Budget : de l’argent, il y en a, dans les poches du patronat !

Un budget est censé être une estimation des dépenses et des recettes du gouvernement pour l’année à venir. Mais c’est surtout la traduction, en chiffres, de la politique gouvernementale en matières économique, financière et sociale. En lisant un budget élaboré, on doit donc être capable de déceler l’orientation de la politique des partis au pouvoir, c’est-à-dire, en fait, quels intérêts ceux-ci défendent. Une fois de plus, avec ce budget fédéral, c’est on ne peut plus clair. Le bras politique de l’élite économique (avec, en prolongement, autant de doigts que de partis traditionnels) a toujours essayé d’assurer un budget qui puisse nourrir le fonctionnement du corps qui lui correspond. Imaginez dès lors quel budget pourrait être construit par le bras politique du mouvement des travailleurs et de la jeunesse.

Par Stéphane Delcros

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Beaucoup pensent que l’économie et la politique sont trop compliquées pour être laissées dans des mains non-expertes. Cela ne sert en fait qu’à couvrir le fait que ces experts défendent l’intérêt d’une minorité dans la société : les 1% comme on les appelle, les 0,01% pour être encore plus proche de la réalité. Qui est mieux placé que la population elle-même, les travailleurs et leurs familles donc, ceux qui sont à la base de la production économique et qui sont ceux censés utiliser les biens et services ? Des représentants du mouvement des travailleurs et de la jeunesse trouveraient mille façons d’avoir un budget réellement orienté vers la satisfaction des besoins de l’ensemble de la collectivité. Leurs impératifs ne seraient pas dictés par la recherche du profit pour quelques grandes poches déjà bien remplies.

Les budgets que nous présente l’équipe Di Rupo, comme tous les gouvernements pro-capitalistes précédents, est fait de sous-investissements dans l’infrastructure, de dégraissages des services publics et de partage des richesses entre ceux qui ont déjà tout. Au nom de la ‘‘compétitivité de notre économie’’, des dizaines de milliers d’emplois sont supprimés, les salaires sont rabotés pour des charges de travail supplémentaires, sans parler de la qualité des ‘services’, elle aussi sacrifiée sur l’autel de la course au profit. Pour caricaturer l’Etat belge, on parle souvent de Société Anonyme Belgique, réduisant le pays à une unité économique capitaliste censée garantir le profit de ses actionnaires. Mais nous ne sommes pas des actionnaires.

Un budget centré sur les intérêts de la majorité de la population, serait d’obtenir l’argent là où il est. Et ce n’est pas chez nous. L’argent est pourtant bien là. L’Institut des Comptes Nationaux estime que la fraude fiscale représente 4% du PIB, soit 13,6 milliards d’euros. Le professeur Pacolet, de la KULeuven, pense qu’il s’agit plutôt de 10% du PIB, soit 34 milliards d’euros par an. Le salaire annuel moyen d’un PDG d’une entreprise du Bel-20 représentait en 2011 pas moins de 2,015 millions d’euros. On estime la fortune d’Albert Frère à 3,6 milliards de dollars. En 2011, les sociétés non-financières ont redistribué les trois quarts de leurs bénéfices à leurs actionnaires. Les 843 entreprises qui, en 2010, avaient réalisé plus de 10 millions d’euros de bénéfice (avant impôts) n’ont payé en moyenne que 5,7% de taxe.

Un budget devrait avant tout être un rassemblement des moyens disponibles pour la collectivité. L’ensemble des richesses produites, et non pas la répartition des miettes, devrait servir à assurer l’infrastructure nécessaire, à garantir le meilleur fonctionnement de tous les services à la collectivité, à permettre la satisfaction des besoins de tous. Un tel partage des richesses permettrait aussi d’améliorer sans commune mesure l’accès aux soins de santé, aux crèches,… Les nouvelles technologies pourraient enfin être mises au service de la défense de notre environnement et de l’élargissement de nos temps libres, plutôt que de grossir les rangs du chômage.

Un vrai budget devrait partir des besoins de la population, et il n’en est rien aujourd’hui. Il est nécessaire de renverser le rapport de force, de permettre aux travailleurs de bénéficier de leur bras politique qui, bien utilisé, peut s’avérer extrêmement fort.

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