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Category: LGBTQI
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La Pride: un événement coloré contre les discriminations
Ce samedi, des dizaines de milliers de personnes se sont rendues à Bruxelles pour participer à la Pride et pour dénoncer les discriminations contre les personnes LGBT. Cette année, le thème central était la discrimination contre les transgenres. La loi inhumaine relative à la ‘‘transsexualité’’ de 2007 impose une psychiatrisation et une stérilisation de force à toute personne qui veut une reconnaissance légale de son genre. Ces traitements dignes d’actes de tortures doivent être abolis.
Le PSL a participé à la Pride. Nous avions un stand avec notre matériel politique afin de défendre une Pride festive mais aussi militante (voir notre article à ce sujet).
Reportage-photos de PPICS:
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Pride, 14 mai : Ensemble contre l’homophobie, la lesbophobie et la transphobie
Luttons pour le droit d’adopter le mode de vie qui nous correspond. Luttons pour une vie décente pour tous !Malgré que de plus en plus de pays accordent le droit de se marier aux personnes de même sexe, l’égalité tant juridique que de fait pour les personnes LGBTQI (1) est loin d’être acquise. La marginalisation et les discriminations à l’encontre des personnes et des mouvements LGBTQI – présenté comme une menace à la famille nucléaire (ou traditionnelle) qui pallie le manque de services publics – s’aggravent parallèlement aux attaques contre nos conquêtes sociales. Les politiques de division sont cyniquement utilisées par une partie de l’establishment – promouvant l’homophobie, le sexisme, un sentiment anti-immigrés et autres préjugés – afin de dévier l’attention loin de la colère profonde envers la pauvreté et les énormes inégalités économique.
Par Emily (Namur)
Changement de loi ou de système ?
Ainsi, en pleine campagne présidentielle américaine, plusieurs États américains ont fait un bond en arrière en matière de droits LGBTQI en adaptant et votant une loi intitulée ‘‘Religious Freedom Restoration Act’’. Pourtant, le texte de cette loi fédérale de 1993 était progressif et avait pour ambition de protéger les Premières Nations (2). Mais aux mains de la classe dirigeante en proie à la crise et qui a besoin que l’attention soit détournée du véritable problème – l’injustice économique – une loi peut être tournée en son contraire. Les adaptations réalisées par plusieurs États du Sud ‘‘pour protéger les chrétiens conservateurs’’ légalisent les discriminations des personnes LGBTQI au nom de la liberté religieuse. Alors que cette catégorie sociale est déjà surreprésentée parmi les travailleurs sans emploi, les SDF, etc., ces personnes pourront se voir refuser en toute légalité un emploi, un logement, des soins (etc.) sur base de leur orientation sexuelle et/ou de leur identité de genre.
Cet exemple illustre clairement qu’un changement législatif, comme celui de 2015 légalisant le mariage pour tous aux États-Unis, ne suffit pas. Si le christianisme comme l’ensemble des religions monothéistes condamne l’homosexualité, ce n’est pas de religion dont il est réellement question ici. En l’absence d’une lutte unifiée pour les droits des travailleurs et de ces groupes les plus discriminés dont font partie les LGBTQI, la classe dominante parviendra toujours à nous diviser en désignant des boucs émissaires pour mieux détourner notre attention du vrai problème et ainsi mieux nous exploiter. Sous le capitalisme, aucune conquête sociale n’est un acquis définitif.
Religion : cause ou outil des discriminations ?
Lors d’agression de personnes LGBTQI, la religion et la culture sont régulièrement utilisées pour justifier la violence et rejeter la faute sur la victime. La logique utilisée est similaire à celle de la ‘‘culture du viol’’ : ‘‘Il/elle l’a bien cherché’’, ‘‘Il/elle n’avait qu’à pas s’habiller comme ça’’, ‘‘Il/elle n’avait qu’à pas se comporter comme ça’’, sous-entendu porter une mini-jupe ou des habits en dehors d’une certaine norme sociale, avoir une telle orientation sexuelle ou une telle identité de genre. Et cela va de pair avec une banalisation de la violence dont ces personnes font l’objet. La justice rentre dans ce jeu avec de moindres condamnations des agresseurs sur base de cet argumentaire qui incrimine la victime.
Et cela atteint son paroxysme dans des États autoritaires et répressifs tel que le Maroc, où les victimes d’agressions LGBTQI sont davantage condamnées que leurs agresseurs. La lutte contre la colonisation occidentale d’où serait, selon cette propagande, issue l’homosexualité est invoquée pour justifier cela. Et, comme souvent, la religion entre les mains de la classe dominante est également utilisée, ce qui aboutit à de nombreux amalgames. Mais cette répression des personnes LGBTQI facilite en réalité la répression et la confiscation des libertés politiques de l’ensemble des minorités et de l’ensemble des groupes revendiquant leurs droits, et en premier lieu la classe des travailleurs, des jeunes et des pauvres. La criminalisation de l’homosexualité au Maroc comme ailleurs n’a rien de religieux, c’est un instrument de domination parmi d’autres.
Pour une Pride festive, mais aussi militante
La Belgique n’est pas en reste. Si les personnes LGBTQI ne sont plus criminalisées comme au Maroc et que leurs droits sont plus étendus que dans la majorité des États américains, il reste du chemin à parcourir. Les violences à l’encontre des personnes LGBTQI tout comme les violences sexistes (qui parfois se cumulent) persistent et sont banalisées. Mais là où la route vers l’égalité est la plus grande, c’est concernant les personnes transgenres, thème de la Pride cette année. La loi inhumaine relative à la ‘‘transsexualité’’ de 2007 impose une psychiatrisation et une stérilisation de force à toute personne qui veut une reconnaissance légale de son genre. Ces traitements dignes d’actes de tortures doivent être abolis.
La réponse face à l’homophobie, la lesbophobie et la transphobie ne peut se limiter à la répression qui reste inefficace pour prévenir la violence. La sensibilisation à cette thématique est bien entendu importante, mais pas suffisamment efficace, en particulier dans le cadre du sous-financement chronique de l’enseignement. En réalité, bien qu’elles constituent de grands pas en avant, aucune loi, aucune campagne de sensibilisation ne parviendront à définitivement mettre fin aux discriminations basées sur l’orientation sexuelle et sur l’identité de genre. C’est seulement en luttant contre le capitalisme et sa classe dominante qui nous divise et nous exploite que l’on pourra réellement commencer à parler d’égalité. Rendons un caractère militant à la Pride et luttons ensemble contre toutes les formes de discrimination et d’oppression.
Pride.be 2016 : 14 mai à partir de 14h au Mont des Arts à Bruxelles
(1) LGBTQI = Lesbiennes, Gays, Bisexuel(le)s, Transgenres, Queers, Intersexes
(2) Premières Nations = Amérindiens -
[INTERVIEW] Russie : La lutte contre l'homophobie se poursuit
Plus de deux ans après l’adoption de la loi homophobe interdisant la «propagande homosexuelle parmi les jeunes», quelle est la situation du mouvement LGBT en Russie ? Nous en avons discuté avec Igor, membre du Comité pour une Internationale Ouvrière à Moscou.Propos recueillis par Stéphane (Liège)
Qu’est-ce qui a changé pour les LGBT en Russie depuis l’adoption, en juin 2013 de la loi homophobe interdisant «la propagande homosexuelle parmi les jeunes» ?
Tout d’abord, il faut comprendre que le gouvernement russe n’avait pas besoin de cette loi homophobe en tant que telle. Son objectif était que des mouvements et campagnes homophobes se créent autour d’elle pour instrumentaliser les préjugés homophobes à des fins politiques. Depuis que la loi a été votée en juin 2013, on constate qu’elle n’a été appliquée qu’à peu d’occasions et on peut même dire que le gouvernement ne l’applique pas. D’ailleurs l’un des auteurs de la loi, Vitaly Milonov, député au parlement de Saint-Pétersbourg, a déclaré : «nous avons besoin de quelque chose qui fasse peur aux gens». Et dans ce sens, la loi remplit les objectifs voulus par le gouvernement Poutine.
Par exemple, la Rainbow Association et nous-mêmes (le Comité pour une Internationale Ouvrière en Russie) avons essayé d’organiser une exposition de photographies montrant des jeunes LGBT en Russie dans le but de susciter des discussions autour de cette question. Trouver un lieu qui voulait bien accueillir l’exposition s’est avéré impossible. Aucun propriétaire de tels lieux ne voulait avoir de problèmes avec le gouvernement. Finalement, nous avons décidé de monter l’exposition en plein-air sur un boulevard dans le centre de Moscou (voir la photo ci-contre) et celle-ci a tenu pendant quatre heures avant qu’un «activiste orthodoxe» arrive et appelle la police pour l’enlever. Avant cela, tout s’est passé dans le calme et en paix, les gens en général ont très bien réagi.D’un autre côté, depuis que la loi a été adoptée, il n’y a pas eu de grands changements puisqu’auparavant, les manifestations ouvertement LGBT étaient systématiquement interdites et réprimées. Donc, avant et après la loi, rien n’a changé.
D’ailleurs même avant que la loi ne commence à être discutée, il y a eu une augmentation des violences envers les LGBT. En 2011-2013, on a pu voir des mouvements homophobes tels que «Occupy pedepholia» ou «Occupy gerontophilia» prendre place. Le leader de ces mouvements était ouvertement nazi. Il a quand même été arrêté et mis en prison non pas pour homophobie mais pour racisme.
D’un autre côté, depuis que la loi a été adoptée, on observe des changements significatifs. On n’avait jamais vu auparavant en Russie de telles discussions concernant les droits LGBT se tenir à grande échelle. Avant cela, les LGBT étaient vus comme des monstres, comme des personnes bizarres. Être LGBT et parler des droits LGBT est devenu un acte politique mais bien sûr cela reste toujours très difficile.
Depuis 2011, l’année où les discussions sur la loi homophobe ont débuté, la communauté LGBT a commencé à s’engager dans les rangs de l’opposition politique, notamment en participant aux énormes manifestations (1) d’il y a trois ans. Des liens avec des organisations des droits humains et politiques ont été tissés. Par exemple, avant 2011, même les organisations des droits humains étaient suspicieuses concernant les droits des LGBT. Cela a été un test décisif pour celles-ci, elles ont dû prendre position. Étaient-elles prêtes à défendre les droits des LGBT en tant que droits humains ? Les mouvements d’opposition ont été aussi forcés à s’intéresser de plus près aux populations LGBT et à leurs droits.
À Moscou et à Saint-Pétersbourg, des organisations défendant les droits des LGBT sont actives. Qu’en est-il dans le reste du pays ?
La vie est plus facile pour les LGBT en villes qu’en milieu rural. Spécifiquement dans le Caucase du nord et dans les régions pauvres, la situation est très difficile pour eux mais aussi pour les femmes. Dans ces régions, il n’y a pas d’organisations qui militent ouvertement pour les LGBT.
Quels sont les partis, les organisations qui soutiennent les droits des LGBT ?
Au niveau national, très peu de partis de l’opposition, peut-être seulement un seul supporte les droits LGBT. Tous les partis siégeant au parlement fédéral sont partisans de la loi homophobe mais certains députés membres de ces partis ne soutiennent pas la loi.
Aujourd’hui, nous avons beaucoup d’organisations qui soutiennent les LGBT. Ce sont des organisations des droits humains, de gauche, syndicales ou libérales (2). C’est important pour la Russie. En juillet dernier, un meeting entre syndicats et organisations LGBT a eu lieu autour des questions de la lutte contre les discriminations sur les lieux de travail. Ce meeting prenait place suite aux attaques menées l’année passée par des groupes homophobes contre des enseignants qui avaient pris position en faveur des droits LGBT ou parce qu’ils étaient eux-mêmes LGBT. C’est à ce moment qu’un syndicat des enseignants du secondaire a décidé de soutenir ces professeurs en difficulté. Ce même syndicat des enseignants a fait une déclaration il y a deux ans contre la loi homophobe. C’est un des très rares syndicats à soutenir publiquement et activement les droits LGBT. Mais même parmi les organisations de gauche, des divisions existent autour de la question et toutes ne supportent pas les droits LGBT.
Peux-tu nous expliquer brièvement les tactiques utilisées par les organisations qui défendent les droits LGBT ?
Aujourd’hui, on peut dégager deux types de tactiques opérées pour la défense des droits des LGBT. La première est une approche libérale, c’est-à-dire sans remettre en cause le système capitaliste. Le principal problème est que cette tactique est défendue par des organisations subventionnées par des fonds occidentaux. Elles ne fonctionnent pas sur leurs propres fonds et pratiquent différentes formes de lobbying. Ces organisations libérales sont devenues réellement politiques après les énormes manifestations de l’année 2012 et après que la loi homophobe a été adoptée. Mais en même temps, elles nient leur caractère politique et se disent être des organisations des droits humains dans le but d’éviter la répression du gouvernement.
Avec le Comité pour une Internationale Ouvrière, nous essayons de mettre en place des structures démocratiques dans la Rainbow Association parce qu’elle fonctionne de manière très informelle, «anarchiste» et inefficace. D’un autre côté, on a quelques ONG LGBT bureaucratiques qui doivent se démocratiser et s’ouvrir à une couche plus large de membres. Ces dernières ont une approche verticale et des fonctionnements non-démocratiques parce qu’elles reposent sur des volontaires qui ne décident de rien. A la tête de ces organisations, on retrouve des personnalités partageant des opinions politiques différentes et certains dirigeants sont même des libéraux de gauche. Mais malgré cela les directions des ces organisations LGBT restent non-démocratiques et n’arrivent pas à attirer des couches plus larges de la population, à les éduquer, à construire un mouvement fort et donc à atteindre leurs objectifs et à lutter contre l’homophobie.
Il faut aussi mentionner que les directions de ces organisations sont en général d’accord avec l’idée qu’on doit lier les luttes LGBT aux luttes plus larges pour les droits démocratiques en Russie. Mais on dirait qu’ils ignorent les causes sociales et les vraies raisons économiques auxquelles doivent faire face les personnes LGBT en Russie. Ils passent à côté d’une stratégie globale pour aller chercher la solidarité et le soutien de couches plus larges dans la société pour la lutte contre l’homophobie et les préjugés.Un autre exemple d’approche non-démocratique et libérale est celui concernant la soi-disant gay pride à Moscou. Depuis 10 ans, rien n’a changé. Depuis le début, Alexeyev, l’organisateur de la pride n’a jamais tenté de construire un mouvement. La seule chose qui le préoccupe est de construire sa propre image. Il est même un grand partisan de Poutine et du chauvinisme russe. Il soutient la politique russe en Crimée et en Ukraine. Lors des grandes manifestations d’opposition au régime en 2012, il a appelé à ne pas y participer. Il a réussi à être connu à l’ouest. Il a récemment demandé la citoyenneté suisse parce que son mari est suisse.
Les tactiques que nous défendons avec le Comité pour une Internationale Ouvrière et partagées par d’autres organisations de gauche sont de développer des campagnes autour des deux situations les plus extrêmes de LGBT-phobie : les violences subies par les adolescents LGBT d’un côté, et les discriminations sur les lieux de travail d’un autre côté.
Aujourd’hui, nous concentrons nos luttes sur la défense des adolescents LGBT parce qu’ils sont les principales victimes de toute cette situation. Nous essayons de lier ces campagnes autour des jeunes LGBT avec des campagnes pour les droits des travailleurs. Par exemple à Moscou, notre section est active au sein de la Rainbow Association avec laquelle nous avons finalement pu organiser une exposition de photographies montrant des ados LGBT. Cette expo a eu de bons échos dans les médias russes et internationaux. Nous avons aussi produit avec des organisations proches de la nôtre deux brochures intitulées «Unite». Le premier numéro porte sur la situation des adolescents LGBT et le second sur les LGBT dans le monde du travail et comment lutter contre l’homophobie avec les syndicats.
(1) Entre décembre 2011 et juin 2012, des dixaines de milliers de personnes sont descendues dans les rues de Moscou (des milliers dans d’autres villes) pour protester contre la fraude durant les élections. Bien que les principales revendications des ces manifestations concernaient la tenue d’élections libres, les droits démocratiques et les libertés politiques, des problèmes économiques plus graves ont poussé beaucoup de gens ordinaires à protester contre le gouvernement.
(2) Dans le contexte russe, les partis libéraux font habituellement référence à des organisations de droite libérale. Cependant certains d’entre eux peuvent être désignés comme radicaux parce qu’ils font face à la répression du gouvernement qui les empêchent de se présenter aux élections ou même de s’enregistrer officiellement comme partis. -
Irlande: Retour sur l'écrasante victoire du «oui» au référendum sur le mariage égalitaire
L’establishment conservateur fait face à une opposition grandissanteLa victoire du «Oui» au référendum sur le mariage égalitaire a exprimé un soutien massif pour l’égalité des personnes LGBTQI (Lesbiennes, Gays, Bisexuel(le)s, Transgenres, Queers et Intersexes), le progrès et un changement social. De nombreuses personnes ont pris d’assaut les rues de Dublin et d’autres villes pour fêter une victoire qui était l’aboutissement de décennies de lutte menées par les personnes LGBTQI.
Conor Payne, Socialist Party (section du Comité pour une Internationale Ouvrière en Irlande)
Le poste Facebook d’un activiste LGBTQI, Panti Bliss, illustre le changement et le sentiment de libération que la victoire du «Oui» a déclenché : «Je marchais dans le centre de Dublin hier, deux jours après le résultat, c’était remarquable et agréable de voir tant de couples LGBT se tenir la main avec nonchalance. Que cela puisse continuer. Tout a changé, complètement changé.»
L’écrasante victoire du «Oui» était impressionnante et a démontré fermement le changement dans les comportements qui a pris place dans la société irlandaise ces dernières décennies. C’est un pays où l’homosexualité était criminalisé jusqu’en 1993 ! Le «Oui» l’a emporté sur le «Non» à 62,1% contre 37,9% avec une participation de 60,5%, le plus grand taux de participation à un référendum depuis celui portant sur le divorce en 1995. En comparaison, en 2008, le mariage égalitaire dans l’Etat américain de Californie a subi une défaite lors d’une consultation populaire à 52% contre 48%. Tandis que dans le passé, des référendums sur des questions telles que le divorce ou l’avortement débouchaient sur des résultats très serrés, avec une grande fracture entre Dublin et le reste du pays, ici une seule circonscription électorale a voté «Non». Même dans des circonscriptions rurales qu’on voyait traditionnellement conservatrice, le «Oui» a souvent dominé très largement. Le «Oui» l’a très largement aussi remporté parmi les jeunes et les femmes et dans les régions ouvrières.
Ceci ne se serait pas réalisé sans le développement d’une politisation et d’un mouvement parmi ces groupes de population, dont les jeunes qui se sont mobilisés et ont permis une énorme victoire du «Oui». 66.000 nouveaux électeurs, la plupart des jeunes, sont venus gonfler le registre électoral pour participer au vote, et les inscriptions sur le registre ont augmenté dans les derniers mois précédant le référendum. À Fingal, 4.207 nouveaux électeurs se sont inscrits. Le jour du vote, 96% de ces nouveaux votants se sont vraiment déplacés et ont voté. Le hashtag #HomeToVote a réussi à aller chercher le «Oui» chez de nombreux jeunes qui ont émigré – beaucoup à cause de la crise économique. Presque 50.000 d’entre eux sont revenus en Irlande pour voter «Oui».
Des centaines de personnes ont été actives en faisant du porte-à-porte électoral et autre travail électoral à l’approche du référendum. À Dublin et à travers le pays, des dizaines de milliers de badges «Oui» étaient portés ostensiblement pour montrer son opinion. Des très nombreuses personnes se sont engagées dans la campagne pour le «Oui» par le biais d’amis ou de la famille qui les a convaincus. C’était un mouvement social – le deuxième le plus important à balayer l’Irlande ces dernières années, avec la lutte contre la taxe sur l’eau.
La classe ouvrière a voté largement «Oui»
Pendant le référendum, la campagne pour le «Non» a tenté de dépeindre le référendum comme le projet d’une «élite libérale». Au même moment, le «Ministre de l’égalité», le travailliste Aodhan O’Riordain, pour qui la classe ouvrière est simple et arriérée, a exprimé sa crainte de voir les électeurs en colère contre la taxe sur l’eau voter «Non», ce dernier a déclaré : «Je pense que lorsque les premières factures arriveront et que les militants sonneront à leur porte et bien je pense que les gens pourraient nous donner comme conseil ‘Donne-moi d’abord un référendum sur la taxe sur l’eau et je voterai pour le mariage égalitaire’. Le niveau d’antagonisme attisé à propos de la politique en général pourrait mener les gens à voter contre une réelle proposition en rapport avec l’égalité et les droits humains.»
Malgré ces stéréotypes sur la classe ouvrière, les votes les plus massifs pour le «Oui» ont été réalisés dans les régions ouvrières les plus défavorisées et laissées pour contre. Par exemple, l’Irish Times rapportait que, à Dublin, Coolock a voté «Oui» à 88%, Jobstown à 87%, Liberties 88%, Cherry Orchard 90%. À Limerick, Moyross a voté «Oui» à 70% et South Hill à 72%. Tous ceux qui ont été impliqués et mobilisés dans le mouvement contre la taxe sur l’eau ont continué à montrer un énorme soutien aux amis, parents et voisins LGBTQI et pour l’égalité et le changement social. Grainne Healy, président de «Marriage Equality» et co-directeur de la principale campagne «Yes Equality» a déclaré : «Quand on faisait campagne dans des régions telles que Finglas, le «Oui» le remportait de manière écrasante. Un jour nous nous somme rendus à Glasnevin, il y aurait plus de résistances. On s’est rendu compte que les maisons très cossues avec deux voitures étaient moins favorables au ‘Oui’.» (Irish Times 24/05/15)
L’introduction du mariage égalitaire apportera un réel avantage aux couples de même sexe en Irlande qui veulent se marier. Mais le vote a exprimé beaucoup plus que cela. Malgré quelques discours de la part des partisans du «Oui» à propos du mariage comme étant la «fondation d’une société stable», le vote était d’abord et avant tout une affirmation en faveur de l’égalité des personnes LGBTQI. Il a aussi exprimé un rejet de la bigoterie et d’une vision arriérée de la société défendue par les partisans du «Non». Le vote a montré une énorme volonté pour une société égalitaire, progressiste et séculaire.
Pendant la campagne, les partisans du «Non» ont tenté de semer le doute et la peur particulièrement concernant l’homoparentalité et la gestation pour autrui (GPA). L’argument selon lequel les enfants «ont le droit à une mère et un père mariés» était totalement en décalage avec la réalité et une insulte aux nombreuses familles en Irlande qui vivent aujourd’hui hors de cet «idéal» supposé. Ils ont aussi joué le jeu de la victime qui n’est pas «écoutée», et se sont présentés comme des opposants à l’establishment. Mais ces arguments n’ont pas été capables de convaincre une majorité. Loin d’avoir été «ignorés» ou diabolisés, la réalité est que les partisans du «Non» ont pu compter sur la bienveillance de la majorité de l’establishment notamment avec la décision de RTE de distribuer 80.000€ aux membres de l’Ioana Institute après qu’ils ont été qualifiés «d’homophobes».
L’intervention de la hiérarchie de l’Eglise catholique très active sur la question a été repoussée. Les commentaires de Kevin Doran, l’Evêque d’Elphin, pour qui les personnes gays qui ont des enfants «ne sont pas des parents» étaient emblématiques de l’attitude des partisans du « Non ». Le dimanche précédant le référendum, des lettres pastorales des Evêques appelant à voter «Non» ont été lues massivement à travers le pays. On a rapporté à travers le pays que de telles déclarations ont provoqué des protestations spontanées de fidèles qui se rendaient à la messe. Les commentaires de l’Archevêque Diarmuid Martin après le vote disant que l’Eglise «devait redescendre sur terre» et s’était «complètement éloignée des jeunes» reflètent la crise profonde de l’Eglise qui continue à perdre profondément en autorité.
L’importance de la victoire du mariage égalitaire par référendum démolit le mythe d’une «majorité silencieuse» naturellement conservatrice et montre les forces qui sont les réelles actrices du changement et du progrès dans la société irlandaise. Cela démontre de façon probante que la source de la nature conservatrice de l’Etat irlandais se trouve dans l’establishment et non dans les comportements de la majorité de la population. Cela laisse aussi entendre qu’une campagne pour le «Oui» avec un message moins prudent aurait même pu déboucher sur une majorité plus grande en faveur du «Oui». On a reçu un écho très positif des affiches de l’Anti Austerity Alliance (AAA) et beaucoup ont dit que son slogan «Discrimination Damages Lives» («La discrimination nuit à la vie») était l’affiche la plus émouvante et la plus percutante dans la campagne pour le «Oui». AAA était aussi la seule force politique qui a fait référence à la culture LGBTQI en utilisant le drapeau arc-en-ciel sur ses affiches. Cela contrastait énormément du slogan des Travaillistes «On a tous le droit d’être traité de même manière» avec comme images des personnes qui ne semblaient pas du tout être dans une relation LGBTQI.
Leo Varadkar, Ministre de la Santé, a décrit le vote comme une «révolution sociale». Cela reflète le changement majeur qui a pris place mais est aussi une tentative de suggérer que l’égalité est maintenant obtenue et les problèmes sont largement résolus. En fait, le vote a montré une soif de changement et l’énergie politique déclenchée par la campagne ne partira pas. On a maintenant une énorme situation contradictoire en Irlande où un enseignant LGBTQI qui travaille dans une école de confession religieuse peut être marié mais risquerait de perdre son boulot parce qu’il viole l’«éthique» de l’Eglise. Il y a toujours une loi discriminatoire en place qui interdit aux HSH (hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes) de donner leur sang. Le gouvernement discute d’un projet de loi concernant la reconnaissance de genre qui présente d’énormes défauts et ignore les réalités des personnes transgenres. Toutes ces questions peuvent être au centre de campagnes importantes. Plus fondamentalement, il y a un désir de défier la nature conservatrice de l’Etat irlandais. On n’est pas seulement sur un chemin sans encombre vers toujours plus de progrès et de tolérance. Ceux qui s’opposent au changement détiennent un très grand pouvoir dans la société.
Malgré ses enseignements de plus en plus rejetés sur les «questions morales», l’Eglise catholique détient un très grand pouvoir à travers son contrôle de la plupart des écoles primaires et secondaires dans le pays. Elle est aussi le plus grand propriétaire terrien. Cette situation fait qu’elle peut user de sa position pour bloquer le changement social. On le voit dans la «Section 37» de la loi sur l’égalité au travail qui autorise aux institutions de confession religieuse comme les écoles et les hôpitaux de discriminer leurs employés sur base de leur sexualité. Cela se retrouve dans les programmes et «l’éthique» des écoles qui font que la plupart des jeunes LGBTQI ne reçoivent pas une éducation inclusive, par le biais de cours d’éducation aux sexualités qui reconnaissent et valident leurs vécus. La revendication pour une société séculaire et la séparation de l’Eglise et de l’Etat émergera maintenant comme question clé. Dans cet effort d’aider à la construction de cette lutte en marche, les députés de l’Anti Austerity Alliance ont soumis un projet de loi à la Chambre des Représentants pour abolir la «Section 37»
Le plus important de tout est que le référendum pose la question de l’abrogation du 8e amendement et de la restriction honteuse des droits à l’avortement en Irlande. Un sondage montre que 56% sont en faveur de l’abrogation du 8e amendement, avec seulement 19% contre. Depuis des décennies, la classe politique dirigeante est restée campée sur ses positions malgré des scandales tels que Savita Halapannavar, Ms. Y et les décès d’enfants qui naissent avec des malformations. L’excuse a toujours été la même : les gens ne sont «pas prêts» et un référendum serait un échec. Cet argument revient toujours. Le résultat du vote en faveur du mariage pour tous montre clairement que le problème vient de l’establishment et pas des votants et qu’une campagne pour un référendum pourrait être une victoire. Les travaillistes s’approprient maintenant ces questions et déclarent qu’ils mettront sur pied un référendum pour abroger le 8e amendement s’ils seront dans le prochain gouvernement. Mais ces promesses électorales sonnent faux dans le contexte actuel où le Labour Party au côté de Fine Gael, Fianna Fail et Sinn Fein ont rejeté de nombreux projets de loi pour l’abrogation du 8e amendement et ont même limité les droits à l’avortement alors qu’ils étaient au Parlement. Le fait que les Travaillistes et le Sinn Fein ont rejoint l’appel à abroger le 8e amendement est le résultat de la pression du mouvement pro-choix et des changements dans l’opinion publique. Il faut maintenir cette pression pour gagner un référendum. La campagne a montré que le changement vient d’en bas et qu’on doit mettre maintenant une très grande pression sur les partis, particulièrement sur ceux qui ont rejoint l’abrogation, pour organiser un référendum et légaliser les droits à l’avortement en Irlande.
L’importance de la victoire pour le mariage égalitaire par référendum devrait donner une grande confiance à tous ceux qui luttent pour l’égalité sociale et économique. Cela montre aussi la stratégie dont on a besoin pour obtenir un changement social. Le maintien d’une mobilisation et d’une pression actives était crucial dans cette victoire mais vont aussi à l’encontre des politiques capitalistes en Irlande. Le jour du référendum Eamon Gilmore soulignait l’engagement actif des jeunes dans la campagne en déclarant : «La démocratie n’est pas une activité passive.» C’est tout à fait correct mais à l’opposé de ce qu’on a entendu l’année passée de la bouche d’un gouvernement qui a diabolisé l’activité politique menée en marge de la «politique officielle» par la classe ouvrière qualifiée de «fasciste» et «sinistre».
Un establishment conservateur
Le fait que tous les partis ont appelé à voter « Oui » pourrait être interpréter comme un changement au sein de l’establishment et que ce dernier accepte maintenant voire même est à la tête du progrès social sur les questions de société. On peut avoir une idée de la situation à travers la crise dans le Fianna Fail qui a dévoilé au grand jour l’opposition significative au mariage égalitaire dans ses rangs et une réticence à soutenir la question. L’année passée, Fianna Fail, Fine Gael, Parti travailliste et Sinn Fein, tous ont voté contre des droits même extrêmement limités à avorter. Tous ces partis restent opposés aux droits à l’avortement, plaidant au mieux pour le droit à avorter dans des circonstances extrêmement limitées telles que des malformations mortelles pour les nouveau-nés et en cas de viol et d’inceste.
La question de l’égalité était cruciale dans cette campagne mais on vit toujours dans une société qui est profondément inégale de bien des façons, socialement et économiquement : de la discrimination réelle dans les lois contre les LGBTQI et les femmes à l’augmentation du fossé entre riches et pauvres en Irlande et internationalement. Le capitalisme en Irlande en est profondément responsable. Le capitalisme se base sur l’inégalité et nourrit les divisions entre les gens pour justifier et maintenir sa domination. En Irlande, à cause de sa faiblesse, l’establishment capitaliste est incapable de faire avancer la société. Il a utilisé et s’est lié à l’idéologie de l’Eglise catholique pour justifier sa domination. L’homophobie reste très puissamment ancrée dans la société, pas seulement dans les lois ecclésiastiques mais tous les jours dans des comportements homophobes à l’encontre des personnes LGBTQI. On n’en viendra pas à bout sous le système capitaliste marié à l’inégalité et au conservatisme.
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Contre l'homophobie et toutes les discriminations, pour l’égalité!
Ce samedi 16 mai se déroulait la Pride, la marche des fiertés LGBTQI – Lesbiennes, Gays, Bis, Transgenres, Queers et Intersexués. Le même jour, une marche homophobe et sexiste prenait place à Anvers. Le PSL était présent au cœur de la Pride bruxelloise pour protester contre cette marche homophobe, contre toutes formes de discriminations et pour l’égalité.Par Stéphane (Liège), photos de Cathy (Liège)
Une quinzaine d’activistes du PSL étaient présents pour distribuer nos tracts ainsi qu’informer et discuter avec les passants sur la question de la lutte contre les discriminations et les organisations réactionnaires. Des brochures sur les émeutes de Stonewall, sur l’histoire du mouvement LGBTQI et des badges «stop pathologization» (contre la psychiatrisation et stérilisation des transgenres) étaient aussi disponibles à notre stand politique. Malgré la pluie et les tonnes de décibels, nous avons pu, à l’aide d’un mégaphone, animer le public se trouvant autour de notre stand aux cris de slogans : «Geen homofobie in Antwerpen», «Tous ensemble contre l’homophobie» et «Gay, straight unite and fight».Nous avons aussi préparé un «comité d’accueil» au char de la N-VA aux cris de «N-VA, hypocrites». Rappelons que le KVHV, le cercle des étudiants catholiques flamands étroitement lié à la N-VA, appelait à manifester à la marche homophobe d’Anvers… Le caractère réactionnaire de la N-VA ne doit pas non plus occulter les politiques destructrices de cohésion sociale tant nécessaires pour lutter contre l’homophobie, politiques menées par les gouvernements MR-Open VLD-N-VA-CD&V et PS-CDH !
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[PHOTOS] 20e Pride à Bruxelles
C’est sous la pluie que c’est déroulée hier la 20e édition de la Pride à Bruxelles. Le défilé avait, comme c’est traditionnellement le cas, un caractère festif et un aspect fort commercial. Des politiciens de toutes sortes étaient aussi présents pour se faire voir. Le char de la N-VA a été l’objet de huées sur son passage. Au même moment, des membres de la N-VA participaient à une “Marche pour la famille” homophobe à Anvers qui a réuni 200 participants selon les médias. Cela n’a pas échappé à plusieurs participants à la Pride. Notre tract soulignait notamment cette hypocrisie.La lutte pour l’égalité des droits est loin d’être terminée. La politique d’austérité a d’ailleurs mis en péril certaines conquêtes du passé et elle accroît aussi l’espace pour la division au sein de la population. La loi ne peut pas seule stopper l’homophobie, tout comme c’est également le cas pour le racisme et le sexisme. Selon nous, la Pride doit revêtir un caractère bien plus militant et aborder plus frontalement la lutte pour l’égalité des droits et contre toutes les formes d’oppression et de discrimination ainsi que la nécessité de résister contre la politique antisociale.
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Stop à la marche homophobe à Anvers – Stop aux discriminations – Luttons pour l’égalité!
En 2015, nous célébrons la 20e édition de la Pride à Bruxelles. La toute première marche a eu lieu en 1979 à Anvers sous le nom de « Samedi rose ». Depuis, un long chemin a été parcouru mais l’égalité des droits pour chaque Lesbienne, Gay, Bi, Transgenre, Queer et Intersexué.e reste encore à gagner.Tract du PSL à l’occasion de La Pride
Nos droits remis en question… Les réacs s’organisent !
Ce samedi 16 mai, aura lieu la toute première manifestation homophobe de l’histoire de la Belgique. Une prétendue « Marche pour la famille » se tiendra à Anvers pour revendiquer l’interdiction de la Pride au motif « d’outrage public aux bonnes mœurs », l’abolition de l’égalité du mariage pour tous et du droit des couples homosexuels à adopter.
Qui se cache derrière cette marche homophobe ?
Les « pro-famille » réunissent un large spectre de réactionnaires de droite qui veut bâillonner les « anormaux ». Populistes de droites, néo-fascistes, catholiques fondamentalistes… ce sont les mêmes qui luttent contre le droit des femmes à avorter sous le nom trompeur de « pro-life ». Tous les catholiques de Belgique ne se rangent pas, bien au contraire, derrière l’étendard haineux de ces réacs. Les LGBTQI chrétien.ne.s peuvent compter sur « La Communauté du Christ Libérateur », association où des prêtres homosexuels donnent les sacrements religieux sans discrimination. En décembre dernier, l’archevêque d’Anvers a écrit une lettre ouverte au Vatican pour plaider en faveur d’une reconnaissance ecclésiastique des relations bi- et homosexuelles au sein de l’Eglise.
La « marche pour la famille » s’inspire des « manifs pour tous » qu’on a connues en France. Aux côtés des réactionnaires de droites plus classique, on retrouve aussi les Laurent Louis à Bruxelles et en Wallonie ou les Dieudonné et Alain Soral en France qui profitent des nombreuses déceptions et frustrations de toute une couche de la population laissée pour compte en pointant du doigt des boucs émissaires : immigrés, juifs, féministes, LGBTQI… Ces pseudos « anti-système » ne sont pas écoutés que par les plus précarisés. Le Cercle de Lorraine, club privé pour millionnaires de l’industrie et du monde de la finance belges, a invité Eric Zemmour pour y présenter son nouveau livre dans lequel il étale sa haine des pauvres, des musulmans, des femmes, des LGBTQI…
Pour Dieudonné « la loi sur le mariage pour tous a ouvert la porte au grand n’importe quoi » !
Dans les universités en Flandre, l’organisation étudiante KVHV (cercle des étudiants catholiques), étroitement lié aux jeunes N-VA, surcollent systématiquement les affiches de la Pride avec celles de la « marche pour la famille »! Il serait intéressant de demander à Geert Bourgeois, alors député fédéral parlementaire Volks Unie , où il était ce 30 janvier 2003 quand le Parlement fédéral a voté la proposition de loi ouvrant le mariage aux personnes de même sexe ? L’importance historique du vote lui aurait-il échappé ? Comment pouvons-nous accepter que la N-VA pavane dans notre marche alors qu’elle ne fait rien contre les homophobes dans ses propres rangs ?
Le KVHV a déclaré que « Mgr Bonny a franchi une limite en proposant la reconnaissance ecclésiastique des relations bi- et homosexuelles ».
En Belgique comme ailleurs, les mouvements, organisations et partis politiques hostiles à l’égalité et aux droits fondamentaux des LGBTQI surfent sur les frustrations envers le système et la classe politique dirigeante pour convaincre que les problèmes ce sont les autres, les minorités : LGBTQI, Roms, travailleurs immigrés, chômeurs, minorités religieuses… En même temps nous ne pouvons pas compter sur les partis traditionnels et leur hypocrisie de s’afficher gay friendly un jour et de mener en même temps une politique de démolition sociale qui favorise la LGBTQI-phobie.
La Belgique, havre de paix et d’égalités pour les LGBTQI ?
Malgré les progrès réalisés en matière de visibilité des personnes trans* et intersexes, surtout dues aux mobilisations de ces dernières, le rouleau compresseur à strass et paillettes de la Pride continue à trop occulter les lois liberticides belges en matière de genre et de sexe.
Il faut abolir la loi belge de 2007 qui impose stérilisation et psychiatrisation aux personnes transgenres voulant une reconnaissance légale de leur genre. On doit aussi interdire toute intervention chirurgicale non vitale sur les enfants intersexués. Les associations LGBTQI plaident pour des avancées juridiques concernant entre autres le droit des gays à donner leur sang et la GPA (la Gestation Pour Autrui) à l’abri de toute marchandisation du corps de la femme.
LGBTQI-phobie, sexisme, racisme, islamophobie… Stop aux discriminations !
La Pride se déroule cette année sous la bannière de la lutte contre les discriminations avec la revendication d’un « plan interfédéral de lutte contre l’homophobie, la lesbophobie et la transphobie MAINTENANT !». Chacun.e d’entre nous, LGBTQI, a été au moins une fois dans sa vie victime de discriminations. Dans notre malheur, on n’est pas les seul.e.s. Les femmes ou encore les Belges immigré.e.s de 1ère, 2e, 3e génération et bien d’autres opprimé.e.s, comme nous, comptent les points … et les poings.
Cela a été illustré par le déluge de témoignages concernant le sexisme ordinaire qui a déferlé sur la Flandre sous le hashtag #WijOverdrijvenNiet (Nous n’exagérons pas), mais aussi par les tentatives – du Vlaams Belang notamment – de développer un mouvement raciste tel que Pegida, inspiré du mouvement allemand des « Patriotes européens contre l’islamisation de l’Occident ».
Les pénuries organisées par le MR, Open Vld, N-VA et le CD&V au fédéral et par la coalition PS-CDH au régional et à la communauté au nom de la sacro-sainte austérité ne fait que jeter les bases matérielles pour nourrir les plus grandes frustrations.Nos droits (mariage pour tous, homoparentalité, lois anti-discriminations…) sont-ils suffisant dans une société où le droit à un emploi décent, un logement confortable à un prix abordable, un accès libre et gratuit à des services publics, des allocations sociales… où tous ces droits fondamentaux ne sont plus assurés pour chacun.e d’entre nous ?
Nos droits conquis par le mouvement LGBTQI sont-ils suffisants dans cette société capitaliste où la discrimination économique est la base sur laquelle se construisent les rapports sociaux ? L’égalité homme-femme est inscrite dans les textes de loi et pourtant le sexisme reste toujours un fléau. Les lois antiracistes n’ont pas supprimé le racisme.
À l’échelle mondiale, le 1% des plus riches possède à lui seul presque la moitié des richesses. En 2016, ce sera plus de la moitié. Le fossé entre riches et pauvres n’est pas un phénomène limité à ce qu’on appelle le “Tiers Monde”. Chez nous aussi, les inégalités s’accroissent. Le 1% des plus riches poursuit sa marche et détient aujourd’hui 17% de toutes les richesses. Le capitalisme est un cadre favorable aux discriminations. Ce système, basé sur l’avidité et la course au profit à court terme, ne peut être humanisé. Les luttes contre les discriminations et pour l’égalité doivent être liées à la lutte pour un changement de société, pour une société socialiste démocratique basée sur la satisfaction des besoins de tous.
Prends Contact avec la commission LGBTQI du PSL via info@socialisme.be
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Vers une Internationale homophobe?
Ce samedi 16 mai, se tiendra à Bruxelles la Pride, la marche des fiertés Lesbiennes, Gayes, Bi, Trans*, Queer et Intersexes. Le même jour aura lieu à Anvers, ce qu’on peut nommer avec certitude la toute première manifestation homophobe de l’histoire de la Belgique.Par Stéphane (Liège)
Les organisateurs appellent à marcher contre tous les droits des LGBTQI. Qui sont-ils ? Ce sont les organisations catholiques conservatrices mobilisatrices aussi autour de la question d’interdire le droit des femmes à disposer de leur corps, les soi-disant « pro-life ». Ils disposent de nombreuses plateformes et organisations tels que : Pro-familia, Civitas… Ils peuvent aussi compter sur le soutien homophobe actif et décomplexé du Vlaams Belang qui mobilise. Rappelons qu’en 2003, lors du vote de la loi qui allait ouvrir le mariage pour tous en Belgique, tous les parlementaires du VB ont voté contre. Douze ans après, leur haine de l’égalité des droits ne s’est pas tarie.
Quelles sont leurs revendications pour l’appel du 16 mai ?
Les homophobes demandent la suppression de l’adoption par des couples de même sexe au motif du bien-être des enfants. Mais le fait qu’en Belgique 1 enfant sur 7 vit dans la pauvreté ne semble pas les préoccuper. Ils veulent faire inscrire dans la constitution belge le mariage comme un lien entre un homme et une femme, axé sur la reproduction et le soutien mutuel. Au motif « d’outrage public aux bonnes mœurs », ils aimeraient voir disparaitre la Pride. Ils militent aussi pour l’interdiction et la repénalisation de l’avortement, la fin des subventions des contraceptifs et des campagnes de prévention, l’interdiction de la FIV, PMA et l’interdiction de l’éducation à la vie relationnelle affective et sexuelle dans les écoles.
Tous les catholiques de Belgique ne se rangent pas, bien au contraire, derrière les Pro-vie, Pro-Famille et autres Civitas. Il est d’ailleurs important de noter que les catholiques LGBTQI peuvent compter sur des associations comme « La Communauté du Christ Libérateur » qui est un espace ouvert aux chrétien.ne.s homosexuel.le.s. Des prêtres homosexuels ou alliés à la cause donnent des offices religieux sans discrimination. Il y a des voix dans le monde chrétien qui s’élèvent pour défendre les droits des LGBTQI+ au sein de l’Eglise. Parmi elles, l’évêque d’Anvers, Monseigneur Bonny, prône une Eglise plus tolérante. En décembre 2014, il a écrit une lettre ouverte au Vatican dans laquelle il plaidait pour une reconnaissance ecclésiastique des relations bi- et homosexuelles au sein de l’Eglise.
Si on s’attendait à ce que les organisations catholiques les plus rétrogrades et haineuses dénoncent la prise de position de Mgr Bonny, le Cercle des étudiants catholiques flamands, le KVHV, s’est lui aussi distancié de ces propos et a déclaré que l’évêque avait « franchi une limite en proposant la reconnaissance ecclésiastique des relations bi- et homosexuelles ». Le Vlaams Belang peut donc compter sur de telles organisations pour diffuser sa propagande haineuse dans les universités flamandes sauf que le président du KVHV n’est autre que le fils de Jan Jambon, ministre N-VA.
La N-VA, homophobe ?
On est en droit de se poser la question. En 2003, lors du vote au parlement fédéral de la loi en faveur de l’ouverture du mariage aux couples de même sexe, la N-VA n’existait pas en tant que parti politique indépendant mais la Volks Unie était présente et certains de ses membres de l’époque sont aujourd’hui passés à la N-VA. C’est le cas de Frieda Brepoels, secrétaire générale de la N-VA, qui s’était abstenue à l’époque. Quant à Geert Bourgeois, il s’est tout simplement absenté lors du vote. L’importance historique du vote lui aurait-il échappé ? Ou alors son absence signifiait-elle une position politique sur cette question d’égalité ? Douze ans plus tard, on voit que le mouvement nationaliste flamand n’a toujours pas balayé les homophobes de ses rangs, au contraire, certains jouent un rôle moteur dans la mobilisation du 16 mai sur le parvis de la cathédrale d’Anvers. Comment la N-VA peut-elle se dire une alliée des luttes et droits des LGBTQI+ quand au même moment elle ne fait rien contre les homophobes dans son propre parti?
En juin dernier, la N-VA a fait son entrée au parlement européen dans les rangs du groupe des conservateurs et réformistes (ECR), groupe où siègent plusieurs partis d’extrême-droite et de droite populiste conservatrice comme les Vrais Finlandais (Ware Finnen), le Parti Populaire danois (Danske Folkparti) ou encore « Alternative pour l’Allemagne » dont une députée, Beatrix von Storch, n’est autre qu’une figure combattive du mouvement homophobe « Die Demo für alle », la « Manif pour tous » qui s’est exporté outre-Rhin et prend de l’ampleur dans le sud de l’Allemagne. Ce 21 mars dernier, un défilé de près de 1000 homophobes composés de fascistes, fondamentalistes chrétien.ne.s et divers groupes de droite populaire paradaient à Stuttgart. Ils protestaient contre l’élargissement des droits LGBTQI dans la région du Bade-Wurtenberg. C’était la sixième manifestation de ce genre à Stuttgart en un an ! Certains politiciens libéraux et chrétiens démocrates (CDU d’Angela Merkel) ont participé aux premières manifestations homophobes à Stuttgart. D’autres manifestations haineuses à Hanovre et à Kiel ont eu lieu et ont rassemblé à chaque fois plusieurs milliers de personnes.
Vers la toute première Internationale homophobe ?
L’énorme mouvement homophobe qui s’est soulevé en France en 2013 contre le mariage pour tous a ravivé les organisations les plus réactionnaires pour construire un large mouvement international et bloquer toute avancée vers l’égalité des droits des LGBTQI en Europe et ailleurs.
C’est en participant au cortège parisien de « La manif pour tous » que Brian Brown, président d’une organisation conservatrice américaine, la National Organization for Marriage (N.O.M.), a décidé d’importer le concept aux Etats-Unis. La N.O.M. lutte contre l’égalité des droits et a organisé un défilé à Washington en mars 2013 qui a réuni plus de 10.000 personnes.
L’Italie a aussi sa « Manif pour tous ». En Croatie, « U ime obitelji » (« Au nom de la famille ») a collecté plus de 700.000 signatures pour obtenir que le mariage soit défini dans la Constitution comme une « union pour la vie entre un homme et une femme ». Cela a abouti sur un rejet par référendum du mariage pour tous les couples en 2013 mais pas à l’ouverture vers un partenariat civil. Gagner un partenariat civil est un pas en avant mais ce n’est pas suffisant car il s’agit d’un contrat de mariage au rabais, sans les avantages du mariage. Un partenariat civil n’est pas couvert par toutes les lois concernant et offrant des protections et avantages à la famille.
Depuis un an, en Autriche et en Espagne, les attaques et pétitions en ligne se multiplient contre les associations et les personnalités défendant les causes LGBTQI. Parmi elles, l’eurodéputée autrichienne Ulrike Lunacek a subi une cyberattaque de 40.000 mails partis du site « CitizenGo », une plate-forme citoyenne ultra-catholique, réactionnaire et ouvertement homophobe, basée à Madrid.
La « Manif pour tous » s’exporte aussi en Slovaquie. L’« Alliance pour la famille » s’est constituée fin 2013 dans la foulée d’un rassemblement de l’Eglise catholique contre l’avortement… Elle prétend « défendre et soutenir la famille menacée par divers fléaux (alcoolisme, violence conjugale… et l’homosexualité) » qu’elle considère comme un « style de vie dangereux pour la santé ». « L’Alliance pour la famille » veut faire graver dans la loi fondamentale l’exclusivité du mariage comme étant « l’union d’un homme et d’une femme ». Elle a été à l’initiative d’un référendum en février de cette année contre toute forme d’union pour les homosexuels. Le taux de participation trop faible (21% pour un seuil de validité à 50%) a empêché que cette « loi fondamentale » passe mais ceux qui ont choisi d’aller voter se sont toutefois massivement prononcés contre le mariage entre personnes de même sexe (90% des votants).
En Irlande se tiendra en mai un référendum sur l’ouverture du mariage pour tous les couples. L’organisation sœur du PSL mène campagne pour la victoire du oui. Pendant que les sondages montrent que la majorité de la population est favorable à l’ouverture du mariage aux couples homosexuels, le sommet de l’Eglise catholique mène une campagne musclée contre. 77 % des Irlandais supportent le oui mais 46% émettent encore des réserves concernant l’éducation des enfants. Les partisans de la discrimination clament haut et fort que « chaque enfant mérite une mère et un père » mais le fait que 25% des enfants soient élevés par des femmes seules ne semble pas les émouvoir. Ces mêmes mouvements homophobes qui prétendent vouloir le bien des enfants n’ont jamais montré le moindre signe de protestation pendant que le gouvernement irlandais était occupé à opérer des coupes budgétaires dans les allocations familiales à hauteur de 400 millions d’euros depuis 2009, ce qui a contribué à jeter de nombreux enfants dans la pauvreté. Ces derniers représentent 25% des pauvres en Irlande. Le gouvernement irlandais fait campagne pour le oui et se pose en défenseur de l’égalité quand au même moment il est occupé à accroitre les inégalités.
Tout dernièrement, la « Manif pour tous » qui s’est longtemps définie comme un mouvement apolitique s’est constitué en parti politique : «avec ce changement, nous avons souhaité mettre notre structure juridique en conformité avec notre action, qui s’inscrit bien dans le champ politique », a indiqué Albéric Dumont, porte-parole du parti, au journal La Croix.
Les inégalités inhérentes au système capitaliste poussent régulièrement les populations exploitées à exprimer leur colère pour plus de justice sociale, du rassemblement pacifique aux émeutes urbaines. De nombreux mouvements ont émergé cette dernière période : plan d’action syndical en Belgique, SYRIZA en Grèce, « Black Lives Matter » aux USA…
Mais la crise du capitalisme n’engendre pas que des mouvements progressistes, les organisations les plus réactionnaires s’emparent du chaos social et idéologique pour construire leurs mouvements haineux. Certaines d’entre elles adoptent un discours « anti-système » voire « anticapitaliste » mais en dernier recours, elles restent les grandes gardiennes de la propriété privée capitaliste sur laquelle repose l’entièreté des rapports de production et d’échanges.
Nous devons discuter au sein des communautés LGBTQI des stratégies à adopter pour vraiment se débarrasser de toutes les discriminations. Nous devons comprendre que lutter contre la LGBTQI-phobie, c’est lutter aussi contre le capitalisme et ses organisations qui le représentent.
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16 mai : La Pride – Continuons la lutte pour l’égalité des droits !
Le samedi 16 mai 2015 se déroulera La Pride, dans le cadre de deux semaines consacrées à la lutte contre l’homophobie et à la défense des droits des LGBTQI (Lesbiennes, Gays, Bisexuels, Transgenders, Queers, Intersexués). L’an dernier, environ 100.000 personnes avaient pris part à l’évènement qui s’appelait alors la Pride4Every1 (Pride for everyone).La rébellion de Stonewall
Dans la nuit du 27 juin 1969, des policiers ont fait irruption au Stonewall Inn, un bar gay de New York. Les arrestations arbitraires et les humiliations étaient monnaie courante mais ce soir-là, les victimes des violences policières ne se sont pas laissé faire.
La farouche résistance qui a suivi a entrainé trois nuits d’émeutes, des milliers de LGBTQI affluant de tout le pays. Ces évènements ont eu lieu dans un contexte où se développaient le mouvement des droits civiques (contre les discriminations raciales) et le radicalisme, ce qui a inspiré la naissance d’un large mouvement de libération gay avec lequel des centaines de milliers de personnes sont ‘‘sorties du placard’’ et ont organisé de grandes marches de libération à travers le pays. Le Gay Liberation Front fondé en 1969 avait explicitement des sympathies pour le socialisme révolutionnaire et se déclarait solidaire des mouvements anticoloniaux, du mouvement contre la guerre au Vietnam et des luttes des travailleurs.
La nécessité de lier ces luttes s’est naturellement imposée. C’est ainsi qu’en 1970, Huey Newton, l’un des fondateurs du mouvement révolutionnaire afro-américain Black Panther Party, déclara : ‘‘Nous devons essayer de nous unir avec les femmes et les homosexuels dans une perspective révolutionnaire (…). Personne ne reconnaît aux homosexuels le droit à être libre. Ils sont peut-être la couche la plus opprimée de la société’’
Le mot ‘‘Stonewall’’ est partout entré dans le vocabulaire des LGBTQI comme un symbole emblématique de la résistance de la communauté gay face à l’oppression, exigeant une égalité complète dans tous les domaines de la vie. Un an plus tard eut lieu une première marche commémorative : la Gay Pride était née et devait par la suite s’étendre au monde entier. La Pride de ce 16 mai en est le prolongement en Belgique.
Un combat à terminer
Si la situation a changé et que des avancées ont pu être obtenues tant au niveau du sexisme, du racisme que de l’homophobie, les préjugés réactionnaires sont profondément inscrits dans la société. A tel point qu’un enfant peut insulter un autre en le traitant d’ ‘‘enculé’’ avant même de comprendre ce que le terme signifie.
La lutte pour une égalité des droits de tous les LGBTQI doit être menée mais les lois, seules, ne chasseront pas les discriminations et violences dont cette communauté est victime. Il y a déjà bien longtemps que des lois et dispositifs juridiques sévères ont été mis en place contre les violences faites aux femmes et pourtant, aujourd’hui en Belgique, 36% des femmes ont subi une forme de violence physique ou sexuelle depuis l’âge de 15 ans. Malgré la loi Moureaux contre le racisme et la xénophobie votée en 1981, 56 % des déclarations adressées au Centre pour l’égalité des chances et la lutte contre le racisme concernent des ‘‘critères raciaux’’ ou de conviction religieuse ou philosophique.
Un système économique dont l’inégalité est la base même de son fondement ne peut pas engendrer d’égalité, au contraire il ne peut que renforcer voire créer des inégalités là où elles n’existaient pas auparavant. Comment prétendre à la fin des discriminations sous le capitalisme où une minorité possède la plus grande partie des ressources sur cette terre et maintient la majorité de la population dans la misère? Les intérêts des deux classes sont divergents, l’une veut garder ses privilèges et l’autre veut partager les richesses. La classe possédante est fragile numériquement et elle le sait, elle doit donc ruser pour éviter l’unité des masses et propage alors des idées de divisions parmi les travailleurs. C’est là que les idées homophobes trouvent leur origine. La classe dominante utilise tous les moyens qu’elle possède pour diffuser des idées qui divisent les hétéros des LGBTQI.
Les médias capitalistes dressent un portrait trop souvent hyper stéréotypé des LGBTQI comme par exemple l’utilisation de l’image du couple gay riche par les grandes marques (le ‘‘pink market’’), comme si tous les gays étaient plein aux as. Dans ces mêmes médias, la lesbienne est souvent dépeinte comme une ‘‘camionneuse’’. Les personnes transgenres en Belgique ne sont pas libres car leur vie dépend de la ‘‘Loi belge relative à la transsexualité’’ votée en 2007 qui impose la psychiatrisation et la stérilisation à toute personne trans qui veut une reconnaissance légale de son genre. Les mouvements d’extrême droite et de religieux fondamentalistes, toutes confessions confondues, en s’attaquant aux droits des LGBTQI, renforcent les discriminations et servent donc les intérêts des capitalistes.
Les réactionnaires sont de retour
Le 16 mai, le jour-même de La Pride, le cercle flamand des étudiants catholiques (KVHV, Katholiek Vlaams Hoogstudentenverbond, dont un des responsables est Wauter Jambon, le fils du ministre de l’Intérieur N-VA) mobilise pour une prétendue ‘‘marche pour la famille’’ à Anvers. Ce nom est très trompeur puisqu’il s’agit clairement d’un appel à manifester contre le mariage entre personnes de même sexe et l’adoption par des couples homosexuels. Une de leur revendication vise aussi à demander aux autorités publiques d’interdire tout simplement La Pride au motif ‘‘d’outrage public aux bonnes moeurs’’. Ils décrivent l’homosexualité comme étant une ‘‘dégénérescence’’ et comme ‘‘contraire à la loi naturelle’’.
Nous luttons contre toute forme de divisions, telles que le racisme, l’homophobie ou le sexisme. Nous ne pouvons pas autoriser le retour d’extrémistes conservateurs qui veulent nous renvoyer des centaines d’années en arrière !
Mais n’oublions pas que les premiers homophobes contre lesquels nous devons nous lever sont ceux qui maintiennent ce système inégal en place afin d’assurer la soif de profit de la classe capitaliste. Tout l’enjeu est de s’organiser politiquement contre le capitalisme et de lutter pour un système économique basé sur le partage. Le socialisme démocratique ne mettra pas directement fin aux discriminations, mais il s’agit d’une condition nécessaire pour la disparition des inégalités.
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NON au sexisme, au racisme, à l'homophobie ! Tout ce qui nous divise nous affaiblit!
L’extrême droite a beau avoir perdu de sa superbe (le Vlaams Belang occupe bien moins de place aujourd’hui en Flandre tandis que ne subsistent que des groupuscules du côté francophone) et les droits légaux des personnes LGBTQI (1) ont beau avoir progressé, les discriminations racistes, sexistes ou homophobes (etc.) sont loin de s’être évanouies.Cela fut illustré par le déluge de témoignages concernant le sexisme ordinaire qui a déferlé sur la Flandre sous le hashtag #WijOverdrijvenNiet, mais aussi par les tentatives – du Vlaams Belang notamment – de développer un mouvement raciste tel que Pegida, inspiré du mouvement allemand des ‘‘Patriotes européens contre l’islamisation de l’Occident’’. Le 16 mai, pour la première fois depuis des années, une contre-action homophobe prendra probablement place le jour même de La Pride (ex-Gay Pride). Cette initiative provient, une fois encore, des milieux conservateurs et d’extrême droite.
Les discriminations n’épargnent aucun secteur, des agences immobilières aux entreprises les plus diverses. Des nationalistes flamands se sentent suffisamment en confiance que pour s’en prendre à des journalistes en raison de leur couleur de peau. Les scandaleuses expulsions de sans-papiers suscitent par ailleurs peu d’indignation, de même que le fait que 40% des migrants non européens vivent sous le seuil de pauvreté en Belgique. Les faits indiquent clairement que le racisme est une réalité toujours bien vivace et, contrairement à ce qu’affirme Bart De Wever sans la moindre honte, il ne s’agit pas bêtement d’une excuse évoquée pour justifier des échecs personnels.
Les propos racistes de Bart De Wever et sa stigmatisation ouverte de minorités spécifiques ont profondément choqué. Cela n’a toutefois pas suffit à ce que la N-VA et De Wever prennent leurs distances de ces remarques. Quant à ceux qui ont tenu à protester dans les rues d’Anvers, ils ont immédiatement dû faire face à la répression policière et au système des amendes SAC (Sanctions Administratives Communales).
Loin d’être exagéré
Ce débat public survient au moment même où l’étendue du sexisme ordinaire occupe à nouveau le devant de la scène médiatique flamande et où, en France, le Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes a dévoilé une étude indiquant que 100% des utilisatrices de transports en commun interrogées ont subi du harcèlement sexiste ou une agression sexuelle au moins une fois dans leur vie! Le problème est profond, très profond, et ne se limite pas aux jeunes d’origine immigrée des rues de Bruxelles, contrairement à une fausse idée largement répandue.
Tout comme c’est le cas avec le racisme, certains essayent de faire retomber la responsabilité de la problématique sur les épaules des victimes. Dans les cas de viol on peut ainsi encore régulièrement entendre (jusque dans les milieux universitaires) que la victime avait ‘‘provoqué’’ ce qui lui est arrivé par sa tenue, son ébriété,…
Les réactionnaires contre La Pride
Pour la première fois depuis longtemps, un groupe de profonds réactionnaires de droite (sous le nom de Mars voor het gezin, Marche pour la famille) veut organiser une action homophobe dans les rues d’Anvers le 16 mai, au moment même où se déroulera La Pride à Bruxelles. Cette manifestation comprendra des revendications opposées au droit à l’avortement, pour l’interdiction de La Pride,… Cet évènement aura de quoi séduire le primat de Belgique, Monseigneur Léonard, pour qui ‘‘La loi belge dépénalisant l’avortement? C’est un drame!’’ , comme il l’a déclaré cette année dans son homélie de Pâques. Il y a quelques années, il avait encore comparé l’homosexualité à l’anorexie, reléguant ainsi clairement l’orientation sexuelle au rang de maladie.
Si cette initiative a originellement été prise par des fondamentalistes catholiques, un large spectre de réactionnaires de droite est également intéressé par la démarche, notamment le KVHV (cercle des étudiants catholique) étroitement lié à la N-VA. Le 16 mai, des militants de la N-VA se retrouveront donc à La Pride à la recherche de potentiels électeurs tandis que d’autres manifesteront à Anvers pour l’interdiction de l’évènement…
Ne nous laissons pas diviser!
Racisme, sexisme et homophobie ont pour effet de diviser la population et d’instaurer des barrières à la lutte commune que nous avons tous à mener contre les véritables responsables de la crise, du chômage et de la misère. La meilleure façon de réagir est d’organiser une opposition politique et active conséquente contre toute tentative de division de notre classe et du mouvement social. En Allemagne, c’est de cette façon que la progression du mouvement Pegida a pu être brisée.
Pareille approche ne peut qu’être renforcée en étant clairement liée au combat anti-austérité, dont l’impact néfaste accroit les tensions sociales. Opposons la solidarité à la logique de division, par la lutte pour des emplois et des logements décents et de qualité pour tous. Plus globalement, luttons pour permettre à chacun de disposer d’un véritable avenir indépendamment de son origine, de son genre ou de son orientation sexuelle. Voilà notre réponse au désespoir réactionnaire.
(1) Lesbiennes, Gays, Bisexuels, Transgenders, Queers, Intersexués

