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Category: National
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Pas de saut d'index pour le salaire mirobolant de Lagarde
Lors de sa visite dans notre pays, la patronne du FMI (Fonds Monétaire International) a protesté contre l’indexation des salaires. Ce serait selon elle ‘‘dépassé’’. En effet, l’index saperait la compétitivité de nos entreprises et rendrait la production de biens trop onéreuse. Facile à dire pour quelqu’un qui gagne 467.940 dollars par an, ne doit pas payer d’impôts et, en outre, voit ses revenus ajustés en fonction de l’inflation… Le FMI ne craint décidément pas l’hypocrisie.
Plus tôt, le FMI était confronté à une étude faisant apparaître qu’une sévère politique d’austérité n’avait pas les effets escomptés. Le FMI doit également constater que sa théorie présentant les investissements publics comme inefficaces ne colle pas. Tout cela n’a cependant pas causé de remise en question concernant les politiques d’austérité, qui continuent d’être prescrites par l’organisation.
Pareille hypocrisie peut être observée au sein même des instances dirigeantes du FMI. Lagarde a désapprouvé l’indexation de nos salaires et présenté l’index comme quelque chose de ‘‘dépassé’’. Nonobstant, ses rentrées plus que confortables – à mille lieues de ce que nous avons comme salaire – sont bel et bien réajustées chaque année en fonction de l’augmentation des prix. Quelqu’un avec un salaire annuel de 467.940 dollars, ne devant pas payer d’impôts grâce à son statut de diplomate et qui reçoit en plus un ajustement de ses revenus face à l’inflation n’est pas la mieux placée pour poser un jugement sur l’indexation de nos salaires.
Le salaire annuel de Lagarde avait déjà été pointé du doigt lorsqu’elle a plaidé pour une austérité encore plus drastique en Grèce. On pouvait alors remarquer que son salaire annuel et autres frais d’indemnisation divers et variés lui permettaient de maintenir un train de vie encore plus confortable que celui du président américain. Qu’elle ne paie même pas d’impôts rend son plaidoyer contre les fraudes fiscales de simples actifs en Grèce d’autant plus hypocrite.
Tous ceux qui prétendent qu’un ajustement des salaires aux prix augmentant sans cesse est un problème ou qu’une diminution des allocations de chômage pousse un chômeur à retrouver un emploi plus rapidement feraient mieux d’essayer de vivre avec un salaire plus modeste ou avec une allocation de chômage de 484 euros en tant que cohabitant légal. Ce sont là des montants que Mme Lagarde et autres hauts dirigeants associeraient plus à une petite sortie au restaurant qu’à un mois de salaire.
Le discours d’austérité du FMI est dépassé et montre sa faillite en Europe méridionale. Si nous laissons faire ces hypocrites, nous courrons directement d’un désastre social à un autre. Depuis les tours d’ivoire de l’establishment, nos vies sont mises en jeu et une campagne de propagande discrédite tout qui ose remettre en question les décisions prises en haut lieu. Laisserons-nous nos acquis sociaux s’effondrer peu à peu sous l’égide d’hypocrites tels que ceux du FMI ou allons-nous aux côtés de la majorité, les 99%, organiser la lutte contre ces attaques? L’enjeu est grand et, en ce qui nous concerne, la réponse est claire.
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La fin du cordon sanitaire en Flandre ?
En Flandre, le Vlaams Belang ne participe nulle part à une coalition sur le plan local. Mais, dans un certain nombre de communes, la porte est toutefois ouverte. A Denderleeuw, il est même question d’un soutien extérieur du Vlaams Belang à une coalition communale. Dès lors qu’il s’agit de la lutte pour de petits postes, le seuil de tolérance à l’extrême droite change soudainement. Est-ce qu’il faut y voir la fin du cordon sanitaire ?
Le PSL n’a jamais eu d’illusions sur la possibilité de bloquer l’extrême-droite tout simplement avec un ‘‘cordon sanitaire’’, principe selon lequel aucun parti flamand n’accepte de s’allier au Vlaams Belang, quel que soit le niveau de pouvoir. Mais nous avons toujours soutenu que l’arrivée de l’extrême-droite à un niveau de pouvoir était pleine de dangers. Dans le prolongement de sa logique de division, le Vlaams Belang est un parti opposé à toutes les organisations du mouvement ouvrier, et ses militants peuvent aussi à l’occasion assurer physiquement l’application de leurs idées dans les rues. Entretenir des discussions avec le Vlaams Belang pour obtenir certains postes renforce évidemment la confiance des milieux d’extrême-droite.
Après avoir subi de lourdes pertes lors des dernières élections communales, ce parti d’extrême droite peut maintenant utiliser cette situation pour reprendre un peu de vigueur. Alors que plusieurs de ses membres sont partis vers la N-VA a accueilli pour devenir échevin communal, le parti a pu triomphalement réagir en affirmant être impliqué dans des discussions dans une douzaine de communes, en plus de la possibilité du soutien du VB à une coalition de la N-VA et du CD&V à Denderleeuw. Dans les autres communes (Bruges, Liedekerke, Westerlo, Zandhoven, Buggenhout, Lebbeke, Steenokkerzeel,…) des accords ont été conclus pour les conseils de police et / ou de CPAS.
Il n’y a pas que la N-VA qui a conclu des accords avec le Vlaams Belang. Cela pose visiblement peu de problèmes au CD&V et à l’Open VLD. Rik Torfs, sénateur CD&V, Rik Torfs, a déclaré dans les médias que le cordon sanitaire avait eu des ‘‘conséquences dévastatrices’’, était ‘‘épuisé’’ et qu’il valait mieux s’en débarrasser. Son camarade de parti engagé dans des accords avec le VB à Steenokkerzeel pour un partage des postes au conseil CPAS local a toutefois pointé du doigt les raisons réelles de toute cette discussion : la priorité est à la ‘‘maximisation du nombre de mandats pour mon parti.’’ Dès lors que le principe du cordon sanitaire est un frein à l’obtention de postes, donc, il peut être brisé.
À l’heure actuelle, les choses sont particulièrement tendues à Denderleeuw, où deux blocs qui se font face. Le CD&V et la N-VA envisagent d’accepter le soutien extérieur du Vlaams Belang afin de faire la différence contre l’alliance du SP.a et de l’Open-VLD. Aucun de ces deux camps n’a de majorité, ils ont chacun 11 des 25 sièges. Lors de la législature précédente, la majorité comprenait le cartel CD&V/N-VA et le SP.a mais, maintenant, le SP.a a conclu un accord avec les libéraux. Détail d’importance : le président local du SP.a était jusqu’à tout récemment Rudy DeLeeuw, par ailleurs président de la FGTB. Il joue encore un rôle actif dans la section locale de son parti.
Le dirigeant local du Vlaams Belang à Denderleeuw est Kristof Slagmulder, collaborateur du parti au Parlement européen et militant du Voorpost. Pour lui, il faut soutenir la coalition N-VA/CD&V, même si son parti n’obtiendra aucun poste, afin d’envoyer le SP.a dans l’opposition.
Cette question déborde largement des intérêts locaux de Denderleeuw. Avec un soutien extérieur, le VB ne va pas directement avoir de pouvoir au niveau de la gestion de la commune, mais cela servira indirectement d’instrument pour affaiblir le cordon sanitaire. Ce n’est aucunement un hasard si le président du VB, Annemans, a déclaré qu’il suivait de près la situation à Denderleeuw. Les prochaines journées seront décisives.
Au fur-et-à mesure que les partis traditionnels verront leur soutien s’éroder en conséquence de leur politique, la lutte pour les postes se fera plus dure. La pression sera plus grande encore pour commencer à collaborer avec le VB. La récente défaite électorale du VB sera utilisée comme argument destiné à faire croire que les dangers sont minimisés. Pour les partis établis, y compris la N-VA, tout ne tourne qu’autour des postes. Le Vlaams Belang parviendra à instrumentaliser cela pour construire son rapport de force. Même si le parti d’extrême-droite ne parviendra pas directement au pouvoir, cela regonflera la confiance de ses militants. Les antifascistes doivent s’y préparer !
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Une politique communale ‘‘de gauche’’, qu’est-ce que ça veut dire pour les partis traditionnels ?
En Flandre, la ville de Gand fait un peu figure d’exception, et la section locale du SP.a joue quelque peu la gauchiste (malgré la présence de Freya Van den Bossche, l’instigatrice des attaques contre les pensions du Pacte de solidarité entre les générations). Le bourgmestre Termont se dit ‘‘socialiste de gauche’’ et la section locale des Verts est notoirement considérée comme la plus à gauche de Groen. L’annonce de la création du cartel SP.a-Groen donnait donc la perspective d’une majorité absolue ‘‘de gauche’’, et ce fut le cas avec 26 sièges remportés sur 51. Derrière les mots, une fois la campagne électorale finie, qu’en est-il ?
Par Michael B (Gand )
Les 45,5% obtenus par le cartel SP.a-Groen ! expriment essentiellement l’aspiration pour une politique plus sociale. Mis ensemble, le PTB et Rood ! ont remporté 3,9%, ce qui signifie qu’un cartel tel que l’avaient demandé Rood ! et le PSL aurait permis d’obtenir un siège. Ces 6.000 votes soulignent la méfiance éprouvée envers les partis traditionnels.
Gand a été dirigée près de 25 ans par une coalition impliquant le SP.a et les libéraux. Termont a toujours laissé la porte ouverte à ses anciens amis du VLD durant la campagne. La majorité absolue du cartel a toutefois rendue inutile la reconduction de la coalition violette sous une formule impliquant les Verts, au grand dam de Termont pour qui la présence des libéraux a toujours été l’excuse de la trahison de ses promesses électorales.
L’accord communal contient 117 pages et plus de 800 mesures, dont la majeure partie reste très vague et se limite à des déclarations d’intention sans engagement. Certains points ont été repris des campagnes du PTB et de Rood ! Il est possible qu’une société communale d’énergie soit créée, ce qui était la principale revendication du PTB dans la campagne. Les critiques de Rood! concernant la gestion des déchets ont aussi été reprises, mais de façon déformée. Diverses promesses concernent encore le logement, la pauvreté, les crèches, l’enseignement, la politique environnementale, le développement des transports publics,…
Mais rien n’indique comment financer ces promesses. De plus, le cartel a repris des libéraux la promesse de ne pas augmenter les impôts. Les instruments disponibles pour que la commune aille chercher des fonds chez les entreprises et les banques ne seront pas utilisés et une forme d’impôt sur les hauts revenus est exclue également. Il est par contre question de poursuivre la politique de projets de prestige. Les candidats ont d’ailleurs reçu le soutien des promoteurs privés. Les familles propriétaires de la société Matexi ont par exemple donné 5.000 euros pour la campagne de Termont et 2500 pour celle de Siegfried Bracke (N-VA), histoire de ne pas mettre tous ses oeufs dans le même panier.
Le plus probable est que les efforts “sociaux” soient payés par une augmentation du prix des sacs poubelles, des places de parking, par une taxe sur les étudiants qui occupent une maison ensemble et par le recours plus systématiques aux Sanctions Administratives Communales. Là, tout de suite, c’est bien moins social…
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Les menaces d’austérité planent aussi sur le secteur culturel. Les artistes descendent dans la rue.
L’annonce récente de la part de la ministre de la culture Fadila Laanan d’une coupe budgétaire de 45% du Conseil d’aide aux projets théâtraux (CAPT) de la Féderation Wallonie-Bruxelles a été suivie d’une mobilisation du secteur des arts de la scène le 20 novembre dernier devant les locaux de la ministre. Lors de ce rasemblement, la Ministre de la Culture Fadila Laanan a reçu les membres du Conseildead (groupe d’artistes à l’initiative de la pétition qui a ressemblé plus de 12.000 signatures) ainsi que de représentants de la danse et des musiques non-classiques pour leur présenter ses propositions.
par Marissa et Nico M. (Bruxelles)
Le cabinet a depuis communiqué des nouvelles budgétaires, en remplacement de celles annoncées précédemment qui s’élevaient à 580.000€ d’économie à réaliser.
Les nouvelles propositions visent à maintenir l’enveloppe de l’aide à la création théâtre à 1.130.000€ et l’enveloppe de l’aide à la création danse à 425.000€ (montants ajustés 2012). Les enveloppes sont maintenues, mais le montant à économiser est également maintenu, seule la méthode pour atteindre ces économies a été revu. D’ailleurs le retour aux montants non ajustés et l’indexation des enveloppes ne semblent pas encore à l’ordre du jour.
Face à cette nouvelle situation, les travailleurs du secteur se sont donnés rendez-vous ce mercredi 5 décembre. Conseildead a appelé à un grand rassemblement de tout le secteur artistique devant le siège du Gouvernement de la Féderation Wallonie-Bruxelles. Le rassemblement a été une réussite et malgré la pluie le nombre de manifestants n’a pas faibli depuis le 20 novembre. Plusieurs orateurs ont réaffirmé la place de la culture au sein de la société: “nous sommes comme les métallos, les travailleurs de Ford Genk, les enseignants, les chômeurs, les grecs, les portugais,…” Ils sont aussi intervenus pour la solidarité totale de l’ensemble du secteur artistique, le refus des mesures d’austérité et la nécessité d’un refinancement public.
Il faut noter que cette amputation dans les budgets culturels, ainsi que toutes les mesures d’austérité prennent place en même temps que 5,5 milliards d’euros sont injectés au capital de Dexia, dont 2,9 milliards à charge de la Belgique. Déjà en 2008 le gouvernement avait sauvé le groupe bancaire. On peut constater que l’austérité ne fonctionne pas, comme l’expérience de la Grèce l’indique. Les mesures de crise déployées par le ministère de culture ne peuvent générer qu’une plus grande précarisation de tout le secteur et plus de chômage. En Grèce, en Espagne, l’austérité brutale n’a fait qu’approfondir les problèmes et donc toujours plus d’austérité.
Ce n’est pas aux travailleurs, régisseurs, artistes, comédiens, danseurs,… et aux spectateurs de payer pour une crise qui n’est pas la nôtre! Pour lutter contre l’austérité et pour l’emploi nous avons besoin d’un plan d’action combatif capable de rallier tous les secteurs en colère qui subissent l’austérité et les conséquences de la crise.
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Budget : de l’argent, il y en a, dans les poches du patronat !
Un budget est censé être une estimation des dépenses et des recettes du gouvernement pour l’année à venir. Mais c’est surtout la traduction, en chiffres, de la politique gouvernementale en matières économique, financière et sociale. En lisant un budget élaboré, on doit donc être capable de déceler l’orientation de la politique des partis au pouvoir, c’est-à-dire, en fait, quels intérêts ceux-ci défendent. Une fois de plus, avec ce budget fédéral, c’est on ne peut plus clair. Le bras politique de l’élite économique (avec, en prolongement, autant de doigts que de partis traditionnels) a toujours essayé d’assurer un budget qui puisse nourrir le fonctionnement du corps qui lui correspond. Imaginez dès lors quel budget pourrait être construit par le bras politique du mouvement des travailleurs et de la jeunesse.
Par Stéphane Delcros
- Budget de compromis ? Vaste blague !
- Budget : Une fois de plus, le gouvernement puise dans la poche des travailleurs
- Un budget sur mesure pour les marchés
Beaucoup pensent que l’économie et la politique sont trop compliquées pour être laissées dans des mains non-expertes. Cela ne sert en fait qu’à couvrir le fait que ces experts défendent l’intérêt d’une minorité dans la société : les 1% comme on les appelle, les 0,01% pour être encore plus proche de la réalité. Qui est mieux placé que la population elle-même, les travailleurs et leurs familles donc, ceux qui sont à la base de la production économique et qui sont ceux censés utiliser les biens et services ? Des représentants du mouvement des travailleurs et de la jeunesse trouveraient mille façons d’avoir un budget réellement orienté vers la satisfaction des besoins de l’ensemble de la collectivité. Leurs impératifs ne seraient pas dictés par la recherche du profit pour quelques grandes poches déjà bien remplies.
Les budgets que nous présente l’équipe Di Rupo, comme tous les gouvernements pro-capitalistes précédents, est fait de sous-investissements dans l’infrastructure, de dégraissages des services publics et de partage des richesses entre ceux qui ont déjà tout. Au nom de la ‘‘compétitivité de notre économie’’, des dizaines de milliers d’emplois sont supprimés, les salaires sont rabotés pour des charges de travail supplémentaires, sans parler de la qualité des ‘services’, elle aussi sacrifiée sur l’autel de la course au profit. Pour caricaturer l’Etat belge, on parle souvent de Société Anonyme Belgique, réduisant le pays à une unité économique capitaliste censée garantir le profit de ses actionnaires. Mais nous ne sommes pas des actionnaires.
Un budget centré sur les intérêts de la majorité de la population, serait d’obtenir l’argent là où il est. Et ce n’est pas chez nous. L’argent est pourtant bien là. L’Institut des Comptes Nationaux estime que la fraude fiscale représente 4% du PIB, soit 13,6 milliards d’euros. Le professeur Pacolet, de la KULeuven, pense qu’il s’agit plutôt de 10% du PIB, soit 34 milliards d’euros par an. Le salaire annuel moyen d’un PDG d’une entreprise du Bel-20 représentait en 2011 pas moins de 2,015 millions d’euros. On estime la fortune d’Albert Frère à 3,6 milliards de dollars. En 2011, les sociétés non-financières ont redistribué les trois quarts de leurs bénéfices à leurs actionnaires. Les 843 entreprises qui, en 2010, avaient réalisé plus de 10 millions d’euros de bénéfice (avant impôts) n’ont payé en moyenne que 5,7% de taxe.
Un budget devrait avant tout être un rassemblement des moyens disponibles pour la collectivité. L’ensemble des richesses produites, et non pas la répartition des miettes, devrait servir à assurer l’infrastructure nécessaire, à garantir le meilleur fonctionnement de tous les services à la collectivité, à permettre la satisfaction des besoins de tous. Un tel partage des richesses permettrait aussi d’améliorer sans commune mesure l’accès aux soins de santé, aux crèches,… Les nouvelles technologies pourraient enfin être mises au service de la défense de notre environnement et de l’élargissement de nos temps libres, plutôt que de grossir les rangs du chômage.
Un vrai budget devrait partir des besoins de la population, et il n’en est rien aujourd’hui. Il est nécessaire de renverser le rapport de force, de permettre aux travailleurs de bénéficier de leur bras politique qui, bien utilisé, peut s’avérer extrêmement fort.
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Budget de compromis ? Vaste blague !
On ne parle dans les faits que d’un compromis entre ceux qui sont favorables à ce que la grande majorité de la population doive perdre son niveau de vie et qui ne se dispute que sur les modalités de ce processus. Selon le Vice-Premier ministre et le Ministre fédéral de l’Économie Johan Vande Lanotte (SP.a), si le patronat (une partie plus précisément) jette l’anathème sur ce budget, cela illustre qu’ils sont aussi réellement touchés. Les mesures qui les affectent sont pourtant toujours aisées à éviter, et il n’est de toute manière question que de cacahuètes, largement compensées par les nouvelles diminutions de charges tandis que se poursuit le braquage permanent des finances publiques (déduction des intérêts notionnels,…).
Par Anja Deschoemacker
Le PS affirme avoir pu éviter un saut d’index ou encore que la majorité de la population est préservée avec ce budget : ‘‘Sans nous, tout aurait été pire encore’’. Mais il fallait surtout éviter un saut d’index, car cela aurait immédiatement enclenché une lutte massive de la part du mouvement ouvrier organisé. Il leur fallait l’éviter. Mais ils ont réussi à fortement attaquer le pouvoir d’achat et les conditions de vie de la grande majorité de la population.
La modération salariale est une habitude vieille de plus de trois décennies. Avec les sauts d’index imposés par les gouvernements chrétien-démocrates / libéraux tout d’abord. Mais cela avait signifié la fin de la paix sociale. Le CVP et le PSC (les ancêtres du CD&V et du CDH) n’avaient plus sous contrôle la CSC chrétienne. Fin ’80, la social-démocratie est montée au pouvoir (elle s’y est accrochée depuis lors). La modération salariale imposée par ces coalitions rouges-romaines (sociaux-démocrates et chrétiens-démocrates) – norme salariale, gel salarial et index-santé – a eu un effet plus profond et permanent. Les directions syndicales ont pu freiner les massives mobilisations syndicales, et finalement les arrêter, avec l’argument qu’il s’agissait du ‘‘gouvernement le plus à gauche possible.’’
Après, ont suivi les coalitions violettes (la social-démocratie alliée aux libéraux), engagées sur cette même voie. Ensuite, ce fut le chaos, il est devenu de plus en plus difficile de former un gouvernement, essentiellement en conséquence de la baisse de soutien pour les grands partis de la bourgeoisie suite au démantèlement social ressenti par la grande majorité de la population et au sous-financement de la sécurité sociale, des services et de l’infrastructure publics. Durant toute cette période, les travailleurs ont continué de contribuer à la sécurité sociale et de payer leurs impôts tandis que les patrons étaient sous une pluie battante de diminutions d’impôts et de baisse des contributions sociales.
En 2009-2010, les salaires n’ont pu augmenter que de 250 euros net par an (en plus de l’index-santé), en 2011-2012 il s’agissait de 0,3% de plus. Parallèlement, les diminutions de charges patronales ont grimpé ce 15 dernières années jusqu’au total ahurissant de près de 10,5 milliards d’euros par an. Et ce serait aux salaires de connaître une modération pendant que les profits et les revenus de capital crèvent le plafond ?
Les patrons crient et hurlent que ce n’est “pas assez”. S’il y a bien une chose à retenir de ces trente dernières années, c’est qu’ils n’en ont jamais assez. En Grèce et en Espagne, où plus de la moitié des jeunes sont au chômage, ils continuent à revendiquer l’austérité, pas sur eux, mais sur les travailleurs et les pauvres. Les avoirs des grandes entreprises et des propriétaires de capital sont sains et saufs, placés sur des comptes bancaires hors de portée du fisc. Essayez de voler une bouteille de lait au supermarché, vous verrez comment on vous traitera. Mais s’il est question de milliards cachés des impôts, on vous demandera gentiment de bien vouloir faire revenir tout ça, en payant moins que ce qui était initialement prévu.
Les riches et les grandes entreprises sont-ils préservés pendant que la ‘‘classe moyenne flamande’’ paye les pots cassés, comme le dit la N-VA ? Oui. En Belgique, comme ailleurs, les petits commerçants sont fortement touchés par la crise, mais au même titre que les travailleurs et les allocataires sociaux. Ils font partie de ce large groupe social qui ne peut tout simplement pas fuir les charges qui leurs sont imposées. Leurs revenus sont, de plus, frappés de plein fouet par la baisse de pouvoir d’achat des travailleurs. Mais avec les recettes de la N-VA et des organisations patronales flamandes, la majorité des petits indépendants ne s’en tirera pas mieux. Tout comme les grands partis, la N-VA part de l’idée que les avantages sont pour les riches et les grandes entreprises et les charges pour les travailleurs. Elle hurle bien que la classe moyenne flamande est touchée par les mesures actuelles, mais elle défend une réelle diminution salariale (avec saut d’index et adaptation fondamentale du mécanisme d’indexation) ainsi que le démantèlement total de la protection sociale, ce qui minerait encore davantage le pouvoir d’achat de la population, avec des effets encore plus profonds pour la classe moyenne.
Si les 99% de la population veulent mettre fin à l’appauvrissement et au manque de bonnes perspectives pour l’avenir, il faut que le règne des 1% soit brisé. Les hurlements de la N-VA sur la ‘‘classe moyenne’’ masquent sa servilité à l’égard des intérêts des plus riches de la société et des patrons (et petits patrons) dans le secteur de l’exportation qui n’en ont rien à foutre du pouvoir d’achat de la population belge. Le seul groupe de la société qui peut mettre fin au hold-up de la population, c’est la classe des travailleurs.
Au moment d’écrire ces lignes, les syndicats se penchent toujours sur les détails du budget, leur analyse sera publiée après l’envoi de ce journal à l’imprimerie. Ils doivent rejeter ce budget et refuser toute modération salariale. Ils doivent mobiliser leurs troupes et arrêter de faire comme si nous étions toujours en situation de ‘‘paix sociale’’. Avec le gel salarial et les menaces ouvertes d’un saut d’index (qui peut encore surgir lors d’un contrôle budgétaire), la guerre est déjà déclarée.
Il nous faut un plan d’action qui informe, implique et mobilise la grande majorité des travailleurs. Cela marchera encore mieux si un instrument politique est créé pour renforcer la classe ouvrière. La faiblesse provoque l’agression. Chaque modération salariale acceptée n’a jamais conduit qu’à une nouvelle modération salariale. Arrêtons cette spirale avant de devoir travailler aux mêmes salaires qu’en Chine !
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Être jeune n’est pas une incivilité ! NON aux SAC !
stop à la criminalisation des jeunes !
Récemment, la ministre Joëlle Milquet (qui se dit ‘‘humaniste’’, ce qui ne manque pas de piquant) a diminué à 14 ans l’âge minimum pour pouvoir être astreint à une Sanction Administrative Communale (SAC). Le montant maximum de cette amende est passé à 175 euros pour les mineurs et à 350 euros pour les adultes. Les bourgmestres prétendument ‘‘socialistes’’ de Gand et d’Anvers (l’ancien) ont montré leur vrai visage en proposant de porter l’âge minimum à 12 ans. Quelle est la prochaine étape ? Donner des amendes dans les crèches ?
Par Mathias (Gand)
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La résistance collective peut arrêter les amendes SAC
En 2009 le conseil communal de Gand a décidé d’abolir la taxe combi (sous forme de SAC) pour les manifestations. Le 10 novembre 2009, des dizaines de jeunes manifestants antiracistes et des passants furent arrêtés après une manifestation. Arrêtés sans raison, après coup, ils avaient tous reçus une amende SAC. La résistance contre ces amendes a été tout de suite organisée avec un large soutien. Une centaine de manifestants avait protesté devant le conseil communal et des pétitions avaient circulé parmi les étudiants.
La question a reçu l’attention des médias et la ville a dû se distancier des actions de la police et des SAC en cas d’action collective.
Cette victoire partielle montre bien que la lutte organisée peut donner des résultats.
Ce mercredi 28 novembre, à Ixelles : Protestations de la Ligue des Droits de l’Homme contre les Sanctions Administratives Communales. 13h Maison Communale d’Ixelles (Chaussée d’Ixelles168, Bruxelles)
[/box]Avec ces Sanctions Administratives Communales, les autorités locales peuvent remplir leurs caisses avec une réglementation qui leur est propre et varie d’une commune à l’autre. Selon ce que le collège communal décide de considérer comme une nuisance, des amendes peuvent être données pour avoir traîné en rue, s’être mal assis sur un banc public mais aussi pour avoir protesté et manifesté. Les jeunes sont ainsi considérés comme des criminels au moindre faux pas, sans beaucoup de possibilité de recours.
L’arbitraire des amendes SAC est officiellement justifié par l’argument que les petites nuisances déplaisent fortement à la population. Mais ces amendes ont également été infligées à plusieurs reprises à des manifestants qui protestaient contre l’establishment. Au regard de ce qui se passe dans bien d’autres pays, il n’est pas surprenant de voir que la Belgique augmente son potentiel répressif. L’opposition grandissante à l’aggravation de la crise économique et à ses conséquences antisociales doit être réprimée. Quant aux jeunes, qui forment de plus en plus une ‘‘génération perdue’’ faute de perspectives d’avenir, ils doivent apprendre à se taire et à rester tranquille. Sinon, Sanction Administrative Communale.
Les grands fraudeurs fiscaux ne font pas l’objet de pareille attention, ce qui clarifie de suite quelles sont les priorités du gouvernement. Et les fraudeurs fiscaux, quand ils finissent enfin à avoir des ennuis, ont droit à une procédure judiciaire en bonne et due forme avec un jugement, ce qui n’est pas le cas des victimes des SAC. Dans ce dernier cas, c’est à la commune de décider des règles, de la sanction et même du recours contre celle-ci. Les autorités sont donc juges et parties, sous prétexte que notre système judiciaire manque de moyens. Voilà une nouvelle manière de justifier une atteinte à nos droits démocratiques !
La politique de casse sociale conduit à une augmentation du chômage. Avec un chômage à 14% parmi la jeunesse, nous n’atteignons pas encore les taux connus en Espagne ou en Grèce, mais l’augmentation est réelle. Depuis le début de la crise économique, il y a eu au moins 5,5 millions de jeunes chômeurs de plus en Europe. Cette situation va de pair avec la dégradation des services publics et des établissements pour jeunes, avec l’augmentation des frais de logement et le manque d’emplois décents. La situation semble être désespérée. On parle même d’une ‘‘génération perdue’’ qui n’a pas sa place dans la société. Il s’agit d’un excellent vivier pour la violence et les agressions.
Les amendes SAC frappent plus particulièrement les plus pauvres. Avec un salaire mensuel de plus de 11.000 euros, la Ministre Milquet peut offrir à ses enfants bien plus que les 20% d’enfants qui grandissent dans la pauvreté. Pour ces derniers, une amende de 175 euros est un poids sur le budget de la famille. Bien sûr qu’il faut s’en prendre à la criminalité, aux nuisances et aux incivilités. Mais il est contre-productif de criminaliser les jeunes et les pauvres. Ce qu’il faut, c’est une politique sociale qui vise à donner à chaque jeune un avenir en investissant suffisamment dans des emplois de qualité, dans des structures de loisirs, dans un enseignement gratuit et de qualité,… Chaque commune peut prendre ses responsabilités à ce niveau. En outre, les nuisances et incivilités doivent déboucher sur la médiation et le dialogue, et non pas unilatéralement sur la répression.
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Budget : Une fois de plus, le gouvernement puise dans la poche des travailleurs
Un débat a fait rage des semaines durant au sein du gouvernement : comment diable continuer à faire payer la crise aux travailleurs ? Là, ça y est, ils ont trouvé un ”compromis”. Nos conditions de vie sont en ligne de mire, nos services publics vont à nouveau souffrir et notre sécurité sociale va en prendre un sérieux coup. Histoire de prétexter l’existence d’un ”équilibre”, une petite contribution sera demandée aux grandes entreprises.
Le gouvernement a rendu superflu le dialogue social concernant la norme salariale. Lors des négociations précédentes, c’est à peine s’il y a eu une augmentation en plus de l’index, mais même cela est hors de question aujourd’hui. Le mécanisme d’indexation lui-même sera de nouveau modifié, mais pour en limiter l’effet alors qu’il devrait être au contraire adapté pour réellement refléter le coût réel de la vie pour les familles ordinaires. Mais cela ferait évoluer l’index trop rapidement. Saper le mécanisme d’indexation et refuser la moindre augmentation de salaire en plus de l’index, cela signifie très concrètement de s’en prendre frontalement à notre niveau de vie.
Ce fameux dogme libéral selon lequel une réduction des salaires ou une augmentation de la flexibilité est de nature à créer de l’emploi est un mensonge. La multinationale Ford nous l’a encore démontré à Genk. Les travailleurs y avaient accepté une réduction de salaire de 12%, cela n’a en rien protégé l’emploi, bien au contraire. Pourtant, ce vieux truc est encore et encore servi dans les médias comme une évidence. Après cette tournée d’austérité budgétaire, suivra une discussion sur la flexibilité. Cela impliquera de travailler plus pour le même salaire, un salaire miné par les mesures décidées par le gouvernement.
Les attaques contre l’index entraînent d’autres attaques contre le niveau de vie des travailleurs. A l’époque de Dehaene, ”l’index-santé” a été introduit, et des produits comme l’alcool et le tabac ont été retiré du panier de référence pour calculer l’index. Il ne s’agissait en aucun cas de se préoccuper de notre santé, mais de pouvoir augmenter les impôts sans que cela ne se répercute sur nos salaires. Maintenant, les hausses de taxes sur l’alcool et le tabac représentent environ 100 millions d’euros. Les éléments les plus lourds en termes d’économies sont à nouveau supportés par les travailleurs et leurs familles. Les chemins de fer, les services postaux et d’autres entreprises et services publics devront économiser 700 millions d’euros. Pareil pour la sécurité sociale.
Il est suggéré que les entreprises devraient elles aussi contribuer à l’effort. On parle d’un impôt sur les bénéfices des holdings, d’un impôt sur les plus-values sur actions et d’une révision (très limitée) du mécanisme de la déduction des intérêts notionnels. L’essentiel de l’opération se fait donc très clairement au détriment des travailleurs. S’en prendra à la sécurité sociale, au moment où les listes d’attente sont partout interminables ? S’en prendre aux services publics, au moment où la prestation de service est déjà insuffisante en raison du manque de moyens ? Et à notre pouvoir d’achat ? Combien donc aurons nous à subir de ”chocs de concurrence”, en Belgique et dans les autres pays ? Jusqu’au point où ne serons tous Grecs ?
Les recettes du gouvernement ne permettront pas de renouer avec la croissance économique. Il faut répondre et riposter de toute urgence contre toute cette propagande contre nos salaires et nos conditions de travail. Luttons pour protéger notre niveau de vie ! Le potentiel est là. Malgré toute la propagande des patrons et du gouvernement, les sondages démontrent bien que la grande majorité de la population veut aller chercher l’argent dans les poches des super-riches et que l’opposition aux attaques antisociales est massive. La tâche qui nous fait face est d’organiser la colère avec un bon plan d’action contre l’austérité et pour l’emploi.