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Category: Contre le racisme
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Ni racisme, ni division : unité dans la lutte ! Un logement, des soins de santé et un enseignement de qualité pour toutes et tous
Le racisme existe toujours. En Belgique, des décennies de politiques néolibérales menées par les gouvernements successifs ont créé des situations de pénuries. Les personnes réfugiées fuyant la misère rejoignent des listes d’attente déjà longues.
Par Clément T. (Liège)
Les gouvernements, incapables de mettre les budgets pour y répondre, essaient de monter les populations vivant en Belgique contre celles qui tentent de fuir la misère. Les tremblements de terre catastrophiques en Turquie, en Syrie et au Kurdistan en février dernier ont laissé des centaines de milliers de personnes sans-abri, dont de nombreuses tenteront de venir chercher un logement et une vie plus digne en Europe.
Après cinq ans de gouvernement de droite dure au racisme peu dissimulé, beaucoup espéraient que le gouvernement Vivaldi apporterait du changement. La crise de l’accueil des demandeurs d’asile exprime que ce fut peu le cas. Alors que les ressources manquent pour assurer un accueil humain et que le gouvernement a été condamné des milliers de fois pour ça, celui-ci investit dans des centres de détention supplémentaires pour demandeurs d’asile. Il existe déjà six de ces prisons destinées à la déportation forcée (751 places), auxquelles viendront s’ajouter quatre autres d’ici 2030. Lors de son annonce, le secrétaire d’État de l’époque, Sammy Mahdi (CD&V), a déclaré qu’il s’agissait d’un « pas de géant de notre pays dans la politique de retour ».
Des investissements publics, maintenant !
La situation exige plus que jamais de se battre pour des investissements publics sérieux dans des logements publics, les soins et l’enseignement notamment, pour répondre aux besoins tant des populations vivant dans nos régions que de celles qui fuient la misère. Éradiquer le racisme passera par la construction d’un large mouvement pour imposer ce type de politiques. Il est important que cette Journée internationale de lutte pour l’élimination de la discrimination raciale existe, et que la Plateforme 21.03 coordonne l’organisation de manifestations le dimanche 19 mars[1]. Le PSL/LSP souhaite contribuer au débat sur les méthodes et revendications nécessaire à ce combat.
La Plateforme 21.03 comprend un large éventail d’organisations allant de la société civile à des partis tels que Groen, Ecolo et le PTB. Les revendications contiennent de bonnes propositions, mais elles se limitent en grande partie à ce que les gouvernements peuvent faire dans le cadre légal et sans devoir allouer les ressources nécessaires. Il est préférable de partir de nos besoins et de ce qui nous unit, plutôt que de ce qui est « réaliste » pour les politiciens traditionnels. Les lois peuvent être un pas en avant, surtout si elles sont appliquées par la lutte. Mais se limiter à cela n’est pas suffisant, cela comporte le risque de vider nos revendications de leur contenu politique.
Il faut nous donner les moyens d’assurer la sécurité présente et future de toutes les personnes qui cherchent à s’installer ici. Les gouvernements en Belgique autant que les autres gouvernements européens se sont montré
splus qu’incapables de garantir cette sécurité, s’inscrivant même à plusieurs reprises dans l’illégalité face aux directives européennes sur les conditions d’accueil minimales et à la Loi accueil (2007), qui déjà dans le texte, ne donnaient pas de quoi être fier.Nos lois fabriquent des illégaux, et ce surtout pour des raisons économiques. Refuser de donner des papiers permet aisément de cacher les personnes qui n’en ont pas et ainsi d’exploiter une main-d’œuvre non couverte et sous-payée. La cause de ce dumping social est un choix politique et légal que fait notre gouvernement.
Pour combattre le racisme et la division, il ne suffit pas de souligner l’intérêt et la richesse de la multiculturalité, ni de tourner les yeux vers une soi-disant solution institutionnelle. La réponse au racisme est aussi et surtout socio-économique, pour couper court au désespoir social qui l’alimente.
Comme Malcolm X le disait : « Il ne peut y avoir de capitalisme sans racisme. », et ce n’est qu’en engageant concrètement la lutte pour abolir la propriété privée capitaliste et sa mainmise sur la politique et la justice que l’on pourra pérenniser le fruit de notre combat.
Pour une régularisation systématique, un accompagnement et une protection sociale ; contre les centres fermés et les expulsions : mobilisons-nous le 19 mars !
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Contre le racisme et la misère, c’est la lutte sociale qui est nécessaire !
Derrière la « crise de l’accueil », il y a la détresse absolue de centaines de demandeur.euse.s d’asile sans logements qui dorment et parfois meurent dans la rue. Il y a les squats et les campements de fortunes assaillis à Bruxelles par les forces de police. Et l’exploitation absolue par des employeurs qui abusent de cette extrême vulnérabilité. Tout ça pour le « crime » d’avoir voulu fuir la misère ou la guerre.
Par Constantin (Liège)
A Bruxelles, juste après l’expulsion d’un squat de demandeur.euse.s d’asile, le bourgmestre Philippe Close (PS) a envoyé des ouvriers de la ville inonder le rez-de-chaussée du bâtiment et percer des trous dans le toit pour que la pluie et le froid s’infiltrent, histoire de bien assurer que personne n’ait l’idée de revenir. C’était deux jours après la conclusion du nouvel accord du gouvernement fédéral.
Quand une crise est créée pour servir de prétexte
La « crise de l’accueil » ne tombe pas du ciel. En 2021, 1916 places d’accueil ont été supprimées. Avant ça, le gouvernement Michel avait détricoté Fedasil (l’Agence fédérale pour l’accueil des demandeurs d’asile), en réduisant son budget de 20 millions d’euros. Les autorités belges ont elles-mêmes créées la crise en réduisant les budgets et en supprimant des places. La situation est aujourd’hui saisie pour renforcer la répression.
Que contient le nouvel accord des partis de la Vivaldi (avec PS et ECOLO, rappelons-le) ? L’accélération des procédures d’examens et l’exécution plus rapide des décisions d’expulsions, des restrictions au regroupement familial tout en fermant la porte à toute régularisation collective. Dans le but de présenter cette offensive contre des personnes en détresse comme étant « juste » et « équilibrée », l’accord indique la création de 2000 nouvelles places d’accueil supplémentaires et l’interdiction de l’enfermement des enfants dans les centres fermés. Ce n’est pas rien, mais c’est largement insuffisant, surtout en considérant que 700 de ces nouvelles places ne seront que des containers et que, parallèlement, le gouvernement compte construire quatre centre fermés supplémentaires.
Riposter à la division par l’unité dans la lutte
Rejetons ce racisme d’Etat qui rend plus acceptable celui de l’extrême droite ! Parallèlement, le gouvernement regarde ailleurs quand le personnel des services publics fait grève, comme il l’a fait le 10 mars dernier pour dénoncer l’absence de moyens, le manque de collègue et la charge de travail insoutenable. Il a fallu toute la force d’une grève générale, le 9 novembre, et de nombreuses actions syndicales pour sauvegarder l’indexation des salaires et des allocations et pour obtenir de maigres mesures pour nos factures. Mais toute cette misère sociale, qui s’aggrave sans cesse, c’est un terreau de choix pour entretenir les préjugés racistes et nourrir l’extrême droite.
Soyons clairs : ce ne sont pas les demandeur.euse.s d’asile qui sont responsables de nos factures d’énergie ou du prix de nos caddies ! Ce ne sont pas eux qui empochent de juteux dividendes en laissant les travailleur.euse.s de Delhaize sur le carreau ! Ce ne sont pas eux qui ont affamé nos services publics et notre sécurité sociale avec des déductions fiscales pour les plus riches ! Ce ne sont pas eux qui ont choisi de laisser pourrir le parc de logements sociaux pour se jeter dans des projets qui remplissent les poches de magnats de l’immobilier comme Matexi !
Aujourd’hui, à Bruxelles, il existe 10.000 bâtiments inoccupés. Si l’on voulait régler la crise du logement pour tou.te.s et la crise de l’accueil du même coup, on pourrait commencer par appliquer la loi Onkelinx qui permet de réquisitionner des bâtiments vide depuis plus de six mois. Cette loi n’a quasiment jamais été utilisée, car elle implique de s’attaquer à la propriété privée. Si nous voulons arracher l’application de cette loi et défendre notre droit à tou.te.s à une vie décente, nous devons nous battre avec acharnement et détermination.
Combattre le racisme par la solidarité
Les attaques contre les plus vulnérables dans la société, comme les demandeur.euse.s d’asile servent, à rendre plus acceptable de s’en prendre aux autres. D’autre part, les maintenir dans des conditions de travail et de vie proches de l’esclavage en raison de l’illégalité, cela permet d’instaurer une pression à la baisse sur les contions de travail et de vie de chacun.e.
- C’est aux multinationales qu’il faut s’en prendre, pas à leurs victimes ! Des papiers pour toutes et tous!
- Stop aux centres fermés, aux expulsions et à la répression !
- Un salaire minimum de 15 euros de l’heure !
- Un toit, c’est un droit : pour un plan de construction et de rénovation de logements sociaux pour répondre à la demande et en finir avec les listes d’attentes !
- Pour un plan d’investissement radical dans les services publics, l’enseignement et les soins de santé. Ne laisser personne sur le bord du chemin, c’est la meilleure réponse aux vautours d’extrême droite et aux racistes !
- L’argent existe, allons le chercher là où il est ! 1% de la population belge détient un quart des richesses, soit plus que 70% de la population selon Oxfam. Luttons pour l’imposition des riches, avec expropriation et nationalisation sous contrôle et gestion démocratiques des avoirs de ceux qui tentent de s’y soustraire. Luttons pour la nationalisation sous contrôle et gestion démocratiques des banques et des assurances pour mobiliser les moyens nécessaires pour sortir chaque personne de la précarité et assurer l’épanouissement de toutes et tous.
- Le capitalisme plonge de crise en crise, et entraîne dans son sillage plus de divisions, de racisme, de sexisme, de LGBTQIA+phobie et plus de violence. Les guerres, les inégalités et la crise écologique continueront à engendrer de nouveaux drames, comme ces milliers de migrants qui meurent chaque année en Méditerranée. Ce système doit être renversé pour construire une toute autre société capable d’assurer une véritable liberté de circulation pour celles et ceux qui le souhaitent tout en assurant la possibilité de construire une vie décente dans son pays d’origine. Cette société, selon nous, c’est le socialisme démocratique.
- Dimanche 19 mars : Marche « Lève-toi contre le racisme », 13h, Esplanade Saint-Léonard (à l’initiative de la Plateforme 21/03)
- Dimanche 16 avril : Manifestation contre le centre fermé de Vottem, 14h, Place Saint Lambert (à l’initiative du CRACPE, Collectif de résistance aux centres pour étrangers)
- Lundi 8 mai : Rassemblement et manifestation pour commémorer la défaite du nazisme, 18h, Monument national à la résistance, Parc d’Avroy (à l’initiative du Front Antifasciste 2.0)
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L’extrême droite se nourrit du désespoir sans y apporter la moindre solution
La victoire électorale de Meloni en Italie et la tentative de coup d’État des partisans de Bolsonaro au Brésil ont remis l’extrême droite sous le feu des projecteurs. Pourquoi une telle victoire électorale de l’extrême droite en Italie à peine plus de cent ans après la marche sur Rome de Mussolini ? Pourquoi Bolsonaro a-t-il perdu son pouvoir après juste un mandat ? Pourquoi le Vlaams Belang se dirige-t-il probablement vers un score monstrueux en 2024 ?
Par Koerian (Gand), article tiré de l’édition de février de Lutte Socialiste
Crise et désespoir
L’extrême droite repose sur le désespoir. Lorsque les gens ne sont plus en mesure d’acheter une maison, font la queue à la banque alimentaire, ne peuvent plus obtenir un lit à l’hôpital et ne voient aucune solution constructive pour sortir de cette misère. À ce moment-là, le caractère diviseur des semeurs de haine comme Van Langenhove, Meloni, Orban ou Bolsonaro gagne du terrain. Nous vivons un tel moment aujourd’hui. Le capitalisme traverse sa crise la plus profonde depuis les années ‘30. La hausse des prix érode les salaires, les maisons et les loyers deviennent inabordables, l’enseignement et les soins de santé sont au bord de l’effondrement.
L’extrême droite peut marquer des points dans un contexte de manque de moyens et de problèmes sociaux. Elle se construit également une base sociale parmi des éléments confus et parmi les couches les plus précarisées de la société. L’assaut du Capitole et l’assaut de Brasilia en sont des expressions.
Un vernis social…
L’extrême droite recouvre de plus en plus sa haine d’une couche de vernis social. Lors de sa dernière campagne électorale, le Vlaams Belang a mis l’accent sur la revendication d’une pension minimale de 1.500 euros après 40 ans de travail. Orban et le gouvernement polonais PiS ont augmenté les allocations familiales. Meloni essaie de vendre sa taxe forfaitaire de 15% comme une mesure pour la classe moyenne. Bolsonaro a été élu sur un discours anticorruption et a tenté de marquer des points avec un enchevêtrement de petits avantages au printemps dernier avant les élections. Cela montre que l’extrême droite ressent également la pression pour trouver des réponses sociales. Elle essaie d’être perçue comme opposée à l’establishment dominant, la haine seule ne suffit pas à maintenir la démagogie à flot.
… qui s’écaille rapidement
La réalité de l’extrême droite au pouvoir est tout sauf sociale. L’extrême droite défend les intérêts des dirigeants d’entreprise et des PDG.
Le Vlaams Belang a voté contre l’augmentation du salaire minimum, pour la chasse aux malades de longue durée, pour la loi de 96 sur les normes salariales qui, aujourd’hui encore, bloque nos salaires. Orban a réduit les subventions à l’énergie. Bolsonaro a relevé l’âge de la retraite et réduit les pensions des veuves.
Meloni a immédiatement déclaré son allégeance à l’UE et à l’OTAN. Elle veut être considérée comme un partenaire fiable par la classe dominante. Le budget de l’Italie dépend d’un plan de relance européen de 191,5 milliards d’euros (68,9 milliards d’euros de subventions et 122,6 milliards d’euros de prêts). Le gouvernement Meloni est pieds et poings liés aux diktats de l’UE. Pour faire passer plus facilement les coupes à venir, le gouvernement a mis en œuvre le décret dit « anti-raves ». Le prétexte des raves parties masque une attaque contre tout ce qui « compromet l’ordre public » avec des peines de prison de 3 à 6 ans pour les organisateurs. Il ne faudra pas longtemps avant que cette loi soit utilisée contre les grèves et les manifestations. Le racisme, le sexisme et LGBTQIA+phobie servent le même objectif : briser violemment la contestation des politiques antisociales.
Ces politiques antisociales sont également la plus grande faiblesse de l’extrême droite. Après une première participation au gouvernement au début du siècle, le FPÖ autrichien a perdu plus de la moitié de ses voix. Il y a eu de larges protestations contre une attaque sur les pensions. En mai 2019, le gouvernement des conservateurs et de l’extrême droite est tombé après des manifestations contre l’introduction d’une journée de travail de 12 heures et des coupes budgétaires dans les soins de santé. Cette situation a été aggravée par un scandale de corruption concernant le président du FPÖ, Heinz-Christian Strache. Bolsonaro et Trump ont perdu leur soutien en raison de la hausse de la pauvreté, de l’échec de leur politique COVID et de leur propre corruption. En Hongrie également, ce sont les protestations contre les récentes mesures d’austérité qui constituent le plus grand défi pour Orban.
Le moindre mal
Lorsque l’extrême droite menace, beaucoup de gens choisissent le moindre mal. Il est compréhensible que les couches opprimées souhaitent une fin rapide à un climat de discrimination violente. Sous Lula et Biden, la discrimination et la haine seront moins importantes que sous Bolsonaro et Trump. Pour les personnes de couleur, cela fait une différence que Macron ou Le Pen soit président français. Mais il faut admettre que les politiques procapitalistes de Lula et de Biden continuent d’accroître le terreau de l’extrême droite.
En outre, le moindre mal est de moins en moins une garantie de victoire. La profondeur de la crise sociale crée une profonde colère contre l’establishment. Faire appel à cet établissement pour éviter le pire fonctionne d’ailleurs de moins en moins. Biden et Bolsonaro ont gagné de justesse lors d’élections à très faible taux de participation. Une coalition de presque tous les partis bourgeois n’a pas pu vaincre Orban en Hongrie, pas plus que de grands blocs électoraux n’ont pu défier le PiS en Pologne.
Lutter pour un programme social
Pour stopper l’extrême droite, il faut passer à l’offensive avec la gauche et les syndicats pour une augmentation des pensions, des allocations sociales et des salaires, une réduction du temps de travail avec maintien des salaires, un réinvestissement dans les services publics : un programme qui répond aux besoins populaires immédiats. De cette manière, le désespoir individuel qui génère les votes d’extrême droite peut laisser place à un espoir collectif de changement social. Il est impossible de le faire durablement dans un système qui place les profits d’une petite minorité au-dessus des besoins et des vies de la majorité. Le socialisme ou la barbarie est toujours le choix auquel nous sommes confrontés.
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Manifestation contre Dewinter à Gand : un premier pas important dans la reconstruction de la lutte antifasciste
Ce jeudi 1er décembre, 800 personnes sont descendues dans la rue afin de protester contre une conférence de Filip Dewinter tenue à l’université de Gand. Le cercle étudiant catholique d’extrême droite KVHV avait invité le chef de file du Vlaams Belang à y présenter son nouveau livre sur le « Grand remplacement », une théorie complotiste raciste. Le PSL/LSP s’est impliqué dans la mobilisation avec les Etudiant.e.s de Gauche en Action (EGA) et la Campagne ROSA (Résistance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité) auprès du personnel et des étudiant.e.s de l’université. La manifestation a réuni de grandes délégations d’étudiant.e.s, d’activistes, d’associations étudiantes et de syndicalistes (notamment de l’ACOD UGent (la délégation de la CGSP à l’université) et de l’ABVV Oost-Vlaanderen (la régionale FGTB Flande Orientale) dans la lutte contre l’extrême droite. C’est un grand pas en avant dans la reconstruction de la lutte antifasciste à Gand.
Par Koerian (Gand)
Le recteur Van de Walle accorde (encore) une tribune à la haine
La conférence devait initialement être organisée à l’auditorium Blandijn. Une plateforme d’activistes, d’associations étudiantes et de syndicats a décidé, sur notre proposition, d’organiser un festival antifasciste au sein du Blandijn ce jour-là, garantissant ainsi que la conférence ne puisse avoir lieu. Avec cette conférence, le personnel du Blandijn craignait pour sa sécurité et celle des étudiant.e.s (en particulier celles et ceux du programme de néerlandais pour les nouveaux arrivants) et a exigé que l’université annule la conférence. Le recteur de l’université de Gand, Rik Van de Walle, a alors décidé de déplacer celle-ci au campus Aula dans l’Universiteitstraat, où la police peut plus facilement boucler la zone.
Filip Dewinter, le Vlaams Belang ou le KVHV n’ont pas leur place à l’UGent. Le KVHV utilise systématiquement l’université comme une plateforme pour légitimer la haine. Jeff Hoeyberghs a été condamné pour incitation à la haine et à la violence en raison du sexisme qu’il a répandu alors qu’il était venu parler à l’UGent en 2019 à l’invitation de ce cercle étudiant. Le KVHV a été à peine sanctionné pour cette réunion haineuse et a été autorisé à continuer de cracher son venin. Le recteur Rik Van de Walle a ignoré les craintes du personnel du campus Aula et a offert à Dewinter la plate-forme universitaire qu’il désirait. Le Vlaams Belang a longuement remercié Rik Van de Walle pour services rendus. Pour le recteur, les faveurs aux racistes l’emportent sur la sécurité des étudiant.e.s et du personnel.
Une manifestation contre l’extrême droite comme première étape
Faire déplacer la conférence était en soi une victoire. Le Blandijn est un lieu historiquement progressiste, au milieu du quartier étudiant. L’extrême droite en a été repoussée et a dû se réfugier derrière un cordon policier loin du quartier étudiant. Afin de protéger la sécurité des étudiant.e.s et d’empêcher l’extrême droite de déverser sa haine sans contestation, une manifestation a été organisée dans le quartier étudiant qui s’est terminée par un événement culturel au Vooruit.
Cette manifestation était un premier pas important dans la construction d’un nouveau mouvement antifasciste. La majorité des étudiant.e.s et du personnel rejette la haine du KVHV, la manifestation l’a clairement montré. Il s’agit maintenant d’organiser cette majorité pour qu’elle manifeste partout où le Vlaams Belang, le KVHV ou d’autres marchands de haine lèvent la tête.
Mobilisation, mais aussi organisation
Nous devons débattre au sein du mouvement antifasciste. Les événements médiatiques ou culturels, comme celui qui a eu lieu au Vooruit après la manifestation, sont un complément à la lutte, mais ne doivent pas s’y substituer. Si nous voulons organiser les étudiant.e.s et le personnel contre l’extrême droite, nous devons les mobiliser dans la rue avec des propositions concrètes pour réagir contre la présence de l’extrême droite ici et maintenant. C’était tout l’enjeu de la manifestation et ce fut un succès. Des étudiant.e.s et des militant.e.s se sont réuni.e.s dans les rues avec des délégations de l’ACOD UGent et de l’ABVV Oost-Vlaanderen. L’implication des syndicats est une étape très importante dans la lutte antifasciste.
Nous comprenons que des personnes aient tenu à agir elles-mêmes à l’Universiteitsstraat ce soir-là pour tenter d’empêcher le meeting du KVHV. Mais réaliser une occupation réussie n’est possible que si celle-ci est précédée d’une campagne de mobilisation sérieuse et soutenue, une mobilisation qui rassemble les étudiant.e.s et le personnel et leur donne confiance dans le fait que l’extrême droite peut effectivement être stoppée. Essayer de perturber Filip Dewinter à quelques dizaines – en vain – n’y contribue pas.
La manifestation était une étape importante dans la construction de la lutte. Le potentiel est présent. Comme l’a dit Angeline Van Den Rijse, présidente de la Centrale générale de la FGTB pour la Flandre Orientale : la menace d’un score élevé pour le Vlaams Belang aux élections de 2024 rend notre organisation aujourd’hui encore plus importante.
Il n’y a pas de capitalisme sans racisme
Tim Joosen, délégué FGTB à l’UGent et membre du PSL, a cité Malcom X dans son discours lors de la manifestation : « Il n’y a pas de capitalisme sans racisme. » Le système capitaliste a besoin de la division et de la haine pour se maintenir en place. Répondre aux problèmes sociaux qui alimentent l’extrême droite (manque de logements à loyer abordable, pauvreté, inflation…) reste crucial. EGA et la Campagne ROSA ont réuni des centaines de jeunes dans un bloc anticapitaliste combattif pour délivrer ce message de manière claire et forte.









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Racisme. Tout ce qui nous divise nous affaiblit !

Unité dans la lutte pour l’accès au logement et à un enseignement de qualité pour toutes et tous !
- Tract en format PDF Ce tract a été édité dans le cadre des actions antiracistes organisées en Belgique ce 20 mars dans le cadre de la Journée Internationale contre le Racisme et la Discrimination. Plus d’informations sur la plateforme à l’initiative de ces actions.
La guerre en Ukraine a fait comprendre à de larges pans de la population que personne ne laisse tout derrière soi pour fuir par plaisir. A travers le monde, la guerre choque et, comme toujours dans les moments de crise, la solidarité de la classe des travailleur.euse.s est impressionnante. Des milliers de personnes se portent volontaires pour accueillir des réfugié.e.s ukrainien.ne.s. Profitons-en pour renforcer la solidarité avec les réfugié.e.s de toutes origines !
Pour Poutine, la guerre est un calcul géopolitique. Pour le peuple ukrainien, c’est une terrible tragédie à l’énorme coût humain. Ailleurs, c’est la classe des travailleur.euse.s qui en fait les frais. Par le chômage et les pénuries en Russie, avec l’envolée des prix de l’énergie et bientôt de l’alimentation ici. À Anvers, 400 travailleur.euse.s de l’industrie chimique sont menacé.e.s de chômage technique en raison des sanctions prises à l’encontre de l’oligarque russe qui possède la société EuroChem. L’afflux de réfugié.e.s aggravera les conséquences du manque de moyens pour les crèches, les logements abordables ou les services publics. Les réfugié.e.s ukrainien.ne.s sont déjà mis en concurrence avec d’autres réfugié.e.s, y compris ceux qui ont fui l’Ukraine.
Les pénuries nourrissent les tensions et les divisions et certains en profitent pour monter les différents groupes de population les uns contre les autres. La meilleure riposte est l’unité dans la lutte pour des conditions d’accueil adéquates pour chaque réfugié.e, mais aussi pour l’accès à un enseignement gratuit et de qualité ainsi qu’à un logement abordable pour chacun.e. Le mouvement des travailleur.euse.s, qui est particulièrement bien organisé en Belgique, doit prendre la tête de cette lutte collective pour le progrès social. C’est ainsi que l’espoir d’un meilleur avenir pourra l’emporter sur le désespoir et la frustration qu’exploite l’extrême droite.
Il nous faut construire un puissant mouvement international anti-guerre. Nous ne pouvons pas laisser cette tâche à la population ukrainienne qui organise héroïquement son autodéfense ou à la population russe qui continue à de se mobiliser contre la guerre en bravant la répression et la menace d’années d’emprisonnement. Nous aussi, nous avons besoin d’un mouvement de masse contre la guerre. Non pas pour soutenir la course impérialiste aux armements ou renforcer une machine de guerre telle que l’OTAN, mais pour défendre les intérêts communs de la classe des travailleur.euse.s et de toutes les personnes opprimées. Nous n’avons aucun intérêt dans la guerre et la destruction, où que ce soit dans le monde.
Les tensions croissantes entre grandes puissances, en particulier les États-Unis et la Chine, constituent le contexte global de la guerre en Ukraine. Ces tensions qui sont nées de la faillite du capitalisme. « Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage », observait le socialiste français Jean Jaurès juste avant la Première Guerre mondiale. « Il ne peut y avoir de capitalisme sans racisme », déclarait Malcolm X. « C’est tout le système qui est coupable », a-t-on pu entendre dans les manifestations Black Lives Matter ou les mobilisations féministes.
Nous devons renverser ce système capitaliste. Il renforce la gravité de chaque crise, de la crise climatique à la pandémie en passant par la guerre et la misère sociale. Organisons-nous et luttons en faveur d’un système où les ressources et les richesses disponibles seront démocratiquement utilisées dans l’intérêt de la majorité de la population. Cette société, une société socialiste démocratique, est nécessaire pour mettre fin aux guerres, aux pénuries et aux tensions sociales.
Que faire contre la guerre ?
* Organisez un sit-in ou une autre action contre la guerre dans votre école ou à l’unif’ ! Solidarité avec les jeunes et les travailleurs en Ukraine, stop à la guerre de Poutine ! Solidarité avec les mobilisations antiguerres en Russie ! Non à toutes les formes d’impérialisme et de guerre ! Contactez-nous pour plus d’informations.
* Participez à la manifestation nationale contre la guerre du dimanche 27 mars à 13h30 à Bruxelles Nord. Rejoignez notre bloc contre la guerre et le capitalisme !
* Lisez l’édition antiguerre du mensuel Lutte Socialiste ! Ce journal offre des analyses, des arguments et des propositions pour le développement du mouvement antiguerre. Un exemplaire revient à 2 euros, mais vous pouvez prendre un abonnement ! Plus d’informations sur www.socialisme.be -
Il y a 30 ans… Le «Dimanche noir» déclenchait un mouvement de masse antiraciste

L’une des nombreuses actions de Blokbuster au début des années 1990. En l’occurrence, une manifestation à Tielt, en Flandre occidentale, le 24 novembre 1994. La première grande percée électorale du Vlaams Belang (qui s’appelait alors le Vlaams Blok) s’est déroulée le 24 novembre 1991, une journée baptisée depuis le « Dimanche noir ». Des milliers de jeunes avaient alors envahi les rues. C’est à ce moment que notre campagne antifasciste Blokbuster a réuni 2.000 membres organisant des dizaines d’actions sous le slogan « Du travail, pas de racisme ! »
Du fumier sur un système pourri
La crise économique des années 1970 et l’essor du néolibéralisme dans les années 1980 ont mis fin à l’espoir de progrès social pour la classe ouvrière. Pour garantir les profits des grandes entreprises, de lourdes coupes budgétaires ont frappé les services publics. Les cadences de travail augmentaient et le chômage prenait son envol. En Europe, le chômage est resté stable autour de 2 % entre 1960 et 1975. Mais à partir de 1975, il a quadruplé pour atteindre 8 % au milieu des années 1980 et 10 % au milieu des années 1990. En Belgique, le taux de chômage a doublé au milieu des années 1970 et à nouveau au début des années 1980.
Il n’y avait plus d’espace pour des réformes en faveur du monde du travail. En France, François Mitterrand, élu sur base de promesses de réformes progressistes, a été mis sous pression par le capital et a dû revenir sur ses premières mesures. La chute du bloc de l’Est à la fin des années 1980 a renforcé l’offensive idéologique de ceux qui affirmaient qu’il n’y avait pas d’alternative. Cela a eu un profond impact sur les vieux partis ouvriers et la gauche en général.
En Belgique, le gouvernement de droite de Martens et Verhofstadt était tombé en 1986, à la suite de la mobilisation syndicale contre le Plan Val Duchesse. Les sociaux-démocrates sont revenus au gouvernement en 1987, sans que les promesses de changement de politique soient concrétisées… Les coupes budgétaires ont continué avec le PS et le SP au gouvernement.
C’est ce contexte qui permet de comprendre la percée du Vlaams Blok: d’abord aux élections communales à Anvers en 1988, puis avec plus de 10% en Flandre lors des élections législatives du 24 novembre 1991, sur base de slogans racistes tels que « Un demi-million de chômeurs, pourquoi avoir des travailleurs immigrés ? », ce qui est finalement devenu « Notre peuple d’abord », avec un gant de boxe symbolisant le rejet du monde politique traditionnel.
Une manifestation antifasciste de masse
Si le monde politique a été choqué par ces résultats, c’était essentiellement en raison des sièges perdus. Pour des dizaines de milliers de jeunes et de travailleurs, les choses se présentaient de manière toute différente : ils étaient sincèrement choqués par la montée du racisme et de l’extrême droite et sont spontanément descendus dans la rue.
La campagne antifasciste Blokbuster a été lancée à l’été 1991 avec l’objectif de donner aux jeunes un outil pour s’organiser localement et débattre des revendications et de la tactique pour contrer l’extrême droite. Au plus fort du mouvement, il existait 50 comités d’action de ce type en Flandre et presque toutes les réunions du Vlaams Blok ont connu des rassemblements de protestation autour du slogan « Du travail, pas de racisme !».
Ce slogan entendait balayer le terreau sur lequel se développe l’extrême droite en capitalisant le mécontentement social. L’accès au travail était une question centrale à la fin des années 1980 et au début des années 1990. Au lieu de la division comme réponse aux pénuries, nous voulions y répondre en défendant l’emploi et les services publics. Blokbuster agissait contre toutes les formes de racisme et de discrimination en faisant le lien avec un programme social : semaine des 32 heures sans perte de salaire et avec embauches compensatoires, investissements dans les services publics, etc.
Outre des dizaines d’actions locales, Blokbuster a été à l’initiative de plusieurs grandes manifestations nationales, voire internationales. En 1992, une manifestation européenne contre le racisme a réuni 40.000 personnes à Bruxelles, dont d’importantes délégations d’Allemagne, où des néonazis avaient peu avant attaqué et incendié des centres d’asile à Rostock. Un an plus tard, une Marche des Jeunes pour l’Emploi et contre le Racisme a été organisée avec succès, avec le soutien des Jeunes FGTB et du Front antifasciste (AFF), et d’autres.
Une situation différente aujourd’hui
Après les nombreuses actions contre l’extrême droite dans la première moitié des années 1990, l’indignation est restée forte, mais les actions ont baissé d’intensité. Lorsque le Vlaams Belang a connu un déclin à partir de 2006-07, nous avons dit que ce n’était que temporaire. Un système reposant sur les carences sociales crée des tensions sociales et les éléments de division, comme le racisme. La N-VA a repris les électeurs du VB pendant un certain temps, mais a fini par rendre le racisme du VB plus « acceptable ».
Après la récession économique de 2008-09, la « reprise » n’a pas amélioré les conditions de vie de la majorité de la population. La crédibilité de toutes les institutions a encore chuté. C’est dans ce contexte que les populistes de droite du monde entier ont progressé aux élections, et sont même arrivés au pouvoir. Avec Trump, Modi et Bolsonaro, jusqu’à récemment, trois grands pays étaient gouvernés par des populistes de droite. Mais la politique de haine et de division n’apporte aucune solution aux problèmes sociaux : ces trois pays sont précisément ceux où le nombre de décès dus au coronavirus a été le plus élevé. La crise profonde du système laisse place à l’extrême droite et à l’essor de toutes sortes de préjugés, voire de théories du complot. Cet espace est plus grand en l’absence d’action collective de la part du mouvement ouvrier pour proposer l’alternative d’une autre société et ranger au placard les soi-disant « réponses » de la droite radicale.
Trente ans après le premier « Dimanche noir » et le mouvement antiraciste qui a suivi, il y a, à première vue, des raisons d’être pessimiste. Malgré toutes ces actions, l’extrême droite est plus forte qu’à l’époque, notamment au niveau électoral. Mais nous sommes optimistes. En 2020, le mouvement Black Lives Matter a créé le plus grand mouvement social des États-Unis depuis des décennies avec pour slogan populaire « C’est tout le système qui est coupable ! ». Parallèlement, on assiste à une résistance croissante au sexisme, à la LGBTQI+phobie et à tout ce qui nous divise.
Un système en crise tente de trouver des boucs émissaires : c’est toujours la faute de quelqu’un d’autre et de préférence les groupes les plus faibles dans la société : les réfugiés, les migrants, les chômeurs, les jeunes,… Les travailleurs et les jeunes ne doivent pas tomber dans le panneau. Sans quoi nous risquons d’être le prochain bouc émissaire. En revanche, nous avons besoin de lutter ensemble pour défendre nos conditions de vie et, en fin de compte, pour un changement radical de société. Pour imposer le changement indispensable, nous avons besoin de l’unité des travailleurs et de toutes les personnes opprimées. L’extrême droite et le racisme sont des obstacles dans ce combat.
Si les antiracistes d’aujourd’hui doivent retenir quelque chose du mouvement antiraciste des années 1990, c’est l’importance des comités d’action pour diriger la lutte et la nécessité d’un programme politique qui, avec des revendications sociales et des initiatives audacieuses, renforce l’unité nécessaire pour atteindre une société socialiste.
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Liège. “Chez Nous” reste chez lui grâce à la mobilisation antifasciste

Environ 200 personnes (FGTB, CSC, PTB, PSL,…) se sont réunies mercredi soir à la suite de l’annonce de l’annulation du meeting d’extrême droite. Depuis des années, certains tentent d’établir une formation d’extrême-droite stable du côté francophone. Le potentiel ne manque pas comme le démontrent les sondages sur la popularité de Marine Le Pen. Pourtant, l’extrême droite francophone continue d’être marquée par les groupes instables et les partis qui se déchirent. Comment l’expliquer ?
Réaction de Blokbuster
Une partie de la réponse nous a été livrée mercredi dernier. Plusieurs personnalités d’extrême droite avaient annoncé la création d’un nouveau parti, « Chez Nous », ce qui a immédiatement suscité protestations et mobilisations antifascistes. En conséquence, la réunion prévue à Herstal n’a pas pu avoir lieu, et une médiocre conférence en ligne a été organisée, qui, selon nos amis du Front antifasciste 2.0 (à la base de l’appel à manifester), s’est caractérisée par une courte durée et une mauvaise qualité sonore. Heureusement qu’ils ont pris la peine de suivre cette conférence : même si le président du Vlaams Belang Tom Van Grieken n’a balbutié que six minutes dans un français minable (à traduire ensuite), c’est toujours six de trop pour notre tranquillité d’esprit.
« Chez Nous » a réussi à faire participer deux dirigeants de partis d’extrême droite à un congrès fondateur : Tom Van Grieken du Vlaams Belang et Jordan Bardella du Rassemblement national (le nouveau nom du Front national de Marine Le Pen). Le parti lui-même est dirigé par des personnalités issues de diverses petites formations, du Parti Populaire à la “Liste Destexhe” (autour de l’ancien élu libéral Alain Destexhe). Le résultat est un programme de parti qui combine racisme et approche économique libérale dure. Alors que l’extrême droite en Flandre ou en France tente de se présenter comme « sociale », en paroles tout du moins, ce n’est pas le cas de « Chez Nous ». Le soutien du VB et du RN à cette formation illustre d’ailleurs pleinement à quel point il ne s’agit que d’une question de rhétorique. Le racisme l’emporte toujours sur les tentatives de rendre l’emballage de ces partis plus « social ».
Le congrès de “Chez Nous” n’a pas pu avoir lieu physiquement à cause des protestations antifascistes. Cette pression a amené les autorités communales du lieu secrètement choisi pour le congrès à interdire la réunion. Il s’agissait de la commune ouvrière de Herstal, dirigée par le PS mais avec une forte présence du PTB dans le conseil communal. Le fait que l’extrême droite ne puisse pas se réunir physiquement pour organiser sa haine contre les migrants, les dissidents, les syndicalistes, les personnes LGBTQI+ et autres est une excellente chose. Cela complique l’entrée en activité dans ses rangs et rend plus difficile l’organisation efficace de la propagation de sa haine dans les rues.
L’appel à protester contre l’extrême droite a été activement soutenu par la FGTB et son président national Thierry Bodson, qui avait déjà participé à plusieurs actions antifascistes à Bruxelles et ailleurs. Le mouvement ouvrier peut apporter une contribution antifasciste cruciale pour stopper l’extrême droite. C’est bien entendu plus facile là où l’extrême droite est très faible, mais en même temps, cela crée des précédents qui peuvent également être suivis au nord du pays. Les syndicats sont non seulement capables d’apporter un grand poids social à la lutte antifasciste, mais ils sont également bien placés pour défendre des revendications sociales de manière offensive. C’est la meilleure alternative au désespoir qui pousse certaines personnes à se tourner vers les fausses solutions de l’extrême droite.

Une équipe de militant.e.s des Etudiants de Gauche Actifs et de la Campagne ROSA était présente au “rassemblement de la victoire” qui a succédé à l’annonce de l’annulation du meeting d’extrême droite. -
[PHOTOS] Rassemblement antifasciste et solidarité internationale à Bruxelles

Voici quelques photos de l’action de solidarité antifasciste organisée à l’appel de syndicats et d’organisations de gauche ce samedi 16 octobre à Bruxelles. Au même moment, des dizaines de milliers de personnes (200.000 selon les organisateurs qui ont mobilisé au moins 10 trains et 800 cars) manifestaient à Rome en réponse à l’attaque du siège du syndicat CGIL (principale confédération syndicale du pays) après une manifestation contre l’obligation du pass sanitaire. Des dirigeants du groupe néofasciste Forza Nuova (FN) figuraient parmi les personnes arrêtées après l’attaque du syndicat. NO PASARAN ‼
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[DOSSIER] Black Lives Matter. Combattre le racisme par la solidarité : tout ce qui nous divise nous affaiblit

Le souffle des mobilisations contre le racisme et les violences policières ont enflammé le globe l’été dernier à la suite du meurtre de George Floyd. Aux États-Unis, environ 20 millions de personnes s’étaient mobilisées dans plus de 1.250 villes. Chez nous, l’écho de ces mobilisations avait pris une connotation particulière avec le 60e anniversaire de l’indépendance du Congo. Le racisme systémique existe bien entendu en Belgique également, de même que le débat sur la meilleure façon d’en finir avec les discriminations. Nous en avons discuté avec Alain Mandiki.

Alain Mandiki est un militant syndical et politique, actif au sein du Parti Socialiste de Lutte / Linkse Socialistische Partij (PSL/LSP). Originaire du Kivu, il est notamment l’auteur de nombreuses analyses concernant l’Afrique, tout particulièrement la République démocratique du Congo. Dans son livre “1994, Génocide au Rwanda. Une analyse marxiste”, il montre comment le capitalisme a engendré la barbarie dans la région des Grands Lacs. Commander ce livre Dossier tiré de l’édition d’été de Lutte Socialiste
Comment expliquer l’importance que revêt le combat antiraciste aujourd’hui ?
Avec la pandémie et la crise économique, toutes les contradictions déjà présentes dans la société capitaliste ont éclaté au grand jour. Aux USA, celles et ceux qui étaient déjà en difficulté auparavant le sont devenus encore plus. Les personnes issues de l’immigration ont été touchées de plein fouet par des pertes d’emploi. D’autre part, dans les quartiers défavorisés, le fait d’être cloîtré chez soi a eu un impact beaucoup plus dur (sans jardin et dans des appartements exigus). La répression policière a été extrêmement dure envers celles et ceux qui voulaient simplement changer d’air tandis que le virus a bien plus fait des ravages chez les travailleurs et les personnes en recherche d’emploi que chez les propriétaires d’entreprise.
Cette situation est venue s’ajouter à des années de violences policières et de politique d’incarcération de masse (les États-Unis comptent 5% de la population mondiale mais près d’un quart de la population carcérale planétaire) qui frappent de manière totalement disproportionnée les populations de couleur. Ce contexte explique l’explosion du mouvement Black Lives Matter à la suite. C’est cette explosion sociale qui explique la condamnation de l’agent de police Derek Chauvin pour le meurtre de George Floyd.
Tuer des gens n’est généralement pas un problème pour la police américaine, qui tue en moyenne environ 1.000 civils par an. Habituellement, quand l’affaire est portée au tribunal, cela n’aboutit qu’à des non-lieux prononcés ou à de simples réparations financières. Une condamnation aussi claire est exceptionnelle. Mais il ne faut pas y voir autre chose qu’une tentative d’apaiser la colère des masses. Sans de pareilles mobilisations de masse, il n’y aurait pas eu de victoire.
C’est également la leçon qui s’impose concernant les cas similaires en Belgique. En mars dernier, la chambre des mises en accusation de Gand a prononcé un non-lieu au bénéfice des 8 policiers inculpés de la mort de Lamine Bangoura en 2018. La victime avait été tuée lors de l’expulsion de son logement, simplement parce qu’elle avait 1.500 euros de loyer en retard et qu’elle ne s’était pas présentée à l’audience du juge de paix. En Belgique aussi, la répression, les violences policières et l’accroissement des tensions sociales sévissent dans les quartiers populaires. En conséquence, la volonté de se mobiliser contre ces discriminations grandit. Pour que ces mobilisations soient efficaces, elles doivent reposer sur une stratégie et des objectifs clairs. Le mieux étant de commencer par analyser d’où vient le racisme.
« Il ne peut y avoir de capitalisme sans racisme », disait Malcolm X. Pourquoi le capitalisme et le racisme sont-ils si étroitement liés ?
Des questions telles que “Qu’est-ce que le racisme ? Comment est-il apparu ?” sont très importantes car connaître les origines du racisme est fondamental pour comprendre la manière d’y mettre un terme.
L’idée selon laquelle l’humanité serait divisée en plusieurs races a été théorisée vers le 18e siècle. La base sur laquelle ces idées ont germé fut le développement du capitalisme commercial, reposant sur le commerce triangulaire qui s’est établi dès le 16e siècle et impliquait l’Europe, l’Afrique et le continent américain dans une traite des Noirs de grande ampleur. Après le massacre des Premières nations en Amérique du Nord et dans les régions conquises par les puissances coloniales, il fallait apporter de la main-d’œuvre pour mettre en valeur les terres conquises. La bourgeoisie a affrété des bateaux qui voyageaient vers l’Afrique pour trouver ce qu’elle appelait alors le “bois d’ébène”, c’est-à-dire des femmes et des hommes vendus comme des biens meubles, des personnes arrachées à leur terre et à leur culture par la force.
En définitive, un système social d’exploitation repose toujours sur la force. Mais celui-ci éprouve toujours le besoin de justifier idéologiquement cette exploitation et la violence qui lui est liée. Il fallait donc déshumaniser ces êtres humains vendus aux propriétaires terriens comme des marchandises. Le racisme est né comme caution idéologique de la traite d’esclaves. Les idéologies liées à la classification des êtres humains sont alors apparues et ont infecté tous les pores de la société. Voltaire disait ainsi à l’époque que « Les Blancs sont supérieurs à ces Nègres, comme les Nègres le sont aux singes, et comme les singes le sont aux huîtres. »
L’Histoire nous apprend que les grandes percées de la lutte antiesclavagiste et anticolonisatrice sont liées à des processus révolutionnaires internationaux. La révolte des esclaves à Haïti, qui a donné naissance à la première république noire de l’Histoire (1), est liée à la Révolution française de 1789. En France, il a fallu s’y reprendre à deux reprises pour abolir l’esclavage, durant deux périodes révolutionnaires : en 1794 et en 1848, puisque Napoléon l’avait restauré en 1802. Dans ces luttes, les esclaves et les colonisé-e-s ont joué un rôle d’avant-garde à côté d’autres couches de la société (la bourgeoisie révolutionnaire de l’époque et surtout le peuple révolutionnaire). Ce sont les luttes et leur caractère international qui ont permis de mettre fin à l’horreur de l’esclavagisme mais aussi à l’horreur de la colonisation.
Les conquêtes du mouvement des droits civiques aux États-Unis étaient également étroitement liées au contexte international de lutte contre le capitalisme de l’époque. C’est d’ailleurs une leçon que le Black Panther Party (fondé en 1966) avait déjà tirée : ses membres estimaient qu’on ne pouvait pas combattre le racisme par du capitalisme noir, mais par la solidarité.
Pour reprendre les mots d’un des dirigeants des Black Panthers, Fred Hampton, assassiné dans son lit lors d’un assaut mené par le FBI et la police de Chicago en 1969 : « Nous ne pensons pas qu’il faut combattre le feu par le feu ; nous pensons qu’il faut combattre le feu par l’eau. Nous n’allons pas combattre le racisme par le racisme, nous allons le combattre par la solidarité. Nous affirmons que nous n’allons pas combattre le capitalisme avec le capitalisme noir, mais que nous allons le combattre avec le socialisme. (…) Nous allons combattre en nous rassemblant tous ensemble et en faisant une révolution internationale des travailleurs. » La lutte antiraciste n’est pas subordonnée à la lutte anticapitaliste, elles sont intrinsèquement liées et elles méritent autant d’énergie l’une que l’autre !
Concrètement, « Combattre le racisme par la solidarité », qu’est-ce que ça peut vouloir dire ?
En fait, le mouvement Black Lives Matter en est un excellent exemple. Des mobilisations de masse – par-delà la couleur de peau – ont d’abord éclaté aux USA et leur écho a ensuite parcouru le monde. Des mobilisations ont eu lieu dans de nombreux endroits où l’arme du racisme est utilisée pour diviser la population. En Belgique, entre 15.000 et 20.000 personnes ont manifesté à Bruxelles alors que nous étions toujours dans le premier confinement. De plus petites mobilisations ont également eu lieu à ce moment-là dans la plupart des grandes villes.
Pour construire un bon rapport de force, il faut chercher à rassembler et organiser toutes celles et ceux qui veulent lutter contre le racisme, car c’est par l’action collective et la mobilisation de masse que des victoires peuvent être obtenues. Et ce qui nous unit, c’est que nous sommes victimes, à des degrés divers, des pénuries sociales (manque de logements sociaux, manque d’emplois décents, manque de moyens dans les services publics,…) et de l’exploitation qui découle du système de profit capitaliste.
Sans les mobilisations Black Lives Matter, jamais le roi Philippe n’aurait soudainement été forcé d’exprimer des regrets par rapport à ce qui s’est passé au Congo. C’est encore extrêmement insuffisant bien sûr, mais un changement dans l’attitude de la monarchie belge est loin d’être anodin. Une discussion plus large s’est développée en Belgique concernant la discrimination. Des symboles de la propagande coloniale tels que les statues de Léopold II ont été dénoncés. Le caractère structurel du racisme est de plus en plus visible et largement reconnu. Le mouvement Black Lives Matter a permis de mettre à mal la propagande officielle de l’État belge. C’est une base sur laquelle construire pour aller plus loin.
Cela exige donc de défendre un programme large de revendications sociales ?
C’est fondamental. Les personnes issues de l’immigration ont moins de possibilités d’avoir accès à un logement correct, à un parcours scolaire de qualité, à un emploi décent. Cette discrimination est présente dans toutes les sphères de la vie. Cela provient des pénuries qui existent dans toute la société en raison du manque de moyen des budgets publics suite aux ravages de la politique néolibérale. Cela alimente les sentiments racistes. Faute de logements sociaux ou de bons emplois en suffisance, certains rejettent les personnes issues de l’immigration. Mais celles-ci ne sont en rien responsables des pénuries ! C’est de cette manière que l’on peut comprendre les succès de l’extrême droite, comme celui du Front National dans les années 80 suite au développement d’un chômage de masse alors que la « gauche » était au pouvoir avec Mitterrand et appliquait un programme antisocial. Pour s’en prendre au terreau qui alimente les idées racistes, il faut s’en prendre à ces pénuries justifiées par le système capitaliste.
Apporter des réponses sociales aux problèmes sociaux, voilà comment couper l’herbe sous le pied des partis d’extrême droite. En 1991, le précurseur du PSL/LSP a lancé la campagne antifasciste Blokbuster en anticipant la percée du Vlaams Blok, comme s’appelait encore le Vlaams Belang à l’époque. Un de ses slogans-phares, dans un contexte d’explosion du chômage, était : « Des emplois, pas de racisme ! » Tout le monde doit avoir accès à un bon travail – pas un job précaire ! – avec un bon salaire. C’est pour cela que nous défendons de répartir le travail disponible avec la réduction collective du temps de travail sans perte de salaire, avec embauches compensatoires et diminution de la charge de travail. De la même manière, il nous faut des investissements publics massifs dans les logements sociaux, l’enseignement, les soins de santé, les énergies renouvelables… Mais cela ne tombera pas du ciel, les capitalistes s’accrochent à leurs profits. Nous devons nous battre pour y parvenir et leur retirer le pouvoir des mains.
Quel système alternatif défend le PSL/LSP ?
Le système capitaliste est une société divisée en classes sociales qui repose sur le vol du produit du travail de la majorité sociale (la classe ouvrière) par une infime minorité (la classe capitaliste). Nous avons déjà vu précédemment que le racisme est un produit du capitalisme. Il faut rajouter que cette discrimination est toujours bien utile au système (de même que le sexisme ou la LGBTQI+-phobie) car cela permet de diviser les masses exploitées et opprimées. L’infime minorité au sommet de la pyramide d’exploitation capitaliste n’arriverait jamais à rester au pouvoir si la base se soulevait.
Les travailleuses et les travailleurs sont les mieux placés pour renverser le système capitaliste grâce à leur nombre et leur place dans le système de production. C’est ce qu’a encore une fois démontré la pandémie : quand la classe ouvrière (c’est-à-dire celles et ceux qui doivent vendre leur force de travail pour un salaire et ne possèdent pas les moyens de production) s’arrête, tout s’arrête. Par la grève, la classe ouvrière peut organiser le blocage de toute l’économie et la société et poser la question fondamentale suivante : pourquoi donc ne pas repartir sur d’autres bases, en étant débarrassés des patrons, des actionnaires et de toute cette organisation aliénante de la société ?
C’est en reprenant le contrôle des richesses que nous produisons que l’on pourra décider démocratiquement de résoudre les problèmes sociaux et de combattre les pénuries en y allouant les moyens que cela exige. La source des divisions racistes propagées par l’extrême droite serait détruite par une telle économie reposant sur la démocratie et la planification.
Certains dans le mouvement antiraciste parlent de ‘‘privilèges’’ que les blancs auraient. Nous pensons qu’il s’agit d’une approche et d’une utilisation de termes qui sèment la discorde. Le terme de ‘‘privilège’’ provient de la société féodale où les nobles et le clergé bénéficiaient de nombreux privilèges, dont celui de ne pas payer d’impôts. Leur privilège était aussi de pouvoir s’approprier les fruits du travail de la majorité sociale.
Un privilège, ça s’abolit. Mais ce n’est pas un privilège de disposer d’un bon logement, d’un emploi décent ou d’un enseignement de qualité. Ce sont au contraire des droits auxquels chacune et chacun devrait pouvoir accéder. Et l’histoire nous enseigne que c’est par l’organisation de la solidarité dans la lutte de masse que des conquêtes sociales et des droits ont été arrachés.
Pour certains, ces luttes ne regardent que les personnes directement concernées. D’une part, nous estimons que les discriminations nous touchent tous. Tant qu’une catégorie de la population est discriminée, cela met une pression sur les autres couches. Tant que les sans-papiers, par exemple, continuent d’être exploités pour des salaires de misère, cela participe à la pression à la baisse sur les salaires de toutes et tous. C’est pourquoi la régularisation des sans-papiers est une mesure qui bénéficierait à la sécurité sociale et à tout le monde, sauf aux patrons qui profitent directement ou indirectement de leur situation catastrophique. D’autre part, si on laisse les seules « personnes concernées » mener le combat, on les laisse isolées, ce qui ouvre la voie à des méthodes de lutte désespérées comme la grève de la faim pour rester sur le domaine de la régularisation des personnes sans-papiers. Il faut au contraire élargir le combat et rassembler toutes les victimes du système de manière inclusive et respectueuse.
C’est à travers les guerres civiles et les révolutions que l’esclavage a été aboli. C’est la période de lutte internationale qui a permis au mouvement pour les droits civiques d’obtenir des victoires dans les années ’60. Les luttes connaissent toujours des moments d’euphories et des moments plus difficiles. La meilleure manière d’obtenir des victoires sur le long terme, c’est en s’organisant autour d’un programme et d’une stratégie. La campagne « Combattons le racisme par la solidarité » que nous avons lancée l’an dernier est un outil à cette fin. Mais la seule manière de répondre aux besoins sociaux de l’ensemble sans discrimination nécessitera de remettre le pouvoir à la majorité sociale. Voilà le projet du socialisme révolutionnaire, et nous vous appelons à rejoindre ce combat à nos côtés pour renverser le capitalisme et balancer le racisme, le sexisme, la LGBTQI-phobie et les autres discriminations et oppressions dans les poubelles de l’histoire !
1) Lire à ce titre : Les Jacobins noirs, Toussaint Louverture et la Révolution de Saint-Domingue, C.L.R James.
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Un autre terroriste d’extrême-droite dans l’armée

Photo : manifestation contre la menace du terrorisme d’extrême droite lors du procès de BBET en 2013 à Termonde. Il s’agissait également de soldats actifs dans les milieux néo-nazis et au sein du Vlaams Belang. Quinze ans après la découverte d’un groupe de néo-nazis dans l’armée, un nouveau scandale de terrorisme éclate. Le fugitif lourdement armé Jurgen Conings, 46 ans, est un soldat connu pour ses opinions d’extrême droite. Ce qui n’a pas empêché qu’il dispose d’un accès à des armes ! Ses contacts avec Tomas Boutens – l’ex-militaire qui a dirigé le groupe “Bloed, Bodem, Eer en Trouw” (en français : Sang-Terre-Honneur et Fidélité, une devise nazie) et avait été condamné à cinq ans de prison pour diffusion d’idéologie violente et préparation d’attaques visant à déstabiliser le pays – étaient connus du commandement militaire. Jurgen Conings avait déjà été interrogé après ses menaces proférées à l’encontre du virologue Marc Van Ranst. Sans qu’aucune mesure ne soit prise. Ce n’est que lorsque l’individu a disparu avec des armes lourdes, dont une arme antichar, en laissant des lettres d’adieu derrière lui que des recherches ont été lancées.
Tout comme en 2006, les déclarations n’ont pas manqué pour dire qu’il ne faut pas laisser d’espace à l’extrémisme dans l’armée. L’Etat-major semblait moins prompt à agir. Mercredi, les dirigeants de l’armée ont annoncé qu’une enquête serait menée. Un porte-parole du syndicat militaire a maintenu que l’avenir de Conings dans la Défense semblait “très incertain”. Cette approche très douce à l’égard d’un individu d’extrême droite n’est pas une nouveauté. En mars dernier, on apprenait d’ailleurs qu’une trentaine de militaires d’extrême droite sont actuellement suivis de près par le Service général du renseignement et de la sécurité (SGRS) de la Défense.
Il est remarquable que l’on assiste également au développement de la méfiance à l’égard du système actuel au sein de l’armée, qui constitue toujours une partie cruciale de l’appareil d’État. Il s’agit d’une expression déformée du discrédit dont souffre actuellement le capitalisme. Récemment, en France, une lettre ouverte signée par d’anciens généraux, soutenue par une partie de la droite et Marine Le Pen, mettait en garde contre une guerre civile. Aux États-Unis, l’attaque contre le Capitole au début de cette année n’aurait sans doute pas été possible sans une certaine implication des « forces de l’ordre ». À chaque fois, la réaction de l’establishment politique et économique capitaliste fut remarquablement molle.
Ce nouvel incident confirme qu’il existe une réelle menace terroriste de la part de l’extrême droite. Le soutien électoral croissant dont bénéficie le Vlaams Belang en Belgique donne une confiance accrue à des spécialistes de la haine, tant sur les réseaux sociaux que dans la vie réelle. Certains d’entre eux perdent patience et décident de passer à l’action. La menace croissante du terrorisme d’extrême droite est inextricablement liée à la progression électorale du Vlaams Belang qui rend la haine plus acceptable.
Nous ne devons pas attendre de solution de la part du commandement de l’armée ou de l’establishment capitaliste. Luttons contre la haine et le terrorisme par la solidarité ! Seule la mobilisation de la résistance antifasciste peut briser la confiance en soi de l’extrême droite. C’est d’autant plus possible en défendant une alternative au capitalisme qui s’en prend au terreau sur lequel se développe l’extrême droite grâce à un programme qui répond aux nombreuses déficiences et aux tensions sociales intrinsèques au capitalisme.