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  • Soutenons la grève des cheminots !

    Ensemble pour un meilleur chemin de fer, pour le personnel et la collectivité.

    L’augmentation constante de la productivité, les économies considérables, le sous-financement et la préparation à la libéralisation font que le personnel des chemins de fer est débordé. Mais nous ne sommes pas les seuls à en ressentir les conséquences. Toute la population belge en est victime : le train est de moins en moins une alternative agréable, fiable ou abordable.

    Tract en format PDF

    Pour le nouveau protocole d’accord social, la direction propose d’affaiblir davantage le statut et de travailler avec plus de personnel contractuel. Probablement pas avec une semaine de 36 heures comme le personnel statutaire, mais avec une semaine de 38 heures. Son objectif : un système à deux vitesse pour le personnel, un bon moyen de casser les mécanismes de solidarité. C’est toute la logique de la libéralisation.

    L’augmentation de 20% de la productivité et les 4 500 emplois perdus sous le gouvernement précédent se font déjà sentir. De nombreuses professions sont à genoux depuis un certain temps déjà, entraînant un déséquilibre total entre le travail et la vie privée. A cela s’ajoutent les nombreux postes vacants résultant des salaires et des conditions de travail peu attrayants que le gouvernement et le conseil d’administration ont créés. L’été dernier, c’était le droit à partir en vacances qui était menacé pour les accompagnateurs de train !

    En raison d’un sous-financement structurel, beaucoup de choses doivent être rattrapées aujourd’hui, à la fois en termes d’infrastructures et d’équipements. L’entretien est insuffisant, en raison du manque d’équipement, et les investissements dans la sécurité sont reportés ou rallongés en permanence. La récente condamnation d’Infrabel et de la SNCB dans l’affaire de l’accident de Buizingen rend la responsabilité encore plus claire.

    Nous avons un énorme problème d’embouteillage. Au cours de l’année écoulée, des millions de personnes sont descendues dans les rues du monde entier pour lutter contre le réchauffement climatique et pour un air plus sain. Néanmoins, la direction et le gouvernement semblent faire tout ce qui est en leur pouvoir pour rendre les transports publics aussi peu attractifs que possible. Et pourtant, un investissement massif dans les transports publics est une étape nécessaire tant pour l’environnement que pour le problème de la congestion.

    Le personnel et les usagers partagent les mêmes intérêts : un système de transport public bien organisé et très développé. Avec un personnel à nouveau fier de travailler pour les chemins de fer et d’offrir ainsi de meilleurs services. Ensemble, nous devons lutter contre les économies et la réduction sans cesse croissantes des services, mais en même temps, nous devons également lutter pour des investissements massifs dans des transports publics plus nombreux et de meilleure qualité.

    Nous sommes à la veille d’événements importants à la SNCB. Le train restera-t-il un service public ou la libéralisation sera-t-elle mise en œuvre ? Pouvons-nous conserver ce statut ou sera-t-il encore érodé et remplacé ? Ces choses et d’autres s’approchent de nous et nous devons nous y préparer.

    La seule façon d’y mettre un terme est de nous unir, au-delà des frontières syndicales et des catégories professionnelles. Nous devons parler à chaque collègue et à chaque usager, afin d’expliquer les enjeux des développements futurs et les luttes nécessaires. Nous devons élaborer un programme alternatif à propos des transports publics, où ceux-ci ne seraient pas gérés par des gestionnaires et des personnes politiquement désignées, mais bien par le personnel et les usagers. Car ceux qui font et qui utilisent les transports publics savent mieux que quiconque ce qui est nécessaire.

    Des investissements massifs doivent être consentis pour que les transports publics deviennent une véritable alternative à la voiture. Les jeunes pour le climat appellent à la gratuité des transports publics. Ils ont raison : les transports publics doivent être accessibles à tous. Nous n’obtiendrons pas cela d’un seul coup. Cela s’oppose à la logique du capitalisme où seuls les profits de quelques-uns comptent et non les besoins de tous. Même pour quelque chose de parfaitement logique, de bien développé et de meilleure qualité, nous devons nous battre pour une société différente.

    Il en va de même pour les 14 € de l’heure à la SNCB !

    Les syndicats exigent une augmentation de salaire de 1,1%. C’est certainement nécessaire. Mais aux chemins de fer aussi il faut regarder les salaires les plus bas : même ici, il y a du personnel qui gagne moins de 2 300 euros bruts par mois. Ce n’est pas acceptable et doit aussi être combattu. Luttons pour un salaire minimum de 14 € par heure !

    La politique actuelle : des agents sur le terrain en moins, des postes de direction en plus…

    Entre fin 2017 et fin 2018, le nombre d’employés (en équivalent temps plein) est passé de 18 764 à 18 342. Le seul groupe qui s’est amélioré est celui des membres du conseil : de 342 à 418 !

  • Elections britanniques : Combattre pour un gouvernement travailliste dirigé par Corbyn !

    Construire un mouvement de masse pour gagner et s’organiser pour lutter pour le socialisme

    L’élection générale de décembre pourrait marquer un tournant historique. C’est l’occasion de construire un mouvement de masse pour exiger une société au bénéfices de millions de personnes. C’est l’occasion de virer les conservateurs et de mettre Jeremy Corbyn au numéro 10 (le 10 Downing Street est la résidence officielle et le lieu de travail du Premier ministre, NdT).

    Déclaration de Socialist Alternative, section du Comité pour une Internationale Ouvrière (Majoritaire) en Angleterre et au Pays de Galles.

    Corbyn peut remporter cette élection. Pour ce faire, il doit s’adresser directement à la classe des travailleurs et aux jeunes avec un programme clair qui peut changer leurs vies. Lorsque Corbyn a lancé sa campagne électorale, il a lancé un appel frappant en faveur d’un “véritable changement”. Le vrai changement dont nous avons besoin, c’est un changement socialiste.

    L’austérité doit cesser. Dix ans de brutalité conservatrice nous ont poussés vers la banque alimentaire britannique. Près de quatre millions d’enfants vivent dans la pauvreté. Les travailleurs ont enduré une décennie de restrictions salariales. Les jeunes sont surendettés et confrontés à la crise du logement. Le fléau de la mauvaise santé mentale frappe chaque génération, le symptôme d’une société malade.

    Pendant ce temps, le système national de soins de santé (NHS) est vendu – petit à petit – au plus offrant. Et la dégradation du climat menace l’avenir même de notre planète.

    Pourtant, notre société est inondée de richesses. Des richesses qui sont concentrées dans les mains d’une élite richissime et minuscule. Ce sont ces quelques riches – la classe capitaliste – qui possèdent et contrôlent les énormes monopoles qui dominent notre économie, et par extension la vie de millions de personnes. Ils paient à peine leurs impôts. Ils polluent la terre. Et maintenant, ils veulent privatiser nos services publics.

    Leur classe est actuellement bien représentée au Parlement. Leurs défenseurs n’occupent pas seulement les bancs conservateurs. Beaucoup de leurs représentants les plus fiables figurent parmi les libéraux-démocrates. Et d’autres encore s’assoient derrière Corbyn sur les bancs du Parti travailliste, en travaillant patiemment et avec persévérance pour ébranler ce dernier, l’étouffer, et finalement lui faire quitter de force la direction du parti.

    Cette élection est l’occasion de porter un coup magistral à la classe capitaliste qui bénéficie de cette économie truquée. Le pouvoir des capitalistes doit être remis en question. C’est leur système – le capitalisme – qui endommage la terre, fait baisser les salaires, génère et perpétue les oppressions racistes, genrées, sexuelles et autres.

    Faire dégager Boris

    Boris Johnson – le multimillionnaire éduqué à Eton – veut nous faire croire qu’il est un personnage anti-establishment. Il prétend représenter le peuple dans un conflit qui oppose le “peuple au parlement”. Mais que peut bien savoir ce conservateur de ce qu’est la vie dans l’austérité ?

    Le meilleur antidote à ces mensonges n’est pas la défense d’un parlement rempli de politiciens privilégiés et pro-capitalistes. Au lieu de cela, Corbyn doit faire de cette élection une élection qui oppose “le peuple au 0,1% “. Il doit mobiliser la classe des travailleurs, avec les jeunes, pour lutter pour une alternative à l’austérité et à la misère.

    Pour cela, Corbyn doit défendre un programme capable d’unir les travailleurs de part et d’autre de la ligne de démarcation du Brexit. Les mois de querelles parlementaires et de jeu autour du Brexit ont à juste titre repoussé les gens ordinaires. La plupart d’entre eux comprennent instinctivement qu’il s’agit essentiellement d’une dispute entre deux ailes d’une élite privilégiée pour savoir quels accords commerciaux seront les plus favorables aux grandes entreprises.

    La voix des travailleurs a été notablement absente. Mais Corbyn a la possibilité de changer cela. Il doit affirmer avec audace que cette élection n’est pas un autre référendum Brexit : il devrait s’agir d’un référendum sur l’austérité, sur la décennie de règne cruel et désastreux des conservateurs. Il doit lier son programme de lutte contre l’austérité à une approche pro-ouvrière, internationaliste et fermement antiraciste de la question du départ de l’UE.

    Les lignes rouges européennes

    Il devrait être clair qu’un gouvernement travailliste établirait de nouvelles lignes rouges concernant la réouverture des négociations avec l’UE pour défendre les intérêts des travailleurs. Qu’il refuserait d’accepter la myriade de traités néolibéraux anti-travailleurs actuellement institutionnalisés par l’UE. Ces traités sont utilisés pour miner les droits des travailleurs et générer une infernale course vers le bas. Nous pensons notamment à la directive sur le détachement des travailleurs, aux restrictions des aides d’État et aux lois sur la concurrence qui constituent des obstacles – qu’un gouvernement des travailleurs devrait affronter – à la renationalisation des services publics privatisés.

    De plus, Corbyn devrait adopter une position internationaliste. Cette position doit rejeter l’ignoble cruauté qui conduit des travailleurs migrants à périr à l’arrière des camions. La véritable alternative à l’actuel club des patrons de l’UE n’est pas un fantasme autour de la petite Angleterre. C’est une Europe pour les travailleurs – une Europe socialiste. Nous vivons sur un continent qui a passé la dernière décennie à connaître des protestations de masse et à lutter contre l’austérité. Un gouvernement britannique mettant en œuvre un programme de lutte contre l’austérité, appelant les masses européennes à le soutenir, pourrait être le catalyseur d’une révolte et d’un soulèvement qui pourrait déferler sur le continent.

    Donc Corbyn a du travail. Mais cette élection ne doit pas porter uniquement sur lui en tant qu’individu. Car quel que soit le résultat du 12 décembre, nous savons que le combat ne sera pas terminé à ce moment-là. Si Corbyn gagne, il sera immédiatement confronté à la colère d’une classe capitaliste désireuse de protéger ses profits et de défendre ses privilèges. Et si Corbyn ne compte que sur le Parlement pour le défendre contre de telles forces, il se trouvera particulièrement vulnérable.

    Mobiliser les travailleurs

    L’histoire ne s’écrit pas seulement dans les couloirs du parlement. Les travailleurs ont un énorme pouvoir potentiel. Après tout, ce sont les travailleurs qui transforment les ressources du monde en biens à utiliser, qui distribuent ces biens à travers la planète, qui fournissent tous les services qui permettent à la société de fonctionner. Si nous agissons collectivement, nous avons le pouvoir d’être acteurs de l’histoire – d’être les agents du changement.

    Nous devons utiliser ces élections pour construire un mouvement qui peut durer plus longtemps que cette campagne. 2017 a donné un aperçu de ce qui est possible. Nous avons besoin de rassemblements de masse dans toutes les villes du pays. Des projections de masse devraient également être organisées.

    Il est extrêmement positif que les travailleurs de Royal Mail, des universités et de toute une série de conflits locaux importants puissent être en grève pendant cette campagne. Il est essentiel qu’aucune tentative ne soit faite pour retenir ces actions. En fait, les syndicats devraient être au cœur de la construction de ce mouvement. Ces conflits pourraient être au centre des préoccupations pendant la campagne, ce qui renforcerait la confiance des travailleurs de toute la Grande-Bretagne et mettrait en lumière des revendications importantes. Il est particulièrement positif qu’au moment où les postiers sont confrontés à un patron brutal, Corbyn s’est engagé à renationaliser la poste, ainsi que le rail et l’eau, en ouvrant sa campagne électorale.

    En fin de compte, nous devons construire un mouvement de masse qui peut pousser Corbyn à aller plus loin que ses esquisses positives de programme actuelles. L’histoire nous avertit que la classe capitaliste ne reculera devant rien pour protéger sa richesse et son pouvoir. Le sabotage économique – menaces de délocalisations, fuite des capitaux, etc. – sera sa réponse face à un plan de renationalisation à large échelle.

    Se préparer au sabotage

    Corbyn devrait prendre des mesures pour protéger la classe ouvrière contre cela. Pour cela, il faudrait être prêt à prendre des mesures qui vont au-delà des contraintes capitalistes. Cela signifie de nationaliser les banques pour prendre le contrôle des flux de capitaux. Cela signifie d’être prêt à défier le pouvoir le plus important que possède la classe capitaliste – son contrôle de l’économie. Pour ce faire, il faut aller au-delà de la renationalisation de quelques services privatisés et prendre collectivement en main, sous le contrôle et la gestion démocratiques de la classe ouvrière, les grands monopoles qui dominent actuellement notre économie. L’indemnisation ne peut être versée aux actionnaires qu’en fonction de besoins prouvés.

    En fin de compte, tout cela nécessiterait que Corbyn s’appuie sur le pouvoir et l’autorité non pas du parlement, mais d’une classe ouvrière organisée, mobilisée et consciente, participant démocratiquement à l’orientation de l’avenir et capable de contrôler sa propre destinée.

    Sur cette base, il serait possible de transformer complètement la vie de millions de personnes. Cela nous donnerait la possibilité de planifier démocratiquement une économie qui aurait comme priorité non pas les profits de quelques-uns, mais les besoins et les désirs de la majorité. Ce serait une société qui aurait le potentiel d’agir comme un phare pour l’Europe et le monde.

    Dans son discours d’ouverture de campagne, Corbyn a souligné la nécessité d’une révolution industrielle verte. La crise à laquelle notre planète est confrontée signifie que nous n’avons pas de temps à perdre. Corbyn doit tenir compte du slogan qui est devenu synonyme des grèves climatique de masse dans les écoles : nous avons besoin d’un changement de système. Cela signifie que nous devons mettre fin à ce système capitaliste désastreux qui repose fondamentalement sur l’exploitation des gens et de la planète pour le remplacer par une société socialiste au bénéfice de millions de personnes.

    Socialist Alternative participera à cette campagne électorale pour assister la lutte en faveur d’un gouvernement dirigé par Corbyn. Mais nous ne pouvons pas nous arrêter là. Nous nous organiserons pour aider à construire un mouvement capable de lutter pour la transformation socialiste dont notre société a désespérément besoin. Ce mouvement devra se poursuivre au-delà du 12 décembre, qu’importe qui occupe alors Downing Street. Nous espérons que vous vous joindrez à nous.

    • Les conservateurs dehors ! Pour un gouvernement travailliste dirigé par Corbyn qui mette fin à l’austérité !
    • Construisons un mouvement de masse – Corbyn doit mobiliser la classe ouvrière pour qu’elle se batte afin d’expulser Johnson et de se préparer à la suite.
    • Que les syndicats soient au cœur de la campagne ! Solidarité avec les travailleurs en grève de Royal Mail, des universités et des conflits locaux.
    • Pas de concessions aux politiciens pro-capitalistes – Corbyn doit rester ferme et défendre des politiques socialistes !
    • Pour l’union des travailleurs au-delà du Brexit – Remain et Leave – avec une approche pro-ouvrière et internationaliste de la question du Brexit !
    • Luttons contre la crise climatique! Nous avons besoin d’un changement de système.
    • Organisons nous pour lutter pour le socialisme et en finir avec la richesse des capitalistes en nationalisant les grands monopoles qui dominent notre économie !
  • Suisse. Les mouvements pour le climat et pour l’émancipation des femmes marquent les élections

    Les mouvements pour le climat et pour l’émancipation des femmes entraînent une ‘vague verte’ et une percée de la gauche aux élections fédérales

    Suisse. Les mouvements pour le climat et pour l’émancipation des femmes entraînent une ‘vague verte’ et une percée de la gauche
    Le week-end dernier, les élections de l’Assemblée fédérale Suisse ont connu une percée pour les Verts, qui ont vu 13% des voix leur revenir, leur faisant gagner 17 sièges supplémentaires. Cela signifie qu’ils ont désormais 28 sièges au conseil national et sont devenus, pour la toute première fois, le 4ème parti au parlement.

    La percée des Verts fut notable à travers plusieurs avancées: leur représentation a triplé à Genève, où ils sont maintenant le plus grand parti ; leurs voix ont triplé au Tessin ; un siège a été gagné au Valais pour la toute première fois ; et plusieurs sièges ont été gagnés dans le conseil des Etats, pour la première fois dans plusieurs cantons.

    Le parti Vert’Liberal, une ancienne scission des Verts, a aussi connu une progression, passant de 9 à 16 sièges avec 8% des voix.
    Le rôle des mouvements

    Les résultats des élections ont l’empreinte des récents mouvements de masse pour les droits des femmes et pour le climat qui ont éclaté en Suisse tout au cour de l’année.

    En Septembre, 100.000 personnes sont descendues dans les rues pour le climat. De la même façon, de larges manifestations menées par des collégiens, lycéens et jeunes ont pris formes au printemps dernier, et des milliers sont devenus actifs dans des actions et manifestations locales.

    En juin dernier, 500.000 ont pris part à une grèves des femmes historique qui fut la plus grande manifestation dans l’histoire récente du pays. (voir précédent rapport: 500.000 personnes dans la rue en Suisse pour une « Grève des femmes).

    Le mouvement pour le climat ainsi que la grève des femmes furent inspirés par de nombreux événements internationaux et ont démontré la forte volonté des travailleurs et des jeunes de devenir actifs dans une lutte pour une société différente ; beaucoup devenant actifs en manifestations et en politique pour la première fois.

    Les mouvements ont aussi popularisé l’idée d’action de grève comme méthode ayant le pouvoir d’apporter un réel changement et de pousser des revendications pour la majorité de la classe ouvrière.

    Malgré l’existence d’un certain support envers les idées anticapitalistes et socialistes, l’existence d’une large ouverture politique envers ces idées au sein même du mouvement, et les efforts immenses investis par les militants, aucune direction politique correcte et claire n’a encore vu le jour.

    Cependant, malgré le manque de direction pour aider à la construction des mouvements, ces derniers ont joué un rôle décisif dans les élections, pointant vers des questions fondamentales comme celles du changement climatique, des inégalités, des salaires et des retraites, qui sont devenues beaucoup plus proéminentes et ont permis de repousser les politiques racistes et d’extrême droite.

    Dans un récent sondage précédant les élections, 27% des participants ont nommé le changement climatique comme jouant un rôle déterminant dans leur vote, 21% ont nommé le coût de l’assurance maladie obligatoire, tandis que le problème d’immigration a baissé et ne fut nommé que par 19%.

    La grève des femmes et le mouvement pour le climat furent le résultat de l’organisation d’actions par des milliers de jeunes et de travailleurs. A cause du manque d’organisation politique de ces mouvements, les Verts ont pu exploiter ce sentiment politique dans la société. Il est vrai que les Verts ont consciemment tenté de se mettre à l’avant de ces deux mouvements.

    Un sondage effectué après les votes a montré qu’un jeune sur cinq a voté pour les Verts, et un sur trois si l’on inclut les Vert’Libéraux. Les Verts ont aussi gagné 28% de leur soutien à travers ceux qui s’étaient abstenus aux élections précédentes.

    Les limites des Verts

    Les Verts ont parlé de demander des comptes au secteur financier. Leur président Regula Rytz a mis en avant le besoin d’un secteur financier Suisse qui ‘n’investit plus dans le charbon et les énergies fossiles’.

    Pour le capital financier Suisse, ne plus investir dans les énergies fossiles marquerait la dévaluation des stocks dans l’un des principaux centre financiers d’Europe, un acte qui ne sera jamais organisé volontairement par la classe capitaliste.

    Pour exécuter un réel changement qui serait en ligne avec les attentes du mouvement pour le climat, il faudrait une rupture totale avec le marché capitaliste et avec le monopole privé des richesses par les patrons.

    Cependant, les Verts sont étroitement liés aux politiques pro-marché et ont joué un rôle, aux côtés du Parti Socialiste, dans les coupes des dépenses publiques et dans la privatisation à échelle locale et cantonale.

    Une discussion a maintenant pris forme autour du besoin d’altérer la traditionnelle ‘formule magique’ d’entente sur le partage du pouvoir pour amener les Verts au Conseil Fédéral (qui est constitué de 7 ministres, tous provenant en permanence des 4 mêmes partis politiques). Lisa Mazzone, vice-présidente des Verts, déclarait : ‘nous avons l’intention d’être une force dans le gouvernement’.

    Mais les Verts ne défieront pas le capitalisme. Leurs nouvelles positions seront testées, surtout s’ils entrent au gouvernement, et seront jugés lacunaires.

    Un repli pour la droite

    La droite a subi un revers dans ces élections. Chaque parti traditionnel a perdu des voix: le Parti Libéral-Radical (PLR), le Parti Démocrate-Chrétien (PDC) et le Parti Socialiste (PS). Mais c’est la droite populiste, l’Union Démocratique du Centre (UDC), qui a perdu le plus : -12 sièges. L’UDC reste cependant le plus gros parti au parlement fédéral ; une position qu’ils ont maintenu depuis 2003 et qui avait fortement augmenté en 2015.

    Le parti a fait campagne avec une infâme rhétorique raciste, profilant une affiche déclarant : ‘défendons la Suisse’ et ‘protégeons les Suisses’ ‘des insécurités, des viols et des agressions’, tout en mettant en scène les dessins d’un maghrébin barbu, d’un Eurocrate et de Greta Thunberg !

    Par ailleurs, le parti populiste de droite basé à Genève, le Mouvement des Citoyens Genevois (MCG), a perdu son siège au parlement. La Lega, basée dans le canton italophone du Tessin, a aussi perdu un siège et n’a maintenant qu’une place au parlement.

    Malgré avoir perdu du terrain dans ces élections, le populisme de droite et d’extrême droite reste une menace, puisque l’UDC reste le parti principal au parlement. Bien qu’ils reçoivent du soutien du côté des réactionnaires, ils doivent leur succès électoral à leur tactique d’exploitation du sentiment publique anti-establishment et d’insécurité économique. Ayant implémenté des coupes dans les dépenses publiques et des mesures d’austérités, et ayant été incapables de répondre aux peurs et attentes du peuple, le Parti Socialiste et les Verts n’ont pu faire obstacle à l’UDC de façon décisive. La seule manière de réellement défier l’extrême droite, c’est à travers un mouvement des travailleurs uni, qui ne tient pas compte des origines des travailleurs et les armerait d’une alternative de gauche forte et militante.
    Un tel mouvement viendrait se confronter à l’initiative populaire (initiée par l’UDC, pour attaquer le droit des migrants et qui sera votée en mai) et pourrait défendre les droits des immigrés tout en s’opposant à une spirale vers le bas, à l’austérité et à la précarité au travail, et mettant en avant une opposition socialiste et internationale à l’Union Européenne.

    Des nuages économiques à l’horizon…

    Bien que la classe dirigeante suisse fasse envie à la classes capitaliste dans le monde entier – pour son taux de chômage faible, sa faible dette publique et sa politique relativement stable – la moindre idée que la Suisse puisse être une exception est très superficielle. La Suisse n’est pas immune aux développements économiques et politiques globaux. Le fait est qu’il y a des nuages à l’horizon pour le capitalisme suisse.

    Le capitalisme suisse dépend d’une croissance alimentée par l’exportation et a déjà subi un impact négatif suite aux conflits commerciaux mondiaux et au processus de déglobalisation. Sous l’effet du ralentissement économique en Allemagne et ailleurs, l’économie suisse n’a fait que stagner. L’investissement privé ne fait que diminuer et la Suisse a connu une croissance négative dans les deux dernier trimestres de 2018, et une croissance anémique de seulement 0.4% au premier trimestre de cette année.

    Le capitalisme suisse a aussi été affecté par l’incertitude croissante de ne pas savoir si ses traités bilatéraux avec l’UE pourront être renégociés. Les négociations ont en effet été bloquées avec l’UE qui pousse pour une libéralisation plus importante de l’économie et pour la baisse de protection des droits des travailleurs.

    En Suisse, le chômage est faible avec seulement 2.3%. Cependant, cela masque l’augmentation des conditions précaires et du nombre d’emplois à temps partiels, surtout parmi les jeunes.

    Tout comme dans le reste de l’Europe, les conditions des travailleurs en Suisse ont été attaquées lors de la grande récession et se sont heurtés à une certaine résistance que l’on a pu voir, par exemple, dans les grèves du secteur public à Genève et dans l’opposition aux attaques sur les droits à la pension.

    La crise économique qui s’annonce fera à nouveau pression sur les travailleurs et les services publics, ce qui entraînera des opportunités pour développer de nouveaux mouvements. Il est essentiel que le mouvement syndical s’empare de ces opportunités.

    Le potentiel pour la gauche

    Bien que la gauche n’ait pas fait la Une de beaucoup de médias, ses résultats ont été très positifs lors des élections, et, mis à part les Verts et les Vert’Libéraux, elle fut la seule force politique a gagner des voix.

    A Genève, l’organisation anticapitaliste SolidaritéS, faisant partie d’Ensemble à Gauche, a gagné 7.2% des voix dans le canton, et un siège au Conseil National. La dernière fois qu’ils avaient obtenu un siège, c’était il y a 12 ans. Le Parti Suisse du Travail/Parti Ouvrier et Populaire (PST-POP) a aussi maintenu son siège à Neuchâtel, mais avec davantage de voix, remportant 14.1% des votes. De la même façon, Ensemble à Gauche a augmenté sa part du vote populaire à Vaud, remportant 4.1% mais n’obtenant pas assez de voix pour gagner un siège.
    Ces sièges au Conseil National sont un gain important. Ils peuvent être utilisés pour permettre aux travailleurs de se faire entendre au niveau fédéral ainsi que pour donner une voix aux dizaines de milliers de travailleurs et de jeunes devenant actifs. Ils peuvent aussi aider à établir un lien entre les mouvements émergents et les travailleurs qui chercheront à défendre leur emploi, salaire, conditions et services publics dans la période à venir. Ces positions au Conseil National peuvent aussi être utilisées pour mettre en avant des stratégies claires pour les mouvements, pour remporter des victoires, y compris en organisant des actions de grève et des initiatives politiques.

    La clé, cependant, est qu’une alternative socialiste claire soit proposée, qui rompe avec la logique de marché capitaliste, pour satisfaire les besoins des travailleurs, mettre fin aux inégalités et garantir une politique adéquate pour faire face au changement climatique.

  • Communiqué de presse : Travailler avec un grade E, ce n’est plus tenable !

    Communiqué de presse de la CGSP et de la CSC des Administrations Locales et Régionales de Bruxelles

    C’est avec un regret profond que nous constatons, qu’à ce jour, nos dirigeants et responsables politiques ne nous entendent pas. Cela fait des années que nous, personnel ouvrier des hôpitaux bruxellois, dénonçons avec nos organisations syndicales une situation généralisée de précarité dans laquelle on nous maintient consciemment.

    Nous avions eu espoir que nos revendications légitimes aient été entendues ces derniers mois mais force est de constater qu’il n’en est rien. La déclaration de politique générale du nouveau gouvernement bruxellois ne dit mot sur les travailleurs à bas salaires dans la région. La direction des hôpitaux IRIS a confirmé ce 16 septembre qu’il n’existait pas de budget pour revaloriser nos petits salaires. Ça suffit !

    Alors qu’en période pré-électorale, nombre de politiciens bruxellois disaient nous soutenir, nous devons tirer le malheureux constat qu’une fois cette période passée, les belles paroles se sont à nouveau envolées.

    Est-ce nécessaire de rappeler que 15 % des habitants du pays ont un revenu inférieur au seuil de pauvreté et que ce taux monte à 30 % à Bruxelles? Les travailleurs ont perdu en moyenne 1,7 % de pouvoir d’achat en 2016-2017. Le nombre de demandeurs d’emploi est de 515.000 personnes. La pension moyenne d’une travailleuse est de 882 euros, celle d’un travailleur de 1.182 €. Le baromètre socio-économique de la FGTB 2018 montre toute une série d’autres chiffres inquiétants. Cette réalité, nous n’en voulons plus !

    Alors que le prix des loyers, de l’électricité, du gaz, de la nourriture et d’autres produits de première nécessité ne cesse d’augmenter, nous lançons haut et fort un cri d’alarme. Le nombre de travailleurs pauvres avec emploi augmente sans cesse. Tous les jours, nous vivons dans une galère inextricable. Nous voyons un par un nos collègues souffrir alors qu’au quotidien nous travaillons pour le public dans une institution de soins bruxelloise. Ça suffit !

    Aujourd’hui, nous exigeons un salaire pour vivre et non pour survivre !

    Ce 5 novembre, l’équipe du nettoyage du CHU Brugmann a décidé de partir en grève pour défendre ses droits et obtenir satisfaction à ses revendications légitimes. Nous avons décidé de lancer cet appel public en espérant que les responsables politiques acceptent finalement de négocier une réelle amélioration de nos conditions de travail et salariales. La balle est dans votre camp mais sachez que cette fois, nous sommes déterminés à être entendus

    Nous appelons aussi l’ensemble de nos collègues des autres hôpitaux, des communes et des CPAS qui vivent la même situation à nous rejoindre ce 5 novembre dans notre combat !

    Nos revendications :
    • Pour un passage immédiat du grade E vers le grade D
    • Pour une revalorisation de tous les barèmes de 10%
    • Pour un salaire minimum de 14€/heure ou 2.300 € brut par mois
    • Pour du personnel supplémentaire afin de travailler dans des conditions acceptables

    RDV est déjà fixé ce 5 Novembre 2019 à 10h devant l’entrée principale du CHU Brugmann pour toutes celles et ceux qui souhaitent nous soutenir !

    Une caisse de solidarité est aussi ouverte pour soutenir financièrement les collègues qui se préparent à cette mobilisation. Chaque petit don sera le bienvenu et très important pour assurer une victoire à cette mobilisation : Versez sur BE09 0017 9484 5257 / Communication : solidarité grève nettoyage Brugmann

    « Quiconque travaille a droit à une rémunération équitable et satisfaisante lui assurant, ainsi qu’à sa famille, une existence conforme à la dignité humaine et complétée, s’il y a lieu, par tous autres moyens de protection sociale. » Article 23 de la Déclaration Universelle des Droit de l’Homme

     

  • Une loi d’urgence répressive adoptée à Hong Kong

    La nouvelle loi anti-masques représente une attaque fondamentale contre le droit démocratique de manifester. Une nouvelle étape dramatique a été franchie par l’État autoritaire de Hong Kong. Le gouvernement de Carrie Lam s’engage dans la tactique visant à peu à peu imposer diverses lois d’urgence (en vertu de lois datant de l’époque coloniale britannique) dans l’espoir de “faire lentement bouillir la grenouille”. Il est clair que des lois plus répressives se préparent et que la loi anti-masque a valeur de test.

    Déclaration de Socialist Action (CIO-Hong Kong)

    • La lutte contre le PCC aujourd’hui : Participez à nos réunions ouvertes consacrées au mouvement de masse à Hong Kong ! Le 10 octobre à Bruxelles (plus d’infos) et le 15 octobre à Liège (plus d’infos).

    La plupart des manifestants portent des masques pour se défendre contre la machine d’État qui possède la technologie de reconnaissance faciale la plus avancée au monde. Ces masques ne seraient pas nécessaires si la société n’était pas gouvernée par une dictature maléfique. Mais nous sommes à Hong Kong en 2019. Des travailleurs et des syndicalistes sont licenciés pour avoir participé à des grèves ou simplement pour avoir critiqué le gouvernement. Notre droit de nous défendre contre un tel Etat et un tel système est donc incontestable.

    Pourquoi le gouvernement n’interdit-il pas les gaz lacrymogènes s’il veut que les gens cessent de porter des masques ? Pourquoi ne freine-t-il pas la police ? Parce que la dictature du PCC exige de la police qu’elle recourt à une violence toujours plus dangereuse comme démonstration de force du régime chinois. Elle exige que la police ne soit jamais démasquée, ne fasse jamais l’objet d’une enquête et ne soit tenue responsable d’aucun de ses crimes. La brutalité policière sans cesse plus grave représente la vengeance de la dictature face à l’humiliation qu’elle a subie. Elle s’est révélée incapable de maîtriser des manifestations de masse qui durent maintenant depuis quatre mois.

    Le gouvernement justifie son interdiction en se servant de pays “démocratiques” comme la France où le port de masques est également interdit. Et bien honte aussi à ces gouvernements ! À Hong Kong, il est évident que cette politique vise à davantage renforcer le caractère policier d’un État hors de contrôle qui n’hésite pas à tirer à balles réelles de même qu’à affaiblir davantage le droit de manifester. Mais cette mesure n’est pas destinée à être couronnée de succès.

    Les masses doivent défier cette loi autoritaire, tout comme nous devons défier l’interdiction des manifestations par la police. La défense de nos droits démocratiques exige une action collective de masse et non des actes individuels qui dissipent la résistance. La réponse populaire devrait être : “que tout le monde se masque” !

    Le but de l’interdiction des masques est clairement de tenter de diviser le mouvement en isolant la jeunesse combattive. Pour y répondre, il faut collectivement décider d’une riposte qui soit un défi de masse. Cela démontre la nécessité d’une plus grande organisation des manifestations de masse, par le biais de comités d’action démocratiques. L’approche décentralisée et spontanée qui caractérise les protestations depuis 4 mois est compréhensible au regard de la méfiance vis-à-vis de la faiblesse des dirigeants pan-démocratiques, mais cela atteint l’impasse.

    La clé pour la victoire réside dans une meilleure organisation reposant sur une orientation envers les lieux de travail et les écoles, sur la création de comités de grève et sur la préparation d’une véritable grève générale visant à paralyser l’économie. Parallèlement, il faut lancer un appel aux masses chinoises continentales pour mener une lutte commune contre la dictature.

  • Chaos climatique, austérité, sexisme, précarité,… Transformer la colère en résistance anticapitaliste !

    Avec 4 millions de participants et la jeunesse à l’avant plan, la 3e grève mondiale pour le climat à pris une ampleur historique le 20 septembre dernier. Certains pays ont connu des mobilisation de masse d’une ampleur inédite comme aux Etats-Unis, en Australie, en Allemagne,… Dans d’autres pays, le mouvement, qui s’est étendu comme un trainée de poudre à toute la planète, en est encore à ses balbutiements. A Bruxelles, la marche a réuni entre 15.000 et 20.000 participants. Si le mouvement des travailleurs embraye lui aussi et marque la lutte de son empreinte, ce qui peut être réalisé défie l’imagination.

    Selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), l’utilisation des énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon) est chaque année responsable d’environ 85% des émissions de CO2 dues à l’activité humaine. La conversion de l’ensemble du secteur aux énergies renouvelables est bloquée par les limites du capitalisme. Ce système repose sur la concurrence et la course aux profits au bénéfice des détenteurs des grands moyens de production. Ces grands patrons peuvent se donner une image éco-friendly, mais ils continuent d’aggraver la situation.

    Les crises économique et climatique proviennent de l’ADN du capitalisme. Les effets de la grande récession de 2007-2008 se font encore sentir aujourd’hui, alors que la guerre commerciale et le Brexit font craindre le pire pour demain. Et si ce n’était que ça ! Les racines de la récession précédente sont toujours bien présentes, puisque les travailleurs ne bénéficient pas de l’ensemble des richesses qu’ils produisent. L’écart entre riches et pauvres n’a jamais été aussi grand. Les pertes des banques et des grandes entreprises ont été supporter par la collectivité, aggravant l’endettement public. A chaque fois, c’est à nous de payer.

    De son côté, le gouvernement de droite de Charles Michel a orchestré un véritable hold up. Le saut d’index à déjà rapporter 12.5 milliards d’euros de diminution salariale aux patrons, 6 milliards d’euros ont été pillé dans les caisses de la sécurité sociale, les soins de santé ou le transport ferroviaire sont affamés. Mais les grandes entreprises n’ont jamais reçu autant de cadeaux: réductions de cotisations sociales, diminution de l’impôt des société, subsides publics, etc. Les autorités ont confisqué l’argent de la collectivité pour le transférer aux plus riches. Les inégalités atteignent des sommets. Aujourd’hui, après 10 années d’austérité, le déficit budgétaire cumulé de 2019 à 2024 avoisinera les 50 milliards d’euros ! On nous parlera de nouveaux sacrifices, des recettes qui aggraveront tant les problèmes de fin du mois que ceux de fin du monde.
    Depuis 2010, les grandes entreprises privées ont augmenté massivement leur endettement en bénéficiant d’argent bon marché. Qu’en ont-elles fait ? L’ont-elles investi dans des investissements socialement utiles, dans la transition écologique, dans la création d’emplois décents, dans la lutte contre le changement climatique ? Pas du tout. Il s’en sont servit pour continuer à spéculer et distribuer des dividendes records aux actionnaires.

    Résistance !

    Le potentiel de transformer le ras-le-bol en action existe. La mobilisation internationale des jeunes pour le climat l’a une nouvelle fois démontré. Les conséquences de l’austérité sur la pression au travail poussent déjà certains secteurs à entrer en lutte, à l’image des travailleurs de la santé. Une première vague de pertes d’emploi a touché le secteur privé en septembre (KBC, Punch Powertrain, Fnac, Match et Smatch, Lhoist), elle exige une riposte des travailleurs. Il nous faudra généraliser la résistance autour d’un projet de changement de société pour faire face aux multiples visages – économique, social et écologique – de la crise du système capitaliste, et ainsi avancer vers l’instauration d’une société débarrassée de l’exploitation, une société socialiste démocratique.

  • Encore cinq ans de gouvernement de droite en Flandre

    Photo : Jean-Marie Versyp

    Avant les élections, il semblait évident que le gouvernement de droite N-VA / CD&V / Open VLD subsisterait. Le gouvernement flamand disposait d’une très large majorité, même avec le retrait des libéraux. Le 26 mai s’est toutefois révélé décevant pour la majorité sortante. Ensemble, ces trois partis ont perdu 13%. La N-VA a perdu 7% et le CD&V 5% tandis que l’extrême droite est devenue le deuxième parti en progressant de 12%. Cela rendait tout de suite moins évidente la simple reconduction du gouvernement flamand.

    Par Geert Cool

    Pendant un peu plus de deux mois, la porte est restée ouverte aux négociations avec le Vlaams Belang. Dans les faits, la N-VA prépare le terrain pour la formation de coalitions avec l’extrême droite après les prochaines élections communales, en 2024. Les partis traditionnels ont à peine réagi aux ‘‘fausses négociations’’ avec le VB, probablement pour ne pas perdre les faveurs de De Wever. Le SP.a a espéré jusqu’au dernier moment un dénouement suivant le modèle d’Anvers (où la coalition locale regroupe la N-VA, le SP.a et l’Open VLD). Groen également avait fait part de sa volonté de participer au gouvernement. Malgré la claque électorale reçue par la N-VA en mai, De Wever s’est positionné comme LE grand maître du jeu. Et les partis traditionnels l’ont laissé faire. Durant l’été, la pause dans les négociations qu’il s’est octroyée lui aurait permis, selon des sources émanant de la N-VA, de faire en sorte que son parti s’accorde sur le fait de ne pas s’allier avec l’extrême droite.

    Sur le fond, la note de négociation de De Wever indique clairement qu’en dépit de sa sanction électorale, la N-VA compte bien poursuivre sur sa lancée de droite dure pendant cinq ans encore. Selon elle, le ‘‘signal de l’électeur’’ a été compris. La N-VA fait mine de considérer que ce ‘‘signal’’ est unilatéralement synonyme de rejet des migrants. Elle reste muette sur les revendications sociales derrière lesquelles le VB s’est caché durant la campagne électorale. Une fois les élections passées, ces revendications ont été reléguées au grenier, les militants du VB étaient trop occupés à intimider les activistes pour le climat sur les festivals ou à se disputer avec les militants de la N-VA pour savoir qui est le plus nationaliste.

    Dans sa note de gouvernement, De Wever a repris une partie du programme du VB, y compris des mesures du fameux programme en 70 points sur l’immigration du Vlaams Blok, qui a valu à l’ancêtre du Vlaams Belang une condamnation pour racisme en 2004. Alors que figurent de vagues promesses en faveur d’une ‘‘société chaleureuse’’ qui viendrait à bout des listes d’attente pour personnes handicapées et où les centres de soins seraient abordables, les attaques contre les migrants n’ont rien de vague. L’accès à la couverture sociale leur sera rendu plus difficile : heureusement pour eux que la sécurité sociale n’est pas régionalisée ! Il leur faudra également payer pour un programme d’intégration.

    En mai, la politique antisociale des gouvernements de droite du pays a été sanctionnée, mais De Wever ne veut pas entendre parler d’un changement de cap. Tout ce qui se rapproche d’un droit social dans sa note est immédiatement accompagné de devoirs dans l’objectif d’individualiser la problématique. Le nationalisme romantique flamand célèbre des terres aux prairies qui ondoient comme un grand océan vert. Mais les mères célibataires peinent à y garder la tête hors de l’eau dans leurs petits logements à peine salubre aux loyers impayables. Si cela dépendait que de De Wever, l’accès aux logements sociaux serait rendu plus difficile pour tout le monde, pas que pour les migrants ! Et le statut de fonctionnaire disparaîtrait totalement. Pour nous faire avaler cette pilule antisociale, la N-VA veut que les médias publics ‘‘renforcent la représentativité du paysage idéologique flamand’’. Décodage : davantage de pro-N-VA et de pro-VB à la télévision et licenciement de toute voix critique !

    Si De Wever et Jambon réussissent à mettre en place un deuxième gouvernement flamand de droite, cela affectera non seulement les migrants, mais aussi tous les plus vulnérables dans la société. Cette catégorie sociale ne cesse de s’agrandir sous le poids de longues années de casse sociale. Et une nouvelle crise économique se profile. Il faudra résister à ce gouvernement et sa politique. Tirons les leçons de la résistance syndicale contre les gouvernements de droite précédents, à partir de 2014, afin que, cette fois-ci, nous puissions poursuivre la lutte et imposer nos priorités.

  • Vaincre la cupidité de Big Pharma par la nationalisation du secteur

    Photo : Flickr/cookiem

    La population a été bouleversée par le sort de la petite Pia. Elle a fait preuve d’une extraordinaire solidarité pour permettre à ce bébé d’une dizaine de mois de bénéficier du Zolgensma, un médicament au prix inexplicablement élevé, selon les experts. Hier, on pouvait lire dans les pages du Standaard les propos du professeur de sciences pharmaceutiques Jan Rosiers (KULeuven) : ‘‘En fait, on ne peut guère parler de lien. Les prix des nouveaux médicaments augmentent plus vite que les coûts de la recherche et du développement qui les sous-tendent depuis des années’’. L’entreprise pharmaceutique Novartis s’est déclarée prête à ‘‘collaborer de manière constructive’’ avec les autorités belges, mais seule la solidarité de la population s’est révélée concrète jusqu’ici.

    Il n’aura fallu que quelques jours pour récolter la somme nécessaire, soit 1,9 million d’euros. Voilà qui répond à tous ceux qui pensaient que les Flamands étaient tous tombés dans le piège de l’idéologie néolibérale du ‘‘tire ton plan’’ ou de sa variante d’extrême droite. Des centaines de milliers de personnes ont envoyé un SMS pour contribuer à hauteur de 2 euros. Plusieurs questions se posent : qu’en est-il du prochain bébé ? Comment vaincre la toute-puissance des grandes compagnies pharmaceutiques ?

    Sur Radio Een, le philosophe Ignaas Devisch (professeur de philosophie, de philosophie médicale et d’éthique à l’Université de Gand) a fait remarquer à juste titre : ‘‘Il est particulièrement choquant qu’un médicament qui peut sauver des vies puisse appartenir à cet ordre de prix. Cela provient de son développement, qui a, à chaque étape, été laissé à un certain nombre d’acteurs qui raisonnent premièrement en termes de profits.’’ Le fait que des profits soient réalisés dans le secteur pharmaceutique est un euphémisme… L’an dernier, Novartis a réalisé un bénéfice net de 12,6 milliards de dollars. Il ne faut donc pas aller bien loin pour expliquer le prix du médicament qui peut sauver la petite Pia : cela s’explique par la cupidité capitaliste.

    Comment peut-on justifier de laisser ce secteur qui peut sauver tant de vies à la merci de la soif de profits du secteur privé ? Dans cette logique, la recherche est essentiellement orientée vers le développement de médicaments très rentables. Les maladies rares sont donc laissées de côté. Imposer des règles ou jouer sur la concurrence entre les différentes compagnies pharmaceutiques peut légèrement faire baisser les prix. Mais cela limite notre champ d’action à la marge du problème. Encore une fois, la communauté ne peut contrôler que ce qu’elle possède ! L’industrie pharmaceutique dispose d’une énorme machine de marketing et de lobbying ainsi que d’une armée de politiciens consentants. Le secteur dépense même plus pour la publicité que pour la recherche ! Qu’importe les arguments et les situations dramatiques, nous ne parviendrons pas à convaincre ou à attendrir la “mafia pharmaceutique”. Ce système est malade et nous avons besoin d’un médicament radical !

    Le remède qui s’impose, c’est la nationalisation du secteur sous contrôle et gestion démocratiques de la collectivité dans le cadre d’un service national de soins de santé. La collectivité est à la base de la richesse du secteur par la force de travail des travailleurs dans l’industrie et des soins de santé, par les cotisations générés par les richesses créés qui alimentent les caisses de la sécurités sociales, par la recherche qui est largement dépendante du secteur public et financée par ce dernier. Tout cela démontre que la contradiction principale réside dans le fait que la production de richesse est sociale mais l’appropriation de cette richesse est privée et se concentre dans quelques mains.

    La santé est trop importante pour être laissée aux profits du secteur privé. Il est grand temps de placer tout ce qui concerne la santé aux mains du secteur public afin que le personnel et les patients disposent de moyens suffisants. Cela signifie également de dégager des fonds publics pour la recherche et le développement afin de satisfaire les besoins de la collectivité et la soif de profits des grandes entreprises. Qu’attendent les syndicats et les partis de gauche pour mettre en place une campagne de mobilisation active ? Pour protester aux portes de Novartis ? Pour faire entendre les syndicalistes du secteur dans ce débat public et pour renforcer le soutien à l’idée de la nationalisation du secteur pharmaceutique ?

  • De la canicule à l’enfer sur terre ? Le vrai problème climatique, c’est le capitalisme !

    Greta Thunberg, ‘‘prêtresse climato-hystérique’’ et ‘‘gourou apocalyptique’’ ? C’est en ces termes que fut reçue la jeune militante suédoise à l’Assemblée nationale française par le petit monde politico-médiatique. Sur son blog, le philosophe français Michel Onfray se distingua par l’ignominie de ses propos en dénigrant le physique et le syndrome d’Asperger ‘‘d’une jeune fille qui a le visage, l’âge, le sexe et le corps d’un cyborg du troisième millénaire.’’

    Par Sébastien (liège)

    Si cette violence provient principalement des milieux d’extrême-droite (des nationalistes flamands ont agressé physiquement Anuna De Wever au festival Pukkelpop), plusieurs représentants de partis traditionnels ont grandement participé à propager cette haine auprès du grand public. Plusieurs mois après les mobilisations historiques de centaines de milliers de jeunes, ces agressions illustrent l’inquiétude croissante des climato-sceptiques, mais aussi de ceux qui savent pertinemment quels sont les dangers qui nous font face, mais choisissent délibérément de ne rien faire. Ou qui choisissent de limiter les réponses à apporter afin d’éviter qu’elles ne s’en prennent au système capitaliste qui joue un rôle moteur dans l’existence et l’accélération de la crise environnementale.

    Le capitalisme tue et ils le savent

    Et pour cause, ce système est responsable de la production de 1.400 milliards de tonnes de CO2 depuis le début de l’industrialisation. Depuis, la biodiversité ne cesse de décliner. Les grandes entreprises déboursent des sommes astronomiques pour nous persuader que leur production est respectueuse de l’environnement. Pourtant, la consommation de charbon continue de croître. Celle du pétrole vient pour la première fois de passer les 100 millions de barils par jour !

    Dans ‘‘L’homme a mangé la Terre’’, le documentariste Jean-Robert Viallet rappelle que la révolution industrielle, avec son cortège de pollution, ne s’est pas faite dans une inconscience modernisatrice : ‘‘Des milliers de procès sur la pollution industrielle encombrent les archives et témoignent de l’ancienneté des dommages environnementaux. Les bilans comptables des usines chimiques montrent que, chaque année, les industriels dédommageaient leurs voisins pour les récoltes perdues et pour la dégradation de leur environnement.’’ Or, les médecins des XVIIIe et XIXe siècle faisaient déjà de l’environnement le déterminant essentiel de la santé. Décennie après décennie, deux siècles durant, les alertes n’ont jamais cessé. Deux siècles durant, les lobbies industriels se sont organisés pour les étouffer.

    Plus de temps à perdre !

    Le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC) estime qu’il reste 11 ans pour imposer une alternative radicale afin d’éviter les effets les plus graves du changement climatique. Le cabinet indépendant Carbone 4 vient de publier une étude déclarant que l’effort individuel ne peut suffire pour s’engager sur la voie de la transition écologique. Les chercheurs expliquent que nous devons exiger une transformation radicale du système et qu’il revient à l’État et aux entreprises, en tant que principaux responsables, de fournir trois quarts de l’effort climatique.

    Ne soyons donc pas dupes : une lutte collective contre ce système est essentielle. Elle doit être orientée vers une collectivisation des moyens de production, car on ne contrôle pas ce qu’on ne possède pas. Seule une prise en mains des secteurs-clés économiques sous la gestion et le contrôle démocratiques de la collectivité, une transformation socialiste de la société, pourra limiter la casse. À ce stade, ce n’est plus un slogan mais une nécessité vitale. Renforçons les différentes mobilisations prévues ce mois-ci et profitons-en pour discuter du programme et de la méthode pour contrôler et déterminer ce que nous produisons dans le respect de l’humanité et de la planète !

    • 20 septembre : Grève écolière dans le cadre de la 3e journée internationale de grève pour le climat. RDV à 13h30 gare de Bruxelles-Nord.
    • 21 septembre : ‘‘Mobilisation Historique contre le système’’ à Paris.
    • 22 septembre : Action ‘‘Rise for Climate’’ à Bruxelles.
  • La force politique de la majorité du CIO illustrée lors d’une réunion historique de son CEI

    La récente réunion du Comité exécutif international (CEI) du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) faisait suite à un débat interne qui a duré sept mois ainsi qu’au départ d’une minorité dirigée par la plupart des membres de l’ancien Secrétariat international (SI) du CIO. Dans l’ensemble, cette réunion fut une démonstration de la force politique du CIO, dont l’écrasante majorité a choisi de rester dans nos rangs. Il s’agissait de la première réunion plénière du CEI depuis novembre 2018. Les anciens dirigeants, aux prises avec un processus de dégénération rapide, avaient refusé de convoquer une réunion de la direction internationale après avoir perdu la confiance de la majorité des membres du CIO.

    Par Andy Moxley, Socialist Alternative, USA

    Tout au long de la semaine, les dirigeants du CIO de 25 pays ont discuté d’une série de sujets auxquels les marxistes sont confrontés, parmi lesquels les perspectives du mouvement révolutionnaire dans cette situation mondiale chaotique et des questions d’importance particulière comme le féminisme socialiste et le mouvement environnemental. Des camarades du Nigeria et du Soudan n’ont pas pu participer en raison de problèmes de visa. Les débats ont également porté sur notre travail syndical ainsi que sur l’orientation et le travail du CIO afin de saisir les opportunités de construire les forces du socialisme et du mouvement ouvrier. Tous ces aspects sont essentiels dans notre stratégie de construction d’un parti révolutionnaire socialiste mondial.

    Avant même la tenue de cette réunion, il était clair qu’un profond changement avait pris place par rapport aux précédentes réunions du CEI, avec la réintroduction d’une liberté de débat entre camarades. L’événement a été marqué par une approche inclusive et collaborative, visant à tirer parti des compétences, de l’initiative et des capacités de tous les camarades.

    La discussion sur les Perspectives mondiales a été encadrée par plusieurs documents élaborés conjointement par des groupes de membres du CEI, l’un sur l’économie mondiale et un autre sur les révolutions en Afrique du Nord et au Moyen Orient.

    Cette importante discussion a été introduite par deux camarades, qui ont mis l’accent sur différentes caractéristiques importantes de la situation mondiale. Cédric Gérôme, (membre du CEI et l’un des camarades minoritaires de l’ancien Secrétariat international), a abordé la situation générale des forces du marxisme, la faillite de l’establishment politique capitaliste à l’échelle mondiale, la dégradation environnementale et la présence du populisme de droite et de l’extrême droite. Il a mis l’accent sur la vague de mouvements sociaux et même révolutionnaires explosifs en cours dans le monde, en particulier en Afrique du Nord, ainsi que sur la croissance générale de la lutte de classe et de la popularité du socialisme.

    Vincent Kolo, membre du CEI de la section de Chine – Hong Kong – Taiwan, a parlé de l’importance du conflit américano-chinois dans l’évolution de la situation mondiale actuelle. Plus qu’une simple guerre commerciale, il a mis l’accent sur les caractéristiques du conflit, à savoir une sorte de “guerre froide”, non plus comme auparavant entre deux systèmes sociaux antagonistes, mais entre deux puissances impérialistes rivales pour déterminer qui dominera la scène mondiale dans la prochaine époque historique. Un certain nombre de camarades du monde entier sont intervenus au cours de la discussion, qui a duré plus d’une journée, afin de développer les thèmes clés et d’aider à les généraliser dans un contexte international.

    Après cette discussion sur les perspectives, il y a eu une brève mais importante session sur la campagne de réélection de Kshama Sawant à Seattle. Cette session fut un véritable échange d’expériences – avec des questions précises et des réponses précises. Les camarades américains ont expliqué le programme socialiste de cette campagne et comment nous sommes parvenus à atteindre la première position lors du premier tour de cette élection pour le conseil de ville (avec plus de 36% des voix) en dépit des plus de 300.000 dollars dépensés par les grandes entreprises contre nous. Cela a illustré l’incroyable force d’attraction de notre campagne, en particulier parmi la jeunesse. Cette campagne de réélection est de première importance dans la mesure où il s’agit de la seule élue marxiste aux Etats-Unis. Il s’agit d’une claire lutte de classe contre la classe des milliardaires (tout particulièrement contre Amazon qui a son siège social dans cette ville). Nous pourrions jouer un rôle très important dans la période à venir si nous somes en mesure de préserver ce poste lors du second tour en novembre.

    Un féminisme socialiste basé sur la classe ouvrière

    Comme Jane, membre brésilienne du CEI, l’a expliqué dans sa contribution à la session sur le féminisme socialiste, « cette discussion est celle que nous attendons depuis 14 ans », un symbole du type de révolution politique que cette réunion a représenté pour le CIO. Laura Fitzgerald, d’Irlande, a donné une introduction très percutante soulignant non seulement l’importance du mouvement des femmes, mais aussi le rôle des travailleuses et leur impact sur la lutte des classes en général.

    Ces deux éléments ne peuvent être séparés artificiellement, comme elle l’a expliqué. Ce fut illustré en Irlande par les ambulanciers irlandais du syndicat NASRA (National Ambulance Service Representative Association) qui ont adopté le slogan “notre syndicat, notre choix” en référence claire à la victoire massive sur le droit à l’avortement en Irlande à la fin de l’année dernière (sous le slogan « notre corps, notre choix »). Les camarades ont également fait remarquer que s’il existe des dangers évidents en termes d’idées bourgeoises et petites-bourgeoises qui divisent le mouvement, les combattre idéologiquement ne suffit pas, il faut intervenir.

    Bien qu’il n’existe pas de solution universelle, des initiatives audacieuses doivent être développées par les marxistes pour canaliser l’atmosphère radicale sur cette question dans une lutte de classe positive et dans une direction socialiste. C’est ce que nous avons fait avec des initiatives comme ROSA en Irlande et en Belgique. La discussion a abouti sur un accord pour s’engager dans une action internationale audacieuse autour de la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes (le 8 mars) et de la Journée internationale contre la violence envers les femmes (le 25 novembre). En outre, le CEI a pris la décision d’établir un Bureau femmes international provisoire afin de poursuivre le développement de notre matériel politique et de coordonner ces actions jusqu’au Congrès mondial de janvier 2020.

    Le mouvement pour le climat est une priorité internationale

    Les grèves des jeunes pour le climat et leur importance ont été mises en avant, dans ce contexte d’effroyable crise écologique imposée à la planète par le capitalisme. Plusieurs camarades ont parlé de l’incroyable ouverture qu’offre la crise climatique pour expliquer quelle solution socialiste mondiale signifierait une économie démocratiquement planifiée, sous le contrôle et la gestion des travailleurs.

    L’environnement ne peut pas être qualifié de “problème des classes moyennes” (comme l’ont fait certains de nos camarades qui nous ont récemment quitté). Il s’agit d’une question brûlante pour des milliards de travailleurs et de jeunes. Et bien que l’enjeu ait été correctement souligné, le fil conducteur n’était pas un fataliste “le monde va brûler”. Il est urgent d’agir, mais nous avons encore le temps de décider dans quel type de société nous voulons vivre avant que le changement climatique ne change fondamentalement la réalité matérielle de milliards de personnes, notamment en provoquant une augmentation significative de la migration massive causée par ses effets, que les États capitalistes seront incapables de gérer.

    Différentes sections du CIO se préparent pour la semaine de grèves et de protestations climatiques qui aura lieu du 20 au 27 septembre, ainsi que pour une intervention conjointe de plusieurs sections européennes du CIO à Paris le 21 septembre. Une telle intervention de la part du CIO n’a pas eu lieu depuis le mouvement antimondialisation de la fin des années 90 et du début des années 2000, ni depuis l’initiative très réussie des Jeunes contre le racisme en Europe (YRE/JRE) qui a conduit à la forte croissance de nombreuses sections du CIO.

    Cette réunion du CEI fut pleine de détermination pour revenir aux traditions du CIO en tant que force de combat mondiale dynamique qui se mobilise dans le cadre d’initiatives internationales.

    Discussion sur les racines et les leçons de la crise interne du CIO

    Bien qu’une grande partie de la réunion ait été axée sur l’avenir, pour savoir où nous allons, nous avons besoin de savoir d’où nous provenons. Toute la journée du mercredi a été consacrée aux racines de la crise du CIO et des leçons à en tirer. La discussion sur ce thème ne s’est pas limitée à cette session et, en réalité, a constitué un fil conducteur clair de toutes les discussions de la semaine. Danny Byrne, membre du CEI et ancien membre de la minorité du SI, et André Ferrari, membre de Liberdade, Socialismo e Revolucao (CIO – Brésil), ont introduit la discussion.

    Le thème central de la discussion, et sa principale conclusion, était la nécessité de lancer un processus approfondi de discussion et de débat dans l’ensemble du CIO, entre tous ses membres et pas seulement ses dirigeants, sur les racines et les leçons de la crise dont nous sommes issus. En cela, nous serons confrontés à un double défi : changer ce que nous devons changer pour éviter de futurs problèmes, tout en ne “jetant pas le bébé avec l’eau du bain” (ce qui a été répété à de nombreuses reprises dans la discussion !).

    Il était essentiel de reconnaître et d’analyser le rôle extrêmement positif qu’a joué notre ancienne direction durant toute une période : en jouant un rôle dans la fondation du CIO, en participant à des batailles de masse en Grande-Bretagne dans les années 1970 et 1980 et peut-être surtout en reconnaissant la signification de la chute du stalinisme et en réagissant rapidement pour faire face aux défis que cet événement posait aux marxistes dans les années 1990 et au début des années 2000.

    Toutefois, l’ouverture de la période actuelle après la crise financière de 2007/08 a mis en lumière certains problèmes au niveau de la direction. Celles-ci étaient relativement mineures au début et les camarades qui en avaient connaissance espéraient que le changement de situation et les mouvements de classe les résoudraient.

    Ce n’est que lorsque l’ex-SI a déclenché la crise à la fin de l’année dernière, en tentant d’anéantir notre organisation irlandaise avec une scission insensée et désastreuse, que la profondeur de la dégénérescence au sein de l’ancien SI et du Socialist Party d’Angleterre et du Pays de Galles a été pleinement exposée. Le manque de renouvellement de la direction par des cadres plus jeunes – une caractéristique absolument essentielle d’une direction marxiste saine – et le fait de faire reposer de plus en plus l’internationale sur l’expérience d’une seule section nationale dans une période spécifique (la Grande-Bretagne dans les années 1980) a eu des conséquences politiques et organisationnelles désastreuses.

    Celles-ci n’ont été pleinement exposées qu’au cours de la dispute qui a suivi. En réalité, ces camarades ont commencé à présenter une perspective unilatérale et pessimiste à l’égard des mouvements actuels. Ils ont cherché à répéter exactement les processus de l’après-guerre dans les événements tumultueux des dix dernières années, et lorsque cela s’est heurté à la réalité, ils ont adopté une attitude de plus en plus dépassée et sectaire.

    Cela s’est traduit par l’absence d’initiatives dynamiques et de discussions constructives sur les questions les plus importantes au niveau international, ce qui a obligé les dirigeants nationaux à les développer exclusivement de leur propre initiative. Dans le même temps, l’ancien SI devenait de plus en plus un organe routinier qui considérait le travail des sections nationales sous un prisme “noir ou blanc” : soit elles devaient être présentées comme des “joyaux de la couronne”, soit elles devaient être dénoncées en bloc. Cette approche a conduit au déclenchement de la crise.

    De nombreux camarades ont réaffirmé la nécessité de restaurer les meilleures pratiques du CIO. Cela inclut la nécessité d’un débat et d’une discussion plus démocratiques, mais aussi d’une unité d’action puissante qui, ironiquement, étant donné leur centralisme bureaucratique, avait été sapée par l’approche de l’ancien SI qui, en pratique, encourageait les tendances fédéralistes. En fin de compte, cependant, les problèmes de la période passée étaient enracinés dans la politique, et bien que nous luttions pour les structures les meilleures et les plus responsables possibles, comme Stephen Boyd d’Irlande l’a souligné dans sa conclusion à cette discussion, la seule protection solide contre une future dégénérescence est le niveau politique des membres. C’est d’ailleurs ce qui a protégé l’intégrité de l’écrasante majorité des membres du CIO durant cette crise.

    Pour la première fois depuis plusieurs années, nous avons également eu une importante discussion sur la construction du parti révolutionnaire. Il a été réaffirmé qu’à la différence d’autres prétendues “internationales” qui fonctionnent comme un club ou une fédération de groupes nationaux, le CIO est un parti révolutionnaire mondial avec des sections nationales dans la tradition des périodes saines des 3ème et 4ème Internationales. Il s’agissait d’une discussion ouverte et honnête sur les progrès et les défis des sections et de l’Internationale au niveau mondial.

    Les camarades américains ont parlé la croissance explosive qu’ils ont connue ces dernières années tout en soulignant les défis de la consolidation d’une organisation à l’échelle continentale et la bataille idéologique nécessaire pour éduquer une nouvelle génération de socialistes révolutionnaires dans l’antre de la bête impérialiste. Les camarades irlandais ont parlé de leurs réalisations parmi la jeunesse, les femmes et les jeunes LGBTQ en particulier, et le rôle historique actuel que les camarades de Belfast jouent dans l’occupation du chantier naval de Harland et Wolff. Les camarades américains et irlandais ont tous deux souligné les complications et les pressions que les luttes de masse de premier plan peuvent exercer sur une organisation révolutionnaire, mais aussi l’incroyable valeur qu’elles ont pour la formation de cadres dans l’expérience concrète de la lutte de classe.

    Des camarades de Chine-Hong Kong-Taïwan ont parlé de l’expérience incroyable de la construction d’une section multinationale dynamique et forte dans des conditions difficiles. Les membres de la nouvelle section d’Angleterre, du Pays de Galles et d’Écosse ont également souligné les défis que représente la construction d’une section entièrement nouvelle à partir des cendres de l’ancienne, bien qu’avec les éléments les plus sains de l’ancienne organisation.

    Un certain nombre de camarades de groupes et de sections plus petits ont également commenté l’importance de telles discussions sur la création de partis pour développer de plus grands groupes dans des endroits comme le Mexique et la Tunisie. Un autre thème clé était la nécessité pour les dirigeants des sections de construire une direction internationale cohérente et active ainsi que la nécessité pour chaque camarade des sections du CIO de s’investir dans les structures internationales et la vie politique de l’internationale.

    Lors d’un meeting international le jeudi soir, plusieurs orateurs ont pris la parole, dont la députée Ruth Coppinger (Irlande), Eleni Mitsou (Grèce), Kelly Bellin (États-Unis), Jane Barros (Brésil), Elin Gauffin (Suède), Sarah Wrack (Grande-Bretagne), Pasha (Hong Kong) et Eric Byl (Belgique), avec un message lu par un camarade soudanais qui ne pouvait être présent. Ce meeting inspirant n’a pas seulement été présenté dans une salle remplie de membre du CEI et d’une petite foule de camarades de toute la Belgique, il a été retransmis en direct à des groupes de membres du CIO. D’autres projections en groupes avaient égélement été organisées pour les camarades de fuseaux horaires différents. L’appel financier a reflété l’enthousiasme et la confiance des camarades du monde entier dans le renouveau de la vie du CIO : il a permis de récolter plus de 40 000 € !

    Le vendredi, des discussions approfondies ont eu lieu sur le travail syndical, ce qui n’avait pas été le cas lors des récentes réunions internationales du CIO, ainsi qu’au sujet des finances de l’Internationale et de ses publications. Il ne s’agissait pas seulement de rapports, mais aussi de discussions fondées sur l’action – des plans ont été élaborés pour accroître la responsabilité et la solidité financières, ainsi que pour la production de documents écrits et de bulletins internationaux. En fin de compte, des décisions unanimes ont été prises pour adopter les documents de perspectives, approuver un certain nombre d’initiatives et élire un nouveau Comité provisoire de 19 camarades de différentes sections à travers le monde pour aider à diriger et coordonner le travail du CIO jusqu’au Congrès mondial, à la place de l’ancien SI qui a été officiellement démis de ses fonctions par vote unanime.

    La réunion d’août 2019 du CEI du CIO sera considérée à l’avenir comme un tournant décisif au sein du CIO et au-delà. Il s’agissait d’un important tremplin vers le Congrès mondial de janvier 2020, qui sera l’aboutissement de la renaissance d’un CIO politiquement renforcé. Au final, le thème de cette discussion était la préparation des forces du marxisme aux défis mais aussi aux grandes opportunités des années 2020. Nous avons un monde à gagner et les socialistes sont prêts à se battre pour cet avenir !

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