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Category: National
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La crise se résoudra-t-elle par la seule justice fiscale ?
Face à la crise, de plus en plus de voix s’élèvent pour établir une plus grande justice fiscale. Cela va d’une fiscalité écologique au rétablissement de tranches d’impôts supplémentaires, en passant par la taxe des millionnaires. Ces mesures sont nécessaires et souhaitables, mais ne pourront à elles seules nous permettre de faire face à la crise profonde que traverse le système de production capitaliste.
Alain (Namur)
Aujourd’hui, la classe dominante ne veut pas seulement modifier les lois sur l’imposition de leur richesse, elle veut modifier la politique économique pour pousser plus loin le taux d’exploitation, c’est-à-dire augmenter la part de travail gratuit qu’elle impose aux travailleurs. Le patronat joue de la concurrence pour imposer des conditions de plus en plus défavorables aux travailleurs à travers le monde. Prenons les multinationales : celles-ci n’hésitent pas à faire du chantage à l’emploi face aux revendications des travailleurs. Si on ne prend que les filiales étrangères implantées en Belgique, les multinationales représentent plus de 500.000 emplois et produisent une valeur ajoutée de 63 milliards d’euros. Aujourd’hui, chaque pays est mis en concurrence pour avoir le taux d’imposition le plus bas, les salaires les plus bas et les conditions d’emplois les plus basses. Nous vivons dans un système où la propriété des grands moyens de production est extrêmement concentrée dans très peu de mains (147 multinationales contrôlent 40% du chiffre d’affaires engendré par les entreprises au niveau mondial). Malgré le fait que ceux qui possèdent ces richesses ne soient pas nombreux, ils sont très bien organisés et conscients de leur statut de classe.
En Belgique, par exemple, l’industrie pharmaceutique s’est organisée autour de Pharma.be. Leurs modalités d’actions étaient, selon Le Vif, des “réunions discrètes avec le top du gouvernement hors syndicats, étude confidentielle mettant la Belgique en concurrence avec six autres pays, menaces de délocalisation… Rédigée par un grand cabinet d’avocats payé notamment par GSK, la loi a été votée à la Chambre sans aucun débat de fond, noyée dans une loi-programme de 42 pages.”
On le voit, les capitalistes peuvent compter sur l’ensemble des institutions de l’Etat pour défendre leurs intérêts. Ils disposent de partis politiques qui relaient leur programme élaboré dans leurs institutions comme le FMI, la Commission européenne, l’OCDE,… Au moment de l’annonce de nouvelles fermetures de sites d’ArcelorMittal à Liège, au forum économique mondial de Davos, Di Rupo vantait le quasi-paradis fiscal belge et le climat “business friendly” belge devant un parterre de gros capitalistes. Pour quel résultat ?
Les grandes entreprises ne payent quasiment aucun impôt en Belgique. Grâce à la loi taillée sur mesure décrite ci-dessus et aux intérêts notionnels, GSK a pu sortir presque 2,6 milliards d’euros de sa base imposable ces 4 dernières années (une économie de 892 millions d’euros…). Pour l’ensemble des 50 plus grandes entreprises, le taux d’imposition moyen est de 0,57% et seulement de 3,76% pour les 500 sociétés qui ont réalisé le plus gros bénéfice en 2009 !
Non à l’extorsion de fonds !
Nous devons reprendre le contrôle des outils et des richesses produites par la collectivité. La fiscalité juste ou une taxe des millionnaires ne nous permettra pas de réorienter la production vers les besoins sociaux. C’est la propriété privée des moyens de production qui permet aux capitalistes d’organiser le démantèlement social et environnemental. C’est par la propriété collective des grandes entreprises, la nationalisation du secteur bancaire et la mise sous contrôle démocratique des travailleurs que l’on pourra avoir un effet de levier sur la transformation de l’ensemble de la société.
En France, après que le gouvernement Hollande-Ayrault ait évoqué une imposition de 75% sur les tranches de revenus supérieures à 1 million d’euros, c’est 54 milliards d’euros qui ont quitté le pays entre octobre et novembre 2012. Sans contrôle sur les banques, sans contrôle sur les moyens de production, il n’est pas possible d’endiguer ce mouvement.
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Comment les politiciens et les patrons transforment la réalité
Ce n’est pas la concurrence, mais la solidarité qui crée les richesses
Ce n’est pas la solidarité, mais la concurrence qui appauvrit
Ce dossier traite du fondement-même de la société actuelle ; la production basée sur la concurrence. On nous le rappelle chaque heure, chaque minute, chaque seconde : si nous ne sommes pas concurrentiels, nous allons tous périr ensemble. Des syndicalistes combatifs lanceront une contre-offensive au cours des prochaines semaines et des prochains mois. La concurrence n’est plus depuis longtemps un moteur pour la création de richesses, au contraire. La production actuelle, le développement de la science et de la technique, exigent un autre modèle économique dont la base ne serait plus la concurrence et la compétition, mais la coopération et la solidarité.
Par Eric Byl, dossier par dans l’édition de mars de Lutte Socialiste
L’idéologie dominante
La propagande du patronat, nous la connaissons. Ce sont toujours ces mêmes patrons qui sont interviewés par une élite ‘‘choisie’’ de journalistes neutres dans des médias de masse qu’ils contrôlent eux-mêmes, que ce soit de façon directe ou indirecte.
Ce sont toujours ces mêmes politiciens qui, avec en vue de futurs postes lucratifs dans des conseils d’administrations d’entreprises, viennent répéter les mêmes ‘‘vérités’’. Dans le meilleur des cas, les journalistes sont forcés de se retenir mais, dans leur majorité, ils sont imprégnés de la logique patronale et, très souvent, sollicitent ouvertement une future carrière politique. Leur bas de laine ? Pour survivre, il faut augmenter la compétitivité des entreprises.
Il existe aussi une propagande plus raffinée, plus systématique et par conséquent mortellement efficace. Des publicités, des feuilletons, des films, des magazines, des journaux commerciaux et des quotidiens soutiennent tous, de façon consciente ou inconsciente, l’idée qu’il faut être concurrentiel pour avoir du succès. Même le sport, où une bonne dose de compétition devrait stimuler le développement physique et psychologique de tous, est transformé en un plaidoyer pour une concurrence impitoyable. Le moyen de propagande peut-être le plus efficace d’entre tous est la simple transmission des valeurs et des mœurs dominantes de la société par les parents, les amis, l’école, l’église, etc. C’est ce dont Marx parlait en disant que l’idéologie dominante dans une société est en général celle de la classe dominante.
Le socialisme scientifique
Il ne s’agissait pas simplement d’une intuition que Marx a appliquée par la suite aux sociétés précapitalistes, mais au contraire une loi tendancielle déduite après une étude approfondie de l’histoire humaine telle qu’elle était jusqu’alors connue. D’où l’appellation de socialisme scientifique. C’est tout à fait différent du ‘bon sens’ dont parlent si souvent nos politiciens. Ils ne font que repérer des caractéristiques de leur environnement immédiat pour décréter que ces “découvertes” sont des lois universelles. Quelques exemples ? ‘‘L’homme est naturellement égoïste’’, ‘‘l’exploitation a toujours existé et existera toujours’’, ‘‘l’homme a besoin de la concurrence en tant que stimulant pour produire’’,… Toutes ces ‘‘vérités’’ doivent nous convaincre de fatalisme et nous faire accepter notre sort.
Avec son approche scientifique, Marx a pu non seulement reconnaitre la validité relative d’une loi tendancielle, mais également en voir les limites. Pendant 3 millions d’années (200.000 ans pour l’Homo sapiens), les humains ont vécu en tant que chasseurs-cueilleurs. Il n’y avait ni égoïsme ni exploitation, ils vivaient de façon sociale et solidaire, non pas par générosité, mais simplement puisque les conditions matérielles – vivre de ce qu’offre la nature – ne permettait pas de faire autrement. Ce n’est qu’il y a 10.000 ans, avec la révolution agraire, que l’exploitation est devenue la meilleure forme d’adaptation à son environnement. A la division du travail selon le sexe, les capacités physiques et l’âge s’est ajoutée une division du travail permanente entre activités physiques et spirituelles.
L’espace nous manque ici pour analyser chaque type de société que nous avons connu depuis lors. Mais ce qui les caractérise tous, c’est l’existence d’un monopole de la violence aux mains de l’élite dominante et d’idéologies adaptées pour faire accepter aux sujets qu’ils cèdent une partie de leur travail à cette élite, qu’importe s’il s’agissait d’une caste dominante – dont le pouvoir est basé sur sa place spécifique dans la division de travail, comme avec le mode de production asiatique ou le stalinisme – ou d’une classe dominante qui possède directement les moyens de production telle que les sociétés esclavagistes, féodales, capitalistes ou l’une des nombreuses formes intermédiaires.
Marx est parvenu à la conclusion qu’une société peut tenir tant qu’elle réussit à développer les forces productives. Du moment qu’elle n’en est plus capable, le déclin s’amorce, le moteur de l’histoire – la lutte des classes – se met en marche ou, en cas d’absence de lutte des classes, la société est écrasée par d’autres plus dynamiques. Dans des telles périodes, les contradictions de la société deviennent plus aigües, de plus en plus visibles et de plus en plus insupportables. L’ancienne société ne veut pas encore céder la place, la nouvelle ne peut pas encore casser le carcan de l’ancienne. Cela provoque une crise qui atteint toutes les anciennes institutions, qui s’accrochent toutes désespérément à leurs privilèges et à leur vision idéologique, le dogme libéral de la concurrence dans le cas du capitalisme. C’est ce qui explique que des processus qui prendraient autrement des siècles peuvent soudainement éclater et se dérouler en quelques heures, quelques jours ou quelques années.
une offensive pour annuler l’effet de la manifestation du 21 février
Les syndicalistes venaient à peine de ranger leurs pancartes et de replier leurs calicots que l’offensive patronale reprenait de la vigueur. “La manifestation superflue” écrivait le lendemain le quotidien flamand De Morgen. “Coene s’alarme de la compétitivité morose”, annonçait De Tijd. Le jour d’après De Standaard avertissait: “Sans mesures drastiques, la Belgique s’expose à une amende européenne”. Le message ? ‘N’écoutez pas ces 40.000 syndicalistes bruyants, conservateurs et grisonnants, divisés en interne et isolés de leurs troupes, mais écoutez plutôt des personnalités importantes comme Luc Coene, gouverneur de la Banque Nationale et le Commissaire Européen Oli Rehn, sinon nous allons tous périr.’
C’était comme si ces articles dénonçant que 18 des 100 plus grosses multinationales au monde utilisent la voie belge pour éviter de payer des milliards d’euros d’impôts n’avaient jamais étés publiés. Nous, par contre, nous avons retenu que les 25 sociétés de financement et holdings les plus capitalisés (qui gèrent ensemble 340 milliards d’euros et ont fait en 2011 un profit cumulé de 25 milliards d’euros) ont seulement payé 183 millions d’euros d’impôts, soit à peine 0,7% à peine (1) . Ne parlons pas cette fois-ci d’Arnault et de Depardieu. Mais nous ne pouvons que tirer l’attention sur le fait que les déductions d’impôts des entreprises ont, en 2010, largement dépassé la totalité des impôts de sociétés ! (2) Que disent Oli Rehn ou le rapport de Luc Coene à ce sujet ? Que dalle. Le rapport mentionne juste que “Les impôts sur les bénéfices des sociétés ont fortement progressé pour la troisième année consécutive.” (3)
Une coïncidence est fort bien possible, mais le timing de la publication du rapport annuel de la Banque Nationale arrive très exactement au bon moment pour la droite politique et le patronat. Il se peut que ce soit une coïncidence aussi qu’Oli Rehn s’est senti appelé à consacrer quelques phrases à la Belgique le lendemain de la manifestation, mais nous ne serions pas étonnés d’apprendre que cela lui a été chuchoté.
Dans la presse flamande, ça y va cash. La presse francophone doit être plus prudente. Pourquoi ? En mars de l’an dernier déjà, un sondage d’Ipsos avait dévoilé que 71% de la population Belge voulait réduire les avantages fiscaux des grosses entreprises. (4) Cette majorité se retrouvait dans toutes les régions mais, au sud de la frontière linguistique, elle n’était pas seulement plus large, mais aussi plus explicite et plus manifeste. C’est pourquoi Onkelinx réplique dans Le Soir que les nouvelles propositions de Luc Coene pour une nouvelle réforme de l’index sont une folie. Elle explique le fait qu’elle est déjà en train d’appliquer cela au gouvernement par la pression de la droite.
Sous le titre “Les Belges accusent le coût salarial’’ , La Libre a publié un sondage de Dedicated. Bien que le titre de l’article suggère le contraire, les résultats sont alarmants pour le patronat et ses laquais politiques. Pas moins de 72% des sondés veulent des garanties d’emplois des multinationales en échange des avantages fiscaux. Plus frappant encore : 60% sont favorables à l’interdiction des licenciements dans les entreprises qui font du profit (72% en Wallonie, 66% à Bruxelles et même une majorité de 52% en Flandre). A la question de savoir si les autorités doivent contrer les fermetures par des nationalisations ou des régionalisations, 43% des sondés répondent par l’affirmative, une majorité à Bruxelles (52%) et en Wallonie (53%), mais aussi une minorité significative de 36% en Flandre. (5)
Pas d’investissement
Le mythe selon lequel il est possible de sortir de la crise par l’austérité est sérieusement miné. Nombreux sont ceux qui ne croient plus que de nouvelles concessions sur les conditions de travail et les salaires suffiront à restaurer la compétitivité des entreprises et à relancer l’économie.
De plus en plus de salariés se rendent bien compte que chaque concession de leur part ne conduit qu’à de nouvelles concessions ailleurs. Ainsi, nous sommes tous entrainés dans une spirale négative de casse sociale. Le nombre de dépressions et de maladies psychologiques liées au stress augmente, tout comme le manque de perspective et le sentiment de se sentir traité comme des mouchoirs jetables.
“Nous achèterons une usine à pneus en Chine ou en Inde, nous y payerons un salaire horaire inférieur à un euro et nous exporterons vers la France tous les pneus dont elle a besoin. Vos ouvriers, faites-en ce que vous voulez.” C’est ce que l’investisseur Américain Maurice Taylor a répondu à la demande de négociations sur la reprise du site de Goodyear à Amiens, menacé de fermeture.(6) Ce n’est pas étonnant que beaucoup de gens considèrent l’austérité comme un moyen de l’élite pour accumuler encore plus de richesses. Ils ne croient plus que plus de profits conduiront à plus d’investissements. Selon Trends, l’an dernier, les 30.000 plus grosses entreprises ont payé 40% de leurs profits aux actionnaires. (7) Quant aux entreprises européennes non-financières, elles disposent d’une réserve de cash de 2000 milliards d’euros, mais refusent de les investir.
A en croire Coene, cela s’explique par le manque de confiance, tant des consommateurs (ce qui explique l’arrêt de la consommation) que des producteurs (qui craignent que les investissements ne seront pas suffisamment rentabilisés). N’est-il plutôt pas possible d’imaginer que les richesses ne sont pas réparties équitablement ? En fait, les produits de luxe se portent très bien, alors que la production de masse est partout en surcapacité malgré le besoin manifeste de logements sobres en consommation énergétique, d’écoles, de matériel convenable dans les transports publics, etc.
Un problème de redistribution?
D ans ‘Socialisme utopique et socialisme scientifique’ Friedrich Engels avait déjà accentué le fait que le capitalisme a socialisé la production. Nous sommes de nombreux producteurs à travailler sur un même produit, mais les moyens de production restent privés.
De plus, le travailleur ne reçoit en salaire qu’une partie de son travail, le reste, c’est du profit qui peut être réinvesti ou qui disparait dans les poches des actionnaires. Il y a donc d’office une tendance systématique à la surproduction. Finalement, ceux qui disposent encore d’épargnes ne sont pas tentés de les dépenser alors que rode le spectre du chômage, alors qu’augmentent les coûts des soins de santé, de l’enseignement et des autres services et alors que la retraite légale permet de survivre de plus en plus difficilement. Une nouvelle dose d’austérité n’arrangera rien.
Mais si le problème s’explique entre autres par l’inégalité de la répartition des richesses, n’est-il pas possible de corriger le marché et d’atténuer la concurrence ? Avec un gel des prix par exemple, comme Vande Lanotte l’a fait pour l’énergie ou comme Chavez au Venezuela ? Le gel des prix ne supprime pas la concurrence mais la déplace vers ailleurs, avec la diminution de la masse salariale dans le secteur concerné. De plus, un gel des prix sans nationalisation des entreprises concernées peut très bien, comme au Venezuela, conduire à des étagères vides en conséquence du refus de vendre des investisseurs privés qui peuvent aussi carrément décider de réorienter leurs investissements vers d’autres secteurs. Ne pouvons-nous pas atténuer les effets de la concurrence par un impôt plus important sur les sociétés, par un impôt sur les fortunes comme la CSC le défend ou par une taxe des millionnaires comme nos collègues du PTB le défendent ? Si le PSL avait l’occasion de voter pour ces mesures dans un parlement, nous le ferions certainement, mais pas sans expliquer d’avance les limites et les dangers de ces mesures. Les simples mesurettes de Hollande en France ont entrainé une fuite de capitaux de 53 milliards d’euros en deux mois à peine, en octobre et novembre 2012. De plus importantes mesures feraient sauter de joie les banques internationales dans la perspective d’accueillir une vague de capital en fuite. La population risquerait bien de se retrouver avec une sévère gueule de bois et l’idée que la gauche peut être positive pour le social, mais catastrophique pour l’économie.
Un problème de profitabilité
Dans ‘Misère de la philosophie’, Marx a répondu à Proudhon, qui lui aussi ne voulait pas abolir la concurrence, mais la limiter, “chercher un équilibre” . Marx y appelle la société capitaliste “l’association basée sur la concurrence.” Il démontre “que la concurrence devient toujours plus destructive pour les rapports bourgeois, à mesure qu’elle excite à une création fébrile de nouvelles forces productives, c’est-à-dire des conditions matérielles d’une société [socialiste, NDLA] nouvelle. Sous ce rapport, du moins, le mauvais côté de la concurrence aurait son bon.”
Dans ‘Beginselen van de Marxistische économie’ (les bases de l’économie marxiste, non-traduit en français), Ernest Mandel l’expliquait en disant que les causes principales de la concurrence sont l’indétermination du marché et la propriété privée des moyens de production. C’est ce qui oblige le capitaliste à se mettre à la tête du progrès technologique, afin de ne pas se laisser dépasser par la concurrence. Cela exige de plus en plus de capitaux pour l’achat de machines de plus en plus modernes. Amortir ces machines pèse de plus en plus sur la quantité de profits réalisée par unité de capital investi. Des capitalistes moins riches sont poussés vers des secteurs moins productifs, d’autres partent en faillite et rejoignent les rangs des salariés.
La concurrence conduit donc à la concentration, la formation de monopoles qui entrent en concurrence à un plus haut niveau. La concurrence économique pousse à l’accumulation de quantités de capitaux de plus en plus importantes. Ces capitaux sont soustraits du travail non rémunéré du salarié, la plus- value, d’où la contrainte économique d’augmenter cette dernière de manière permanente. La lutte sur le rapport entre le travail non-rémunéré et le travail rémunéré, entre la plus-value et le salaire (le taux d’exploitation), c’est le contenu élémentaire de la lutte des classes.
La concurrence entre capitalistes entraîne une concurrence entre travailleurs. Avec les syndicats, les travailleurs essayent d’étouffer la concurrence entre travailleurs, en vendant leur force de travail de façon collective et non plus individuelle. Leur organisation collective devient donc un moyen de partiellement compenser la relation de soumission du travailleur face au capitaliste. Ainsi, la politique économique des travailleurs fait face à celle de la bourgeoisie. Le fondement de la politique économique de la bourgeoisie, c’est la concurrence, celui de la politique économique des travailleurs, c’est la solidarité.
Dans les branches de l’industrie les plus développées, la production, la science et la technique ont depuis quelque temps atteint un niveau supérieur aux possibilités des investisseurs privés. Cela a provisoirement pu être surmonté avec la mobilisation de capitaux “dormants” (notamment des fonds de pensions), des subsides publics, des investissements militaires et la commercialisation de l’enseignement et des soins de santé. Mais la mise au point de nouveaux produits exige tellement de recherche et de développement et le capital investi doit être amorti à une échéance tellement courte (afin de ne pas se faire rattraper par des produits encore plus performants) que même ses moyens palliatifs ne suffisent plus. Des découvertes scientifiques essentielles sont cachées à l’aide de brevets afin de se protéger de la concurrence. Du temps, de l’énergie et des moyens précieux sont ainsi gaspillés.
Aujourd’hui, la concurrence provoque la paralysie, fait obstacle au libre échange de savoirs ; ne nous permet pas d’investir les moyens nécessaires à prendre à bras-le-corps les grands défis écologiques, sociaux et économiques ; et condamne des millions de jeunes et d’autres travailleurs à être des spectateurs sans emploi. La concurrence ne détruit pas seulement nos emplois, nos conditions de vies, nos communautés, notre environnement, mais aussi souvent des unités de production performantes que nous pourrions utiliser pour répondre à de nombreux besoins sociaux urgents.
Seule une société basée sur la solidarité, où toutes les banques et toutes les institutions financières seraient réunies en une seule banque sous le contrôle démocratique de la collectivité, pourra suffisamment mobiliser de moyens et les utiliser comme un levier pour une planification démocratique de l’économie en fonction des intérêts de toute la collectivité. Cette solidarité sera évidemment internationale.
Notes
- De Tijd 2 février 2013 page 5
- De Tijd 13 février 2013
- http://www.nbb.be/doc/ts/Publications/ NBBreport/2012/FR/T1/rapport2012_TII. pdf Selon ce rapport, l’impôt des sociétés (plus d’un million de sociétés) représentait 3,2% du PIB en Belgique en 2011. Nous en sommes ainsi quasiment revenus au niveau d’avant la crise. Au total, cela signifie 11,6 milliards d’euros. Nous ne connaissons pas les profits cumulés de toutes les entreprises. Mais grâce à Trends, nous savons que les 30.000 plus grosses sociétés ont réalisé cette année-là un profit net cumulé de 76 milliards d’euros, contre 57 milliards d’euros en 2010 et 63 milliards d’euros en 2009. Cela laisse supposer que le taux réel d’impôt des sociétés ne peut être de plus de 9%, alors que le taux légal est de 33,99%. Les autorités perdent ainsi 30 milliards d’euros de revenus !
- Faire payer les grandes entreprises: le Belge est pour – Le Soir 14 mars 2012
- La Libre – 22 février 2013 page 6 en 7
- Het Nieuwsblad – 21 février 2013
- http://trends.knack.be/economie/nieuws/ bedrijven/trends-top-30-000-nettowinst-van- 76-miljard-euro/article-4000217926367.htm
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Plus de 1.000 personnes manifestent contre la répression policière
La manifestation d’hier soir de la campagne Stop-répression initiée par la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC) fut un beau succès. L’action, soutenue par plus d’une trentaine d’organisations (dont le PSL et les Étudiants de Gauche Actifs), se plaçait dans le cadre de la journée internationale contre les brutalités policières. L’atmosphère était très combative et militante, des slogans fusant de toutes part contre les violences policières, contre la répression des mouvements sociaux mais aussi contre la politique d’austérité.
Par Nico
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[PHOTOS] Stop Tihange !
Ce dimanche, environ 2000 personnes ont manifesté à Huy pour commémorer la catastrophe de Fukushima au Japon et dénoncer les dangers du nucléaire. Pour éviter de telles tragédies, il est crucial de placer le secteur énergétique entier dans les mains de la collectivité, c’est-à-dire hors de portée de la soif de profit destructrice du privé. Ainsi, il serait possible de consacrer des investissements massifs pour se diriger vers une énergie alternative, sans danger et respectueuse de l’environnement. Une délégation de membres du PSL était présente, aux côtés de nos camarades allemands du SAV.
Par Nico (Liège)
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Reprise économique : Le pire derrière nous? Qui peut le croire?
Vous aussi vous l’avez remarqué ? Malgré l’annonce dramatique des fermetures de Ford à Genk et d’ArcelorMittal à Liège, malgré la cascade de faillites que cela entraîne, malgré la dislocation de quartiers entiers, de villes et de régions, malgré la monté excessive de la pauvreté,… les politiciens, les patrons, leurs bureaux d’étude ‘‘indépendants’’ et leurs médias s’accrochent avec acharnement au mythe selon lequel le pire est derrière nous.
Par Eric Byl
Ce mythe est basé sur l’illusion que le processus de ‘‘destruction créatrice’’ cessera bientôt et que les vieux sites ‘‘non-productifs’’ (lisez : qui ne génèrent pas suffisamment de profits) seront remplacés par de nouvelles structures productives. L’élite économique trouve géniale toute cette théorie de la ‘‘destruction créatrice’’ de l’économiste autrichien Schumpeter (1883-1950). Enfin une explication pour le phénomène d’expansion et de récession qui poursuit le capitalisme depuis son origine ! Mais l’élite capitaliste préfère oublier que Schumpeter a emprunté sa théorie à Karl Marx.
Dans son Manifeste du Parti Communiste (1847) celui-ci disait que la bourgeoisie ne peut exister ‘‘sans révolutionner constamment les instruments de production’’ en conséquence de la concurrence, c’est la principale loi du développement du capitalisme. Mais, contrairement à Schumpeter, Marx avait également immédiatement compris ses limites. Il a démontré que la fureur concurrentielle allait énormément augmenter le coût d’investissements en capital (surtout en recherches et en machines), que les petits producteurs étaient destinés à se faire écraser par les grands, que la concurrence s’accompagnerait de la constitution de monopoles et de cartels, que le capitalisme développait son propre fossoyeur – la classe des travailleurs- et que le capital d’investissements requis deviendrait finalement trop important pour séduire des investisseurs privés.
L’an dernier, les actions des bourses européennes ont grimpé de 15%, celles de la bourse japonaise de 25%. Durant les trois premières semaines de cette année, 3% s’y sont encore ajoutés en Europe et 5% au Japon. Comparez cela aux miettes que vous recevez sur votre compte d’épargne ou sur votre compte à terme ! Les 9 premiers jours de 2013, 22 milliards de dollars ont afflué sur les bourses à travers le monde ! Le pire de la crise est-il passé ? Non.
Des ‘‘spécialistes’’ expliquent cette montée des actions par le gage donné par la Banque Centrale Européenne de ne pas laisser tomber les banques européennes, grâce à l’accord budgétaire conclu aux Etats-Unis, par la baisse des taux d’intérêts espagnols et italiens et par l’assouplissement de Bâle III qui gère les exigences des capitaux propres des banques. D’autre part, le chômage progresse en Europe de façon alarmante et toute une série de datesbutoir sont face à nous. Ainsi, à la mifévrier, il faudra à nouveau relever le plafond des dettes aux Etats-Unis, les autorités espagnoles devront sauvegarder leur système bancaire sans pousser l’économie de récession en dépression et les autorités irlandaises devront bientôt retourner faire appel à l’aide des marchés financiers.
Qu’importe le zèle avec lequel Di Rupo et consorts défendent le régime fiscal belge au Forum Economique Mondial de Davos, les investissements obtenus ont un caractère spéculatif important et ne représentent que des miettes en comparaison de la montagne de liquidité (près de 8.000 milliards de dollars) que les entreprises accumulent sur leurs comptes à travers le monde en refusant d’investir dans la production. Comment les actions en Bourse augmentent-elles leur valeur ?
Pour nous, il s’agit à nouveau d’une bulle spéculative après celle d’internet, des matières premières, des obligations, etc. Mais, sans la moindre question au sujet des fondations économiques actuelles, toute la meute de propriétaires de capitaux fonce dans cette direction. Que le gouvernement, par la voix du ministre des finances Vanackere, veut inciter la population à parier ses épargnes dans ce casino illustre que personne dans l’establishment n’a tiré de leçons de la précédente phase de la crise.
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Pour un rassemblement politique à gauche du PS et d’Ecolo

Le 1er Mai 2012, la FGTB de Charleroi Sud Hainaut dénonçait l’austérité et l’absence de relais politique aux revendications du monde du travail. Dans son discours, le Secrétaire régional interprofessionnel Daniel Piron appelait à un rassemblement politique à gauche du PS et d’Ecolo pour rendre espoir et dignité aux travailleurs.
Communiqué de presse de la FGTB de Charleroi-Sud Hainaut
Quelques semaines plus tard, le Secrétaire général de la CNE, Felipe Van Keirsbilck, s’exprimait dans le même sens. Plusieurs responsables syndicaux faisaient de même.
Réunis ce 20 février à l’initiative de la FGTB de Charleroi Sud Hainaut, et en présence d’une représentante de la CNE, des responsables du PTB, de la LCT, du MG, du Front de Gauche de Charleroi, du PSL, du PC et de la LCR ont décidé de prendre leurs responsabilités et de répondre présent à ces différents appels.
Espérant que de plus en plus de forces syndicales, sociales et associatives les appuieront et les guideront dans cette voie, ces responsables ont décidé de fonder un comité de soutien afin de commencer à concrétiser ces attentes. Ils veulent le faire avec toutes celles et ceux qui le souhaiteront, sans exclusives, dans le pluralisme et la démocratie la plus large.
Comme première étape, et en concertation avec les forces syndicales qui les ont interpellés, ils appellent à une journée de débat et de lutte fin avril. Au cours de celle-ci, ils proposeront à discussion et adopteront une déclaration commune.
Tous ensemble, contre l’austérité, la misère et l’injustice
Pour une alternative de gauche à la crise capitaliste.
Daniel Piron et Felipe Van Keirsbilck participeront le samedi 13 avril au meeting "Contre l’austérité et les pertes d’emploi : quelle alternative politique?" dans le cadre du week-end "Socialisme 2013" organisé par le PSL (plus d’infos).
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En flamand ou en français, il n’y a pas de langue pour combattre l’extrême-droite !
Le 7 mars se déroule traditionnellement la marche du NSV (Nationalistische StudentenVereniging), l’organisation étudiante officieuse du Vlaams Belang. Chaque année, notre campagne antifasciste flamande Blokbuster mobilise pour ne pas laisser la rue aux néofascistes en organisant une contre-manifestation antifasciste le même jour, dans la même ville. Nous trouvons de la plus haute importance d’également mobiliser les antifascistes francophones à cette occasion. Premièrement parce que le danger de l’extrême-droite flamande ne s’arrête pas à la frontière linguistique, ensuite parce que nous voulons aussi répondre au nationalisme avec une manifestation combative unissant des militants francophones et néerlandophones, et enfin parce que l’extrême-droite existe aussi du côté francophone – de même que le terreau sur lequel elle peut se développer – et que nous avons beaucoup à apprendre des méthodes et de la tradition uniques de Blokbuster.
Par Clément (Bruxelles)
Ces dernières années l’extrême-droite francophone s’est particulièrement distinguée par son manque de cadres et son incompétence. Le Front National a connu des sommets de ridicule et sa pitoyable saga (de même que celles de ses diverses émanations) a pu faire penser à certains que c’en était fini de l’extrême-droite. Mais un groupuscule, dont nous avons déjà parlé à plusieurs reprises, s’est patiemment construit sur une base plus solide et commence à réunir diverses personnalités d’extrême-droite (issues du vieux FN, de la Nouvelle Wallonie Alternative ou de Solidarité Unitaire) suite à son relatif succès électoral (1500 voix sur le district de Charleroi, 4.5% à Evere…).
Instrumentaliser la colère sociale
Nation est le groupe d’extrême-droite francophone qui a le plus consciemment tenté de détourné des thématiques sociales. Ses militants dénoncent ‘‘les médias-larbins du système’’, le ‘‘capitalisme néo-libéral destructeur’’ qui veut ‘‘faire de l’homme un mouton de la consommation et de la production, au profit des puissants et des multinationales’’ et réclament une ‘‘pension minimale décente pour nos retraités’’ tout en fustigeant les partis de l’establishment. Mais à partir de là, tous leurs efforts visent à détourner la colère des véritables responsables.
Nation pointe comme responsables le ‘‘mondialisme’’ (FMI, Union Européenne, multinationales) ainsi que ‘‘l’immigration sauvage qui (…) exerce un dumping sur le coût de la main d’œuvre et éjecte nos travailleurs du marché de l’emploi’’ Mais ce ne sont pas les immigrés qui sont responsables de ce dumping, pas plus qu’ils ne sont responsables des conditions de vie qu’ils fuient dans leurs pays d’origine. Mais Nation refuse de s’en prendre aux véritables responsables – le grand patronat – car son projet de société est basé sur le ‘‘solidarisme’’, une doctrine selon laquelle patrons et travailleurs d’un même pays auraient les mêmes intérêts (exit donc les syndicats et le droit de grève…) Nation fait ouvertement l’éloge d’Aube Dorée en Grèce, une organisation qui s’en prend physiquement aux immigrés, homosexuels, militants de gauches, syndicalistes,… Et laisse bien tranquille le monde patronal. Même si aujourd’hui les militants de Nation prennent bien garde à ne pas recourir à des méthodes violentes, le danger existe bel et bien.
Des emplois, pas de racisme
La meilleure manière de leur couper l’herbe sous le pied est de dénoncer leurs réels objectifs tout en ne les laissant pas seuls à dénoncer l’establishment capitaliste (politiciens, médias dominants,…) et l’effet néfaste des mesures d’austérité. C’est pourquoi nous jugeons de la plus haute importance de lier l’antiracisme et l’antifascisme à la question sociale et à la lutte contre la politique des partis établis. C’est ce que nous exprimons par notre slogan ‘‘Des emplois, pas de racisme, tout ce qui nous divise nous affaiblit’’
N’hésitez pas et participez à nos actions, prenez contact pour en savoir plus sur nos analyses, nos méthodes et notre histoire, et manifestez avec nous contre le NSV !
Manifestation anti-NSV :7 mars, 20h, à la gare de Louvain
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Capitalisme : la fête est finie
Un tel fossé entre riches et pauvres n’a jamais été vu
Le 21 décembre 2012, les prédictions apocalyptiques ne se sont pas vérifiées, fort heureusement. Mais un événement est passé inaperçu : les descendants boliviens des Mayas ont décidé d’expulser le géant Coca-Cola, pour préserver la santé et la culture. Serait-ce là un signe que la fin du monde capitaliste approche ? Pour l’élite capitaliste, l’année 2012 fut un grand cru. Pour tous les riches, les profits ont battu de nouveaux records. Malgré la crise, Ford, Macintosh, BMW, Samsung, Disney, Adidas, Ryanair, tous ont fait des bénéfices record. La concentration de richesse a atteint un tel niveau que les 100 plus grosses fortunes du monde génèrent en une année assez de revenus pour en finir plusieurs fois avec toutes les formes de pauvreté. Parfois, les solutions peuvent être évidentes. Le capitalisme et ses porte-parole ont de plus en plus de problèmes à vendre les avantages de leur système à la majorité de la population.
Par Bart Vandersteene
Le mécontentement grandit
Mondialement, 86% de la population pense qu’une trop grande quantité d’argent est aux mains d’un groupe trop restreint et qu’il existe d’autres règles pour cette élite que pour ‘‘l’homme de la rue’’. Ces sentiments minent le soutien social du système. Selon la même étude du The Futures Company, 28% de la population mondiale fait partie des ‘‘globalement enragés’’, c’est-à-dire des gens qui sont en colère contre les entreprises et les gouvernements. Une petite prédiction pour 2013 : ces pourcentages vont faire tout sauf baisser.
Cela fait maintenant 5 ans que la crise a commencé. Régulièrement, on essaie de nous faire croire que le bout du tunnel est proche. Mais les faits parlent d’eux-mêmes. Dans la zone euro, l’activité économique est toujours 2,4% en dessous du niveau d’avant la crise. La logique d’austérité a porté atteinte au bien-être d’une grande partie de la population. Cela se traduit par un recul des ventes, un nombre croissant de faillites et un chômage et une pauvreté en pleine ascension. Seul signe encourageant : la résistance grandit. Selon Bart Van Craeynest, économiste principal chez Petercam ‘‘beaucoup de gens ne vont pas bien. Ils commencent à en avoir marre. C’est une situation dangereuse.” Des actions et des mouvements contre l’austérité commencent à avoir de plus en plus le caractère de protestations générales contre le système.
Les plus riches semblent faire tout ce qu’ils peuvent pour susciter la colère de la population. Dès qu’un gouvernement veut leur imposer un petit impôt ils menacent de déménager à l’étranger. Ces dernières décennies, ils ont été tellement bien servis par leurs amis politiques qu’ils n’acceptent plus de faire la moindre concession concernant leurs privilèges, quand bien même ces concessions ont surtout l’objectif de tempérer l’agitation sociale.
La Belgique: pays de cocagne?
La fortune moyenne des Belges est de 67.158 euros par personne. Ce chiffre en dit beaucoup et peu en même temps. Il nous donne la mesure des richesses présentes dans notre pays sans rien dire à propos de leur répartition. La richesse est plus que jamais distribuée de façon inégale. Le 1% le plu riche du pays a une fortune moyenne de 7,5 millions d’euros, les dix familles les plus riches possèdent au total 42 milliards d’euros.
Ce n’est dès lors pas étonnant que le soutien augmente pour des mesures qui veulent s’en prendre au pactole de cette petite élite. Pas moins de 75% des Belges sont pour une taxe sur les fortunes, 80% est pour une taxe sur la spéculation financière et boursière et seulement 5% est pour l’abolition de l’indexation des salaires. Dans les médias, il est toutefois de bon ton d’accorder la parole à toutes sortes de gens qui affirment que ce sont les salaires des simples travailleurs qui constituent le problème principal de l’économie !
Fin 2011 un plan d’austérité de 11,6 milliards d’euros a été imposé, ce à quoi le contrôle budgétaire de février a encore ajouté 2 milliards. Fin 2012, de nouvelles mesures ont été prises, pour 3,8 milliards d’euros. 95% de ces sommes ont été prises dans les poches des travailleurs ordinaires.
Ces efforts ne sont qu’un avant-goût de ce qui nous attend. Lors du contrôle budgétaire de cette année, il apparaîtra qu’il faut encore trouver 2,5 milliards. A la fin de l’année, on nous annoncera encore 5 milliards d’efforts à faire pour 2014.
System error. Capitalism is crashed! Install new system ?
Ces dernières années, de nombreuses idées ont été lancées pour restaurer la santé du capitalisme : une taxe Tobin pour contrôler la spéculation financière, réguler le secteur financier à l’aide d’une banque publique, mobiliser l’épargne pour financer les investissements, etc. Le ministre Vanackere (issu de l’ACW, le MOC flamand) veut quant à lui mobiliser l’épargne de la population. Les sociaux-démocrates plaident pour des prêts populaires qui pourraient mobiliser l’épargne.
Le PSL défend chaque mesure capable de restreindre le pouvoir de l’élite et de redistribuer les richesses de façon plus équitable. Mais nous ne pouvons pas nous limiter à cela.
Il n’est d’ailleurs pas exclu qu’un certain nombre de mesures symboliques soient prises sous la pression de l’opinion publique ou des mouvements de lutte. De telles mesures sont destinées à nous convaincre que le capitalisme peut fonctionner, c’est le sucre glacé enrobant la pilule amère de l’austérité qu’on veut nous faire avaler. Une petite concession du côté du 1% le plus riche afin de permettre aux 99% d’accepter une forte dégradation de ses conditions de vie. C’est ainsi que fonctionne le capitalisme.
Pas moins de 86% de la population mondiale pense que les entreprises maximalisent leurs profits aux dépens de simples gens. C’est une description très exacte du fonctionnement du capitalisme et cela explique aussi pourquoi il faut renverser ce système.
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Stoppons l’avalanche de pertes d’emplois !
NON au désert économique !
Nationaliser pour sauver l’emploi ! Pour un plan d’action contre l’austérité !
L’année 2012 fut l’année la plus mortelle de l’histoire du pays en termes de faillites : pas moins de 10.587. En moyenne, une trentaine d’entreprises par jour ont mis la clé sous le paillasson ! Le record de 2011 (10.224 faillites) est donc enfoncé, et 2013 ne s’annonce pas mieux : des analystes préviennent que le cap des 12.000 faillites sera dépassé.
Devant nous, des milliers d’emplois sont encore directement menacés, à l’instar de ceux de Ford Genk ou de la sidérurgie liégeoise. Auparavant, les fermetures concernaient essentiellement des PME, mais des entreprises de plus grandes tailles sont maintenant touchées, avec un effet d’entrainement plus important. L’avalanche gagne en taille et en vitesse. La fonction publique elle non plus n’est pas épargnée. La destruction de nos services publics se poursuit sous le couvert des termes de ‘‘modernisation’’ ou de ‘‘réforme’’. Au cours de la première moitié de l’an dernier uniquement, chez les fonctionnaires fédéraux, 1.463 équivalents temps plein sont passés à la trappe. A la SNCB ou encore à bpost, la tendance est identique.
Face aux troubles économiques actuels, la politique d’austérité n’est d’aucun secours, bien au contraire. La crise s’amplifie, devient plus profonde, entraîne sans cesse de nouvelles pertes d’emplois, plus massives. Une avalanche gagne en ampleur et en vitesse au fur-et-à-mesure de son développement, et c’est très exactement de cela dont il est question. Au plus nous laissons cette avalanche d’austérité se poursuivre, au plus il sera difficile d’en stopper les effets.
Tous les problèmes auxquels sont confrontés les travailleurs sont liés. La fermeture de Ford sert d’argument pour expliquer l’absence d’avenir de la sidérurgie liégeoise voisine. La disparition de l’activité d’ArcelorMittal aura quant à elle de désastreuses répercussions sur le transport ferroviaire de marchandises. La suppression de tant d’emplois et l’augmentation du chômage pèsera sur les caisses de la collectivité, une pression qui sera utilisée comme prétexte pour appliquer de nouvelles mesures d’austérité, encore plus profondes, dans les services publics et les divers services des autorités. Jusqu’où ?
Ce cercle vicieux, il faut le briser. Isolés chacun dans notre lieu de travail, cette tâche est impossible. Nous devons – public et privé – lutter ensemble contre l’austérité et pour l’emploi. Une grande manifestation nationale serait une bonne première étape. Cela pourrait aider à tisser des liens entre les travailleurs impliqués afin d’aller plus loin, avec un plan d’action.
Le front commun syndical d’ArcelorMittal revendique la nationalisation de la sidérurgie intégrée liégeoise. La CGSP défend également la nationalisation, pour toutes les implantations d’ArcelorMittal en Wallonie. Pourquoi ne pas défendre cette revendication pour Ford-Genk, ses sous-traitants et pour toute entreprise du pays procédant à des licenciements collectifs ? Plusieurs nationalisations ne peuvent que se renforcer les unes les autres de même que tous les services publics, pour autant que leur activité soit coordonnée. Quelle meilleure base peut exister pour un plan de relance favorable aux travailleurs ?
Cette approche permettrait d’éviter de se baser sur la logique de concurrence qui nous a conduits là où nous en sommes et au contraire de se baser sur la force de la solidarité. Les besoins sociaux sont nombreux dans le pays, le travail ne manque pas, la collectivité saurait parfaitement décider de l’orientation économique de ces entreprises, beaucoup mieux que les rapaces capitalistes responsables de la crise.
Pour initier ce processus, nous devons organiser une lutte commune, avec un plan d’action combatif comprenant notamment, en plus de l’arme de la grève, celle de l’occupation des lieux de travail. Ce serait une très bonne étape pour amener non seulement la question de la propriété publique, mais aussi celle du contrôle démocratique des travailleurs et de la collectivité dans son ensemble.
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Denderleeuw : le cadeau du CD&V et de la N-VA au Vlaams Belang
La formation de la coalition qui dirigera la commune de Denderleeuw a dominé les actualités nationales. Pour prendre possession des rennes de la commune, la coalition du CD&V et de la N-VA, qui n’était pas majoritaire, a dû faire appel au soutien extérieur du parti d’extrême-droite. Le Vlaams Belang a donc apporté son soutien à des partis dont il dénonce la politique, mais cela a été peu commenté. Le CD&V et la N-VA affirment qu’ils sont toujours en désaccord avec le VB et que le parti d’extrême-droite reste écarté du pouvoir. Mais le Vlaams Belang a bel et bien reçu un cadeau de la part du CD&V et de la N-VA : la possibilité de rompre le cordon sanitaire est maintenant posée sur la table.
Parmi les membres du VB, l’euphorie domine. A Alost, leur chef de file, Van Overmeire, a dû changer de parti pour devenir échevin (des ‘‘affaires flamandes’’ !) et passer à la N-VA. Mais là, à Denderleeuw, le Vlaams Belang a pu dominer l’actualité avec son soutien extérieur pour la N-VA et le CD&V. Visiblement, au VB, les critiques contre la ‘‘politique politicienne’’ peuvent être balayées dès lors qu’il est possible de redevenir un thème central dans les médias.
Hier soir, aux portes de l’Hôtel de Ville de Denderleeuw, les conséquences de cette situation ont été clairement visibles. Une centaine de syndicalistes et de militants de gauche protestaient contre cette collaboration tacite avec l’extrême-droite, face à une police massivement présente, avec robocops et canons à eau. Des militants d’extrême-droite étaient également présents à une certaine distance, environ 15 skinheads dirigé par Luc Vermeulen, un membre du Voorpost qui est traditionnellement chef du service d’ordre du Vlaams Belang.
Les syndicalistes et les militants de gauche ne pouvaient ni crier de slogans, ni avoir de prise de parole au cours de leur action. Pourquoi ? ‘‘Les prises de parole politiques provoqueraient trop l’extrême droite.’’ Par contre, l’extrême-droite a pu scander ses propres slogans contre la gauche (qualifiée d’être une bande de rats…) sans aucun problème. C’est cela que signifie concrètement d’obtenir le soutien extérieur de l’extrême-droite ? En échange de trois voix au conseil communal, l’extrême-droite a-t-elle réussi à imposer que l’on bâillonne l’opposition de la rue ? Les luttes sociales pourront-elles encore être organisées à l’avenir à Denderleeuw ?
Les mégaphones des syndicalistes et des militants de gauche ont été saisis par la police. Le secrétaire du SETCa, la centrale des employés de la FGTB, qui appelait au calme à l’aide de son mégaphone à la suite de provocations de quelques skinheads a lui-même été arrêté. Une délégation du Vlaams Belang de Blankenberge qui a scandé des slogans racistes n’a pas fait face aux mêmes difficultés. Un syndicaliste qui insistait sur le caractère criminel de ces slogans a été réduit au silence par la police.
La manière dont les choses se sont déroulées illustre très clairement que le Vlaams Belang va utiliser son cadeau de la N-VA et du CD&V pour imposer sa présence dans les rues, avec l’aide de skinheads et autres hooligans comme ce fut le cas hier. Tandis que leurs dirigeants iront voter aux côtés du CD&V et de la N-VA, les gros bras du Vlaams Belang se sentiront bien plus à l’aise pour mener leurs actions. Le Vlaams Belang ne pèsera peut-être pas beaucoup dans la prise de décisions au conseil communal mais, pour les néofascistes, dominer la rue est plus important.
Quant aux partis établis, cette triste histoire a une fois de plus illustré que leur vision de la politique se limite à une guerre pour obtenir des postes. Selon cette approche, collaborer avec l’extrême-droite peut constituer une option. Mais cette collaboration assure que les points de vue racistes deviennent plus acceptables. La seule force qui en profitera, c’est l’extrême-droite elle-même.
La lutte contre l’extrême droite doit se poursuivre. À Alost, Denderleeuw et ailleurs, nous continueront à être aux côtés de ceux qui veulent lutter contre l’extrême-droite tout autant que contre les politiques antisociales qui sont le terreau sur lequel elle se développe.