Grande-Bretagne : Les millions de travailleurs du secteur public sur le sentier de la grève !

Construisons le mouvement des travailleurs !

Ce 10 juillet, jusqu’à deux millions de travailleurs du secteur public entrent en grève en Grande-Bretagne contre leurs salaires de misère. Les pompiers lancent quant à eux huit jours de lutte contre le hold-up des retraites. Des milliers d’autres travailleurs entrent en action localement pour défendre leur niveau de vie dans cette prétendue reprise économique.

Par Hannah Sell, Socialist Party (CIO-Angleterre et Pays de Galles)

Cette journée d’action de grève coordonnée est attendue depuis longtemps. Les retenues sur salaires ont été combinées à la décimation des services publics. Ces quatre dernières années, le gel des salaires a en moyenne fait perdre 3.700 £ par an aux travailleurs du secteur public. Le gouvernement vient d’annoncer que le gel des salaires dans la fonction publique se poursuivra jusqu’en 2018.

Mais puisque cette grève intervient dix mois avant la prochaine élection générale, elle revêt encore plus d’importance. C’est un avertissement pour n’importe quel parti pro-austérité destiné à participer au prochain gouvernement : les travailleurs veulent se battre.

Certains commentateurs capitalistes cherchent réconfort dans l’absence – jusqu’à présent – d’une lutte plus généralisée contre l’austérité. Janan Ganesh, par exemple, a déclaré dans le Financial Times que « la droite » a pu impunément appliquer des « coupes [d’austérité] déjà plus grandes que celles lancées par Thatcher. » (8 juillet 2014) Mais tirer la conclusion que la lutte n’est pas à l’ordre du jour est tout à fait erroné. Certes, les dirigeants syndicaux de droite ont fait dérailler la lutte issue du magnifique mouvement qui s’est développé en 2011. Et il est vrai que cela a inévitablement accru la confiance du gouvernement pour intensifier l’application de l’austérité tout en sapant celle des travailleurs envers la possibilité d’arrêter cette logique. Mais une énorme et viscérale colère de classe s’est construite sous la surface de la société et, à un certain stade, elle va trouver un débouché.

Il n’existe aucune alternative à l’intensification de la lutte contre l’austérité après la journée du 10 juillet. La prétendue «reprise économique» ne conduira pas à une véritable amélioration du niveau de vie des travailleurs. Seuls les super-riches en bénéficient, mais les bulles du crédit et la domination du secteur financier laissent entrevoir la perspective d’une nouvelle crise.

La journée du 10 juillet doit constituer une rampe de lancement vers une nouvelle action coordonnée, vers la construction d’une grève générale de 24 heures avec participation des syndicats des secteurs public et privé. Parallèlement à l’opposition aux coupes budgétaires, à la privatisation et à la modération salariale, cette grève devrait également revendiquer très clairement la fin des contrats « zéro heure » [un contrat de travail ultra-flexible et unilatéralement favorable aux patrons, NDT] et pour un salaire minimum d’au moins 10 £ de l’heure. Cela serait de nature à enthousiasmer les millions de jeunes qui n’ont pas encore été touchés par le mouvement syndical. En outre, cette grève générale devrait également exiger l’abrogation des vicieuses lois antisyndicales.

Les appels du Parti Travailliste envers le Big Business ne sont que des preuves supplémentaires du fait que ce parti défend les intérêts du capitalisme. Il ne serait même pas capable d’instaurer les mesures incroyablement modestes qu’il propose actuellement pour améliorer les conditions de vie des travailleurs, à moins d’y être contraint – tout comme n’importe quel autre parti capitaliste le serait – par la force d’un mouvement de masse.

La victoire historique pour un salaire minimum de 15 $ de l’heure à Seattle illustre que les travailleurs peuvent l’emporter. Mais cela démontre également l’importance pour le mouvement des travailleurs de disposer d’un relais politique qui lui soit propre. L’élection de la militante socialiste Kshama Sawant a offert au mouvement pour les 15 $ une voix sans compromis afin d’agir vers l’obtention de cette revendication.

Le Socialist Party appelle les syndicalistes à se joindre à la lutte pour assurer que le 10 juillet marque le début d’une nouvelle ère dans la reconstruction d’un tel mouvement.

La classe des travailleurs représente la majorité de la société, elle dispose d’un pouvoir potentiel gigantesque, capable non seulement de défendre nos salaires et services publics, mais aussi de changer le monde.

Pour ce faire, cependant, elle a besoin d’accroître son niveau d’organisation à la fois sur le plan industriel – par la construction d’un mouvement syndical de combat – mais aussi politiquement, par la construction d’un parti de masse qui représente les intérêts de notre classe au lieu de ceux des 1% de l’establishment capitaliste.

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