait que des huées. Freya marche ainsi dans les traces de l’ancienne ministre CVP Wivina Demeester qui se demandait jadis si "on travaillait vraiment dans le secteur nonmarchand". Mieke Vogels, lorsqu’elle était ministre Agalev de la santé dans le gouvernement flamand, voulait exécuter son "accord" sans les syndicats.
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Non Marchand. Nos revendications ne sont pas égoïstes, mais utiles à la société
Après une année 2004 agitée le non-marchand se prépare à faire de nouvelles actions cette année. Le 27 janvier de nouveau des milliers de travailleurs sociaux, d’infirmières, d’éducateurs iront à Bruxelles pour faire entendre leur voix et pour imposer des négociations.
Un militant de la LBC (syndicat CSC des employés en Flandre)
Sur le “communisme” de Stevaert
Les spécialistes avec de hauts salaires doivent collaborer pour sauvegarder l’équilibre budgétaire. C’est la proposition du président du SP.a Steve Stevaert. Cela a provoqué une critique violente de l’ABSYM (Association belge des Syndicats de Médecins). Selon son porte-parole Marc Moens cette proposition sentait “le communisme”.
Cette réaction ridicule montre que les spécialistes concernés ne veulent pas renoncer à leurs privilèges qui s’appuient sur le système de médecine à l’acte. Si les responsables l’ABSYM pense qu’écrémer les salaires les plus hauts sent déjà « le communisme », ils risqueraient de tomber dans les lits de leurs propres hôpitaux s’ils entendaient les proposition du MAS. Nous sommes pour l’installation d’un service national et public des soins de santé sous contrôle des travailleurs et des consommateurs. Nous luttons résolument contre la médecine à l’acte et pour la nationalisation de l’industrie pharmaceutique afin que les produits soient vendus au prix le plus bas possible.
Les travailleurs en ont assez de travailler dans les pires conditions de travail et de salaire. Une étude récente de l’Institut supérieur pour le Travail montre que les travailleurs du non-marchand gagnent en moyenne 10,5% de moins que leurs collègues des autres secteurs avec le même diplôme et la même ancienneté. C’est donc à juste titre qu’ils revendiquent une harmonisation des salaires et un réel treizième mois. À coté d’un manque de places d’accueil pour les personnes handicapées, les patients et les autres utilisateurs du secteur, il y a aussi un déficit énorme de personnel accompagnant, soignant et infirmier. Pour faire baisser le stress au travail, le secteur du non-marchand revendique une augmentation du personnel de 5% soit 25.000 emplois supplémentaires. Il revendique aussi la semaine de 36 heures sans perte de salaire avec embauche compensatoire, plus de moyens pour la formation, l’assouplissement du règlement de fin de carrière pour tous les secteurs du non-marchand et la mise sur pied d’un fonds de pension extra-légal (actuellement les pensions du non-marchand sont parmi les plus basses).
Tout cela doit éviter que le sec-teur ne se vide, ce qui engendre un coût énorme pour la société. Pensons seulement aux Pays-Bas, où le déficit de personnel entraîne la fermeture de nombreux départements d’hôpitaux, ce qui fait que les patients doivent attendre des mois pour une opération ou une hospitalisation et que des mil-liers de personnes handicapées sont inscrites sur de longues listes d’attentes,…
La situation objective dans laquelle le secteur se trouve semble d’ailleurs avoir fortement changé. Au cours des 10 dernières années les actions de lutte ont toujours mené à des concessions du gouvernement. Aujourd’hui cette époque semble révolue. En Flandre il n’y pas encore un début de négociations, bien que les cahiers de revendications aient été déposés dans les cabinets concer-nés fin 2003. Sur le plan fédéral il y a eu entretemps quelques discussions. Récemment le ministre Rudy Demotte a annoncé vouloir créer 7.500 emplois en 5 ans. Pas un mot sur les hausses de salaire ni sur les autres revendications.
Et c’est encore pis: les gouvernements passent à la contre-attaque. Le ministre du Travail et de l’Enseignement pour la Région flamande, Frank Vanden-broucke (SP.a), a annoncé en octobre 2004 un gel salarial pour deux ans. La ministre du Bien-être, des Soins de la Santé et de Famille, Inge Vervotte (CD&V,) affirme que le gouvernement flamand “a constaté qu’il n’y a en fait pas de marge pour une augmentation salariale supplémentaire”.
Il semble que les gouvernements vont essayer de concéder le moins possible. Il n’est même pas irréaliste de penser qu’ils tenteront de décrire les travailleurs du non-marchand comme des égoïstes. C’est pour cela qu’il est important que les syndicats élargissent leurs actions et ne les limitent pas à des manifestations et des grèves d’un jour. Ils pouvaient entre autres expliquer aux étudiants du secteur que les 25.000 emplois supplémentaires ne sont pas seulement revendiqués pour faire baisser les cadences de travail, mais aussi pour contrecarrer le chômage chez les jeunes. Aux organisations de consommateurs et des patients on peut montrer que plus de personnel, plus de moyens et plus d’éducation vont garantir de meilleurs soins. Les revendications du non-marchand ne sont pas égoïstes. Au contraire, elles vont dans l’intérêt commun de la société.
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Les soins de santé suffoquent
LA PRESSE le dit tous les jours: la situation des soins de santé est “inquiétante”. En 2004 le budget avait un déficit de 850.000.000 d’euros. Excellente raison pour Rudy Demotte (ministre PS des Affaires Sociales et de la Santé) d’intervenir avec toute une batterie de coupes budgétaires.
Bart Van der Biest
Expliquer toutes ces mesures prendrait trop de place, mais l’on peut déjà dire que toutes sortes de sommes forfaitaires vont êtres augmentées, certaines consultations vont être limitées, la partie non-remboursée pour les visites à domicile va être augmentées,…
Part dans le budget de l’Inami (en milliards d’euros):
Salaires des médecins: 5013 (30,8%)
Jour d’hospitalisation: 3803,5 (23,4%)
Médicaments: 2876 (17,7%)
Maisons de repos: 1407,5 (8,7%)
Infirmiers: 689,6 (4,2%)
Orthodontie: 512,7 (3,1%)
Kinésithérapeutes: 414,5 (2,5%)
Implants: 374,4 (2,3%)
Revalidation: 337,9 (2,1%)
Autres: 828,7 (5,1%)Il est intéressant de voir la répartition des coûts dans les soins de santé (voir cadre). Le budget total de l’Inami (qui n’était pas suffisant) est de 16.257,8 milliards d’euros. Fait remarquable: une grande partie de cette somme arrive chez les médecins (30,8%), et l’industrie pharmaceutique n’est pas non plus en reste, puisque quelque 17,7% leur sont réservés (à comparer avec 12 ,2 % au Luxembourg, 11% aux Pays-Bas et 8,5% au Danemark). L’industrie pharmaceutique belge coule des jours heureux… En comparaison de ces deux goinfres, le coût des infirmiers (4,2%) est presque négligeable. Demotte annonce en fanfare qu’il va s’attaquer à l’industrie pharmaceutique… ce boucan permet de passer sous silence ce qu’il compte faire avec les patients. «Tout le monde doit payer sa part », déclare t-il. Léger problème: en s’en prenant aux patients, ce ne sont pas les profits qui passsent à la trappes, mais notre santé.
Le modèle kiwi: l’oeuf de Colomb?
Une proposition lancée par un docteur du PTB, défendue par le ministre Spa et les présidents du SP.A, VLD et CD&V, applaudie par la presse bourgeoise… on se méfierait à moins! Mais qu’est-ce-que le modèle kiwi? En Nouvelle Zélande l’Etat fait des adjudications publiques ouvertes, et seul le médicament générique le meilleur marché répondant aux exigences du produit est remboursé par la mutuelle. Grâce à cela les médicaments y sont 50 à 90% moins chers qu’en Belgique. Par patient et par an, la mutuelle rembourse 63 euros, contre une moyenne de 270 euros en Belgique.
Mais en Nouvelle Zélande, l’industrie pharmaceutique fait également des profits. Le modèle kiwi n’est donc certainement pas une mesure « anticapitaliste », mais cherche justement à maintenir la fonction de vache à lait pour les médecins et l’industrie pharmaceutique, protégeant ainsi ce beau monde de leur propre gloutonnerie: si le système n’est plus tenable, fini les profits!
L’argument selon lequel on laisserait jouer le marché libre est tout aussi dénué de sens. Le jeune capitalisme de la libre concurrence est mort, et a laissé place au capitalisme monopoliste, dans lequel les grandes multinationales dictent leur loi.
L’industrie pharmaceutique a une machine de marketing énorme qui doit assurer que seuls les produits les plus chers sont disponibles. De différentes manières, les prescripteurs sont «convaincus»: offre de petits voyage masqués comme jours d’étude, restaurants de luxe, échantillons gratuits (qui obligent plus ou moins le patient à continuer après avec le même médicament), sponsoring des magazines professionnels,… La «pharma-maffia» dépense plus en publicités qu’en recherches. Pour autant que cela continue, on pourrait encore installer 100 modèles kiwi, sans réel changement. Un autre cancer des soins de santé: la médecine de prestation Au lieu d’abolir résolument la médecine de prestation (dans lequel le médecin est payé par « client »), Demotte se limite à quelques mécanismes de contrôle.
Chaque hôpital regorge d’histoires d’abus de prestations (non-nécessaires, ou tout simplement inexistantes). Cela peut revêtir la forme de consultations hebdomadaires de tous les patients d’un hôpital, pour finalement ne pas s’y intéresser. Comment un mécanisme de contrôle va-t-il différencier ce qui est nécessaire de ce qui ne l’est pas? Les patients qui en ont besoin sont menacés d’être les victimes de ces mesures limitatives. Un contrôle de qualité va s’avérer pratiquement impossible.
Dernière couche d’absurdité ; ce sont bien souvent les infirmiers qui s’occupent de ces prestations, le rôle du médecin se limitant à garder ouvert son portefeuille.
Une alternative socialiste
au hold-up capitaliste sur les soins de santé Pour un programme socialiste relatif aux soins de santé, nous mettons en avant les trois éléments suivants, parmi d’autres:
1. La mise sur pied d’un service de santé national aux mains de l’état et sous contrôle des travailleurs et des consommateurs. Cela permet d’éliminer la concurrence entre hôpitaux et de simplifier le financement. Actuellement, les hôpitaux dépendent de subventions de l’état et des cotisations des médecins.
2. L’abolition résolue de la médecine de prestation et le payement des médecins comme des salariés: la surconsommation n’aurait donc plus aucun intérêt. De plus, il serait fini le temps des médecins se comportant en seigneurs intouchables dans leur hôpital.
3. La nationalisation de l’industrie pharmaceutique afin que seuls les meilleurs produits soient vendus, et à bas prix. La montagne d’argent qui est gaspillée aujourd’hui dans la publicité pourrait aller intégralement à la recherche.
Est-ce que la scission est une solution?
L’explosion des dépenses a renforcé l’appel flamand pour une fédéralisation des soins de santé. Des deux côtés de la frontière linguistique, chiffres et statistiques sont mis en avant. Mais ces chiffres sont flexibles et peuvent être interprétés de différentes manières.
En plus, les avocats de la scission ne proposent pas de projet réfléchi. Pour les travailleurs et les consommateurs une scission serait tout sauf une bénédiction. Selon Gilbert De Swert (CSC) une sécurité sociale flamande serait (encore) plus libérale étant donné que le rapport de forces est moins favorable à classe ouvrière en Flandre qu’en Wallonie. Il ne se passerait guère de temps avant qu’on ne commence à privatiser le secteur peu à peu. Aux Etats- Unis on voit bien ce qu’un tel système a à offrir: bien qu’une partie importante de la population vit dans la précarité, les dépenses par habitant sont les plus élevées du monde développé, et cela avec une espérance de vie et un degré de mortalité infantile tragique. Difficile de voir là un modèle d’efficacité. Quoique encore une fois, tout dépend du côté où l’on se trouve.
Il n’y a aucun espoir de diminution des abus tant que la maximalisation des profits reste le moteur des soins de santé. Ceux-ci ne peuvent être de qualité et durable que dans une société socialiste qui part des besoins de la population et non pas des profits des entreprises.