Category: LGBTQI

  • Stop à la LGBTQI+phobie ! Participez aux actions “Pride is a Protest”

    Le vendredi 5 mars, David P. a été assassiné dans un parc de Beveren. Tout indique que le motif de ce meurtre est l’homophobie. La victime a été attirée sur place par une application de rencontre et poignardée par trois mineurs. “Nous n’accepterons jamais ce genre de violence dans notre pays”, a déclaré le Premier ministre Alexander de Croo. La communauté LGBTQI+ était consternée. Les trois auteurs ont été identifiés et arrêtés. Il s’agissait en fait de garçons mineurs qui n’en étaient pas à leur premier acte homophobe.

    Par Boris (Gand)

    Que (ne) font (pas) les partis traditionnels ?

    Les réactions indignées du monde politique et médiatique face à ce meurtre sont évidemment justifiées. Mais quelle crédibilité leur accorder ? Les mêmes responsables politiques si ce n’est pas personnellement, par le biais de leur parti, sont coupables d’une politique qui rend plus difficile la vie des minorités telles que les personnes LGBTQIA+ en raison des privatisations et du sous-financement des services publics et du secteur social. La pénurie d’emplois décents et de logements abordables facilite les discriminations, notamment sur base de l’orientation et l’expression sexuelles. Unia (ex-Centre pour l’égalité des chances et la lutte contre le racisme) reçoit chaque année des signalements de discrimination dans la recherche de logements. “Avec un couple de femmes, par exemple, un propriétaire demande qui va entretenir le jardin de la maison”, explique la directrice Els Keytsman. “Avec un couple d’hommes, nous entendons régulièrement que le propriétaire préfère un ‘couple stable’.”

    Même des personnalités telles que le président du Vlaams Belang, Tom van Grieken, ont condamné ce récent cas de violence homophobe. Van Grieken a déclaré : “Il n’y a pas de place dans notre société pour de telles ordures homophobes. Pas maintenant. Jamais.” Mais le Vlaams Belang avait proposé Jef Elbers comme directeur du Vlaams Audiovisueel Fonds (VAF). Elbers considère la Pride comme une “connerie homosexuelle”, qu’il trouve “vraiment dégueulasse” avec ces “chariots à merde”. En 2015, Filip Dewinter a participé à une “marche pour la vie” à Anvers, le même jour que la Brussels Pride en demandant l’interdiction de cette dernière. Les personnes transgenres ont été décrites comme totalement “anormales” dans les médias par le député Dries Van Langenhove et d’autres membres du VB. Nouvellement élu député du Vlaams Belang, Dominiek Sneppe a déclaré en 2019 : “Nous n’avons rien contre les personnes LGBT en soi. La seule question est de savoir s’ils doivent pouvoir se marier et adopter des enfants. Je pense que c’est un pont trop loin.”

    N’oublions pas non plus les déclarations homophobes de Theo Francken (N-VA) au sujet des “vrais hommes”. Bart De Wever a quant à lui interdit aux guichetiers anversois de porter un t-shirt arc-en-ciel sous prétexte de “neutralité”. Les déclarations et les actions politiques confirment sans cesse que l’on mène une politique dans laquelle l’hétérosexualité est la norme et tout ce qui s’en écarte est présenté comme anormal et perturbateur.

    Cela contribue à former le terreau de l’homophobie.

    L’homophobie est trop vite cataloguée comme un problème religieux, notamment au sein de la communauté musulmane. Unia s’oppose à cette approche. L’homophobie ne peut certainement pas être réduite à un contexte migratoire. Les recherches montrent qu’il y a beaucoup d’homo-négativité dans la communauté congolaise, mais Unia reçoit également des rapports de forums ultra-catholiques où l’homophilie est assimilée à la pédophilie ou de clubs d’étudiants homophobes d’extrême droite comme Schild & Vrienden.

    Avec leurs politiques d’austérité, les responsables politiques des partis traditionnels protègent un système qui, à un rythme toujours plus rapide, conduit aux crises. Cette situation est dangereuse pour les personnes LGBTQI+ et les autres groupes minoritaires dans la société, car ils sont invariablement les premiers à en ressentir les conséquences. Les tensions sociales et le durcissement de la société impliquent une augmentation de la violence envers les personnes LGBTQI+. La crise du logement, l’augmentation du chômage, etc. sont clairement des foyers de précarisation et de discrimination. La violence est un problème structurel, lié à un système en crise, et ne peut être combattue efficacement qu’en rompant avec ce système.

    Les “solutions” bon marché n’existent pas

    Le gouvernement et les autorités locales ont une responsabilité écrasante. La création d’emplois, le logement social et une éducation inclusive envers les LGBTQI+ sont essentiels dans la lutte contre l’homophobie, tout comme le développement d’un système judiciaire efficace et l’assistance aux victimes. La lutte contre les discriminations ne peut pas se faire uniquement avec des idées ou de belles paroles : il faut des moyens !

    Par exemple, l’organisation LGBTQI+ Çavaria met l’accent sur l’éducation. En effet, une enquête de 2018 a révélé que plus de 5 enseignants du secondaire sur 10 considèrent l’orientation sexuelle comme inavouable. Dans l’enseignement primaire, ce chiffre atteint même 60 % ! Le soutien aux écoles et au personnel dans la lutte contre la discrimination doit devenir une priorité. La mentalité consistant à “faire avec ce que nous avons (de plus en plus endommagé)” et le sous-financement de l’enseignement qui en découle doivent appartenir au passé.

    Les subventions aux organisations et événements socioculturels LGBTQI+ devraient également être augmentées. Les précédents incidents de violence homophobe et ce terrible meurtre montrent plus que jamais que les organisations, associations et lieux de rassemblement où les personnes LGBTQI+ peuvent se sentir en sécurité sont essentiels. Malheureusement, ces types d’espaces n’ont fait que diminuer au cours des dernières décennies. De plus en plus de bars et de lieux de rencontre LGBTQI+ ferment leurs portes, ce qui accroît la vulnérabilité des personnes LGBTQI+ dans la vie nocturne. Les rencontres se font par le biais d’applications, où des personnes aux sombres motivations peuvent également se cacher derrière de faux profils. Une tactique que nous connaissions jusqu’à présent principalement à travers des horribles histoires de Russie, du Brésil, du Maroc … mais que nous voyons aujourd’hui chez nous.

    Entrer en action de façon solidaire et construire un mouvement de lutte

    La visibilité dans la rue en tant que communauté est une arme puissante contre l’homophobie croissante. Pas seulement en réaction à des incidents, mais en permanence. Le mouvement LGTBQI+ trouve son origine dans la protestation de la rue. Les légendaires émeutes de Stonewall en 1969 aux États-Unis nous ont permis de sortir de l’obscurité. Nous devons à nos droits acquis à la mobilisation et nous devons les protéger par ce biais. Aujourd’hui, l’un de ces droits est clairement attaqué : le droit d’être qui nous sommes dans la rue.

    La discrimination et la violence ne concernent pas uniquement la communauté LGBTQI+. En tant que mouvement LGBTQI+, nous devons combler le fossé avec le mouvement #Metoo, le mouvement Black Lives Matter et de nombreuses autres organisations de lutte contre les discriminations et la violence qui découlent d’un système malade.

    En Flandre, la Campagne ROSA a lancé un appel aux autres organisations (LGBTQI+) pour la construction conjointe de manifestations locales “PRIDE IS A PROTEST”, pour se battre contre toutes les formes de discrimination, d’exploitation et de violence avec des revendications concrètes et dans la solidarité.

    • Gent: Pride is a Protest : 27 juin, 15h, Kouter
    • Bruges : Pride is a Protest : 27 juin, Burg

    Prenez contact avec nous pour participer à un départ collectif de Bruxelles ou de Wallonie ! info@socialisme.be

  • Solidarité internationale avec les activistes féministes et LGBTQI+ en Russie !

    Sotsialisticheskaya Feministskaya Alternativa (SFA), en collaboration avec Alternative Socialiste Internationale (ASI, dont le PSL/LSP est la section belge) et le réseau ROSA – International Socialist Feminists, a lancé un appel pour l’organisation d’actions de solidarité le 14 août. De telles actions ont eu lieu dans le monde entier.

    L’artiste russe et militante LGBTQ Yulia Tsvetkova est assignée à résidence depuis novembre 2019. Le 8 juin, elle s’est présentée au tribunal pour y être accusée de distribution criminelle de “pornographie”. Elle risque jusqu’à six ans de prison. Son “crime” est d’avoir publié des dessins abstraits et caricaturaux de femmes dans un groupe de VKontakte “body positive” appelé “Les monologues du vagin”.

    Au cours de ces derniers mois, des dizaines d’autres activistes russes ont également été arrêtés. Rien que le 27 juin, 40 activistes du groupe russe Sotsialisticheskaya Feministskaya Alternativa (SFA) ont été arrêtés à Moscou, et 3 autres à Saint-Pétersbourg. Le gouvernement russe tente d’enfermer des féministes déclarées comme Yulia et d’autres afin d’imposer le silence sur le harcèlement sexuel et les violences domestiques, homophobes et policières en Russie.

    SFA a donc décidé de lancer un appel à la solidarité au côté d’Alternative Socialiste Internationale (ASI) et du réseau ROSA – International Socialist Feminists. Celles-ci ont eu lieu le 14 août. ASI a organisé des actions dans le monde entier.

    À Vienne, des membres de la section autrichienne d’ASI se sont tenus devant l’ambassade de Russie avec des drapeaux et des pancartes appelant à la libération de Yulia. Ils et elles ont également remis une lettre de protestation aux employés de l’ambassade.

    Aux Pays-Bas, les membres d’ASI ont protesté devant l’ambassade russe à La Haye. Un camarade, décrivant la réaction de l’ambassade à leur protestation, a commenté “ils n’ont pas eu l’air amusés. C’est bien !”

    D’autres actions ont eu lieu dans plusieurs villes d’Allemagne, d’Irlande du Nord et du Sud, de Grande-Bretagne, du Canada et de République tchèque, beaucoup d’entre elles ayant eu lieu devant les ambassades russes. Des actions ont également bien entendu ris place en Russie également. Bien que l’on ne sache pas encore quel sera le résultat de l’affaire Youlia Tsvetkova, la solidarité internationale peut jouer un rôle clé en faisant pression sur le régime russe pour qu’il libère cette femme et d’autres activistes.

    Ci-dessous, une vidéo de l’action organisée à Bruxelles.

  • La lutte pour le bien-être des personnes LGBTQI+ est toujours d’actualité !


    Nous sommes le 17 mai, journée internationale de lutte contre la LGBTQI+phobie. En temps normal, des activités et des défilés ont lieu dans divers pays à l’occasion de cette journée. Mais avec la crise sanitaire actuelle, presque tout est à l’arrêt. Pire, outre l’annulation et/ou le report d’événements et de manifestations symboliques et politiques, la crise du coronavirus entraîne une répression, une violence, un isolement et une discrimination accrus pour de nombreuses personnes LGBTQI+.

    Par Elise (Bruxelles)

    La crise du coronavirus comme prétexte pour intensifier les attaques et la violence

    Alors que le Covid-19 est “le” thème qui prévaut dans les médias du monde entier, divers politiciens et régimes saisissent la crise sanitaire comme prétexte pour mettre en œuvre toutes sortes de mesures antisociales (prévues en réalité de longue date). En comptant sur l’effet des mesures de distanciation sociale et du confinement sur la contestation, ils tentent de mettre rapidement en œuvre des projets de loi et des mesures d’économie impopulaires et discriminatoires. Dans de nombreux pays, les personnes LGBTQI+ sont l’un des groupes dont le bien-être et les droits (souvent déjà très limités) sont sous pression.

    En Hongrie, Victor Orban a immédiatement abusé du pouvoir presque illimité qui lui est accordé pendant cette période exceptionnelle pour s’attaquer aux transgenres de son pays. En pratique, son projet de loi signifie qu’il devient impossible d’être officiellement reconnu comme transgenre. En Pologne aussi, les attaques ont rapidement suivi l’épidémie. Le parti conservateur de droite “Droit et Justice” a profité du confinement pour introduire une interdiction complète de l’avortement (contre laquelle des millions de personnes sont descendues dans la rue ces dernières années) ainsi qu’un nouveau projet de loi. Celui-ci punit l’éducation sexuelle des mineurs d’une peine de prison allant jusqu’à 3 ans et assimile l’homosexualité à la pédophilie.

    Ces discours et mesures vont de pair avec une augmentation de la violence à l’encontre des personnes LGBTQI+. Les organismes officiels et les institutions religieuses et politiques conservatrices appellent ouvertement à des attaques contre ces personnes. Ainsi, en Ouganda, la police a fait une descente dans un refuge LGBTQI+ et a arrêté 20 personnes sous prétexte de “non-respect des règles coronavirus”. Au début du Ramadan, Ali Erbas, représentant religieux officiel dans l’Etat turc, a accusé les homosexuels de propager des maladies (c.à.d le coronavirus) et d’infecter la société. Au Maroc, des chasses à l’homme sont organisées contre des homosexuels après un appel lancé par une célébrité turque sur les médias sociaux.

    Ces changements législatifs et la rhétorique violente dans laquelle les personnes LGBTQI+ sont présentées comme anormales et comme un danger pour la société sont populaires auprès des dirigeants de droite. En cette période de crise, ils tentent de se renforcer sur base de la stratégie de « diviser pour mieux régner » et cherchent invariablement des boucs émissaires (les réfugiés, les personnes LGBTQI+, etc.) afin de détourner l’attention de la véritable cause des problèmes, des inégalités et des pénuries de la société. L’énorme crise sanitaire a fait éclater au grand jour la mauvaise gestion de la classe politique au fil des ans. Ces mêmes politiciens s’en servent maintenant pour s’en prendre aux minorités.

    La coronavirus et la politique antisociale : un cocktail mortel

    Outre ces attaques juridiques, la majorité des personnes LGBTQI+ subissent également les conséquences désastreuses des coupes budgétaires et des privatisations néolibérales de ces dernières décennies. La pandémie met en lumière les pénuries croissantes d’investissements dans les soins de santé, les services publics, l’éducation, les emplois, les logements décents, etc. dans le monde entier. Ces pénuries existaient avant la crise, mais elles jettent désormais plus rapidement davantage de personnes dans la précarité et dans des conditions de vie malsaines voire mortelles.

    Des politiques de confinement sont organisées dans de nombreux pays. Avec le manque criant de centres d’accueil pour les personnes LGBTQI+ et de logements sociaux en nombre suffisant, de nombreuses personnes LGBTQI+, en particulier les jeunes, sont obligées de rester 24 heures sur 24 dans une situation potentiellement hostile et violente à la maison. La violence domestique est en augmentation, tout comme le taux de suicides, qui est déjà élevé dans une société LGBTQI+phobe. Dans les centres d’accueil pour réfugiés, en raison du manque de moyens, l’hébergement ne se prête pas du tout à des mesures telles que la distanciation sociale, les mesures d’hygiène, etc., l’encadrement et la protection des réfugiés LGBTQI+ sont sous pression pendant les périodes de confinement.

    En outre, les personnes LGBTQI+ sont surreprésentées dans la population de sans-abris dans de nombreux pays. Les jeunes LGBTQI+ ont un risque de sans-abrisme 120 % plus élevé aux États-Unis par exemple. Cela les expose bien sûr à beaucoup plus de risques de maladie et de répression pendant cette période de crise du coronavirus. La discrimination dans la recherche d’un logement et d’un emploi, un phénomène alimenté par des années d’économies sur les logements sociaux et de précarisation de l’emploi, a pour conséquence que de nombreuses personnes LGBTQI+ ont du mal à joindre les deux bouts. Perdre son emploi (temporairement ou définitivement) pendant la période de crise plonge beaucoup d’entre elles dans une terrible précarité.

    Enfin, les années de sous-investissement dans le secteur de la santé publique ont entraîné des pénuries de personnel, d’infrastructures et d’équipements de protection. Dans les pays où les opérations pour les personnes transgenres sont possibles, les listes d’attente dans les hôpitaux étaient déjà longues avant cette crise et il fallait souvent attendre une ou plusieurs années avant d’être pris en charge. Dans ce contexte de pandémie, beaucoup de ces établissements de santé sont désormais obligés de se transformer en “départements coronavirus” et il n’y a dès lors pas de place pour les soins de santé “non essentiels” ou “non indispensables à la vie”. Les listes d’attente vont donc s’allonger, mais l’accès aux hormones sera également limité, ce qui aura des conséquences psychologiques et physiques, notamment un risque accru d’exposition à la violence.

    La lutte pour les droits et le bien-être des personnes LGBTQI+

    Les droits et le bien-être des personnes LGBTQI+ sont en jeu dans le monde entier. La crise du coronavirus accélère ce processus, mais il est clair que le problème à la racine était déjà présent avant la propagation de cette maladie.

    Tant qu’il n’y aura pas de véritable démocratie et tant que la majorité de la population devra se déchirer pour les miettes restantes après que le profit de entreprises aient été détournés vers des paradis fiscaux, des figures telles que Trump, Bolsonaro, Orban, Poutine, etc., dans des contextes de crise et de manque d’alternatives crédibles, arriveront au pouvoir et abuseront de celui-ci pour s’en prendre aux minorités, aux femmes, aux personnes LGBTQI+, aux migrants et aux réfugiés. Ils n’offrent aucune solution à la crise sanitaire, ils représentent et défendent au contraire un système qui est en partie responsable de l’ampleur de celle-ci et qui place les bénéfices d’une petite minorité au-dessus de la santé, du bien-être collectif et de la vie de la majorité de la population. Le capitalisme est un système qui porte dans son ADN la crise, l’inégalité, l’exploitation et la discrimination.

    Les droits des personnes LGBTQI+ doivent être défendus. Cela signifie d’organiser des actions de solidarité internationale avec les personnes LGBTQI+ vivant dans des pays où les lois coloniales ou religieuses souvent conservatrices qualifient leur naissance de crime. Nous devons nous tenir prêts maintenant et après la crise du coronavirus et exiger et appliquer des mesures et des investissements au niveau local, national et international pour combattre la violence et la discrimination LGBTQI+phobe. Dans cette lutte contre des décennies de privatisation et d’économies sur des services publics vitaux sous le néolibéralisme, la lutte pour le bien-être des LGBTQI+ et la lutte sociale se rejoignent. Nous exigeons des investissements massifs dans les soins de santé, l’enseignement, les logements sociaux, les emplois décents, la culture, les refuges, le secteur social, etc. Ceux-ci peuvent sauver des vies, LGBTQI+ ou non, crise sanitaire ou non.

    La lutte pour les moyens nécessaires ne peut être victorieuse si la classe des travailleurs est divisée, seulement si elle est unie. Et c’est possible. La LGBTQI+-phobie n’a rien de naturel. C’est un moyen de diviser et d’affaiblir la classe des travailleurs. Elle repose sur une société de classe où la préservation des relations de pouvoir existantes renvoie à la famille traditionnelle et à des normes strictes en matière de genre comme moyen de maintenir le contrôle social et le travail reproductif libre.

    Les revendications sociales conduisent nécessairement à la discussion sur la nécessité d’un changement fondamental dans l’organisation de la société, car dans ce système capitaliste, les droits sont toujours en danger et le bien-être sera toujours secondaire par rapport au profit. Nous défendons une société socialiste où le profit produit serait investi dans notre bien-être, une société loin du capitalisme, loin de l’oppression, qui poserait les bases d’une liberté et d’un bien-être réels.

  • Le gouvernement grec vote contre les droits des LGBTQI+

    Le parti de droite grec Nouvelle Démocratie est au pouvoir depuis 6 mois. Pendant cette courte période, il a déjà attaqué un certain nombre de droits des travailleuses et travailleurs de même que des droits démocratiques tout en intensifiant la répression d’Etat, en particulier contre les jeunes. Le parti a aussi lancé une campagne idéologique conservatrice à de nombreux niveaux, notamment par le biais de la réécriture des livres scolaires, en lançant un débat sur la possibilité que des prêtres enseignent dans les écoles publiques et en remplaçant certaines vacances scolaires par la fréquentation obligatoire de l’église. C’est dans le contexte de ce virage conservateur et réactionnaire que les droits des personnes LGBTQI+ sont également attaqués.

    Par Giannos Nikolaou, Xekinima (section grecque de l’Alternative Socialiste Internationale) 

    Fin 2019, le gouvernement a révisé la Constitution – un processus parlementaire qui ne peut avoir lieu qu’une fois tous les 5 ans. Le principal parti d’opposition parlementaire, SYRIZA, a proposé d’ajouter au 5e article de la Constitution qui interdit les discriminations fondées sur la race, la langue ou la religion, l’interdiction de discriminer les personnes sur la base de leurs préférences sexuelles ou de leur identité de genre. Le gouvernement de la Nouvelle Démocratie a voté contre cette proposition, prenant ainsi position contre les droits des LGBTQI+. Pour de nombreux militants LGBTQI+ et activistes de gauche, ce fut un choc. Il était cependant prévisible.

    Un certain nombre de députés et de cadres du parti gouvernemental ont fait, par le passé, des commentaires homophobes grossiers en public. Gerasimos Giakoumatos, député de la Nouvelle Démocratie dans l’ancien parlement, avait déclaré lors d’une interview que « l’homosexualité est une maladie infectieuse ». Pour appuyer ses dires, il a même invoqué sa profession médicale (il est médecin généraliste) et des recherches qu’il aurait personnellement menées !

    En 2017, le gouvernement de la Nouvelle Démocratie avait voté contre le droit des personnes transsexuelles (incluant les mineurs dès 15 ans) de changer leur genre sur leur carte d’identité sans avoir à fournir aux autorités une évaluation psychiatrique et un certificat médical attestant un changement physique de sexe. Le premier ministre Kyriakos Mitsotakis, alors député, a raconté en séance plénière du Parlement une histoire qu’il avait soi-disant entendue d’un médecin. Cette histoire absurde et ridicule, qui était censée prouver pourquoi le projet de loi était mauvais, concernait un adolescent qui demandait au médecin de changer de sexe parce qu’un étranger lui avait conseillé de le faire !

    Il existe des dizaines d’exemples similaires que nous pourrions exposer et qui montrent la position de la Nouvelle Démocratie envers les personnes LGBTQI+ et leurs droits.

    Le vote contre l’inclusion dans la constitution d’une interdiction des discriminations fondées sur les préférences sexuelles ou l’identité de genre a donné le feu vert aux personnes LGBTQI-phobes pour intensifier la discrimination et la violence.

    La violence à l’encontre des personnes LGBTQI+ est loin d’être rare en Grèce. Entre 2014 et 2015, 140 cas de violence ou de discrimination ont été signalés à l’organisation « color youth » (jeunesse de couleur). Il s’agit d’incidents provenant uniquement de la préfecture de l’Attique (région du grand Athènes) et uniquement de ceux et celles qui ont été officiellement signalé·es à l’organisation, ce qui ne donne qu’un aperçu du problème.

    Le meurtre de l’activiste et drag queen Zak Kostopoulos en 2018 est également caractéristique. Zak a été pourchassé (on n’a toujours pas identifié le ou les coupables) et a tenté de trouver refuge dans une bijouterie du centre d’Athènes. Le propriétaire l’a enfermé dans le magasin et a appelé la police. Avec le propriétaire, la police a battu Zak à mort, en plein jour et en public. La police et les médias ont tenté de présenter Zak comme un drogué qui voulait voler le propriétaire du magasin. Cependant, les vidéos, les tests sanguins, etc. publiés ont prouvé que la police et le propriétaire du magasin mentaient et qu’ils avaient bien commis un meurtre.

    L’interdiction constitutionnelle de la discrimination à l’encontre des personnes LGBTQI+ représenterait une étape importante dans la lutte pour l’égalité des droits et pourrait également avoir un effet positif sur la vie des personnes LGBTQI+. Par exemple, une étude menée au Danemark et en Suède a prouvé que le mariage entre personnes du même sexe réduisait considérablement le taux de suicide chez les gays et les lesbiennes.

    Bien entendu, les lois établissant les droits des LGBTQI+ sont loin de suffire à résoudre le problème. Nous devons constamment lutter contre les stéréotypes sexistes rigides, les idées conservatrices et LGBTQI-phobe dans la société, la discrimination et la violence à l’encontre des personnes LGBTQI+.

    Pour que cette lutte soit couronnée de succès, elle doit s’inscrire dans la lutte contre le système dans son ensemble. Le capitalisme, malgré le masque « progressiste » qu’il peut porter à l’occasion sur ces questions, fonde son existence, entre autres, sur la discrimination. Il cultive des idées et des pratiques qui divisent la classe ouvrière ; la classe qui a le pouvoir de renverser ce système et de construire une société sans pauvreté, sans discrimination et sans exploitation, une société socialiste.

  • Agressions physiques, homophobes au Parlement : la lutte pour les droits des LGBTQI+ continue !

    Fin mai, un couple londonien a été agressé physiquement dans le bus parce qu’il refusait de s’embrasser à la demande d’un groupe de jeunes. Pourquoi ces jeunes gens ont-ils posé cette question ? Parce que le couple était composé de deux femmes. La violence homophobe n’a jamais disparu, même si elle est interdite par la loi.

    En Belgique, selon le Centre pour l’égalité des chances Unia, il y a eu 49% de cas de violence homophobe de plus en 2018 par rapport à 2017. C’est une augmentation de 40% sur cinq ans. A cela s’ajoute la haine en ligne, comme les messages homophobes de la part de jeunes d’extrême droite sur Twitter par exemple pendant la Pride d’Anvers. Parmi les 125 dossiers homophobes ayant fait l’objet d’une enquête par Unia en 2018, il y a 17 incidents de violence physique. L’un d’entre eux était celui d’un couple gay de Gand battu par des voisins, ce qui avait fait l’objet d’une manifestation contre la violence homophobe. Les auteurs sont ensuite repartis avec une légère punition. Le juge a même décidé que l’homophobie n’avait pas motivé l’agression : ‘‘les accusés ont souvent utilisé le mot ‘‘homo’’ comme insulte générale, même l’un envers l’autre’’. (HLN 18 décembre 2018)

    Certains tentent d’instrumentaliser l’homophobie pour s’en prendre aux migrants. Filip Dewinter (Vlaams Belang) a ainsi déclaré : ‘‘mieux vaut un transgenre qu’un transmigrant’’. Il y a des années, le même Dewinter prônait des ‘‘relations hétérosexuelles durables’’ comme la meilleure façon de prévenir le sida. Réduire l’homophobie et la transphobie aux migrants est bien entendu une erreur. L’extrême droite le démontre d’ailleurs au quotidien. Parmi les députés du Vlaams Belang se trouvent plusieurs élus ouvertement homophobes qui vont faire entendre la voix des fondamentalistes extrémistes, tels que Schild & Vrienden. Au moins trois députés du Vlaams Belang sont proches du groupe catholique extrémiste Pro Familia, qui considère l’homosexualité comme ‘‘perverse’’ et exige l’interdiction de la Pride. Le député VB Dominiek Sneppe (voir aussi page 14) est aussi un fan du groupe Pro Christianis qui décrit l’homosexualité comme ‘‘une horreur aux yeux de Dieu’’.
    Notre combat s’arrêtera lorsque les LGBTQI+ ne seront plus victimes de la violence et de l’oppression ! Pour cela, il faut s’organiser et riposter, comme cela fut le cas après les émeutes de Stonewall (à New York) en 1969. Cinquante ans de lutte ont apporté beaucoup de progrès, mais il reste encore beaucoup de chemin à parcourir. Un système basé sur les pénuries (manque de bons emplois, logements inabordables,…) conduit à la division. La LGBTQI+phobie, la violence et la discrimination ne disparaitront que lorsque le système capitaliste qui les sous-tend sera éradiqué.

  • 50 ans après Stonewall : c’est la lutte qui a tiré le mouvement LGBTQI+ hors du placard

    Les émeutes de Stonewall en 1969 ont marqué la naissance du mouvement international LGBTQI+. 50 ans plus tard, beaucoup de choses ont changé, mais la lutte est-elle pour autant finie ? D’énormes progrès ont été réalisés sur le plan législatif, mais les statistiques démontrent que la discrimination et les actes de violence fondés sur l’orientation ou l’identité de genre n’ont pas disparu du tout. En Tchétchénie, il existe des camps de concentration pour homosexuels. Au Brésil, depuis l’élection de Jair Bolsonaro, encore plus de personnes trans ont été assassinées qu’auparavant. Trump a refusé l’accès à l’armée aux trans et des recherches récentes en Belgique montrent que la violence contre les personnes LGBTQI+ a fortement augmenté ces dernières années.

    Version actualisée d’un dossier d’archive sur Stonewall (merci à Boris, de Gand, pour la mise à jour)

    Qu’est-ce que cela signifie pour le mouvement LGBTQI+ actuel ?

    Le 27 juin 1969, un événement discret s’est produit à Greenwich Village, à New York. Quelque chose qui s’était déjà produit des centaines de fois aux États-Unis. La police a fait une descente dans le “Stonewall Inn”, l’un des rares bars où des hommes et des femmes homosexuels et transgenres étaient admis. Les établissements gérés par la mafia comme le Stonewall Inn étaient souvent le seul endroit où les LGBTQI+ jouissaient d’une certaine forme de liberté à l’époque. La dure répression sociale et l’identification sociale générale de l’homosexualité comme “perversion” condamnaient au secret ou à la marginalité toute personne qui ne respectait pas la norme hétérosexuelle. Le Stonewall Inn était un refuge pour de nombreux jeunes homosexuels et transgenres d’origine latino et afro-américaine, souvent sans abri.

    La répression physique et la violence policière étaient quotidiennes. Les bars gays étaient régulièrement évacués et les clients arrêtés. Le raid dans l’auberge Stonewall Inn cette nuit de juin n’était en rien quelque chose de nouveau en soi. Mais lorsque les sept officiers en civil et un en uniforme ont soumis tout le monde dans le bar à un contrôle d’identité et ont commencé à procéder à des arrestations, quelque chose de nouveau c’est produit.

    Jusqu’à ce jour, on discute encore de l’incident qui a donné lieu aux émeutes. Certaines personnes se souviennent d’une lesbienne qui s’est opposée à son arrestation ou d’une drag queen qui a tourné le dos quand elle a été poussée dans la voiture de police. D’autres ont soutenu que ce sont les trans-activistes désormais mythiques, Marsha P Johnson et Sylvia Rivera, qui ont lancé les premiers pavés sur les officiers depuis la foule de spectateurs en colère.

    Craig Rodwell, un ancien combattant LGBTQI+, a déclaré : “Plusieurs incidents se sont produits en même temps. Ce n’était pas juste une chose ou une personne, il y avait juste un énorme sentiment de colère parmi le groupe.”

    Le groupe de clients arrêtés du bar a commencé par lancer des pièces de monnaie sur les agents, une référence au fameux système de corruption par lequel les chefs de police recevaient de grosses sommes de pots-de-vin des bars où allaient les LGBTQI+. Les pièces de monnaie furent bientôt suivies par des bouteilles, des pierres et d’autres objets. Il y a eu des cris et les personnes arrêtées dans les combis ont été libérées. L’agent Pine a dit plus tard : “J’avais déjà participé à des situations de combat, mais je n’ai jamais eu aussi peur qu’à l’époque.”

    Pine ordonna à ses subordonnés de se retirer dans le bar vide où tout était détruit. Un parcmètre a été arraché du sol et utilisé comme bélier. La foule en colère a essayé de mettre le feu au bar. Des slogans tels que “Gay Power” et “Gay Liberation Now” étaient scandés. La nouvelle des actions de résistance s’est rapidement répandue dans tout Greenwich Village alors que des centaines de personnes LGBTQI+ – pour la plupart des jeunes pauvres de la classe ouvrière hispanique et afro-américaine – se réunissaient sur Christopher Street près de Stonewall Inn. La police anti-émeute est arrivée pour renforcer les agents sur place, elle était spécialisée dans la gestion des manifestations de masse contre la guerre au Vietnam.

    Duberman a décrit les choses comme suit : “Un groupe de quelques dizaines d’agents bien équipés de la police anti-émeute a tenté d’avancer lentement sur Christopher Street. Ils ont réussi à faire reculer lentement les manifestants, mais – contrairement à ce à quoi la police s’attendait – les manifestants n’ont pas cédé et ne se sont pas éloignés. Ils ont réussi à encercler la police. Ils frappaient tous ceux qui étaient à leur portée.”

    Ce scénario a été répété à plusieurs reprises. La police est parvenue à dissoudre la manifestation mais, à chaque fois, les manifestants se regroupaient à un endroit différent. Un cordon de drag queens et de gays en colère s’accrochaient aux bras et chantaient : “Nous sommes les filles de Stonewall. Nous portons nos cheveux en boucles. On ne porte pas de sous-vêtements. On montre nos poils pubiens…. On porte notre salopette. Au-dessus de nos genoux !” (“We are the Stonewall girls. We wear our hair in curls. We wear no underwear. We show our pubic hair… We wear our dungarees. Above our nelly knees!”)

    La riposte face à la répression était inattendue et la détresse de la police a renforcé la confiance en soi des militants. Le lendemain soir, d’autres manifestations comptant des milliers de personnes ont eu lieu. Des tracts ont été distribués avec le titre : “Sortez la mafia et les flics des bars LGBTQI”. Les manifestations ont duré cinq jours.

    Après les émeutes, d’intenses discussions ont pris place dans la communauté LGBTQI de la ville. Au cours de la première semaine de juillet, un petit groupe de personnes LGBTQI s’est réuni pour mettre sur pied une nouvelle organisation : le “Front de libération gay” (Gay Liberation Front, GLF). Ce nom a été délibérément choisi en raison de son association avec la lutte anti-impérialiste au Vietnam et en Algérie. Des membres du GLF ont participé à des actions de solidarité en faveur des membres des Black Panthers arrêtés. Ils ont récolté des fonds pour les travailleurs en grève et ont fait le lien entre la lutte pour les droits des LGBTQI et la lutte pour le socialisme.

    Un magazine LGBTQI+ de New York a publié un numéro spécial sur les émeutes. Ce numéro contenait également une critique positive du livre de John Reed sur la Révolution russe d’Octobre 1917, les fameux Dix jours qui ébranlèrent le monde. L’année suivante, des groupes GLF ont été créés au Canada, en France, en Grande-Bretagne, en Allemagne, en Belgique, aux Pays-Bas, en Australie, en Nouvelle-Zélande, etc.

    Le mot “Stonewall” est entré dans l’histoire des LGBTQI+. C’est un symbole de la rébellion de la communauté LGBTQI+ contre l’oppression et de la lutte pour la pleine égalité des droits dans tous les domaines. Aujourd’hui, le GLF n’existe plus, mais l’idée de “Gay Power” est toujours présente. C’est la raison pour laquelle les manifestations annuelles de la “Gay Pride” ont eu lieu dans de nombreux pays.

    Qu’est-ce qui a précédé Stonewall ?

    Pourquoi les événements de Stonewall ont-ils eu lieu à ce moment-là ? Comment est-il possible que des actions de moins de 200 personnes aient conduit à une protestation plus large et au développement de la Gay Liberation ?

    L’historien John D’Emilio a écrit dans son livre Sexual Politics, Sexual Communities en 1983 sur l’histoire de Stonewall. L’auteur montre comment le processus d’industrialisation et d’urbanisation, par lequel les travailleurs des plantations se rendaient dans les villes pour travailler, a permis aux personnes LGBTQI+ américaines de découvrir et de vivre plus facilement leur sexualité. En 1920, une sous-culture LGBTQI+ s’était développée sur la Barbary Coast (côte barbare) de San Francisco, dans le quartier français de la Nouvelle-Orléans ainsi qu’à Harlem et Greenwich Village à New York.

    Des personnes LGBTQI+ ont bien entendu existées tout au long de l’histoire. Cependant, la société était différente à leur égard selon les époques. L’importance du changement social mentionné ci-dessus et le développement d’une sous-culture ont conduit un nombre croissant de personnes LGBTQI+ à vouloir sortir de l’isolement des petites communautés rurales. Ils sont entrés en contact avec d’autres personnes LGBTQI+ et ont commencé à faire partie d’une communauté LGBTQI+ plus large.

    À l’époque, l’homosexualité était encore sanctionnée. Il y avait des lois contre les relations sexuelles avec un partenaire de même sexe dans plusieurs États américains. De simples expressions d’affection dans des lieux publics pouvaient conduire à une sanction s’il s’agissait de deux hommes ou deux femmes se tenant la main. Même le simple fait de se dire gay ou lesbienne pouvait conduire à l’emprisonnement dans un établissement psychiatrique sans aucune possibilité de défense.

    Dans les embryons de cette nouvelle sous-culture, il y avait surtout de jeunes gays . Les femmes y étaient moins présentes, leur plus grande dépendance économique compliquait fortement la possibilité pour elles d’aller au-delà des normes sociales. Cela a changé pendant la Seconde Guerre mondiale. La routine du temps de paix a été rompue, laissant plus de place aux personnes LGBTQI+ (hommes et femmes) pour vivre un peu plus librement de leur orientation sexuelle.

    Les femmes sont entrées sur le marché du travail et se sont également enrôlées dans l’armée, ce qui s’est également traduit par une plus grande indépendance économique, laissant de ce fait plus de place à la recherche de sa propre sexualité.

    Le retour de la répression

    Le retour du temps de paix a mis fin à l’ouverture temporaire aux personnes LGBTQI+. Des millions d’Américains avaient rencontré des gays ou des lesbiennes dans l’armée. Mais après la guerre, la routine est revenue. La plupart des lieux LGBTQI+ ont fermé leurs portes. Les femmes sont rentrées chez elles à mesure que les soldats revenaient et allaient travailler dans les usines.

    L’ère du conservatisme dans le domaine sexuel est revenue et ce fut une période sombre pour les personnes LGBTQI+. Mais l’esprit de l’expérimentation lesbienne et gay était sorti de la lampe. Les choses ne seraient plus jamais les mêmes. L’une des conséquences durables a été le grand nombre d’ex-soldats lesbiennes et gays qui ont décidé de rester dans les villes portuaires parce qu’on y trouvait une certaine liberté sexuelle, loin de leur famille et de la pression pour se marier.

    Pendant la guerre, San Francisco (Californie) était déjà devenu un centre, et l’était encore après la guerre. Les mesures répressives contre les bars LGBTQI+, par exemple, étaient moindre en Californie. De plus, on y trouvait le mouvement littéraire des “Beats” autour d’écrivains comme Jack Kerouac qui offrait un certain soutien à l’homosexualité. San Francisco est devenu la capitale LGBTQI+ des Etats-Unis.

    Aux États-Unis, dans les années 1940 et 1950, le pays a connu une certaine reconstruction et une pression accrue pour la consommation, dans le contexte particulier de la guerre froide. Les autorités ont accordé une grande importance au modèle du noyau familial orthodoxe et aux valeurs familiales. Le revers de la médaille était une approche répressive à l’égard de ceux qui sortaient de ce système, par exemple les personnes LGBTQI+.

    Une Commission pour les activités anti-américaines a mené des enquêtes sur ceux qui sortaient de ce modèle, suite à quoi des milliers de personnes LGBTQI+ ont perdu leur emploi dans les administrations. L’interdiction du gouvernement fédéral d’employer des personnes LGBTQI+ est restée en vigueur jusqu’en 1975. Au début des années 1950, il y avait environ 1 000 arrestations par an juste dans le district de Columbia. Dans chaque État, les journaux locaux publiaient les noms des personnes persécutées, ce qui a également entraîné des licenciements massifs. La Poste ouvrait les lettres des personnes LGBTQI+ et transmettait les noms des destinataires. Les écoles ont tenu des listes de personnes soupçonnées d’avoir des tendances LGBTQI+, etc.

    Résistance croissante

    C’est dans ce contexte hostile que le mouvement pour les droits LGBTQI+ aux États-Unis a vu le jour. Déjà en 1948, Henry Hay, un gay membre de longue date du Parti communiste américain, avait décidé de créer un groupe LGBTQI+. C’était le premier chapitre de ce que les LGBTQI+ de l’époque décrivaient comme le mouvement “homophile”.

    Comme d’autres partis communistes, le PC américain a déclaré qu’il s’appuyait sur la tradition de la Révolution d’Octobre en Russie. L’une des premières mesures des bolcheviks a été d’abolir la criminalisation des personnes LGBTQI+. Mais l’émergence du stalinisme a conduit dans les années 1930 à la réimposition de mesures homophobes. Dans les PC également, une attitude négative à l’égard des LGBTQI+ a commencé à se développer dans le monde entier.

    Néanmoins, Hay était déterminé à mener à bien son projet, ce qui l’a conduit à être exclu du PC. En guise de contre-argument, il a souligné sa longue feuille de route au sein du parti, mais celui-ci a refusé d’en tenir compte. Il a continué à militer avec un petit groupe de gens, dont plusieurs anciens membres du PC, et a fondé la Mattachine Society (MS) en 1950.

    D’Emilio a décrit le programme de la Mattachine Society comme l’unification des personnes LGBTQI+ isolées, la formation politique des personnes LGBTQI+ pour qu’elles se considèrent comme une minorité opprimée et l’organisation d’une lutte pour leur émancipation. Hay a appelé à une “culture homosexuelle éthique” et a comparé cela aux cultures émergentes des Noirs, des Juifs et des populations mexicaines aux Etats-Unis. Les MS a mis en place des groupes de discussion locaux pour promouvoir ce programme “éthique”. Ces groupes de discussion ont déclaré que “le stress émotionnel et la confusion mentale” étaient “socialement déterminés” chez les gays et les lesbiennes. Sous l’influence de la chasse communiste maccarthienne dans les années 1950, la direction de la MS a été remplacée.

    Les fondateurs de la MS défendaient une version précoce de la ‘‘Gay Pride’’, mais la nouvelle direction reflétait les préjugés sociaux qui existaient contre les personnes LGBTQI+. Le nouveau président, Kenneth Burns, a écrit : “Nous devons nous blâmer pour notre sort. (…) Quand les homosexuels réaliseront-ils que la réforme sociale n’est efficace que si elle est précédée par une réforme personnelle ?’’

    La position de la nouvelle direction était que les personnes LGBT ne devraient pas se battre pour des changements dans la société américaine. Au lieu de cela, elles devraient chercher le soutien de médecins, psychiatres,… “respectables” et faisant partie de l’establishment, capables de ce fait de créer une atmosphère plus positive. Cependant, la plupart des membres de l’establishment pensaient encore que l’homosexualité était une maladie et cela se reflétait dans les opinions et le programme de la MS.

    L’émergence de l’activisme LGBTQI+

    De nombreuses personnes LGBTQI+ qui n’étaient pas encore sorties du placard ont pris part aux campagnes des Noirs pour les droits civiques. Dans les années 1950 et 1960, l’influence du mouvement des droits civiques s’est accrue, ce qui a également eu des conséquences sur le mouvement gay de la MS. L’establishment LGBTQI+ autour de personnalités comme Burns était de plus en plus attaqué par une nouvelle génération d’activistes.

    En conséquence, la direction de la Mattachine Society et un groupe conservateur de lesbiennes similaire (DOB, Daughters of Bilitis) ont décidé de mettre un terme à leur structure nationale par crainte qu’elle ne tombe entre les mains des radicaux. Les membres individuels et les sections locales de la MS et des DOB ont décidé de continuer à s’organiser. Ailleurs aussi, il y avait de nouveaux dirigeants, des militants qui ont obtenu une majorité, souvent après une lutte sérieuse.

    L’astronome Frank Kameny, qui a été congédié de la fonction publique pendant les purges anti-LGBTQI+, a joué un rôle important dans ce processus. Kameny était furieux contre l’ancienne direction du mouvement gay et sa soumission à l’establishment médical : “Un esprit fait de préjugés ne contient aucune information et rien ne peut en être appris”. Les vrais experts de l’homosexualité sont les personnes LGBTQI+ elles-mêmes. Frank Kameny a commenté les organisations du mouvement des droits civiques des Noirs : “Je ne vois pas la NAACP (National Association for the Advancement of Colored People, association nationale pour la promotion des personnes de couleur) et le CORE (Congress of Racial Equality, Congrès pour l’égalité raciale ) étudier le chromosome ou les gènes qui causent une couleur de peau noire, ou la possibilité de blanchir un noir.’’ La lutte des noirs a donné lieu à des slogans comme “Black is beautiful”. Kameny a répondu par le slogan “Gay is Good” et il a réussi à faire adopter ce slogan par le mouvement gay avant les événements de Stonewall.

    Les militants ont lancé des campagnes publiques avec des slogans et des actions directes. La police et le gouvernement ont répliqué avec une offensive interdisant d’être engagé et toute une série d’autres mesures. Les dirigeants conservateurs de la MS et des DOB avaient conseillé à leurs membres de garder leurs distances avec les bars LGBTQI+ des quartiers ouvriers. Mais dans les années 60’s, les bars LGBTQI+ étaient devenus un forum central où les militants pouvaient recruter et organiser des campagnes. D’Emilio a décrit cela comme “la rencontre du mouvement et de la sous-culture”.

    Gay Revolution !

    Les émeutes de Stonewall ont, pour la première fois, sorti le mouvement LGBTQI+ du placard. Auparavant, les tentatives d’organisation au sein des cercles de gauche avaient été faites par des groupes de pression à huis clos. Désormais, la lutte pour l’égalité des droits des personnes LGBTQI+ se déroulait dans la rue. Dans les jours qui ont suivi la rafle du Stonewall Inn, il y avait encore beaucoup de protestations, encore plus violentes que durant cette première nuit. Des milliers de jeunes LGBTQI+ qui avaient souvent été chassés de chez leurs parents en raison de leur orientation sexuelle ou leur identité de genre et qui vivaient dans la rue ou dans des refuges à Greenwich Village se sont joints aux manifestations. On y trouvait des tracts demandant à la communauté LGBTQI+ de prendre les choses en main et de mettre fin à la répression. Le caractère militant des manifestations a été renforcé par le rôle actif des nombreux jeunes homosexuels et transgenres socialement exclus. Ils n’avaient plus rien à perdre et se sont jetés dans le combat.

    Les émeutes ont été condamnées par de nombreux homosexuels plus âgés et de nombreux membres de la Mattachine Society. Pour eux, les événements étaient nuisibles pour leur mouvement. Le nouveau mouvement, par contre, considérait les méthodes de la MS comme démodées et inefficaces. L’appel à de nouvelles formes d’organisation s’est fait de plus en plus pressant. Vingt ans après le lancement de la MS par Henry Hay, la société américaine avait radicalement changé. Divers mouvements étaient en expansion : celui pour les droits des femmes (avec un rôle important pour les militantes lesbiennes), le mouvement des droits civiques des Noirs qui est devenu de plus en plus le mouvement du Black Power (avec une partie de celui-ci adoptant des positions socialistes), la révolte contre la guerre américaine au Vietnam sur les campus américains (influencée par Mai 1968 en France) et d’autres phénomènes comme les relations personnelles qui avaient cours dans les groupes hippies par exemple. Tout cela a conduit les personnes LGBTQI+ à entrer dans une phase plus militante du mouvement pour leur émancipation.

    Sous l’influence des raids continus de la police durant les mois qui ont suivi Stonewall, le mouvement de protestation s’est développé. Avec à la participation des “jeunes de la rue” aux manifestations, les réunions politiques ont acquis un fort caractère anticapitaliste. Le Gay Liberation Front a souvent adopté une position révolutionnaire et a appelé à la nécessité d’une lutte unifiée avec tous les groupes opprimés par le capitalisme. Sous le slogan “La libération gay égale la libération des peuples”, beaucoup ont exprimé un désir de solidarité avec le mouvement des femmes, le mouvement des droits civiques et les mouvements anticapitalistes à travers le monde. L’atmosphère révolutionnaire était un terrain fertile pour l’organisation politique, et en plus du GLF, de nombreuses organisations radicales de protestation ont été constituées.

    Le 28 juin 1970, le premier Christopher Street Liberation Day a eu lieu à New York : une commémoration des émeutes de Stonewall. Parallèlement, des marches de la Gay Pride ont été organisées à Los Angeles et à Chicago, les premières Prides de l’histoire américaine. En 1972, il y avait des Prides dans toutes les grandes villes des États-Unis et des dizaines de milliers de militants y étaient impliqués. Là où, au début, il y avait encore une grande crainte d’hostilité de la part des passants et de la police, en 1972 les Prides se caractérisaient par une forte confiance en soi et une expression sans restriction des participants qui n’avaient plus peur.

    Le Mouvement de libération gay a reçu son premier symbole en 1970 sous la forme de la lettre grecque Lambda, qui signifie équilibre et unité. Ce n’est qu’en 1978 qu’il a été remplacé par le drapeau arc-en-ciel plus populaire, aujourd’hui internationalement connu comme le symbole de la Pride.

    Rejet de la sous-culture

    Peu après les émeutes de Stonewall, les nouvelles organisations telles que le GLF et la GAA (Gay Activist Alliance), plus réformiste, se sont détournées des drag queens, des transgenres et des enfants des rues qui avaient été à la tête des manifestations de Stonewall. Les transactivistes Marsha P Johnson et Sylvia Rivera ont fondé STAR (Street Transvestite Action Revolutionaries). STAR a continué d’insister sur la nécessité d’un changement social général à travers un programme anticapitaliste. Grâce à l’organisation de refuges, d’une éducation et de soins alimentaires pour les jeunes queer sans-abri, l’organisation a maintenu une base solide qui était plus large que la seule communauté transgenre. Mais le caractère “marginal et socialement inapproprié” de ce groupe d’activistes a été rejeté par les dirigeants du GLF et du GAA. Ils considéraient les drag queens et les transgenres comme une menace à l’acceptation sociale de la cause de la libération des gays. Peu à peu, STAR et ses partisans ont été relégués à l’arrière-plan. L’organisation a été littéralement expulsée de la Pride de 1970 et s’est vu refuser le droit de s’adresser aux participants sur la scène principale. Quand Sylvia Rivera a pris le micro et a crié “Vous les gays pouvez maintenant entrer dans vos bars grâce à nos drag queens ! Et maintenant on nous dit qu’on ne peut pas être nous-mêmes ? Honte à vous”, elle a été huée par la foule. Après cet incident, plusieurs organisations telles que le QLF (Queer Liberation Front) et la Transsexual Activist Organisation ont été mises sur pied pour tenter de contrer la “purification anti-trans” du mouvement. Le mouvement est devenu de plus en plus réformiste, s’éloignant des transactivistes et de leurs idées anticapitalistes.

    Tout au long des années 1970, le GLF s’est incorporé à l’establishment politique. Des politiciens ouvertement homosexuels comme Harvey Milk ont acquis une énorme popularité grâce à des campagnes en faveur d’une réforme législative, comme une loi contre la discrimination fondée sur l’orientation sexuelle dans le logement, l’emploi et les services publics adoptée sous son mandat au Conseil municipal de San Francisco. De telles victoires législatives ont renforcé la tendance à passer d’un mouvement révolutionnaire de libération des LGBTQI+ à un mouvement purement réformiste et axé sur un seul enjeu pour l’égalité des droits. Le mouvement a soutenu que les gays et les lesbiennes sont un groupe minoritaire qui devrait acquérir les mêmes droits que les hétérosexuels. En ce sens, le mouvement s’est de nouveau rapproché de la méthodologie MS des années 1950 et 1960. Les gays étaient représentés comme étant identiques aux hétérosexuels – sauf en termes de comportement sexuel privé – de sorte que l’identification ” Queer non binaire ” était considérée comme un stéréotype négatif.

    Le SIDA

    La crise du sida dans les années 80’s et 90’s a provoqué une nouvelle vague de militantisme dans le mouvement. Le déni du SIDA en tant qu’épidémie et le refus du gouvernement Reagan de fournir des soins médicaux aux victimes ont conduit à la création de nouvelles organisations radicales telles que l’ACT UP (AIDS coalition to unleash power, Coalition contre le SIDA pour libérer le pouvoir) qui a une fois de plus affirmé que la discrimination contre les LGBTQI+ était ancrée dans l’Etat capitaliste. Cependant, l’extermination littérale de toute une génération de militants a porté un coup très dur au mouvement. Il faudra attendre 1993, lorsque l’administration Clinton reconnaîtra enfin que l’épidémie de SIDA est une crise qui mérite de l’attention, pour que le mouvement se rétablisse quelque peu. Mais la renaissance de l’activisme militant LGBTQI+ n’a pas duré. L’agenda politique de la Pride fut bientôt à nouveau dominé par un réformisme respectable, qui se limitait à demander des lois sur le mariage, l’adoption,… Ce sont des revendications importantes, mais pour une véritable libération, il faut bien plus.

    Le capitalisme arc-en-ciel

    Ellen Broidy, l’une des fondatrices du GLF, a récemment déclaré : “Nous étions très concentrés sur la destruction de l’État patriarcal raciste et belliciste. Aujourd’hui, nous avons embrassé l’État.”

    Les Prides ne sont plus des manifestations politiques, mais surtout des événements festifs. Elles ne sont plus organisées par des activistes radicaux, mais par des organisations acceptables et des entreprises. McDonald’s, Absolute Vodka et autres décorent chaque année leurs produits aux couleurs de l’arc-en-ciel et tirent ainsi une image positive et le profit correspondant de “l’inclusion et de la tolérance”. La Pride est une fête à laquelle participent les entreprises et les médias.

    Il y a pas mal de choses à célébrer. Nous avons obtenu notre visibilité et la législation a été adaptée. Le mariage entre personnes de même sexe a été approuvé dans plus de 30 pays. La discrimination fondée sur l’orientation sexuelle est interdite par la loi dans les pays occidentaux. L’adoption des LGBTQI+ est légale dans 17 pays européens et 50 Etats américains.

    Mais avec ces lois, la libération des homosexuels et des personnes transgenres est-elle un fait réel ?

    La fragilité des victoires juridiques est évidente au regard de la répétition des crimes de haine homophobes et du fait que les statistiques montrent que le taux de suicide chez les jeunes LGBTQI+ est toujours le plus élevé.

    Quelle est la réponse du mouvement Pride – qui se concentre depuis des décennies sur les intérêts de la classe moyenne blanche gay – au soutien croissant du conservatisme d’extrême droite en Europe et aux Etats-Unis ? Dans quelle mesure notre société est-elle tolérante envers les personnes LGBTQI+ issues de l’immigration, ayant une couleur de peau différente ou un faible revenu ? Et qu’en est-il des nombreux rapports faisant état d’une augmentation du racisme, de la transphobie et de l’hétéronormativité au sein de la communauté gaie elle-même ? Serait-ce précisément parce que le mouvement a perdu sa vision de la classe sociale en tant que forme d’oppression – chevauchant l’orientation sexuelle et l’identité de genre – que des expressions telles que “No fems, No fats, No asians” sont malheureusement courantes dans les applications de rencontre gay ?

    Ces dernières années, le mouvement contre l’oppression des femmes a connu une nouvelle ascension. Avec les manifestations de masse aux Etats-Unis en réponse à un président alliant la casse sociale à la rhétorique sexiste et aux protestations contre la réduction des lois sur l’avortement, une nouvelle génération de féministes a compris qu’un programme de réforme sociale plus radical s’inscrit dans la lutte contre le sexisme.

    Le temps n’est-il pas venu pour une nouvelle génération de personnes LGBTQI+ de renouer avec les racines de la lutte pour la libération ? L’inégalité sociale conduit à l’exclusion sur base de la couleur de la peau, du sexe, de l’orientation sexuelle ou de l’identité de genre. L’histoire de notre mouvement prouve que l’acceptation par l’assimilation ne met pas fin à la discrimination et à la vulnérabilité. Le mouvement Pride du XXIe siècle doit faire face à la réalité de l’oppression sociale croissantePride was a protest, an needs to be again!

  • Pride is a Protest : La campagne ROSA était présente à la Pride ce samedi 18 mai !

    Cinquante ans après les émeutes de Stonewall (New York) qui ont déclenché un mouvement pour les droits LGBTQI+, la lutte doit – encore et toujours – être à l’ordre du jour. Nous devons continuer de nous organiser et poursuivre la résistance ! C’est pourquoi la campagne ROSA (Résistance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité) était présente à la Pride ce samedi 18 mai.

    Nous avons tenu un stand toute l’après-midi devant la Gare Centrale où nous avons distribué de nombreux tracts mettant en avant que la Pride a commencé comme une manifestation politique de lutte pour l’égalité des droits, et que ce caractère politique et militant reste nécessaire aujourd’hui. À côté de notre journal, nous y avons également proposé une nouvelle brochure : « 5o ans après les émeutes de Stonewall : c’est la lutte qui a tiré le mouvement LGBTQI+ hors du placard ». Nous avons également vendu de nombreux badges et bracelets avec des slogans tels que « Pride not Profit ». L’argent récolté est essentiel pour financer notre campagne ; nous dépendons entièrement du soutien que nous récoltons autour de nous.

    Nous avons également formé une délégation combative dans le cortège de la Pride aux côtés notamment de la Rainbow House. Nous avons scanné des slogans contre la lesbophobie, l’homophobie, la biphobie, la transphobie, le sexisme, le racisme, etc. Nous avons aussi mis en avant que la politique d’austérité doit s’arrêter! Des politiciens traditionnels protègent – avant tout – les intérêts des plus riches au détriment des besoins et du bien-être de la majorité de la population. Leurs politiques d’austérité entretiennent et augmentent les violences et discriminations envers de nombreux groupes dans la société. Pour lutter contre la LGBTQI+phobie, il est également nécessaire de lutter contre toutes les autres formes de discriminations. « Diviser pour mieux régner », voilà leur crédo. « S’unir pour mieux lutter », voilà le nôtre.

    Il est également nécessaire de s’en prendre au système à la base de ces oppressions : le capitalisme. La soif de profits des 1% les plus riches est inconciliable avec la satisfaction des besoins de toutes et tous. Ce n’est qu’en luttant que nous pouvons construire une société fondée sur l’égalité et la solidarité, au sein de laquelle aucun être humain ne puisse en opprimer et en exploiter un autre : une société socialiste démocratique.

    => Tract de la campagne ROSA

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  • 50 ans après Stonewall : la lutte pour les droits des LGBTQI+ continue !

    Pride 2018

     

    Les émeutes de Stonewall ont eu lieu à New York il y a 50 ans. Ces émeutes représentent le moment symbolique marquant la réelle éclosion du militantisme LGBTQI+(1) aux États-Unis et dans le monde. Ce mois de la Pride est une excellente opportunité de réfléchir à ce qui a vraiment changé, à ce qui n’a pas changé et, plus important encore, à la manière dont nous pouvons tout changer.

    Par Elise (Gand)

    Stonewall – un climat de rébellion

    Le 28 juin 1969, la police a fait une descente dans le bar LGBTQI+ Stonewall Inn, à New York. Mais ce jour-là, la police a perdu le contrôle, les LGBTQI+ ont riposté. La colère n’a plus pu être contenue, ni le 28 juin, ni lors des manifestations qui ont éclaté dans les jours et les mois qui ont suivi.

    Si l’on veut vraiment la liberté et l’égalité, nous devons nous en charger nous-mêmes. Les droits que les personnes LGBTQI+ ont aujourd’hui ne proviennent pas de la bienveillance des responsables politiques. Pendant des années, la société a considéré les personnes LGBTQI+ comme perverses, malades et anormales. Ce n’est que sous la pression d’une résistance activement organisée que le processus pour l’égalité des droits a démarré.

    Ce n’était pas par hasard. Ces événements ont pris place dans le contexte du mouvement des droits civiques, de la guerre au Vietnam et du mouvement des femmes. Les personnes LGBTQI+, conscientes de la nécessité de lutter pour amener du changement, ont dans ce cadre acquis l’expérience nécessaire pour organiser cette lutte. Des comités d’action ont été mis sur pied, des campagnes et des manifestations publiques ont été organisées et les bars LGBTQI+ sont devenus le théâtre de discussions politiques intenses. Actuellement, les mobilisations croissantes à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, l’expérience des jeunes dans le mouvement climatique, les luttes syndicales et le discrédit des partis traditionnels créent une nouvelle ouverture pour l’organisation de manifestations en faveur des droits LGBTQI+.

    Lutter pour une réelle égalité

    Le slogan ‘‘Fight for Pride’’ n’est pas un retour nostalgique aux années ‘60 et ‘70. C’est une nécessité. Outre la législation LGBTQI+phobe dans de nombreux pays, la montée des populistes de droite et de l’extrême droite exerce une pression sur ce qui semblait être des ‘‘droits acquis’’. Depuis son entrée en fonction, Trump a pris 101 mesures à l’encontre des personnes LGBTQI+(2) : des figures telles que Bolsonaro, Orban et Poutine propagent directement et/ou indirectement la discrimination et la violence à l’encontre des personnes LGBTQI+.

    En Belgique, des lois ont été introduites pour lutter contre la discrimination (mariage et adoption pour les couples homosexuels, droit de changer de genre sur sa carte d’identité, législation anti-discrimination…). L’égalité juridique est très importante, mais force est de constater qu’elle ne suffit pas à parvenir à une véritable égalité. L’absence (jusqu’à récemment totale) de refuges pour les personnes LGBTQI+ n’est qu’un des nombreux problèmes. La violence à leur encontre est en hausse, tout comme le taux de pauvreté. Dans un contexte de graves pénuries de logements et d’emplois convenables, il n’est pas possible de mettre fin à la discrimination, même si elle est interdite par la loi. Le nombre de tentatives de suicide – 40% des personnes trans* en Flandre(3) – et le fait que 40% des élèves LGBTQI+ du secondaire se sentent en danger à l’école(4) indiquent que le bien-être physique et psychique des personnes LGBTQI+ est encore négligé.

    Des emplois, pas de racisme, sexisme et de LGBTQI+phobie !

    Tout comme avec le sexisme, certains représentants politiques de droite attribuent la LGBTQI+phobie à l’immigration. Pourtant, elle n’est pas étrangère au monde ‘‘occidental’’ comme nous l’a tristement démontré, entre autres, les triangles roses dans les camps de concentration et la législation coloniale homophobe.

    La LGBTQI+phobie n’est pas spécifique à une culture, elle est caractéristique d’un système qui a besoin d’entretenir la division pour se maintenir. Dans cette société, les pénuries organisées dressent des groupes de la population les uns contre les autres: le budget d’aide aux réfugiés signifie des économies sur le bien-être des LGBTQI+ et vice versa. De cette manière, le gouvernement tente de détourner l’attention de sa politique d’austérité qui maintient les inégalités. Ce ne sont pas les réfugiés ni les migrants qui causent les discriminations sur le marché du logement et du travail vis-à-vis des personnes LGBTQI+, mais le sous-financement chronique sous le capitalisme.

    Pour être efficace, lutter contre une forme de discrimination doit signifier combattre toutes les autres formes de discriminations. Ce n’est qu’uni que nous sommes assez forts pour retirer les richesses que nous produisons ensemble des mains de la bourgeoisie, pour les investir dans la société.

    Une question de temps ?

    Les gens ne sont pas naturellement LGBTQI+phobe. Mais si les investissements pour la combattre sont reportés, elle ne disparaîtra pas. Il faut des solutions concrètes : un refinancement public de l’éducation (sexuelle) afin de permettre que des débats appropriés soient possibles dans chaque école avec une attention suffisante aux thèmes LGBTQI+ ; investir dans des logements sociaux de et des emplois décents en nombre suffisant pour mettre réellement fin aux pratiques discriminatoires ; des campagnes de sensibilisation allant au-delà des arcs-en-ciel.

    Les organisations LGBTQI+ ont besoin de plus de ressources pour pallier les carences de personnel et éviter de dépendre de budgets ponctuels pour des projets prestigieux. Il faut investir dans les refuges et les soins de santé pour que le fait d’être soi-même ne signifie pas risquer de devenir SDF, subir la violence et la pauvreté. À cette fin, des investissements doivent également être réalisés dans les services publics et sociaux pour l’accueil et l’accompagnement des personnes LGBTQI+ qui le souhaitent et de leur entourage.

    Luttons pour des revendications sociales et le socialisme

    Les protagonistes des soulèvements de Stonewall faisaient partie de la population la plus pauvre, noire, trans*, etc. Ils connaissaient des situations extrêmement précaires en raison des discriminations dont ils étaient victimes. Même les quelques endroits où ces personnes pouvaient se retrouver étaient en proie aux descentes de police et les propriétaires de bars cherchaient avant tout à profiter de la situation. Disposer d’espaces sûrs n’est pas possible dans une société qui s’enrichit des inégalités. La LGBTQI+phobie ne pourra être éliminée que lorsque le système capitaliste aura été éradiqué.

    Alors descendons dans les rues pour lutter pour arracher les moyens dont nous avons besoin et pour rompre avec l’austérité et le système capitaliste lui-même. Un gouvernement qui préfère protéger les intérêts des 1%, plutôt que de défendre le bien-être des personnes LGBTQI+ et de l’ensemble des travailleuses et travailleurs participe à la violence et la discrimination. Faisons de la Pride un événement combatif !

    RDV le 18 mai dès 12h devant la gare de Bruxelles-Central. À 14h, nous formerons avec la Campagne ROSA une délégation combative dans la Pride pour porter les messages ‘‘Pride is a protest’’ et ‘‘Pride not profit’’.

    (1) Lesbiennes, gays, bisexuels, trans, queers, intersexes et autres.
    (2) http://www.holebi.info/phpnews/kortnews.php?action=fullnews&id=17535
    (3) https://transgenderinfo.be/suicidepreventieproject-van-start/
    (4) https://www.vrt.be/vrtnws/nl/2018/05/09/4-op-de-10-holebi-scholieren-voelt-zich-onveilig-op-school/

  • Fight for Pride. L’égalité reste à gagner, luttons pour l’imposer !

    Cinquante ans après les émeutes de Stonewall (New York) qui ont déclenché un mouvement pour les droits LGBTQI+, la lutte doit – encore et toujours – être à l’ordre du jour. Les manifestations d’ampleur pour les droits des femmes ce 8 mars, les luttes des jeunes pour le climat, les actions syndicales et le discrédit des partis établis créent un contexte favorable à de nouvelles mobilisations pour les droits LGBTQI+.

    Ce 18 mai, participe à la Pride dans une délégation combative !

    Le slogan “Fight for Pride” n’est pas un retour nostalgique aux années ‘60 et ‘70. C’est une nécessité. L’extrême droite et la droite populiste menacent de faire une percée aux élections européennes. Ils veulent s’attaquer à toutes sortes de droits qui semblaient être “acquis” et rendent les migrants responsables de tous les maux dans la société, également le sexisme et la LGBTQI+phobie ambiants.

    La Pride, un événement essentiellement festif, est importante pour visibiliser les personnes LGBTQI+. C’est aussi un bon moment pour réfléchir à ce qui a vraiment changé, à ce qui n’a pas changé et, plus important encore, à la façon dont nous pouvons tout changer.

    En Belgique, l’égalité juridique existe, de même que des lois contre les discriminations. Mais cela ne suffit pas pour obtenir une réelle égalité. Les agressions et la précarité – dont de nombreuses personnes LGBTQI+ sont victimes – augmentent. En Flandre, 40% des personnes trans ont fait une tentative de suicide et 40% des élèves LGBTQI+ se sentent en danger à l’école. Et les économies réalisées dans l’éducation ne font que dégrader la situation. Dans un contexte d’austérité et de pénuries de logements, d’emplois décents et de services de qualité, les discriminations persisteront, même si la loi les interdit.

    Il nous faut pour tou.te.s:

    • plus de refuges pour personnes LGBTQI+ et toutes personnes qui en ont besoin,
    • un refinancement public des structures de services, d’accueil et d’accompagnement (pour les personnes LGBTQI+ et leur entourage),
    • des investissements publics massifs dans l’enseignement et des cours d’éducation sexuelle (non hétéronormés), où les thématiques de genre et de consentement sont discutées,
    • des campagnes de sensibilisation qui vont au-delà des arcs-en-ciel,
    • des soins de santé et des services publics accessibles et de qualité,
    • des logements sociaux abordables et décents,
    • des emplois décents en suffisance afin de lutter contre la discrimination à l’embauche.

    Rompons avec le capitalisme

    La politique d’austérité doit s’arrêter! Des politiciens traditionnels protègent – avant tout – les intérêts des plus riches au détriment des besoins et du bien-être de la majorité de la population. Leurs politiques d’austérité entretiennent et augmentent les violences et discriminations envers de nombreux groupes dans la société. Pour lutter contre la LGBTQI+phobie, il est également nécessaire de lutter contre toutes les autres formes de discriminations. « Diviser pour mieux régner », voilà leur crédo. « S’unir pour mieux lutter », voilà le nôtre.

    Il est également nécessaire de s’en prendre au système à la base de ces oppressions : le capitalisme. La soif de profits des 1% les plus riches est inconciliable avec la satisfaction des besoins de toutes et tous. Ce n’est qu’en luttant que nous pouvons construire une société fondée sur l’égalité et la solidarité, au sein de laquelle aucun être humain ne puisse en opprimer et en exploiter un autre : une société socialiste démocratique.

    campagneROSA.be – contact@campagneROSA.be – 0474 35 30 36 (Emily)

    Ce 18 mai, participe à la Pride dans une délégation combative !

    • À partir de 12h : Stand de ROSA devant la gare central. Viens discuter avec un de nos membres ou milite avec nous à l’aide de nos tracts et brochures. Participe à financer la campagne ROSA avec de superbes badges, autocollants contre une donation libre !!
    • 14h : On se regroupe pour former notre délégation. Mégaphone, slogans, drapeaux, pancartes, etc. : on s’équipe pour participer à une Pride combative.
    • Vers 14h30: Début de la Parade

     

  • Girl : un film populaire qui peut améliorer la compréhension des transgenres

    Le film ‘‘Girl’’ du réalisateur Lukas Dhont est projeté dans nos cinémas depuis le mois d’octobre. Au festival du film de Gand, le film a été accueilli par une standing ovation. Auparavant, le film avait remporté quatre prix lors de sa première mondiale à Cannes, dont le prix de la Caméra d’Or (meilleur premier film, toutes sections confondues). Le film raconte l’histoire de Lara, une jeune fille de quinze ans qui veut devenir ballerine, mais qui est née dans un corps de garçon.

    Par Mauro (Gand)

    Le film en vaut vraiment la peine et peut contribuer, espérons-le, à une meilleure compréhension des personnes transgenres auprès d’un plus large public. Le film n’a pas pour vocation d’être activiste ni documentaire. Tous les obstacles auxquels les transgenres sont confrontés ne sont pas abordés. Mais l’histoire de Lara est réaliste et fait sympathiser le spectateur avec le cheminement que vivent Lara et sa famille. Le rythme du film fait écho à la lenteur avec laquelle se déroule la transition physique. Une lenteur qui peut parfois avoir des conséquences tragiques pour les transgenres.

    Environ 40 % des personnes transgenres en Flandre ont tenté de se suicider l’an dernier. Un chiffre hallucinant. Les raisons sont multiples : le manque de soutien des proches, la violence transphobe, l’exclusion sociale, l’absence d’aide accessible,… Actuellement, les transgenres ont droit à un certain nombre d’entretiens gratuits avec des psychologues de l’équipe Genre, mais le temps d’attente pour un premier entretien est supérieur à un an. Les personnes qui appellent aujourd’hui ne recevront pas de rendez-vous, mais seront inscrites sur une liste d’attente. Cela illustre à quel point la convention transgenre adoptée par la ministre De Block cette année est inadéquate. Les adultes, les enfants et les jeunes n’ont pas droit à une assistance appropriée et accessible. L’élimination de ces listes d’attente est essentielle pour offrir un soutien adéquat aux transgenres et réduire les risques de suicide. Nous ne pouvons que saluer le film Girl pour l’attention médiatique qu’il attire sur le thème des transgenres. Malheureusement, les personnes qui font le pas de chercher de l’aide – souvent après de longues hésitations – ne la trouvent pas assez rapidement.

    Les listes d’attente pour les personnes transgenres résultent de nombreuses années de manque d’investissement dans les soins de santé. Le nombre de transgenres qui demandent une assistance a augmenté de façon exponentielle au cours de ces dernières années, sans qu’il n’existe des ressources suffisantes. De plus, l’environnement des transgenres est très peu pris en compte : partenaires, famille, etc. Le Transgender Info Point est l’une des seules organisations vers laquelle l’entourage peut se tourner, mais il ne reçoit pas suffisamment de subsides pour répondre à la forte demande.

    Le ‘‘choix’’ d’être soi-même signifie aujourd’hui que les transgenres risquent de sombrer dans la pauvreté. Les économies réalisées dans les services publics ont particulièrement affecté les transgenres tandis que les tensions sociales sont accrues. Les transgenres font l’objet de discrimination sur le marché locatif et sur celui de l’emploi. Pour prévenir ce phénomène, il faut investir dans les soins de santé, les logements sociaux et les allocations sociales. Ces revendications sont importantes pour répondre aux besoins des transgenres. Avec celles-ci, les syndicats peuvent unir les travailleurs, qu’ils soient cis ou trans. La société néolibérale ne peut pas être bienveillante pour les transgenres. Une lutte unifiée est le meilleur moyen de combattre la transphobie.

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