Category: International

  • Forum Social. Mobiliser les travailleurs ou s’en distancier?

    Le 28 février, le Forum Social de Charleroi organise une journée d’activités sur le thème de l’Europe. Ce forum, composé pour une grande part d’ONG et de représentants du monde associatif, se veut un prolongement au niveau local du Forum Social de Belgique, dont la charte est ellemême calquée sur les principes des Forums européen et mondial. Si la démarche de ce forum est louable, il convient néanmoins d’en analyser le caractère: le fait que tout parti politique y soit interdit alors que des membres de partis traditionnels tels que le CDH ou le MR soient invités aux débats suscitent déjà certains doutes quant au bon vouloir de ces «altermondialistes» à s’opposer à la politique du gouvernement.

    Cédric Gérôme

    Dans la lignée de la déclaration du président français d’ATTAC lors du FSE à Paris, dénonçant le risque d’assimilation à l’extrêmegauche si le mouvement était trop radical, le Forum social belge tend lui aussi à se distancier des travailleurs en lutte pour en réalité servir de tribunes aux politiciens bourgeois.

    Le FSB veut tisser autour des différentes organisations un réseau commun qui a un caractère nettement réformiste. La direction de ce forum se cantonne à une critique du «libéralisme», évitant soig-neusement de parler du capitalisme, et tente d’emmener le mouvement non vers un changement révolutionnaire de la société, mais vers une régulation de l’économie capitaliste. Le FSB ne recherche pas une alternative au capitalisme dans son ensemble, mais compte plutôt sur la bonne volonté des «institutions internationales démocratiques» de la société bourgeoise qu’il voudrait voir transformer en organisations de bienfaisance.

    Pour exemple, les conclusions des discussions menées au sein de ce forum sont envoyées sous forme de pétitions au gouvernement, dans le but d’interpeller le monde politique. Nous ne sommes pas opposés par principe à l’idée du Forum Social, mais nous pensons qu’il doit rester indépendant des représentants de la classe dominante, responsables des plans d’austérité contre le monde du travail. C’est seulement en réalisant la jonction avec ce dernier et en lui offrant des perspectives de lutte que nous pourrons faire avancer le mouvement.

  • Élections américaines: Les travailleurs n’ont pas de candidat

    Élections américaines:

    LES DEVELOPPEMENTS économiques et politiques aux Etats-Unis ont de lourdes conséquences au niveau mondial. D’où l’attention particulière qui se focalise sur les élections présidentielles américaines. Bush a incarné la politique agressive de l’impérialisme américain. C’est pourquoi on envisage avec beaucoup d’anxiété l’issue du scrutin présidentiel du début novembre. Une défaite de Bush ne manquerait pas de réjouir les opprimés du monde entier. Aux Etats-Unis, une grande partie de la population pousserait un soupir de soulagement. Ils espèrent qu’un autre président accordera plus d’attention aux problèmes des travailleurs américains et de leur famille et qu’il parviendra à faire reculer la vague montante d’anti-américanisme.

    Bart Vandersteene

    Les Etats-Unis, un géant économique aux pieds d’argile!

    La guerre en Irak a semblé confirmer l’idée que le monde évoluerait vers un système unipolaire où une seule grande puissance, les Etats-Unis, jouerait le rôle de gendarme du monde. La base économique d’une telle politique n’existe pourtant pas et repose, comme nous l’avions déjà dit auparavant, sur la création de différentes bulles condamnées à éclater un jour ou l’autre.

    La croissance économique exceptionnellement longue des années nonante était essentiellement due à la stimulation de la consommation intérieure, avec un endettement colossal à la clé. Il y a d’abord eu l’effervescence boursière qui a répandu le sentiment de richesse dans la société américaine. L’Américain moyen voyait enfin le «Rêve américain» devenir réalité en achetant les actions d’entreprises de haute technologie, dont les cours montaient en flèche. Il ressort d’un sondage d’opinion paru fin 1999 que 19% des Américains croyaient alors appartenir au cercle privilégié du 1% le plus riche. Une autre tranche de 20% croyaient pouvoir y accéder un jour.

    Cette bulle a entretemps éclaté et nombre d’Américains sont retombés sur terre. Ceci n’a évidemment pas été sans conséquences pour l’économie américaine. D’un seul coup, la richesse des Américains s’est trouvé ramenée à de plus justes proportions. Nombreux sont ceux qui avaient emprunté pour pouvoir acheter ces actions. Pour différer le plus possible la crise économique, les autorités ont décidé de faire baisser les taux d’intérêt à un niveau historiquement bas de 1%. Cela signifie qu’il fallait éviter coûtequecoûte que les Américains cessent de consommer et commencent à épargner. Le taux d’épargne s’élevait à 1,3% en décembre 2003. Cela signifie que les Américains n’épargnent que 1,3% de leur revenu total. En Belgique, il se situe entre 14 et 15%. Les familles américaines ont donc accumulé des montagnes de dettes. Il y a déjà làbas des jeux télévisés où le gagnant remporte… la suppression de ses dettes.

    Outre la baisse des taux, l’Administration a encore utilisé d’autres moyens pour maintenir cette consommation aussi longtemps que possible. D’un côté, il y a eu l’énorme baisse d’impôts pour les riches ainsi que la baisse d’impôts des entreprises. Mais cela n’a créé que très peu d’emplois. Pas moins de 3 millions d’emplois ont été perdus dans l’industrie sous la présidence de Bush. Les baisses d’impôts pour les patrons ne créent pas d’emplois. Le monde entier en fait au-jourd’hui la dure expérience. Un bureau d’étude a calculé que Bush aurait tout aussi bien pu affecter l’argent de ces baisses d’impôts au recrutement de 2,5 millions d’Américains pour creuser des puits et de 2,5 millions d’autres pour les reboucher. Du moins cela auraitil donné un revenu décent à 5 millions d’Américains. L’administration a évidemment compensé le manque à gagner en recettes fiscales par des coupes sombres dans les dépenses sociales qui ont encore accru l’écart entre riches et pauvres.

    Les Etats-Unis essayent maintenant d’exporter leur crise en laissant chuter le cours du dollar. Cela rend leurs produits meilleur marché à l’exportation leur valeur est libellée en dollars. Chacune de leurs manoeuvres ne fait qu’aggraver les problèmes de l’économie mondiale. Toute cette bulle éclatera tôt ou tard.

    Kerry contre Bush/Edwards contre Bush?

    C’est toujours l’élite qui gagne

    Il semble que John Kerry sera le candidat démocrate qui fera face à Bush en novembre. Les électeurs démocrates qui ont voté pour lui n’ont pas vu dans Kerry le candidat qui avait les meilleures idées, mais bien celui qui avait le plus de chances de battre Bush.

    D’après un sondage d’opinion de la chaîne TV ABC, Kerry obtiendrait 52% des voix contre 43% pour Bush si les élections présidentielles avaient lieu maintenant. Mais toute la question est de savoir si l’élection de Kerry changerait quoi que ce soit à la politique américaine. Elle présentera sans doute une façade moins agressive, mais rien ne changera sur le fond. Kerry n’atil pas voté pour la guerre en Irak?

    John Kerry est devenu multi-millionnaire en épousant la veuve du magnat du ketchup Heinz. Comme Bush, il a étudié à l’université de Yale et, comme Bush encore, il est membre du club élitiste «Skull and Bones», une association fondée en 1832 par des esclavagistes. C’est devenu depuis lors une société secrète dont les membres sont triés sur le volet sur base de leurs liens familiaux, de leur hérédité et de leur fortune. Elle n’admet dans ses rangs que 15 nouveaux membres par an. John Kerry était l’un d’eux en 1966, Bush l’a suivi en 1968. Les heureux élus jurent fidélité éternelle à la Société et à ses membres, les «Bonesmen».

    Kerry a été sénateur du Massachusetts pendant 20 ans. On cherchera en vain dans les annales du Sénat la moindre initiative de Kerry en faveur de la population laborieuse. Bien au contraire, il n’a manqué aucune occasion de défendre l’économie de marché, la libéralisation,… Son nom est de plus en plus associé à des scandales de corruption impliquant de grosses firmes du secteur de la construction et à la défense constante des intérêts du big business.

    La majorité de la population mondiale n’a rien de bon à attendre de ces élections. Ou comme l’a écrit Michael Colby du magazine Wild Matters: «Lorsqu’on tend l’oreille, on se rend compte qu’on n’est pas seul en entendant les rires étouffés qui s’échappent de derrière le rideau qui dissimule les élites politiques aux yeux des masses. Il y a une fête qui se déroule et nous n’y avons pas été conviés. (…) Un duel Bush/Kerry est un scénario de rêve pour ces gens qu’on appelle l’élite dominante, ce club fermé de leaders économiques, politiques et militaires qui tiennent réellement entre leurs mains les rênes de la nation».

    Il a d’abord semblé que Howard Dean l’emporterait en tant que démocrate «plus radical» affichant des positions en flèche contre Bush et la guerre. Mais Dean a fini par casser sa propre image. Il est apparu comme un membre de l’élite politique et économique au même titre que les autres candidats. Mais un candidat démocrate pourratil faire la différence? Ou pour le dire autrement: les travailleurs et les jeunes américains peuventils utiliser le Parti démocrate comme instrument pour défendre leurs intérêts?

    Michael Moore répond à cette question dans son livre Mike contre-attaque: «Y atil une différence entre les démocrates et les républicains? Oui. Les démocrates disent une chose et font l’inverse serrer la main en coulisses aux salopards qui rendent ce monde plus dégoûtant et plus sordide. Les républicains ne s’embarrassent pas de fauxsemblants et donnent aux salopards une officine dans l’aile ouest de la Maison Blanche. C’est ça la différence. Tant qu’à faire, il vaut encore mieux dépouiller quelqu’un sans crier gare plutôt que de le faire après lui avoir promis protection».

    On peut dire que le Parti démocrate est en passe de devenir le cimetière des mouvements sociaux. En imposant la logique du «moindre mal» (voter pour les démocrates pour battre les républicains), ils étouffent dans l’oeuf tous les mouvements qui tentent de forcer le changement par la mobilisation. Car toute critique des démocrates affaiblit leur position électorale. Et vous ne voudriez tout de même pas qu’un républicain soit élu!

    Il faut briser ce cercle vicieux. On ne peut y arriver qu’en construisant un mouvement de masse dans la rue, un mouvement indépendant des démocrates. Un tel mouvement ne tardera pas à arriver à la conclusion qu’il lui faut son propre prolongement politique pour pouvoir remporter la lutte.

    Aussi Nader est candidat

    Lors des élections présidentielles de 2000, Nader avait obtenu 2,8 millions de voix en tant que candidat indépendant sur la liste des Verts. Après beaucoup d’hésitations Nader a décidé de se presenter en novembre 2004. Les Verts vont probablement appeler à voter pour les démocrates; il faudra donc mettre sur pied de nouveaux comités pour soutenir un candidat indépendant. Mais il y a certainement un espace aux Etats-Unis pour une politique radicale qui défende les intérêts des travailleurs et des jeunes. La moitié de la population n’ira sans doute pas voter. Ils n’ont pas le moindre espoir qu’un président démocrate puisse améliorer leurs conditions de vie ou de travail.

    Nader a beaucoup de faiblesses. Il ne choisit pas clairement entre les travailleurs et les patrons. Il a disparu de la scène depuis les dernières élections. Mais une candidature indépendante serait à même de rassembler ces forces éparses dans la société comme étape préparatoire à la création d’un nouveau parti. Les socialistes ont un rôle de catalyseur à jouer dans ce type de processus tout en avançant un programme socialiste. C’est la double tâche que s’assigne aujourd’hui Socialist Alternative, notre organisationsoeur aux Etats-Unis.


    A lire:

  • Michael Moore: Mike contre-attaque (Ed. 10-18)
  • Suzy Hendrikx: Une Bosse dans le Rêve américain
  • Thomas Friedman: Longitudes and Attitudes

    Disponible auprès du MAS/LSP:

  • Howard Zinn, Une Histoire populaire des Etats-Unis de 1492 à nos jours (Ed. Agone)
  • Why we need a Labor Party (brochure de Socialist Alternative)
  • Brésil: Mouvement pour un nouveau Parti des Travailleurs

    EN JANVIER, le Mouvement pour un nouveau Parti des Travailleurs a été lancé au Brésil. Les initiateurs sont des ex-membres et élus du Parti des Travailleurs (PT), des syndicalistes et des socialistes.

    Rik Lampaert

    Il n’y a qu’un an que Lula (PT) a été élu président. L’espoir était grand, mais il n’a pas répondu aux attentes. Quand il est arrivé au pouvoir, il a immédiatement essayé de rassurer la classe dirigeante et l’impérialisme. Pour la classe ouvrière et les opprimés, la première année sous Lula n’a suscité que déception et colère.

    Le gouvernement de Lula, qui comprend aussi des parti bourgeois, suit une politique budgétaire et monétaire encore plus stricte que les exigences du FMI en matière de surplus budgétaire. Entretemps le chômage a encore monté. Lula a trahi sa promesse de créer 10 millions de nouveaux emplois dans les 4 premières années.

    Les espoirs des paysans sans terre sont restés vains. Au début, le gouvernement avait promis des terres à 60.000 famille ; à la fin 2003, seules 13.000 familles avaient effectivement reçu une terre. Des activistes qui luttent pour les paysans sans terre ont été arrêtés et croupissent maintenant en prison sous un gouvernement dirigé par le PT.

    Une partie de la classe ouvrière est déjà entrée en mouvement contre les attaques du gouvernement. 600.000 fonctionnaires fédéraux ont fait grève pendant plus d’un mois contre les attaques sur les pensions et pour des augmentations salariales. Il y a eu une lutte contre les restructurations dans l’industrie métallurgique et automobile. Un mouvement s’annonce contre les minervals dans les universités et autour des revendications salariales des enseignants à Sao Paulo.

    La majorité des Brésiliens y croit toujours. Un sondage montre que plus de 60% soutiennent Lula. Ce soutien va diminuer au fur et à mesure que le gouvernement s’en prendra à la classe ouvrière.

    L’exclusion des élus du PT qui ont voté contre la réforme des pensions a rendu manifeste la nécessité d’une alternative un mouvement pour un nouveau parti. Cela pourrait signifier le coup d’envoi d’exclusions ultérieures dans les rangs de l’aile gauche du parti. La désillusion dans le PT pourrait aussi, par manque d’alternative, mener à l’indifférence politique chez une couche de gens déçus.

    Le lancement du nouveau mouvement signifie une nouvelle phase dans la lutte des militants ouvriers et socialistes. La section brésilienne du CIO, Socialismo Revolucionario, joue un rôle important dans la construction de ce nouveau parti et cherche en même temps à gagner du soutien à son propre programme socialiste révolutionnaire.

    Il y a des leçons à tirer des nouveaux développements au Brésil. Dans beaucoup de pays, il n’y a pas d’alternative aux partis qui ont jadis défendu les intérêts des travailleurs, mais qui suivent aujourd’hui la logique néolibérale. On a partout besoin d’un parti dans lequel les travailleurs puissent s’organiser indépendamment de la bourgeoisie autour d’un programme qui place les besoins des gens avant les profits.

    Un parti qui construit une implantation dans les entreprises, les écoles, les quartiers,…

    Un tel parti ne peut pas surgir du néant. Il y aura des bonds dans la conscience de classe suite à des mouvement massifs dans les entreprises comme au niveau politique jusqu’à ce que les travailleurs franchissent le pas de la construction d’un nouveau parti. Un tel développement serait un énorme pas en avant.

  • Les troupes hors du Golfe

    "Bring the troops back home"

    Aux États-Unis ce sont les slogans du nouveau mouvement contre l’occupation de l’Irak. On y perçoit de plus en plus clairement la nature d’une guerre qui est officiellement finie depuis 9 mois déjà. Depuis lors, la privatisation de l’exploitation pétrolière va bon train. La reconstruction du pays n’était visiblement pas une priorité.

    Bart Vandersteene

    D’après Knack, «les chiffres moroses des premiers mois sont devenus encore plus moroses. 80% de la population vit dans la pauvreté, 60% dépend – tout comme à l’époque de Saddam Hussein – des colis alimentaires et de l’aide de l’Etat. Le chômage pourrait atteindre les 75%.»

    La résistance à l’occupation ne se limite pas à de petits groupes fidèles à Saddam. Chaque semaine entraîne son lot de manifestations de retraités ou de chômeurs qui réclament la pension ou le travail qu’on leur a promis.

    Les Etats-Unis veulent faire de l’Irak l’une des économies les plus ouvertes pour le commerce et l’injection de capital. Les impôts des personnes physiques et des sociétés seront ramenés à 15%, les tarifs à l’importation à 5% maximum et toutes les restrictions aux investissements étrangers seront levées. Le capital régnera sans partage en Irak.

    Un éventuel contrôle de l’ONU ne ferait que multiplier le nombre de pillards. Seule la population locale – organisée sous forme de syndicats ou d’autres organisations de masse – peut constituer une force alternative. Une force qui – avec le soutien d’organisations analogues au niveau international – utilisera les richesses irakiennes pour satisfaire les besoins essentiels du plus grand nombre plutôt que les profits d’une minorité.

    Aux Etats-Unis, de plus en plus de gens réalisent maintenant combien cette guerre va leur coûter. Et tout ça pour quoi? Pas la moindre trace d’armes de destruction massive; une menace terroriste toujours bien présente.

    L’angoisse et la colère montent au sein de l’armée américaine et des familles des soldats. Tim Predmore, de service en Irak, écrit: «Je croyais servir une bonne cause: défendre la constitution des Etats-Unis. Je n’y crois plus aujourd’hui. J’ai perdu toute motivation. Je ne veux plus servir ce que je pense être des demi-vérités et des mensonges grossiers».

    Un mouvement de la jeunesse et des travailleurs américains pourrait mettre fin à cette occupation à l’instar du Vietnam. Le MAS va bientôt s’atteler à la construction d’un mouvement contre l’occupation en Belgique. Avec nos organisations soeurs dans le monde, nous allons mobiliser la population contre la guerre et l’exploitation. Nous allons également participer à la journée d’action internationale contre l’occupation de l’Irak prévue pour le samedi 20 mars, avec notamment une manifestation à Bruxelles.

  • UE: Le modèle néo-libéral imposé aux travailleurs et à la jeunesse

    Union européenne:

    LE 13 JUIN on votera aussi pour le Parlement européen. L’Union européenne est devenue ces dernières années synonyme de plan d’austérité et de privatisation. Combien de politiciens sociaux-démocrates ou verts se disent incapables d’empêcher les mesures asociales «à cause de l’Europe». Comme si c’était un ordre de venu du ciel. Et comme si leurs propres responsabilités devaient être mise de côté.

    Pour entrer dans la zone de l’euro, le gouvernement belge a imposé aux travailleurs, dans les années 90, une austérité de cheval. Le traité de Maastricht imposait de limiter le déficit public (la différence entre les recettes et les dépenses de l’état) à 3% du Produit Intérieur Brut (PIB). De plus la dette publique devait être ramenée à 60% du PIB et les normes fixées en commun pour l’inflation (augmentation des prix) sont gérées par la Banque centrale européenne.

    L’Europe est un projet fait par et pour les capitalistes. Pensez par exemple au rôle de la Table ronde des Industriels européens, le plus important groupement de multinationales européennes. Ce club de capitalistes qui se partagent les profits déclare presque ouvertement que les mesures asociales doivent devenir la règle en Europe. De cette manière ils veulent devenir plus fort contre les deux autres blocs capitalistes importants: les États-Unis et l’Asie regroupée derrière le Japon.

    La phase de reprise économique de l’après-guerre et la menace du bloc de l’Est stalinien, a été le ciment qui a permis – même sur une base capitaliste – une certaine collaboration et une intégration européennes. Dès que le gâteau est devenu trop petit à partager, les intérêts nationaux ont refait surface. Même avec une régression générale depuis les années 70 en arrière-plan, la période temporaire de croissance des années 90 a permis le lancement d’une monnaie commune sous la forme de l’euro.

    L’Union monétaire européenne (UME) était dans une large mesure, contrainte sous la pression «d’en haut», d’accélérer la liquidation des droits sociaux des travailleurs. Nous retrouvons au travers de cela l’importance de l’unité des capitalistes européens.

    Aujourd’hui les chefs des états qui ont imposé le respect des critères de Maastricht sont beaucoup plus souples lorsqu’il s’agit de continuer à les faire respecter par leur propre pays. Le président de la Commission européenne, Romano Prodi, va traîner la France et l’Allemagne devant la Cour de Luxembourg car ces pays ne respectent plus scrupuleusement la norme du pacte de stabilité des 3%.

    Les tensions entre états européens se sont aussi fait jour sur la question de la guerre en Irak. Plus récemment la procédure sur la répartition des postes de commissaires à la Commission, consécutive à l’élargissement de l’Union à dix autres pays, a mené à un conflit ouvert avec l’Espagne et la Pologne qui ne veulent pas que l’on touche à leurs intérêts nationaux.

    Ce n’est pas la bonne âme des capitalistes qui a préservé l’Europe de la guerre pendant ces 50 dernières années, mais l’importance de la classe ouvrière qui ne va pas renoncer à ses acquis sans bataille. A terme, les divergences entre les différentes bourgeoisies fera capoter l’Union européenne. Seule une Fédération socialiste des pays européens, et du reste du monde, peut véritablement créer l’unité.

  • Le scandale Parmalat menace Berlusconi

    En janvier toute la direction de la multinationale italienne Parmalat a été arrêtée pour fraude. La direction semblait surtout s’être spécialisée en montages financiers obscurs qui ont permis d’escamoter 10 milliards de $. Une telle escroquerie n’a été rendue possible que par la mise en place de lois – par le gouvernement Berlusconi – rendant plus opaque le contrôle des comptes des sociétés,… et mettant par la même occasion Berlusconi à l’abri de poursuites éventuelles pour les malversations opérées par ses propres sociétés!

    Clare Doyle

    Dans le plus pur style des parrains de la maffia pris la main dans le sac, l’ex-directeur financier de Parmalat a déclaré aux journalistes qui l’attendaient devant le bureau de police de Parme: «Je vous souhaite, ainsi qu’à votre famille, une mort lente et pénible!»

    Entre-temps l’emploi de plus de 36.000 travailleurs et de 139 entreprises sont menacés dans le monde. Parmalat était devenu un des navires amiral du capitalisme italien. L’entreprise est active dans 30 pays où on emballe et vend du lait, de l’eau, des jus de fruits, des biscuits et d’autres produits alimentaires.

    Des consommateurs et les petits investisseurs ont organisé le 21 janvier une manifestation devant les bureaux du Premier ministre et de la Banque nationale. Mais il faudra faire plus. Les travailleurs et leurs organisations doivent mener campagne pour la nationalisation immédiate (et sans indemnités) de Parmalat et mettre en avant un programme de lutte syndicale tant à l’échelle internationale que locale.

    En Italie certaines actions de grève sont toujours en cours et il est nécessaire de lancer une offensive générale contre le gouvernement. La situation économique est problématique, même sans la crise de Parmalat. Le gouvernement Berlusconi risque de tomber car ses partenaires de la coalition soutiennent mollement le gouvernement. La crise actuelle peut être la dernière goutte qui fait déborder le vase. Une partie de la bourgeoisie qui a émis des réserves sur la façon dont l’aventurier Berlusconi a pris le contrôle de la machine gouvernementale, vont peut-être mettre à profit la crise de Parmalat pour tenter de le débarquer.

    La Commission de la Sécurité et des Echanges (SEC), à New York, a déclaré que cette affaire est «un des plus grands exemples de fraude d’entreprise de toute l’histoire». Elle a d’ailleurs entamé sa propre enquête sur la façon dont l’entreprise avait fabriqué un faux (une lettre à entête de la Bank of America) pour faire croire qu’un prêt de 4 milliards $ avait été accordé à Parmalat. Une enquête est aussi en cours à propos de la vente fictive de poudre de lait à Cuba pour une somme de 620 milliards de $, vente fictive dans laquelle un nombre de banques «respectables» sont impliquées.

    Il y a déjà eu d’autres scandales en Europe (Vivendi en France, Scania en Suède, Ahold aux Pays-Bas). La plus grande entreprise italienne, Fiat, lutte pour sa survie après qu’une partie de son patrimoine ait été soustrait par la famille Agnelli. Chez Parmalat la fraude porte sur des montants plus limités que dans le scandale américain d’Enron il y a quelques mois, mais l’affaire Parmalat risque de frapper le coeur de la finance internationale.

  • Le régime des mollahs ébranlé

    Tremblement de terre en Iran.

    LE TERRIBLE tremblement de terre qui a ravagé la ville de Bam et fait près de 40.000 morts a aussi ébranlé en profondeur le régime des mollahs et rallumé la guerre entre les diverses factions au pouvoir. L’énorme élan de solidarité qui a mobilisé toute la population pour fournir du sang et de l’aide aux habitants de la région sinistrée n’a pas empêché la montée d’une vague de critiques qui a fini par percer dans la presse officielle elle-même.

    Jean Peltier

    En effet, des centaines de milliards de rials ont été dépensés au cours des dernières années pour l’aménagement de lieux de loisirs et d’installations touristiques autour de la citadelle de Bam. Mais rien n’a été fait pour permettre aux nombreux sans-abris de la région de trouver un logement ni pour construire des habitations solides et développer une sécurité sociale. Par contre, le clan de l’ancien président Rafsandjani s’est considérablement enrichi au travers de ces opérations immobilières.

    Après la catastrophe, la coordination de l’aide a été freinée par la désorganisation et la lourdeur de la bureaucratie du régime. Des milliers de volontaires sont restés bloqués dans les villes, les femmes médecins se sont vu interdire de participer aux équipes d’urgence tandis que des milliers de gens restaient privés de soin et d’aide. L’actuel président Khatami a dû écourter son voyage dans la région sinistrée parce que les autorités locales ne pouvaient assurer sa sécurité devant la colère de la population.

    Réformes bloquées

    C’est pourtant le même Khatami qui avait été élu triomphalement en mai 1997 parce qu’il portait l’espoir d’une grande partie de la population d’en finir avec la répression et l’obscurantisme imposés par le clergé chiite conservateur au pouvoir depuis le début des années 80. Mais si Khatami et ses partisans ont la majorité au parlement, leur influence a été systématiquement contrée par les conservateurs qui gardent le contrôle d’une série d’autres organismes et ont bloqué tous les projets de réformes. Devant cette résistance, les réformateurs ont régulièrement fait marche arrière.

    Cette évaporation des espoirs de réformes a augmenté la haine d’une partie de la population envers les conservateurs, surtout dans les villes et parmi la jeunesse, mais elle a aussi érodé le soutien populaire à Khatami.

    La victoire des États-Unis en Irak a aiguisé les tensions internes en Iran. Les réformateurs, proches des milieux d’affaires, sont plus sensibles aux pressions économiques et militaires américaines et souhaitent normaliser petit à petit les relations avec les USA. Les conservateurs, par contre, maintiennent un discours anti-américain vibrant et pourraient encourager les chiites irakiens à s’opposer aux troupes d’occupation US. Mais ils n’ont aucune alternative économique sérieuse à opposer aux partisans d’un rapprochement avec les USA face à une population qui en a de plus en plus assez des privations et des restrictions.

    Conservateurs à l’offensive

    Les conservateurs ont voulu utiliser le mécontentement de la population après le tremblement de terre pour reprendre l’initiative politique. Le Conseil des Gardiens de la Constitution, un organisme tenu par les conservateurs, a annoncé le 10 janvier l’annulation de près de 3.600 candidatures aux élections législatives prévues le 20 février (sur un total de 8.100 candidats enregistrés) pour «non respect de l’islam» ou «non fidélité au principe de la primauté du religieux sur le politique». Ces annulations visent en écrasante majorité des candidats réformateurs, dont 84 députés sortants et le propre frère du président.

    Cette décision a ouvert une crise politique énorme. En réponse, des dizaines de députés occupent le parlement, la majorité des ministres ont menacé de démissionner et les partis réformateurs parlent d’organiser un boycott national des élections. Mais jusqu’ici les réactions sont restées limitées au monde politique et ne se sont pas encore manifestées dans la rue. Les étudiants, en particulier, n’ont pas encore bougé. Plusieurs fois à la pointe de la contestation contre le régime, ils gardent le souvenir de la répression féroce menée par les conservateurs en 2000 et de la passivité des députés réformateurs à cette occasion et ils sont découragés devant la lenteur des réformes démocratiques.

    Il est probable que, pour éviter une explosion politique qui pourrait devenir incontrôlable, les conservateurs devront faire – au moins partiellement – des concessions. Mais ils sont déterminés à reprendre la totalité du pouvoir et il semble peu probable que Khatami et les dirigeants réformateurs osent prendre le risque d’organiser une confrontation dans la rue. Il ne semble pas non plus y avoir actuellement de direction alternative aux dirigeants réformateurs. Pour en finir vraiment avec le régime islamiste, il faudra pourtant une mobilisation populaire massive qui ne s’arrête pas aux petites manoeuvres des «réformateurs».

    Il faudra un mouvement qui lie les problèmes de pauvreté, de chômage, de manque de perspectives, à la nécessité d’un changement socialiste de la société.

  • L’hypocrisie républicaine

    EN FRANCE, les partisans comme les adversaires de la loi contre le foulard à l’école rédigée par le ministre de l’Enseignement Luc Ferry se réclament des valeurs républicaines dont le principe de laïcité, consacré par la loi de 1905, constitue la pierre angulaire.

    Thierry Pierret

    Les premiers veulent en réaffirmer le principe de séparation de l’Eglise et de l’Etat, les seconds celui de liberté de conscience. C’était une loi d’apaisement après plusieurs années de politique violemment anticatholique. A l’époque, le Parti socialiste français avait soutenu cette politique, ce qui a détourné de lui les ouvriers catholiques qui ont rallié la droite monarchiste. Le ralliement du PS, du PCF et d’une partie de l’extrême-gauche au projet de loi détournera de la gauche bon nombre de travailleurs musulmans.

    Quelle unité?

    Il est loin le temps où la bourgeoisie était une classe révolutionnaire. Tout le verbiage sur «les valeurs républicaines» n’a d’autre but que de jeter un voile sur sa domination de classe. On récupère sans vergogne les symboles de 1789 pour mieux en dénaturer les acquis. Le Décret Crémieux de 1870 accordait les droits civiques aux Juifs d’Algérie mais pas aux Musulmans. D’après le «Décret Ferry», les élèves sikhs pourront porter un petit turban, mais les élèves musulmanes ne pourront même pas porter un bandana. Diviser pour régner, maintenant comme jadis. Mais Ferry argumente: «Il faut empêcher l’apparition du communautarisme à l’école». Diviser au nom de l’unité, quel raffinement! Notre démarche est tout autre: nous défendons le droit de tous à la libre expression de leurs convictions à l’école comme dans l’entreprise. C’est le seul moyen d’atteindre une unité réelle entre les travailleurs – et entre leurs enfants – autour de leur intérêt de classe commun. Cette unité est fondamentale dans la lutte pour le socialisme. Seul le socialisme permettra de préserver les acquis démocratiques de 1789 – l’égalité formelle entre les citoyens – tout en créant les conditions de l’égalité réelle par la suppression de l’exploitation capitaliste et des classes sociales.

  • France. Vers un nouveau parti pour les travailleurs en 2004?

    En ce début d’année 2004, l’alternative politique pour le monde du travail doit s’exprimer par la mise en avant de la nécessité d’un tel parti. Les listes Lcr-Lo sont créditées de plus de 10% dans les récents sondages.

    Cet article a été repris du site de la Gauche révolutionnaire, la section française du CIO.

    Les travailleurs vont utiliser le bulletin de vote pour rejeter la politique du gouvernement et contester ceux qui, de la Gauche plurielle aux directions syndicales, les empêchent de lutter. Ce vote ne doit pas offrir aux travailleurs, aux jeunes et aux chômeurs un simple moyen de contestation politique mais aussi un débouché après les élections, une perspective de combat au quotidien.

    Le premier novembre 2003, la Ligue Communiste Révolutionnaire, lors de son congrès, a lancé un appel à “Rassembler la gauche anticapitaliste”. Cet appel propose la tenue de rencontres locales de débat et d’action ouvertes à toux ceux qui cherchent une alternative politique pour le monde du travail puis des Assises nationales fin 2004.

    Si cette volonté inscrite dans l’appel ne veut pas rester lettre morte, alors il ne faut pas attendre les résultats électoraux en juin 2004 pour la populariser et mettre en pratique. Découper les élections de la situation quotidienne des travailleurs serait faux et démobilisateur. Le débat serait abstrait et la participation sûrement limitée à un cartel d’extrême gauche, si pendant les mois de campagne électorale personne ne parlait de la nécessité d’un nouveau parti à une audience de masse.

    Un peu moins d’un an pour rendre vivante l’idée d’un nouveau parti des travailleurs?

    La LCR se démarque de plus en plus du programme socialiste. “Construire une grande force 100 % à gauche”, “ construire le parti des grèves ”, “ une grande force radicale ”, autant d’appellations floues traduisant une volonté de drainer tout ce qui erre à gauche de la gauche plurielle (réformistes, gauchistes, verts, etc.) dans un machin, une réunion de groupes politiques sans réelles structures ni principes. Ce qui est laissé à la porte, ce sont les fondamentaux du programme socialiste, c’est la masse des travailleurs.

    Arlette Laguiller par trois fois, en 95, en 2002 et en 2003 n’a pas réellement lancé le mot d’ordre de création d’un nouveau parti alors que les conditions objectives et subjectives de la classe ouvrière l’exigeaient. LO préfère s’enferrer dans une logique à la fois ultimatiste et électoraliste. LO reste arqueboutée sur son programme, refusant de concevoir le futur parti des travailleurs autrement que comme un “ parti communiste révolutionnaire ”. Bien sûr si un tel parti était formé nous lutterions pour que le programme de ce parti soit révolutionnaire. Mais nous n’en ferions pas une condition nécessaire à notre participation à un parti des travailleurs si l’on peut s’accorder sur une plate forme fondée notamment sur une orientation anticapitaliste et défendant les revendications des travailleurs.

    C’est pour cela que nous nous inscrirons dans toute initiative qui soit réellement en direction d’un nouveau parti des travailleurs, en y défendant non seulement des bases anticapitalistes mais également une perspective authentiquement socialiste. C’est ce combat que nous vous invitons à mener avec nous en nous rejoignant.

    Dès à présent, dans un climat de luttes très faibles, l’alternative politique doit se décliner dans la lutte contre tous les licenciements, contre les privatisations notamment d’EDF et de La Poste, pour la prise en mains des décisions par les travailleurs.

    C’est donc le moment de faire émerger un outil qui prolonge cette lutte sur le terrain politique. Les travailleurs ont besoin d’un parti ouvert à tous ceux qui s’opposent à la casse de nos conditions de vie et de travail, un parti qui s’oppose à tout ce qui dresse les travailleurs les uns contre les autres (racisme, sexisme, intolérance religieuse). L’extrême gauche en France est positionnée favorablement dans le renouveau du mouvement ouvrier organisé. Nous pouvons donc développer non seulement cette nécessité d’un parti mais aussi offrir la perspective du combat pour une société débarrassée réellement de l’exploitation capitaliste et de la misère, la perspective du socialisme. Mais pour cela, il faut saisir la situation politique sans plus attendre !

  • France: Front National, le 21 Mars 2004 sera t’il une réplique du 21 Avril 2002?

    Personne n’a oublié le choc qu’a été la présence de Jean Marie Le Pen au second tour de l’élection présidentielle d’Avril 2002.

    Virginy Prégny

    Après deux semaines de manifestations et une pression médiatique énorme, Chirac était élu avec 82% des voix et était présenté comme le « sauveur de la République », le barrage contre le fascisme. Qu’en est-il aujourd’hui?

    Deux ans de politique ultra libérale et répressive plus tard, près de 1 français sur 4 se dit séduit par les thèses du FN et 28% ne seront pas choqués qu’un élu FN dirige leur région. Le Pen a de très sérieuses chances de remporter le siège de président de la région Provence Alpe Côte d’Azur (PACA), et il n’est pas exclu que des candidats FN obtiennent de gros scores, voire arrivent en tête dans certaines régions (n’oublions pas qu’en Mars 2002 Le Pen était en tête dans 9 régions sur 22 !) Et pour cause, la politique du gouvernement Raffarin –Sarkozy en terme de répression, d’immigration, d’attaques sociales contre les acquis des travailleurs ne peux que conforter ceux qui ont voté Le Pen à la présidentielle.

    Les raisons qui ont poussé de nombreux travailleurs à voter pour l’extrême droite sont toujours les mêmes, et les problèmes se sont aggravés. La gauche s’est définitivement rangée du côté des riches et des patrons, ne proposant aucune alternative crédible aux plus exploités par le capitalisme. Et quant à la droite elle mène la politique qu’elle avait annoncée, jetant dans la misère des milliers de travailleurs, de chômeurs, s’attaquant aux plus faibles de la société et menant une politique raciste.

    Le gouvernement Raffarin–Sarkozy a encore enrichi le terreau sur lequel pousse l’extrême droite : la misère. En l’absence d’un parti combatif qui impulse des luttes unifiant les travailleurs, en l’absence de réelle alternative sociale et économique à ce système barbare, c’est vers le FN que vont se tourner beaucoup de travailleurs déçus. Et Le Pen ne s’y trompe pas, son cheval de bataille pour les régionales sera d’appeler à sanctionner la politique de Chirac et de son gouvernement (pour ceux qui se déplacent encore pour voter !) sur le thème de « l’insécurité sociale ». Il s’adressera ainsi à tous ceux qui se sont fait licencier, ceux qui devront travailler encore plus pour une retraite de misère, les personnes âgées qui ont souffert de la canicule et qui craignent de ne plus voir leurs médicaments remboursés, aux chômeurs rayés des ASSEDIC, ceux qui risquent de perdre leur boulot parce que leur permis de conduire a été suspendu… et la liste est encore longue.

    Front républicain ou front de lutte des travailleurs ?

    Face à ce danger, les principaux partis font leur tambouille : qui va se désister en région PACA , et risquer de ne pas avoir d’élu pendant 6 ans ? Là n’est pas la question. La vraie question est de savoir comment réellement lutter contre l’extrême droite et ses idées.

    Ce n’est pas en faisant des alliances électorales pourries, ou en votant pour le moindre mal (comme en 2002) que l’on fera barrage au FN, mais c’est en s’en prenant à la racine du mal : à ce système économique qui exploite et divise les travailleurs pour engraisser une poignée de privilégiés. C’est en redonnant confiance aux travailleurs dans leur pouvoir de résister et de riposter contre ce gouvernement et tous ceux qui veulent les sacrifier sur l’autel du profit. C’est en donnant des armes politiques, en définissant clairement l’alternative au capitalisme que l’on attaquera profondément l’extrême droite. Tout comme en 2002, ce sont nos luttes qui pourront être les seuls barrages efficaces.

    Des luttes pour une société où l’économie est organisée et contrôlée par ceux qui produisent. Une économie planifiée pour satisfaire les besoins de tous et non les privilèges de quelques uns. Une société socialiste où les rapports humains seront basés sur la solidarité et non la concurrence.

    Cette société c’est à nous de lutter pour la construire, en votant pour les candidats anticapitalistes et surtout en s’organisant et en se mobilisant dans nos entreprises, nos écoles, nos quartiers contre le racisme, contre les licenciements, pour des services publics gratuits de qualité, pour une éducation ouverte à tous : contre le capitalisme, pour le socialisme.

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