Category: National

  • Une politique scientifique qui n’entraîne aucun progrès social

    Les moyens publics pour la recherche et l’innovation sont surtout orientés vers un groupe très select d’entreprises qui encaissent les subsides et suppriment pourtant des emplois. Une réponse de la Ministre flamande de l’Innovation, des Investissements publics, des Médias et de la Lutte contre la Pauvreté Ingrid Lieten (SP.a) à une question posée au parlement flamand a démontré que 59% des subsides attribués entre 2002 en 2011 sont arrivés dans les caisses de dix grandes entreprises qui, dans la même période, ont supprimé 6.600 emplois. Il s’agit entre autres de Janssen Pharmaceutica, Alcatel-Lucent, Philips, Umicore, Bekaert, ON Semiconductors et Agfa. Du côté francophone, nous ne disposons pas de chiffres, mais, là aussi, Jean Claude Marcourt, Demotte & Co accentuent le développement du soutien au secteur de l’innovation. Pour stimuler l’emploi bien sûr…

    Par Tim (Bruxelles)

    “Ecosystèmes et emplois indirects”

    La ministre Lieten a bien été forcée d’admettre que ces données étaient spectaculaires, en rajoutant toutefois très vite que les subsides pour l’innovation et la recherche ‘‘ne servent pas seulement à créer l’emploi chez les entreprises soutenues’’, que les ‘‘écosystèmes et les emplois indirects’’ sont également importants. Il faut autrement dit tenir également en compte les activités économiques des fournisseurs et des clients de l’entreprise en question. Le revers de la médaille, c’est bien sûr le fait qu’avec la fermeture d’une grande entreprise, c’est tout son ‘écosystème’ qui est menacé. Les fermetures et les licenciements chez Ford, ArcelorMittal ou Catterpillar entraînent déjà une importante dislocation économique dans des régions entières.

    Les dossiers introduits par les entreprises pour recevoir des subsides pour la recherche et le développement sont tenus secrets. Nous ne disposons donc d’aucune donnée publique sur la manière dont ces entreprises calculent les retombées économiques et sociales de leurs investissements. C’est bien dommage. Tout ce que nous savons avec certitude, c’est que l’agence flamande pour ‘‘l’Innovation par la Science et la Technologie’’ (IWT) distribue chaque année environ 110 millions d’euros de subsides à des entreprises qui organisent des bains de sang sociaux. Un certain contrôle serait peut-être le bienvenu…

    “Valeur ajoutée”

    L’IWT soutient en principe des projets dont la valeur ajoutée est au moins 25 fois plus grande que le subside attribué. Pour chaque euro de subside, l’agence s’attend donc au moins à 25 euros de valeur ajoutée. Dans certains cas, cet objectif peut être réduit à 10. ‘‘Valeur ajoutée’’ étant une description assez vague, l’IWT ne prend en compte que les frais salariaux prouvés et les amortissements sur investissements. On ne regarde pas seulement à l’emploi supplémentaire, mais aussi aux jobs qui seraient délocalisés ou rayés de la carte faute de subside ainsi qu’aux investissements et aux emplois chez les fournisseurs, les institutions de recherche et les clients.

    Puisque cette description de ‘‘valeur ajouté’’ reste floue, comment calculer si plus d’emplois seraient perdus sans subsides ? De plus, si une ‘‘valeur ajoutée’’ est réalisée au sein de l’Espace économique européen, les subsides ne peuvent légalement pas être récupérés. Si, par exemple, une entreprise comme Bekaert reçoit des subsides des autorités pour, par après, délocaliser sa production en Slovaquie, on ne peut légalement rien y faire…

    VOKA : le problème est la recherche publique

    Avec ces chiffres qui donnent à réfléchir, on pourrait s’attendre à un minimum de modestie de la part du patronat. Ce n’est pas leur point fort. La fédération patronale flamande VOKA a lancé la contre-attaque en dénonçant le fait que la plupart des investissements publics dans la recherche tombaient dans les caisses d’organisations publiques de recherche (comme les universités) sans qu’il n’existe de ‘‘retombée positive à long terme.’’

    Au lieu d’accorder des budgets aux universités, hautes-écoles et autres institutions publiques de recherche, les petits patrons flamands veulent que le gouvernement n’investisse que dans la recherche qui a un impact économique immédiat. Une telle politique aurait signifié de ne jamais connaître bon nombre d’inventions qui font aujourd’hui notre quotidien. De plus, les institutions publiques de recherche créent directement des emplois et des investissements dans l’infrastructure. Les institutions publiques de recherche ne connaissent en effet pas le phénomène des énormes profits à verser en dividendes aux actionnaires…

    De plus, il est faux de dire que la majorité des moyens sont alloués aux institutions publiques. En 2011, l’IWT a distribué 232 millions de subsides pour la recherche et l’innovation, dont 144 millions au privé et 88 millions pour les institutions publiques ! Une partie des subsides au privé revient toutefois aux universités et aux hautes-écoles qui mettent à disposition des entreprises leur infrastructure ou leur capacité de recherche, en tant que ‘‘partenaire de recherche’’. Ainsi, 48,4% des moyens versées par l’IWT vont vers les institutions publiques. Avec ces moyens, ces institutions ont créé plus de 1.500 emplois ! C’est tout le contraire des entreprises privées.

    La problématique plus large

    Le manque d’investissements dans la recherche et développement est général. En 2002, l’Union Européenne s’était fixée pour objectif d’atteindre la ‘‘norme de 3%’’ en 2010 : les investissements publics dans la recherche et le développement devaient atteindre 1% du PIB, les investissements privés 2% du PIB. En Flandre, seulement 2,12% ont été atteint – du côté francophone, la situation est pire encore – et le secteur privé est davantage en retard que le secteur public. Parmi les pays voisins, seuls les Pays-Bas font pires que nous.

    Cela n’est pas une coïncidence. Sous le capitalisme, les entreprises n’investissent que lorsqu’elles peuvent réaliser des profits à relativement court terme. Une technologie socialement utile mais qui ne rapporte pas suffisamment de plus-value économique ne présente pas d’intérêt suivant cette approche. C’est la conséquence logique de la propriété privée des moyens de production : les capitalistes sont mutuellement en compétition, et essaient d’obtenir un rendement maximal avec leurs investissements privés. En période de crise, la spéculation et les transactions financières sont plus rentables que la recherche et le développement de la production et des activités économiques réelles. Le capitalisme se heurte à ses propres contradictions : la propriété privée des moyens de productions a atteint ses limites.

    Pour une vision socialiste

    Un véritable programme socialiste doit se fixer pour objectif de libérer la recherche et l’innovation du carcan de la propriété privé. La nationalisation des 500 plus grandes entreprises de ce pays, et leur mise sous contrôle démocratique de la collectivité, amènerait une énorme richesse qui pourrait être utilisée dans la recherche et le développement. Nous pourrions ainsi fournir de véritables moyens au développement de technologies socialement utiles. Nous pourrions investir dans des bus, des trains et des voitures de qualité et écologiques, dans des maisons passives pour combler la manque de maisons sociales,… Il serait aussi possible de rassembler toutes les recherches sur le cancer et le SIDA au lieu de la fragmentation qui existe actuellement dans des dizaines d’entreprises.


    Nationaliser pour le progrès social et technologique

    En 2011, le projet de recherche “COMPLEX” a commencé, un projet de l’Université de Gand et de 7 partenaires industriels. Le projet examine la possibilité de transformer les entreprises d’assemblages de voitures en usines où l’on peut produire tant des voitures à combustion classique que des engins hybrides et électriques.

    Les possibilités des voitures électriques sont énormes. L’Université de Gand utilise déjà plusieurs voitures aux performances très similaires à celles d’une voiture avec combustion fossile. Mais aucune entreprise n’est prête à réserver un hall de production dans ses usines pour la fabrication de voitures électriques : le risque commercial est trop grand dans une situation de surproduction. Le projet COMPLEX apporterait une solution. Mais un des cas pratiques à l’étude est le hall de production de… Ford à Genk. La fermeture de Ford menace dès lors la poursuite de cette recherche…

    Pourquoi alors ne pas nationaliser l’usine et la faire redémarrer sous contrôle public ? L’entreprise pourrait ainsi être transformée en une unité de production et de recherche publique pour la mobilité. Les lignes de production pourraient être adaptées pour pouvoir également produire des bus et des trains. Sur base des résultats du projet COMPLEX, nous pourrions commencer assez vite la production de voitures électriques. L’acier nécessaire à cette fin pourrait être trouvé à Liège, et transporté par la Meuse et le Canal Albert, pour ne pas engorger les routes.

    Pour construire de nouvelles lignes de métro ou de tram, pour élargir la jonction Nord-Midi à Bruxelles, ou pour construire des pôles de recharge pour les voitures et bus électriques, des machines de construction pourraient être fabriquées à Gosselies, où Caterpillar vient d’annoncer 1.400 licenciements. Les machines de construction et l’acier pourraient également être utilisées pour la construction de maisons sociales passives, d’écoles et de crèches modernes. En nationalisant le secteur bancaire, et en le transformant en un véhicule d’investissements publics avec des garanties par le gouvernement, et sous contrôle public, les travailleurs et leurs familles recevraient un bon taux d’intérêt garanti sur leurs épargnes, et il y aurait des crédits à bon marché pour les maison particulières et pour les PME.

    Dans le cadre du système actuel, tout ceci est impossible. Mais les moyens pour une telle politique existent. Pensons seulement aux 30-35 milliards d’euros que des Belges ont illégalement planqués en Suisse, ou aux 92 milliards d’euros de profits des entreprises belges (2009). Aujourd’hui, ceci pourrait paraitre irréaliste, mais n’est-il pas plus irréaliste de continuer à assainir et de supprimer des emplois et des services publics quand des alternatives existent ?

  • Lutter pour gagner !

    Organisons notre combat avec un plan d’action offensif !

    Cela fait un moment déjà que nous faisons face à une avalanche d’austérité, à tous les niveaux de pouvoir. Le manque de moyens est devenu un cancer généralisé qui frappe les crèches, l’enseignement, les transports en commun,… et suscite la colère parmi la population. Parallèlement, le chômage continue d’augmenter et de plus en plus de gens peinent à joindre les deux bouts.

    La politique d’austérité n’est pas un remède pour la crise économique. Au contraire, son effet est d’empoisonner encore plus la situation. Pourtant, tous les politiciens traditionnels – du communal au fédéral – s’accordent à dire qu’il faut respecter cette prescription et ne pas en dévier. A ce sujet, une unité des plus parfaites règne entre eux. La plupart d’entre eux n’hésite pas à dire qu’il n’y a tout simplement pas d’autres moyens que l’austérité.

    Nous refusons de voir notre niveau de vie et l’avenir de nos enfants sacrifiés tandis qu’une infime élite amasse des sommes colossales et place frauduleusement d’importants montants dans d’exotiques paradis fiscaux. Les laisser faire aujourd’hui, c’est déjà accepter de leur livrer demain toutes les caisses de la collectivité, c’est se préparer à un nouveau hold-up légal.

    Contre l’austérité, il n’y a qu’un seul mot : résistance ! Aucune garantie de victoire n’existe. La seule chose dont nous pouvons être certains, c’est que sans engager la lutte, nous avons perdu d’avance. Ne rien faire serait un signe de faiblesse qui inviterait à de nouvelles agressions du camp des super riches.

    Le potentiel pour un combat déterminé est certainement présent. Le 21 février dernier, nous étions plusieurs dizaines de milliers à marcher dans les rues de Bruxelles tandis qu’une grande manifestation européenne s’est déroulée le 14 mars. A côté de cela, de plus petites actions n’ont pas manqué, dont un premier mouvement contre l’austérité au niveau communal à Saint-Nicolas. Malgré toute la propagande médiatique destinée à nous faire croire que toute résistance est inutile, le soutien pour des actions demeure très large.

    Mais pour pleinement saisir ce potentiel, nous devons organiser sérieusement notre lutte, avec un plan d’action clair, combatif et conséquent. Ce à quoi nous assistons aujourd’hui, c’est à une succession de manifestations et d’actions séparées les unes des autres, sans être encadrées dans un même plan d’action pour construire un rapport de force. Souvent, la manifestation se limite à une simple promenade sans conséquence. Dans d’autres cas, les actions ne sont que symboliques, avec des ‘‘flash mobs’’ ou des ‘‘Harlem Shakes’’. Cela peut être sympathique et utile, pour autant que cela soit intégré dans la construction d’un rapport de force avec une forte implication et une mobilisation de la base. C’est la seule manière d’éviter le gaspillage d’énergie et la démoralisation.

    Nous avons besoin d’un plan d’action offensif avec un programme clair et combatif, ce qui est à l’opposé d’une succession d’actions sans perspectives et sans clarté sur les objectifs et qui, au final, parvient à épuiser même les plus combatifs. Un plan d’action, c’est un bon plan de bataille qui permet de persuader les collègues, les voisins, les amis et la famille de s’engager à nos côtés. La meilleure façon de faire est encore de permettre la participation démocratique de la base pour préparer ce plan d’action, décider de ses modalités et en faire le bilan à chaque étape importante.

    Notre nombre constitue un de nos atouts les plus importants, que nous pouvons maximaliser en l’organisant autour d’un programme orienté vers l’obtention d’un véritable changement. Le contexte économique et politique actuel laisse de moins en moins d’espace aux demi-mesures et à la ‘‘concertation sociale’’. Soit nous acceptons que le gouvernement et le patronat détruisent progressivement nos conditions de vie, soit nous remettons en questions les bases mêmes du système pour construire une alternative. Disposer d’un réel plan d’action contre l’austérité et pour l’emploi est la première étape dans cette direction.

  • Week-end de congrès chez ECOLO et au PS : Le bal des Menteurs et des Hypocrites

    Alors que dans un peu plus d’un an se profilent des élections monstres (régionales, fédérales et européennes), le PS et ECOLO se sont lancés dans les grandes manœuvres pour se préparer à ces échéances. Il ne s’agissait pas à proprement parler de ‘congrès’. Pour nous, un congrès est une période de discussion démocratique organisée au sein d’un parti et impliquant tous les membres, période dont l’objectif est de disposer de l’analyse la plus juste de l’actualité et de ses perspectives pour pouvoir orienter le travail du parti. Dans le cas des deux partis établis, nous n’avons vu qu’un bal médiatique où le but recherché était avant tout de lancer leur campagne électorale et de décliner comment emballer, en rouge ou en vert, la catastrophe qui se dessine.

    Par Alain (Namur)

    L’emballage vert : l’éco-keynésianisme

    Les ECOLO ont tenu a rappelé lors de leur congrès qu’ils n’étaient pas pour un changement de société. Ils ont mis en avant leur matrice idéologique : l’éco-Keynésianisme et le protectionnisme.

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    Meeting pour une alternative à la gauche du PS et d’ECOLO Samedi 27 avril de 13h30 à 17h30 à la Géode, rue de l’Ancre – 6000 CHARLEROI (en voiture : sortie ‘expo’ sur le ring de Charleroi, en train, descendre à ‘Charleroi-Sud’) Plus d’infos

    • [DOSSIER] Pour un relais politique des luttes des travailleurs!

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      La crise structurelle détruit la planète, les conditions de vie de l’ensemble de la population et déstructure le tissu social et économique. Face à cela, les ECOLO proposent d’en revenir à un capitalisme des trente glorieuses. Sans voir que dans les années ‘70 la phase ‘Keynésienne’ de l’économie est entrée dans une crise de profitabilité qui a poussé les capitalistes et leurs politiciens à disqualifier ce modèle…

      Pour les pays capitalistes avancés, la période des trente glorieuses a permis – grâce à la lutte des travailleurs – d’obtenir des salaires intéressants, une couverture sociale forte, le développement des services publics, une redistribution des richesses créées par les travailleurs qui leur était moins défavorable qu’actuellement, également du fait d’une hausse raisonnable de la productivité et des taux de profit. Par contre, pour les pays du monde colonial et néocolonial, la situation ne s’est jamais apparentée à ce que l’on a connu ici. La misère et l’enfer colonial constituait la réalité d’une bonne partie de la planète. Vive le Keynésianisme…

      De plus, les dites 30 glorieuses ont été une catastrophe en terme d’impact du système de production sur la planète. Rajouter un préfixe ‘Eco’ ne suffira pas. Le système capitaliste est incapable de résoudre les problèmes environnementaux auxquels il est confronté. La relance verte, avec l’échec terrible des marchés CO2 sensés résoudre la problématique de l’émission de gaz à effet de serre. On peut aussi parler du secteur photovoltaïque qui, malgré le fait qu’il constitue un secteur technologique du futur à haute valeur ajoutée, subit la crise du fait de la concurrence et de la course aux profits.

      On le voit, les verts n’ont aucune solution face à la crise de ce système, à part emballer en vert la catastrophe qui vient !

      L’emballage rouge : le citoyen engagé

      Après 25 ans de participation gouvernementale, 25 années durant lesquelles le taux de pauvreté a augmenté, où la part des salaires dans le Produit Intérieur Brut a chuté, où les services publics ont étés laminés, où la privatisation des joyaux de l’Etat a bien avancé, où l’enseignement public a vu son nombre d’enseignement diminuer,… le PS a senti qu’il était temps de produire un emballage plus foncé.

      C’est une nécessité car, autrement, le risque est là de perdre des plumes sur sa gauche. Une autre question se pose : malgré le travail démiurgique du PS au service du patronat, ce nabab n’est jamais content et en veut toujours plus et plus vite. Un dossier spécial du journal Le Soir est récemment revenu sur les 25 ans au pouvoir du PS. Dans cette édition, le quotidien évoquait la possibilité que le PS soit envoyé dans l’opposition en 2014. Il est vrai qu’une partie de la bourgeoisie veut imprimer un tempo plus rapide à l’austérité, ce qui n’est pas la stratégie du PS, qui l’a encore répété dimanche par la voix de son président Paul Magnette : le PS est pour les assainissements mais ceux-ci doivent être étalés dans le temps. Cela permet en effet de faire passer la pilule plus facilement.

      La bourgeoisie veut passer nos acquis à la tronçonneuse, le PS veut lui utiliser la tondeuse ou la râpe à fromage. La taille de la lame diffère, mais c’est toujours les mêmes qui se font tondre. Le PS sait que son poids électoral et le réseau socialiste (l’action commune) le rendent incontournable dans la manière traditionnelle de faire de la politique. Il a d’ailleurs retissé les mailles de l’action commune en nommant Mabille (ancien président de Solidaris) au gouvernement. Jusqu’à maintenant, la direction de la FGTB fait toujours allégeance au Parti. Ceci permet au PS d’avoir un contrôle relatif sur le mouvement ouvrier organisé qui lui, avance en ordre dispersé.

      L’emballage de la catastrophe est donc rouge, mais la catastrophe est bien là. Le lancement de la campagne ‘citoyens engagés’ ne peut pas faire illusion. Engagé dans quoi… Et avec qui ? Avec des personnalités comme Eric de Keuleneer qui propose la suppression de l’augmentation barémique ? Avec Paul Magnette qui déclare que l’harmonisation des statuts doit se faire dans l’intérêt des patrons ? Avec Laurette Onkelinx qui est prête à sacrifier de l’index sur l’hôtel de compétitivité ? Avec tous les parlementaires PS qui votent tous les traités d’austérité européens ? Le PS cherche des citoyens engagés dans la destruction sociale.

      Enfin, le PS dit souvent que sans sa présence au gouvernement, les choses seraient pires. Mais dans les faits, sans sa collaboration active avec le patronat, ce dernier serait incapable d’appliquer des politiques aussi dures contre les travailleurs sans être directement confronté à une opposition massive de l’ensemble du mouvement ouvrier.

      Le mouvement ouvrier a-t-il besoin des ‘moustiques’ ou de bazookas ?

      Face à l’avalanche d’austérité et en l’absence d’un mouvement ouvrier fort, nous n’avons pas encore réussi à faire reculer les mesures de régressions sociales passées depuis que Di Rupo 1 est en marche. Malgré le fait que tous les secteurs de la classe ouvrière aient été attaqués plus d’une fois et que le patronat annonce encore de nouvelles attaques, plus dures, la classe des travailleurs peine à élaborer une stratégie gagnante.

      Le problème auquel nous faisons face est que le rapport de force est entièrement à l’avantage de la bourgeoisie. Cela s’illustre très bien par le débat actuel sur l’index. Le gouvernement veut magouiller l’index, avec des nuances selon les partis, tandis que l’opposition ECOLO veut préserver l’index, mais diminuer le coût du travail. L’ensemble des partis politiques au parlement sont dans la même matrice idéologique.

      Mais que changerait fondamentalement l’envoi de 3 ou 4 parlementaires de gauche radicale ? Il est clair que cela permettrait de mettre en lumière les luttes, de les populariser et de proposer d’autres alternatives mais, pour que ces parlementaires ne crient pas dans le désert, il faut que le mouvement ouvrier organisé modifie le rapport de force partout où il est attaqué : sur les lieux de travail où ceux qui résistent et qui luttent doivent faire face à la répression patronale.

      Il nous faut unifier là où le capitalisme cherche à diviser : travailleurs avec et sans emploi, avec ou sans papier, jeunes ou plus âgés, flamands, bruxellois ou wallons, verts ou rouges, ouvriers ou employés, du public ou du privé, hommes et femmes. Nous devons marcher ensemble pour imposer notre force collective.

      La constitution d’une force politique qui rassemblerait toutes les tendances opposées au néolibéralisme serait un excellent outil de débat et d’organisation des luttes. Dans le respect des sensibilités et de la représentativité de chacun, ce bazooka pourrait forcer n’importe quel gouvernement à changer de voie.

  • Médias : RTBF, travail précaire et qualité d’information

    Un nouvel hebdomadaire belge est né durant le mois de mars : Marianne (Edition belge). Peu de temps après la parution du premier numéro, une carte blanche très intéressante a été publiée sur leur site, dénonçant vigoureusement la ‘‘précarité organisée’’ des pigistes au sein de la RTBF, au cœur-même d’un service public, menaçant ainsi les droits sociaux et la qualité d’information.

    Article tiré de l’édition d’avril de Lutte Socialiste

    Un pigiste est un travailleur payé à la tâche (c’est-à-dire à une succession de petits contrats). Le développement du recours à ce système pose de nombreuses questions concernant la qualité de l’information : un journaliste rémunéré à la pièce aura plus de difficultés à enquêter sur un dossier sur le long terme. Il s’agit aussi d’une pression favorisant de travailler sur des sujets qui payent au détriment d’investigations approfondies. Sans encore parler de la pression patronale directe sur l’information puisqu’aucune garantie d’emploi n’existe. Une étude de la Fédération internationale des journalistes datant de 2006 s’était notamment penché sur le sujet : ‘‘Dans les pays où de nombreux journalistes sont employés dans le cadre de contrats à durée déterminée renouvelables indéfiniment, les réponses ne dissimulent pas que les journalistes sont soumis à des pressions pour que leurs articles soient moins acerbes, plus commerciaux et laissent entendre que les chances de renouvellement de leur contrat pourraient être en danger.’’

    La carte blanche des pigistes de la RTBF expliquait ainsi : ‘‘Jean-Pierre Jacqmin, directeur de l’information à la RTBF, répondait par ces mots à la question de savoir si la RTBF faisait un appel croissant aux pigistes : ‘‘Ce n’est pas une volonté structurelle mais comme le cadre est très juste, dès qu’une personne est absente, on doit recourir à des pigistes…’’ (…) Oui, la RTBF recourt à du personnel sous statut précaire : un recours d’ailleurs tellement fréquent et constant qu’il reflète bien, sans aucun doute, une volonté structurelle.’’ C’est même tellement structurel qu’un bureau d’agence d’intérim existe au sein même des locaux de la RTBF!

    Le collectif signataire dénonce ainsi l’usage, depuis des années déjà, de contrats à la journée, entrecoupés de contrats passés via une agence d’intérim pour ‘‘éviter que cette succession de petits contrats n’ouvre un quelconque droit à un contrat à durée indéterminée… Le système est bien organisé, et pour cause : loin d’être de petits remplacements occasionnels, ces piges sont nombreuses et occupent souvent la plus grosse partie de l’emploi du temps de ceux qui les prestent. Ce statut (…) rend les pigistes vulnérables en ne leur permettant pas de s’exprimer librement, et en les mettant en concurrence les uns avec les autres. ‘‘Si tu n’es pas content, tu peux aller voir ailleurs.’’ Ce statut crée aussi deux catégories de travailleurs : ceux qui ont droit à des jours de récupération et ceux qui n’y ont pas droit, et ce pour un même poste de travail. Diviser pour régner semble d’ailleurs être la seule politique des ressources humaines appliquée à l’ensemble du personnel de la RTBF, qu’il soit pigiste, contractuel, ou statutaire.’’

    Combien sont-ils à subir ainsi de telles conditions de travail en tant que journaliste, caméraman, preneur de son, cantinière ? Nul ne le sait, les ressources humaines de la RTBF refusant toute transparence à ce sujet.

    Les cheminots, postiers, fonctionnaires,… ne peuvent qu’être solidaires de cette situation qu’ils vivent au quotidien : l’arrivée massive des méthodes du privé dans le secteur public, dans un contexte d’opacité totale et d’insécurité sur l’avenir du service. Comme dans tous les autres services publics, la qualité de la prestation s’en ressent.

  • Pour une représentation politique des luttes des travailleurs !

    Meeting pour une alternative à la gauche du PS et d’ECOLO à Charleroi

    Construisons ensemble une alternative de gauche à la crise capitaliste

    Samedi 27 avril 2013, 13h30, à la Géode à Charleroi

    Voici un an, le Premier Mai, la FGTB CHARLEROI & SUD-HAINAUT dénonçait l’austérité et constatait que le PS et ECOLO n’étaient plus un relais politique aux revendications du monde du travail. Dans son discours, le Secrétaire Régional Interprofessionnel appelait à un rassemblement politique à gauche de ces partis pour rendre espoir et dignité aux travailleurs et travailleuses. Quelques semaines plus tard, le Secrétaire Général de la CNE s’exprimait dans le même sens. Plusieurs responsables syndicaux faisaient de même.

    • Evénement Facebook

    Tous ensemble contre l’austérité, la misère et l’injustice

    Les constats dressés par les organisations syndicales en 2012 sont plus que jamais d’actualité. Depuis 2012, la situation des travailleurs et des allocataires sociaux s’est encore détériorée. Alors que des milliers d’emplois risquent de passer ou passent à la trappe, ARCELORMITTAL, Caterpillar, Ford GENK, … le gouvernement continue la chasse aux chômeurs et le détricotage de la Sécurité Sociale. Les femmes sont les principales victimes. Les salaires sont bloqués, l’index manipulé, le temps de travail annualisé, les jeunes sont précarisés. À propos du Budget 2012, le Secrétaire Régional de la FGTB CHARLEROI & SUD-HAINAUT disait, le 1er mai, « Ce budget est à nos yeux un budget antisocial et antisolidaire. C’est de l’austérité pour de l’austérité. … des mesures qui touchent le monde du travail, actifs et inactifs, travailleurs du privé et des services publics, si souvent eux aussi la cible du politiquement correct. Dès lors qu’on laisse capital et grosses fortunes tranquilles ».

    Depuis 2008, partout en Europe et aux Etats-Unis, les banques ont été renflouées à coups de milliards, sur le dos de la collectivité, creusant ainsi les déficits publics. Nous sommes en 2013 et chaque « contrôle budgétaire » voit se répéter la chasse aux milliards. Croyez-vous que l’on a fait contribuer les entreprises et les grosses fortunes ? A Davos en janvier, le premier ministre, vantait les mérites des « intérêts notionnels » devant le gratin capitaliste mondial et se fendait d’un twit « de solidarité » avec les travailleurs d’Arcelormittal… En 2012, Arcelormittal a encore déduit 118 millions de ses impôts grâce aux intérêts notionnels. Avec 1,3 milliard de bénéfices en 2009 et 2010, il a payé 0 euro d’impôt. À la question : qui renflouera le holding Dexia ? La réponse est évidente : les finances publiques. À la question : qui paiera la note de la récession économique et de la dette publique ? La réponse est aussi évidente : le monde du travail.

    Ce système ne peut être réformé. Il doit disparaître!

    C’est ce que disait le Secrétaire Régional de la FGTB CHARLEROI & SUD-HAINAUT en 2012. « Combien de temps allons-nous encore, Camarades, nous laisser tondre la laine sur le dos ? Car, Camarades, c’est bien de cela dont il s’agit. Il nous faut mettre ce système capitaliste aux oubliettes de l’histoire. Ce système ne peut être réformé. Il doit disparaître. Mais se contenter de l’affirmer du haut de cette tribune ne suffit pas. Faut-il encore nous en donner les moyens et le relais politique pour concrétiser notre objectif ».

    Un relais politique d’un type nouveau qui rassemble, se nourrit des résistances sociales et qui les renforce : voilà en effet ce qu’il faut construire pour redonner espoir au monde du travail. Certains pensent qu’il serait possible de « peser » sur le PS et ECOLO pour qu’ils (re)deviennent des partis de gauche. C’est une illusion. Nous préférons inviter les militants de gauche du PS et d’ECOLO à nous rejoindre pour construire ensemble une alternative. On nous rétorque souvent « qu’en Belgique, le paysage politique oblige à composer ». Daniel PIRON répondait le 1er mai 2012 « qu’à force de composer, on se décompose, on se dilue. Et pour l’instant, c’est la gauche qui se dilue dans la droite ». Le résultat, ce sont les catastrophes sociales que vivent aujourd’hui les populations grecque, portugaise, espagnole, chypriote et irlandaise. Notre ambition n’et pas de composer et de nous diluer au pouvoir. Elle est de nous opposer jusqu’au moment où nous pourrons imposer une alternative digne de ce nom.

    Pour une alternative de gauche à la crise capitaliste

    Il est illusoire de penser qu’on peut réformer le capitalisme pour qu’il devienne un « bon » capitalisme de relance. Il faut donc être clair : il faut une stratégie pour sortir du capitalisme et le remplacer par un autre système qui satisfait les besoins de la population et préserve notre planète.

    Nous en appelons à toutes celles et ceux qui se reconnaissent dans cet appel, à tous les militants, tous les travailleurs, d’où qu’ils soient et qui partagent notre point de vue à nous rejoindre pour en débattre.

    Programme de la Journée:

    13H30 : Accueil.

    14H00 : Début des travaux. Introduction par D. PIRON, Secrétaire Régional FGTB CHARLEROI & SUD HAINAUT et Isabelle VANSCHOOR, Secrétaire principale CNE HAINAUT.

    • Rappel des motivations de l’appel du 1er Mai 2012 de la FGTB à construire une alternative à gauche du PS et d’Ecolo (D. PIRON). Travaux en cours.
    • En quoi la CNE se retrouve-t-elle dans l’appel du 1er mai 2012 de la FGTB ?

    14H30 : Témoignages de délégué(e)s.

    • Un délégué du Non marchand.
    • Un TSE.
    • Un délégué d l’industrie.
    • Un délégué des Services Publics.

    En quoi, les politiques menées par les gouvernements à participation socialiste, ont-elles des conséquences néfastes pour le monde du travail ?

    15H00 : Répartition des participant(e)s en groupe de travail avec un rapporteur et un animateur (du banc syndical).

    Invitation à répondre à deux questions majeures :

    A. Quels sont les terrains que les partis traditionnels, dits de Gauche, ont déserté et qu’il faudrait réinvestir ?

    B. Quelles suites donner à cette première, journée de rencontre et de réflexion à moyen terme ?

    16H00 : Pause café et lunch.

    Durant cette pause, les rapporteurs des groupes de travail se réuniront avec D. PIRON et I. VANSCHOOR pour préparer une synthèse d’ensemble à présenter en plénière.

    17H00 : Présentation par D. PIRON et I. VANSCHOOR de la synthèse générale en plénière.

    17H30 : Conclusions et contact avec la Presse.

  • ‘‘Socialisme 2013’’ : Une riposte socialiste contre le nationalisme

    Lors du week-end de discussion et de débat Socialisme 2013, il y aura deux commissions consacrées à la question nationale en Belgique et au nationalisme. Plusieurs pays d’Europe sont confrontés à une croissance du nationalisme, comme en Catalogne par exemple. La première commission sera concentrée sur le nationalisme en Europe à partir des exemples d’Irlande du Nors, d’Ecosse et d’Espagne. La seconde abordera plus spécifiquement la question nationale en Belgique dans le cadre des prochaines élections de 2014, avec Anja Deschoemacker.

    Samedi 13 avril, 15-17h30 – De l’Ecosse à la Catalogne, la montée du nationalisme en Europe.

    En 2014 un referendum aura lieu en Ecosse au sujet de l’indépendance. En Catalogne, la toute nouvelle majorité nationaliste au Parlement régional a voté pour l’organisation d’un tel referendum. Le regard de toutes les forces régionalistes et nationalistes est rivé sur ces développements. Sous la pression de l’approfondissement de la crise, parviendrons-nous à une situation où des pays européens vont effectivement commencer à désintégrer en régions différentes ? Qu’en pensent les marxistes, comment interviennent-ils dans ce débat et avec quel programme ?

    Cette commission aura pour orateurs Kevin Henry, membre du Socialist Party (parti-frère du PSL en Irlande du Nord), qui abordera la question de la remontée du nationalisme en Ecosse et en Irlande du Nord, et Juan Antonio Herdi, membre de Socialismo Revolucionario (parti-frère du PSL en Espagne), qui parlera des récents développements qui ont eu lieu en Catalogne mais aussi de la lutte de classe qui se développe en réaction à l’austérité brutale.

    Dimanche 14 avril, 10-12h. – Quel programme pour la question nationale en Belgique, en préparation aux élections de 2014 ?

    Dans son speech de nouvel an devant ces troupes, Bart De Wever a affirmé que 2013 était une année très importante pour le nationalisme flamand, une année où le confédéralisme est élaboré et préparé. Année importante aussi puisque les chiffres de l’année 2013 peuvent donner la date 1302, quand a eu lieu la fameuse Bataille des Eperons d’Or…

    Les médias et les grands partis politiques vont tout faire pour que le débat des élections de 2014 tourne exclusivement autour l’existence d’un Etat belge viable. Allons-nous vers une aventure qui peut conduire à l’autonomie de la Flandre ou les électeurs vont-ils voter contre une répétition du scénario de 2010, et donc préférer des ‘‘partis responsables’’ ? Mais le gouvernement qui sortira des urnes ne va pas se consacrer principalement à l’aspect institutionnel du vivre ensemble. Pour la première fois depuis longtemps, quatre années se succèderont sans aucune élection. La classe des travailleurs peut se préparer à une fameuse accélération de l’offensive concertée, unifiée et structurelle des gouvernements et du patronat contre nos acquis sociaux d’après-guerre.

    Anja Deschoemacker, membre de la direction du PSL, parlera du lien entre la nécessité d’une riposte du mouvement ouvrier pour préserver les restes de l’Etat-providence et de l’attitude que doivent adopter les marxistes au sujet de la question nationale afin d’éviter toute division au sein du mouvement des travailleurs.

  • “L’austérité ne fonctionne pas” : la bataille bat son plein entre économistes

    Que veulent les ‘nouveaux keynésiens’ ?

    Depuis plusieurs mois déjà, on entend de plus en plus de voix d’économistes critiquer les politiques d’austérité des gouvernements des Etats membres de l’Union européenne, allant jusqu’à créer une bataille entre économistes. Que disent réellement les différents économistes et, surtout, qu’en retenir pour les travailleurs et les jeunes ?

    Par Stéphane Delcros

    Beaucoup d’économistes restent bornés dans leur défense des politiques d’assainissements drastiques. Geert Noels (Econopolis) considère par exemple que l’austérité reste indispensable après des années de surendettement, de surinvestissement et de surconsommation : “Ou bien on corrige, ou bien on continue mais après les problèmes seront encore plus importants”.(1)

    Mais les économistes d’institutions financières tels que Belfius, Petercam, KBC et ING sont récemment sortis dans les médias avec un mot d’ordre: “Ne détruisons pas l’économie par l’austérité”. Ils accusent les institutions européennes d’être doctrinaires et fétichistes des normes budgétaires à court terme, faisant ainsi écho à certains économistes, comme Paul De Grauwe (KU Leuven et London School of Economics) et Joseph Stiglitz (prix Nobel 2001 et ancien vice-président de la Banque mondiale). Un rapport du FMI a même récemment reconnu que l’austérité est plus destructrice de croissance et d’emplois que prévu.

    “Mieux vaut des mesures structurelles”

    La plupart de ces économistes font partie du courant de pensée économique appelé le ‘nouveau keynésianisme’. Le keynésianisme était la politique économique dominante dans la période de reconstruction d’après-guerre (interventions massives de l’Etat dans l’économie, dépenses sociales élevées et tentatives de contrôler l’économie nationale). Sous la pression du mouvement des travailleurs, cette politique avait permis la réalisation de certaines réformes socio-économiques comme la sécurité sociale.

    Impossible évidemment d’en revenir aujourd’hui à de telles politiques, ce fût seulement possible grâce à la croissance d’après-guerre, désormais morte et enterrée avec la crise des années ’70. Mais certains veulent essayer de brider un peu mieux le libre marché par une accentuation des politiques fiscales et/ou monétaires en augmentant les dépenses publiques pour relancer la demande, et donc l’emploi et les salaires, quitte à accepter pour un temps l’augmentation des dettes publiques.

    Tout comme John Keynes, qui avait explicitement dit qu’il voulait préserver le capitalisme de la révolution, les nouveaux keynésiens n’ont pas pour objectif d’en finir avec l’économie de marché, mais croient pouvoir trouver les moyens d’en améliorer le fonctionnement. Il s’agit pour le moment de relancer la machine économique sans tenir compte de la réduction du déficit budgétaire afin d’assurer une sauvegarde du système économique. Dans un deuxième temps, il s’agira de voir où des assainissements seront nécessaires pour, à terme, pouvoir rembourser la dette. On voit déjà venir le débat sur l’indexation des salaires et évidemment, sur les pensions. D’ailleurs, “le véritable défi pour les finances publiques belges se situe dès lors à plus long terme, notamment au niveau du vieillissement de la population et des coûts qu’il entraînera.”(2) Merci à Bart Van Craeynest (Petercam) pour cet éclaircissement.

    De Grauwe, Stiglitz, Krugman & Co ne sont pas des économistes ‘de gauche’, ils remettent moins en question l’austérité elle-même que son rythme. “Mieux vaut des mesures structurelles” est leur mot d’ordre. Frank Lerman (Belfius) : “Il vaut mieux étaler les économies à réaliser sur un plus long terme.” Paul De Grauwe parle lui aussi en ces termes : “Dans les pays du Sud qui ont effectivement des problèmes, il faut évidemment se tenir à une certaine austérité. Mais il faut aussi pouvoir donner davantage de temps à ces pays pour qu’ils redressent la barre.”(3) Des politiques keynésiennes – ou allants dans ce sens – se heurteront vite aux limites du système capitaliste.

    Orienter la production vers la satisfaction des besoins de tous

    Ce dont nous avons besoin, c’est d’un programme massif d’investissements et de travaux publics. Pas pour relancer puis stabiliser l’économie de marché, en assurant le profit des capitalistes, mais pour assurer la satisfaction des besoins de la majorité de la population. Cette politique doit s’accompagner de la nationalisation des secteurs-clés de l’économie (finance, énergie, sidérurgie, transport, télécommunications,…) sous la gestion et le contrôle démocratique des travailleurs et de la collectivité, dans le cadre d’une planification économique démocratiquement organisée.

    Nous appelons un tel type de société une société socialiste démocratique. Tout autre projet de société, gardant la propriété privée des moyens de production comme prérequis, aura toujours pour objectif premier la défense des portefeuilles d’une petite élite.


    Notes

    1. RTBF.be, 19 novembre 2012.
    2. MoneyStore.be, 18 mars 2013
    3. Le Soir, 15 mars2013.
  • Pour le budget, on va chercher l’argent là où il y en a le moins…

    Pour la énième fois, le gouvernement fédéral est à la recherche de quelques milliards pour boucler son budget. On peut à nouveau s’attendre à une dizaine de mesures dont l’ensemble est destiné à donner l’impression que tout le monde contribue à l’effort, d’une manière ou d’une autre. Mais ce n’est que de la poudre aux yeux. A l’instar des fois précédentes, les responsables de la crise, les super riches, seront épargnés.

    Article par Bart Vandersteene. Article tiré de l’édition d’avril de Lutte Socialiste

    L’avalanche d’austérité se poursuit. Il est question de supprimer un jour férié. La récente allocation fédérale de rentrée scolaire pourrait, elle aussi, sauter. Il y aura moins d’emploi auprès des autorités fédérales. La SNCB devra se débrouiller avec encore moins de moyens, et ce ne sont pas les projets de prestige qui vont en pâtir, mais bien la prestation de services quotidiens. Les régions vont suivre la même voie, de même que les villes et communes. Partout, il y aura moins de moyens et de personnel pour tous les projets sociaux : petite enfance, aide aux personnes handicapées, écoles, logements sociaux,….

    Tous les partis établis s’accordent à dire que cette logique est inévitable. C’est à cause de leurs recettes néolibérales que nous sommes plongés dans la pire crise depuis des décennies, et leur solution c’est encore d’en rajouter une couche ! Ces dernières années, le budget a subi une érosion continue de par les cadeaux fiscaux octroyés aux patrons. Les dépenses pour la collectivité ont été rabotées tandis que toute une série de propriétés de l’Etat ont été mises en vente. Là-dessus s’est ajouté le coût du sauvetage des banques. Durant les cinq années qui ont précédé le début de la crise bancaire, les trois plus grandes banques du pays ont engrangé 43 milliards d’euros de profit, une somme essentiellement distribuée sous forme de dividendes ou investie dans des placements spéculatifs. Les profits ont été accaparés par le secteur privé, mais les pertes de ce petit jeu ont été refilées à la collectivité.

    Notre système économique et politique défend les intérêts des gros détenteurs de capitaux. Tous les moyens de propagande possibles et imaginables sont utilisés pour nous faire rentrer dans le crâne que leur domination est le ‘‘cours normal des choses’’. Mais leurs cris hystériques contre le début de la riposte du mouvement ouvrier illustre qu’eux aussi sont conscients des limites de leurs moyens. Nous ne devons pas nous décourager, et partir sérieusement à l’offensive pour la défense des intérêts de la majorité de la population.

    Ce combat doit se mener dans la rue et les entreprises, mais aussi sur le terrain politique. Nous soutenons ainsi les initiatives qui appellent à la création d’un relai politique large pour la colère et la résistance sociale. Mais le sommet syndical n’a pas encore rompu ses liens avec ses ‘‘amis’’ politiques néolibéraux. Une telle rupture combinée à un appel actif pour rassembler toutes les forces désireuses de construire une formation large et inclusive des travailleurs, des pensionnés, des chômeurs et des jeunes pourrait recevoir un écho formidable. Cela nous armerait pour faire face aux élections de 2014 avec une puissante alternative de gauche.

  • Luttons pour notre avenir !

    Crise sans fin, système en faillite

    L’Union Européenne et les pays qui la composent ont renouvelé leur trajectoire budgétaire. Pour la plupart des partis politiques, qu’ils soient sociaux-démocrates, libéraux, verts ou nationalistes, la politique d’austérité est la seule qui nous permettra de voir la lumière au bout du tunnel. Le président du conseil européen, Herman Van Rompuy, nous disait ainsi en 2011, dans son style inimitable : ‘‘Je suis un optimiste, quand cette crise sera derrière nous, on verra ce qu’on aura réalisé dans l’année 2010 et 2011 et ce que l’on vit maintenant comme un “annus horribilis” (une année horrible) sera un jour considéré comme un “annus mirabilis (année miracle).’’ Reste qu’au vu des réalités que vivent les masses laborieuses, si la lumière est au bout du tunnel, avec cette politique nous sommes à pied sur les voies et le train nous fonce dessus…

    par Alain

    Les lendemains n’ont pas chanté…

    Le premier trimestre de 2013 est achevé, et pour la majorité de la population aucune bonne nouvelle n’est à l’horizon. Il faut avoir du toupet pour aller dire aux Grecs, aux Espagnols, aux Portugais, aux Chypriotes ou plus près de chez nous aux travailleurs de Ford, d’Arcelor, de Carsid, de NLMK, de Caterpillar et aux presque 18.000 autres qui ont perdu leur emplois en 2012 que comme le dit la chanson, ça ira mieux demain.

    Mais pour Herman Van Rompuy, qui doit vivre dans une tour d’ivoire ‘‘très’’ mais alors là très loin de nos préoccupations, si on continue sur la voie de l’austérité (ce qu’il appelle la trajectoire budgétaire), l’économie redémarrera fin 2013 (interview radio donnée dans l’expresso de Matin Première du 18/03/13).

    Annus horribilis pour les travailleurs

    On annonce pour le premier trimestre de 2013 une chute de la production industrielle en Europe. La seule solution que l’on nous propose face à la crise, c’est la destruction de l’emploi et des capacités productives pour maintenir les prix, et donc les profits, ou la spéculation hasardeuse sur le gaz de schiste. L’emploi chute, dans tous les pays de la zone euro. Le pouvoir d’achat baisse, la pauvreté grimpe et le tissu social se désagrège. Pour ceux qui ont du travail, le stress et la pression deviennent presque intenables à en voir les chiffres des maladies liées au travail. Le pire dans tout ça, c’est que la relance tant espérée ne vient pas. Le remède tue, ou plutôt achève le patient.

    Il faut changer d’orientation politique

    Depuis 30 ans, on nous dit de faire des efforts afin de renforcer notre économie nationale ou de sauver notre modèle social. On le voit, la politique qui consiste à opposer les travailleurs entre eux via la compétitivité nous a conduits au gouffre. La part des salaires dans la valeur ajoutée a diminué dans l’ensemble des pays capitalistes avancés. Les seuls qui y ont gagné, ce sont les actionnaires et le patronat.

    Aujourd’hui, dans tous les pays de l’Union et bien au-delà, l’ensemble des travailleurs, des chômeurs, des pensionnées et des jeunes cherchent une alternative à la destruction qu’on leur impose. Nous devons reprendre le contrôle sur les grands secteurs économiques afin de réorienter la production vers les besoins sociaux. Pour cela, nous avons besoin d’organiser la discussion sur la meilleure manière d’en finir avec ce capitalisme pourrissant.

    Reconstruire un outil politique qui permette cette discussion devient chaque jour une tâche plus urgente.

  • Le régionalisme de gauche à nouveau à l’agenda ?

    Face à une Flandre dominée par des partis politiques de droite dure, certains pourraient croire que si la Wallonie (et éventuellement Bruxelles aussi) se gérait toute seule, on s’en sortirait mieux pour mener une politique plus à gauche et refuser l’austérité. Le sentiment régionaliste wallon pourrait resurgir dans la prochaine période et nous devons donc nous y préparer.

    Article de Ben

    Ce sentiment est renforcé par le discours du PS, qui cherche à masquer ses responsabilités derrière l’idée que ce sont les partis politiques flamands qui imposent les mesures d’austérité les plus dures. La question du régionalisme de gauche peut donc revenir a l’agenda. Mais soyons clair, l’austérité ne nous est pas imposée par la Flandre, mais par la classe dominante, c’est-à-dire le patronat et les politiciens qui lui sont lié. Les politiciens wallons sont tout autant convaincus de la nécessité de mener l’austérité que leurs collègues flamands. La stratégie et le timing pour appliquer cette austérité peuvent bien différer, les conséquences sont identiques. La résurgence du sentiment régionaliste wallon chez certains politiques et dirigeant syndicaux cachent mal leurs illusions dans le Parti ‘‘Socialiste’’.

    Du neuf avec du vieux

    Mais l’idée n’est pas neuve. Le régionaliste de gauche André Renard avait déjà expliqué durant la grande grève générale de 60-61 que pour appliquer un véritable programme de gauche (les réformes de structures de la FGTB) il fallait que la Wallonie soit plus autonome. Le PS y étant majoritaire, on appliquerait alors beaucoup plus facilement les réformes de structures.

    Même s’il est clair que Renard a popularisé l’idée régionaliste pour dévier la grève de 60-61 du mot d’ordre de ‘‘Marche sur Bruxelles’’ (mot d’ordre derrière lequel se trouvait la confrontation ouverte avec le régime lui-même), cette idée a pourtant fait son chemin parmi les travailleurs. Beaucoup ont cru qu’on pouvait, avec la régionalisation, avoir une Wallonie socialiste. Le Mouvement Populaire Wallon (MPW) qui s’est constitué après la grève de ’60 a popularisé l’idée. A l’origine, le régionalisme et les réformes de structures, sous la pression d’un mouvement de masse, ont été comprises comme anticapitalistes. Par après, ce point de vue a complètement changé : les réformes de structures anticapitalistes sont devenues une recherche réformiste sans principe vers des réformes “réalistes” au sein du capitalisme.

    Un bilan tout sauf socialiste

    Aujourd’hui, la régionalisation a eu lieu. Le PS est puissant en Wallonie depuis déjà de nombreuses années et le bilan des politiques régionales est très loin du socialisme. Qui est satisfait de la politique menée par le PS avec les compétences régionales et communautaires? Aller plus loin dans ce processus ne règlera en rien les problèmes auxquels nous sommes confrontés.

    Ce que l’histoire du régionalisme de gauche en Wallonie nous apprend, c’est que ce ne sont pas les questions institutionnelles qui déterminent la capacité de mener une politique de gauche. C’est l’existence même d’une politique de gauche qui est déterminante, c’est-à-dire un programme ainsi qu’une force sociale concrète pour faire appliquer ce programme.

    L’unité de classe la plus large

    Soyons clair, que ce soit au niveau régional ou national, on ne pourra mener de véritable politique socialiste qu’en s’attaquant au grand capital : en nationalisant (ou régionalisant) les secteurs clés de l’économie sans rachat ni indemnités pour le patronat et les actionnaires, tout cela sous le contrôle et la gestion démocratiques de la collectivité. Pour cela, l’unité la plus large au sein de la classe des travailleurs est nécessaire: wallons comme flamand et bruxellois. D’ailleurs, chaque structure syndicale qui a été divisée sur base communautaire (FGTB enseignement, FGTB métal,…) a immanquablement vu croître les difficultés de mener le combat.

    Faute d’y prendre garde, les sentiments régionalistes pourraient détourner les travailleurs de cette nécessité. Il y a quelques années seulement, une des grosses têtes du PS avait déclaré qu’il se sentait plus proche d’un patron wallon que d’un travailleur flamand ! Même s’il semble bien que les dirigeants du PS sont plus proches du patronat que des travailleurs dans leur ensemble, flamand comme wallon.

    Il est donc très difficile de parler correctement de la question du régionalisme de gauche. Il ne suffit pas de dire que l’on est pour ou que l’on est contre et d’argumenter. Au PSL, nous ne sommes ni pour, ni contre, le tout est de voir ce qui se cache derrière ce régionalisme.

    Nous devons être clair que tant que l’on reste dans le cadre du système capitaliste, le régionalisme ne peut rien amener d’autre que des illusions et des déceptions. Les discussions institutionnelles font systématiquement l’impasse sur la question des intérêts de la grande majorité de la population. D’ailleurs, pour la classe des travailleurs, les discussions institutionnelles sont bien moins décisives que les questions sociales, la situation des services publics, les conditions de travail, la lutte contre le patronat national et international,…

    Seule la reconstruction d’un rapport de force syndical combiné à la construction d’un relai politique de gauche véritable pourra répondre à nos besoins, c’est-à- dire mettre l’économie au service de la collectivité et non plus au service d’une minorité de profiteurs capitalistes et de leur amis politiciens traditionnels.

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