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  • Deux démocraties ?

    Photo : Jean-Marie Versyp

    Dans le cadre du capitalisme en crise, le démantèlement de la Belgique est inévitable

    Le discours de Bart De Wever a été repris par les médias francophones : il y a deux démocraties en Belgique. Mais ce constat ignore les similitudes : la punition des partis au pouvoir, l’érosion des partis traditionnels (la Belgique francophone rejoignant une tendance européenne déjà bien entamée en Flandre) et la percée des partis radicaux – en d’autres termes, la déroute du centre politique.

    Par Anja Deschoemacker

    Mais bien sûr, on ne peut contourner le fait qu’en Flandre, la droite et l’extrême droite sont les plus grandes formations. En dépit de ses pertes électorales, la N-VA reste incontournable pour le gouvernement flamand, alors qu’en Wallonie et à Bruxelles les partis de gauche modérés et radicaux forment le groupe le plus important, le PS étant incontournable pour les gouvernements wallon et bruxellois, également en dépit de ses pertes.

    S’interroger sur le choix des électeurs montrera à nouveau que la majorité des électeurs de la N-VA et du VB n’ont pas voté pour ces partis en raison de leur nationalisme flamand. Cependant, les partis nationalistes flamands ont maintenant 43% des voix, et ce sans compter les nationalistes flamands au sein du CD&V. Mais le rêve de la N-VA – parvenir à grandir jusqu’à devenir majoritaire – s’est brisé. Les nationalistes flamands modérés qui étaient prêts à mettre la question communautaire en suspens en échange d’une politique de droite thatchérienne ont perdu des voix au profit des nationalistes ‘‘durs’’ du VB. Des comparaisons sont effectuées avec la Catalogne, où le CIU nationaliste modéré bourgeois d’Arthur Mas a joué du tambour nationaliste, mais n’a pris des mesures en vue d’un référendum que lorsqu’il y a été contraint par son affaiblissement en faveur de formations nationalistes plus radicales telles que l’ERC. La manière dont la N-VA va faire face à cette pression deviendra claire dans les semaines et les mois à venir.

    Comment les autres partis flamands feront-ils face à ce nouveau paysage électoral ? La réalité des régions et des communautés a déjà conduit tous les partis flamands (à l’exception du PTB) à adopter un profil ‘‘flamand’’ dans le passé. C’est encore clair aujourd’hui, par exemple dans l’appel presque unanime de la Flandre pour l’abolition des zones de police à Bruxelles et même des communes. Quel soutien apporteront-ils à des projets concrets lorsqu’ils seront mis sur la table ?

    À court terme, toutes les discussions porteront sur la formation extrêmement difficile d’un gouvernement fédéral. De Wever exclut de gouverner avec PS et Ecolo et déclare en même temps qu’un gouvernement fédéral doit inclure une majorité flamande. La combinaison des deux rend impossible un gouvernement fédéral. En même temps, la bourgeoisie usera de toute son influence pour éviter une autre longue période sans gouvernement. Les partis flamands traditionnels et Groen seront-ils tentés par cette pression de constituer un gouvernement fédéral sans la N-VA? Ou vont-ils céder à la pression de la N-VA pour exclure le PS, ce qui signifierait immédiatement un nouveau gouvernement sans majorité francophone ?

    Cela soulève l’autre question très importante : quelle sera la réaction en Belgique francophone ? Pour former une majorité fédérale sans le VB, il ne suffit pas de compléter le gouvernement précédent par le cdH (s’il est prêt à le faire). Peut-on acheter Ecolo/Groen avec une loi climat? Et qui fera la meilleure offre: la N-VA ou le PS ?

    Sous la pression de ces résultats, un nouveau front flamand peut-il être conclu pour faire avancer la réforme de l’État dans le sens du confédéralisme ? Récemment, le CD&V s’est à nouveau exprimé en tant que sympathisant de l’idée. Ce résultat peut-il être utilisé par la bourgeoisie pour affaiblir la sécurité sociale, qui est un acquis central du mouvement ouvrier déjà mis à mal par le biais de sa régionalisation ? Si cela devient le scénario, le rêve politique de Bart De Wevers – ‘‘enfumer’’ les Wallons – deviendra réalité. Après tout, la Belgique n’est pas principalement unie par des institutions bourgeoises, mais par une véritable solidarité dans des réalisations telles que la sécurité sociale, les négociations salariales centrales, les syndicats nationaux, etc. Il ne s’agit plus seulement de ‘‘deux démocraties’’, mais aussi de ce que fera Bruxelles. Il s’agit d’une région où le peuple flamand dispose d’un droit de veto, mais où seulement 16% de la population a voté pour des listes flamandes (dont seulement 18,3% pour la N-VA et 8,3% pour le VB).

    Beaucoup de questions, mais il est clair qu’avec l’affaiblissement de ses partis, la bourgeoisie a perdu encore plus de contrôle sur la situation. La seule force qui peut en prendre le contrôle en développant un programme qui réponde aux besoins de chacun est le mouvement ouvrier. Tout pas vers un nouveau gouvernement de droite doit recevoir une riposte vive des syndicats. Chaque gouvernement doit être mis sous pression par une action de masse autour de revendications centrales telles que le salaire minimum, de meilleures allocations sociales, la réduction collective du temps de travail sans perte de salaire et avec embauche compensatoire,…

    Le nombre d’élus que le PTB/ PVDA a envoyé aux parlements est une bonne chose. Mais ce ne sera vraiment un grand pas en avant que si ces positions sont utilisées pour que la classe des travailleurs marque de son empreinte les développements à venir.

  • Michel / De Wever ont reçu une claque mais un changement concret exige de se battre !

    Les commentaires n’ont pas manqué une fois les élections passées concernant les ‘‘signaux’’ des électeurs. Tant et si bien que le message le plus important de ce 26 mai a été négligé : le gouvernement d’austérité de Michel et De Wever a été sévèrement sanctionné. Seul le gouvernement de Verhofstadt II l’a été tout aussi sévèrement en 2007 en perdant 22 sièges. Les cinq ans de poigne de fer que n’aurait pas renié Margaret Thatcher ont été synonyme de plus bas salaires (saut d’index), de temps de carrière allongé (la pension à 67 ans), de taxes plus élevées (sur le carburant, l’énergie, etc.),… pour moins de services publics, aucun investissement dans les soins de santé, etc. On serait en colère à bien moins !

    Pour De Wever (N-VA), ce résultat se lit comme un plaidoyer en faveur d’une politique encore plus à droite. Il sait pourtant pertinemment que ceux qui ont voté pour le Vlaams Belang ne réclamaient pas plus d’austérité. Le Vlaams Belang a capté le mécontentement social et la orienté vers le racisme en rendant les migrants responsables de tous les maux. Quand l’extrême droite participe au pouvoir, l’austérité est encore plus sauvage et la violence contre les migrants augmente dramatiquement. Le Belang ne représente pas les intérêts du monde du travail. Lors du mouvement de masse contre l’austérité du gouvernement Michel en 2014, l’extrême droite dénonçait nos actions ! Aux parlements, le Belang a systématiquement voté en faveur des mesures antisociales. Aucun changement n’est à attendre de leur part. Pour beaucoup, la croissance de l’extrême droite fut un choc. Ceux qui hésitaient encore à s’engager dans la lutte ne doivent plus attendre : le moment est venu. Comme le dit le vieux slogan : ‘‘Ne pleurez pas, organisez-vous’’ (‘‘Don’t mourn, organize !’’).

    Les migrants et les réfugiés n’ont pas profité de l’action du gouvernement Michel/De Wever, ils ont été soumis à des conditions inhumaines pour servir les ambitions électorales des partis de droite. Par contre, les ultra-riches et les gros actionnaires ont été généreusement nourris. Sous cette législature, les profits ont augmenté en moyenne de 3,3% en Belgique, contre 1,8% dans les pays voisins. L’ancien député libéral et professeur d’économie Paul De Grauwe a résumé cette politique comme suit : ‘‘une nouvelle redistribution des richesses au profit des détenteurs de capitaux’’.

    Pour changer cela, il faudra se battre. En 2014, la lutte collective a remis au goût du jour la revendication d’une taxe sur le capital. C’était très important car cela a directement permis de clarifier le fait que ce n’était pas aux travailleurs et à leurs familles de supporter le poids d’un changement de politique. En Flandre, si Groen avait défendu une approche similaire concernant les mesures pour le climat, il aurait été plus difficile à la droite de faire rimer climat et taxes supplémentaires sur le dos de la population. Mais les actions pour le climat reprendront à la rentrée et elles seront l’occasion de défendre largement des mesures sociales comme la gratuité des transports publics et leur extension, l’expropriation du secteur de l’énergie pour qu’il soit placé dans les mains de la collectivité, des investissements publics massifs dans la recherche scientifique ou encore une économie démocratiquement planifiée.

    Comment le sommet de la FGTB en Flandre va-t-il défendre ses liens avec le SP.a ? Que va-t-il se passer à la CSC face aux critiques du CD&V qui en veulent au syndicat et à la mutualité chrétienne pour ne pas avoir défendu le bilan du gouvernement ? Si le PS a pu limiter la casse, c’est en menant une campagne plus à gauche qu’à l’accoutumée. Les promesses finissent toutefois bien vite à la poubelle une fois les élections passées, certainement dans le contexte d’un déficit budgétaire de 8 milliards d’euros.

    Des revendications telles que le retour de l’âge de la pension à 65 ans, une pension équivalente à 75% du dernier salaire avec un minimum de 1500 euros nets, des salaires plus élevés et portant le salaire minimum à 14 euros de l’heure (ou 2300 euros par mois), une taxe des millionnaires, un investissement public massif dans les services publics (santé, éducation) et les infrastructures,… sont très populaires. Les dirigeants syndicaux qui portaient tous leurs espoirs sur les élections se sont trompés : les partenaires politiques traditionnels des syndicats ont reçu une claque.

    Heureusement, le PTB a permis de faire une percée: avec 43 nouveaux élus, la voix de la rue sera entendue dans tous les parlements. Ces dernières années, le PTB a durement travaillé pour atteindre ce résultat. Il est maintenant temps de passer à l’étape suivante : utiliser cette position pour renforcer la lutte à partir de la base et aider à l’organiser afin de remporter des victoires. La campagne de la FGTB pour un salaire minimum de 14 euros offre une première opportunité de le faire. Construire cette campagne sur le terrain peut conduire au succès. Cela illustrerait immédiatement comment nous pouvons stopper la machine d’austérité : non pas en chassant les réfugiés et les migrants, mais en luttant en masse pour nos intérêts.

    Les capitalistes se défendront bec et ongles. Nous n’aurons rien en cadeau. Toute tentative de faire payer les millionnaires se heurtera au sabotage patronal. Nous devons anticiper ce sabotage et populariser des mesures comme le non-paiement de la dette et la nationalisation des secteurs clés de l’économie. Sous le capitalisme, surtout face à une nouvelle crise, il n’existe pas de marge pour des concessions à la classe ouvrière. Luttons pour une société socialiste !

  • Etat espagnol. Le danger du bloc réactionnaire Vox / PP / Ciudadanos

    Photo : Wikimedia Commons

    Depuis la mort de Franco en 1975, l’extrême droite n’a eu ni représentation électorale ni sociale très significative dans l’Etat espagnol. Le rassemblement des forces de droite a donné naissance au PP (Parti Populaire) en 1989, formation censée être plus libérale et au centre de l’échiquier politique. L’extrême-droite s’est retrouvée retrouvait dispersée dans des groupes nostalgiques du franquisme ou des groupuscules violents tandis que d’autres avaient trouvé refuge dans el PP.

    Par Marisa (Bruxelles)

    Quand la crise économique a secoué le pays, tant le PP que le PSOE (Parti Socialiste Ouvrier Espagnol) ont appliqué une austérité brutale. Le mécontentement généralisé envers les institutions et les partis établis a déclenché un intense cycle de lutte de classe ainsi qu’une crise de régime, aucun des deux partis qui s’étaient partagé le pouvoir en alternance pendant des décennies (le PP et le PSOE) n’atteignaient plus la majorité.

    Certains membres du PP regrettent la ligne appliquée durant le mandat de Mariano Rajoy, la jugeant trop molle. Une partie de ce courant a quitté le parti pour fonder Vox, une formation encore plus à droite. Vox a déposé sa propre liste aux élections européennes de 2014, sans grand succès, de même qu’aux élections locales, régionales et générales qui ont suivi. Parallèlement, la formation de gauche Podemos a réalisé d’importantes percées et de nouvelles coalitions locales anti-austérité ont remporté des villes de première importance comme Madrid et Barcelone.

    Lors du référendum catalan du 1er octobre 2017 et lors de la grève générale du 3 octobre, la possibilité d’une république indépendante acquise par l’action de masse a véritablement effrayé la bourgeoisie espagnole et catalane. L’attitude hésitante de Podemos et le soutien du PSOE à la suspension de l’autonomie de la Catalogne ont ouvert la porte à toute sorte de forces réactionnaires. Le PP et Ciudadanos (nouvelle formation de droite populiste) se sont lancés dans une surenchère espagnole chauvine pour freiner le mouvement. A ce moment, Vox a sauté sur l’occasion pour occuper l’espace à la droite du PP.

    Vox se déclare ouvertement anti-féministe et homophobe. Le fil rouge de son discours est la défense de l’unité espagnole face à l’immigration et au conflit territorial. La formation est par définition raciste et anti-catalane. Pour cette raison, le leader de Vox, Santiago Abascal, n’aime pas trop voir des élus de la N-VA et du Vlaams Belang porter des rubans jaunes pour revendiquer la liberté des prisonniers indépendantistes… Il a ainsi déclaré que s’il était élu aux élections européennes, il arborerait un badge aux armoiries du Duc d’Albe, un dictateur qui a opprimé la Flandre au 16e siècle ! Cela montre l’incohérence de la N-VA sur la question nationale.

    Derrière le discours d’ultra-droite décomplexé de Vox, on trouve un programme compatible avec celui du PP et de Ciudadanos : répression de l’immigration, interdiction de l’avortement, privatisation de l’éducation, de la santé et des services publics, baisse de l’impôt des sociétés, baisse de cotisations sociales, privatisation du sol, maintien de l’énergie nucléaire,… Finalement, ces trois partis forment un bloc réactionnaire avec un programme acquis aux plus riches.

    Vox a récemment surpris en réalisant une percée aux élections andalouses avec 11% des voix et 12 élus. Le PP est rapidement parvenu à constituer un gouvernement minoritaire au côté de Ciudadanos et avec un accord avec Vox. Ce dernier vise à jouer un rôle stabilisateur pour un gouvernement de droite en temps de crise. Le résultat de l’élection générale fin avril est encore imprévisible vu le grand nombre d’indécis. Le danger d’une percée de Vox au Parlement est toutefois bien réel. Pire encore, le bloc réactionnaire pourrait former un gouvernement.

    Mais comme l’ont illustré la grève des étudiants pour le climat le 15 mars et la journée de grève générale du 8 mars, le rapport de forces dans les rues est à l’avantage des travailleurs et des jeunes. Une offensive lancée par les forces réactionnaires du pays provoquerait une vague de mobilisation et de résistance, jusque sur l’arène internationale. En Belgique, nous sommes prêts à y répondre avec la manifestation anti-NSV à Louvain le 9 mai. ¡ NO PASARÁN !

  • Marche contre le sexisme – Gand 2019

    Vers 17h30, environ 800 personnes se sont rassemblées à l’hôtel de ville de Gand, pour la Marche contre le Sexisme ! Le message était très clair : le 8 mars, Journée internationale des droits des femmes, est une JOURNÉE DE LUTTE !

    Chaque jour, nous vivons une réalité dans laquelle les femmes sont victimes de violence et de harcèlement sexuel, de pauvreté, de précarité, d’exploitation et de discrimination ! Nous n’allons pas attendre une réaction des politiques et des entreprises pour combattre le sexisme. Si nous voulons mettre fin à toutes ces formes de violence structurelle, nous devons organiser notre propre combat « , déclare Hanne de la Campagne ROSA Gand pendant la Marche. Pour les manifestants, il ne fait aucun doute que le 8 mars est un jour très important dans cette lutte. L’histoire militante du 8 mars – et surtout son caractère international – ont donné beaucoup d’énergie aux manifestants ! Anna de la Campagne ROSA déclare : » Avec des actions, des manifestations et des grèves dans le monde entier, nous pouvons vraiment faire une différence ! Le 8 mars, Journée internationale de lutte, est un moment important où, en solidarité avec tous les peuples opprimés du monde, nous réclamons l’espace public et refusons de le rendre à tous ceux qui bénéficient structurellement de notre oppression !

    Pendant le Mars, les manifestants ont protesté de plusieurs façons. Au moyen de slogans, de pancartes, de drapeaux, de maquillage, d’autocollants et de banderoles. Le message a été porté aussi loin que possible ! Si les frustrations concernant le mythe selon lequel l’égalité des droits signifie l’égalité dans la pratique étaient clairement visibles, nous avons également remarqué une atmosphère d’espoir. Les manifestants pensent que les choses doivent et peuvent être mieux faites et ils proposent des alternatives.

    Avant et après la Marche contre le sexisme, des discours ont été prononcés. Bien que de nombreux thèmes différents ont été abordés, il était très clair dans tous les discours que le sexisme est un problème social et structurel. L’absence d’approches individualistes ou de l’équation simpliste de » tous les hommes sont la cause du sexisme « , montre le changement qui a eu lieu ces dernières années, notamment grâce à #MeToo et aux mouvements féministes croissants au niveau international.

    Plusieurs membres de la Campagne ROSA se sont exprimés en tant qu’initiateurs de la Marche contre le Sexisme.

    Hannah a parlé de la grève en Espagne, de la chaîne humaine de 600 km en Inde en janvier, des manifestations en Irlande, Argentine, Corée du Sud, Turquie, Chili, Népal, Italie et Brésil. Comment des revendications telles que la diminution collective du temps de travail, la fin de la culture du viol et de l’objectivation du corps féminin, des salaires décents, etc. sont des revendications inhérentes à ces mouvements féministes internationaux.

    Rebekka a parlé de son expérience en tant que jeune mère avec les grandes pénuries de services de garde d’enfants à Gand. Dans certains quartiers, un enfant sur dix seulement obtient une place. Dans de nombreuses familles, les femmes doivent rester à la maison pour prendre en charge ces tâches, simplement parce qu’elles sont souvent employées dans des secteurs à bas salaires et parce que le congé de paternité est beaucoup trop limité aujourd’hui. La campagne ROSA Gand demande donc un plan d’urgence qui commence par une augmentation immédiate de 1000 places dans des crèches publiques.

    Mai a ensuite abordé comment les élèves luttent contre le sexisme et ce qu’ils pensent nécessaire pour que de réels changements soient possibles. Il n’est pas acceptable que de nombreuses écoles n’offrent pas encore de cours d’éducation sexuelle appropriés, qui vont au-delà de l’éducation biologique, avec une attention particulière aux thèmes LGBTQI+, au consentement, aux relations, etc… Les élèves veulent aussi des serviettes et tampons sanitaires gratuits, afin de combattre la pauvreté à l’école et donner à chacun la possibilité d’y aller ! Il faut davantage de ressources pour l’éducation : des classes trop grandes et le surmenage des enseignants limitent l’espace à l’école pour discuter de thèmes importants tels que le sexisme.

    Enfin, Irina a parlé du fait que la lutte féministe c’est se battre pour des revendications sociales. Les emplois à temps partiel, la flexibilité, les bas salaires, etc. font que de nombreuses femmes se trouvent dans des situations précaires, où il est souvent extrêmement difficile d’éviter la violence et l’intimidation à la maison et au travail. Faire le choix entre une mauvaise situation familiale et… la pauvreté ». L’émancipation des femmes s’oppose au système capitaliste fondé sur l’inégalité, l’oppression et l’exploitation. Avec la Campagne ROSA, nous défendons une augmentation du salaire minimum à 14 euros par heure, une pension minimum de 1500 euros par mois (net), une réduction collective du temps de travail à 30 heures par semaine avec maintien des salaires et embauche supplémentaire, beaucoup plus de logements sociaux, etc !

    Après la Marche, plusieurs personnes de Belgique, d’Argentine et du Pays Basque ont parlé, mettant en avant des revendications sociales contre toutes les formes de discrimination, de violence et d’intimidation, et des revendications qui lient féminisme et lutte pour le climat ! Nous sommes prêts à nous battre pour notre avenir : un avenir où le bien-être de milliards de personnes n’est plus rejeté au profit des énormes profits d’une petite minorité.

    Mai
  • Tunisie. La grève générale du secteur public paralyse le pays

    Ce jeudi, 750.000 travailleurs du secteur public ont participé à une grève nationale appelée par l’UGTT (Union générale des travailleurs tunisiens) contre le gel des salaires et d’autres mesures d’austérité imposées par le FMI, en collaboration avec l’actuel gouvernement de Youssef Chahed.

    Les services publics étaient en grande partie paralysés, les écoles et les facultés universitaires fermées, tandis que les vols, les activités portuaires, les transports publics, les hôpitaux et autres services étaient également perturbés. Des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées au siège de l’UGTT dans la capitale Tunis, et ont défilé sur l’avenue centrale de la capitale, l’avenue Bourguiba, en criant des slogans anti-gouvernement et anti-FMI tels que ‘‘Dégagez !’’, ‘‘Le peuple veut la chute du régime’’, ‘‘Peuple et travailleurs unis contre le FMI’’, etc.

    Des rassemblements et manifestations similaires ont eu lieu dans de nombreuses autres villes de Tunisie. Les camarades du CIO sont intervenus dans les manifestations à Tunis, en vendant leur journal et en distribuant des centaines d’exemplaires de leur tract, dont voici une traduction ci-dessous, accompagnée de quelques photos de la manifestation qui a pris place à Tunis.

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    Les politiques néolibérales adoptées par les gouvernements successifs avant et après la révolution du 17 décembre au 14 janvier étaient et sont toujours contraires aux objectifs et aux exigences de la révolution tunisienne. Elles reflètent les seuls intérêts d’une minorité qui monopolise la richesse de la nation et creuse la fracture de classe, par des choix dits “de développement” qui sont fondamentalement hostiles aux exigences de “liberté, dignité et justice sociales” de la révolution.

    Suite à l’échec des récentes négociations sociales entre le gouvernement actuel et l’UGTT sur l’augmentation des salaires dans le secteur public, la direction syndicale a été contrainte d’appeler à une grève générale du secteur public le 17 janvier pour défendre les intérêts de la classe ouvrière. Tayaar al’Amal al’Amal al Qaa’dii [section tunisienne du Comité pour une Internationale Ouvrière] affirme son soutien inconditionnel à cette grève.

    La responsabilité politique de l’échec des négociations sociales repose pleinement du côté du gouvernement actuel, qui continue de faire des choix économiques qui accentuent la marginalisation et l’exclusion sociale dans les villes et à la campagne, privant des couches croissantes de la population tunisienne des choses les plus élémentaires pour mener une vie décente.

    Nous appelons tous les travailleurs, les pauvres et les marginalisés à s’unir et à enraciner leurs revendications dans une mobilisation et une organisation soutenues contre les politiques d’appauvrissement sans fin imposées par tous les gouvernements depuis le début de notre révolution en 2011. Les intérêts de la classe ouvrière et de toutes les couches marginalisées et opprimées de la population ne peuvent être satisfaits que si nous reconnaissons nos ennemis dans la classe capitaliste qui contrôle la richesse et le pouvoir politique dans ce pays et luttons pour une alternative claire qui consacre la société “de liberté, de dignité et de justice sociale” que souhaite la majorité.

    Nous disons donc :

    • NON aux plans du FMI et au remboursement de la dette ! Nous exigeons des salaires et une couverture sociale adaptés au coût de la vie !
    • NON aux privatisations ! Pour la renationalisation des entreprises privatisées, pour la propriété publique des banques, des grandes entreprises et des grands domaines agricoles, sous contrôle démocratique !
    • Pour un vaste plan d’investissement public dans les infrastructures et le développement régional, afin d’offrir des emplois décents et bien rémunérés aux chômeurs !
    • Pour une grève générale des secteurs public et privé combinés, comme prochaine étape pour construire un plan durable de mobilisations sociales et syndicales contre le gouvernement Chahed !
    • Pour un gouvernement des travailleurs, des paysans pauvres et des jeunes !
    • Pour la solidarité et la résistance internationale des travailleurs, des marginalisés et des jeunes contre le capital et ses agents ! Pour une société socialiste !

  • De la faillite du capitalisme surgissent des monstres politiques.

    Seul le mouvement ouvrier peut les stopper !

    ‘‘Le vieux monde se meurt, le nouveau tarde à apparaître et dans ce clair-obscur surgissent des monstres’’. C’est ainsi que le marxiste italien Antonio Gramsci parlait de la crise du capitalisme il y a un siècle de cela. L’actualité du propos n’est pas à démontrer : toutes les institutions sont plongées dans le discrédit et des monstres comme Salvini, Trump ou Bolsonaro surgissent des crises politiques qui en découlent. D’où proviennent ces figures d’extrême droite, sur quoi repose leur force et comment les combattre efficacement ?

    Par Geert Cool

    Un système en crise

    Dix ans après la grande récession, le capitalisme a connu une certaine reprise, basée principalement sur les ressources injectées dans l’économie par les autorités. Cela a contribué à creuser davantage le fossé entre riches et pauvres : une infime couche au sommet de la société en a profité tandis que la grande majorité de la population a souffert de l’austérité. Et l’économie mondiale est à nouveau au bord de la crise.

    Le capitalisme est de moins en moins capable de nourrir l’illusion d’un progrès bénéfique à l’ensemble de l’humanité. La confiance dans ce système, ses institutions (partis politiques, pouvoir judiciaire, médias,…) et tout ce qu’il représente est au plus bas.

    Un système en crise entraîne à sa suite la direction politique qui lui est associé. Des formations politiques qui ont régné sans partage des décennies durant doivent céder la place à des forces plus neuves et plus instables. L’establishment le constate avec horreur car avec ces partis disparait beaucoup de savoir-faire quant à la manière de protéger les intérêts de la classe dirigeante. De nouvelles figures comme Trump sont imprévisibles.

    Le déclin des partis traditionnels se produit parfois à un rythme effarant. Le PASOK, le parti social-démocrate grec, était encore il y a dix ans un puissant facteur de stabilité pour les capitalistes. Il était encore en mesure de former seul un gouvernement après avoir obtenu 44% des voix. Aujourd’hui, le PASOK s’est fondu dans une alliance de centre-gauche ‘‘large’’ qui reste sous les 10% dans tous les sondages. La ‘‘pasokisation’’ des partis traditionnels est en marche. En octobre, dans le district anversois de Deurne, les trois partis traditionnels flamands CD&V, VLD et SP.a ont moins de 20% ensemble !

    La lutte des classes

    L’autorité des institutions de l’establishment disparaît, mais cela ne signifie pas automatiquement que tous les préjugés sur lesquels repose le pouvoir de l’élite cesseront d’avoir cours. L’individualisation a été fortement poussée dans la société : plus rien n’est un problème social, tout repose sur les individus. Tout cela vient du dogme néolibéral selon lequel une société, cela n’existe pas.

    Ce dogme doit nous faire croire qu’en tant que classe ouvrière, nous n’avons pas de place spécifique dans la société et, surtout, que la lutte des classes n’existe pas. Celui qui parvient à faire croire à son adversaire qu’il n’y a pas de bataille peut plus facilement remporter cette dernière. Comme le disait le milliardaire Warren Buffet en 2005: ‘‘Il y a une lutte des classes, évidemment, mais c’est ma classe, la classe des riches qui mène la lutte. Et nous sommes en train de gagner.’’ Aidés par les défaites de la classe ouvrière dans les années 1990, les capitalistes s’en sont tirés. Dès qu’ont lieu de timides tentatives de riposte, les libéraux crient à la ‘‘haine de classe’’. Seule l’acceptation tacite de la guerre de classe menée unilatéralement par les capitalistes est ‘‘acceptable’’ du point de vue libéral.

    En l’absence de réponses collectives du mouvement ouvrier, de nombreuses personnes cherchent à expliquer la dureté de leur vie par l’arrivée des réfugiés, le rôle des politiciens corrompus, etc. La victoire de Bolsonaro au Brésil en est l’exemple le plus récent. C’est l’échec de la ‘‘gauche’’ officielle de Lula et du PT qui a ouvert la voie au monstre Bolsonaro. Nous ne réagirons pas en ignorant les déficits et les tensions réels ; ni en faisant confiance à ceux qui les crèent. Nous devons défendre les alternatives du mouvement ouvrier.

    Une droitisation ?

    A l’annonce de la nouvelle coalition SP.a / PTB à Zelzate, le conseiller communal du PTB Geert Asman a déclaré : ‘‘Dans un climat de droitisation, où la droite et l’extrême droite progressent, nous réussissons comme parti de gauche à construire un barrage contre la droite à Zelzate.’’ Ce ‘‘climat de droitisation’’, nous en entendons souvent parler, y compris dans les milieux syndicaux. L’image n’est toutefois ni complète, ni correcte : c’est le rejet des partis existants qui fait le succès de la droite et de l’extrême droite, pas l’adhésion à une politique de droite de cadeaux aux grandes entreprises et d’attaques contre la sécurité sociale. La lutte collective peut faire mordre la poussière à la droite. Nous l’avons constaté lors des élections communales, en Flandre également : dans l’ensemble, la droite a perdu du terrain.

    Aux USA, il y a eu plus de grèves en 2018 qu’au cours des années précédentes. Les électeurs brésiliens ont voté pour une opération ‘‘mains propres’’ et un homme fort, mais ils sont opposés aux attaques contre les pensions ou les privatisations. On ne trouve nulle part de réel soutien actif pour la politique d’extrême droite, des mesures néolibérales brutales associées à un régime autoritaire. C’est pourquoi il est nécessaire à l’extrême droite de stimuler la haine et les préjugés contre les réfugiés ou de souligner l’hypocrisie et les faiblesses des politiciens établis. Avec cela, ils peuvent disposer d’un écho beaucoup plus difficile à obtenir avec leur propre programme antisocial.

    Certains décrivent à tort Bolsonaro ou Trump comme des fascistes. Non pas que nous doutons de ce que Trump et Bolsonaro auraient été politiquement dans les années 1930… Mais les qualifier de fascistes aujourd’hui ignore l’absence d’une base de masse active prête à imposer la politique fasciste avec violence. Les groupes fascistes se sentent renforcés par ces politiciens de droite, mais lorsqu’ils qu’ils partent à l’offensive, cela entraine rapidement des mobilisations de masse qui les replongent dans l’isolement. C’est ce que nous avons vu aux USA avec l’Alt-right après les violences perpétrées lors d’une manifestation à Charlottesville à l’été 2017. Le fascisme en Italie ou en Allemagne nazie a pu mettre fin aux organisations ouvrières. Aujourd’hui, ce n’est pas à l’ordre du jour ; au contraire, la lutte ouvrière est actuellement en plein essor aux Etats-Unis. Là où l’extrême droite va trop loin, elle remplit plutôt la fonction de fouet de la contre-révolution qui génère des mouvements de masse. Mais il ne faut évidemment pas attendre que cela se produise pour organiser la lutte contre l’extrême droite et le terreau sur lequel elle prospère.

    Comment arrêter l’extrême droite ?

    Lors des élections de mi-mandat aux Etats-Unis, Trump a plus ou moins tenu le coup. Il aurait pu perdre bien plus de voix et il a su conserver la majorité du Sénat (dont la répartition des sièges est toutefois à l’avantage des républicains). Le principal atout de Trump, c’est la méfiance que suscite son principal parti d’opposition : les démocrates. Il en va de même avec de nombreuses forces populistes de droite : leur force est principalement déterminée par la faiblesse de leurs adversaires. Si l’alternative doit venir des partis établis qui perdent leurs derniers vestiges d’autorité, alors les forces d’extrême droite et populistes peuvent tenir bon plus longtemps. Mais l’absence d’une base active de masse provoque inévitablement l’instabilité.

    Le domaine politique n’est pas un monopole de la droite. Même si on nous apprend à laisser la politique aux experts, la classe ouvrière entre dans le champ politique ; tant au niveau syndical que politique. Ces dernières années, de nouvelles formations de gauche ont vu le jour dans toute l’Europe et aux Etats-Unis. C’est l’expression d’une recherche d’alternatives qui, dans le contexte d’une lutte sociale croissante, s’oriente vers la gauche. Par l’action, nous apprenons plus rapidement que nous sommes plus forts ensemble, qui sont nos alliés et qui sont nos ennemis. De nombreuses nouvelles formations de gauche sont cependant encore marquées par l’héritage de l’offensive idéologique néolibérale qui a eu lieu après la chute du stalinisme. En conséquence, il y a souvent un manque de confiance dans la capacité de la classe ouvrière à défendre une autre société de manière offensive et audacieuse. Quand la gauche est à l’offensive de manière audacieuse et collective avec un programme socialiste, la droite est en difficulté. Mais il y a encore du travail à faire pour affiner nos méthodes et notre programme de lutte. Le PSL y contribue avec énergie.

    L’extrême droite se présente comme quelque chose de neuf, de radical et d’extérieur au système en cherchant à abuser du mécontentement populaire. Elle représente pourtant la poursuite et l’intensification de l’ordre actuel et du chaos qui lui est inhérent. C’est la gauche conséquente qui doit offrir aux travailleurs et aux pauvres un nouvel instrument radical et combattif basé sur les idées d’égalité, de solidarité, de démocratie et de socialisme.

  • Grève à Aviapartner : la lutte paie

    L’aéroport de Zaventem a connu la plus longue grève de son histoire à la fin du mois d’octobre avec la grève courageuse des travailleurs d’Aviapartner qui a duré 6 jours. A l’image du personnel de Lidl, Ryanair ou Bpost, les travailleurs se sont mobilisés pour défendre leurs conditions de travail. La tendance se confirme dans différents secteurs : trop c’est trop.

    Par Nicolas Menoux

    Une grève courageuse car les grévistes se sont retrouvés sous un feu nourri de critiques à tout-va dans les médias. A côté des traditionnels références au ‘‘chaos’’ et autres ‘‘prises d’otage’’, les journalistes accusaient les syndicats de ne pas comprendre la catastrophe que leur grève constituait pour les entreprises aéroportuaires, ‘‘mais aussi pour l’aéroport national dont la réputation a fatalement souffert’’(1). Pas un mot pour les réelles causes de ce ras-le-bol. Sandra Langenus, secrétaire du syndicat socialiste, explique assez clairement : ‘‘la direction n’a réglé aucun problème,(…) manque d’effectifs sur le terrain ; salaires pas en ordre ; procédure de réintégration des travailleurs malades non respectée ; heures supplémentaires en forte augmentation ; les chefs d’équipe qui ne sont pas sûrs que la sécurité est respectée ne signent plus de plan de chargement, … Laisser partir un avion avec plus de 180 passagers à bord sans être sûr à 100% que la sécurité est garantie, voilà une responsabilité que beaucoup de travailleurs ne souhaitent plus prendre’’(2).

    En fait, la direction a joué avec le feu. Déjà en janvier 2018, l’entreprise a connu une grève à propos des questions du manque de personnel et du manque de matériel notamment. Comme rien n’a fondamentalement avancé depuis, cette nouvelle grève était inévitable et c’est bien l’attitude de la direction qui l’a déclenché. Si on remonte un peu plus loin, en 2013, l’aéroport avait déjà connu une grève de 5 jours, cette fois-ci chez le bagagiste Swissport. Idem : les conditions désastreuses de travail étaient pointées. Avec la solidarité des travailleurs d’Aviapartner à l’époque, les grévistes de Swissport avaient arraché des concessions. Dans ces deux cas les travailleurs sur le tarmac payent la libéralisation du secteur et la politique de sous-traitance. La compétition entre compagnies, que ce soit chez le personnel de bord comme à Ryanair, ou chez les sous-traitants au sol, dans tous les cas ce sont les travailleurs qui la payent: augmentation de l’exploitation, de la flexibilité et de la productivité, salaires limités… et sécurité minée !

    La réputation de l’aéroport a souffert de cette grève ? Remettons les choses en place : l’exploitant de l’aéroport, la Brussels Airport Company, a distribué plus de 837 millions d’euros de bénéfices à ses actionnaires entre 2007 et 2015. Cette recherche de profits pour une minorité est la source des mauvaises conditions de travail à l’autre bout de la chaîne. Qui souffre de cette situation ? Les corps, les dos des bagagistes : chaque jour les bagagistes trimballent chacun quelques 30 tonnes, chargent et déchargent des avions à 3 plutôt qu’à 5. Ceux qui attaquent la grève feraient bien de s’exprimer sur ce que devrait accepter les bagagistes : 50 tonnes, 60 tonnes ? Une direction capitaliste comme celle d’Aviapartner ne cède rien si elle n’est pas forcée de le faire. Un des points d’accord de janvier concernait le versement d’une prime. La direction a tardé à la verser mais, surtout, elle a changé le mode de calcul afin de la réduire par rapport à ce qui avait été négocié.

    La grève n’est pas un moyen cosmétique, c’est le moyen que nous possédons pour forcer la minorité qui nous exploite à répondre à nos revendications légitimes. C’est la grève qui a forcé Ryanair à venir à la table de négociations, c’est elle encore qui a arraché des concessions à Lidl. Ces 6 jours auront arraché un plan de recrutement (notamment 47 temporaires reconvertis en fixes), les équipes seront composées de 4 ou 5 personnes, des primes ou encore 3,2 millions d’investissements pour remplacer le matériel défectueux. La lutte paye ! Mais il faut rester vigilant, jusqu’au moment où toutes les promesses seront concrètement réalisées de façon correcte.

    (1) ‘‘Aviapartner: pourquoi la grève a duré aussi longtemps’’, Le Soir, 31 octobre 2018.
    (2) https://www.btb-abvv.be/fr/nouvelles/66-nouvelles-transport-logistique/674-greve-chez-aviapartner-c-etait-ecrit-dans-les-etoiles

  • Le gouvernement Michel est parti – comment éviter que sa politique d’austérité ne revienne ?

    Après moins d’un mois de lutte contre la mort, le gouvernement Michel est décédé. Une tentative de redémarrage avec un gouvernement minoritaire s’est révélée vaine (ce qui conduit à la question surréaliste de savoir si le gouvernement Michel II a jamais vraiment existé). Les tensions avec la N-VA se sont encore exacerbées, rendant la coopération parlementaire impossible. La tentative d’ouverture à l’opposition de centre-gauche est arrivée trop tard et était trop vague pour sauver la peau du premier ministre. Gwendolyn Rutten (présidente de l’Open VLD) a immédiatement bloqué l’essai. Charles Michel ne pouvait que se rendre auprès du roi pour lui remettre sa démission. Cette destitution est à l’étude, peut-être que des élections anticipées seront évitées avec un gouvernement en affaires courantes jusqu’aux élections de mai.

    Le gouvernement Michel Ier a dû être remanié après le départ des ministres de la N-VA suite à une discussion sur le droit d’asile. Mais son redémarrage sous la forme d’un gouvernement Michel II fut bloqué car la N-VA a lié l’approbation du budget et de l’accord d’été à une réforme de l’Etat sous la prochaine législature. Aux dires de la N-VA, les choses avaient été convenues ainsi dans des accords secrets conclus au début de cette législature – accords dont la N-VA avait explicitement nié l’existence en 2014 et qui, en cas de fuite, pourraient certainement nuire encore plus au MR. Cela donne une claire indication de ce que nous avons à attendre de la N-VA dans les mois à venir : un discours sur l’asile et l’identité encore plus raciste et une campagne liée à la question communautaire.

    Cet accent sur le racisme est nécessaire à la N-VA. Tous les partis de la coalition suédoise ont subi des pertes lors des élections locales du 14 octobre dernier. La politique antisociale en matière de pensions, de pouvoir d’achat, de précarisation du travail, de démolition des services publics, etc. est particulièrement impopulaire. La N-VA ne voulait approuver le budget fédéral qu’à la condition qu’aucune mesure ne soit prise en matière d’environnement ou de pouvoir d’achat, puisque cela coûterait de l’argent. Ce faisant, le parti se positionne directement contre les 100.000 manifestants de la marche historique pour le climat du 2 décembre, contre les dizaines de milliers de travailleurs qui se sont mobilisés le 14 décembre et contre tous ceux qui regardent avec sympathie le mouvement des Gilets Jaunes.

    Si les questions sociales dominent la campagne, alors la N-VA ne pourra l’emporter. Ce parti a besoin du débat sur l’asile pour sauver les meubles après quatre ans de politique de casse sociale thatchérienne. Cette approche n’a rien de nouveau : lors de son premier mandat, au début des années 1980, la première ministre britannique Margaret Thatcher a utilisé la guerre des Malouines comme un paratonnerre pour détourner l’attention et la colère sociale. Thatcher, soit dit en passant, s’en est tiré, a remporté les élections de 1983 et a intensifié son offensive néolibérale.

    Pour les militants syndicaux, la question du racisme est parfois très frustrante : la propagande quotidienne a un impact sur les collègues. Nous devons très clairement défendre que ce ne sont pas les réfugiés qui sapent nos conditions de vie : c’est la cupidité des ultra-riches qui disposent de marionnettes volontaires et déterminées avec des politiciens tout acquis à leur cause. C’est ce que démontre l’exemple hongrois tellement cité par la droite et l’extrême droite : aucun réfugié n’est admis dans le pays, il n’y existe pratiquement pas de migrants, mais le niveau de vie des travailleurs est attaque par la ‘‘loi de l’esclavage’’ qui autorise jusqu’à 400 heures supplémentaires par an (et la réintroduction de la semaine de six jours au lieu de cinq !) en permettant que les salaires ne soient payés que trois ans après ! Jouer la carte du racisme – car c’est à cela que se résume la campagne sur l’asile et l’identité – est nécessaire pour la N-VA face au large mécontentement concernant les thématiques sociales. Mais le racisme n’apporte aucune solution aux pénuries sociales.

    Le gouvernement de droite a toujours été mis en difficulté lorsque les questions sociales ont occupé le devant de la scène. Le gouvernement a dangereusement vacillé à la suite du plan d’action syndical de l’automne 2014. Plus récemment, la colère ressentie à l’égard des contre-réformes en matière de pension, notamment exprimée par la grande manifestation syndicale du mois mai et par la journée d’action syndicale du 2 octobre, a joué un rôle dans les pertes électorales subies par les partis au pouvoir le 14 octobre. Le mouvement ouvrier ne doit pas laisser le débat public être occupé par la droite, la droite populiste et l’extrême droite dans les mois à venir. Nous devons défendre nos revendications et entrer en action. Les négociations autour des salaires et de l’Accord interprofessionnel (AIP) qui débuteront en janvier peuvent jouer un rôle important à cet égard. Après des années de modération salariale et de baisse du pouvoir d’achat, il nous faut une augmentation conséquente des salaires. Le salaire minimum doit être de 14 euros de l’heure. La chute du gouvernement ne doit pas servir de prétexte aux dirigeants syndicaux pour supposer qu’il n’est pas possible de conclure un AIP, pour ne pas formuler de revendications salariales sérieuses ou pour adopter une position passive en l’attente des élections.

    Ces derniers mois, la volonté d’entrer en action s’est accrue. Les deux journées d’action syndicale (du 2 octobre et du 14 décembre) ont dépassé les attentes. La marche pour le climat du 2 décembre a connu une participation historique. Plusieurs grèves ont eu lieu dans les entreprises (Aviapartner, Bpost,….) qui correspondent parfaitement à l’appel au respect et à la dignité qui sont aussi le moteur du mouvement des Gilets Jaunes. Cette volonté d’entrer en résistance active ne disparaîtra pas. Une prochaine marche pour le climat est déjà prévue pour le 27 janvier.

    Les députés du PTB Raoul Hedebouw et Marco Van Hees ont garanti que la voix de la rue se fasse entendre jusqu’à l’intérieur du Parlement. Le PTB suscite néanmoins des réticences. Une campagne ouverte à toutes les personnes entrées en action sur les thèmes du climat, du pouvoir d’achat ou des pensions, par exemple, et réunissant le plus grand nombre possible de forces opposées au gouvernement Michel et à l’ensemble de la politique d’austérité, voilà qui serait un sérieux pas en avant. Cela maximiserait le résultat possible, ce qui représente certainement un défi à prendre au sérieux tout particulièrement en Flandre. Le PSL souhaite jouer un rôle à cet égard sur base de son programme de changement de société.

    Le capitalisme est incapable de sortir de la crise dans laquelle il est plongé. Les mesures adoptées à la suite de la précédente récession arrivent à peine à leur terme que pointe la menace d’une nouvelle récession. Nos conditions de vie sont dégradées pour assouvir la soif de profits de l’élite capitaliste. Depuis l’éclatement de la crise il y a dix ans, l’autorité des institutions de l’establishment a profondément souffert, ce qui a ouvert la voie à une grande instabilité politique. Ce système ne peut être apprivoisé ou réglementé, il continuera de s’en prendre à nos salaires et à nos conditions de travail. Il menace même l’avenir de notre planète. Nous devons le remplacer par une société socialiste où les richesses disponibles seront utilisées dans l’intérêt de toute la population.

  • France. La révolte est en marche. Étendons la grève et la lutte partout! Macron dégage!

    «Macron dégage ! », « Macron démission », c’est la révolte de ceux qui en ont marre de subir le mépris et l’arrogance du président des riches. « Ceux qui ne sont rien », comme nous avait décrit Macron, sont non seulement en train de le défier, mais également de le faire plier. Nous sommes également devenus « tout ». Travailleurs peu payés, retraités ayant perdu des centaines d’euros depuis les mesures de Macron, intérimaires galérant de contrat en contrat, les gilets jaunes ont ouvert le chemin de la révolte : lycéens, étudiants, travailleurs, il faut que tout le monde entre dans la lutte et qu’on aille vers la grève générale.

    Par la Gauche Révolutionnaire (CIO-France)

    Macron nous a servi son blabla, mais il ne comprend rien. Il ne satisfait aucune des principales demandes des gilets jaunes (pas de suppression de l’ISF, pas de remise en cause des 40 milliards d’aides publiques aux grandes entreprises, le CICE), une hausse dérisoire du SMIC, et… des heures supplémentaires pour gagner plus. Comme si on ne travaillait pas assez durement ! Comme si, avec les heures qu’on fait déjà et qui sont sous payées, on n’enrichissait pas déjà suffisamment les grands patrons et les actionnaires. Macron est déjà fini. Il n’est que le président des riches, pas celui des millions de travailleurs, avec ou sans gilet jaune. Il est le représentant du capitalisme, des ultra riches, de tous ces parasites qui nous écrasent et nous exploitent pour accumuler des milliards inutiles qu’ils seront incapables de dépenser et qui manquent aux services publics, au logement, aux emplois. Il est incapable de comprendre ce que nous vivons, incapable de répondre aux demandes les plus simples pour cesser de survivre et recommencer à vivre : il faut qu’il dégage !

    Relever la tête

    Il y a longtemps que ce n’est plus seulement une question de surtaxe de l’essence (et d’ailleurs ce n’était de fait qu’un moyen de se rassembler) qui nourrit le mouvement des « gilets jaunes », c’est bien plus grave et plus profond. Il en va du niveau de vie et en fait de la Vie elle-même : celle qu’on ne veut plus, qui se termine au 10 de chaque mois parce qu’on ne peut plus rien se payer, pas même des repas décents. Les révenus ont baissé de 440 euros par an entre 2008 et 2016. Avec la baisse des APL, la hausse de la CSG, et toute une série d’autres mesures, c’est devenu intenable.

    Et quoi d’étonnant que ce soit parti de la voiture : essence en hausse, contrôle technique fait exprès pour rendre inutilisables les voitures des plus modestes, péages en hausse, amendes stationnement en hausse, radars par milliers… le travailleur, prisonnier de sa voiture pour aller travailler se fait racketter grâce à cette même voiture.

    Et alors que le mouvement commençait, on s’est entendu répondre que le gouvernement ne changerait rien, on a reçu les charges de CRS sur les rond-points, dès le premier jour du mouvement par endroit. Au mépris, le gouvernement ajoutait déjà la répression. Il n’avait rien compris, les gilets jaunes étaient en train d’exprimer ce que ressent la majorité de la population, et surtout l’écrasante majorité des travailleurs et des retraités.

    Nous sommes un fleuve qui déborde après la pluie de sales coups répétés ces dernières années contre notre niveau de vie et nos conditions de travail. Nous sommes nourris de milliers de frustrations et d’humiliations que nous impose le capitalisme. Notre indignation ne s’arrêtera pas avec deux ou trois mesures temporaires car maintenant, la plupart des gilets jaunes voient clairement ce qui se passe.

    La lutte nous a uni

    Ce qui n’étaient que des lettres et des chiffres sans signification ont pris tout un sens aujourd’hui : CICE = 40 milliards de cadeaux aux grandes entreprises qui font déjà des milliards de bénéfices, qui ferment des usines et suppriment des emplois, pour le seul bénéfice des actionnaires.
    Suppression de l’ISF = cadeaux aux riches, augmentation des taxes qui sont par nature plus lourdes pour les plus modestes. C’est aux plus gros de payer plus, disent désormais les gilets jaunes. On n’est pas contre les impôts, on veut voir cela en retour avec des services publics, des écoles,… Les gilets jaunes sont en train de parler du fonctionnement même de la société, de l’inégalité dans laquelle le capitalisme nous plonge, au seul bénéfice des ultra-riches. Et on comprend même que les institutions, le gouvernement, la police, sont là pour protéger cet ordre injuste et inégalitaire.

    En se regroupant sur les rond-points, en discutant, en menant des actions (et de plus en plus avec les syndicalistes), en ciblant de plus en plus les grandes compagnies commerciales, pétrolières, les gilets jaunes apportent un élément révolutionnaire, remettant en cause non seulement la forme injuste et antidémocratique de la société mais aussi, de plus en plus, en questionnant le fond : la mainmise sur l’économie de quelques multinationales qui se gavent de milliards sur notre dos.

    Le mouvement des gilets jaunes a enclenché un processus, une compréhension commune à des millions de personnes, non pas seulement de la souffrance, mais des causes de celle-ci. Les revendications sont devenues communes, de même que la volonté de vivre dans une société humaine, fraternelle et démocratique et non sous la dictature tant des capitalistes et de la finance que des technocrates déconnectés de la réalité.

    Le processus enclenché le 17 novembre va continuer de s’amplifier. Il a des éléments révolutionnaires, mais pas encore suffisamment si on veut réellement changer la société. Il nous faudra remettre en cause le caractère anti-démocratique de la société, le mépris de Macron et de ses amis, mais encore plus, remettre en cause le fonctionnement même de celle-ci, basée sur l’exploitation des travailleurs au seul bénéfice des capitalistes.

    • Hausse des salaires et des retraites, SMIC à 1800 €
    • Assez des taxes injustes, c’est les riches qu’il faut imposer
    • Abolition de la CSG, restauration de l’ISF, arrêt du CICE
    • Récupération des 80 milliards de l’évasion fiscale et des milliards de profits
    • Injection de ces milliards dans les services publics pour créer des emplois dans l’éducation, la santé, l’écologie…

  • Ultimatum au gouvernement : ne laissons pas Michel 2 poursuivre la politique de Michel 1 !

    Photo : Nico

    Le gouvernement Michel 1 n’a pas survécu à sa défaite aux élections communales. Mais il n’est officiellement pas tombé en raison du mécontentement social face au pouvoir d’achat, aux pensions ou au manque d’investissements dans les services publics. Sa politique antisociale est bien trop impopulaire. La N-VA a donc choisi de transformer les prochaines élections en référendum sur la migration dans le but de diviser la classe ouvrière en Belgique. Ne nous laissons pas prendre au jeu : ce ne sont pas les réfugiés, mais bien l’avidité des grands actionnaires qui endommage nos conditions de vie et de travail.

    Tract du PSL à destination de la journée d’action du 14 décembre // Tract en version PDF

    Michel II, si nous le laissons exister, sera un non-gouvernement surréaliste. Il a le choix : s’en prendre encore à nos salaires, nos pensions et nos allocations sociales avec la N-VA ou alors chercher une autre majorité. La pire chose que les dirigeants syndicaux puissent faire est d’attendre les élections de mai. Cela laisserait le débat public, y compris sur les lieux de travail, à la droite et sa logique de division avec la haine des migrants. Ces dernières années, à chaque négociation, nous avons entendu dire que les patrons étaient confortablement assis dans leur fauteuil parce que le gouvernement les soutenait. Maintenant que le gouvernement est affaibli et que c’est à peine s’il survit, l’argument ne vaut plus. Chaque faiblesse de notre camp est impitoyablement jouée contre nous par l’autre ; il est grand temps de faire de même !

    C’est une sérieuse lutte qui s’impose et non des appels tièdes où chaque centrale ou régionale doit élaborer son propre plan. L’enjeu est trop important pour cela. Les attaques contre les pensions, les fins de carrière, les salaires et les conditions de travail n’ont pas encore été digérées. D’autres doivent encore venir, comme la mise en œuvre de l’accord d’été, de même que les importantes négociations pour l’AIP. Ces dernières sont l’occasion idéale d’imposer une sérieuse augmentation des salaires et un salaire minimum de 14 euros de l’heure.

    Si les dirigeants syndicaux continuent de se disputer entre eux sur la façon dont ils ne feront rien, leur présence ne sera plus considérée comme un atout, mais comme un désavantage pour mener une lutte efficace. Le mouvement des Gilets Jaunes en France et en Wallonie devrait constituer un avertissement. En France, les Gilets Jaunes ont démontré que la lutte porte ses fruits : une première concession de Macron a rapidement conduit à une autre. Il a ainsi dû annoncer que l’augmentation limitée du salaire minimum prévue serait légèrement plus importante et appliquée plus rapidement. La lutte se poursuit autour du slogan ‘‘Macron dégage’’. Le soutien populaire pour les Gilets Jaunes s’élève à plus de 70% en France alors que la popularité de Macron atteint à peine les 20%. Le raisonnement selon lequel “entrer en action repousse les gens” est manifestement incorrect : des actions de masse avec des revendications claires bénéficient d’un très large soutien. Elles font basculer le débat politique : les exigences de la classe ouvrière prennent alors le dessus sur les intérêts de la classe capitaliste.

    Ces dernières années, toutes les actions syndicales sérieusement organisées ont été bien suivies. Une manifestation nationale bien préparée suivant le modèle de celle du 6 novembre 2014 (quand 150.000 manifestants ont lancé le plan d’action syndical) et posant un ultimatum clair au gouvernement lié à une grève générale nationale, voilà qui pourrait imposer une politique fondamentalement différente. Des revendications telles qu’un salaire minimum de 14 euros de l’heure, la restauration complète de l’index, une augmentation des salaires, une pension de 1.500 euros par mois minimum, la réduction collective du temps de travail sans perte de salaire et avec embauches compensatoires,… répondent parfaitement à la colère qu’illustrent les Gilets Jaunes.

    Cela pose la question d’un autre type de gouvernement, d’une majorité qui aille cherche des moyens pour nos conditions de vie avec une taxe des millionnaires. Pour mettre en œuvre une telle mesure, la gauche devra défendre un programme de mesures socialistes, comprenant notamment le non-paiement des dettes publiques, la nationalisation des banques sous contrôle démocratique et le recourt à l’arme de la nationalisation contre l’inévitable contre-offensive patronale. Organiser et construire sérieusement notre lutte dès aujourd’hui est la meilleure préparation qui soit pour y faire face.

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