Category: Le PSL

  • [TEXTE de CONGRES] Un capitalisme qui a vécu

    capitalisme_crise03Le texte de perspectives qui a été discuté et voté lors du Congrès national du PSL de novembre 2015 a, comme c’est traditionnellement le cas, commencé par un aperçu de la situation économique. L’instabilité croissante de la Chine a ses implications, notamment pour les pays émergeant émergents. Cette situation économique a des conséquences politique, dont un accroissement de l’instabilité et des tensions inter-impérialistes. Ces questions sont abordées dans la deuxième partie qui paraîtra demain sur ce site.

    Ce texte est également disponible sous forme de livre et arrivera de chez l’imprimeur début de semaine prochaine. Commandez dès maintenant votre exemplaire en versant 10 euros sur le compte BE48 0013 9075 9627 de ‘Socialist Press’ avec pour mention “texte de Congrès”. Les commandes seront envoyées à partir du lundi 1er février.


     

    Perspectives internationales et belges pour un capitalisme qui a vécu

    texte_congres_livreOn rigole de temps à autre avec la longueur des titres des documents de perspectives du PSL. Celui de 2012 en avait un particulièrement long : « A la veille de nouveaux conflits encore plus durs, les contradictions de classe commencent à s’exprimer également sur le terrain politique. La crise structurelle du capitalisme exige un programme socialiste. » Après coup, cela parait être une description assez précise des développements et défis qui nous attendaient alors. Le dernier Congrès national du PSL date de décembre 2012. L’an dernier, le Comité national avait décidé de différer la tenue du Congrès d’une année, une décision nécessaire afin de concentrer le parti dans sa totalité ainsi que toute sa périphérie sur le plan d’action syndical contre le gouvernement Michel.

    Ces trois dernières années n’ont pas été des moindres. Le capitalisme mondial n’a toujours pas surmonté sa crise de 2008-2009. Les chiffres de croissance économique restent historiquement bas et les autorités, banques centrales et institutions internationales doivent toujours maintenir l’économie à flot avec de l’argent bon marché et régulièrement aller éteindre les incendies qui se déclarent. [1]

    « Si le moteur du bien-être n’est pas relancé maintenant, alors ce sera quand ? » s’est demandé Sturtewagen dans le quotidien flamand De Standaard. [2] Depuis la moitié de 2014, le marché du pétrole s’est écroulé. En une année de temps, le pétrole est devenu moitié meilleur marché. Tous les prix de l’énergie et des matières premières suivent cette tendance baissière. L’index des prix pour les matières premières du Comodities Research Bureau a atteint son niveau le plus bas en 16 ans, et c’était encore avant le ralentissement inquiétant de l’économie chinoise. [3] Parallèlement, emprunter de l’argent est très bon marché. Les taux d’intérêt, le «prix» de l’argent, sont proches de 0. De plus, depuis le début de la crise, l’augmentation des coûts salariaux nominaux diminue d’année en année. [4] Ce sont des conditions idéales pour investir, mais ce n’est pas ce qui se passe. Selon les termes de Sturtewagen « l’argent et le pétrole coulent à flot, mais l’économie continue de hoqueter ».

    Sturtewagen se demande si nous avons perdu de vue quelque chose qui, dans quelques années, semblera évident. Des analystes plus sérieux ne peuvent pas se permettre d’attendre Godot. [5] Dans son rapport de la fin de l’année passée – «Démarrer le moteur et passer à une vitesse supérieure» [6] – l’OCDE vante les mérites de la politique monétaire souple des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne. Ce rapport conseille parallèlement à la Banque centrale européenne (BCE) et à la Commission européenne de quitter la voie de la politique d’austérité dure. Sinon, affirme l’OCDE, une dangereuse combinaison de chute de la demande, de croissance nulle et de déflation pourrait être créée, sans que la politique ne puisse la contrôler puisque ce processus acquerrerait un caractère auto-nourrissant, développant sa propre dynamique.

    Cela semble écarté pour l’instant. Mais que ce serait-il passé si la BCE n’avait pas réduit son taux d’intérêt à 0,05% en décembre 2014 et, surtout, si elle n’avait pas parallèlement annoncé un programme d’achats d’obligations à la hauteur de 1000 milliards d’euros pour stimuler le crédit ? Le spectre du Japon n’était plus très loin. Sept ans après la crise bancaire de 1987, le Japon s’est retrouvé embourbé dans la déflation. A l’instar de l’Europe, le pays est toujours aujourd’hui confronté à une dette publique immense, à des taux d’intérêts extrêmement bas et à un vieillissement de sa population. Depuis 25 ans, tous les quelques mois, le Japon glisse en récession. [7] « A problème japonais, solutions japonaises », doit s’être dit Mario Draghi, le président de la BCE. Sa politique visant à inonder d’argent l’économie est déjà qualifiée de Draghenomics, en référence aux Abenomics du premier ministre japonais.

    Une « expérience proche de la mort » pour la zone euro

    Entretemps, la BCE et la Commission européenne ont réussi à éviter un autre cauchemar, un « Griexit » qui aurait probablement signifié le début du processus de décomposition de la zone euro. Le gouvernement grec de Tsipras a cédé face aux menaces et au sabotage. N’avait-il pas d’autre choix ? Au cours du référendum du 5 juillet, la très grande majorité de la population (61%) avait pourtant clairement laissé savoir qu’elle rejetait les conditions usurières et asphyxiantes des « Institutions » pour de nouveaux prêts. Le mouvement des travailleurs et surtout la jeunesse s’étaient massivement mobilisés dans la campagne en faveur du non. Ils ne s’étaient pas laissés tromper par les médias et étaient prêts à aller en confrontation avec Juncker et compagnie. Ils étaient conscients des centaines de manifestations de solidarité qui se déroulaient ailleurs en Europe et aussi que probablement jamais auparavant autant de gens à l’étranger n’avaient su comment dire « non » en grec (Oxi). Beaucoup regardaient déjà aussi avec espoir vers les élections espagnoles de l’automne.

    Dans « Où va la France », Trotsky décrit comment, dans les années ‘30, des réformes ou des concessions d’un gouvernement ne se produisaient depuis quelques temps qu’en produit collatéral de la lutte révolutionnaire. [8] Des éléments de cela sont aujourd’hui présents. Tsipras et Varoufakis ne l’avaient pas compris. Ils pensaient, de façon erronée, qu’ils pouvaient convaincre la troïka de mettre fin à l’austérité insupportable. Le gouvernement de Tsipras n’avait ni l’analyse ni le programme ni le calibre pour appliquer le mandat du référendum et a donné aux innombrables activistes enthousiastes une douche froide comme la glace. Cela fait partie du difficile processus de maturation à travers lequel doit passer le mouvement ouvrier. Cela mènera probablement à une démoralisation temporaire, peut-être à un renforcement d’Aube Dorée, mais cela créé aussi les bases pour une nouvelle formation de gauche appelée Unité Populaire, en référence à l’Unidad Popular de Salvador Allende.

    L’establishment européen n’a pas eu beaucoup de temps pour se remettre de cette « expérience proche de la mort ». A peine Tsipras est-il rentré dans les rangs qu’un nouvel enfant terrible s’avançait déjà. Jeremy Corbyn a remporté les élections pour la présidence du Parti Travailliste en Grande Bretagne. Comme si l’establishment européen n’avait pas déjà suffisamment d’inquiétudes avec la montée du nationalisme écossais et la promesse de Cameron d’un référendum « Brexit ». L’establishment du parti travailliste va saboter Corbyn, voire même organiser une scission. Récupérer le parti travailliste pour le mouvement ouvrier se révèlera extrêmement difficile et signifiera en tout cas un changement fondamental de ce parti. Mais malgré cela, l’élection de Corbyn représente en soi un tournant dans le processus du rassemblement des forces pour un nouveau parti des travailleurs. Par son rôle dans le rassemblement d’activistes et de syndicalistes dans le TUSC (Trade Unions and Socialists Coalition), le Socialist Party (Le PSL en Angleterre et au Pays de Galles) sera un facteur difficile à contourner dans ce processus.

    Malgré les obstacles subjectifs, les déceptions, la trahison et les défaites, la crise du capitalisme fait rebondir de plus en plus fort le processus objectif de formation de nouveaux partis des travailleurs. Dans presque tous les pays d’Europe occidentale, de nouvelles formations «de gauche radicale» se sont constituées à la gauche de la social-démocratie et des verts. L’époque où on se plaçait en marge de la société en votant pour la gauche « radicale » commence à tourner. Jusque récemment, cela n’était qu’un vote de protestation sans l’ambition de changer de politique, ce qui restait le terrain exclusif des partis gouvernementaux et d’opposition de l’establishment.

    C’est toujours la caractéristique dominante. La participation au pouvoir par certains partis de gauche « radicale » en tant que « partenaire » junior sur le plan national, régional ou local n’a pas changé cela. Mais malgré la trahison, la formation du gouvernement Syriza, la prise par des « listes unitaires de gauche » du conseil municipal d’une dizaine de villes espagnoles dont Barcelone et Madrid et maintenant aussi la présidence de Corbyn ont – un peu – changé les choses. Il n’est plus complètement inimaginable qu’une véritable force de gauche véritablement désireuse de changer de société puisse peut-être suffisamment obtenir de soutien pour cela.

    Ce n’est pas « secondaire ». Celui qui ne voit dans ces premières petites victoires que des illusions et de la trahison et n’y voit pas la recherche d’un programme alternatif et d’une organisation ad hoc ne saura jamais construire un parti révolutionnaire de masse. Cela ne se fait pas dans un environnement idéal imaginaire, mais dans le monde réel où il est impossible de faire abstraction des inévitables illusions à travers lesquelles doivent passer les masses.

    C’est pourquoi Marx s’attaquait tellement durement au puriste Weitling lors de sa visite en 1846 à Bruxelles. [9] C’est pourquoi l’Internationale Communiste contenait, dans ces 21 conditions d’admission, à côté des conditions contre le réformisme et le centrisme, une condition importante insistant sur la nécessité de travailler au sein des organisations de masse. [10] C’est pourquoi Trotsky, dans les années ’30, exhortait les trotskistes américains à défendre la nécessité d’un parti des travailleurs plus larges à côté de la construction d’un parti révolutionnaire et insistait en Europe pour que les trotskistes adhèrent à la social-démocratie alors que celle-ci était le théâtre de luttes entre des courants de gauche et de droite. C’est aussi pourquoi, contrairement à des sectaires incurables, le Comité pour une Internationale Ouvrière estime que la construction d’un parti révolutionnaire n’est possible qu’en aidant le mouvement des travailleurs à régler ses comptes avec ses propres illusions au lieu de débiter des vérités universelles du haut de sa tour d’ivoire.

    6 à 7 années de crise et de stagnation économiques ont fortement secoué l’establishment politique en Europe. A tel point que la Deutsche Bank a consacré une étude aux partis « populistes » en Europe. [11] Par ce terme, elle désigne les partis de la gauche « radicale » et l’extrême droite. Parmi les raisons pour lesquelles on vote pour ces partis, elle cite la situation économique, le chômage, l’immigration et la pression sur le système social. Tous des phénomènes pour lesquels l’establishment ne parvient plus à trouver de solutions. La banque aurait pu ajouter à cette liste les nombreux scandales de corruption ainsi que la question nationale. Il est d’ailleurs frappant que parmi les partis « populistes » n’est cité aucun parti régionaliste ou nationaliste. Probablement cela est-il trop sensible.

    L’étude confirme que si la gauche n’offre pas de réponse, la droite populiste ou des partis néofascistes rempliront le vide. En Autriche, le FPÖ se trouve en tête des sondages avec 27%, en France, le FN, en mars, avec 25%, n’a dû s’incliner que devant l’UMP au premier tour. Évidemment, cela crée des complications. La création de formations de gauche se base néanmoins sur des fondements plus solides. Cela répond à un processus objectif : la force du mouvement des travailleurs. Bien que les résultats électoraux de formations de droite populistes ou néofascistes puissent sembler plus impressionnant, elles sont basées sur des fondements plus superficiels, principalement des frustrations subjectives sur base du manque d’une alternative à gauche. Cela peut changer si le mouvement des travailleurs subit toute une série de défaites fondamentales, mais cela n’est pas la perspective la plus probable.

    Bien que le CIO avait venu venir depuis le début des années ’90 la formation de nouveau partis travailleurs, le seul courant politique à l’avoir fait, pendant longtemps, nous avons été réduits au rang de spectateurs qui n’avaient que peu voire pas de forces sur le lieu des évènements. Il suffit de penser à Refondation Communiste en Italie ou au Bloc de Gauche au Portugal. Ce n’est qu’avec le nouveau millénaire que nous sommes devenus acteurs à part entière de ces processus. Il semble maintenant que, petit à petit, nous commençons à percer dans le noyau du processus. Le troisième mémorandum signifie le suicide économique pour la Grèce. Pour les travailleurs et leurs familles, cela revient à un drame social encore plus profond. Tsipras voulait des élections au plus vite avant que ce qu’il avait signé ne soit devenu clair. Depuis lors, il les a gagnées avec un pourcentage semblable à celui de janvier 2015. Mais l’énorme démoralisation s’exprime dans une participation historiquement basse : moins de 50% malgré le vote obligatoire. Syriza a perdu 300.000 électeurs.

    Contrairement à l’Italie, où la trahison de Refondation Communiste avec sa participation au gouvernement Prodi II (mai 2006-janvier 2008) a politiquement décapité le mouvement des travailleurs et l’a laissé sans aucune représentation politique, de la trahison de Tsipras a émergé une nouvelle formation de gauche, Unité Populaire (LAE). Celle-ci a raté de justesse de franchir le seuil électoral (2,87% au lieu de 3%), principalement suite à la démoralisation générale, mais aussi en raison du temps limité pour s’organiser et, hélas, de par l’attitude pédante et non-démocratique initialement adoptée par sa direction. Tout cela fait que l’avenir de LAE est une question ouverte. Mais si LAE prend vie, alors Xekinima, le PSL en Grèce, y jouera un rôle important. Xekinima a gagné le respect de nombreux activistes par sa réputation d’avocat le plus conséquent de l’unité de la gauche non-sectaire autour d’un programme anticapitaliste, entre autres avec l’Initiative des 1000, puis avec des alliances de gauche locales, puis le mouvement du 17 juillet et finalement en souscrivant à l’appel contre le nouveau mémorandum.

    Mais c’est surtout dans la république irlandaise avec l’Anti Austerity Alliance que nous pouvons pour la première fois jouer le rôle clé dans ce processus. Surtout maintenant que plus d’une vingtaine d’activistes, dont le parlementaire Paul Murphy (membre du Socialist Party, le PSL en Irlande), sont trainés en justice pour la «prise d’otage» de la ministre travailliste Joan Burton. Nous sommes curieux de voir l’effet que cela aura lorsque Burton, à quelques mois des élections, sera appelée comme témoin central dans un procès contre les victimes de sa propre politique d’austérité. Ceux-là ont osé protester dans un contexte où 57% des ménages refusent de payer la nouvelle taxe détestée sur l’eau. Que ce soit à la Cour ou au Parlement, notamment avec les trois députés du Socialist Party, ce fait ne manquera pas d’être mentionné.

    Partout, les difficultés économiques interminables minent la stabilité sociétale. Les contradictions deviennent plus aigües, les solutions plus radicales et les évènements se suivent à un rythme plus élevé. L’autorité des instruments traditionnels de domination et l’efficacité des mécanismes classiques de concertation et de gestion de conflits font défaut. Cela n’assure pas seulement que l’espace pour le changement diminue petit à petit et que des réformes n’arrivent plus que comme produit collatéral de la lutte révolutionnaire, mais aussi que la situation peut vite changer. Des changements brusques et des tournants abrupts sont caractéristiques de cette époque.

    Etats-Unis : le bipartisme menacé

    Aux Etats-Unis également, pour les présidentielles, les deux partis du grand capital doivent faire face à des candidats qu’ils détestent. Chez les Républicains, Trump est toujours en tête des primaires, mais ce sont surtout les mauvais sondages concernant Jeb Bush qui inquiètent l’establishment du parti. Chez les Démocrates, Bernie Sanders semble devenir le principal adversaire de Clinton. La résistance annoncée par «The Battle of Seattle» (1999) et qui a de nouveau rejailli avec les mouvements Occupy, 15NOW et Black Lives Matter commence également à se refléter sur le plan politique fédéral. Seul Socialist Alternative (le PSL aux Etats-Unis) avait su reconnaître cette tendance et la saisir de manière réfléchie mais audacieuse au travers de ses participations électorales. L’élection de Kshama Sawant que Socialist Alternative a réussi à faire reconnaitre ce fait, mais aussi à renforcer le processus en transformant la revendication du salaire minimum de 15 dollars de l’heure de propagande en agitation et en le mettant sur le haut de l’agenda politique. Et puis aussi à accélérer le processus en augmentant la pression sur Sanders pour se présenter en candidat aux présidentielles.

    La perspective de l’OCDE que l’économie américaine allait « croître fortement » était trop optimiste, mais il y a bien une reprise économique, la plus lente depuis 1945. [12] Pourtant, cela suffit à renforcer la confiance du mouvement des travailleurs et à expliquer la popularité de la revendication pour les 15 dollars de l’heure. Les Etats-Unis profitent des bas prix de l’énergie, de l’arrivée de capitaux à la recherche de sécurité et de la politique d’intérêt nul. Mais cela crée également des nouvelles bulles de dettes. Selon Stephen Roach (une voix déterminante à Wall Street à l’époque), la FED sème ainsi les graines d’une nouvelle crise. [13] Selon l’ancien économiste en chef de la banque pour les payements internationaux, les dettes des entreprises, des ménages et des autorités dans les 20 plus grandes économies sont aujourd’hui à un niveau 30% plus élevé qu’en 2007. [14] Il faut donc d’urgence augmenter les taux d’intérêt mais ceci n’est pas sans danger. Lorsqu’en mai 2013, la FED a annoncé commencer à faire du « Tapering », commencer à réduire l’injection mensuelle de liquidités fraiches dans l’économie, cela a provoqué la panique sur les marchés financiers mondiaux. C’est ce qui explique l’extrême prudence avec laquelle Janeth Yellen, actuelle gouverneure de la FED, a annoncé que la FED considère augmenter son taux d’intérêt le 17 septembre à condition d’un troisième rapport favorable concernant l’emploi.

    A cela s’ajoute encore une complication supplémentaire, dans « Faire démarrer le moteur et passer à une vitesse supérieure », l’OCDE était encore convaincue que les pays en développement, surtout, allaient encore croître fortement. Quelques mois plus tard, le Brésil est touché par la récession, l’inflation, une crise fiscale et des protestations massives. Le marché immobilier chinois s’est écroulé, sur les bourses de Shangaï et Shenzen, 4000 milliards d’euros sont partis en fumée, et la production industrielle et l’exportation ont fortement diminué. L’économie russe a connu un rétrécissement de 4,6% de son économie au 2e trimestre de 2015 comparé au même trimestre en 2014 et ceci après un rétrécissement de 2,2% au premier trimestre face au même trimestre de l’année précédente. Les 15 plus grands pays en développement connaissent la plus grande fuite de capitaux depuis le début de la grande récession en 2009 et ce flux part principalement en direction des Etats-Unis. Si Yellen augmente les taux d’intérêt, ce flux s’accélérera encore. Mais entretemps, nous savons que Yellen a postposé cette mesure pourtant jugée urgente. Et les bulles continuent de gonfler.

    Leur morale, notre indignation

    Les économistes bourgeois ne s’en sortent plus. Ils se contredisent l’un l’autre et eux-mêmes. Cela gêne Peter Vanden Houte, économiste en chef chez ING, que le professeur d’économie Larry Summers aux Etats-Unis, ancien secrétaire d’Etat aux finances sous Clinton, parle de « stagnation séculière ». [15] C’était la terminologie exprimant après la grande dépression des années ’30 que l’on s’attendait encore à des années de faible croissance. Selon Vanden Houte, c’est trop pessimiste : « Il n’est pas impossible que de nouvelles innovations révolutionnaires puissent causer un choc positif de productivité. La prédiction d’une stagnation éternelle après la grande dépression ne s’est pas réalisée non plus. » Mais, ajoute-t-il, « les pessimistes ont raison de dire qu’il a fallu une guerre mondiale avant que l’économie soit relancée. » Quelques mois plus tard, ce Vanden Houte conclut un article où il compare la situation en Chine avec celle du Japon dans les années ’90 : « il n’est pas tout à fait clair ce que nous pouvons encore attendre de l’économie chinoise pour les prochaines années, mais il semble certain que la croissance sera plus volatile et en moyenne plus basse. » [16] Dans cet article, il fait également référence au fameux « piège au revenu moyen », nous l’avons déjà abordé de manière extensive en 2011. [17]

    L’époque de la soi-disant rationalité, l’idée des économistes classiques selon laquelle l’intérêt général est le mieux servi lorsque chacun rechercher la satisfaction de son propre intérêt, est remise en question depuis quelques temps. Le converti le plus frappant est l’ancien thatchérien et ancien parlementaire des libéraux flamands (VLD) Paul Degrauwe. Mais aussi Mia Doornaert, du quotidien flamand De Standaard, pointe dans son article « La revanche du capital » [18] que le bien-être en Europe occidentale avant la chute du Mur de Berlin (novembre 1989) « n’était pas le résultat d’un libre-marché rampant, mais de la politique, d’une politique consciente de répartition des richesses. (…) Au cœur de l’Europe, une compétition était à l’œuvre entre le communisme et la liberté [le capitalisme, NDA]. De cette lutte est né l’Etat-Providence. (…) Si quelqu’un a profité de l’existence de l’Union soviétique et de son empire, ce sont les travailleurs en Europe occidentale. » Elle conclut : « Il n’existe pas de système qui génère automatiquement la richesse et le bien-être. Pour cela, il faudra toujours une politique qui sauvegarde l’équilibre délicat entre liberté et solidarité. Et qui fait donc respecter les règles morales du jeu, y compris par les marchés. »

    Même Yvan Van de Cloot, du Think Thank de droite Itinera, trouve que cela commence à suffire. [19] Il se plaint que 43% des actifs financiers des environ 8000 banques européennes se trouvent dans les comptes de 15 grandes banques uniquement. Que seulement 10% des produits financiers vendus et achetés concernent l’économie réelle. Que moins de 10% de toutes les dettes concernent des sociétés non-financières. Que seulement 5% des activités d’échange ont à voir avec de l’importation et de l’exportation réelles de biens et de services. « Le secteur financier européen commerce donc essentiellement avec lui-même. Il existe un énorme degré de consanguinité. Le meilleur qui peut nous arriver », conclut Van de Cloot, « c’est la destruction d’un genre spécifique de capitalisme, c’est-à-dire la destruction du capitalisme financier basé sur les transactions. Nous devons revenir au capitalisme basé sur des relations. » Van de Cloot arrive finalement, donc, au même point que Mia Doornaert : « l’économie n’a de sens que si elle est moralement correcte. » [20]

    Cette question de la moralité se base évidemment sur quelque chose. Selon Oxfam, mais les chiffres sont contestés, la fortune combinée des 80 personnes les plus riches au monde en 2014 serait équivalente à celle des 3.500.000 les plus pauvres. En 2010, il fallait encore les 388 personnes les plus riches pour parvenir au même résultat. [21] Un rapport d’Oxfam de 2012 affirmait que les 240 milliards de dollars gagnés par les 100 personnes les plus riches de cette année-là suffisaient à éradiquer 4 fois l’extrême pauvreté dans le monde. [22] Dans le Global Risk Report, le rapport annuel du Forum économique mondial rédigé par 700 experts concernant les plus grands dangers pour les 10 années à venir, l’inégalité croissante est considérée comme la plus grande menace. [23] Le salaire des patrons de la Bourse londonienne – salaire de base, boni, stock-options et autres avantages compris, mais évidemment pas les dividendes ou d’autres revenus du capital – était en moyenne, en 2010, l’équivalent de 160 fois le revenu moyen d’un employé à temps plein. En 2014, c’était déjà 183 fois. [24] Il faut donc aux employés à temps plein de ces groupes en moyenne 15 années et 3 mois pour gagner ce que leur patron encaisse en un mois, contre 13 années et 4 mois il y a 4 ans !

    La seule excuse que l’on peut encore inventer, c’est que ces super-riches d’aujourd’hui seraient dépassés par quelques figures historiques. Pour cela un modèle de calcul spécial a été élaboré. MeasuringWorth.com ne tient pas seulement compte de la propriété, mais aussi de son impact dans le PIB, des moyens technologiques, etc. Bill Gates ne serait ainsi que le 9e plus riche de l’Histoire, avant Gengis Khan (10e), mais après Rockfeller (7e), Staline (5e) et l’empereur Romain Auguste. [25] Le roi des rois africains de l’empire du Mali, Manse Moussa (fin du 13e, début du 14e siècle) serait le plus riche de tous les temps. Nous doutons que cela rend moins grave qu’il y ait 4700 milliards d’euros en fortunes financières cachés dans les paradis fiscaux et que le fisc perd ainsi chaque année 130 milliards d’euros en manque de revenus. [26] Tout comme l’exonération légale de paiement d’impôts sur son salaire annuel de 380.939 euros innocente moralement Christine Lagarde, directrice générale du FMI, lorsqu’elle pense pouvoir exhorter les Grecs pour qu’ils paient leurs impôts correctement. [27] Mais il ne faut pas que ce soit illégal ou d’un standard moral douteux pour susciter l’indignation. Selon une étude de la société de gestion internationale Henderson Global Investors, en 2014, les 1200 entreprises les plus grandes au monde ont payé en dividendes 1023 milliards d’euros à leurs actionnaires, une augmentation de 10,5% comparé à 2013. [28]

    L’absence d’issue fait surgir des questions existentielles

    Il y a eu des années où tout ce que les capitalistes touchaient semblait se transformer en or. Cette période est passée. Aujourd’hui, tout semble avoir une face sombre. Les prix bas des matières premières font que les consommateurs dépensent moins pour l’essence, le diésel ou le gasoil, mais cela réduit aussi l’inflation, déjà basse, qui menace de devenir déflation. [29] Cela peut à son tour pousser les consommateurs à repousser leurs dépenses et créé ce que l’on appelle une chute de liquidités qui fait en sorte que la baisse des dépenses d’énergie ne se traduit pas, ou seulement partiellement, dans d’autres consommations. La déflation, ou la baisse des prix de vente, réduit également la marge de profit des entreprises.

    Par contre, la baisse des prix de l’énergie et des matières premières représente également une économie pour plein d’entreprises, surtout dans le transport et l’aéronautique. Mais pour le secteur pétrolier et ses sous-traitants, cela n’est pas le cas. Et pas non plus pour les pays producteurs de pétrole tels que le Venezuela, la Russie ou la Norvège. [30] La Norvège dépend du pétrole à hauteur de 50% de ses exportations, depuis la baisse des prix, 20.000 emplois ont été perdus dans le secteur. Au premier trimestre de 2015, l’économie norvégienne a connu une contraction de -0,1%. [31] Des Etats pétroliers tels que le Dakota du Nord et la Louisiane doivent compenser la perte de revenu par des économies sur leurs dépenses publiques. Les entreprises de forage pétrolier postposent leurs investissements. [32] Depuis juillet 2014, déjà 200 milliards de dollars seraient ainsi gelés. C’est d’ailleurs l’objectif, du moins de la part de l’OPEP et surtout de l’Arabie Saoudite, qui tiennent leur production à un niveau élevé dans l’espoir de contrarier le développement de l’extraction de pétrole de sables bitumineux aux Etats-Unis. Cette pratique n’est rentable qu’à partir de 60 à 70 dollars le baril, là où l’exportation de pétrole saoudien l’est déjà à partir de 10 à 30 dollars. [33] Le prix actuel tourne autour de 40 dollars, le niveau le plus bas depuis 2009. [34] Le bas prix du pétrole assure également que l’on investit moins dans des sources d’énergie alternatives. [35]

    La politique monétaire souple des Etats-Unis et de la Grande Bretagne vantée par l’OCDE a aussi son côté sombre. Selon l’agence de consultance MCKinsey, la dette totale – particuliers, entreprises et autorités combinés – des économies les plus importantes sur le plan mondial, ont crû de 40% depuis 2007 à 200.000 milliards de dollars, soit 286% du PIB mondial. Les banquiers de l’ombre, des banques non-reconnues, qui échappent à la régulation classique, ont déjà atteint les 75.000 milliards de dollars, autant que le PIB mondial. [36] La Banque des règlements internationaux (BRI) pointe qu’à mesure que les règles pour les banques sont devenues plus contraignantes, le rôle des fonds de capitaux à risque et des agences de gestion de patrimoine sur les marchés financiers a pris en importance. Eux aussi valent maintenant un capital d’investissement de 75000 milliards de dollars. Ce qui est plus grave, une vingtaine de fonds de gestion en détiennent 40%. [37] William White avertit de l’arrivée d’une nouvelle crise financière. [38]

    Autant de contradictions doivent inévitablement faire poser des questions existentielles. Que penser d’autre des titres tels que « La force destructive de l’inégalité » [39] ou encore « les robots pourraient occuper la moitié de nos emplois » [40] et « comment la technologie menace de faire dégringoler notre pouvoir d’achat ». [41] La crise est toujours la conséquence d’une confluence particulière de divers facteurs. Expliquer des crises exclusivement sur base de l’un ou quelques facteurs est spécifique des écoles d’économistes bourgeois, qu’ils soient mercantilistes, libéraux classiques, de l’école autrichienne, de l’école historique, du marginalisme, de l’utilitarisme, du monétarisme, du libertarisme, du keynésianisme, du néo-keynésianisme ou encore d’autres.

    Progrès et capitalisme

    L’économie critique (ou marxiste) étudie les processus vivants qui s’articulent et s’influencent les uns les autres. Cela ne signifie pas encore qu’il n’y aurait pas à l’œuvre de lois tendancielles – en contradiction avec des « lois d’airain » ou lois absolues – propres au mode de production capitaliste. [42] Par exemple la tendance systématique à la surproduction, puisque le profit provient du travail non-rémunéré des travailleurs. Des néo-keynésiens tels que Paul De Grauwe, Paul Krugman, Joseph Stigliz et pourquoi pas Yanis Varoufakis n’ont pas complètement torts lorsqu’ils accentuent que la demande est à la traine. Selon l’Organisation Internationale du Travail (OIT), les salaires dans les pays développés n’avaient toujours pas atteint l’année passée, après une croissance décevante de 0,1% en 2012 et 0,2% en 2013, le niveau d’avant 2007. L’OIT estime que cela explique la faible reprise et le risque croissant de déflation dans l’eurozone. La demande en berne, due à la répartition inégale des richesses, est certainement un facteur très important dans la crise actuelle.

    L’OIT confirme encore une autre « loi tendancielle » du capitalisme. C’est-à-dire qu’elle créée ses propres fossoyeurs. Si les salaires sur le plan mondial ont encore connu une certaine croissance, c’est principalement dû à une augmentation dans les pays en développement, avec 6,7% en 2012 et 5,9% en 2013. Surtout en Chine, le mouvement des travailleurs a saisi la croissance de ces 15 dernières années pour arracher de meilleurs salaires. Sans la Chine, en 2013, la croissance des salaires sur le plan mondial n’était pas de 2%, mais de 1,1% seulement. [43]

    Aucune « loi tendancielle » démontrée par Marx n’a été plus critiquée que celle sur l’appauvrissement (relatif) de la classe des travailleurs. Mais maintenant, même l’OCDE avertit qu’une diminution des inégalités est nécessaire. « Ces dernières décennies, 40% de la population de l’OCDE n’ont pas profité de la croissance », ce qui fait qu’une partie des classes moyennes recule. Ces gens reçoivent un enseignement plus mauvais, moins de travail et moins d’opportunités. Cela stoppe la mobilité sociale dans nos Etats-membres. » Selon l’OCDE, la croissance des écarts entre revenus entre 1985 et 2005 aurait freiné la croissance entre 1990 et 2010 à hauteur de 4,7%. « A l’époque, nous pensions que l’égalité était quelque chose de communiste », affirme le dirigeant de l’OCDE Angel Gurria, « mais il n’y a rien d’idéologique à cela. Plus d’égalité de revenus assure plus de croissance économique, plus de cohésion sociale et plus de confiance dans la politique. » [44]

    Mais la distribution inégale n’a pas toujours été un frein sur la croissance économique du capitalisme. Jusque tard dans le 19e siècle, avec le développement de la compétition, c’était justement une condition nécessaire pour accumuler suffisamment de capitaux afin de pouvoir démarrer une révolution dans le développement des moyens de production. La peur des artisans, des paysans, des domestiques et des ouvriers manufacturiers de l’époque quant à l’effet de destruction d’emploi de l’introduction des machines n’était pas totalement dénué de fondement. Mais finalement, la révolution industrielle a tout de même créé plus d’emplois que ce qui avait été détruit par les machines. Aujourd’hui, des patrons aiment se référer à cette période historique lors des restructurations et des fermetures. Les travailleurs et les syndicats qui s’y opposent sont accusés de conservatisme. La comparaison avec les luddites anglais qui brisaient les machines au début du 19e siècle n’est jamais très loin. Mais tout comme l’inégalité a changé cet élément d’un facteur progressiste sur le progrès au facteur de frein sur le progrès (est devenu son opposé dialectique, en termes marxiste) l’effet sur l’emploi de nouvelles applications techniques et scientifiques est différent aujourd’hui par rapport à la phase de naissance du capitalisme.

    Chômage technologique

    Keynes l’avait déjà reconnu en 1930, lorsqu’il mettait en garde concernant le « chômage technologique », le chômage consécutif au progrès technologique et scientifique. Dans un texte où il tentait d’imaginer les choses un siècle plus tard « vers les possibilités qui pourraient jaillir pour nos arrières enfants à condition qu’il n’y ait ni guerre importante ni croissance de la population », Keynes soulevait que le capitalisme pourrait absorber le chômage technologique en diminuant la durée de travail hebdomadaire moyenne à 15 heures par semaine, ou 3 heures par jour. [45] Mais cette redistribution du travail ne se fait pas automatiquement, elle est déterminée par les relations de force entre travail et capital. Après une période de réduction du temps de travail à l’époque de l’Etat-Providence, nous constatons aujourd’hui non seulement un allongement du temps de travail et un accroissement de la pression au travail, mais aussi un chômage massif structurel. Cela créé une armée de chômeurs, que Marx appelle une « armée de réserve » de travailleurs, qui fait diminuer le prix de la force de travail et renforce la position du capital dans la lutte des classes.

    Mais l’existence d’une armée de réserve de travailleurs conduit aussi, à un certain point, à plus de désavantages que d’avantages pour les capitalistes. Des prédictions selon lesquelles d’ici une ou deux décennies l’usage de robots de plus en plus intelligents rendra superficiels 47% des emplois américains sont de plus en plus prix au sérieux. [46] Il existe entre temps des entreprises totalement automatisées où des machines tournent 24 heures sur 24 sans intervention humaine, des entreprises appelées light-out. Cela ne menace pas seulement des emplois industriels, mais aussi par exemple des emplois médicaux avec des robots qui assistent des docteurs et des infirmières ou dans l’enseignement avec des cours en ligne. [47] Selon une étude d’ING; 2,2 millions des 4,5 millions d’emplois actuels en Belgique pourraient être automatisés dans les décennies à venir, dont 96% des comptables, 95% des vendeurs, 93% des fonctionnaires fiscaux, 90% des serveurs, 86% des facteurs, 66% des agents d’assurance, 49% des plombiers,… [48] Le correspondant de « Robotica et Intelligences Artificielles » Nico Tangha, rapportait à ce titre dans De Standaard sa visite d’une usine robotisée futuriste au Japon. [49] A plus long terme, cela menace le pouvoir d’achat de la couche basse et moyenne, avertit City-group, et cela peut paralyser l’économie. [50]

    La science et la technique se sont développées à un niveau où le capitalisme n’est plus capable de gérer le processus. Des nouveaux produits exigent souvent des années d’investissement dans une recherche très coûteuse. Freiner le progrès est une caractéristique typique des sociétés en déclin. Cela vaut dans une certaine mesure pour les opprimés, dans ce cas-ci des travailleurs qui s’opposent à l’innovation car ils comprennent que sous le capitalisme cela conduit au chômage et à la pauvreté. Mais cela vaut encore beaucoup plus pour la classe dominante capitaliste qui, à l’instar de ses prédécesseurs féodaux, essaye de limiter le développement libre et l’échange nécessaire des sciences et techniques, dans leur cas pour essayer de sauvegarder leur avantage compétitif. Cela signifie un énorme gaspillage. Du moment qu’un produit est à point, il faut en plus le rendre rentable dans le moins de temps possible d’où l’usage abondant d’entreprise qui ne s’arrêtent jamais, au travail mauvais pour la santé et au rythme de travail inhumain. D’où aussi la demande de travail dominical, de crèches fonctionnant 24 heures sur 24, d’une économie 24/24. Chaque année, Apple sort un nouvel IPhone pour ne pas être en retard, des modèles de voitures ne doivent dorénavant plus être renouvelés tous les 6 à 7 ans mais tous les 5 ans avec un lifting intermédiaire après 2 et 3 ans. Cela nécessite de grands investissements mais, pourtant, la durée de vie moyenne des voitures ne cesse de monter. En Belgique, par exemple, de 6 ans et 3 mois en 1993 à 8 ans et un mois en 2013. [51]

    Marc Goblet raconte que dans les secteurs pour lesquels il était responsable en tant que président de la Centrale Générale avant d’être devenu Secrétaire Général de la FGTB, les coûts salariaux ne représentaient que de 7 à 20% des coûts totaux. [52] A cause du développement de la science et de la technologie, la part de capital dépensée en énergie et en machines ensemble avec les bâtiments et les matières premières, appelée capital fixe, a crû proportionnellement aux dépens de la partie variable qui est dépensée pour les coûts salariaux. Marx appelle cette proportion la constitution organique du capital. Mais puisque le capital fixe transfère sa valeur dans le produit fini sans y ajouter de la nouvelle valeur et que seul le capital variable ajoute de la valeur ou de la plus-value, le taux de profit (le profit par quantité de capital investit) a tendance à baisser. C’est ce que Marx appelle la baisse tendancielle du taux de profits. C’est ce phénomène qui explique pourquoi, depuis les années ’70, les marchés financiers ont connu une croissance exponentielle. Beaucoup de capitalistes préfèrent la spéculation boursière à l’investissement dans la production réelle parce que les profits qu’ils espèrent y réaliser leur semble insuffisants ou incertains.

    Nombre de facteurs contribuent à expliquer la « stagnation séculière » ou plus précisément la longue phase descendante, avec des périodes de faible reprise mais aussi de nouvelles chutes profondes. La baisse tendancielle du taux de profit est sans doute l’explication sous-jacente la plus importante. L’absence de croissance de productivité malgré la révolution digitale en est l’expression. Tout comme le manque d’investissements productifs dans l’économie réelle. [53] Mais cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de forces contradictoires à l’œuvre. Ces dernières années, le taux de profit a même été partiellement restauré par l’augmentation du rythme de travail, en utilisant des contrats de travail ultra-flexibles, en enlevant des moments non-productifs dans le processus de travail, en se concentrant sur le core-business plus productif, etc. Bref, en augmentant le taux d’exploitation. Une des conséquences de cela est l’augmentation du fossé entre le pouvoir d’achat commun de tous les travailleurs et la valeur totale des biens et des services produits par eux. Le crédit et l’usage de l’épargne peut temporairement contrarier ce phénomène. Sans nier l’importance de la baisse tendancielle du taux de profit dans la conjoncture actuelle, c’est surtout la peur de ne pas trouver de marché qui freine les investissements productifs. En terminologie marxiste, c’est ce que l’on appelle la peur du capitaliste de ne pas pouvoir réaliser la plus-value produite par manque d’acheteurs.

    Les pays en développement la guerre monétaire mondiale

    Entre janvier 2013 et janvier 2014, le réal brésilien a perdu -16,46% de sa valeur face au dollar. Le Peso argentin -37,93%. La lire turque -21,80%. La Roupie -13,80%. La raison principale était le tapering, la réduction de l’injection d’argent par la FED à laquelle nous avons déjà fait référence. Cela a provoqué un renversement du carry-trade. C’est le phénomène ou des spéculateurs empruntent de l’argent aux Etats-Unis à un taux d’intérêt bas pour acheter des obligations dans des pays en développement à un taux plus élevé avec l’objectif d’encaisser la différence. Un des effets secondaires avait été que cela augmentait la valeur des monnaies et des cours boursiers dans ces pays en développement et assurait une injection de crédits bons marchés. Le rapatriement de ces fonds vers les Etats-Unis a provoqué l’effet inverse. Les monnaies de ces pays en développement perdent de leur valeur, les produits importés deviennent donc plus chers, ce qui provoque une inflation et les investissements s’arrêtent. En Inde et en Argentine, les prix ont augmenté de presque 10%. En juillet 2014, deux fonds vautours qui n’avaient pas accepté en 2005 la restructuration des dettes négociée avec 93% des créanciers, ont ramené l’Argentine au seuil de la banqueroute. La même année, un front de trois organisations trotskistes (FIS) a obtenu 1,2 million de votes, trois députés nationaux et plusieurs députés régionaux.

    Seule la Chine semblait facilement digérer le revers économique, mais sur base d’une injection d’investissements basée sur le crédit. La dette totale en Chine – autorités, particuliers et entreprises ensemble – était de 160% du PIB en 2008 et déjà de 230% en 2014. Les investissements représentent en 2014 plus de 50% du PIB. [54] Depuis, la dette totale a déjà atteint 300% du PIB. [55] L’économie chinoise est confrontée à la surcapacité, à la déflation, à une crise dans l’immobilier et à une crise de dette des autorités locales. En tout cas, la croissance est beaucoup plus basse que les chiffres officiels, certain économistes avertissent de la perspective d’un atterrissage dur. L’année passée, les dirigeants chinois disaient encore que le ralentissement économique était une intervention contrôlée pour rééquilibrer la croissance économique trop basée sur l’investissement vers une croissance durable basée sur la consommation. Mais maintenant que tant la consommation que les investissements stagnent, comme à peu près tout le reste, le « ralentissement contrôlé » et le « rééquilibrage » semble être un déraillement. [56]

    Fin juin début juillet, les bourses de Shangaï et de Shenzen ont connu un crash. Cela a provoqué une réaction de panique de la part du régime chinois. Beaucoup des investisseurs chinois sont des particuliers, la classe moyenne urbaine, une couche sociale importante pour le régime, avait déjà été touchée par le crash de l’immobilier. Le régime avait pensé pouvoir compenser par une croissance forte des bourses pour que cette couche sociale ne soit pas perdante et pour elle-même sortir enrichie. Il a poussé la population à investir dans la bourse pour compenser le ralentissement de la croissance aussi sur base d’emprunts. [57] Ce rêve chinois vient d’éclater en plein vol. La situation réelle de l’économie chinoise fait surface : des prix à la production qui continuent de baisser depuis 40 mois minent les profits des entreprises et rend plus difficile l’amortissement des dettes ; une inflation de seulement 1,6%, en fait une déflation sans tenir compte des prix de la nourriture ; en juillet une baisse des exportations de 8,3% sur base annuelle et une forte augmentation du Yuan face à l’euro et au yen, ce qui explique pourquoi l’exportation vers l’Europe durant les sept premiers mois de 2015 a diminué de 2,5% et celle vers le japon de 10,5%. [58]

    Résultat : mobilisation générale. Depuis le 27 juin, les taux d’intérêts ont été abaissés. Plus de capital a été injecté dans les banques, de nouvelles actions ont été bloquées à la Bourse, des fonds de pension et des entreprises publiques ont été obligés d’acheter des actions et un fonds de stabilisation du marché a été créé. Tout le système financier des autorités a été mobilisé dans une opération de sauvetage massive qui a connu son sommet avec l’annonce, le 5 juillet, que la banque centrale allait acheter des actions afin d’arrêter la chute. Cela a été décrit par certains commentateurs comme du « Quantitative Easing » à la chinoise. Ces mesures désespérées indiquent que la situation est probablement encore pire que ce qui est connu en ce moment-ci. Une réaction en chaîne entraînant beaucoup d’entreprises, d’autorités locales et de banques est possible. Le prestige du régime est en jeu. Fin 2012, Xi Jinping avait d’ailleurs lancé sa stratégie de réformes où les marchés ont reçu un rôle déterminant. Le régime peut encore regretter cela.

    Cela explique aussi le changement drastique dans la stratégie du régime chinois. Autant pendant la crise monétaire asiatique de la fin des années ’90 que lors de la crise de 2008, le régime chinois s’était tenu à sa politique d’une monnaie forte. Il espère d’ailleurs faire du Yuan une monnaie de réserve et en plus, une perte de valeurs du Yuan provoquerait une fuite des capitaux hors de Chine. Selon Tom Orlik, l’économiste responsable pour le continent asiatique chez Bloomberg, chaque pourcent de perte de valeur du yuan contre le dollar provoquerait le départ d’environ 40 milliards de dollars de Chine. Mais cette politique est maintenant devenue intenable et donc la banque populaire chinoise a décidé le 11 août une dévaluation unique de -1,9%, suivie le 12 août d’une nouvelle de -1,6% et d’une 3e le 13, de -1%. La banque populaire prétend qu’elle rend ainsi le taux d’échange plus orienté sur le marché. Probablement spécule-t-elle sur le fait que par manque de confiance envers l’économie chinoise, les marchés continueront à mettre pression sur le Yan. La Chine a ainsi enclenché la tendance vers la dévaluation et rejoint donc la guerre des monnaies mondiale dans une tentative d’exporter la déflation et de se procurer un avantage commercial face aux autres marchés économiques.

    La décision chinoise porte la guerre des monnaies qui était enclenchée depuis quelques temps à un niveau qualitativement plus élevé. Immédiatement après la dévaluation chinoise, le Baht thaï a perdu -0,7% face au Dollar et le Dollar de Singapour a chuté de -1,2%, son plus bas niveau en cinq années. Le Peso philippin se trouve aussi à son niveau le plus bas depuis 5 ans et les monnaies indonésiennes et malaisiennes se trouvent à leur plus bas niveau depuis la crise asiatique de 1998. Depuis, le Vietnam et le Kazakhstan ont également dévalué leurs monnaies. [59] Ces pays ne font qu’appliquer ce qui leur avait déjà été montré par l’Europe. La planche à billets avait largement été utilisée depuis 2014 pour stimuler l’économie, rendre les emprunts meilleurs marchés, stimuler les investissements, contrarier la déflation mais aussi pour affaiblir l’euro pour relancer l’exportation. Dans son rapport annuel de manipulation des échanges, le secrétariat d’Etat américain aux finances pointe du doigt l’eurozone à ce sujet. [60] Mais en fait, l’eurozone ne fait que ce que les Etats-Unis ont eux-mêmes appliqués lorsque leur économie était plus faible. Ce n’est que ces dernières années que les Etats-Unis essayent prudemment de revenir sur cette politique, il n’est pas inimaginable que lorsque la croissance économique aux USA retombera à cause du prix bas du pétrole et du dollar fort que les USA postposent l’augmentation du taux d’intérêt (ce qui s’est fait entretemps) et en reviennent aux mêmes au Quatitative Easing. Dans ce cas, la guerre des monnaies serait complète. [61]


     

    1 https://www.conference-board.org/retrievefile.cfm?filename=The-Conference-Board-2015-Productivity-Brief-Summary-Tables-1999-2015.pdf&type=subsite
    2 Pompen of verzuipen, De Standaard 19 juni 2015
    3 Le prix des matières premières devrait être durablement bas, Le Soir 28 août 2015
    4 Les chiffres d’Eurostat: http://appsso.eurostat.ec.europa.eu/nui/show.do?dataset=lc_lci_r2_a&lang=en
    5 En attendant Godot est une pièce de théâtre de Samuel Beckett où deux personnages attendent un certain Godot, ici dans le sens d’un sauveur qui ne viendra jamais.
    6 ‘Economische motor dringend starten’, De Standaard 26 november 2014 – OCDE – l’Organisation de Coopération et de Développement Économiques. Commencé comme le club des pays riches, consiste maintenant de 34 pays toujours principalement les plus riches
    7 Japan, van spookbeeld tot voorbeeld, De Standaard 6 september 2014
    8 Où va la France, Léon Trotsky, le 9 novembre 1934
    9 Voir pour cela Hal Draper, Karl Marx’ Theory of Revolution, Volume III
    10 Voir le deuxième congrès de la troisième internationale, 1920
    11 A profile of Europe’s populist parties, Deutsche Bank 28 April 2015
    12 La Chine fait trembler l’économie mondiale, Le Soir 25 août 2015
    13 ‘Onze welvaart stoelt op fundament van bubbels’, De Tijd 5 juli 2014
    14 Ik maak me nu meer zorgen dan in 2007, De Tijd 17 juni 2014
    15 Eeuwige stagnatie, De Standaard 18 april 2015
    16 Yang met de pet, De Standaard 5 september 2015
    17 Les révoltes mondiales contre ce système sans perspective, résolution du BE pour les congrès de districts de 2011, BI 39
    18 De wraak van het kapitaal, De Standaard 29 juli 2015
    19 De degeneratie van de banken – Ivan Van de Cloot De redactie 31 juli 2014
    20 ‘Economie is enkel zinvol als ze moreel is’, De Morgen 4 oktober 2014
    21 Tachtig rijksten bezitten evenveel als helft wereldbevolking, De Standaard 19 januari 2015
    22 World’s 100 richest earned enough in 2012 to end global poverty 4 times over, RT news, 20 January 2013
    23 Kloof tussen arm en rijk grootste kopzorg voor wereldeconomie, De Tijd, 17 januari 2014
    24 Les patrons gagnent 183 fois le salaire moyen d’un employé, Le soir 18 août 2015
    25 De 10 rijksten doorheen de eeuwen, De Morgen 1 augustus 2015
    26 Gabriel Zucman: “4.700 milliards d’euros cachés dans les paradis fiscaux”, Le Soir 4 janvier 2014
    27 Christine Lagarde non plus ne paie pas d’impôt sur les revenus, Le Monde 28 mai 2012
    28 Bedrijven keerden in 2014 dik 1.000 miljard euro uit, De Tijd 16 februari 2015
    29 Twijfel over groeibonus van goedkope olie, De Standaard 7 januari 2015
    30 Selon la financieel dagblad des Pays-Bas en Russie il faudrait un prix du pétrole de 105 $ pour équilibrer le budget, de 122 $ au Nigéria, de 117 $ au Venezuela et de 130 $ en Iran. Petrostaten schudden van angst, fd 9 januari 2015
    31 Noorse economie kampt met lage olieprijs, De Financiële Telegraaf 20 augustus 2015
    32 Coup de frein pour l’industrie du brut, Le Soir 28 juillet 2015
    33 L’OPEP devrait garder ses robinets grands ouverts, Le Soir 2 juin 2015
    34 Olieprijs flirt met laagste peil sinds 2009, De Tijd 21 augustus 2015
    35 Lage olieprijs is goed en slecht nieuws, De Morgen 2 december 2014
    36 “Subprimes, saison 2”, Le Soir 14 mars 2015
    37 BIS ziet grote risico’s bijb fondsen en vermogensbeheerders, De standaard 29 juni 2015
    38 ‘De speculatieve excessen van 2007 zijn terug’, De standaard 6 december 2013
    39 De kostprijs van de kloof, De Standaard 4 oktober 2014
    40 Les robots pourraient occuper la moitié de nos emplois, Le Soir, 20 juillet 2014
    41 Hoe technologie onze koopkracht dreigt weg te vreten, De Standaard 15 april 2015
    42 Dans ‘Critique du programme de Gotha’ Marx critique justement les adhérents de Lasalle pour leur conception de ‘lois d’airain’ des salaires, basé sur leur point de vue erronée que le salaire ne peut jamais être plus élevé que le strict minimum de survie.
    43 Les salaires ont pratiquement stagné dans le monde en 2013, RTBF-info 5 décembre 2014
    44 ‘Toenemende ongelijkheid is slecht voor groei’, De Standaard 22 mei 2015
    45 Economic Possibilities for our Grandchildren, John Maynard Keynes (1930)
    46 Les robots pourraient occuper la moitié de nos emplois, Le Soir 19 juillet 2014
    47 Will robots en capitalism, socialistworld.net 14 augustus 2015
    48 Alleen topjobs en rotklussen zijn straks nog veilig, De Standaard 9 februari 2015
    49 Revolutie op de werkvloer, De Standaard 27 juni 2015
    50 Hoe technologie onze koopkracht dreigt weg te vreten, De Standaard 15 april 2015
    51 Le cycle de vie des voitures raccourcit, Le Soir 19 novembre 2014
    52 Chercher
    53 The great productivity slowdown, Michael Roberts, August 8, 2015
    54 La crise des pays émergents inquiète la planète, La Soir 29 janvier 2015
    55 Crash boursier en Chine: le gouvernement s’en mêle
    56 China ervaart nu een harde landing, socialisme.be 7 juni 2015, vertaald vanop chinaworker.info
    57 Chinese beurscrash kan tot politieke crisis leiden, socialisme.be 9 juli 2015, interview met Vincent Kolo van chinaworker.info
    58 Devaluatie Chinese munt leidt tot onrust op wereldmarkten, socialisme.be 13 augustus 2015, standpunt van Chinaworker.info
    59 Les pays émergents inquiètent, Le Soir 20 août 2015
    60 Don’t mention de muntoorlog, De Standaard 11 april 2015
    61 Breekt wereldoorlog tussen de munten los?, de Morgen 7 februari 2015

  • [TEXTE de CONGRES] Présentation

    texte_congres_livre

    Nous commencerons demain la publication online du texte amendé et voté au Congrès national du PSL qui s’est tenu en novembre dernier. Ce texte est également disponible sous forme de livre et arrivera de chez l’imprimeur début de semaine prochaine. Commandez dès maintenant votre exemplaire en versant 10 euros sur le compte BE48 0013 9075 9627 de ‘Socialist Press’ avec pour mention “texte de Congrès”. les commandes seront envoyées à partir du lundi 1er février. Voici ci-dessous l’introduction du texte.


    Nous publions ici la résolution politique telle qu’amendée et votée à l’occasion du Congrès National du PSL de novembre 2015. Ce Congrès a pris place 3 ans après le précédant, c’est-à-dire un an de plus que ce que prévoient nos statuts. Cela s’explique par la décision du Comité National prise l’an dernier de retarder d’un an la tenue du Congrès afin que le parti puisse concentrer toute sa force sur le plan d’action syndical d’automne 2014. Le Congrès a confirmé cette décision.

    Ces trois dernières années n’ont pas été des moindres. Le processus où des éléments de révolution et de contre-révolution gagnaient le dessus en alternance s’est poursuivi. Au Moyen Orient, les masses payent l’échec des révolutions en désespoir, contre-révolution, guerre civile et barbarie. Mais nous voyons également un certain nombre d’éléments attestant d’une régénération de la classe des travailleurs. En Europe est arrivé au pouvoir pour la première fois depuis des décennies un gouvernement que beaucoup de travailleurs estimaient le leur jusqu’au moment où celui-ci a accepté le 3e Mémorandum. En Grande-Bretagne, un rebelle de gauche a été élu président du parti travailliste. Aux Etats-Unis, un frondeur semblable est devenu le plus important challenger d’Hillary Clinton. Tout cela offre d’énormes possibilités à notre courant. Nous avons pu en saisir dans la dernière période, surtout aux Etats-Unis, en Afrique du Sud et au Brésil, mais nous pensons que le nombre d’opportunités qu’offrira la période qui nous fait face sera encore plus imposant.

    En Belgique aussi, avec la venue au pouvoir du gouvernement de droite, nous avons atteint un point tournant. Le plan d’action syndical d’automne 2014 était unique en son genre. Nous avons saisi le maximum de cette occasion afin donner une nouvelle impulsion à notre travail jeunes, de commencer à restaurer certaines traditions de la classe précédemment perdues ainsi que pour renforcer nos propres positions. Nombreux étaient ceux qui, comme les marxistes l’expriment, étaient ivres de la révolution et ont perdu de vue les nombreuses complications présentes. Ils ont brutalement été rappelés à la réalité au printemps. Mais la volonté de partir en action a été sauvegardée, comme nous avons pu le constater le 7 octobre. Beaucoup d’illusions ont toutefois cédé place à la déception et à la colère. Ces prochains mois, nous aurons à plusieurs reprises l’opportunité de les convertir en détermination. Nous espérons que cela se traduira au printemps 2016 par l’élection d’un nombre important de syndicalistes combatifs.

    Les textes de Congrès ont été écrits bien avant les horribles attaques de l’Etat Islamique autour du 13 novembre à Paris, Beyrouth, Bagdad ou Tunis et la panique qui a suivi. Évidemment, cela a longuement été débattu lors du Congrès. La base de cette discussion a ensuite été publiée dans une série d’articles sur socialisme.be et surtout dans l’édition de Lutte Socialiste de décembre 2015. Pour le PSL, la sécurité n’est pas séparée de la question sociale mais en constitue justement une partie. Nous avons de la compréhension pour ceux qui sont en état de choc. Nous comprenons que de nombreuses mesures destinée à renforcer la présence en rue de policiers et de militaires disposent d’un soutien. Mais nous estimons toutefois que ni la politique étrangère, ni la politique intérieure du gouvernement Michel ne vont réduire la menace terroriste, bien au contraire. Nous doutons même du fait que ces mesures aient été réellement prises pour assurer notre sécurité. Les hôtels de luxe ont eu des soldats et des policiers disposés à leurs portes, mais les écoles des zones défavorisées n’ont eu que des patrouilles. Les stations de métro ont été fermées, mais pas la gare centrale ou l’axe nord-sud de la SNCB. Cette incohérence provient des réelles motivations de ce gouvernement: polir son image à l’étranger et peut-être profiter de l’occasion pour tester jusqu’où il peut aller.

    Un Congrès du PSL ne se limite pas à un rassemblement de deux jours. Pas même aux six semaines non moins importantes de discussion sur les textes de Congrès. Nos analyses et les tâches qui en découlent sont quotidiennement élaborées sur base de nos expériences concrètes. La période de Congrès est plutôt un moment où nous rappelons nos analyses, regardons à quelle étape nous nous trouvons, quelles sont les perspectives les plus probables, comment nous allons y répondre concernant notre programme, notre stratégique, nos tactiques et notre orientation ainsi qu’en définissant les tâches prioritaires que cela implique.

    Chaque membre n’est pas à chaque instant à la hauteur concernant tous les aspects de l’analyse du parti. Pour remédier à cela, pour leur offrir la possibilité de s’accrocher et pour sauvegarder notre analyse pour les prochaines générations, nous fixons les évènements majeurs et l’interprétation que nous en faisons dans un texte de perspectives. L’objectif est que les membres, à chaque fois qu’ils en ont besoin, puissent le consulter. Pour certains, même des membres expérimentés, la période du Congrès peut être trop courte que pour être en mesure de tout digérer. D’autres n’auront intégré en première instance que quelques notions, alors qu’une bonne partie des perspectives leur échappe encore. Ils ne doivent pas se faire de soucis à ce sujet. Nous prenons le temps nécessaire avec tous les membres pour les aider à absorber l’information. Pour certains, cela a encore été possible avant la tenue du Congrès. Pour d’autres, cela a pris plus de temps. Mais l’objectif global est toujours de former des membres conscients et politiquement formés capable d’aider le parti à développer ses analyses, son programme, sa stratégie et ses tactiques en connaissance de cause. C’est cela que nous entendons par une démocratie véritable.

    Le Congrès est composé de délégués, mais ceux qui ne le sont pas sont également les bienvenus et peuvent prendre la parole. Seuls les délégués ont toutefois un droit de vote effectif, les autres étant invités à exprimer un vote consultatif. Si le temps disponible est trop limité pour permettre à chacun de parler, les délégués ont priorité.

    Dans un texte précédent, nous avions écrit : « Pour rendre possible une réelle discussion au Congrès même, les sections élisent au prorata des membres en ordre de cotisation un certain nombre de mandatés/délégués, des gens dont ils connaissent les points forts et les faiblesses et que la section considère comme étant les meilleurs porte-paroles des tendances présentes dans chaque section. Ils participent au Congrès sans préjugé. Avec le but de s’enrichir par la combinaison des différentes compréhensions de toutes les sections et sans mandat impératif, car le Congrès est souverain. Sur base de toutes ces discussions, compréhensions et décisions finales, ils élisent une direction nationale, de préférence une équipe, qui, à côté de sa participation comme chaque membre à l’application quotidienne dans le cadre de sa section, prend également sur elle aussi la tâche de continuer à représenter le Congrès après sa dissolution jusqu’à ce que le prochain Congrès la libère de cette tâche. »

    Pour le Bureau Exécutif,
    Eric Byl.

  • Décès d’Arthur Maniet

    arthurC’est avec tristesse que nous avons appris ce vendredi le décès de notre camarade Arthur Maniet. Nous adressons toutes nos condoléances à sa famille et à ses proches.

    Arthur avait rejoint le PSL en 2012, et avait depuis lors milité à nos côtés dans la section du Brabant-Wallon. Nous avons alors fait la connaissance d’un camarade précieux, dont le caractère réservé et discret était à la hauteur de ses nombreuses qualités. Sa patience, sa persévérance et son intelligence furent inestimables pour l’activité de notre section, mais aussi pour la modernisation de notre site web.

    En marge de son implication, nous avons également pu découvrir une personne sensible, dotée d’un grand sens de l’ironie et de la dérision. Sa personnalité en faisait une personne attachante, qui nous manquera, et envers qui nous aurons une pensée aux cours des nombreuses luttes que nous connaîtrons à l’avenir.

    Nous dirons un dernier au revoir à Arthur Maniet ce mercredi 3 février au crématorium de Court-Saint-Etienne. Le rendez-vous est à 10h15 sur place, la cérémonie se déroulera de 10h30 à 11 heures. Une salle sera mise à notre disposition après la cérémonie pour se retrouver ensemble.

     

     

  • "Émancipation des femmes et socialisme: des luttes indissociables"

    Femmes_lutteIl n’y a pas de capitalisme sans sexisme

    8mars_206La lutte pour les droits des femmes fait partie intégrante du combat pour l’émancipation de l’ensemble du mouvement des travailleurs. La journée du 8 mars, Journée Internationale des Femmes, est à considérer en liaison avec l’histoire du mouvement des travailleurs. Elle puise ses origines dans une grève de travailleuses du textile à New York en 1908 qui, en 1911, a été prise comme référence par le mouvement socialiste internationale pour devenir la journée internationale de lutte pour les droits des femmes. En 1917, ce sont les mobilisations qui prirent place en cette journée qui lancèrent la Révolution russe. Pour en savoir plus, n’hésitez pas à consulter notre dossier à ce sujet.

    Cette année encore, le PSL commémorera la Journée Internationale des Femmes sous la forme d’une journée de formation politique, comme ce fut le cas l’an dernier. L’évènement est ouvert à qui le souhaite, les femmes comme les hommes. La lutte contre l’exploitation et l’oppression est une lutte à mener ensemble contre le capitalisme.

    AGENDA:

    Samedi 5 mars à partir de 10h à Bruxelles

    – 10h00 Accueil et café.

    – 10h30 Meeting – Oppression des femmes : qui est responsable ? Quelle réponse aux évènements de Cologne ? Avec Julie (Étudiants de Gauche Actifs), Anja Deschoemacker (porte-parole de Gauches Communes) et une membre du SAV (parti-frère allemand du PSL) de Cologne.

    – 12h00 Quatre ateliers au choix :

    1. Le racisme n’est pas une réponse au sexisme. Avec une camarade de Sozialistische Alternative (SAV) de Cologne.
    2. Politique d’identité et lutte contre l’oppression des femmes. Avec Laura Fitzgerald, porte-parole de ROSA (for Reproductive Rights against Oppression, Sexism and Austerity) en Irlande.
    3. Luttes des femmes et solidarité internationale. Avec Andleeb, activiste pakistanaise.
    4. 50 ans après la grève des femmes de la FN Herstal pour l’égalité salariale. La place des grèves dans les conquêtes sociales des femmes. Avec Maud, militante syndicale.

    – 13h -14h Pause midi – repas à prix démocratique.

    – 14h00 Suite et fin des ateliers.

    – 15h30 Meeting – Quel programme pour les femmes dans la lutte contre l’austérité ? Avec Laura Fitzgerald et Aisha, responsable de la Commission femmes du PSL.

    – 17h00 Mot de clôture – Les discussions peuvent ensuite se poursuivre au bar.

    Facebook — Debate: There is no Capitalism without Sexism

    Entrée : prix libre // Baby-sitting : inscription indispensable // Repas : inscription souhaitée

    Rue du Jardinier 45, 1080 Molenbeek // Métro Ribaucourt ou Comte de Flandre

  • Grande-Bretagne. La police a infiltré le Socialist Party

    carloneri

    Hier, les sites internet du Guardian et de la BBC ont dévoilé hier que «Carlo Neri», tel que nous l’avons connu, a infiltré le Socialist Party de 2001 à 2006 pour le compte la Metropolitan Police’s Special Demonstration Squad (SDS, équipe spéciale d’intervention en manifestation de la police métropolitaine). Ce n’est malheureusement pas surprenant.

    Déclaration de presse du Socialist Party (section du Comité pour une Internationale Ouvrière en Angleterre et au Pays de Galles)

    C’est très loin d’être la première révélation de ce type. En 2013, Peter Francis a révélé qu’il a également infiltré le Militant Labour, organisation qui est aujourd’hui le Socialist Party (et constituait à l’époque l’aile marxiste au sein du Parti Travailliste, NDT) au nom de la SDS. Francis a également admis avoir infiltré Youth Against Racism in Europe (YRE, Jeunes contre le racisme en Europe), une organisation de jeunesse démocratique dans laquelle nous avons été impliqués.

    D’autres preuves des tentatives répétées visant à espionner le Socialist Party ont été révélées en 2002 dans un documentaire de la BBC (intitulé “True Spies”) qui avait mis en lumière que la police du West Midlands avait espionné Dave Nellist, qui est toujours aujourd’hui membre du Socialist Party, au moment où il était député du parti travailliste en tant que Militant Labour.

    Lois Austin, membre du Socialist Party et porte-parole de Youth against Racism in Europe (YRE) et membre de la Commission d’enquête Pitchford sur les infiltrations policières :

    YRE_inflitration
    Une des nombreuses actions menées par YRE

    « Ce n’est là que la dernière de toute une série de scandales ayant révélé que la police a utilisé ses ressources afin d’infiltrer des organisations de gauche démocratiques. Une des principales campagnes de YRE concernait le meurtre de Stephen Lawrence (un assassinat qualifié d’être « l’un des plus évidents meurtres raciaux jamais résolu », NDT). Il a fallu 18 ans à la police pour condamner ses meurtriers (une enquête publique suite à ces évènement conduite sous la supervision du juge Macpherson en vint à conclure que la police était « institutionnellement raciste », NDT) mais nous voyons maintenant qu’elle consacrait ses ressources à l’espionnage de militants antiracistes, y compris en essayant de couvrir de boue la famille endeuillée de Stephen Lawrence.

    « En agissant de la sorte, la police a causé une détresse indicibles aux familles dont le nom des enfants décédés ont été utilisés par les agents infiltrés ainsi qu’aux femmes qui ont construit des relations avec ces hommes qui, à leur insu, étaient en réalité des agents de police sous couverture.

    « Il n’y avait aucune raison d’infiltrer YRE ou Militant Labour. Nous avons publiquement annoncé nos évènements, la police n’avait qu’à lire nos tracts et nos journaux ou à assister à nos réunions publiques pour savoir ce qui se passait. »

    L’ancien député Dave Nellist a ajouté :

    Former Coventry MP and staunch socialist Dave Nellist gave a rousing speech to the protesters. Picture by Jon Mullis 49.010.026.cov.jm7 (www.buyphotos247.com)
    L’ancien député de Coventry Dave Nellist

    « Quand sont apparues ces révélations concernant l’espionnage de la police, le gouvernement s’est vu forcé de réagir en mettant en place la Commission d’enquête Pitchford sur l’espionnage policier. Cela est le bienvenu, mais c’est insuffisant.

    « La Commission d’enquête de Lord Pitchford devra passer outre les tentatives de masquer la réalité. Il est injustifiable que des policiers infiltrés aient espionné un député démocratiquement élu en raison de sa défense d’opinions de gauche. Nous exigeons de connaître les noms de tous les agents « sous couverture », c’est la seule manière de découvrir la pleine mesure de ce qui s’est produit.

    « Nous exigeons également que le mandat de la Commission d’enquête soit étendu à l’Ecosse.

    « Mais à côté de cette Commission d’enquête, le mouvement des travailleurs et les syndicats doivent organiser leur propre enquête indépendante, composée de représentants du mouvement syndical et des groupes antiracistes et écologistes qui ont subi des infiltrations. Une telle enquête pourrait également aller au-delà du rôle de la police et aussi déterminer d’où provenaient les ordres et quel a été le rôle du gouvernement lui-même.

    « Nous refusons de dire que de telles infiltrations sont choses du passé. La surveillance des manifestants pacifiques a considérablement augmenté dans la période récente. Nous exigeons de savoir ce que les Carlo Neris d’aujourd’hui sont en train de faire.

    «Aujourd’hui, une nouvelle génération commence à s’impliquer dans des campagnes contre l’austérité, contre le racisme et contre la guerre. Quelle que puisse être l’ampleur des infiltrations policières, cela ne pourra pas empêcher ce fait. La remise en cause des intérêts que servent la Loi et la police, au côté de revendications visant à les rendre démocratiquement responsables, sera un aspect important des campagnes actuelles et futures. »

  • Inscrivez-vous déjà pour notre camp d'été!

    Camp d’été EGA & PSL: Formation marxiste et détente pour tous.

    camp_2015Venez du 1er au 6 juillet au camp d’été d’EGA & PSL. C’est l’occasion parfaite de passer un bon moment entre discussion politique et détente.

    Des ateliers et des sessions tous ensemble sur un tas de thèmes différents. Comment les marxistes analysent-ils le monde ? Quelle est notre vision de l’histoire ? Des discussions d’actualité sur les évènements récents dans le monde, la lutte contre le racisme et le sexisme, la campagne de Sanders aux États-Unis, la situation au Moyen-Orient ou l’actualité en Belgique. Bref, chacun y trouvera son compte. Un programme détaillé des ateliers et sessions est en train d’être élaboré, mais du vendredi soir 1er juillet au dimanche 3 juillet, le programme sera davantage orienté sur les questions syndicalistes et les travailleurs.

    camp2015Bien sûr nous prévoyons des temps de détente avec, par exemple, une après-midi libre pour profiter du domaine récréatif et de sa piscine. Le soir, il y aura entre autres au programme les matchs du Championnat d’Europe de football sur grand écran et une soirée.

    Les familles avec des enfants peuvent compter sur un endroit où les enfants peuvent dormir en toute tranquillité.

    Prix: voir tableau ci-dessous

    LES PRIX PRÉVENTE VALENT JUSQU’AU 15 MAI!

    Végétariens et régime alimentaire particulier? Faites vous connaître lors de l’inscription

    Lieu:
    Domein De Hoeve
    Kneippstraat 190-204
    Genk-Bokrijk

    Tu veux participer?
    Inscris-toi via le formulaire, via info@gauche.be ou via 0474/353036 (Emily)

    camp_tarifs

  • Pakistan. Manifestation contre l’extrémisme religieux et l’intolérance

    pakistan_photo09Plus de 400 personnes, dont beaucoup de femmes et d’enfants, ont participé au rassemblement organisé en décembre dernier à l’initiative du Socialist Movement Pakistan (CIO) à Mir Pur Khas, dans la province de Sindh, contre l’extrémisme religieux et l’intolérance croissante. Des membres et sympathisants du SMP ont participé à l’évènement parmi lesquelles un grand nombre de femmes. Les médias de langue sindhi en ont largement fait écho.

    Par Hameed Channa, Socialist Movement Pakistan (SMP, section pakistanaise du Comité pour une Internationale Ouvrière au Pakistan)

    Les deux plus grandes chaînes de télévision sindhi ont couvert l’évènement à plusieurs reprises durant toute la nuit dans le cadre des principaux titres de l’actualité. Le rassemblement a commencé par une manifestation partie des locaux du SMP à Rahim Nagar pour ensuite défiler dans les artères principales du centre-ville et finir au club de la presse pour un meeting. Sur le trajet, le cortège s’est arrêté sur deux places pour de brèves interventions de camarades contre le développement de l’extrémisme religieux et l’intolérance accrue qui ont pris place dans la province de Sindh ces dernières années.

    Les participants portaient des drapeaux rouges et des bougies tout en scandant divers slogans opposés à l’extrémisme religieux, en faveur de la paix, contre l’intolérance et contre le sectarisme. Un imposant contingent de la police était présent tout au long du parcours afin de protéger les participants contre d’éventuelles attaques.

    Les camarades Hameed Channa, Sughra Khaskheli, Iqbal Narejo, Malik Nizamdin, Ghulam Qadir Murree, Sunder Channa, Afzal arain, Ramzan arain, Jamila, Samantha, Irum Qambrani, Sarmad Channa et Ghulam Muhammad Leghari ont pris la parole au meeting pour souligner la nécessité d’organiser une lutte politique contre l’extrémisme religieux et l’intolérance. Ils et elles ont déclaré que l’ensemble du pays est sous l’emprise de l’extrémisme religieux et de l’intolérance et que l’intervention militaire ne pourra pas résoudre ce problème.

    Si nous voulons mettre fin à la propagation des idées réactionnaires dans la société, il faut mettre fin aux causes profondes de cette épidémie. L’Etat doit fournir à chacun des services publics de base comme un enseignement moderne et scientifique, de bons soins de santé, des emplois de qualité, des logements accessibles tout en stoppant l’assaut néolibérale actuel mené contre la classe des travailleurs et les masses pauvres du pays. Il faut en finir avec la pauvreté, la faim, la répression, l’injustice sociale et économique qui découlent de ce système capitaliste pourri et corrompu.

    Ensuite, les camarades Sunder, Samantha et Laraib ont chanté des chants révolutionnaires, rejoints par les participants enthousiastes. Il s’agissait de notre plus grand évènement dans cette ville jusqu’ici.

    Mirpur Khas (Sindh Province) protest against religious extremism and violence

  • Bruxelles. Traditionnel Réveillon militant

    reveillon_BXLComme les années précédentes, les sections de Bruxelles et de Brabant du Parti Socialiste de Lutte (PSL) organisent le 31 décembre un réveillon de nouvel an combatif, festif, agréable et bon marché. L’entièreté de l’argent récolté lors de notre réveillon servira à financer notre parti et nos campagnes.

    Les inscriptions et le paiement peuvent s’effectuer par téléphone 0478/40.16.09.Vous pouvez verser la somme sur le compte BE18 0014 9478 6265 avec pour communication “31/12” suivi de votre nom. La fête prendra place dans la salle Randstad, Rue du Jardinier 47 à 1080 Molenbeek.

    Si vous ne pouvez malheureusement pas venir mais que vous souhaitez nous soutenir, nous vous invitons à faire un don sur notre compte bancaire afin de nous permettre de financer nos diverses campagnes.

    MENU pour commémorer les luttes de l’année 2015 

    • Mezze Oxi-grec
    • Tajine d’agneau réfugié, raisins et amandes
    • American Sawant Pie
    • Plateau de fromage
    • Café & Truffes/

    PRIX:
    25€ salariés – 17€ non salariés (+5€ sur place)
    5€ – de 12 ans

    (Babysitting possible)

    De 19h à… Au centre Randstad, 45, Rue Jardinier, Molenbeek (Bruxelles).

  • Souper/soirée de soutien. USA: du Patriot Act à la révolte politique, témoignage d’un militant.

    FISTS_USA

    En présence de Bart Vandersteene, de retour des USA.

    Ce vendredi 18 décembre, à partir de 18h,

    à la Casa Nicaragua (Rue Pierreuse 23, 4000 Liège)

    Le droit de vivre en sécurité, sans la menace constante d’une attaque terroriste, fait partie de nos droits sociaux fondamentaux, tout comme dormir sous un toit, avoir un travail décent correctement rémunéré, pouvoir élever ses enfants sans la crainte du lendemain et de la fin du mois, etc. La gauche dispose dans ce cadre de son propre programme à court, moyen et long terme. Mais pour le moment, c’est la droite qui domine le débat à ce sujet.

    Bart De Wever, président de la N-VA et premier-ministre de l’ombre, a déclaré vouloir un «Patriot Act à la belge» pour répondre à la menace terroriste. Le gouvernement belge a déjà réagi par des mesures inédites. Bruxelles a été à l’arrêt des jours entiers, l’armée est apparue en rue et des manifestations ont été interdites. Mais au regard du bilan de ce gouvernement pour le tissu social en matière d’emplois, d’allocations, de logements ou de services publics, comment pourrions-nous leur confier notre sécurité ?

    Aux Etats-Unis, le Patriot Act a été l’instrument d’un profond renforcement de la surveillance, des intrusions dans la vie privée, du fichage des individus et de la répression. Mais la chape de plomb sécuritaire qui a été installée après les attentats du 11 septembre n’a pas su empêcher la résistance sociale de faire son retour au-devant de la scène politique.

    10 ans après les attentats, en septembre 2011, le mouvement Occupy Wall Street a déferlé sur le pays à la suite des mouvements révolutionnaires en Tunisie et en Egypte et du mouvement des Indignés en Espagne. Par la suite s’est développé le mouvement pour le droit de se syndiquer et pour l’instauration d’un salaire minimum de 15 dollars de l’heure, le mouvement Black Lives Matter contre les violences et les meurtres policiers racistes,…

    Cette contestation sociale s’est accompagnée d’une recherche politique, notamment illustrée par l’élection puis la réélection de Kshama Sawant (Socialist Alternative) à Seattle, première élue ouvertement socialiste depuis un siècle dans une grande ville du pays. Aujourd’hui, Bernie Sanders talonne Hillary Clinton dans les sondages pour être le candidat Démocrate aux élections présidentielles de 2016, en appelant ouvertement à la «révolte politique contre la classe des milliardaires»…

    Quels enseignement et leçons tirer de ces expériences pour renforcer les luttes sociales en Europe et en Belgique ? Comment une petite organisation comme Socialist Alternative a-t-elle traversé les années Bush tout en se préparant à saisir avec brio les opportunités dès qu’elles ont pointé le bout de leur nez ? Comment aborder la question cruciale de la sécurité sans tomber dans le sécuritaire, à partir d’une approche de gauche ? Quel type de campagne mener aujourd’hui en Belgique contre la guerre, le racisme, l’islamophobie, le terrorisme et l’austérité ?

    Résistance Internationale, la campagne antiraciste et anticapitaliste des Etudiants de Gauche Actifs (EGA), vous invite à participer à cet événement qui comprendra un débat, un souper et une soirée.

    Ces dernières années, Bart Vandersteene s’est rendu à plusieurs reprises aux Etats-Unis durant des périodes de plusieurs mois afin d’y soutenir le travail politique de Socialist Alternative. Il a pu y assister à la résurgence de la lutte de masse. Son témoignage sera d’une aide précieuse pour faire face aux défis qui se présentent actuellement à la gauche.

    ———————————-
    – 18h : Ouverture des portes et verre de bienvenue (vin chaud de cerise).
    – 19h : Témoignage de Bart Vandersteene et débat.
    – 20h : Premiers repas, la discussion peut encore se poursuivre pour ceux qui le souhaitent.
    – 21h30 : Soirée avec DJ Bon Goût et autres.

    ———————————-

    REPAS : 8 euros (6 euros pour les petits revenus)
    – Soupe de pois cassés,
    – Curry de poulet / Curry végétarien
    – Gateau au chocolat / Glace

    Réservations souhaitées via liege@socialisme.be ou au 0497/23.33.16 (Simon)

    ———————————-

    Les bénéfices de cette soirée serviront au financement des campagnes antiracistes, antisexistes,… de Résistance Internationale et des Etudiants de Gauche Actifs (EGA).

    => Event Facebook

  • Congrès National du PSL: Il nous faut une alternative socialiste contre ce capitalisme à l’agonie!

    congres01Le 14e Congrès National du PSL a eu lieu le week-end dernier et a réuni des camarades de tout le pays. Cet évènement prend habituellement place tous les deux ans mais le magnifique plan d’action contre le gouvernement de droite de l’an dernier nous avait conduits à en reporter la tenue d’un an. Ce mouvement fut bien entendu l’objet d’une attention particulière lors de ce Congrès. Ses plus forts éléments ont été analysés, ceux qui ont clairement remis le mouvement des travailleurs sur le devant de la scène politique, de même que les limites et complications survenues, comme l’absence de mots d’ordres clairs pour un deuxième plan d’action jusqu’à la chute du gouvernement et l’absence d’une alternative politique face aux partis austéritaires.

    Une large attention a évidemment également été consacrée aux attentats de Paris, à l’instabilité mondiale et à la menace terroriste en Belgique. Ce système est véritablement malade, il n’apporte que misère, guerre et terreur croissantes pour la majorité de la population. C’est pourquoi nous nous organisons pour lutter pour une société différente, une société socialiste démocratique. Le potentiel pour ce changement fondamental de société est bel et bien présent. Pour peu que l’on fasse appel aux ressources et à la technologie existantes en fonction de leur utilité sociale, il nous serait possible à tous de connaître une vie des plus agréables. C’est le constat auquel aboutit le cosmologiste Stephen Hawking. Cela exige de poser autrement les questions relatives à la production, notamment pour faire face aux urgences écologiques et énergétiques, ce qui ne deviendra de l’ordre du possible que si la majorité sociale possède le contrôle et la gestion démocratiques des secteurs-clés de l’économie.

    Mais alors qu’il serait possible pour chacun de mener une vie décente et épanouissante, nous subissons pauvreté, chômage, terrorisme, racisme, répression et exploitation. La politique d’austérité nous enfonce la tête sous l’eau. La politique étrangère impérialiste a échoué à en finir avec les guerres et les dictatures, elle n’a au contraire fait que les renforcer. Pourtant, les politiciens de l’establishment capitaliste réponde quasiment d’une même voix que la seule riposte contre la menace terroriste est un cocktail de répression et d’aventures guerrières. La dernière ‘‘guerre contre le terrorisme’’ a-t-elle été de nature à assurer une plus grande sécurité? La politique menée ces dernières années a-t-elle permis de prendre à bras-le-corps la pauvreté et l’exclusion sociale dans des quartiers comme Molenbeek? Effectuer la même chose encore et encore tout en espérant un résultat différent, c’est ainsi qu’Einstein définissait la folie.

    La situation désastreuse du Moyen-Orient et ses conséquences qui parviennent jusqu’ici, avec la crise des réfugiés et la menace terroriste, ne démontrent qu’une chose : l’agonie de ce système. Le PSL considère son Congrès comme un moment de discussion collectif pour être plus forts ensemble dans la lutte contre ce système et pour défendre l’arrivée d’un système alternatif. Cela est possible, nous l’avons constaté fin 2014 avec le plan d’action syndical en Belgique et ailleurs dans le monde avec la croissance de la recherche d’une alternative. Nous voulons jouer un rôle dans ce processus, tant au niveau international qu’en Belgique. Les rapports des membres du PSL qui ont participé au développement de nos organisations-sœurs à Seattle et en Irlande étaient à ce titre une bonne source d’inspiration. Nos multiples interventions et les diverses avancées de notre travail politique au cours des trois années écoulées, en particulier au niveau syndical, ont également été matières à un bel enthousiasme.

    Un contexte de peur et d’incertitude peut temporairement jouer un rôle paralysant sur le mouvement des travailleurs. Un débat politique entièrement dominé par la droite a inévitablement son impact sur de larges couches de la population. Mais rien ne peut venir de ce côté si ce n’est plus de misère, de guerre et de terreur, comme nous le constatons déjà aujourd’hui. La lutte pour le socialisme démocratique est plus que jamais d’actualité et ce combat dispose d’un potentiel bien présent. Renforcez le PSL et, ensemble, faisons face à l’énorme défi de changer de société!

    congres2

0
    0
    Your Cart
    Your cart is emptyReturn to Shop