Category: International

  • Foulard. Quelques arguments contre une loi excluant les jeunes musulmanes de l’école publique

    Cet article a été repris du site de la Gauche révolutionnaire, la section française du CIO.

    Ne faut-il pas défendre l’école publique et laïque ?

    On nous présente souvent la laïcité comme la neutralité à l’école où il ne faudrait aucun insigne religieux, politique, philosophique, etc. Autrement dit ce serait un sanctuaire qui préserverait les enfants des bagarres que se livrent les adultes. Raisonnons cinq minutes. Est-ce que ce gouvernement défend vraiment la laïcité en général ? Non. Dans sa campagne il ne s’élève à aucun moment contre le fait qu’en Alsace on trouve des croix sur les murs des écoles, que des aumôniers payés par l’Etat y enseignent… Ensuite l’année scolaire est organisée autour de la religion même pas chrétienne mais catholique : fêtes religieuses, congés scolaires organisés selon cette religion. Ajoutons que l’état subventionne les écoles privées.

    En vérité il s’agit bien d’une attaque contre les musulmans et ça fait partie du contexte actuel où on montre les musulmans du doigt comme une secte à part, qui aurait la "mauvaise religion", la plus "intolérante". De telles exclusions justifient la multiplication d’écoles coraniques privées et entame l’idée d’école laïque encore plus. Ces propositions racistes et les mesures adoptées par tous les gouvernements viennent du contexte de ségrégation depuis le 11 septembre. Celui-ci a ouvert la voie à ce genre de mesures, depuis la prétendue lutte contre le terrorisme, le "danger intégriste"…sous la pression de l’aile la plus réactionnaire de la droite.

    Ce gouvernement fait ça pour la défense des femmes…

    D’abord la liberté ne s’impose pas mais se conquiert. Depuis quand ce gouvernement lutte t-il contre l’oppression des femmes ? Il facilite des plans de licenciement mettant à la rue beaucoup de salariés, dont une bonne partie sont des femmes (contraintes alors ensuite à la dépendance du foyer). En finançant les établissements catholiques, il contribue à créer le contexte anti-femmes puisque ce genre d’écoles refuse les distributeurs de préservatifs, combat toute information sur la contraception…ou l’avortement. Même dans certaines écoles publiques, cela est remis en cause. Ce gouvernement veut tellement défendre les femmes qu’il expulse un bon nombre de sans-papières, les renvoyant dans leurs pays où elles risquent parfois, la prison familiale ou le mariage forcé…

    Le voile n’est-il pas un signe d’oppression ?

    Evidemment, le voile est un signe de l’oppression de la femme car il suggère que la femme doive se soumettre de manière visible. Mais c’est leur droit et ça n’est pas moins oppressif que les discours qui disent que la femme doit être avant tout désirable. Comment lutter alors contre cette oppression ? Certainement pas en les excluant. La logique de la gauche (qui utilise le plus l’argument de défense des femmes) revient à dire que c’est pour leur bien qu’on les exclut et que les laisser venir à l’école ne les aiderait pas à fuir le poids réactionnaire de leur environnement. Et les virer, c’est quoi ? En les expulsant, on les renvoie dans le carcan du foyer et on les condamne à être enfermées dans le cadre familial où le poids de la religion est plus lourd, avec parfois les grands frères ou pères qui jouent les flics au sein de la famille. Laisser venir ces jeunes filles à l’école, même voilées, c’est au moins leur permettre d’évoluer et de s’instruire, grâce à ce qu’il reste de qualité à l’enseignement. Enfin, pour la libération de la femme, il ne suffit pas simplement qu’une jeune fille puisse se mettre en mini jupe pour être émancipée. Quant aux raisons de le porter, le défi face à la société de ségrégation est l’un d’elles, il est donc urgent de renforcer la lutte contre le racisme. Seul le combat contre le racisme montrera aux jeunes qu’il n’y a pas besoin de la religion en tant que refuge mais qu’il faut lutter.

    Le mieux serait alors d’interdire tous les insignes politiques, philosophiques ou religieux car la loi concernerait tout le monde… C’est la position souvent annoncée par des partisans sincères de la laïcité. Mais une telle position reviendrait à expulser par dizaines de milliers des élèves de l’enseignement public. Car hormis la question du voile, on ne connaît pas tous les signes "ostensibles" dont parle ce gouvernement. On pourra éventuellement se faire expulser parce qu’on est communiste, parce qu’on portera un keffieh palestinien, un badge du Ché, un t-shirt Malcolm x ou encore parce qu’on aura une coupe de rasta ou des cheveux verts…La vraie position juste est de lutter pour la liberté totale d’expression et d’association pour tous les élèves, y compris vestimentaires, droits en partie arrachés par les luttes. L’école n’est pas un domaine particulier isolé de la société, la liberté d’expression et de conscience doit donc y être respectée.

    Et la neutralité de l’école, qu’en faites-vous ?

    On accuse souvent ces filles de mettre en cause la neutralité de l’école. Mais elle n’a jamais été neutre et ne peut pas l’être. Les manuels scolaires d’Histoire et d’instruction civique n’ont -ils pas toujours enseigné en concordance avec l’idéologie dominante ? En effet, l’Histoire de France dans les manuels scolaires n’a t-elle pas été enseignée en accentuant l’importance et la légitimité de l’empire français. Jules Ferry ne parlait-il pas alors de "devoir de civilisation des races supérieures" ? L’école n’est pas neutre. Cette prétendue neutralité sert à masquer l’idéologie dominante et à nous endoctriner pour que ce système tienne et soit adopté par tous.

    Mais l’intégrisme islamiste est très réactionnaire…

    La seule façon de combattre à la fois l’oppression et l’influence de l’intégrisme est de proposer une vraie alternative qui respecte chacun. Pourquoi l’Islam serait-t-il plus réactionnaire que les autres religions ? Il ne faut pas tomber dans ce piège car les arguments sur "l’Islam qui menace la civilisation de l’occident" de ce gouvernement sont racistes. Rien ne permet de dire que les filles expulsées sont intégristes ou de famille intégriste hormis quelques cas minoritaires. Leur exclusion est une attaque discriminatoire déguisée. Le plus juste est de défendre le droit de ces jeunes filles à l’école publique.

    Ce genre de campagne contre l’intégrisme musulman ou le "danger intégriste" nous fait aussi oublier un autre intégrisme, l’intégrisme catholique bien présent de ces gens qui manifestent contre le PACS, les droits de la femme tels que l’avortement ou la contraception, parfois violemment. Aucune campagne n’a été menée contre eux.

    La défense de la laïcité exige deux critères : la séparation complète des institutions religieuses et de l’état et une seule école publique et gratuite. Aucune condition n’est réalisée pleinement en France, pays pourtant considéré comme laïc. La laïcité ne concerne pas les élèves mais l’institution scolaire. Ça signifie au contraire la plus grande liberté d’expression et d’organisation pour tous les lycéens. Nous sommes pour que toutes les personnes, qu’elles soient athées, agnostiques, musulmanes, chrétiennes, juives, etc.…aient leur place en un seul système éducatif public et gratuit. Mais parce que cette idée se heurte aux institutions étatiques de ce système, la vraie laïcité passe par le renversement du capitalisme.

  • Russie: Poutine gagne les élections parlementaires

    AUX ELECTIONS parlementaires du 7 novembre en Russie le parti de Poutine, Russie Unie, a obtenu la victoire. Avec 37,1% des voix il va probablement être capable (avec les autres partis qui défendent la même politique asociale) de former une majorité des 2/3 à la Douma, le parlement russe. Cette suprématie va lui permettre de changer la constitution. Les lois régissant le travail et l’enseignement vont être les premières dans le collimateur.

    Laurent Grandgaignage

    Après Russie Unie, le Parti communiste (PC) et les Démocrates libéraux (LDPR) obtiennent respectivement 12,7% et 11,6% des voix. Le nouveau bloc nationaliste Rodina (Pays Natal) a obtenu 9,1%. Les autres partis n’ont pas obtenu le seuil électoral de 5%.

    La victoire de Poutine doit être relativisée par la faible participation aux élections. La population russe n’a plus confiance en la pseudo "démocratie dirigée" du Kremlin. La politique pro-occidentale de Poutine et de ses prédécesseurs n’a pas amélioré le niveau de vie du russe moyen.

    Russie Unie dispose maintenant d’une marge de manoeuvre pour mettre en application les libéralisations sans protestation d’une opposition sérieuse. Les travailleurs et les jeunes en feront les frais tant qu’il manquera un parti ouvrier capable de défendre les intérêts de la population.

    Ce n’est pas une coïncidence si depuis la chute de l’Union soviétique le parti du président obtient la majorité. Ces dernières années les droits démocratiques ont été systématiquement bafoués. Une nouvelle loi empêche les petits partis de mener campagne. Pour être "validé" un petit parti doit avoir un certain nombre de membres, une infrastructure (comme des bâtiments) et doit exister dans toute la Russie. Il est évident que les petits partis n’en ont pas les moyens.

    Comme le CIO l’avait prédit après la chute du stalinisme, il n’est pas possible de construire une démocratie capitaliste stable en Russie. Avec Poutine comme bonapartiste (quelqu’un qui se base sur la force ouverte de l’état) cette perspective à été confirmée.

    De plus, les médias sont sous contrôle de l’état. Pendant les élections, ils étaient du côté du Kremlin. Une potentielle opposition au gouvernement aurait été effrayée d’avance. A l’automne, l’arrestation de l’oligarque notoire Chodorkovski a été arrêté un avertissement aux capitalistes russes: soutenir l’opposition peut avoir des conséquences néfastes! Et Poutine a eu le soutien de la puissante bureaucratie d’état.

    Malgré les critiques des observateurs internationaux, sur un nombre de normes démocratiques qui n’ont pas été respectées et sur une éventuelle fraude dans quelques républiques de Russie, il n’y a quasiment pas d’opposition politique contre Poutine. Le PC a perdu sa crédibilité – beaucoup de ses membres sont passés à LDPR et Rodina – et donc a perdu à peu près la moitié de ses voix. Au cours des quatre dernières années, le PC na pas été capable de mener une opposition contre le Kremlin. De plus il a mis aux places éligibles sur ses listes majoritairement des industriels du pétrole.

    Nous ne pouvons pas oublier que 5% des électeurs ont utilisé l’option électorale "contre tous les candidats". Le vide politique à la gauche existe, mais les tentatives de deux fédérations syndicales indépendantes de fonder un parti ouvrier ont échoué.

    Résistance socialiste (la section du CIO dans la CEI) a accueilli, au début, favorablement les tentatives de former un parti ouvrier et voulait aussi le soutenir aux élections. Mais nous ne pouvions pas être d’accord avec la participation de ce groupe au bloc chauvin de Rodina. En fin de compte nous avons appelé a voter "contre tous les candidats" et en même temps à construire une alternative politique concrète. Seul un parti ouvrier fort avec un programme socialiste est capable de monter une opposition forte contre le Kremlin et contre le capitalisme russe.

  • Ayez confiance… le bout du tunnel n’est pas si loin

    Prenant appui sur l’annonce du bon en avant du taux de croissance américain, les "experts" en économie, ces prophètes de la doctrine libérale, annoncent un retournement de conjoncture. Mais il est maintenant habituel d’entendre ces gourous du capitalisme entonner cette litanie "des lendemains qui doivent chanter" afin de nous faire patienter lorsque l’économie capitaliste a des ratés. Il faut donc y regarder d’un peu plus près.

    Yann Venier

    Il est cependant indéniable que l’économie américaine connaît une éclaircie selon les critères libéraux. La Bourse américaine se porte mieux. Même le NASDAQ, l’ensemble des valeurs des nouvelles technologies, qui s’était effondré après l’éclatement de la bulle spéculative en 2000, connaît à nouveau une période d’embellie quelque peu déraisonnable, au point que certains évoquent déjà la formation d’une nouvelle bulle spéculative ; le moteur de recherche Google est surévalué de 50 fois par rapport à sa valeur réelle (rapport entre la cotation et les profits réalisés par l’entreprise). Le rapport entre la capitalisation boursière (l’ensemble des valeurs boursières) et le PIB est de 115%. C’est donc l’ensemble des valeurs boursières qui est surévalué. Avant la chute des Bourses américaines en 2000 ce rapport était de 160%, puis la bourse a perdu près de 50% de sa valeur.

    Le taux de croissance est donc aussi en forte progression, 7,2% en rythme annuel pour le troisième trimestre 2003 (3,3% au second trimestre). Cette forte augmentation est due essentiellement à une augmentation de la productivité du travail (grâce entre autre à une meilleure intégration des nouvelles technologies au sein des entreprises depuis quelques mois, mais grâce aussi et surtout aux milliers de licenciements – les USA ont perdu plus de 3 millions d’emploi depuis que Bush est au pouvoir), à l’augmentation des dépenses militaires (+ 45% au second trimestre), aux baisses massives d’impôts et enfin à la faiblesse du dollar face à l’euro grâce à la baisse des taux d’intérêt effectuée par la Federal Bank.

    Les USA, la locomotive de l’économie mondiale ?

    Mais analyser ces éléments comme un signe d’amélioration durable de la situation est une vue à court terme ; l’économie américaine est toujours sur le fil du rasoir.

    Premièrement les bulles spéculatives finissent toujours par éclater, entraînant l’effondrement de l’économie réelle à sa suite. Le chômage augmente toujours, le nombre de pauvres et de travailleurs pauvres est aussi en pleine croissance (c’est aussi vrai en Europe), alors que les aides d’Etat ne cessent de baisser, diminuant la solvabilité du marché, et que la dette des ménages est, semble-t-il, arrivée à son maximum (la dette des ménages américains atteint, en 2002, 8400 milliard de dollars, soit 29 000 dollars par américain alors que le revenu médian par an est de 42 000 dollars). La crise de surproduction continue donc de s’accroître poussant les patrons américains à chercher des débouchés à l’extérieur en libéralisant l’économie mondiale (et en accroissant les politiques protectionnistes) et poussant le gouvernement à mener une politique impérialiste agressive. Et ce n’est pas le taux de croissance attendu pour l’année prochaine, 3 ou 4%, qui permettra d’inverser la courbe du chômage.

    Deuxièmement, l’économie américaine est toujours soutenue par les investisseurs étrangers alors que malgré un dollar faible les USA continuent d’importer plus qu’ils n’exportent ; ainsi la dette extérieure des USA auprès d’Etats ou d’investisseurs étrangers est aujourd’hui de 2500 milliards de dollars soit 25% du PIB et le déficit de la balance du commerce extérieur est de 500 milliards de dollars par an. Si pour une raison ou une autre, les investisseurs étrangers décidaient de rapatrier les capitaux, l’économie américaine s’effondrerait comme un château de cartes.

    On le voit, les fondamentaux de l’économie américaine ne sont pas bons, contrairement à ce que les économistes nous disent. Lors de crises profondes, les économies peuvent voir des périodes d’amélioration temporaire. Aucun signe ne laisse présager que l’amélioration que vit actuellement les USA soit durable. L’Europe, et la France en particulier, ne risque donc pas d’en profiter.

  • Le peuple marocain toujours victime du régime

    Le mois dernier, Chirac s’est rendu au Maroc pour réaffirmer une nouvelle fois le soutien sans faille de l’Etat français au régime marocain.

    Pascal Grimbert

    Après les années terribles du règne d’Hassan II, réprimant férocement les opposants, maintenant son peuple dans la misère et soutenant l’impérialisme en toutes circonstances, Mohammed VI s’était présenté comme un dirigeant moderne et ouvert aux réformes. Pourtant, après 4 ans de règne, rien n’a changé : la misère et les bidonvilles sont toujours là (4 millions de personnes y survivent), la répression se poursuit (comme avec l’emprisonnement du journaliste Ali Lmrabet).

    Alors, quels étaient les enjeux de cette visite ?

    Pour le gouvernement français, c’est renforcer sa présence et son influence dans le Maghreb, où les Etats-Unis veulent développer leurs intérêts économiques, avec la signature d’un accord de libre-échange avec le Maroc.

    Pour le gouvernement marocain, il s’agit de redorer l’image déjà usée de Mohammed VI. D’abord comme soutien traditionnel de l’impérialisme occidental, ce soutien devenant problématique face au peuple marocain, avec la guerre et l’occupation de l’Irak et alors que se durcit la guerre Israël – Palestine. Ensuite en tant que " rempart " face à l’islamisme fondamentaliste, rempart ébranlé après les attentats de Casablanca et les progrès électoraux du PJD (Parti Justice et Développement). Le gouvernement a tenté à la fois de composer avec le PJD, réputé " modéré ", et de durcir la répression anti-islamiste avec une vague d’arrestations et de condamnations (dont 16 à mort), allant jusqu’à la condamnation de deux jeunes filles de 14 ans par la juridiction antiterroriste. Malgré ses effets d’annonce, Mohammed VI marche sur des œufs pour réformer le code de la famille, en particulier le statut de la femme, toujours considérée comme mineure socialement et juridiquement. La question du Sahara occidental n’est, elle non plus, toujours pas résolue, après plus de 25 ans de conflit.

    Sur toutes ces questions, c’est le peuple marocain qui fait les frais de la politique du gouvernement marocain et des impérialismes : la jeunesse, condamnée à la misère et au chômage, les femmes, toujours opprimées par un statut moyenâgeux, les paysans, menacés par l’accord de libre-échange, les travailleurs, alors que l’économie est toujours minée par la corruption et l’accaparement des richesses par quelques grandes familles.

    Tout ceci ouvre un boulevard à la démagogie des fondamentalistes islamistes, alors que le principal parti autrefois d’opposition, l’USFP, s’est totalement discrédité par sa participation à un gouvernement de coalition.

  • Algérie : multiplication des luttes

    Actuellement l’Algérie est en pré-campagne, la bataille va être rude entre le président sortant qui voudrait obtenir un nouveau mandat et l’ex-premier ministre. A 6 mois des élections présidentielles, un conflit pour la conquête du pouvoir s’aggrave entre ces deux principaux rivaux où c’est à celui qui séduira le plus les électeurs alors que tout le monde sait que ces deux candidats sont du même ex-parti unique. Il y a également des concurrents d’autres partis qui n’attendent que le moment propice avant d’entrer en scène.

    Wahiba Anes

    Entre temps le pays est paralysé par leur duel, et une grande crise politique et sociale pointe son nez.

    Depuis quelques semaines déjà les grèves se multiplient dans différents secteurs et deviennent de plus en plus dures. L’un des problèmes primordiaux est celui du chômage alors que la population est majoritairement jeune et que l’inflation et la misère gagnent du terrain sur fond de corruption généralisée.

    Le ras le bol atteint la majorité des gens qui perdent espoir et s’inquiètent. Délaissés et livrés à leur propre sort, ils ne cherchent qu’à s’en sortir face à des problèmes que l’Etat devrait résoudre.

    Ceux au pouvoir ne pensent qu’à détourner les biens du pays pour leur propre intérêt et celui de leur entourage.

    Après divers changements gouvernementaux, aucun n’a pu réellement apporter une réponse concrète aux divers problèmes que rencontre la population. Or l’Algérie est riche tant en or noir (elle en est un des premiers exportateurs) qu’en richesses industrielles, dont certaines non développées, s’ajoutant à celles laissées en jachère, dans les secteurs de l’agriculture, du tourisme et de l’urbanisme. Certains s’interrogent donc sur le taux élevé de sans emploi, alors que les travailleurs et les jeunes demandent qu’à sortir de la crise.

    On comprend le désarroi de la société algérienne dans sa majorité, notamment tous ceux qui cherchent à défendre les intérêts de ce pays dans le bon sens, pour la construction et le partage des biens équitables. On comprend encore mieux tous ces jeunes qui ne cherchent qu’à émigrer pour une meilleure vie et pour faire valoir leurs droits.

    Désormais, la population s’exprime dans la violence et l’émeute devient presque le seul moyen de se faire entendre. Dans ce climat de tension, bon nombre d’Algériens redoutent le pire comme après la défaite des luttes de 1988.

    Des grèves prennent de l’ampleur, de plus en plus d’organisations syndicales de divers secteurs comme celles organisées par la CNAPST dans l’éducation secondaire et technique, et le syndicat des cheminots de la SNTF. D’autres en soutien se joignent un peu partout dans les grandes villes et les provinces pour manifester leur mécontentement et leur désaccord vis à vis du gouvernement et de sa politique.

    Les raisons du mouvement de grève pour les cheminots sont :

    – l’augmentation du salaire et primes

    – les conditions de travail par rapport aux risques encourus dans leur métier

    – la vétusté du réseau ferroviaires, déficience des voitures et voies ferrées

    – l’insécurité durant le parcours

    Pour l’instant, le mouvement de grève des cheminots à été suspendu en raison de l’augmentation de leur salaire de base mais ils sont loin d’être satisfaits sur toutes leurs revendications.

    En revanche celle de l’enseignement secondaire et technique continue depuis plus de 4 semaines (92% de grévistes). Leurs revendications sont :

    – l’augmentation de salaires

    – la baisse de l’âge de retraite

    – le refus de la suspension de plus de 300 enseignants pour "grève illégale"

    En attendant, la politique économique suivie par le gouvernement donne une multitude de conflits. Rien que pour la période de 2003, le CNES a compté un chiffre important de jours perdus ; si on le convertit en monnaie, ce sont des milliards de dinars que l’Algérie a perdu, alors le plus juste est de financer les augmentations et les rénovations de certains secteurs.

    Mais tant que le pouvoir reste sourd aux revendications et continue à pratiquer la manière forte il ne fait qu’aggraver la situation qui mène le pays vers une fracture sociale plus importante et une faillite de l’économie nationale. La politique de privatisations, au seul profit des capitalistes (parfois très obscurs comme Khalifa), s’accompagne d’un délaissement complet de la population : les sinistrés du tremblement de terre de Boumerdès sont toujours sous des tentes alors que l’hiver approche.

    Les élections prochaines risquent d’être un signal d’alarme, celui d’une guerre interne, explosive entre différents partis.

    Une chose est sure ce dont l’Algérie a besoin c’est d’une perspective nouvelle pour offrir aux Algériens une réelle alternative au système actuel avec ses bureaucrates corrompus au service du capitalisme.

  • Foulard: droit à l’école publique pour toutes!

    Sous cette société capitaliste, la bourgeoisie, par ses médias, ses publicités, ses films… véhicule une image de la femme comme étant un objet, une personne soumise sans aucun droit. Cette idéologie sexiste influence de nombreux jeunes, qui de plus en plus, ne respectent plus la femme.

    Fatima

    Face à cette violence, les filles dans les quartiers déshérités se protègent en mettant le foulard afin qu’elles ne soient plus considérées comme des "filles faciles". Cette protection est en réalité une soumission de la femme qui favorise les mouvements intégristes qui souhaitent diviser encore plus les travailleurs et les jeunes selon des critères communautaristes, sexistes, même si certaines choisissent librement de le porter.

    Si des filles portant le foulard, déjà vulnérables par leur age, la situation sociale de leurs parents (la classe la plus pauvre étant celle issue de l’immigration ) sont exclues de leur lycée, elles resteront chez elles (avec un avenir qui leur est imposé) ou elles iront dans des écoles coraniques qui les soumettront encore plus. C’est pourquoi, nous devons être contre une loi qui interdit le port du voile dans les écoles

    C’’est la bourgeoisie qui veut interdire le port du foulard à l’école au nom de la laïcité alors qu’elle aussi contribue à la soumission de la femme. Pour cette classe dominante, la laïcité n’est qu’une démagogie, une hypocrisie et c’est pour ça qu’il n’est pas étonnant de voir Raffarin partir au Vatican pour fêter les 25 ans du pontificat de Jean-Paul II ou Sarkosy célébrant le culte des musulmans !

    La laïcité doit nous permettre toute liberté de conscience, religieuse ou non, et nous laisser réellement nous exprimer.

    Si on interdit le port du foulard dans les écoles, on verra à long terme, l’interdiction d’avoir une appartenance religieuse et politique et le retour de l’uniforme dans nos écoles. C’est ce que propose Jack Lang qui veut interdire tout " signe religieux, politique ou philosophique ", mais bien évidemment pas les logos des marques commerciales ! Dans ce cas, la laïcité ne sera pas respectée.

    Le foulard tout comme la religion reste une question individuelle que nous devons respecter au nom de la laïcité. Ce n’est pas cette classe privilégiée qui doit décider ce qui est pour nous et pour nos enfants. C’est pourquoi, c’est nous : les jeunes, le personnel de l’Education Nationale, les syndicats qui devons expliquer ce que signifie réellement le port du voile. Et c’est seulement par nos luttes, contre cette société capitaliste, que l’émancipation de la femme aura réellement lieu.

    Non à l’exclusion des filles qui portent le foulard !

    Non à une loi qui interdit le port du foulard !

  • Constitution européenne : Un pas de plus pour l’Europe libérale

    L’élaboration de la constitution européenne fonctionne comme un parfait miroir de focalisation des différentes tendances de la politique européenne des capitalistes et de leurs représentants.

    Geneviève Favre

    Tout d’abord l’opposition sur la structure des institutions de l’Union européenne entre les puissances dominantes comme La France et l’Allemagne et les petits pays comme la Pologne ou l’Espagne montre bien le fossé qu’il y a entre la volonté d’unifier les forces européennes et la réalité des divergences d’intérêts économiques et politiques. En effet alors que Chirac et Schröder souhaitent un axe franco-allemand dominant, les petits pays dont ceux qui vont rejoindre l’Union en mai 2004, refusent plusieurs aspects de la nouvelle constitution européenne (comme la restriction du nombre de commissaires à 15 à partir de 2009, ou l’obligation d’opter pour la politique commune de défense plutôt que pour l’Otan.)

    Cependant si concurrences et rivalités existent entre les capitalistes, il y a un terrain d’accord immuable : le renforcement de la casse des services publics, le développement du travail précaire et la facilitation des licenciements. Ainsi la partie de la constitution reprenant notamment les traités de Maastricht et d’Amsterdam, armes européennes contre les acquis des travailleurs, a été adoptée sans débat ni aucune difficulté. De plus une constitution ne vise traditionnellement qu’à définir les structures des institutions et non pas les politiques menées. Cette inclusion dans la constitution elle-même de traités définissant les politiques libérales européennes montre bien que les instances dirigeantes veulent une Europe clairement antisociale. A ceci s’ajoute l’indépendance accentuée de la BCE (Banque centrale européenne) et son alignement sur le libéralisme. Et même si nous n’avons aucune illusion à l’égard du parlement européen, qui est comme les autres institutions de la démocratie bourgeoise au service des classes dirigeantes, on ne peut que remarquer son maintien à une fonction législative très limitée, au profit d’un pouvoir accru du Conseil européen, notamment sur les questions de politiques économiques et sociales.

    L’objectif des capitalistes est clair : renforcer l’arsenal de lois anti-ouvrières dans toute l’Europe et arguer de l’Union européenne pour justifier dans chaque pays les mesures libérales de casse des acquis sociaux et des services publics. Aussi, les divergences actuelles au sein de la majorité en France ne tiennent qu’à une question de forme : comment va-t-on exploiter et museler la classe ouvrière, par des lois nationales ou par des lois européennes ?

    Ce n’est pas un hasard non plus de voir la droite du PS s’accorder avec la position des pro-européens de droite, en voyant dans le projet des " avancées significatives ". Hubert Védrine perçoit en effet ce texte comme " raisonnable " et " le meilleur résultat possible ". Tout au plus des dirigeants du PS désirent amender le texte sans changer les fondamentaux de la politique libérale. Le vieil argument du " C’est mieux que rien " est évidemment mis en exergue, notamment par les Verts. Certaines tensions néanmoins se font sentir à l’intérieur de l’ex gauche plurielle, certains militants prônant, comme le PC, un refus.

    Mais le " non "à cette constitution ne doit pas se faire sur des bases nationalistes (ouvriers et patrons ne partagent aucun intérêt commun , l’union sacrée pour la défense de la souveraineté n’a donc pas lieu d’être) mais sur la nécessité de construire une mouvement européen de défense des intérêts des travailleurs.

    Plus que jamais le sort des travailleurs est lié non pas aux manœuvres et ressorts des capitalistes sur cette question de la constitution mais avant tout dans leurs capacités à construire une réaction générale et massive à l’exploitation capitaliste, dans leurs capacités à mettre en avant une alternative socialiste de renversement du système actuel.

  • France: La liste commune de l’extrême gauche à 15%?

    ALORS QUE le gouvernement multiplie ses attaques contre les acquis sociaux, la situation continue de se radicaliser. L’annonce par Lutte ouvrière (LO) et la Ligue communiste révolutionnaire (LCR), qui avaient fait à elles deux près de 10 % aux élections présidentielles de 2002, a été accueillie positivement par de nombreux travailleurs.

    Alex Rouillard

    Selon les derniers sondages, 9% des électeurs vont certainement voter pour cette liste, et 22%, qui ne l’ont jamais fait, pourraient le faire. Jamais des organisations qui se revendiquent du trotskisme n’ont atteint un tel potentiel électoral. A l’opposé de la scène politique dans un autre sondage, 24% des personnes interrogées se disent en accord avec les idées du Front National, qui continue de faire évoluer son discours en direction des couches populaires.

    Si autant de travailleurs et de jeunes se disent prêts à voter pour l’extrême gauche, c’est par rejet des partis pro-capitalistes, de gauche comme de droite. Les grandes attaques de Raffarin (contre les retraites, les conditions de travail, les services publics…) n’ont déclenché quasiment aucune opposition de la parts du PS, et très peu de la part des Verts ou du Parti communiste. Les dirigeants des syndicats, entièrement liés aux partis de gauche, ont complètement bloqué les luttes. Par exemple, alors qu’une large majorité des salariés d’Electricité de France (EDF) est contre la privatisation, les directions syndicales n’organisent aucune lutte et elles participent à la mise en place d’éléments permettant la privatisation. De nombreux travailleurs vont utiliser le bulletin de vote LO-LCR pour rejeter ces politiques et contester ceux qui les empêchent de lutter.

    Le discours anticapitaliste des deux formations d’extrême gauche est largement partagé par les travailleurs. Une récente étude du Monde montre que pour 30% des gens, l’extrême gauche apporte des idées neuves. 60% des sympathisants du Parti communiste se sentent proches de celle-ci (23 % de l’ensemble de l’électorat, 37 % chez les 18-24 ans). L’extrême gauche est clairement perçue comme un opposant complet aux politiques actuelles.

    Au delà du succès électoral qu’elle va probablement connaître, que va faire l’alliance LO-LCR? L’alliance sera ouverte aux groupes ou militants qui "acceptent le cadre fixé par l’accord, ainsi que l’intitulé des listes et le texte de la profession de foi commune sous réserve qu’ils n’exigent pas sa modification" et sera décidé nationalement par les deux organisations. A ce jour il n’est pas question d’une véritable campagne en commun avec comités de soutien qui permettraient de faire le lien entre la campagne et les luttes des travailleurs.

    Les échanges de courrier entre LO et la LCR établissaient clairement qu’il ne s’agirait que d’une alliance électorale sans lendemain. Le bon score électoral probable de la liste sera un encouragement pour les travailleurs, mais elle ne propose aucun débouché politique aux millions de gens qui vont voter pour elle: un nouveau parti des travailleurs. Au fur et à mesure de ses succès, elle a atténué sa critique du capitalisme et fait disparaître toute référence à une alternative socialiste au capitalisme. "En votant pour notre liste, vous pouvez faire un geste politique, un encouragement pour les luttes comme pour tous ceux qui veulent agir pour les droits des travailleurs afin de mettre fin à la tyrannie des gros actionnaires et de la bourse". Et c’est tout.

    La Gauche révolutionnaire, (section sœur du MAS/LSP) fera campagne pour que le vote pour la liste LO-LCR soit le plus élevé possible. Nous défendrons dans cette campagne la nécessité d’un nouveau parti des travailleurs qui organise les luttes d’aujourd’hui et popularise la nécessité d’une alternative socialiste au capitalisme. Et un bon score de la liste LCR-LO sera une preuve de plus que les conditions sont bonnes pour aller dans ce sens.

  • La capture de Saddam Hussein ne signifie pas la fin de la résistance

    La capture de Saddam Hussein était sans doute un coup de chance psychologique pour l’impérialisme américain et britannique. Ceux-ci vont essayer de l’exploiter et de le présenter comme un changement fondamental en Irak.

    Déclaration du Secrétariat International du CIO

    L’arrestation de Saddam Hussein ne va pas mettre fin à la résistance. L’hypocrisie qui monte de Washington et Londres est remarquable. Aujourd’hui encore, l’impérialisme des Etats-Unis protège des ex-dictateurs comme Pinochet au Chili ou le dictateur indonésien Suharto. Ils étaient tous deux des amis importants des Etats-Unis. Et si Saddam Hussein n’avait pas envahi le Koweit en 1990, il le serait certainement encore aujourd’hui.

    Les problèmes graves en Irak ne vont pas disparaître. L’arrestation de Saddam Hussein aurait pu justifier l’occupant à quitter le pays. De plus, on risque d’associer chaque acte de résistance contre l’occupant à la volonté de faire revenir Saddam Hussein au pouvoir: la résistance va s’en trouver déforcée.

    Le sursaut de soutien pour Bush est plutôt instable et dépendra en réalité de la situation économique aux Etats-Unis et des développements ultérieurs en Irak. Blair, de son coté, ne tire pas vraiment profit de la capture de Saddam Hussein. Le fait que l’on n’ait toujours pas trouvé d’armes de destruction massives a nuit à l’image de Blair beaucoup plus qu’à Bush.

    Les conditions de vie de Saddam Hussein, planqué dans un cachee primitive, ont démontré qu’il ne pouvait pas avoir dirigé lui-même les attaques journalières contre les troupes d’occupation.

    Contrairement aux Etats-Unis, à la Grande-Bretagne,à la France et aux autres pays, le CIO – dont le MAS/LSP est la section en Belgique – n’a jamais soutenu le régime dictatorial de Saddam Hussein. En 1979, alors que Saddam Hussein prenait le pouvoir à l’occasion d’un coup d’État soutenu par les Etats-Unis, il était déjà responsable de la mort de beaucoup de membres du parti communiste irakien et de syndicalistes.

    Les marxistes ont toujours dénoncé et condamné l’oppression de la gauche, des chiites, kurdes et autres par Saddam Hussein. Nous avons milité pour un renversement de son régime et pour l’établissement d’un pouvoir entre les mains des travailleurs et des paysans pauvres d’Irak.

    Les acclamations de Bush et de Blair à l’occasion de l’arrestation de Saddam Hussein ne portent pas sur la victoire des droits démocratiques et de la justice, mais bien sur la réussite de leurs propres objectifs impérialistes. Fin novembre Bush a d’ailleurs félicité le nouveau président d’Azerbaïdjan, un allié dans la "guerre contre le terrorisme" alors même que "ses services d’ordre arrêtaient l’opposition et après que des observateurs indépendants aient critiqué les élections." (Financial Times, 27 nov. 2003)

    Tout comme Ben Laden, Saddam Hussein est sur beaucoup de plans un produit de l’Occident. Il défendait dans les années 1970 un point de vue de plus en plus pro-occidentale. Dans les années 1980, il était considéré par Reagan comme allié contre l’Iran des ayatollahs. En 1983 Saddam Hussein a reçu une visite de Donald Rumsfeld, l’actuel Secrétaire d’État à la Défense américain. A cette époque, Rumsfeld était passé à côté des chambres de torture sans les voir.

    Les Kurdes et les Chiites ne vont pas pleurer la perte de Saddam Hussein. D’autres, qui le voient comme un symbole du combat contre l’Occident, vont être aigris par ce succès obtenu par le pouvoir d’occupation. Un sentiment mêlé de colère puisque Saddam Hussein s’est rendu sans se battre, et ce à l’opposé de ses deux fils et d’un de ses petit-fils âgé de 15 ans.

    Il y aura une pression grandissante sur les forces d’occupation pour qu’elles quittent le pays. A coté de la capture de Saddam Hussein, Bush a aussi atteint d’autres de ses objectifs comme, par exemple, l’installation d’un régime pro américain. L’impérialisme n’a pas pour objectif de laisser la population irakienne décider démocratiquement de son propre avenir. Les élections ne sont promises que pour la fin de l’année 2005, alors qu’un rassemblement non-élu aura déjà élaboré une constitution.

    La résistance va s’approfondir

    Il va devenir évident que les Etats-Unis ne veulent en Irak qu’un gouvernement qui leur soit soumis, ce qui va entraîner une extension de la résistance irakienne de masse.

    Celle-ci est menée par une série de différents groupements armés et pas uniquement par des partisans de Saddam Hussein. En novembre, la CIA estimait qu’il y avait 50.000 rebelles. Ironiquement, avant que la guerre ne commence, l’Irak n’était pas considérée comme une base d’Al-Qaeda.

    Aujourd’hui, c’est bien le cas.

    En vue des prochaines élections présidentielles prévues dans dix mois aux Etats-Unis,

    Bush veut diminuer le plus rapidement possible leur engagement en Irak. Il ne peut néanmoins pas se risquer à laisser derrière lui une trop grande pagaille. Ceci aurait pour conséquence que toute la région, qui est la source de pétrole la plus importante du monde, devienne instable.

    C’est la raison fondamentale qui motive le changement de politique des Etats-Unis ainsi que leur tentative de transmettre le pouvoir de façon accélérée entre des "mains sûres". Le problème est à qui transmettre le pouvoir? Les différents groupes politiques, ethniques et religieux ne s’accordent guère. Même l’administration Bush est divisée. Le Pentagone parraine le Congrès National irakien de Chalabi; le Département d’Etat soutient les Démocrates Indépendants d’Irak; la CIA ne jure que par l’Accord National irakien mené par Alawi, un homme d’affaires.

    Les méthodes brutales appliquées en Irak, comme le bombardement de territoires habités en réponse aux attaques terroristes, n’ont fait que renforcer la résistance. La crise sociale, aggravée par les privatisations néolibérales, a provoqué le désespoir et la rage. L’occupation est à juste titre vue comme une mainmise sur l’Irak permettant aux multinationales américaines d’exploiter les richesses et la main d’oeuvre irakienne.

    57% de la population irakienne ne fait "pas du tout" confiance aux troupes américaines et britanniques. 37 % de la population ne fait pas confiance à l’ONU; qui est responsable de nombreuses années de sanctions économiques. Les dirigeants religieux jouissent d’une confiance plus élevée. C’est pour cela que les Etats-Unis essaient de les impliquer dans un régime fantoche.

    Des appels ont été lancés aux politiciens de Bush et les capitalistes ont changé de direction et ont laissé l’ONU déminer la situation en Irak. Ce qui revient à dire que l’occupation ne serait pas contrôlée par un seul pays (les Etats-Unis) mais par tous les impérialistes dirigeants du Conseil de Sécurité de l’ONU, dont le Japon et l’Allemagne.

    Les marxistes plaident pour un retrait de toutes les troupes et pour le droit au peuple irakien de décider de son propre avenir.

    Charley Richardson, co-fondeur des "Military Families Speak Out" aux Etats-Unis, disait que la capture de Saddam Hussein "mettra fin à la dernière excuse de l’administration Bush de maintenir l’occupation. Cela va pousser à outrance la question de la raison pour laquelle nous sommes en Irak."

    Dans le pays, beaucoup de personnes vont demander que la justice se prononce rapidement et de façon transparente à l’égard de Saddam Hussein. Il est fort probable que l’on organisera les choses très rapidement et ce afin d’éviter des révélations pénibles sur les relations passées entre les Etats-Unis et Saddam Hussein.

    Un règlement de compte de Saddam Hussein ne peut venir que sur base d’une justice qui est organisée par des représentants des travailleurs et des pauvres irakiens, sur tous les aspects de son régime. Cela doit être vu comme faisant partie de la lutte contre l’occupation et le contrôle impérialiste sur l’Irak. Il est d’une importance fondamentale de construire un mouvement ouvrier indépendant qui est soutenu par les pauvres urbains et ruraux.

    Internationalement on doit soutenir les activistes qui essaient de construire ces organisations ouvrières et ceux qui luttent pour les droits démocratiques pour tout le monde, ainsi que pour les femmes et tous les groupes ethniques et religieux.

    Selon le CIO on doit immédiatement mettre sur pied des organes démocratiques sur tous les niveaux pour transmettre la gestion de la société irakienne à la population, avec des représentants de travailleurs et de pauvres paysans démocratiquement élus. Des milices multi-ethniques et démocratiquement élues devraient défendre la sécurité de la population des travailleurs.

    Un plan de contrôle et de gestion ouvrière de l’économie devrait être mis au point afin d’abolir la corruption, les privatisations et de mettre la production aux services de toute la population. Tout cela dans un cadre de construction d’un Irak socialiste au sein d’une fédération socialiste du Moyen-Orient.

  • Mouvement étudiant en France et en Allemagne

    A l’appel des étudiants de Rennes II, une vague de grèves a touché les facultés en France: le 30 novembre, il y avait 27 universités en grève et une quinzaine d’universités mobilisées.

    Emiel Nachtegael

    Dans de nombreux cas, le personnel a suivi les appels de grève et de mobilisation. L’ Appel de Rennes dénonce les réformes libérales dans le supérieur et exige l’abrogation des décrets LMD (Licence, Master, Doctorat; Bac+ 3, Bac+5, Bac+8; la Déclaration de Bologne en France, ndlr) et le retrait du projet de loi sur l’autonomie des universités.

    Selon l’UNEF, le caractère national des diplômes est mis en cause par le LMD qui "sous couvert d’une souhaitable harmonisation européenne, remet en cause la valeur de nos diplômes et l’égalité entre étudiants." Avec plus d’autonomie pour les universités, elles auront une plus grande souplesse dans l’organisation de leur cursus.

    En Allemagne aussi, 20.000 étudiants ont manifesté à Berlin contre le programme d’austérité du gouvernement social-démocrate/vert. Plusieurs facultés étaient en grève. A Hambourg, un rassemblement pacifique de quelque 500 étudiants en grève a dû faire face à une répression policière féroce.

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