Category: Social

  • Changement climatique : nous n’aurons aucun avenir sans changement de système

    Deux ans après la première grève mondiale pour le climat du 19 mars 2019, malgré l’acuité de la situation, le Covid-19 a relégué la question au second plan. Pourtant, le coronavirus est en soi une lourde accusation contre le mode de production capitaliste qui détruit les écosystèmes et crée des dangers biologiques et environnementaux menaçant le développement de toute notre biosphère.

    Par Jonas Brännberg, Rättvisepartiet Socialisterna (section suédoise d’Alternative Socialiste Internationale en Suède).

    Les avertissements concernant la pression exercée par le mode de production capitaliste sur la capacité de la terre à gérer toutes les formes de stress se sont multipliés. Au cours de l’année écoulée, nous avons vu un nombre record de tempêtes tropicales en Amérique centrale et en Asie du Sud-Est, des chaleurs extrêmes en Sibérie et des incendies en Australie et en Amérique du Nord et du Sud. 2020 a été, malgré le phénomène météorologique de refroidissement, La Niña, l’année la plus chaude jamais enregistrée. Bien que cette température ait égalé celle de 2016, le phénomène de réchauffement El Niño a alors été important.

    Le changement climatique est loin d’être le seul responsable de ces graves alertes. On peut également citer la disparition rapide d’espèces, la surfertilisation et l’explosion du plastique et d’autres polluants. Selon les climatologues, nous avons déjà quitté la zone de sécurité pour quatre des neuf “frontières planétaires” qui maintiennent la Terre dans l’état stable dans lequel elle se trouve depuis 11 700 ans, appelé Holocène.

    Les frontières planétaires

    Le concept de “frontières planétaires” est utilisé pour définir “l’espace de fonctionnement sûr pour l’humanité” – il faut y rester pour assurer le “développement durable”. Ces frontières sont le changement climatique, la perte de biodiversité, les changements biogéochimiques, l’acidification des océans, l’utilisation des terres, l’eau douce, l’appauvrissement de la couche d’ozone, l’utilisation d’aérosols et la pollution chimique.

    Lorsque Karl Marx et Friedrich Engels, les fondateurs du socialisme moderne, ont étudié le capitalisme, ils ont souligné la contradiction qui existe entre le système capitaliste et la nature. Marx l’a exprimée en disant que le capitalisme avait créé une faille métabolique entre les êtres humains et la nature. Il a donné l’exemple de la manière dont les nutriments contenus dans les aliments étaient transportés de la campagne vers les villes pour être ensuite rejetés dans la mer sous forme de déchets, avec pour conséquence l’épuisement des sols.

    Marx et Engels ne pouvaient cependant qu’entrevoir les prémices de ce qui allait devenir une transformation complète de la relation de l’homme à la nature. Dans la quête de profits toujours plus importants, les écosystèmes et les ressources naturelles de la terre ont été traités comme des ressources gratuites, où les matières premières, les produits alimentaires et autres ressources ont été aspirés de la nature tandis que la pollution a été vomie dans le sol, la mer et l’air. Avec l’aide des combustibles fossiles, la barrière photosynthétique a été brisée – le capitalisme a tout simplement produit plus hors de la nature qu’il n’a pu lui en restituer afin d’accroître son expansion et de satisfaire sa course aux profits, sans prêter la moindre attention aux graves conséquences.

    Il n’est pas toujours facile de voir quand des changements graduels transforment la quantité en qualité (en un état complètement neuf), surtout pendant que cela se produit. Ce n’est qu’au cours de ces dernières années que les chercheurs ont pu parvenir à la conclusion que la terre, au milieu des années 1900, avait déjà quitté ce que l’on appelle l’Holocène – une ère de 11.700 ans caractérisée par des conditions très stables dans les systèmes terrestres.

    Nous vivons désormais dans ce que l’on appelle l’Anthropocène (l’ère de l’homme), même si “Capitalismocène” est une meilleure description. Cela signifie que nous vivons à une époque où l’humanité, sous le règne du capitalisme, est devenue la force la plus importante dans l’évolution de la vie sur terre. L’équilibre du système terrestre, qui a utilisé l’équilibre et la rétroaction d’une variété de formes de vie pour maintenir les températures entre -5 et +2 pendant 2,6 millions d’années, est maintenant, en raison de l’industrialisation, sérieusement menacé.

    Tout au long de l’histoire de l’humanité, la terre (ou plutôt la partie de la terre où la vie peut exister) a probablement été perçue comme plus ou moins infinie. En fait, il s’agit d’un fragment extrêmement petit du monde dans lequel nous vivons. Dans l’univers, il y a au moins deux trillions de galaxies, et dans notre propre galaxie, la Voie lactée, il y a jusqu’à 400 milliards d’étoiles. Autour de l’une de ces étoiles, notre soleil, la Terre tourne, avec une fine couche de vie de seulement 20 km sur et au-dessus de sa surface.

    Avec un système capitaliste passé en mode turbo ces dernières décennies, cette biosphère a été gravement endommagée. Ce ne sont pas seulement les changements de température qui menacent de modifier radicalement l’état dans lequel notre civilisation existe. La vie sur Terre est également façonnée par la circulation dans l’atmosphère (comme les courants-jets dont les changements récents ont provoqué la vague de froid extrême au Texas), par la circulation de l’eau à travers la vapeur d’eau, les précipitations et les courants océaniques, l’étendue des calottes glaciaires, le sol, l’étendue de la couche d’ozone, la circulation des nutriments, etc. Avec notre entrée dans l’Anthropocène, la société humaine affecte non seulement la dynamique de toute vie sur terre mais aussi l’ensemble du système terrestre : les océans, la glace, la terre, l’atmosphère et le climat.

    Jamais dans l’histoire de la planète, depuis sa création il y a 5 milliards d’années, la diversité de la vie n’a été aussi grande qu’à l’époque géologique la plus récente. Ceci est dialectiquement lié aux conditions climatiques. Des conditions climatiques stables ont créé les conditions nécessaires au développement et à la diversification de la vie, mais la diversité de la vie a également stabilisé le système terrestre et créé une biosphère élastique, capable de gérer le changement et l’incertitude.

    Avec le capitalisme, cette diversité a été rapidement érodée. Depuis 1970, le capitalisme a fait disparaître 60 % des populations de mammifères, d’oiseaux, de poissons et de reptiles, selon le Fonds mondial pour la nature (WWF). En moyenne, un animal et une plante sur quatre qui ont été étudiés sont menacés, ce qui signifie qu’environ un million d’espèces sont menacées d’extinction.

    Cette perte de biodiversité nous menace directement, par exemple par la diminution des insectes pollinisateurs qui a entraîné une réduction de la production alimentaire. Mais c’est aussi une menace qui risque d’accélérer le changement climatique et de rendre plus difficile l’adaptation au changement. À cause de l’industrie agricole capitaliste, par exemple, 90 % des cultures locales, qui peuvent s’adapter au changement climatique, ont été perdues lorsque les grandes multinationales ont introduit leurs cultures à haut rendement.

    La mondialisation capitaliste à laquelle nous avons assisté au cours des dernières décennies a donc non seulement créé des chaînes de production mondiales fragiles, mais a également rendu notre planète, plus imbriquée, plus fragile d’un point de vue biologique également.

    Au cours des dernières décennies, 50 % des terres de la planète ont été converties en agriculture, en villes, en routes et en autres infrastructures. Aujourd’hui, le changement d’affectation des sols est à l’origine de 14 % des émissions de gaz à effet de serre. Un récent rapport de la “Rainforest Foundation Norway” a défendu que seul un tiers des forêts tropicales du monde est encore intact.

    Pour illustrer l’importance de l’homme pour la biosphère et les écosystèmes, on peut mentionner, par exemple, que le poids de la population humaine actuelle est 10 fois supérieur à celui de tous les mammifères sauvages. Si l’on ajoute le poids du bétail destiné à la consommation humaine, les mammifères sauvages ne représentent que 4 % du poids total.

    Cependant, c’est le capitalisme qui est le problème, pas les gens ou l’humanité. Les 1 % les plus riches sont responsables de plus de deux fois plus d’émissions de gaz à effet de serre que la moitié la plus pauvre du monde au cours des 25 dernières années. La moitié la plus pauvre de la population mondiale n’a pratiquement pas augmenté ses émissions au cours de la même période, désormais connue sous le nom d’ère de l’inégalité carbone. Dans le même temps, quelques grandes entreprises exploitent les ressources de la nature. Par exemple, selon le rapport intitulé “Transnational Corporations as ‘Keystone Actors’ in Marine Ecosystems”, seules 13 entreprises géantes sont responsables de 20 à 40 % de toutes les captures marines de poissons plus gros et plus précieux.

    Ce qui est particulièrement menaçant dans le changement climatique, c’est qu’il ne s’agira probablement pas d’un changement progressif avec l’augmentation des niveaux de dioxyde de carbone dans l’atmosphère. Tout comme pour les protestations de masse ou les révolutions, nous verrons des points de basculement – où les écosystèmes, en raison de l’augmentation de la température, changent d’état rapidement et pour toujours.

    La fonte des glaces de l’Arctique et des calottes glaciaires du Groenland et de l’Antarctique, la transformation de l’Amazonie en savane, le dégel du pergélisol ou la réduction de la circulation dans les océans du monde en sont des exemples. Récemment, un rapport inquiétant a indiqué que le dégel du pergélisol se produisait plus rapidement que prévu, entraînant d’importantes émissions de méthane, un gaz à effet de serre. Si cela est vrai, cela signifie qu’un tiers du budget de gaz à effet de serre qui nous permet de rester en dessous d’un réchauffement de 1,5 degré a déjà disparu.

    Ces points de basculement créent à leur tour des rétroactions auto-renforcées qui risquent de provoquer de nouveaux points de basculement, par exemple lorsque la fonte des calottes glaciaires cesse de réfléchir la chaleur du soleil ou lorsque les forêts en feu passent du statut de puits de carbone à celui de sources d’émissions. Il peut en résulter une cascade de points de basculement qui transforment notre terre en une “serre”, même si les émissions de dioxyde de carbone sont réduites. Cela prendra bien sûr du temps – peut-être des centaines d’années – mais le problème est que lorsque nous atteignons un point de basculement, nous ne savons pas s’il est possible de revenir en arrière.

    C’est pourquoi l’appel à rester en dessous d’une hausse de température de 1,5 degré est si important. De nouvelles recherches montrent que le risque de points de basculement est beaucoup plus proche qu’on ne le pensait auparavant. Certains sont probablement déjà passés, comme la fonte des glaces dans l’Arctique ou la mort d’au moins la moitié des récifs coralliens. Néanmoins, les niveaux d’émission actuels laissent présager une augmentation de plus de trois degrés de la température mondiale d’ici 2100.

    La capacité et la volonté de l’élite dirigeante de coopérer et de changer sont limitées par un système en crise à tous les niveaux.

    La crise climatique ne peut être considérée séparément des autres crises du capitalisme, qu’elles soient économiques, sociales ou politiques. Elles renvoient toutes à un système dont les contradictions sont de plus en plus fortes et qui crée des crises qui interagissent les unes avec les autres.

    Par exemple, le changement climatique alimente des conflits qui peuvent conduire à la guerre et aux réfugiés, tandis que le changement climatique lui-même crée des réfugiés climatiques. Selon Oxfam, 20 millions de personnes ont été contraintes de fuir chaque année au cours de la dernière décennie en raison du changement climatique. Si la société ne change pas de cap, l’avenir sera bien pire. En fonction de différents scénarios de croissance démographique et de réchauffement, on estime que dans 50 ans, 1 à 3 milliards de personnes pourraient connaître des conditions similaires à celles du Sahara – en dehors des conditions climatiques dans lesquelles les humains ont vécu jusqu’à présent. Aujourd’hui déjà, le changement climatique, tout comme la pandémie de Covid et d’autres crises, entraîne une augmentation des inégalités de classe et de genre.

    L’explosion des injustices avec la privatisation, la dérégulation et l’austérité du néolibéralisme a sapé la position de l’élite bourgeoise dans la société, et avec la crise économique, les antagonismes entre les grandes puissances du monde, notamment entre les États-Unis et la Chine, se sont accrus. Cela signifie que la capacité et la volonté de l’élite dirigeante de coopérer et de changer sont limitées par un système qui est en crise à tous les niveaux.

    Bien que les confinements résultant de la pandémie aient entraîné une réduction des émissions climatiques d’environ 7 % pour 2020, il y a très peu d’éléments indiquant qu’il s’agit du début d’un changement durable. Au contraire, le stimulus que les États ont déversé sur les capitalistes pour maintenir l’économie à flot est allé dans une bien plus large mesure à l’industrie des combustibles fossiles qu’aux énergies renouvelables. En novembre 2020, les gouvernements du G20 avaient versé 233 milliards de dollars pour soutenir les activités qui favorisent la production ou la consommation de combustibles fossiles, tandis que seulement 146 milliards de dollars étaient destinés aux énergies renouvelables, à l’efficacité énergétique et aux alternatives à faibles émissions (Production Gap Report 2020). Au lieu de la nécessaire réduction de la production de combustibles fossiles de six pour cent par an, une augmentation de deux pour cent par an est prévue pour 2030.

    La prise de conscience de la menace existentielle à laquelle nous sommes confrontés, la profondeur de la faille métabolique dont Marx n’avait vu que le début, permettent de comprendre que le problème ne peut pas être résolu en passant “simplement” aux voitures électriques, en installant des panneaux solaires ou en mangeant moins ou pas de viande. C’est loin d’être le changement qui s’impose.

    Comme ils l’ont fait jusqu’à présent, les représentants du capitalisme agiront au mieux trop tard et trop peu. Un nouveau rapport intitulé “Fossil CO2 emissions in the post-COVID era” montre comment le taux de réduction des émissions doit être multiplié par dix par rapport à la période 2016-2019 pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris. L’incapacité n’est pas liée à un manque de compétences ou de connaissances, mais au système capitaliste, où le profit et la croissance sont toujours prioritaires, ce qui signifie que la nature est traitée comme une ressource gratuite et infinie.

    Nous avons besoin d’une transformation complète de la société pour rester dans les limites planétaires qui maintiennent le système terrestre et la biosphère dans un état sûr pour notre avenir. Cela signifie l’arrêt immédiat de toute nouvelle extraction de pétrole et de gaz et un plan démocratique pour réduire à zéro les émissions d’ici une ou deux décennies. Cela implique une transformation de l’agriculture, de la sylviculture, de l’exploitation minière, des transports, de la production d’énergie et d’autres activités afin de protéger la biodiversité et de convertir les sources d’émissions en puits de carbone. Il s’agit également d’utiliser un minimum de ressources naturelles et, parallèlement, de redistribuer les richesses et les ressources dans le cadre d’un plan d’investissement vert.

    Tout cela n’est pas possible dans le cadre du capitalisme. L’humanité est intégrée et son avenir est lié à celui de la nature et de la biosphère qui nous entoure. Le capitalisme, en revanche, considère la nature comme une ressource externe, à consommer et à exploiter, tout comme les travailleurs. L’appât du gain qui pousse à ce développement ne peut être arrêté ni par des appels pieux ni par des lois insuffisantes de la part de politiciens qui défendent le même système. Pour un véritable changement, il faut un socialisme démocratique : que les intérêts privés de profit soient abolis par la nationalisation des grandes entreprises et des banques sous contrôle démocratique, afin de suspendre ou de réorganiser les activités nuisibles à l’environnement, tout en satisfaisant les autres besoins de la société.

    Indépendamment de l’inévitable déclin que connaît actuellement le mouvement climatique, de plus en plus de personnes, en particulier les jeunes, concluront que la lutte contre le changement climatique doit nécessairement être anticapitaliste afin de parvenir à la victoire.

    Tout comme les crises du capitalisme sont étroitement liées et interagissent les unes avec les autres, la lutte contre le système capitaliste et ses défenseurs doit être organisée et rassemblée au-delà de toutes les frontières. Le mouvement climatique doit défier le capitalisme en coopération internationale avec la lutte des travailleurs, la lutte féministe, la lutte contre le racisme et d’autres mouvements. Si le capitalisme n’est pas renversé, il menace de détruire les conditions de vie et de civilisation sur cette planète.

  • Excellentes premières éditions des actions “Pride is a Protest”

    Aujourd’hui, c’est l’anniversaire des mobilisations de masse de Stonewall, en 1969. Des agents de police avaient effectué une descente dans un bar où se trouvaient de nombreuses personnes LGBTQI+. Cette répression n’était pas exceptionnelle, mais la réaction des personnes présentes l’était : elles se sont défendues. La nouvelle a circulé et des manifestations de masse ont eu lieu dans les rues. C’est l’origine de la Pride. Avec la campagne “Pride is a Protest”, la Campagne ROSA veut participer à faire revivre la tradition de lutte de cet événement.

    Des exemples internationaux, comme les lois homophobes d’Orban en Hongrie, démontrent qu’il est toujours nécessaire de protester. Lors du match de la Coupe du monde entre les Pays-Bas et la République tchèque, les supporters orange n’ont pas été autorisés à apporter des drapeaux arc-en-ciel dans le stade de Budapest. Cela a montré à la fois la large solidarité dans l’opposition à l’homophobie et la nécessité de protester activement.

    L’homophobie n’existe pas seulement à l’étranger. Même chez nous, le développement de l’égalité juridique ne signifie pas pour autant une égalité réelle. Les témoignages émouvants recueillis lors du micro ouvert de la manifestation “Pride is a Protest” à Gand ont montré qu’il existe encore beaucoup de préjugés, mais aussi qu’un système reposant sur les pénuries (de logement, d’infrastructures diverses,…) entraîne des tensions et des discriminations. Comme nous l’avons écrit sur ce site à l’approche des actions, “il s’agit de changer fondamentalement la société, et pas seulement de lui donner un coup de peinture (arc-en-ciel) ici et là.” (Lire notre article : LGBTQI+ : la véritable égalité doit encore être arrachée)

    Pride is a Protest a eu ses premières éditions à Anvers, Bruges et Gand. Des départs collectifs étaient prévus de Louvain, Liège et Bruxelles pour se rendre à Gand. Avec 600 manifestants, l’action de Gand a été la plus importante, c’est là que la Campagne ROSA est la plus fermement établie. La manifestation à Bruges a été remarquablement forte avec 150 personnes présentes. A Anvers, il y en avait 35. C’est plus petit pour l’instant, mais c’est un bon début avec une base enthousiaste pour plus d’actions à l’avenir. Rejoindre la Campagne ROSA est le meilleur moyen de construire de nouvelles actions contre les LGBTQI+-phobies et toutes les autres formes d’oppression !

    Rejoignez la Campagne ROSA !

    VIDEO

    Reportage de la VRT :

    Reportage sur la télévision locale d’Anvers :

    Vidéo de la manifestation à Bruges :

    Photo

    Reportage photo de Liesbeth avec quelques images de l’action à Anvers suivies de photos de Gand :

    [embed-google-photos-album https://photos.app.goo.gl/oZydCuwxGgZ8K4w38]

    Reportage photo de Pol sur l’action à Bruges :

    [embed-google-photos-album https://photos.app.goo.gl/u9kNdsrd92Vt4Fmf8]

  • LGBTQI+ : la véritable égalité doit encore être arrachée

    Des millions de personnes ont participé à des mobilisations féministes ces dernières années. La jeunesse a organisé d’impressionnantes grèves internationales pour le climat. Le mouvement Black Lives Matter a eu de puissantes répercussions dans de nombreux pays. L’aspiration au changement grandit et pousse à l’activité militante. En plus de l’expérience pratique, des conclusions politiques sont tirées à un rythme accéléré: se concentrer sur les comportements individuels pour résoudre tous ces problèmes est insuffisant. Les personnes LGBTQI+ semblent elles aussi plus enclines à agir, comme l’illustrent la forte participation aux différentes actions contre la LGBTQI-phobie (notamment celles organisées par la Campagne ROSA) ou encore les délégations combattives qui ont fait leur réapparition dans les Pride.

    Par Elise (Bruxelles)

    Apprendre les uns des autres et se renforcer mutuellement

    Les légendaires émeutes de Stonewall en 1969 répondaient directement aux discriminations et à la brutalité policière. Mais ce mouvement n’est pas né dans le vide : il a émergé à une époque où, comme aujourd’hui, plusieurs mouvements sociaux réclamaient des changements : le mouvement féministe, le mouvement des droits civiques et le mouvement anti-guerre. C’est dans ceux-ci que de premières expériences militantes ont été acquises (création de comités, discussions sur un programme, formulation de revendications, intervention à son lieu de travail, son école, son quartier, etc.) Aujourd’hui, de nombreuses personnes sont récemment entrées en contact avec l’activité militante et en ont également tiré des enseignements, comme la place centrale de la solidarité.

    En faisant échos aux slogans des autres mouvements et en soutenant leurs luttes, une dynamique se crée qui représente bien plus que la simple somme des différents mouvements isolés. Ce n’est pas neuf. Il suffit de penser au soutien des activistes du Lesbians and Gays Support the Miners (LGSM) durant la grande grève des mineurs contre Thatcher au Royaume-Uni dans les années ’80 ou à la présence récurrente des personnes LGBTQI+ aux actions féministes. Sortir de la symbolique et arracher un véritable changement nécessite la construction d’un rapport de forces grâce à la solidarité mutuelle. C’est aussi à cela qu’il faut penser en formulant des revendications concrètes.

    Covid-19, confinement et radicalisation

    Le Covid-19 a temporairement mis en veilleuse de nombreux mouvements : les gens tombent malades, les mesures de distanciation sociale limitent les actions, l’isolement et la précarisation compliquent l’organisation des luttes,… Mais la crise sanitaire a également un effet radicalisant. La pandémie a exacerbé les violences domestiques, les inégalités et les discriminations, tout particulièrement les groupes les plus vulnérables.

    La colère et la frustration doivent s’exprimer dans la lutte. Cela signifie organiser des actions de solidarité internationale avec les personnes LGBTQI+ vivant dans des pays où les législations et les politiciens conservateurs, néocoloniaux et/ou religieux caractérisent leur naissance comme un crime. Mais aussi réagir lorsque des politiciens de droite stigmatisent les personnes LGBTQI+, légitimant indirectement (pour certains, quotidiennement) la violence et les discriminations.

    Nous devons entrer en action au niveau local et national pour mettre fin à la violence et aux discriminations LGBTQI+phobes. Des investissements publics massifs dans les soins de santé (pour s’en prendre aux longues listes d’attente concernant les transgenres, pour fournir un soutien psychologique à toutes et tous,…), dans l’enseignement (notamment des cours d’éducation sexuelle appropriés), dans le logement social et les emplois décents (pour lutter contre les discriminations sur le marché de l’emploi et du logement), dans les organisations socioculturelles LGBTQI+, dans les refuges, le secteur social, etc. sont nécessaires.

    Nous continuerons bien entendu à défendre ces revendications après les actions « Pride is a Protest » du 27 juin. Elles seront notamment discutées dans les comités d’action locaux de la Campagne ROSA et reprises dans d’autres luttes (comme dans les actions féministes ou les actions du secteur des soins de santé). Notre combat va toutefois plus loin. Nous vivons dans une société divisée en classes sociales, la manière d’obtenir une réelle liberté et une réelle égalité sociale et économique fait partie de la lutte des classes. Les investissements nécessaires à notre bien-être seront toujours temporaires dans le système économique actuel, ils risquent de disparaître lorsque la pression sociale diminuera.

    À Bruxelles, par exemple, une distribution de nourriture a été organisée pour les personnes LGBTQI+ pendant le confinement. Le projet arrive aujourd’hui à son terme en raison du manque de fonds structurels en dépit de sa popularité croissante. C’est une bonne chose que plus d’argent ait (enfin) été mis à disposition des refuges pour les personnes LGBTQI+. Mais une société où certaines villes comptent plus de 10.000 personnes sur les listes d’attente pour un logement social n’offre pas de solution à long terme pour les victimes de violence domestique, du sans-abrisme et de discrimination.

    Il s’agit de changer fondamentalement la société, et pas seulement de lui donner un petit coup de peinture (arc-en-ciel) ici et là avec quelques mesurettes. Nous devons instaurer une société socialiste où les richesses produites seraient investies dans notre bien-être. Nous avons besoin d’une rupture avec la société de classe où la préservation des relations de pouvoir existantes (y compris par le contrôle social, la reproduction gratuite de la force de travail qui est source de profit pour le capitalisme,…) est liée à la famille nucléaire et aux normes de genre strictes qui alimenteront toujours les préjugés contre les personnes LGBTQI+. Nous nous battons pour une société où il n’y a plus de choix à faire entre ceux qui sont aidés et ceux qui ne le sont pas. Une société où tous les secteurs importants pour le bien-être des personnes LGBTQI+ (soins, logement, éducation, emplois, hébergement…) ne croulent pas sous le manque de moyens, mais où les moyens sont dégagés à leur profit et à celui de tous les travailleurs et leurs familles.

  • Solidarité avec les travailleurs et travailleuses sans-papiers !

    Depuis le 23 mai, plus de 450 sans-papiers ont entamé une grève de la faim pour la dignité et la régularisation dans les occupations politiques de l’Union des Sans-Papiers pour la Régularisation (USPR). Après plus d’un mois, les effets sur la santé des occupants se font sentir et la souffrance augmente. Des dizaines de personnes ont dû être amenées à l’hôpital, dont plusieurs en conditions graves. Entre-temps le Secrétaire d’Etat à l’Asile et la Migration Sammy Mahdi (CD&V) reste fermement sur sa position en annonçant sur twitter qu’il n’y aura ni régularisation, ni changement de législation. De plus, il a proposé au gouvernement un projet de loi qui autoriserait les visites domiciliaires afin de déloger les sans-papiers. Appliquer la même politique que celle du Vlaams Belang n’est pas une option !

    Tract distribué par le PSL/LSP à la marche de ce 20 juin

    La situation tragique dont sont victimes les sans-papiers est le résultat des politiques discriminatoires du gouvernement Vivaldi et de ses prédécesseurs. Le refus de la part de Sammy Mahdi de donner des réponses concrètes aux revendications du mouvement des sans-papiers est la cause de la frustration qui les a poussé à mettre en place cette action de protestation extrême qu’est la grève de la faim. Le silence des autres forces politiques aux gouvernement, y compris PS et Ecolo, reflète le manque d’alternative politique concrète pour les sans-papiers. Face aux désespoir croissant des sans-papiers, le gouvernement est incapable de donner une réponse autre que la répression et l’intimidation. Pour les militants sans-papiers du PSL, la seule solution, c’est la régularisation!

    Les travailleuses et travailleurs sans-papiers se sont retrouvés en première ligne pendant la pandémie : en soignant des personnes à domicile, en fabriquant des masques, en travaillant sur des chantiers et dans les métiers essentiels. Ils comblent une pénurie structurelle dans ces secteurs tandis que l’Etat refuse d’entendre les revendications du mouvement. Au lieu de permettre aux travailleuses et travailleurs sans-papiers de cotiser à la sécurité sociale via leur régularisation, le secrétaire d’Etat préfère les laisser dans la clandestinité. De cette manière, les sans-papiers sont exploités par des patrons qui profitent de cette main d’œuvre à bon marché tout en faisant ainsi pression sur l’ensemble des salaires. C’est pour cela que nous avons toujours défendu que la lutte pour la régularisation ne concerne pas seulement les personnes sans-papiers : une victoire de ce combat serait au bénéfice de l’ensemble de la classe travailleuse.

    En tant que militants actifs dans le mouvement de sans-papiers depuis plusieurs années, les membres du PSL-LSP ont une approche critique envers la méthode des grèves de la faim. Bien que nous sommes, comme toujours, solidaires de la lutte des sans-papiers et que nous partageons leur frustration face à l’immobilisme du gouvernement, nous ne croyons pas que la grève de la faim sera capable d’obtenir une réelle victoire. Nous basons ce constat non seulement sur notre propre analyse politique mais aussi sur l’expérience du mouvement des sans-papiers de 2009. Bien que la grève de la faim à l’époque ait réussi à aboutir à des concessions de la part du gouvernement, celles-ci n’ont été que des gouttes d’eau dans l’océan. Ces victoires n’étaient que temporaires. Cela a été le cas dans la régularisation en 2009 où plus de la moitié des personnes régularisées se sont retrouvées sans-papiers par la suite.

    Une réelle victoire exige de rassembler largement dans la construction d’une véritable relation de forces grâce à un plan d’action national lié aux autres mouvements sociaux. Avec la grève de la faim, l’USPR ne doit pas enfermer le mouvement sur lui-même mais l’ouvrir à des couches plus larges de la société, surtout dans cette période de déconfinement social et politique. Pour cela, l’initiative de la marche de ce 20 juin est un très bon début pour stimuler le mouvement pendant l’été et donner un élan vers une mobilisation nationale en septembre. Cette unité entre les mouvements sociaux de tous les oubliés de la crise peut être développée au travers d’un programme de revendications sociales liés à la régularisation pour défier les racines systémiques de notre misère.

    •Régularisation immédiate et permanente de toutes et tous les sans-papiers!
    •Jamais plus d’impunité policière! Stop à la criminalisation des sans-papiers!
    •Des solutions sociales pour les problèmes sociaux : il faut des investissements dans l’enseignement, les soins de santé, les logements et les salaires plutôt que dans la répression policière. Taxons les riches au lieu de tirer sur les pauvres !
    •Malcolm X a dit : “Il n’y a pas de capitalisme sans racisme”. Nous devons combattre le système capitaliste, un système d’exploitation économique pour la majorité au profit d’une infime élite.

  • Les racines radicales de la Pride : quand la lutte a fait sortir le mouvement LGBTQI+ du placard

    Le 27 juin 1969, un fait banal s’est produit à Greenwich Village, à New York. La police a fait une descente au Stonewall Inn, l’un des rares bars où les gays, les lesbiennes et les trans étaient admis. Les établissements gérés par la mafia, comme le Stonewall Inn, étaient souvent le seul endroit où les personnes LGBTQI+ jouissaient d’une certaine forme de liberté. La sévère répression sociale et les préjugés généralement admis dans la société considérant l’homosexualité comme une « perversion » condamnait quiconque en porte-à-faux avec la norme hétérosexuelle à une vie de dissimulation ou à la marginalité. Le Stonewall Inn était un refuge pour de nombreux jeunes homosexuels, lesbiennes et trans, souvent sans-abri et d’origine latino et afro-américaine.

    Ce raid sur le Stonewall Inn n’était pas inédit. Mais cette fois-là, quand sept agents en civil et un agent en uniforme ont soumis les personnes présentes à un contrôle d’identité et ont procédé à des arrestations, quelque chose d’inédit s’est produit. Les clients du bar arrêtés ont commencé à jeter des pièces de monnaie aux policiers, se moquant ainsi de la célèbre corruption de la police. Au bout d’un moment, faute de pièces, ce sont les bouteilles qui ont suivi, puis les pierres, tandis que la petite foule criait autour des véhicules police d’où les personnes LGBTQI+ embarquées ont finalement été libérées.

    La nouvelle s’est vite répandue. Des centaines de personnes LGBTQI+ – principalement des jeunes latino et afro-américains pauvres et issus de la classe ouvrière – ont convergé vers Christopher Street, près du Stonewall Inn. La police a quant à elle été rejointe par la police antiémeute, spécialisée dans la gestion des manifestations contre la guerre du Vietnam. La police a réussi à disperser la foule, mais les manifestants se sont regroupés dans un endroit différent à chaque fois.

    Ce courage face à la répression a pris la police de court. Elle était consternée. La confiance des activistes s’en est vue considérablement renforcée. Le lendemain soir, de nouvelles manifestations ont eu lieu. Cette fois, les participants se comptaient par milliers. Des tracts ont été distribués avec le titre : « Sortons la mafia et les flics des bars gays ». « L’émeute de Stonewall » a duré six jours et six nuits.

    D’intenses discussions ont eu lieu dans la communauté LGBTQI+ de la ville. Au cours de la première semaine de juillet, un petit groupe de personnes LGBTQI+ s’est réuni pour former une nouvelle organisation : le « Gay Liberation Front » (GLF). Ce nom a délibérément été choisi par association avec la lutte anti-impérialiste au Vietnam et en Algérie. Une partie du GLF a participé à des actions de solidarité avec les Black Panthers arrêtés. L’organisation a collecté des fonds pour les travailleurs en grève et a fait le lien entre la lutte pour les droits LGBTQI+ et le combat pour le socialisme.

    Le mot « Stonewall » est entré dans l’histoire des personnes LGBTQI+. Il est le symbole de la révolte de la communauté LGBTQI+ contre l’oppression et de la lutte pour l’égalité des droits dans tous les domaines. Aujourd’hui, le GLF n’existe plus, mais l’idée du « Gay Power » est toujours présente. C’est ce qui a donné naissance aux manifestations annuelles de la Pride (les marches de la fierté) dans de nombreux pays.

    Les émeutes de Stonewall ont permis au mouvement LGBTQI+ de faire irruption dans la rue et l’actualité. Les précédentes tentatives d’organisation au sein des cercles de gauche se faisaient auparavant par le biais de groupes de pression et de lobbying. La participation des « enfants des rues » aux manifestations a donné aux réunions politiques un fort caractère anticapitaliste. Le GLF a souvent adopté une position révolutionnaire et a appelé à la nécessité de luttes unies avec tous les groupes opprimés au sein du capitalisme. Sous le slogan « La libération des gays équivaut à la libération des peuples », beaucoup ont exprimé leur désir de solidarité avec le mouvement féministe, le mouvement des droits civiques et les mouvements anticapitalistes du monde entier. L’atmosphère révolutionnaire était un terrain fertile pour l’organisation politique et de nombreuses organisations revendicatives radicales ont vu le jour aux côtés du GLF.

    Le 28 juin 1970, le premier Christopher Street Liberation Day a eu lieu à New York : une commémoration des émeutes de Stonewall. Au même moment, des marches de la Gay Pride étaient organisées à Los Angeles et à Chicago, les premières Prides de l’histoire des États-Unis. En 1972, les Prides étaient présentes dans toutes les grandes villes des États-Unis et impliquaient des dizaines de milliers de militants.
    Le mouvement de libération gay a reçu son premier symbole en 1970 sous la forme de la lettre grecque Lambda, qui représente l’équilibre et l’unité. Au début des années 1970, les militants ont également commencé à utiliser le triangle rose comme symbole, en référence à la répression sous le nazisme. Ce n’est qu’en 1978 qu’il a été remplacé par le drapeau arc-en-ciel, plus populaire, aujourd’hui internationalement connu comme le symbole de la Pride.

  • Travail social en péril : « Le manque de moyens nous condamne souvent à l’impuissance »

    A gauche : Wouter lors d’une manifestation contre l’austérité dans le secteur social flamand en mars 2020, juste avant la pandémie.

    La mort d’une jeune fille de 14 ans victime d’un viol collectif à Gand suscite à juste titre une vive émotion. Sa famille avait tenté de chercher de l’aide mais s’était heurtée aux listes d’attente et aux pénuries. L’adolescente s’est suicidée. La colère est grande face à ce drame, elle doit être transformée en combativité afin d’arracher de véritables réponses : plus de moyens pour des soins efficaces et l’éradication des listes d’attente, pour des campagnes de prévention contre le sexisme et la violence sexuelle,… Nous devons entrer en résistance contre cette société où la culture du viol est si fortement présente. Nous en avons discuté avec Wouter, un assistant social.

    Une onde de choc a parcouru la société à l’annonce de ces faits. Comment cela a-t-il été vécu dans le secteur social ?

    « L’impact y a peut-être même été plus fort qu’ailleurs. Nous sommes bien entendu choqués, comme tout le monde, et nous compatissons à la souffrance de la famille de la victime et de son entourage. Ces événements sont d’autant plus douloureux que les services sociaux auraient pu jouer un rôle, mais ils se retrouvent aujourd’hui souvent impuissants faute de moyens suffisants.

    « Cette adolescente et sa famille cherchaient de l’aide, mais personne n’a pu les aider. Emotionnellement, cela pèse très lourd pour les travailleurs sociaux. C’est malheureusement ce qui caractérise de plus en plus notre quotidien dans ce secteur : trouver une solution pour quelqu’un s’effectue généralement au détriment de quelqu’un d’autre. Le sentiment qui domine dans le secteur est que nous ne sommes pas à la hauteur des enjeux et que nous sommes incapables de répondre correctement aux demandes d’aide. Nous sommes impuissants. Avec les conséquences dramatiques que cela peut avoir, comme dans ce cas-ci. »

    Qu’aurait-il fallu faire ?

    « En premier lieu, le plus important est bien entendu que les victimes soient aidées, qu’elles puissent se rendre n’importe où y être immédiatement prises en charge. C’est l’évidence, mais c’est pourtant impossible à l’heure actuelle. De petites avancées ont toutefois récemment été réalisées en matière de soins et de soutien aux victimes de violences sexuelles. A Gand, Bruxelles et Liège, les Centres de Prise en charge des Violences Sexuelles (CPVS) ont un peu facilité la possibilité d’y déposer une plainte. Le gouvernement promet d’étendre la mesure, mais c’est insuffisant pour s’attaquer au cœur du problème.

    « Des mesures doivent être prises contre les violences sexuelles. Il est inacceptable que cela reste souvent sans conséquences aujourd’hui. Mais il faut également agir préventivement, avant que de tels actes ne se produisent. Cela signifie, entre autres, qu’il faut prêter attention et assurer un suivi des auteurs potentiels, mais aussi de s’en prendre au contexte social qui permet à la culture du viol d’être si profondément ancrée dans la société.
    « Enfin, il faut poser la question du suivi des personnes qui commettent de tels faits. L’assistance spécialisée est insuffisante pour éviter la récidive. Nous constatons partout des pénuries véritablement affligeantes en termes d’aide et de suivi. »

    La famille de la victime a dénoncé la longueur des listes d’attente. La situation est connue depuis longtemps déjà. Juste avant que n’éclate la pandémie, le secteur social s’était mobilisé contre de nouvelles coupes budgétaires prévues par Wouter Beke (Ministre flamand du Bien-être, de la Santé publique, de la Famille et de la Lutte contre la pauvreté, CD&V). Qu’est-ce qui a changé depuis lors ?

    « Quelques domaines du travail social ont été un peu rapiécés, certaines mesures d’économies ont été annulées. C’est en soi positif et c’est une conséquence directe de la mobilisation et de la solidarité. Mais c’est insuffisant pour revenir entièrement sur les dégâts causés par les coupes budgétaires effectuées ces dernières années. Surtout lorsqu’on sait que le secteur manquait déjà de moyens avant qu’on ne lui en enlève. D’autre part, le nombre de demandes d’aide a explosé. Ces dernières années, nous avons partout pu constater l’augmentation de la violence domestique, des agressions sexuelles, des problèmes psychologiques,… Et c’est encore plus vrai chez les jeunes. Mais les listes d’attente pour une assistance psychologique ou psychiatrique sont interminables.

    « Les services de première ligne pour l’assistance psychiatrie ou sociale sont débordés. Ils jouent pourtant un rôle très important et auraient pu faire la différence vis-à-vis de cette dramatique affaire à Gand. Les soins de crise n’effacent pas l’horreur des faits, mais ils permettent d’offrir la possibilité d’aider les victimes à faire face à la crise. Plus personne ne devrait aujourd’hui avoir de doutes sur la nécessité d’en finir avec le manque de moyens dans les soins de santé au sens large.

    « Des ressources supplémentaires limitées apportent un peu d’oxygène, mais n’éliminent pas les pénuries. Il ne suffit pas de veiller à ce que toutes les demandes reçoivent une réponse, même si cela doit être un objectif. Les ressources devraient répondre aux besoins des personnes grâce à un véritable projet intégré d’investissement public massif dans le secteur social. Aujourd’hui, de petits investissements sont réalisés en réponse à la nette augmentation des problèmes graves. Mais ce n’est que la pointe de l’iceberg, alors qu’un volcan est sur le point d’entrer en éruption. »
    Peut-on faire quelque chose pour les cas de violence sexuelle ? Le secteur social ou des soins de santé n’interviennent-ils pas toujours trop tard, à savoir lorsque les faits se sont produits ?

    « Dans tous les cas, plusieurs mesures doivent être prises simultanément. Outre l’accueil en cas de crise et l’accès à l’orientation et aux soins appropriés, il est également nécessaire d’apporter une aide qui intervienne “plus tôt” dans la chronologie de l’apparition du problème. De cette façon, nous pouvons éviter d’autres dommages. Plus il y a de prévention, mieux c’est.

    « La prévention ne consiste pas à mettre en place une campagne avec des affiches, mais à faire en sorte que la société dispose des équipements de base dans tous les domaines de la vie. Les jeunes doivent avoir des endroits où pouvoir s’exprimer. C’est bien plus évident dans des classes de 15 élèves que lorsqu’il y a 30 élèves. Cela permettrait aussi aux enseignants de pouvoir remarquer les problèmes et de prendre le temps d’essayer d’y remédier. L’enseignement n’est pas le seul domaine important, il faut aussi assurer que chacune et chacun ait droit à un logement décent et abordable, dispose d’une stabilité financière ou encore de la possibilité d’être ouvertement qui l’on est sans subir de discriminations. Accorder suffisamment de moyens aux services de base dans tous ces domaines éliminerait ou réduiraient considérablement de nombreuses tensions. Mais ces moyens, il faut aller les chercher.

    « Nous devons bien prendre conscience qu’il s’agit avant tout de problèmes sociaux. Au cours de ces dernières décennies, nous avons assisté à une certaine psychologisation des problèmes qui a étiqueté toutes les questions sociales comme des problèmes individuels. Cette approche thatchérienne et néolibérale s’est infiltrée dans l’esprit de nombreuses personnes en leur faisant oublier le contexte social. Pendant la pandémie, par exemple, on a constaté une forte augmentation du nombre de tentatives de suicide de personnes éprouvant des difficultés financières ou étant isolées émotionnellement. On peut y voir l’impact de l’effondrement des structures sociales, mais aussi la manière dont les développements sociaux ont un impact sur le bien-être de la population.

    « Dans les cas de violences sexuelles, le contexte social n’est pas toujours aussi évident. Il n’empêche qu’il est bel et bien présent. Le sexisme est structurel dans ce système qui utilise et abuse des différences de genre. Des facteurs tels que la précarité, l’insécurité émotionnelle ou le sentiment d’aliénation vis-à-vis de la société jouent également un rôle et peuvent conduire à des comportements destructeurs. D’autre part, les relations de pouvoir et de domination ou encore le sexisme et le racisme entretenus par la société jouent un rôle dans toutes les couches de la société, y compris dans les milieux économiquement plus forts. Nous devons également nous demander pourquoi ce racisme et ce sexisme sont si dominants dans nos vies.

    « Des soins de santé et un travail social qui permettent un bon accueil immédiat, tant physique que mental, associés à la garantie d’une aide dans tous les domaines ne suffisent pas encore. Il faut s’en prendre à la source pour arrêter l’afflux. Il ne suffit pas de lutter contre les symptômes, nous devons nous battre pour un changement social, un changement de société. Le sexisme est ancré dans le système capitaliste. Le combat pour un travail social de qualité et pour le bien-être et l’épanouissement de chaque personne va de pair avec le combat pour une autre société. C’est pourquoi des initiatives comme la Campagne ROSA (Résistance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité) sont si importantes et méritent tout notre soutien. »

  • Pride is a protest ! Participez à nos actions le 27 juin

    La Belgique occupe la deuxième place dans l’indice Rainbow Europe, un classement qui évalue chaque année les droits des personnes LGBTQI+(1) dans tous les pays européens. Pourtant, 2 personnes LGBTQI+ sur 3 n’osent pas se promener en rue main dans la main. Lors de la Journée internationale contre l’homophobie, la lesbiphobie, la biphobie et la transphobie (le 17 mai), un jeune homme d’Audenarde a été victime d’une agression homophobe.

    Par Frede (Bruges)

    Malgré les progrès importants réalisés dans le domaine des droits des personnes LGBTQI+, la violence et l’intimidation restent présentes partout. Début mars, David P. a été assassiné en raison de son orientation sexuelle. La crise sanitaire et les confinements ont conduit les jeunes LGBTQI+ à rester enfermés avec des membres de leur famille qui ne les acceptaient pas toujours. L’accès aux contacts sociaux, notamment les organisations LGBTQI+, était limité aux contacts en ligne. Les listes d’attente pour de nombreuses formes d’assistance se sont allongées.

    Les réductions budgétaires et la recherche de profits alimentent les divisions

    La course au profit et la politique de réduction budgétaire qui sévit depuis des années ont entraîné la régression des services sociaux pourtant si nécessaires. La pénurie d’emplois décents est un terrain propice aux discriminations : ceux qui sont « différents » sont rapidement exclus. Les listes d’attente pour les logements sociaux et les refuges sont interminables. Sur le marché du logement, la pénurie entraîne une discrimination croissante. Par conséquent, les personnes LGBTQI+ en général courent un risque plus élevé de vivre dans la précarité et de se retrouver sans abri.

    Les coupes budgétaires dans le secteur de l’enseignement font que des classes de plus en plus nombreuses se retrouvent dans de petites salles. Les enseignants ont peu de marge de manœuvre pour assurer un climat bienveillant en classe. Deux élèves LGBTQI+ sur trois ont le sentiment de ne pas être à leur place à l’école. Selon une enquête, la moitié des enseignants n’interviennent jamais lors d’incidents homophobes à l’école. Trop souvent, les cours d’éducation sexuelle ne portent que sur l’aspect biologique et sont hétéronormatifs.

    Un programme de revendications sociales

    Pour obtenir un changement, nous devons nous organiser autour d’un programme de revendications sociales. Nous devons investir dans les services publics, le logement et les emplois correctement rémunérés afin de ne laisser aucune place aux discriminations. Les lieux de rencontre socioculturels LGBTQIA+ qui ont une grande expertise devraient bénéficier de plus de ressources. Des investissements dans les refuges et les logements sociaux sont nécessaires pour offrir à chacun un asile sûr. De solides investissements dans les soins de santé sont nécessaires pour que toute personne ayant besoin de soins physiques ou psychologiques puisse les recevoir. En investissant davantage dans l’enseignement, on s’assure que les enseignants disposent de plus d’espace pour assurer une bonne atmosphère en classe pour toutes et tous et on permet aux écoles d’organiser des cours d’éducation sexuelle appropriés.

    Notre fierté, c’est la lutte !

    Ces revendications peuvent sauver des vies, pour les personnes LGBTQIA+ mais aussi pour la grande majorité de la population. Elles se heurtent toutefois à la politique d’austérité. Les richesses ne manquent pas, mais elles sont actuellement accaparées par les plus riches. La lutte pour le bien-être des personnes LGBTQIA+ et le combat pour une société différente vont donc de pair. Pour que ce programme de revendications sociales devienne une réalité, nous devons passer à l’action ! Ce 27 juin, rejoignez les actions de la Campagne ROSA (Résistance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité). Luttons ensemble pour une société qui repose non pas sur l’avidité de quelques-uns, mais sur le bien-être de toutes et tous !

    Nous avons un monde à gagner ! Rejoignez/participez aux actions « Pride is a Protest » à Gand, Anvers et Bruges le 27 juin 2021, la veille de l’anniversaire de la légendaire rébellion de Stonewall.

    Contactez-nous pour les départs collectifs à partir de Wallonie et de Bruxelles !

    1) Lesbienne, gay, bisexuel, trans, queer, intersexe, etc.

  • [INTERVIEW] Les travailleurs sans-papiers en lutte pour un permis de travail !

    Interview de Fortunat Kabwebeya, porte-parole du comité des travailleurs avec et sans papiers de la CSC-Bruxelles

    Depuis le 14 décembre 2020, le Comité des travailleurs avec et sans papiers de la CSC-Bruxelles a lancé une campagne sur la nécessité d’ouvrir un accès au permis de travail pour les personnes sans-papiers. Nous soutenons ces revendications dans le cadre de la lutte pour un bon emploi et des salaires décents pour tous, notamment via la réduction collective du temps de travail avec embauches compensatoires et sans perte de salaire.

    Propos recueillis par Pietro (Bruxelles)

    Comment envisages-tu la lutte contre le dumping social ?

    Pour lutter contre le dumping social et la mise en concurrence des travailleurs, nous devons être unis et arracher de meilleures conditions de travail et de vie pour tous. Les sans-papiers sont avant tout des travailleurs. Pour survivre, nous sommes forcés de travailler au rabais, et aujourd’hui sans protection. Corvéables à merci, durant le confinement, nous avons continué à travailler en première ligne. Les travaux de démolition et de rénovation n’ont pas cessé, et nous avons également pris soin des personnes âgées qui n’étaient pas soignées à l’hôpital ou encore effectué le nettoyage des entreprises ou des hôpitaux.

    Pourtant, si le travail des 100.000 personnes sans-papiers de Belgique était régularisé, cela rapporterait directement 65 millions d’euros nets chaque mois dans les caisses de la sécurité sociale. A Bruxelles, il existe par exemple environ 80.000 postes à pourvoir dans des emplois en pénurie (et 140.000 pour toute la Belgique). D’autre part, la crise sanitaire a mis en lumière le rôle des métiers essentiels, notamment dans le soin aux personnes (travail domestique, soins à domicile, travail dans les maisons de repos et dans le secteur hospitalier), où l’on trouve déjà beaucoup de sans-papiers. C’est pour cela que nous serons mobilisés à côté du personnel soignant et des oubliés de la crise dans la deuxième manifestation de la santé à l’initiative de La Santé en Lutte le 29 mai.

    Quelles revendications défend le comité contre l’exploitation des travailleurs sans-papiers ?

    Pour nous, à partir du moment qu’un travailleur porte plainte, ou quand un contrôle de l’inspection sociale découvre un travailleur sans-papiers, le travail informel doit pouvoir être régularisé au travers du permis unique, comme cela se fait en France, en Suisse ou en Italie.

    Mais le plan de relance économique 2020-2030 ne répond même pas à l’avis du Conseil économique et social de la Région du 16/06/16, dont notre comité était à l’initiative. Cet avis exige de garantir le droit des victimes de porter plainte en donnant un titre de séjour durant toute la durée de la procédure.

    Pour lutter contre notre surexploitation et finalement contre le dumping social, nous demandons la sanction effective des patrons abuseurs, qui ne peut être garantie qu’en assurant notre protection. Notre campagne sur ce point s’appelle #FautILMourirPourAvoirLesPapiers ? Combien de travailleurs sans-papiers ont-ils eu un accident de travail et ont été laissés sur le bas-côté d’une route ? Combien de travailleuses domestiques ont-elles été harcelées ou confinées au travail auprès de particuliers ?

    Nous voulons aussi garantir le droit à la formation. Notre 2ème campagne vise ainsi Actiris à Bruxelles. Le Comité de Gestion d’Actiris a écrit une note en janvier 2019 qui se penche sur l’hypothèse de permettre aux personnes sans titre de séjour d’accéder à des formations professionnelles dans les métiers en pénurie. Ce que nous voulons ! Selon nous, il faut revoir la liste des métiers en pénurie en fonction de la crise sanitaire et des besoins essentiels pour reconnaître les compétences des sans-papiers.

    Enfin, nous avons une campagne « Pour un permis de travail maintenant ! » (www.permisdetravailmaintenant.net). La directive européenne Permis Unique demande aux Etats membres d’établir une procédure unique (travail et séjour) pour les ressortissants de pays tiers et nous proposons de l’assouplir y donnant accès aux sans-papiers. Pour reprendre l’avis du conseil économique et social de la Région bruxelloise, dont nous sommes à l’initiative, l’autorisation de travail délivrée par la Région doit ouvrir directement le droit au séjour.

    La régularisation des sans-papiers reste notre revendication principale. Il s’agit d’une prérogative du gouvernement fédéral, mais les régions ne sont pas impuissantes, comme l’illustrent les thèmes de nos 3 campagnes. Nous vous invitons à les soutenir le 9 juin prochain, à 12h devant le parlement bruxellois, place Saint Jean.

  • Pas d’immunité collective sans régularisation des sans-papiers

    Depuis le début du plan de vaccination en Belgique les politiques mettent en avant la volonté de vacciner tous les publics, y compris les plus précaires, dont les sans-abris et les sans-papiers. Cela ne sera pas un enjeu facile à réaliser sans leur donner des droits !

    Par Pietro (Bruxelles), article tiré de l’édition de mai de Lutte Socialiste

    Dans le cadre de la crise sanitaire, la détérioration de l’état de santé des personnes sans-papiers est manifeste. Peu des mesures ont été prises pour essayer d’inverser cette tendance.

    Sous l’impulsion des associations, les démarches d’Aide Médicale Urgent (AMU) ont été assouplies afin d’encourager les personnes sans papiers présentant les symptômes à consulter un médecin rapidement, et ainsi à éviter la propagation du virus. Ces dispositions sont tout à fait insuffisantes: étant donné leur situation administrative, les sans-papiers redoutent et repoussent le moment de consulter un médecin, par méconnaissance de ces nouvelles dispositions et par peur d’une facturation ultérieure ou d’une arrestation sur le chemin des urgences. De plus, les dispositifs médicaux associatifs habituellement fréquentés par un public sans-papiers ont été limités, restreignant l’offre d’information et de soin.

    Fin mars, un centre de soins médicaux a été mis en place à Tour & Taxis, où les personnes sans domicile et les migrants, surtout sans papiers, sont testés, en collaboration avec la plateforme citoyenne Refuges Welkom et Médecin du Monde. Cette structure a accueilli 163 personnes, soit très peu par rapport au nombre de sans-papiers présents sur le territoire.

    Sans des investissements publics importants dans les structures d’accueil, dans les centres d’hébergement et associations du secteur, dans les centres médicaux et dans le secteur de la santé en général, il ne sera pas possible de rentrer en contact avec ce public précaire.

    La vaccination des sans-papiers

    Selon le Secrétaire d’État à l’Asile et à la Migration, chaque sans-papiers, chaque réfugié, chaque demandeur d’asile doit être vacciné. Réagissant aux propos de Dries Van Langenhove (Vlaams Belang) à la Chambre concernant le coût de la vaccination des sans-papiers, le Secrétaire d’État (CD&V) a répondu avec des arguments d’extrême droite : « La vaccination va faciliter les expulsions des sans-papiers puisque les pays d’origine invoquent le COVID comme excuse pour le refus de retour » !

    En Région bruxelloise l’idée est d’utiliser les équipes de terrain et de proposer à ce public un vaccin en une seule dose. Cela montre l’absence totale de volonté de prendre sérieusement en considération les sans-papiers. La réalité c’est que les sans-papiers sont exclus du système de soins de santé traditionnel.

    La seule manière de vacciner les plus précaires et de protéger ainsi toute la population est une régularisation de tous les sans-papiers. Le fait de ne pas trouver rapidement une solution durable pour les sans-papiers met en péril non seulement la santé de ces personnes, mais aussi celle de tous les citoyens de Belgique. Il est temps de se battre pour une véritable stratégie de vaccination avec un plan de santé publique à long terme, en accordant la citoyenneté pleine et entière aux sans-papiers.

    Pour cette raison, les militants sans papiers du PSL mèneront campagne dans les occupations politiques pour mobiliser autour de la manifestation nationale de La Santé en Lutte le 28 mai à Bruxelles. L’unité des travailleurs sans-papiers avec le personnel de la santé et des autres secteurs essentiels sera une étape importante dans la construction du rapport de forces contre ce gouvernement pour gagner la régularisation et un système de soins de santé gratuit et de qualité.

    Le capitalisme est désastreux pour les travailleurs et notre santé. Ce système nous apportera davantage de pandémies et constitue un frein pour y faire face. Une alternative socialiste est nécessaire de toute urgence : une société qui repose sur les besoins et les revendications des travailleurs et de leur famille.

    1) L’aide médicale d’urgente (AMU) est une forme d’aide sociale octroyée par les CPAS. Elle a pour objectif de garantir l’accès aux soins médicaux des personnes sans séjour légal.

  • Rejoignez-nous le 27 juin : Pride is a protest !

    Avec le 17 mai, Journée internationale contre la LGBTQI-phobie, et le 28 juin, commémoration du soulèvement de Stonewall, les mois de mai et juin sont marqués par les droits des personnes LGBTQI+. En Belgique, le mariage entre personnes de même sexe a été reconnu en 2003, les droits d’adoption pour les couples LGBT existent depuis 2006, et la loi trans, qui rend plus accessible le changement de genre, est arrivée en 2017. Mais qu’en est-il ? L’égalité juridique ne signifie pas la même chose que l’égalité réelle ! La discrimination et la haine continuent de marquer fortement la vie des personnes LGBTQI+. La lutte reste d’actualité !

    Covid19 : la sécurité et le bien-être des personnes LGBTQI+ en jeu

    2021 nous a apporté un autre meurtre homophobe, à Beveren. La violence verbale et physique fait malheureusement trop souvent partie du quotidien de nombreuses personnes LGBTQI+, tout comme les formes plus « subtiles » de haine et de discrimination. Nous ne pouvons pas être qui nous sommes en public. Les jeunes ne peuvent souvent pas non plus porter ce qu’ils souhaitent. Nous vivons dans un monde hétéronormatif où la famille classique et les rôles sexuels associés sont encore dominants et souvent imposés par de force.

    Une crise affecte surtout les plus vulnérables et la crise sanitaire a également accru les inégalités, l’insécurité et la discrimination. Les personnes LGBTQI+ sont plus susceptibles que la moyenne de vivre dans des conditions précaires, insalubres et dangereuses. Des années de coupes budgétaires ont créé de longues listes d’attente pour de nombreuses formes d’assistance et d’hébergement, importantes pour le bien-être des personnes LGBTQI+.

    Les confinements ont entraîné une augmentation dangereuse de la violence intrafamiliale. Les victimes, dont un nombre proportionnellement élevé de personnes LGBTQI+, vivent dans des situations dangereuses 7 jours sur 7. L’accès aux organisations LGBTQI+ et les contacts sociaux en général se limitent souvent à des contacts en ligne. C’est insuffisant et certainement pas toujours sûr. Le cyberharcèlement connaît des hauteurs insoupçonnées. Les incidents de violence organisée où des personnes LGBTQI+ sont attirées dans un piège et agressées par le biais des réseaux sociaux sont en augmentation, les auteurs semblant être de plus en plus jeunes. Pour les jeunes, la crise entraîne un isolement accru et une détérioration de la santé mentale. Nous avons besoin d’une aide psychologique appropriée et gratuite pour toutes celles et ceux qui en ont besoin.

    La pénurie d’emplois décents est un terrain propice à la discrimination : quiconque est « différent » est exclu. En 2018, le centre pour l’égalité des chances d’UNIA a signalé une augmentation de 49% des cas de discrimination en raison de l’orientation sexuelle par rapport à l’année précédente.

    Le programme scolaire est toujours hétéronormatif. Une enquête de 2018 a montré qu’en Flandre, plus de 40 % des personnes LGBT ne se sentent pas en sécurité à l’école. Un sur quatre a même subi des violences physiques et le même taux a déjà fait une ou plusieurs tentatives de suicide. Des cours d’éducation sexuelle appropriés sont nécessaires pour éliminer les préjugés et l’ignorance et créer un climat de sécurité pour chaque étudiant.

    Luttons pour les droits et le bien-être des LGBTQI+ : entrons en action !

    Les crises conduisent à une société plus dure. Cela s’accompagne toujours d’une augmentation des tensions, de la violence et des frustrations dans la société. Selon la Campagne ROSA, la LGBTQI+phobie n’est pas congénitale et ne peut être réduite à une culture spécifique. La discrimination est stimulée et entretenue par le capitalisme, qui a besoin de monter les gens les uns contre les autres afin de maintenir les relations de pouvoir existantes.

    Dans cette optique, la classe dirigeante présente certains groupes comme inférieurs et crée délibérément une image d’hostilité autour de la « différence ». Les personnes LGBTQI+ sont une soi-disant menace pour les « valeurs traditionnelles ». De cette façon, elle divise la classe ouvrière pour mieux la contrôler. Il suffit de penser aux camps de concentration pour les LGBT en Tchétchénie, aux attaques contre les droits et le bien-être des trans en Hongrie sous Orban et au Brésil sous Bolsonaro. Dans de nombreux pays néocoloniaux, être soi-même est encore passible de prison ou de mort. Notre combat est international !

    En Belgique également, les institutions de droite et conservatrices, politiques et religieuses, continuent de présenter les personnes LGBTQI+ comme anormales, inférieures ou comme un danger pour la société. Ce faisant, elles justifient la violence et les discriminations.
    Il est important de répondre aux incidents de violence par des actions. Mais nous ne pouvons pas nous arrêter à l’indignation. Il est grand temps que le mouvement LGBTQI+ adopte également une approche proactive. Les défilés annuels de la Pride en Belgique ressemblent de plus en plus à une fête commercialisée, où nos revendications et la nature combative de ce mouvement sont reléguées au second plan.
    Cela peut et doit changer : la Pride est née d’une action de protestation !

    Descendons dans la rue pour imposer des mesures et des investissements réels.

    Le 27 juin, nous descendrons dans la rue pour :
    – Des investissements dans l’enseignement, afin de permettre la mise en place de cours d’éducation sexuelle appropriés.
    – Des investissements dans les soins de santé, afin que toute personne ayant besoin de soins physiques ou psychologiques puisse les obtenir.
    – Des investissements dans les services publics, le logement et les emplois décents, pour ne laisser aucune place à la discrimination.
    – Des investissements dans les lieux de rencontre et les organisations socioculturelles LGBTQI+, qui ont tant d’expertise mais si peu de ressources.
    – Des investissements dans les refuges et les logements sociaux afin de garantir que chacun dispose d’un abri sûr.

    Ces revendications peuvent sauver des vies, pour les personnes LGBTQI+ mais aussi pour la grande majorité de la population. Nos demandes d’investissements se heurtent à des années de politiques d’austérité. La richesse est abondante, mais elle n’est actuellement utilisée que pour enrichir les riches. La lutte pour le bien-être des LGBTQI+ et la lutte sociale pour une société différente vont donc de pair. Nous voulons une société où le bien-être de toutes et tous est central. Ceci est contraire au capitalisme, dans lequel les profits d’une petite élite sont prioritaires sur le reste.

    La discrimination ne disparaîtra que lorsque nous aurons supprimé ce terreau. Nous devons mener cette bataille ensemble. Nous avons un monde à gagner ! Rejoignez/participez aux actions « Pride is a Protest » à Gand, Anvers et Bruges le 27 juin 2021, la veille de l’anniversaire de la légendaire rébellion de Stonewall.

    Contactez-nous pour les départs collectifs à partir de Wallonie et de Bruxelles !

0
    0
    Your Cart
    Your cart is emptyReturn to Shop