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La fin du cordon sanitaire en Flandre ?
En Flandre, le Vlaams Belang ne participe nulle part à une coalition sur le plan local. Mais, dans un certain nombre de communes, la porte est toutefois ouverte. A Denderleeuw, il est même question d’un soutien extérieur du Vlaams Belang à une coalition communale. Dès lors qu’il s’agit de la lutte pour de petits postes, le seuil de tolérance à l’extrême droite change soudainement. Est-ce qu’il faut y voir la fin du cordon sanitaire ?
Le PSL n’a jamais eu d’illusions sur la possibilité de bloquer l’extrême-droite tout simplement avec un ‘‘cordon sanitaire’’, principe selon lequel aucun parti flamand n’accepte de s’allier au Vlaams Belang, quel que soit le niveau de pouvoir. Mais nous avons toujours soutenu que l’arrivée de l’extrême-droite à un niveau de pouvoir était pleine de dangers. Dans le prolongement de sa logique de division, le Vlaams Belang est un parti opposé à toutes les organisations du mouvement ouvrier, et ses militants peuvent aussi à l’occasion assurer physiquement l’application de leurs idées dans les rues. Entretenir des discussions avec le Vlaams Belang pour obtenir certains postes renforce évidemment la confiance des milieux d’extrême-droite.
Après avoir subi de lourdes pertes lors des dernières élections communales, ce parti d’extrême droite peut maintenant utiliser cette situation pour reprendre un peu de vigueur. Alors que plusieurs de ses membres sont partis vers la N-VA a accueilli pour devenir échevin communal, le parti a pu triomphalement réagir en affirmant être impliqué dans des discussions dans une douzaine de communes, en plus de la possibilité du soutien du VB à une coalition de la N-VA et du CD&V à Denderleeuw. Dans les autres communes (Bruges, Liedekerke, Westerlo, Zandhoven, Buggenhout, Lebbeke, Steenokkerzeel,…) des accords ont été conclus pour les conseils de police et / ou de CPAS.
Il n’y a pas que la N-VA qui a conclu des accords avec le Vlaams Belang. Cela pose visiblement peu de problèmes au CD&V et à l’Open VLD. Rik Torfs, sénateur CD&V, Rik Torfs, a déclaré dans les médias que le cordon sanitaire avait eu des ‘‘conséquences dévastatrices’’, était ‘‘épuisé’’ et qu’il valait mieux s’en débarrasser. Son camarade de parti engagé dans des accords avec le VB à Steenokkerzeel pour un partage des postes au conseil CPAS local a toutefois pointé du doigt les raisons réelles de toute cette discussion : la priorité est à la ‘‘maximisation du nombre de mandats pour mon parti.’’ Dès lors que le principe du cordon sanitaire est un frein à l’obtention de postes, donc, il peut être brisé.
À l’heure actuelle, les choses sont particulièrement tendues à Denderleeuw, où deux blocs qui se font face. Le CD&V et la N-VA envisagent d’accepter le soutien extérieur du Vlaams Belang afin de faire la différence contre l’alliance du SP.a et de l’Open-VLD. Aucun de ces deux camps n’a de majorité, ils ont chacun 11 des 25 sièges. Lors de la législature précédente, la majorité comprenait le cartel CD&V/N-VA et le SP.a mais, maintenant, le SP.a a conclu un accord avec les libéraux. Détail d’importance : le président local du SP.a était jusqu’à tout récemment Rudy DeLeeuw, par ailleurs président de la FGTB. Il joue encore un rôle actif dans la section locale de son parti.
Le dirigeant local du Vlaams Belang à Denderleeuw est Kristof Slagmulder, collaborateur du parti au Parlement européen et militant du Voorpost. Pour lui, il faut soutenir la coalition N-VA/CD&V, même si son parti n’obtiendra aucun poste, afin d’envoyer le SP.a dans l’opposition.
Cette question déborde largement des intérêts locaux de Denderleeuw. Avec un soutien extérieur, le VB ne va pas directement avoir de pouvoir au niveau de la gestion de la commune, mais cela servira indirectement d’instrument pour affaiblir le cordon sanitaire. Ce n’est aucunement un hasard si le président du VB, Annemans, a déclaré qu’il suivait de près la situation à Denderleeuw. Les prochaines journées seront décisives.
Au fur-et-à mesure que les partis traditionnels verront leur soutien s’éroder en conséquence de leur politique, la lutte pour les postes se fera plus dure. La pression sera plus grande encore pour commencer à collaborer avec le VB. La récente défaite électorale du VB sera utilisée comme argument destiné à faire croire que les dangers sont minimisés. Pour les partis établis, y compris la N-VA, tout ne tourne qu’autour des postes. Le Vlaams Belang parviendra à instrumentaliser cela pour construire son rapport de force. Même si le parti d’extrême-droite ne parviendra pas directement au pouvoir, cela regonflera la confiance de ses militants. Les antifascistes doivent s’y préparer !