Category: Océanie

  • RCEP : le combat commence maintenant contre cet accord de libre-échange anti-travailleurs

    Le 15 novembre, le partenariat régional économique global (en anglais : Regional Comprehensive Economic Partnership (RCEP) a été lancé par quinze gouvernements de la région Asie-Pacifique. L’intention claire des négociateurs était de lancer un accord commercial typiquement néolibéral qui, s’il est pleinement mis en œuvre, réduira les droits de douane et les barrières non tarifaires entre les dix membres de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE) et cinq économies non membres de l’ANASE. L’ANASE est composée du Brunei, du Cambodge, de l’Indonésie, du Laos, de la Malaisie, du Myanmar, des Philippines, de Singapour, de la Thaïlande et du Vietnam. Les cinq “étrangers” sont l’Australie, le Japon, la Corée du Sud, la Nouvelle-Zélande et la superpuissance régionale, la Chine.

    Par des reporters de chinaworker.info. Cet article est l’éditorial du numéro de décembre du magazine socialiste (社会主义者) de la section Chine-Hong Kong-Taïwan d’Alternative Socialiste Internationale

    Le RCEP est considéré comme le plus grand bloc commercial au monde, regroupant 2,2 milliards de personnes (dont 63 % pour la Chine) et environ 30 % du PIB mondial (dont plus de la moitié pour la Chine). L’accord risque de se heurter à une résistance massive des organisations de travailleurs et des mouvements sociaux dans toute la région, et les fortes contradictions entre les gouvernements signataires soulèvent de nombreuses questions quant à sa viabilité.

    Le site chinaworker.info propose ici quatre idées à retenir au sujet du lancement du RCEP.

    Le RCEP représente une énorme attaque contre les travailleurs, les agriculteurs et la nature

    Le RCEP représente un crime gigantesque perpétré par une clique secrète de politiciens et de magnats du monde des affaires capitalistes contre la grande majorité des habitants de la région Asie-Pacifique.

    “Cela va encore saper les moyens de subsistance des agriculteurs, des pêcheurs, des peuples indigènes et des paysannes, et menacer les emplois des travailleurs”, déclare le groupe Trade Justice Pilipinas. “Le RCEP ne fera qu’aggraver les inégalités qui existent déjà et qui ont été exacerbées par la pandémie”, prévient le groupe basé aux Philippines.

    Sept syndicats répartis dans plusieurs pays de la région ont qualifié le moment de l’accord d’”épouvantable”, survenant au milieu de la pire pandémie depuis un siècle, avec des systèmes de santé débordés et un chômage en forte hausse. Ils avertissent que le RCEP menace d’aggraver ce que les Nations unies prédisent comme la pire crise alimentaire mondiale depuis 50 ans.

    L’économie de l’Asie dans son ensemble va se contracter de 2,2 % cette année, selon la dernière enquête du FMI, la première contraction de ce type depuis les années 1960. Même lors de la crise financière asiatique dévastatrice de 1997, l’économie de toute la région a enregistré une croissance positive de 1,3 %. L’accord du RCEP montre plus que tout autre chose le désespoir des quinze gouvernements ; la nécessité d’un discours positif pour apaiser les nerfs des entreprises et relancer les investissements étrangers.

    Le RCEP va accroître l’exploitation des travailleurs et de l’environnement. La réorganisation et la régionalisation des chaînes d’approvisionnement, envisagées dans le cadre du RCEP, entraîneront des licenciements massifs, des fermetures d’entreprises, des réductions de salaires et une augmentation des niveaux déjà inacceptables d’emplois précaires. L’Organisation internationale du travail (OIT) rapporte que 68 % de la main-d’œuvre de la région Asie-Pacifique se trouve dans le secteur informel, les jeunes travailleurs de 15 à 24 ans étant les plus touchés. Dans ces emplois, il n’existe pratiquement aucune protection sociale, aucun droit à la retraite ni aucun droit syndical. Au Laos et au Cambodge, deux États membres du RCEP, le secteur informel représente plus de 93 % de l’emploi, mais même au Japon, pays riche, cela représente 20 % de l’emploi.

    L’accaparement des terres, les défrichements forcés et l’appauvrissement des petits agriculteurs de subsistance vont augmenter. Le RCEP demande à ses membres d’adhérer au traité de Budapest, qui impose le contrôle monopolistique des semences et des micro-organismes par de grandes entreprises agrochimiques comme Monsanto et la société chinoise Syngenta, affaiblissant encore la position des petits agriculteurs. Les professionnels de la santé avertissent que les règles du RCEP sur les médicaments génériques, si elles sont adoptées, entraîneront une hausse vertigineuse des prix des médicaments dans de nombreux pays de l’ANASE.

    Les écosystèmes déjà dégradés seront encore davantage mis à mal. En Indonésie, une zone de forêt de la taille de Brunei est perdue chaque année au profit de grandes entreprises de plantation, d’exploitation forestière et minière. Des batailles de masse ont éclaté ces dernières années impliquant des activistes environnementaux et des peuples indigènes – de la Papouasie occidentale à la Mongolie intérieure – pour bloquer l’exploitation minière et d’autres projets d’entreprises écologiquement destructeurs. Cela inclut des protestations contre des entreprises chinoises et des projets d’infrastructure en Indonésie, en Thaïlande, au Myanmar et dans d’autres États du RCEP, y compris des projets dans le cadre de l’initiative géante chinoise “Belt and Road Initiative” (BRI, également appelé « les nouvelles routes de la soie » en français).

    Le RCEP ne contient aucune disposition environnementale. La lutte pour désamorcer la bombe à retardement écologique et climatique et améliorer les conditions de vie des populations rurales pauvres d’Asie ne peut pas reposer sur un lobbying visant à “améliorer” le RCEP, mais sur la revendication de l’abandon pur et simple de cet accord. Des organisations de travailleurs fortes, qui se lient aux masses rurales et leur donnent une impulsion, sont la seule façon de vaincre cet assaut capitaliste. L’internationalisme des travailleurs et leur lutte commune pour mettre fin au système de profit capitaliste et placer toutes les ressources économiques sous le contrôle démocratique de la majorité est la seule réponse, plutôt que l’illusion du capitalisme “national” et du protectionnisme.

    Le RCEP est synonyme de nouvelles attaques contre les droits démocratiques

    Le RCEP est un “affront à la démocratie”, selon la députée philippine de gauche Sarah Elago. “Les gouvernements ont donné des positions privilégiées aux grands groupes de pression des entreprises au détriment des principes démocratiques de base”, souligne-t-elle. Les négociations du RCEP ont été menées dans le plus grand secret, à l’exclusion des parlementaires élus (lorsqu’ils existent), sans parler des syndicats, des organisations de jeunesse ou des militants ruraux. Le document final de 510 pages, avec des milliers de pages de documents associés, n’a été publié qu’après la signature de l’accord. Pourtant, de puissantes associations capitalistes comme le East Asia Business Council, le Keidanren du Japon et le Minerals Council d’Australie se sont même vu attribuer un rôle officiel dans le processus du RCEP.

    L’accélération de l’accaparement des terres et de la saisie des ressources naturelles par les entreprises entraînera une militarisation accrue et une terreur soutenue par l’État dans les régions rurales et les régions où vivent des minorités ethniques. Les protestations de masse des travailleurs et des jeunes en Indonésie, en Thaïlande et à Hong Kong au cours de l’année écoulée ont été sévèrement réprimées. Dans toute la région, les dépenses militaires ont augmenté de 52 % depuis 2018, selon l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm.

    Le processus du RCEP montre que lorsque des accords visant à augmenter les profits des grandes entreprises sont sur la table, il n’y a pas de différences fondamentales entre les dictatures directes comme la Chine, le Brunei et le Laos, et les gouvernements capitalistes “démocratiques” en Australie, au Japon et en Nouvelle-Zélande.

    RCEP : Qui gagne, qui perd ?

    Le RCEP et d’autres accords de libre-échange sont des manifestations de l’impérialisme moderne, qui permettent aux classes capitalistes d’exploiter plus efficacement le travail, tant au niveau national que mondial.

    Selon l’économiste Michael Plummer, trois pays – la Chine, le Japon et la Corée du Sud – récolteront 90 % des gains de revenus et 88 % des gains commerciaux du RCEP. Les douze autres membres du RCEP devront se chamailler pour les miettes.

    Tous les accords capitalistes tentent de duper les gens avec des phrases sucrées sur la “coopération win-win” où tout le monde est gagnant. Mais pour les économies de l’ANASE, pour la plupart “en développement”, le RCEP va renforcer un processus de dépendance économique – en tant que marchés, sources de main-d’œuvre bon marché et de ressources naturelles – vis-à-vis du capitalisme chinois et d’autres grandes économies.

    Au cours des dix dernières années, la moitié des membres de l’ANASE ont enregistré un déficit commercial (Cambodge, Indonésie, Laos, Myanmar et surtout les Philippines). Trade Justice Pilipinas avertit que l’adhésion au RCEP augmentera la facture des importations du pays de 908 millions de dollars US mais n’ajoutera que 4,4 millions de dollars US à la valeur des exportations.

    Le caractère impérialiste de la Chine sous le règne du Parti soi-disant communiste (PCC) est pleinement révélé par son rôle instrumental dans le déclenchement de ce projet néo-libéral sur les peuples de la région. Les ambitions économiques et géopolitiques du PCC, qui, à l’époque de Xi Jinping, sont de plus en plus poursuivies par la coercition et les menaces, ne sont pas fondamentalement différentes de celles de puissances impérialistes plus établies comme les États-Unis.

    La nécessité pour la Chine de consolider sa domination sur l’Asie de l’Est, en tant que contrepoids aux politiques de “découplage” économique et diplomatique des Etats-Unis, est un facteur essentiel qui a motivé le lancement du RCEP. Il s’agit d’une nouvelle escalade significative de la guerre froide, plutôt que d’une quelconque réduction d’échelle. Le régime de Xi sait que lorsque Biden prêtera serment, les politiques anti-Chine de Washington se poursuivront, “bien qu’avec moins de caractéristiques trumpiennes” comme l’a noté Al Jazeera.

    Le RCEP représente une victoire diplomatique majeure pour la Chine aux dépens des Etats-Unis, mais une réalisation bien plus limitée en termes économiques. Comme le soulignent les analystes de City Research, “le message diplomatique du RCEP peut être tout aussi important que l’économie – un jolie coup pour la Chine”.

    En fait, malgré la fanfare entourant le RCEP, cela ne signifiera que des “gains marginaux” pour l’économie chinoise selon le South China Morning Post de Hong Kong. Si le RCEP devrait apporter un modeste coup de pouce au PIB chinois, “il ne suffira pas à annuler les dommages de la guerre commerciale avec les États-Unis”, a déclaré le journal. Le Petersen Institute of International Economics a prédit en juin 2020 que le RCEP, une fois terminé, ajoutera 0,4 % au PIB chinois d’ici 2030, tandis que la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine, si elle devait persister (nous pensons que c’est très probable), réduirait le PIB de 1,1 %. Paradoxalement, la suppression des barrières commerciales entre la Corée du Sud, le Japon et les pays de l’ANASE peut conduire à un accroissement des échanges entre ces pays plutôt qu’avec la Chine, sur la base des symétries de ces économies respectives.

    Pour combattre efficacement le RCEP, le mouvement ouvrier a besoin d’une évaluation sobre de ce qu’il représente, et non de prendre pour argent comptant la propagande vantarde des différents gouvernements et groupes d’entreprises du RCEP.

    Le magazine The Economist a décrit l’accord du RCEP de novembre comme “peu ambitieux”, un point de vue partagé par de nombreux commentateurs capitalistes. Afin d’aller de l’avant, les gouvernements signataires ont été contraints de diluer leurs ambitions et d’adopter un accord nettement plus faible par rapport à de nombreux autres ALE capitalistes. Le RCEP est assez vague sur le commerce des services et contient très peu sur l’agriculture par exemple.

    Ces lacunes et insuffisances sont une bonne nouvelle du point de vue de la classe ouvrière. Nous ne devons pas sous-estimer la menace économique très réelle que représente le RCEP, mais sa nature instable et les nombreux conflits entre les États membres font qu’une lutte réussie pour enterrer le RCEP est une possibilité réelle.

    Le RCEP va-t-il décoller ?

    A ce stade, le RCEP est plus lourd de symbolisme que de substance. Il faudra au moins dix ans, et dans certains cas vingt ans, pour que les objectifs de réduction tarifaire du bloc soient atteints. D’autres parties de l’accord pourraient s’enliser dans des négociations sans fin. L’Inde a participé à 28 des 31 cycles de négociations du RCEP, mais elle s’est retirée du processus en 2019, principalement en raison du défi économique lancé par la Chine.

    Les commentateurs soulignent la “voie de l’ANASE”, qui consiste à progresser lentement, progressivement et de façon presque glaciale. C’est le mode de fonctionnement du groupe depuis un demi-siècle, en raison du caractère extrêmement divers et désuni de ses dix États membres. Le RCEP est encore plus diversifié et désuni.

    La guerre froide va se jouer autour et aussi à l’intérieur du RCEP avec l’impérialisme américain déterminé à priver la Chine de tout avantage. La polarisation entre les factions pro-américaines et pro-chinoises des élites dirigeantes dans toute la région va probablement s’accentuer. La lutte féroce entre la Chine et l’Australie, cette dernière étant fermement ancrée dans le camp américain, est une indication de ce qui nous attend. Le Japon et la Corée du Sud, tous deux alliés des États-Unis, ont de sérieux différends entre eux. Ceux-ci, comme les tensions ailleurs, peuvent déborder sur les prochains cycles de négociations du RCEP.

    Ce différend – avec le charbon australien, le bœuf, l’orge, le vin et d’autres marchandises bloquées par la Chine – a atteint de nouveaux sommets quelques jours seulement après que les deux gouvernements ont signé l’accord du RCEP. Leurs différends économiques sont dans une certaine mesure éclipsés par le clivage diplomatique et politique, la Chine présentant une liste de “quatorze griefs” qui comprennent une couverture médiatique négative, et le gouvernement australien exigeant des excuses pour un tweet provocateur du ministère des affaires étrangères de Pékin, qui a attiré l’attention sur les crimes de guerre commis par le personnel militaire australien en Afghanistan.

    Il est peu probable que le RCEP commence avant janvier 2022 car il doit être ratifié par des “parlements” (dont certains ne sont pas élus) dans au moins neuf pays. Bien qu’il soit peu probable qu’il échoue, même le processus de ratification pourrait se heurter à une résistance farouche. Au cours des deux prochaines années, avant que le RCEP puisse être mis en œuvre dans son intégralité, la route sera longue et ardue – un chemin de boue sinueux plutôt qu’une autoroute.

    Nous assistons également à la plus importante lutte de pouvoir au sein de l’État PCC depuis trois décennies, incarnée par les signaux très différents émis par le président Xi Jinping et le premier ministre Li Keqiang. Comme Li est le responsable officiel du RCEP, ce projet fera inévitablement partie de la lutte pour le pouvoir. Xi est en général favorable à un programme économique plus nationaliste, avec une plus grande dépendance du capitalisme d’État, tandis que Li représente la couche des capitalistes chinois qui sont favorables à des liens économiques plus étroits avec l’étranger. Bien que Xi ne soit pas fondamentalement opposé au RCEP, sa priorité est la “stratégie de double circulation” pour développer l’économie intérieure chinoise, ce qui signifie que le RCEP pourrait être mis de côté dans la pratique, devenant un accord vide de sens.

    La tâche du mouvement ouvrier, des socialistes, du mouvement pour le climat, des étudiants et des militants ruraux est de s’assurer que la résistance de masse nécessaire est mise en place. Le capitalisme est incapable d’”unifier” l’Asie-Pacifique, notamment parce qu’il s’agit d’un système basé sur des États-nations, qui, surtout en période de crise, développent des antagonismes fondamentaux lorsque chaque groupe dirigeant tente de se sauver.

    Les socialistes croient en une véritable coopération internationale et en une intégration économique fondée sur les intérêts communs des travailleurs au-delà des frontières nationales. Cela n’est possible qu’en renversant le capitalisme – dans ses deux variantes “nationaliste” et “mondialiste” – et en établissant des économies planifiées, socialistes et publiques sous le contrôle démocratique de la classe ouvrière et des masses opprimées.

  • Australie : L’inaction climatique et les réductions budgétaires alimentent les incendies dévastateurs

    L’Australie est en proie à une crise extrême de feux de brousse. Des vagues de chaleur record et des mois de sécheresse ont créé les conditions pour des incendies massifs dans tout le pays. L’ampleur des incendies est sans précédent, affectant tous les Etats du pays. Ce sont les plus grands feux de brousse jamais enregistrés en Australie. Au moment où nous écrivons ces lignes, près de 6 millions d’hectares ont brûlé : plus de cinq fois la taille des feux de 2019 dans la forêt amazonienne. Quinze personnes ont été tuées et le nombre de morts va probablement augmenter.

    Par Jeremy Trott, Socialist Action (CIO-Australie)

    Pendant des semaines, une brume de fumée toxique a englouti Sydney, Brisbane et Canberra. La plupart des jours, la qualité de l’air est pire qu’à Pékin. Au cours des deux premières semaines de décembre, des douzaines de bureaux de Sydney ont été évacués lorsque les alarmes incendie ont été déclenchées par la fumée qui s’infiltrait à l’intérieur. Les appels d’ambulance pour des difficultés respiratoires ont augmenté de 30% au cours de la même période.

    Alors que ce désastre se déroule, le gouvernement de coalition libéral-national dort au volant. Comme l’empereur Néron qui jouait du violon pendant que Rome brûlait, le premier ministre Scott Morrison est allé en vacances à Hawaï pendant l’état d’urgence, ce qui a suscité une vaste condamnation publique. Pour beaucoup de gens, les vacances de Morrison résument l’attitude impitoyable d’un gouvernement qui refuse de faire quoi que ce soit pour lutter contre le réchauffement climatique alors même que ses effets deviennent indéniables.

    Pendant des décennies, les scientifiques et les expertes en incendie ont averti que le changement climatique allait exacerber les feux de brousse en Australie. Ces avertissements sont maintenant une réalité. La saison des feux de brousse s’allonge, avec une réduction des précipitations et des étés plus longs et plus chauds. Les conditions sont tellement sèches que les zones de végétation sont comme des poudrières géantes. En plus de la fréquence et de l’intensité accrue des feux, cela signifie une réduction des possibilités de feux contrôlés pour gérer les sous-bois.

    Le capitalisme australien et ses politiciens n’ont rien fait pour se préparer à cette situation. La lutte contre les incendies en Australie rurale est principalement assurée par des milliers de volontaires locaux non rémunérés, qui sacrifient leur temps – et parfois leur vie – généralement sans compensation. Privés de financement gouvernemental, les pompiers volontaires comptent souvent sur les efforts de collecte de fonds de la communauté pour fournir les fournitures de base. Le service d’incendie rural du Queensland et de la Nouvelle-Galles du Sud a dû faire face à des réductions budgétaires peu avant la saison des feux de 2019. Ces compressions ont coûté des vies.

    Bien qu’il soit criminel de forcer des services d’incendie essentiels à fonctionner avec un budget restreint, le plus grand crime de l’establishment politique est de loin sa politique climatique. Au service de l’avidité de l’industrie des combustibles fossiles, les partis libéral et travailliste ont augmenté la production de gaz et de charbon au lieu de prendre des mesures rapides pour passer à l’énergie renouvelable. Leur soutien bipartisan à l’exploitation du charbon dans le bassin de Galilée du Queensland en est l’exemple le plus flagrant. Ils suivent aveuglément la logique du marché capitaliste : des profits à court terme quel que soit le coût.

    L’heure de la riposte

    40 000 personnes sont descendues dans la rue à Sydney en décembre pour protester contre l’inaction du gouvernement fédéral et de l’État de Nouvelle-Galles du Sud. Cette mobilisation de masse est révélatrice de la colère qui couve dans la société et qui doit être exploitée pour construire un mouvement sérieux capable de transformer la situation.

    En plus d’un plus grand nombre de grèves étudiantes, les syndicats doivent être le fer de lance de ce mouvement en intensifiant l’organisation d’actions collectives sur le lieu de travail. Les travailleurs et travailleuses de la construction, du transport maritime et de l’électricité de Sydney ont déjà pris la fuite pour des raisons de santé et de sécurité en réaction à la fumée toxique.

    Ces petites actions d’arrêt de travail devraient être transformées en une grève nationale des travailleuses et travailleurs avec les étudiants pour exiger un financement immédiat des services d’incendie et des mesures de lutte contre le changement climatique. Une grève de masse et des protestations visant à paralyser l’économie, ne serait-ce qu’une journée, exerceraient une pression énorme sur le gouvernement.

    En fin de compte, pour faire face à la crise climatique et à ses conséquences désastreuses, il faut une restructuration radicale de l’économie. Il est clair que tant que la richesse, les ressources et les industries de la société appartiendront au secteur privé, les entreprises feront passer leurs propres intérêts de profit avant les intérêts de la communauté.

    Pour commencer à s’attaquer à cette urgence, nous avons besoin de la propriété et du contrôle publics des éléments clés de l’économie. Par exemple, si nous mettions les grandes sociétés pétrolières, gazières et minières entre les mains du secteur public, nous pourrions amorcer une transition planifiée vers l’énergie renouvelable. Au lieu de supprimer des emplois, les travailleuses et travailleurs de ces industries pourraient être réaffectés à des emplois durables ailleurs.

    Nous ne pouvons pas compter sur le secteur privé pour prendre des décisions importantes concernant notre environnement et nos moyens de subsistance. Un plan de production démocratique et socialiste, impliquant les travailleuses et travailleurs de tous les secteurs, est nécessaire de toute urgence. Les changements climatiques posent d’énormes défis – le capitalisme ne peut pas les relever.

  • Australie: les étudiants brossent les cours et exigent des mesures pour le climat!

    Le vendredi 30 novembre dernier, des étudiants de toute l’Australie ont quitté leurs écoles pour faire grève contre l’inaction du gouvernement en matière de changements climatiques. Des milliers de personnes ont assisté à des manifestations organisées dans au moins 30 villes.

    Kai Perry, Socialist Party (section australienne du CIO), article initialement publié le 7 décembre 2018

    Ces protestations ont eu lieu en même temps que l’annonce faite par Adani ; la multinationale a déclaré vouloir autofinancer son projet controversé de mine de charbon dans l’Etat du Queensland après en avoir réduit la taille et la portée, en dépit d’importantes protestations du public. Aucun des deux grands partis n’est prêt à arrêter le projet.

    Les étudiants australiens ont été inspirés par l’étudiante suédoise Greta Thunberg , qui sèche les cours chaque vendredi pour protester devant son parlement à Stockholm.

    Thunberg appelle les jeunes à se joindre à elle. Elle a écrit dans le Guardian : « Asseyez-vous devant votre parlement ou votre gouvernement local où que vous soyez et exigez qu’ils se mettent sur la bonne voie pour maintenir le monde en dessous de 1,5 degré [de réchauffement]».

    Les jeunes vivront pour faire face aux conséquences les plus terribles du changement climatique. Ils seront punis pour l’inaction des gouvernements actuels dans le monde.

    Le premier ministre libéral Scott Morrison, complètement déconnecté, a attaqué le projet des étudiants avant les manifestations. Il a déclaré qu’il voulait « moins d’activisme dans les écoles » et qu’il ne pouvait soutenir « la transformation des écoles en parlements ».

    Cependant, comme l’ont fait remarquer de nombreux étudiants, si les gouvernements du monde entier faisaient quelque chose d’important pour lutter contre les changements climatiques, les manifestants n’auraient pas eu besoin de faire grève.

    Les commentaires de Morrison ont montré à quel point lui et le reste de son gouvernement sont éloignés de la population en général. Il a montré clairement qu’ils ne prennent pas au sérieux les préoccupations des jeunes !

    Cela n’a servi qu’à encourager à juste titre de nombreux étudiants, ainsi que ceux qui les soutiennent. Bon nombre des signes brandis par les manifestants ont directement critiqué l’incompétence du gouvernement et souligné l’hypocrisie de la déclaration de Morrison.

    L’un des signes les plus populaires de la manifestation qu’on a pu voir sur les journaux télévisés : « On sera moins activistes si tu es moins merdique ».

    M. Morrison a affirmé que son gouvernement prend le changement climatique au sérieux et qu’il prend des mesures à cet égard. Mais un rapport sur les écarts d’émissions publié par les Nations Unies a montré que l’Australie n’avait « pas amélioré » sa politique climatique depuis l’année dernière.

    La vérité est que le capitalisme bloque l’action sur le changement climatique. Le capitalisme repose sur la propriété privée des industries mondiales et sur la production pour le profit, y compris l’industrie énergétique.

    De puissantes cliques de super riches ont encore des milliards de dollars de financement dans les combustibles fossiles. Ils se battent pour que leurs ‘actifs’ restent rentables le plus longtemps possible. Et il y a encore beaucoup d’argent à gagner dans l’industrie du charbon et d’autres industries destructrices de l’environnement pour que les capitalistes continuent d’investir dans ces industries.

    La richesse contrôlée par les investisseurs capitalistes et par l’industrie énergétique doit être placée sous contrôle public. Nous pourrons alors nous assurer qu’elle sera utilisée pour bâtir un avenir énergétique propre.

    Le problème, c’est que nous ne pouvons pas contrôler ce que nous ne possédons pas. Les gouvernements n’ont pas réussi à obliger les capitalistes à investir de manière appropriée dans l’énergie propre. Au lieu d’un système capitaliste axé sur le profit, nous avons besoin d’une propriété publique et d’un plan d’investissement démocratiquement décidé pour passer immédiatement aux énergies renouvelables et à une production durable.

    Les étudiants qui ont participé à cette marche nationale ont envoyé un message clair au gouvernement. Ils ne laisseront pas leur avenir être ruiné par les capitalistes avides de profit et leurs acolytes au gouvernement.

    Ce n’est potentiellement que le début d’une campagne, et non la fin. Pour lutter contre les changements climatiques, nous avons besoin de plus d’actions comme celle-ci. Mais nous devons également impliquer des couches plus larges de la société, y compris les travailleurs.

    Ce n’est qu’en continuant à organiser sur les lieux de travail, les écoles et les communautés, et en formulant des demandes claires pour lutter contre le changement climatique, que nous pourrons construire un mouvement sérieux et réussi.

    Il est clair que les problèmes auxquels nous sommes confrontés sont causés par le système capitaliste, et ce système doit être réellement défié afin de s’attaquer à la cause profonde de l’inaction avant qu’il ne soit trop tard.

    Greta Thunberg a résumé ce qui est nécessaire dans la lutte contre le changement climatique et contre l’inaction du gouvernement sur cette question, lorsqu’elle a déclaré : « On ne peut plus sauver le monde en respectant les règles parce qu’il faut changer les règles ».

     

  • [Interview] L’exploitation des backpackers dans les fermes australiennes

    Photo : pixabay

    La politique d’immigration du gouvernement australien est l’une des plus dures au monde. D’abord surnommée « l’Australie Blanche » depuis la création de sa Fédération en 1901 qui consistait à ne donner de visas qu’aux citoyens britanniques, elle est aujourd’hui tristement célèbre pour ses centres fermés, que l’on trouve dans des îles isolées du Pacifique (Nauru), ou dans des pays comme la Papouasie Nouvelle-Guinée (Manus). Les réfugiés, qui n’arrivent même pas jusqu’au sol australien sont laissés pour compte dans ces « No Man’s Land » où le taux d’abus et tentatives de suicide est particulièrement élevé. Théo Francken ne se lasse d’ailleurs pas d’y faire référence comme d’un exemple à appliquer en Belgique1.

    Pourtant, depuis quelques années le gouvernement fait une exception avec le PVT (Programme Vacances-Travail), un visa qui a entraîné un influx important de main d’œuvre à bas coût provenant de l’Europe et d’autres endroits du monde. De jeunes voyageurs en sac à dos (« backpackers ») viennent travailler en Australie en espérant recevoir de meilleurs salaires, dans un pays où le salaire moyen est de 2606.34 euros par mois2 (2018). Sous condition de travailler en zone rurale pendant trois mois, le PVT est reconductible un an de plus, ce qui entraîne nombre de jeunes à tenter l’aventure du « fruit-picking » (la cueillette de fruits).

    The Socialist, mensuel produit par la section-sœur du PSL, le Socialist Party en Australie, s’est récemment entretenu avec Christiaan, un « backpacker » néerlandais qui a obtenu un visa vacances-travail. Christiaan, comme tant d’autres, est parti à l’aventure, mais il a découvert en arrivant que travailler dans des fermes australiennes était un cauchemar. Les jeunes voyageurs sont régulièrement sous-payés et forcés de travailler dans des conditions dangereuses. C’est une question que le mouvement syndical australien doit aborder.

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    The Socialist : Vous êtes venu en vacances-travail en Australie, quel genre de travail avez-vous fait depuis votre arrivée ici ?

    Christiaan : Je suis arrivé à Brisbane et j’ai travaillé comme serveur. Mais, pour obtenir une prolongation de visa, j’ai dû faire des travaux agricoles.

    Comme beaucoup d’autres routards, vous pouvez demander un visa de deuxième année si vous faites trois mois de travail agricole dans une région bien spécifique. Je suis allé à Mildura, dans l’État de Victoria, et j’ai fini par faire plusieurs boulots, de la cueillette du raisin et des amandes à la gestion de fermes solaires.

    The Socialist : Quel est le salaire du travail dans les fermes ?

    Christiaan : Il existe deux formes de paiement, à l’heure et à la pièce. Dans les deux cas, les agriculteurs en profitent. Avec le taux horaire, les agriculteurs essaient de vous pousser à travailler aussi dur que possible dans les heures données, par exemple en accélérant les bandes transporteuses dans les usines ou dans les champs.

    Le paiement à la pièce signifie que les agriculteurs vous paient selon votre rendement. Mais pour de nombreuses récoltes, il est impossible de cueillir à un rythme élevé. Même les travailleurs les plus compétents ne peuvent atteindre un taux proche du salaire minimum.

    Certains agriculteurs laissent venir plus de travailleurs qu’il n’en faut, ce qui signifie que vous devez vous faire concurrence les uns les autres et qu’aucun ne finit par gagner suffisamment d’argent.

    Le travail à la pièce n’est pas non plus adapté à certaines récoltes. J’ai travaillé avec de la machinerie lourde afin de ramasser des amandes. Mais presque tous les jours, ces machines tombaient en panne, nous retenant pendant des heures. Le temps d’attente était entièrement impayé.

    The Socialist : Et les conditions ? Le travail est-il sécurisé ?

    Christiaan : J’ai connu beaucoup de situations de travail dangereuses. Dans une grande ferme d’amandiers, les gens travaillaient de 12 à 14 heures par jour. Pour s’y rendre, il fallait une heure et demie de route, et la même chose pour rentrer. C’était parfois une journée de 17 heures ! Cela signifiait que beaucoup d’entre nous manquaient de sommeil.

    Néanmoins, nous devions encore nous lever le lendemain et faire fonctionner ces mêmes machines lourdes. Il y a eu quelques accidents.

    Dans une autre ferme d’amandiers, en avril de cette année, un jeune estonien de 24 ans est mort parce qu’il avait été renversé par un tracteur. C’était à Carwarp, près de Mildura.

    À Carwarp, les travailleurs se trouvaient dans des zones éloignées, sous un soleil de plomb, et on n’allait chercher les travailleurs que pour le déjeuner. Ils n’avaient aucun moyen de communication. S’il leur était arrivé quelque chose, ils auraient été bloqués.

    Le risque de chaleur intense est également un problème. Un backpacker belge est décédé en novembre 2017. Le jeune homme de 27 ans cueillait des pastèques près de Townsville, dans le Queensland. Il est mort d’épuisement causé par une chaleur extrême.

    Je connais d’autres randonneurs qui ont dû travailler avec des produits chimiques et des pesticides qui les ont rendus malades.

    The Socialist : Pourquoi pensez-vous que les randonneurs sont si vulnérables et exploités de cette façon ?

    Christiaan : Je pense qu’il y a quelques raisons. La plupart ont peu d’argent et cherchent désespérément du travail.

    Beaucoup ne parlent pas couramment l’anglais et ne connaissent pas leurs droits.

    Les employeurs en profitent en raison de leur insécurité et de leur visa temporaire. Beaucoup d’entre eux veulent prolonger leur visa et sont donc obligés de travailler dans des fermes. Vous pensez que si vous vous plaignez, vous n’aurez pas le droit de rester.

    The Socialist : Il semble que des changements à la loi soient nécessaires, quels types de réformes proposez-vous ?

    Christiaan : Je pense que des contrôles de sécurité réguliers des exploitations agricoles sont nécessaires et que les résultats doivent être publiés. Les employeurs devraient être dénoncés s’ils exploitent les gens. Il devrait également exister un régime dans lequel seules les exploitations agréées sont autorisées à accueillir des détenteurs de visas temporaires.

    Je pense également que le travail à la pièce devrait être aboli. Tout le monde devrait être payé au salaire minimum et pour chaque heure de travail.

    The Socialist : Le changement se produit habituellement en exerçant des pressions sur les gouvernements et les employeurs, quel genre de mouvement faut-il, à votre avis, pour mettre fin à cette exploitation ?

    Christiaan : J’aimerais voir les backpackers s’unir dans un mouvement. En nous unissant, nous pouvons commencer à réduire la vulnérabilité qui existe. Peut-être qu’une plateforme en ligne pourrait aider à rapprocher les travailleurs intérimaires.

    The Socialist : Unir les voyageurs serait un bon début, mais le mouvement serait plus puissant s’il avait des liens avec les travailleurs locaux. Avez-vous fait des démarches auprès des syndicats existants ?

    Christiaan : Il serait certainement utile que les backpackers aient des liens avec les travailleurs locaux. Je pense que les syndicats pourraient aider en sensibilisant les gens à la façon dont les voyageurs sont exploités. Nous avons vraiment besoin d’une campagne des syndicats pour organiser les travailleurs agricoles.

    The Socialist : Nous sommes d’accord. Si les employeurs peuvent s’en tirer en payant moins les voyageurs, cela ne fait que faire baisser les salaires de tout le monde. En ce sens, il y a une réelle incitation pour les travailleurs locaux et les backpackers à lutter ensemble pour des salaires et des conditions de travail décents. C’est une nécessité pour éviter l’isolement des travailleurs dans ces zones rurales, et les abus qui vont avec. Il en va de même dans les villes.

    Le Socialist Party construit un parti qui veut conscientiser les travailleurs à ces problématiques en Australie, qui souhaite pousser le mouvement ouvrier australien à réaliser sa force dans son unité face à l’exploitation du patronat et de la classe capitaliste en général. Diverses luttes sont examinées sous un angle anticapitaliste afin de dénoncer ce système, et de faire le lien avec la nécessité de construire une alternative socialiste. Le site The Socialist publie couramment des analyses en ce sens sur https://thesocialist.org.au/

    Notes
    1. https://fr.socialisme.be/51482/migration-francken-veut-sinspirer-du-modele-australien-de-quoi-sagit-il
    2. https://www.combien-coute.net/salaire-moyen/australie/

  • Les Australiens votent massivement en faveur du mariage égalitaire !

    Des milliers de personnes se sont rassemblées à travers le pays ce mercredi 15 novembre pour regarder le statisticien en chef de la chaîne ABS annoncer les résultats de la consultation australienne concernant le mariage entre personnes de même sexe.

    Article du Socialist Party – Australie (section australienne du Comité pour une Internationale Ouvrière)

    79,5% des potentiels participants ont renvoyé leur questionnaire. Parmi ceux-ci, 61,6% ont voté «oui», en faveur de l’égalité du mariage! Cela représente 7.817.247 personnes en faveur de l’égalité des droits ! Le “oui” l’a emporté dans les huit États et territoires, y compris dans la circonscription de Warringah, où siège l’ex Premier ministre libéral Tony Abbott, 75% ont voté “oui”.

    Ce résultat est vraiment impressionnant. Il s’agit d’un revers majeur pour tous ceux qui s’opposaient à cette réforme fondamentale. Le résultat illustre également que les éléments les plus conservateurs de la campagne pro-égalité se sont trompés en suggérant que l’événement donnerait lieu à un «festival de la réaction».

    C’est le contraire qui s’est produit. Des millions de personnes ont activement soutenu la lutte pour les droits des personnes LGBTQI+ (Lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres, queers, intersexués et autres), dont beaucoup pour la toute première fois. Indéniablement, ce sont les politiciens des deux grands partis (les libéraux et les travaillistes) qui ont freiné l’arrivée de cette réforme par le passé. Les gens discutaient déjà des droits au mariage pour les personnes LGBTQI+ et les opinions LGBTQIphobes ont régulièrement diminué au cours de ces 13 dernières années.

    En 2004, lorsque John Howard a modifié la Loi sur le mariage pour s’opposer spécifiquement au droit au mariage entre personnes de même sexe, plus de 60% ont approuvé ce changement. Depuis lors, ce nombre a complètement été renversé. Ce changement d’attitude est en grande partie dû aux efforts inlassables des militants des droits LGBTQI+, ici et à l’étranger.

    Ce résultat positif stimulera fortement le mouvement des droits des LGBTQI+ et représente un pas important vers la garantie de droits égaux au mariage, mais la lutte est loin d’être terminée. La législation actuellement soutenue par Malcolm Turnbull, Bill Shorten et les Verts (le projet de loi Smith) est criblée de clauses discriminatoires supplémentaires, soi-disant pour protéger les «libertés religieuses».

    L’aile droite du Parti libéral a proposé un projet de loi encore pire qui prolonge considérablement la discrimination envers les personnes LGBTQI+. Aucun de ces projets de loi ne devrait être accepté par le mouvement LGBTQI.

    Nous devons continuer à nous battre pour nous assurer de gagner l’égalité du mariage sans aucune clause discriminatoire. Nous devrions également utiliser la mobilisation créée ces derniers mois pour lutter au-delà de l’égalité du mariage et obtenir des droits égaux pour les personnes LGBTQI+ à tous les niveaux.

    En tant que socialistes, nous défendons l’égalité des droits mais, pour nous, ce n’est que le premier pas. Nous continuerons à lutter jusqu’à ce que les personnes LGBTQI+ obtiennent des droits égaux et pour cela, nous nous battons pour un monde libéré de toute oppression et discrimination, pour une société socialiste.

  • Les origines du capital et du travail en Australie

    Dans le Manifeste communiste, Karl Marx et Friedrich Engels ont écrit: «L’histoire de toute société jusqu’à présent est l’histoire des luttes de classes». Il ne fait aucun doute qu’en Australie, la force motrice de l’histoire a été la lutte entre le capital et le travail. Dans cet article, Anthony Main examine comment ces deux classes sont nées.

    Par Anthony Main (Socialist Party, section australienne du CIO)

    Le 26 janvier 1788 fut le jour où l’Empire britannique débarqua officiellement sa première flotte sur le continent australien. Envahissant les terres des peuples Aborigènes, ils occupèrent très vite une zone à Port Jackson (Sydney), mettant ainsi en place la première colonie pénitentiaire. A cette époque, le continent était connu pour beaucoup comme la Nouvelle-Hollande. Nommé par les explorateurs hollandais, ceux-ci en avaient tracé le littoral, mais n’avaient pas tenté de s’y établir.

    C’est à partir de 1788 que commença le processus d’établissement du capitalisme en Australie. La nouvelle colonie, appelée Nouvelle-Galles du Sud, devait être un emblème de l’Empire britannique, ayant récemment perdu la colonie d’Amérique du Nord après la Révolution américaine.

    Le capitalisme australien et la classe ouvrière australienne se sont développés dans des circonstances tout à fait uniques. Contrairement à d’autres parties du monde, il n’y eut pas de transition du féodalisme au capitalisme. Au lieu de cela, le capitalisme australien fut reconstitué sur des terres volées.

    Les Aborigènes étaient déjà présents sur le continent depuis plus de 60 000 ans. Comme les sociétés de chasseurs-cueilleurs à travers le monde, ils développèrent des moyens très sophistiqués de vivre de la culture de la terre. Cela s’est étendu à l’utilisation à grande échelle du feu dans la gestion du paysage. Certains groupes ont planté, récolté et pratiqué l’aquaculture. De petites colonies, y compris des abris avec des fondations en pierre, marquaient des emplacements où les gens vivaient de façon semi-permanente.

    Pendant longtemps, les Australiens non aborigènes furent inculqués à l’idée que les sociétés aborigènes n’utilisaient pas ‘vraiment’ la terre; Il s’agissait de justifier la colonisation et de peindre les peuples autochtones comme étant peu sophistiqués. En réalité, cette forme d’économie faisait de la terre une utilisation intensive, et impliquait le développement généralisé d’une technologie spécialisée. Cela permit de maintenir de petites populations avec une abondance de nourriture variée, tout en laissant suffisamment de temps dans la vie des gens pour des activités cérémonielles et de loisirs. Ces sociétés échangeaient beaucoup, mais surtout, ce commerce profitait à des communautés entières. Elle n’était pas destinée à extraire et à accumuler des bénéfices pour une minorité.

    Quand les Britanniques sont arrivés, ils se sont mis à créer un nouveau type de système. Leur système capitaliste axé sur le profit était incompatible avec l’ancien mode de production. Pour établir le capitalisme, les Britanniques devaient remplacer l’ancien ordre. Ils l’ont fait avec succès et, en quelques décennies, l’imposition du capitalisme a entraîné des changements dévastateurs sur la population aborigène.

    Le développement du capitalisme australien ne peut être correctement compris que dans une perspective internationale. Ce développement était le résultat direct des processus qui se déroulaient à l’échelle mondiale. Le capitalisme britannique était en expansion à l’époque et les opportunités s’ouvraient pour le commerce dans l’Est. La région du Pacifique elle-même était riche en ressources naturelles et mûre à l’exploitation.

    Les changements qui ont eu lieu à la suite de la révolution industrielle en Grande-Bretagne ont vu des milliers de personnes fuir de leurs terres et vers les zones urbaines. La pauvreté et les difficultés dans les villes ont augmenté de façon spectaculaire et des lois sévères ont été introduites pour protéger les intérêts du profit de la classe capitaliste. Par exemple, la peine de mort pu être imposée pour vol, et même les crimes moins graves virent des gens emprisonnés, parfois à vie.
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    Colonies Pénitentiaires

    Avec toujours plus de pauvres remplissant les prisons de Grande-Bretagne, de nombreux condamnés furent envoyés à l’étranger. Mais lorsque les colonies nord-américaines gagnèrent leur indépendance dans les années 1770, un nouveau lieu pour les détenus devenait nécessaire. S’occuper du problème des prisonniers était une des raisons principales pour lesquelles les Britanniques décidèrent de mettre en place une colonie pénitentiaire, mais en même temps, la nouvelle colonie britannique était également d’une importance stratégique. Elle aiderait à empêcher leurs rivaux français de s’installer et faire du Pacifique une colonie commerciale via l’Australie.

    Environ 1 000 personnes sont arrivées de la Première Flotte; 700 d’entre eux étaient des condamnés. Les officiers britanniques en charge de l’expédition étaient mal équipés pour la lourde tâche de construire une nouvelle colonie sur un territoire inconnu et, au départ, le projet a presque échoué. Très rapidement, les officiers ont demandé à ce que des “colons libres” ayant des connaissances agricoles soient également envoyés afin de contribuer à la consolidation de la colonie.

    Des concessions de terres furent faites aux colons libres ainsi qu’aux officiers britanniques. Les condamnés ont été forcés au travail comme faisant partie de leur châtiment. Dès le départ, certains privilégiés ont été pourvus essentiellement de capitaux libres et de main-d’œuvre bon marché. Cela leur a donné un énorme avantage et ce sont ces individus qui ont formé l’embryon de la classe capitaliste australienne.
    Le commerce à petite échelle entre ces individus a vu les débuts d’un marché émerger. Lorsque plus de navires sont arrivés de Grande-Bretagne transportant des marchandises, de petits magasins ont également été établis. C’est à partir de ces débuts simples que sont jetés les fondements d’une nouvelle économie capitaliste.

    Lorsque les condamnés terminaient leur peine, ils étaient autorisés à travailler pour de petits commerçants et des agriculteurs pour des salaires modestes. Certains prisonniers qui étaient considérés comme faisant preuve «de bonne conduite» se sont vu attribuer de petites parcelles de terre, mais les principaux bénéficiaires dans les premiers jours ont été sans aucun doute les officiers britanniques. Ils ont monopolisé de nombreuses parties de l’économie naissante pour eux-mêmes et se sont accordés d’immenses étendues de terre.

    À l’époque il y avait une pénurie de pièces de monnaie, donc le principal moyen de troc était le rhum. Les officiers ont maintenu le contrôle strict de l’approvisionnement en rhum et, par conséquent, sont devenus connus sous le nom de «Rhum Corps». Les officiers ont utilisé les richesses qu’ils avaient accumulées pour exercer une influence politique et économique excessive. Même dans les premières décennies de la colonisation, il y avait une forte division entre les riches officiers et les propriétaires fonciers et le reste de la population.

    Le commerce de la laine

    En 1805, un officier amena le premier troupeau de moutons en Australie et installa une petite station. La croissance de l’industrie textile en Grande-Bretagne signifiait une demande croissante de laine. Avec des techniques agricoles améliorées, un climat idéal, des terres libres et des forçats forcés au travail, le secteur de la laine s’est rapidement développé dans les années à venir.

    En 1807, seulement 245 lb de laine ont été exportés. Cela a augmenté à 175,400 livres en 1821 et ensuite à un massif 3 693 241 livres en 1836.

    Comme la demande internationale de laine augmentait de manière fulgurante le gouvernement colonial et les capitalistes eurent besoin de plus de terres pour faire paître les moutons. Il s’agissait de terres que les Aborigènes utilisaient alors. La population autochtone était considérée comme un obstacle à la réalisation de profits et pour surmonter cette situation, les colons ont entrepris une campagne violente pour chasser ceux-ci de leurs terres.

    Au gré des besoins du capitalisme mondial, des dizaines de milliers d’Aborigènes ont été chassés dans des régions éloignées ou tout simplement tués. Certains ont été brutalement assassinés, tandis que d’autres sont morts de faim ou de maladies comme la variole et la tuberculose. Ces maladies ont été introduites par les Britanniques, et n’étaient auparavant pas présents parmi la population indigène. Il est prouvé que la variole a été introduite délibérément dans le cadre d’une stratégie militaire en 1789, comme cela avait été fait trente ans plus tôt en Amérique du Nord !

    La création d’immenses pâturages de moutons signifiait également que des changements majeurs ont été apportés à l’environnement naturel. Beaucoup de plantes et d’animaux sur lesquels les peuples aborigènes comptaient pour se nourrir ont été détruits. Cela a eu un impact énorme sur leur capacité à chasser et à récolter de la nourriture, à cultiver et à pêcher. Pour se nourrir, il arrive que des aborigènes tuent des moutons. Les propriétaires de moutons ont souvent répondu en tuant indistinctement des aborigènes en représailles.

    Une lutte très vive, mais essentiellement inégale, eut lieu entre les colonisateurs britanniques et les peuples autochtones. Une série de conflits se sont produits, les Aborigènes luttant férocement pour se défendre, ainsi que leur terre et leur mode de vie. Parallèlement à la guerre conventionnelle à petite échelle, les peuples autochtones se livrèrent aussi à des formes de sabotage pour résister. Des bâtiments furent brûlés, des chevaux tués et du bétail volé.

    Génocide aborigène

    Malheureusement, les colonisateurs britanniques eurent le dessus dans le conflit, principalement parce qu’ils étaient équipés d’armes bien supérieures telles que armes à feu et poisons. La façon dont les peuples aborigènes étaient socialement organisés a également rendue difficile la défense à grande échelle de la terre.
    La guerre continua pourtant et la population aborigène décimée. D’une population estimée à plus de 700 000 au moment de l’invasion de 1788, près de 90% de tous les indigènes avaient été tués en 1900.

    Au début, le capitalisme australien était indubitablement construit sur le dos des moutons et des condamnés, mais il l’a aussi été dans le sang des aborigènes. Le génocide qui a eu lieu provient des fondements même des nouvelles relations de propriété capitalistes qui étaient en cours de création.
    En raison de leur mode de vie, les peuples autochtones n’ont pas adhéré au concept capitaliste de la propriété privée. En revanche, les colonisateurs cherchaient essentiellement à privatiser eux-mêmes les terres pour les exploiter.

    Les colonisateurs britanniques apportèrent avec eux toutes sortes d’idées reculées. En partie, leur racisme brutal envers les Aborigènes a été formé par leur attitude envers les Noirs sous l’esclavage, mais a aussi été utilisé pour justifier la dépossession qui a permis d’étendre la colonie. Ils considéraient les Noirs comme des êtres inférieurs. Les condamnés étaient également considérés comme inférieurs, encore une fois pour justifier leur traitement sévère et l’exploitation de leur travail.

    Exploitation des condamnés

    Les condamnés étaient systématiquement punis et fouettés pour avoir refusé de se conformer aux ordres. Le confinement solitaire et le travail forcé étaient des punitions courantes. Le traitement sévère a été conçu en partie pour dissuader les rébellions; malgré cela, les condamnés ont tenté de résister et de lutter pour améliorer leurs conditions de vie.

    Le ralentissement du travail et le sabotage ne sont que quelques-unes des tactiques utilisées par les détenus pour obtenir des concessions – ils ont d’abord obtenu des « limites » sur le nombre d’heures travaillées, puis le droit de travailler pour un salaire –parfois payé, souvent pas.

    Des soulèvements comme la célèbre rébellion de Castle Hill ont également eu lieu mais, en raison des conditions économiques auxquelles les condamnés étaient confrontés, une lutte pour leur pleine émancipation n’était pas possible. Certains de ceux qui ont réussi à échapper au régime ont fini par devenir des « bushrangers » et ont vécu comme hors la loi.

    Dans les années 1820, une petite économie capitaliste prospère avait pris racine à côté des colonies pénitentiaires. Une nouvelle classe marchande avait également émergée et commençait à briser le monopole des officiers britanniques. Des banques et des sociétés commerciales ont été créées et une monnaie stable a finalement été établie. Cela sapait encore l’influence des officiers, et la classe capitaliste commença à se diversifier.

    Les capitalistes britanniques ont été encouragés à investir en Australie, en particulier dans le secteur agricole. L’importation et l’exportation de biens ont augmenté et, parallèlement à la laine, la vente de bois, d’huile de baleine et de peaux de phoques a contribué à la croissance de l’économie. L’augmentation du commerce a vu l’expansion des ports maritimes, et a vu de plus en plus de travailleurs employés dans l’industrie maritime.

    La classe ouvrière

    Ce fut dans ces conditions que la classe ouvrière australienne commença à émerger. Les capitalistes pouvaient déjà exploiter la terre, mais ils savaient qu’ils pourraient produire beaucoup plus de valeur en exploitant également la force de travail de cette classe ouvrière naissante. Les condamnés ont fourni les premières formes de travail en Australie, mais à mesure que l’économie grandissait, il fallait plus de «main-d’œuvre libre». Les condamnés qui avaient servi leur temps sont devenus peu à peu des travailleurs salariés et de nouveaux ouvriers avec certaines compétences sont arrivés de la Grande-Bretagne.

    Il n’a pas fallu trop de temps à ces travailleurs pour se réunir dans une tentative d’améliorer leur situation. Beaucoup ont commencé à s’organiser en «sociétés». Il s’agissait généralement de combinaisons temporaires de travailleurs en fonction des revendications particulières – habituellement des améliorations des salaires et des conditions de travail. Même dans les premiers jours du capitalisme australien, les travailleurs savaient que leurs demandes étaient plus susceptibles d’être acceptées s’ils agissaient collectivement.

    En 1823, le gouvernement britannique créa un Conseil législatif et reconnut formellement l’Australie comme une colonie. La loi draconienne sur les maîtres et les serviteurs a été introduite en 1828 dans le but de contrôler les travailleurs qui avaient commencé à lutter pour une plus grande part de la richesse et de limiter leur capacité à s’organiser collectivement. Tandis qu’une lutte se faisait sur la richesse créée, le mouvement des premiers travailleurs était encore trop immature pour contester l’ordre social existant.

    Au début des années 1840, l’Australie connut une grave crise économique précipitée par la spéculation sur les terres et les stocks, ainsi qu’une sécheresse sévère. Un certain nombre de banques se sont effondrées et le chômage est devenu un problème majeur. Tandis que beaucoup de gens ordinaires ont lutté pour joindre les deux bouts, le gouvernement colonial fit tout en son pouvoir pour soutenir les intérêts de profit des propriétaires riches terriens et des capitalistes.

    L’économie s’est finalement rétablie et, au fur et à mesure que le capitalisme s’est développé de nouveau, il fallut encore plus de force de travail. Les programmes de migration de la Grande-Bretagne ont été établis, les prix des terres étant fixés juste hors de la portée de la majorité. Cela a forcé la plupart des nouveaux arrivants à la main-d’œuvre et solidifié la position économique des riches propriétaires fonciers. Ces propriétaires sont devenus connus sous le nom de «squatters», car ils avaient essentiellement acquis des droits d’usage en occupant d’abord la terre.

    Lutte pour le « travail libre »

    A cette époque, une lutte s’engagea entre les « squatters » et les classes émergentes de travailleurs et de marchands dans les villes. Les squatters voulaient maintenir le système bon marché du travail forcé, alors que les travailleurs voulaient que le travail libre soit institué plus largement.

    Pour les travailleurs, la présence de forçat permet de tirer vers le bas les salaires et empêchait l’extension de leurs droits par l’introduction de l’autonomie gouvernementale. Pour les commerçants et les petits commerçants, la main-d’œuvre libre serait un stimulant pour leur fortune, avec la capacité de consommation de la population en hausse. L’augmentation de la population pour répondre aux besoins des villes en pleine croissance a vu l’équilibre des forces pencher en faveur d’un système de travail libre.

    Le transport des condamnés était de plus en plus considéré comme une forme de châtiment inefficace, car beaucoup de condamnés en Australie étaient effectivement mieux placés que ceux qui étaient touchés par la pauvreté en Grande-Bretagne. Le transport vers la Nouvelle-Galles du Sud a été arrêté en 1840, mais les tentatives pour le redémarrer ont été faites en 1848. Des réunions et des manifestations de masse ont été tenues et le gouvernement a été forcé d’abandonner toute tentative pour transporter des forçats à Sydney en 1850.

    La découverte de l’or en Australie en 1851 a enfoncé l’un des derniers clous dans le cercueil des forçats, car il était perçu comme ridicule d’envoyer des criminels dans un pays où ils pourraient potentiellement devenir riche! De 1850 à 1868, seuls des transports de très petite échelle ont eu lieu. Au cours des 80 premières années de colonisation, environ 162 000 condamnés ont été envoyés en Australie. 80% de tous les condamnés envoyés en Australie ont été transportés pour crimes contre la propriété, contre seulement 3% qui avaient été transportés pour «crimes contre la personne».

    Ruée vers l’or

    C’est dans le contexte de la ruée vers l’or des années 1850 que le capitalisme australien a vraiment commencé à prendre forme. La ruée vers l’or a transformé l’économie australienne de façon spectaculaire, avec un long essor qui a lieu entre les années 1850 et les années 1890. Pendant les années 1850, la population de la colonie a essentiellement triplé avec des milliers de personnes immigrant de tous les coins du globe.

    Au fur et à mesure que la taille de la classe ouvrière augmentait, sa capacité à exercer davantage d’influence allait de pair. Avec l’expansion de l’économie à un rythme rapide, les ouvriers dans les villes, les pelleteurs sur les champs d’or, et les petits commerçants exigeaient une plus grande part de la richesse créée. De puissantes batailles eurent lieu, la plus célèbre étant la rébellion d’Eureka à Ballarat.

    Avant les années 1850, le régime des détenus entravait la mise en place d’un mouvement syndical organisé. D’une part, le gouvernement exerçait des pouvoirs dictatoriaux, tandis que d’autre part les capitalistes et les squatters riches ont donné la priorité à l’utilisation du travail des forçats afin de maximiser les profits.

    À partir des années 1850, ce système a été réduit et des syndicats ont été créés. Un certain nombre de luttes organisées réussies ont été menées. Tout en venant plus tard que bon nombre de leurs homologues du monde entier, la classe ouvrière australienne a pu profiter des niveaux de vie relativement élevés créés par les booms économiques de la laine et de l’or.

    Les travailleurs australiens de cette époque ont forcé toute une série de concessions importantes de la classe capitaliste, y compris les droits de vote des hommes, les réformes agraires et la journée de travail de 8 heures. Dans de nombreux cas, ces réformes ont été remportées des décennies à l’avance des travailleurs à l’étranger.

    Puissance latente

    Le capitalisme précoce en Australie a profité énormément de la terre qui a été volée aux populations aborigènes ainsi que de la surexploitation des prisonniers. La laine et l’or ont fourni la base pour le développement du capitalisme, mais la majeure partie de la richesse qui a été créée provient de l’exploitation des travailleurs. Comme c’est le cas pour le capitalisme partout, les travailleurs sont exploités en ce sens qu’ils ne reçoivent qu’une partie de la richesse qu’ils produisent. Le reste est tenu par les capitalistes comme profit.

    Un système inégal a été mis en place dès le début en Australie. Cependant, dans son sillage une force sociale – la classe ouvrière – a été créée. Aujourd’hui, la plupart des gens sont de la classe ouvrière. Notre classe est unique en ce qu’elle est la seule force dans la société qui a le pouvoir latent d’arrêter l’exploitation et l’oppression sur laquelle le capitalisme se fonde.

    Si la classe ouvrière agit collectivement et s’aligne sur les autres peuples opprimés, elle a le potentiel non seulement de remporter des réformes, mais aussi de créer un nouveau type de société qui utilise la richesse générée pour la majorité et le bien-être de tous. En mettant l’économie aux mains du public, nous pourrions utiliser cette richesse pour mettre fin à la pauvreté et à la dévastation environnementale du capitalisme et créer une société capable d’offrir une qualité de vie élevée pour toutes les personnes – et non pas seulement pour une minuscule minorité.

    Comprendre l’histoire de la lutte entre le capital et le travail en Australie et ailleurs n’est que la première étape pour effectuer un tel changement.

     

  • Affaire des «neuf de Bali»: Il faut abolir la peine de mort!

    bali9Au petit matin du 29 avril dernier, huit hommes condamnés pour des délits de drogue et condamnés à mort par les tribunaux indonésiens ont été extraits de leur cellule, attaché à des poteaux et abattu par un peloton d’exécution composé de 13 hommes. Parmi eux se trouvaient deux australiens, Andrew Chan et Myuran Sukumaran, deux dirigeants du groupe des «neuf de Bali».

    Par Conor Flynn (Socialist Party, section australienne du Comité pour une Internationale Ouvrière)

    En 2006, ceux-ci avaient été reconnus coupables d’un complot pour avoir tenté de faire passer 8,3 kg d’héroïne, (d’une valeur de 4 millions de dollars) de l’Indonésie à l’Australie. Sept des neuf personnes impliquées dans l’affaire avaient reçu de très lourdes peines de prison, allant de 20 ans à perpétuité. Chan et Sukumaran avaient quant à eux été condamnés à mort.

    Le plus grave dans l’affaire (outre une exécution sommaire effroyable) fut que la police nationale indonésienne (INP) avait été alertée onze jours au préalable de l’opération de contrebande. En effet, le père d’un des hommes impliqués avait alerté la police fédérale australienne (AFP) du plan avant que le groupe ait quitté l’Australie pour Bali.

    Il avait alors été assuré par l’AFP que son fils serait retenu à la frontière. Au lieu de cela, l’AFP avait simplement remis l’information à la police indonésienne. Ceux-ci avaient en effet conseillés à l’INP de «prendre les mesures qu’ils jugeaient appropriées». Lorsqu’Andrew Chan et Myuran Sukumaran furent condamnés, le Premier ministre de l’époque John Howard (Liberal Party) et le chef de l’opposition Kim Beazley (Labor) avaient soutenu le rôle de la police fédérale australienne dans cette affaire tout en sachant pertinemment que leur décision avait probablement mené les deux hommes à leur exécution.

    Et tandis qu’Howard et Beazley versaient des larmes de crocodile, aucun responsable politique de l’un des partis traditionnels d’alors n’avait eu la décence ou le courage de condamner l’AFP pour avoir facilité la mort de ces deux jeunes hommes.

    En 2009, le président indonésien Susilo Bambang Yudhoyono avait toutefois imposé un moratoire de quatre ans sur la peine de mort, et il semblait alors probable que leurs condamnations à mort furent commuées. En juin 2014, le gouverneur de la prison de Kerobokan, Farid Junaedi, avait même usé de moyens personnels pour tenter de faire réduire leur peine tant leur comportement était exemplaire.

    Cependant, l’espoir pour les deux hommes avait été anéanti quand Joko Widodo a remporté l’élection présidentielle en octobre dernier. Bien qu’initialement populaire, le soutien de Widodo en Indonésie a considérablement diminué. Dans le contexte d’un ralentissement de l’économie, la baisse des prix du pétrole, et les exigences de la Banque mondiale pour une refonte de l’économie indonésienne, le soutien de Widodo a plongé d’un niveau record de 71 % à 42 %.

    Dans le but de consolider le soutien de certaines figures-clés de la classe dirigeante indonésienne à Widodo, et de détourner l’attention des vrais problèmes auxquels font quotidiennement face les indonésiens, celui-ci a ainsi adopté une approche intransigeante en matière de criminalité, et a promis d’intensifier la «guerre contre la drogue» en Indonésie.

    Malgré d’innombrables appels juridiques et moraux afin de tenter de sauver la vie des deux hommes, Widodo avait fermement rejeté la candidature de Chan et Sukumaran à la clémence en Janvier dernier. Le Président indonésien avait ainsi juré qu’il ne montrerait aucune pitié à l’un des 64 trafiquants de drogue condamnés à mort, et qu’il n’y aurait pas de «compromis» quant à la politique de l’Indonésie concernant la peine capitale.

    Pourtant, la peine capitale est une méthode barbare de contrôle social. Les défenseurs des idées du socialisme exigent que la peine de mort soit abolie. L’État capitaliste, un corps biaisé qui permet à une minorité riche de statuer au détriment de la majorité, ne devrait pas pouvoir décider qui a droit de vie ou de mort !

    Seul un système qui est basé sur la satisfaction des besoins de la majorité pourrait mettre un terme au pouvoir dont sont dotés tous ces politiciens, qui utilisent ainsi la vie des gens comme un moyen pour servir leurs propres fins politiques. Tout en faisant campagne pour abolir la peine de mort ici et maintenant nous devons également nous battre pour une société socialiste où les besoins passent avant les profits, pour éradiquer la corruption et les horreurs que ceux-ci engendrent.

  • Inde : Grève générale de 48 heures. Quelle voie à suivre pour les travailleurs ?

    Ces 20 et 21 février, une grève générale a secoué l’Inde, avec des dizaines de millions de travailleurs en grève. Le texte ci-dessous est une déclaration de la section indienne du Comité pour une Internationale Ouvrière, New Socialist Alternative. Cette monumentale action de grève avait été appelée par les principales organisations syndicales du pays contre la politique d’austérité du gouvernement indien. Les accords très favorables aux multinationales conclus par le gouvernement menacent les conditions de vie de plus d’un milliard de personnes !

    Notre classe est sans équivoque opposée aux réformes néolibérales instaurées de façon brutale de 1991 à aujourd’hui. Depuis lors, il y a eu 14 grèves générales contre ces ‘‘réformes’’ synonymes de pauvreté et de pénurie croissantes pour la vaste majorité des travailleurs de ce pays. Le régime en place, qui dépend très clairement des multinationales, ne ménage pas ses efforts pour démanteler chaque brique de l’État Providence que prévoit la Constitution indienne.

    C’est un défi !

    La dernière grève générale, le 28 février 2012, a vu la participation de plus de 10 millions de travailleurs à travers l’Inde, aurait dû pousser les autorités à battre en retraite. Mais au lieu de cela, sur ces 12 derniers mois, nous avons assisté à un défilé de législations et de décrets tous plus pro-capitalistes les uns que les autres. Les différentes assemblées d’État nous accablent d’une intolérable austérité économique.

    Parallèlement, chaque denrée de base et chaque service – du thé jusqu’au textile, de l’enseignement au transport – ont connu une montée exponentielle de leurs prix semaines après semaines, comme ce fut le cas au cours de ces deux dernières décennies. L’inflation est devenue un véritable cancer économique qui ne connait aucun remède. Pourtant, alors que le pouvoir d’achat diminue pour la majorité de la population, le nombre de milliardaires en dollars s’accroit de plus de plus en Inde.

    Le Parti du Congrès au pouvoir, dans ses efforts serviles visant à apaiser ses riches donateurs impérialistes ainsi que les institutions financières telles que le FMI et la Banque Mondiale, attaque l’existence et le niveau de vie des travailleurs et des opprimés de toutes les façons possibles et imaginables. Les accords d’investissements directs de l’étranger vont entraîner le licenciement de 40 millions de travailleurs. Ils seront plongés dans la pauvreté.

    Ou est l’opposition ?

    Il est grand temps que les soi-disant partis d’opposition soient appelés par leur vrai nom : ils ne sont pas différents de l’agressif et néolibéral Parti du Congrès. Il n’y a pas un seul parti traditionnel qui s’oppose aux mesures néolibérales.

    Serait-il possible que le BJP et Modi, Akhilesh Yadav du Parti Samajavadi, Mayavathi et Mamata s’opposent véritablement aux grandes entreprises ? Est-ce que le parti DMK corrompu et le malhonnête AIADMK, qui ont la prétention d’être ‘‘pro-pauvres’’, se déclareront opposés aux mesures capitalistes ?

    Nous avons vu comment ces partis essentiellement capitalistes se sont comportés, dans le dossier des centrales nucléaires par exemple. Ils scandaient les mêmes slogans que les riches, et leur politique n’a été rien d’autre que la destruction de la vie des pauvres.

    La classe dirigeante et leurs représentants politiques dans les différents partis bourgeois et petits-bourgeois parlent encore sans vergogne le langage de la croissance, du PIB et du développement alors que 836 millions d’Indiens continuent de gagner la somme dérisoire de 20 roupies par jour ! Le pouvoir en place camoufle les faits de l’autre Inde, celle dont on ne veut pas parler, celle qui est noyée dans la malnutrition, la misère, la maladie et la pauvreté.

    Le fait est que la croissance économique de la dernière décennie a profité aux multinationales, aux entreprises indiennes et aux couches les plus hautes de la société indienne. Elle n’a pas profité à la classe ouvrière indienne, d’aucune manière que ce soit. La libéralisation de l’économie au cours de ces deux dernières décennies n’a amélioré aucun indicateur social, pas même le secteur agricole marqué par une faible croissance et une extension du nombre de suicides de paysans (250.000 au cours des 15 dernières années). L’Inde comprend plus de pauvres que l’Afrique subsaharienne. Toute cette histoire de la croissance de l’Inde s’est basée sur l’exploitation de la population et des pauvres.

    Le communautarisme croissant, les atrocités de caste commis sur les Daliths et les minorités religieuses, la perpétuation d’actes honteux de violence envers les femmes à travers le pays,… tout cela ne sont que les symptômes de l’échec total du capitalisme en Inde. La classe capitaliste liée aux vestiges du féodalisme est incapable de résoudre les problèmes fondamentaux de ce vaste pays.

    Cette grève générale de 48 heures arrive au moment où le capitalisme mondial connait sa pire phase dans l’histoire récente. Les soi-disant ‘‘success story’’ du capitalisme tombent en poussière. D’Amérique en Europe, en passant par le Moyen-Orient et l’Asie, l’autorité des classes dirigeantes est de plus en plus défiée par les travailleurs.

    Les évènements tumultueux en Tunisie, en Grèce et en Afrique du Sud témoignent de la force collective des travailleurs et forgent une voie à suivre pour la création d’alternatives formidables qui mettront à mal le capitalisme et le remplaceront par le socialisme démocratique.

    Tout en soutenant les revendications syndicales qui comprennent ‘‘l’arrêt de la montée des prix, l’arrêt des violations des droits du travail, l’autorisation des syndicats dans les lieux de travail, les primes, les gratifications et des fonds de solidarité pour tous les travailleurs,…’’, New Socialist Alternative (section du CIO en Inde) appelle les travailleurs à participer à cette grève de 48 heures :

    • contre le système capitaliste et sa faillite totale
    • contre les salaires de misère alloués à la vaste majorité des travailleurs
    • contre le chômage et la privatisation qui détruisent les emplois et les services
    • pour la renationalisation de toutes les entreprises privatisées et de tout les services publics.
    • pour un système qui permet d’assurer à chacun des soins de santé, un bon enseignement et des logements
    • pour la fin des atrocités commises contre les Daliths et les Adivasis et contre la montée du communautarisme
    • contre la violence sexuelle
    • contre le pillage des richesses par les multinationales
    • contre les centrales nucléaires de Kudankulam, Jaithapur et d’autres lieux.

    La classe ouvrière indienne, au côté d’autres couches opprimées, est la seule force progressiste qui peut s’opposer au capitalisme et ainsi mettre fin à ce système oppresseur.

  • INTERVIEW: Australie – “Reconstruire les forces du mouvement ouvrier”

    Lors de l’école d’été du CIO qui s’est tenue en Belgique, Socialisme.be a interviewé une militante du syndicat Australien UNITE pour voir quelles leçons peuvent être tirées de l’expérience des camarades Australiens pour le renforcement de la lutte des jeunes et des travailleurs ici en Belgique.

    Socialisme.be : Comment est née l’idée de « UNITE » et comment l’avez-vous concrétisée?

    En 2003, un petit groupe de personnes se sont réunis à Melbourne pour discuter de la campagne autour de questions qui intéressent les jeunes travailleurs. Nous regardions vers le syndicat « UNITE » en Nouvelle-Zélande, qui tentaient d’organiser les travailleurs précaires dans des domaines comme l’hôtellerie, les loisirs et la restauration. Nous avons pris exemple sur leur travail et mit sur place UNITE en Australie en utilisant une campagne contre les bas salaires et la précarisation du travail.

    En particulier, nous avons ciblé les domaines de la restauration rapide, de la vente au détail et de soins de santé car c’est dans ces domaines que les problèmes sociaux sont le plus accentués. Ce sont aussi les domaines où les jeunes travailleurs sont les plus employées.

    Socialisme.be : UNITE a organisé des campagnes couronnées de succès et a gagné des augmentations de salaire pour les jeunes travailleurs. Comment avez-vous fait?

    Au départ nous nous sommes concentrés sur une campagne du type « nom et prénom » où nous avons exposé publiquement les patrons qui ont maltraité leur personnel. Pour de nombreux employeurs de l’industrie, la crédibilité de leur marque compte énormément.

    Nous avons donc constaté que si une action des travailleurs est couplée avec une campagne médiatique, il est plus facile d’obtenir des résultats importants. En 2006, nous avons transformé « UNITE » pour établir un véritable syndicat, avec de véritables structures à côté de campagnes encourageant les jeunes travailleurs à se joindre à UNITE pour construire avec nous un syndicat de lutte.

    Nous avons eu quelques succès en remportant la hausse des salaires et le payement des arriérés de salaire pour toute une série de travailleurs sous-payés. Notre campagne la plus importante a été celle dirigée contre le magasin géant 7-Eleven. Cette société emploie majoritairement des étudiants chinois et indiens et, dans la plupart des cas, ils sont sous-payés.

    Les travailleurs sont généralement très timides parce qu’ils sont en Australie grâce à des permis de séjour temporaires pour étudiants mais, grâce à notre campagne, nous sommes tout de même parvenus à obtenir quelques victoires. Par exemple, jusqu’à présent, nous avons gagné près de 200.000 $ en compensation pour les travailleurs du 7-Eleven. Notre campagne a également contraint l’État à «mettre sous observation» environ 60 magasins 7-Eleven, et nous comptons gagner un montant de 100.000 $ avec une autre affaire en cour de jugement.

    Socialisme.be: En Belgique, il arrive que certains jeunes travailleurs soient très méfiants vis-à-vis des syndicats traditionnels .Quelle est la situation en Australie?

    En Australie, le pourcentage de travailleurs du secteur privé qui sont syndiqués se situe autour de 13 -14 pour cent, pour ce qu’il en est des jeunes de moins de 25 ans, ce chiffre tombe au dessous de 10 pour cent.

    Il ya très peu de connaissances sur les syndicats chez les jeunes, c’est pourquoi l’un des aspects de notre travail est la visite des écoles secondaires et la discussion avec ces étudiants. Grâce à notre travail et notre campagne de visites dans les écoles, nous essayons de réintroduire les idées du syndicalisme dans la nouvelle génération de travailleurs.

    Socialisme.be : En Belgique, nous revendiquons un salaire minimum de 1.500 euros, est-ce qu’il existe en Australie un salaire minimum et quelle est votre expérience de la façon dont il fonctionne dans la pratique?

    Oui, en Australie il y a un salaire minimum. Il est actuellement de $ 14,31 par jour pour un adulte de plus de 21 ans. Le problème pour les jeunes travailleurs est cependant qu’il existe aussi un « taux de rémunération junior ». Si vous avez moins de 21 vous êtes généralement payé en fonction de votre âge. Dans certains cas, les travailleurs de 15ans peuvent être payé moins de la moitié du salaire minimum.

    Bien entendu, il est très difficile de vivre sur le salaire minimum en Australie. Logement, nourriture et prix de transport sont extrêmement élevés. Pour aggraver les choses, nous avons actuellement un taux d’inflation d’environ 2,8 pour cent et le gouvernement refuse systématiquement de donner aux travailleurs une quelconque augmentation de salaire.

    Socialisme.be : Que pensent les autres syndicats de nos actions ? Comment se situent-ils en relations à nos campagnes ?

    Bien que tous les syndicats ne soient pas heureux de notre existence, nous avons eu la chance d’obtenir un peu de soutien de certains des syndicats les plus progressistes à Victoria. Le travail est certainement difficile, notre syndicat est le plus souvent géré par des bénévoles et avec un très petit budget, mais certains syndicats nous ont donné de petits dons et du soutien en nature. Nos membres paient des cotisations et nous avons également une couche de partisans qui font des dons de façon régulière. Nous avons des avocats, des comptables et des agents industriels qui sont heureux de nous donner des conseils gratuits et du soutien, mais le travail le plus important est celui fourni par les jeunes travailleurs qui visitent les magasins et qui nous aident pour les campagnes et pour l’organisation de notre travail.

    Socialisme.be : Quel rôle ont eut les membres du Comité pour une Internationale Ouvrière dans le lancement et le développement de UNITE ?

    Eh bien, les membres du CIO ont contribué à fonder UNITE en 2003. Beaucoup d’entre eux sont toujours à la tête de l’organisation. Le Socialist Party (CIO-Australie) a été très généreux en termes de temps et d’argent, mais surtout, ils nous ont donné un appui politique. C’est à cause de l’échec des politiques de l’aile droite du mouvement syndical qu’aujourd’hui énormément de jeunes se situent à l’extérieur du mouvement syndical. D’une certaine manière, on pourrait dire que notre tâche est celle d’essayer de réparer leurs dégâts. La reconstruction du mouvement syndical passe par un investissement des forces véritablement socialistes pour cette tâche.

    Nous sommes les seuls à disposer des idées et des méthodes pour pouvoir outrepasser ce système basé sur la super exploitation des jeunes et des travailleurs. Reconstruire les force du mouvement ouvrier, telle est notre tâche, en Australie, comme en Belgique, comme dans le reste du monde.

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