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Category: Amérique Latine
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Chili : Grève générale, mouvements de masse et répression mortelle
La toute relative “paix sociale” vole en éclats
Après vingt ans de relativement bas niveau des luttes dans le Chili de l’après-Pinochet, ces derniers mois ont connu une éruption de luttes ouvrières et sociales qui ont ébranlé le pays. Vingt ans de gouvernement par l’alliance de la “Concertación” des forces de “gauche” et “démocratiques” n’ont rien apporté si ce n’est des promesses vides, et la continuation de la politique néolibérale de la dictature – exaspérant de ce fait les espoirs longtemps retenus des masses, et aliénant la jeune génération. L’élection du gouvernement droitier de Sebastián Piñera et de sa politique plus ouvertement anti-ouvrière s’est avérée avoir joué le rôle du “fouet de la contre-révolution”, qui a fait volé en éclats la période de relative “paix sociale” au Chili.
Celso Calfullan, Socialismo Revolucionario (CIO – Chili) et Danny Byrne, CIO (26 août 2011)
Les tentatives de Piñera de se couvrir de gloire après le sauvetage des 33 mineurs et la gestion des opérations de réparation des dégâts du tremblement de terre ne lui ont fourni qu’une “lune de miel” extrêmement brève. Son taux d’approbation au moment du sauvetage des mineurs était de 60% ; il est à présent de 30%.
Ces dernières semaines ont vu des centaines de milliers de gens descendre encore et encore dans la rue. La fédération syndicale CUT a été forcée d’appeler à une grève générale de 48 heures pour les 24 et 25 aout, en solidarité avec les revendications des étudiants, et pour des améliorations du code du travail ainsi qu’une profonde réforme politique et constitutionnelle. Les rapports médiatiques indiquent que malgré le travail de sabotage de la mobilisation effectué par la bureaucratie syndicale, la grève a eu un énorme impact, surtout dans le secteur public, et a amené plusieurs dizaines de milliers de gens dans la rue. Un jeune âgé de 16 ans a été abattu par la police pendant les manifestations de jeudi à Santiago, et un autre jeune de 18 ans a été grièvement blessé. La colère bout dans la société : selon les sondages, plus de 80% de la population soutient les revendications des étudiants. Le couvercle a été soulevé et c’est une période de luttes et de confrontations qui s’ouvre. Le Chili, qui était tout au long de la dernière période perçu comme un bastion du néolibéralisme, le “modèle” pour les économistes de droite de par le monde entier, pourrait maintenant commencer à jouer le rôle de centre de la lutte et de la résistance en Amérique latine.
Grève générale – une occasion manquée ?
La grève générale de 48 heures a été la première grève de cette ampleur depuis la chute de la dictature. Le fait qu’elle ait été appelée par la direction de la CUT, un cadre conservateur lié à l’appareil des partis de la “gauche” officielle, est en soi un développement sans précédent. Seule une pression massive de la base des travailleurs a pu provoquer un tel appel de la part des dirigeants de la CUT, qui sont plutôt habitués à jouer le rôle de frein à la mobilisation de la puissance de la classe ouvrière. Et de fait, la lutte des étudiants, comme dans de nombreux cas dans l’Histoire partout dans le monde, a agi en tant que bélier qui a enfoncé les portes qui empêchaient la classe ouvrière au sens large de se joindre à la bataille. Le sentiment que l’exemple des étudiants, qui ont entamé une lutte fort combative, devrait être suivi à travers toute la société, a été décisif dans le processus qui a mené à l’appel à la grève générale.
Un signe avant-coureur de cela a été la grève massive et solide des mineurs de cuivre partout dans le pays, le 11 juillet. En réponse aux attaques de “restructuration” de Piñera et inspirée par les étudiants, la grève a paralysé cette industrie qui représente 16% du PIB chilien, dans un pays qui produit un cinquième de la production mondiale de cuivre. La solidarité entre les étudiants en lutte et les travailleurs du cuivre a été instinctive et puissante. Les assemblées dans les écoles et universités occupées partout dans le Chili ont applaudi la grève et ont organisé des manifestations de soutien. Toutefois, le rôle des dirigeants syndicaux, qui ont ouvertement tenté de dissuader les travailleurs de rejoindre les manifestations étudiantes le même jour, a eu une certaine influence, bien que limitée, sur la concrétisation dans l’action de ce sentiment d’unité.
La grève générale avait le potentiel de représenter un immense pas en avant dans ce sens. L’appel a été largement soutenu à travers tout le mouvement ouvrier, ce qui a permis la construction des mouvements massifs qui ont eu lieu le jour de la grève, dans lesquels les organisateurs ont estimé à 600 000 le nombre de participants partout dans le pays, y compris 400 000 à Santiago. Hélas, l’attitude de la CUT dans la période de mobilisation a suivi un schéma bien habituel : appeler à la grève, puis ne strictement rien faire pour s’assurer de son succès !
La participation à la grève a reflété cela. Bien que la grève ait eu un puissant effet dans le secteur public (avec plus de 80% de participants dans ce secteur selon les syndicats), le secteur privé a été moindrement affecté. Même les secteurs traditionnellement combatifs, comme les dockers et les mineurs, tout en déclarant ouvertement leur soutien à la grève, n’ont pas participé. La raison principale en a été la peur de la réponse des patrons dans le privé en termes de licenciements, mais aussi la faible mobilisation et la stratégie suivie par les dirigeants syndicaux, qui n’a pas pu susciter l’enthousiasme requis pour convaincre les larges couches de la classe ouvrière dans le secteur privé, où le taux de syndicalisation est inférieur à celui du public, à rejoindre la grève.
Son histoire de relations cordiales avec le gouvernement de Concertación, d’accords pourris et de refus de mener les travailleurs dans la bataille, a grandement contribué à saper l’autorité du mouvement syndical en général et de la CUT en particulier. Les dirigeants de la CUT sont perçus par de nombreuses personnes comme étant des reliques de l’establishment, bien loin des luttes des travailleurs. Arturo Martinez, le dirigeant principal de la CUT, a renforcé cette impression en juillet lorsqu’il s’est fait huer par les dockers de Valparaiso qui l’ont aperçu en train de diner dans un restaurant de luxe sur le trajet de leur manifestation ! Le bas taux de participation à la grève générale indique les limites qui sont imposées au développement des luttes par le contrôle absolu de Martinez et autres bureaucrates.
Les assemblées territoriales
Une part essentiel de la stratégie nécessaire afin de surmonter les obstacles posés par les dirigeants de la CUT se trouve dans le potentiel des “assemblées territoriales” qui ont émergé dans certaines zones. De telles assemblées, avec une participation de masse et structurées démocratiquement sur les plans régional et national, sont un modèle du moyen parfait de construire une grève générale victorieuse à partir de la base capable de passer par-dessus la tête de la direction de la CUT. De telles assemblées sont également cruciales pour forger des liens profonds entre les militants étudiants et syndicaux en un mouvement de masse, à travers la participation consciente dans les assemblées de délégués provenant des entreprises. Ils peuvent aussi être des relais pour les militants syndicaux de la base dans leur lutte nécessaire pour combatttre les dirigeants syndicaux droitiers et pour transformer les syndicats en véritables instruments de lutte. Socialismo revolucionario (CIO – Chili) appelle à la prolifération de ces assemblées partout dans le pays, à leur structuration démocratique sur le plan national, et à l’adoption d’un plan d’action destiné à intensifier la lutte. Ce plan inclurait à la fois les manifestations et occupations étudiantes, ainsi que le début de la préparation d’une véritable grève générale au finish organisée à la base au moyen de slogans combatifs destinés à mobiliser la masse des travailleurs autour de la lutte pour une alternative.
Une répression mortelle
La mort d’un adolescent de 16 ans, abattu par les tirs de la police, et une attaque similiaire sur un jeune de 18 ans qui se trouve toujours en ce moment entre la vie et la mort, ont été la conséquence des proportions obscènes qu’a prises le déploiement de la force répressive gouvernementale, qui a arrêté des centaines de personnes et blessés des dizaines d’autres rien que jeudi 25 aout. Les canons à eau et des gaz lacrymos ont été copieusement utilisés contre les jeunes manifestants – ce qui a dû couter des millions de pesos –, certains de ces manifestants ayant érigé des barricades et bloqué les avenues principales durant de véritables batailles rangées contre les “carabineros”. Cette répression continue fait partie des tentatives de l’establishment de faire passer les étudiants pour des êtres violents et incontrôlables. Hélas pour le capitalisme, ces tentatives ont jusqu’ici échoué de manière spectaculaire, puisqu’on contraire, le soutien pour les étudiants parmi la société n’en a été qu’élargi et renforcé. Et l’attitude de Piñera ne s’est pas adoucie non plus. En réponse à ces événements, des porte-paroles du gouvernement ont menacé l’introduction d’un “état d’urgence” spécial, une vieille loi qui n’a jamais été mise en application auparavant. Ceci, couplé à la déclaration d’un important cadre gouvernemental qui semble avoir appelé au meurtre d’une des principales meneuses étudiantes en utilisant une fameuse citation de Pinochet (« Si on tue la chienne, on élimine la portée »), n’a fait que renforcer la haine envers le gouvernement et son association avec le brutal passé répressif légué par la dictature de Pinochet.
Une telle répression, qui inclut le meurtre de jeunes gens, pourrait se retourner contre le gouvernement et l’establishment et provoquer une nouvelle explosion de rage parmi la jeunesse et la classe ouvrière. La réponse du mouvement étudiant et ouvrier face à de tels développements doit être rapide et décisive. Les déclarations de la part de travailleurs ouvriers organisés par la CGT, selon lesquelles ils sont prêts à organiser le blocus de la frontière chilienne en solidarité contre la répression, doivent recevoir une réponse adéquate sur le sol chilien, afin de rendre clair le fait que la sauvagerie ne sera pas tolérée.
Le mouvement étudiant – une révolte contre le néolibéralisme
Le système d’éducation chilien est un modèle exemplaire de néolibéralisme. La dictature de Pinochet a encouragé la prolifération et la dominance d’un système d’éducation privé. Cette approche néolibérale a été poursuivie et poussée plus loin par les divers gouvernements de la Concertación. Des universités privées dont le but est de faire du profit, dirigées par d’importants hommes d’affaires, y compris des politiciens de l’establishment, dominent le paysage éducationnel. L’ancien ministre de l’éducation, Lavin, qui a tenté de se poser en tant que modérateur “neutre” entre le mouvement étudiant et les universités, et a été relevé de son poste par Piñera, possède lui-même une grande quantité d’actions dans une des principales universités chiliennes ! L’enseignement est devenu un champ d’investissement fort profitable pour le capitalisme, tandis que des frais d’inscription qui ne cessent d’augmenter et des conditions qui ne cessent d’empirer deviennent la norme logique.
Il y un sous-financement chronique des universités. Par exemple, l’Université du Chili, la principale “université publique” du pays, reçoit à peine 14% de son financement de la part du gouvernement. L’accent en ce qui concerne le financement est ainsi plutôt mis sur des frais d’inscription exorbitants et des contributions de la part des étudiants. L’étudiant moyen quitte l’université avec une dette de 45 000$ !
Le mouvement actuel en réponse à cette situation dure depuis les trois derniers mois. Les semaines de mobilisations de masse ont culminé lors de deux journées de protestation massives les 30 juin et 20 aout, lorsque 500 000 manifestants sont descendus dans les rues, dans ce qui a été les plus grandes manifestations au Chili depuis la chute de Pinochet. Une écrasante majorité des universités et écoles secondaires est occupée.
Ce mouvement a réellement ébranlé le gouvernement. Celui-ci a tout d’abord répondu par la suspension des classes et le début de “négociations” avec les représentants du mouvement. Des concessions, y compris une hausse du financement de l’enseignement, ont été lâchées par La Moneda (le palais gouvernemental), qui a toujours craint une intensification de la lutte et des mouvements de masse. Mais le mouvement, avec sa revendication centrale radicale pour un enseignement gratuit, a encore la semaine dernière rejeté la troisième tentative du gouvernement de mettre un terme aux manifestations, cette fois-ci en promettant de baisser les taux d’intérêt pour les emprunts étudiants.
Ce refus était clairement correct, puisqu’il est évident que le mouvement en ce moment tient Piñera à la gorge. La réponse de son gouvernement, abandonnant les concessions pour adopter une répression brutale, montre bien dans quel désarroi il se trouve. Les politiciens et les représentants du patronat ont même décrit cette situation comme “ingouvernable”. Afin d’obtenir les revendications du mouvement, pour le droit à une éducation gratuite et de qualité, il est nécessaire d’adopter une stratégie d’intensification de la lutte de masse. Les négociations avec des représentants d’un gouvernement du patronat, provenant d’un establishment politique qui est lui-même bourré de profiteurs du système éducationnel, pourront gagner quelques concessions, mais ne parviendront jamais à rompre de manière fondamentale avec le système d’enseignement orienté vers le seul profit, comme l’exigent les étudiants.
La croissance certes, mais qui en bénéficie ?
Le gouvernement Piñera continue à justifier son existence sur base du “succès” de sa politique économique qui a permis de sauvegarder la croissance pour le capitalisme. On s’attend à ce que l’économie chilienne croisse de plus de 6% cette année, en tant qu’un des pays d’Amérique latine, tout comme le Brésil et l’Argentine, qui résiste à la tendance de la récession mondiale sur base de la fragile puissance du marché chinois. Piñera a dénoncé la grève générale qui selon lui menace la croissance économique. Cependant, la propagande du capitalisme qui déclame que les Chiliens “n’ont jamais aussi bien vécu” qu’aujourd’hui se heurte à la réalité de la majorité des travailleurs, des jeunes et des pauvres. Sur base du système de profits capitaliste, la croissance économique ne fait qu’enrichir toujours plus une minuscule élite, qui a avec sa richesse croissante acquis une confiance redoublée pour attaquer les droits et les conditions de vie. Piñera, qui est lui-même l’homme le plus riche du Chili, est un représentant direct et fidèle de cette classe sociale, et est de plus en plus largement perçu comme tel. « Les sondages montrent que la société perçoit ce gouvernement comme étant un gouvernement des hommes d’affaires et des patrons », commentait à ce sujet un analyste dans le Financial Times du 11 juillet.
La contradiction entre la croissance économique et la lutte persistante de la vie quotidienne pour la majorité s’est avéré être un cocktail explosif. Par exemple, la concession qu’a faite le gouvernement de rehausser le salaire minimum chilien de 10 000 pesos, bien que fortement applaudie, ne suffit même pas à couvrir la récente hausse du prix du pain ! Un sondage récent a montré que 65% de la population pensait que la croissance économique « ne leur avait rien rapporté ».
Apolitique ?
La prédominance de sentiments anti-partis parmi le mouvement étudiant est une réponse de la jeune génération par rapport à son expérience des forces politiques existantes. Elle est l’héritage du consensus néolibéral de l’establishment politique et de la litanie de trahisons venant de gauche comme de droite tout au long des dernières décennies. Ce sentiment anti-partis, particulièrement prononcé au Chili, est aussi une caractéristique des mouvements ailleurs dans le monde, comme en Espagne et en Grèce. Toutefois, c’est une caractéristique typique des premières étapes de la lutte. Sur base de l’expérience et de l’apprentissage des leçons du passé, une nouvelle compréhension de la nécessité de forces politiques alternatives d’un genre nouveau pourrait émerger. Même le Parti communiste, qui s’est associé à des décennie de gouvernements de Concertación néolibéraux, est perçu d’une manière qui n’est pas fondamentalement différente. Mais cela n’est que peu surprenant, étant donné le fait que le PC lui-même gère une université privée payante à Santiago ! Toutefois, décrire ce mouvement comme apolitique serait une grave erreur. Il existe un sentiment anti-profits largement répandu, de même qu’un soutien massif pour des mesures socialistes telles que la nationalisation de l’industrie du cuivre. Le besoin de s’organiser autour de telles demandes et de les lier en un programme cohérent et complet retraçant les grandes lignes la transformation de l’économie et de la société est crucial. De cela découle la nécessité de construire de nouvelles organisations politiques, basées sur les luttes qui se développent en ce moment.
Les revendications de la grève générale sont allées au-delà de la question de l’éducation, et ont aussi appelé à un changement en profondeur du système politique, à la rédaction d’une nouvelle constitution pour remplacer l’actuelle, héritée du régime Pinochet, et à plus de démocratie dans le processus de prise de décisions. Ces revendications, bien que plus esthétiques que réelles lorsqu’elles proviennent de la bureaucratie syndicale liée aux forces capitalistes, reflètent néanmoins une désillusion croissante envers le système dans son ensemble. L’accumulation de colère et de frustration face à tous les espoirs volés en faveur d’une meilleure société après la “transition vers la démocratie”, semble émerger à la surface dans cette vague de luttes. Ceci représente une prise de conscience correcte du fait que le système n’a pas fondamentalement changé depuis Pinochet, que la dictature du capital reste en place et qu’une fois de plus il faut emprunter la route de la lutte de masse afin de la renverser.
Socialismo Revolucionario (CIO au Chili) a participé au mouvement depuis le tout début. Nous appelons à une alternative révolutionnaire au système actuel, à la fin de la constitution héritée de l’ère Pinochet et de son parlement de millionaires et milliardaires. Sur base d’un mouvement de masse d’assemblées démocratiquement organisées et contrôlées par la base, une nouvelle Assemblée constituante pourrait être imposée et mise sur pied, composée de véritables représentants des intérêts des travailleurs et des pauvres. Une telle assemblée pourrait ensuite commencer l’organisation d’un gouvernement des travailleurs et des pauvres, avec le contrôle sur les riches ressources et sur l’économie du Chili de sorte que celles-ci passent aux mains de la population laborieuse et de la jeunesse.
La revendication des étudiants pour la nationalisation de l’industrie du cuivre afin de payer l’enseignement gratuit représente les germes d’une telle potentielle alternative à ce système – une alternative de propriété et de contrôle publics et démocratiques des ressources naturelles et des secteurs-clés de l’industrie. De la sorte, une société socialiste pourrait être construite, remplissant les espoirs depuis longtemps retenus des masses chiliennes et latino-américaines, avec toute leur riche histoire de lutte révolutionnaire contre le capitalisme et l’impérialisme. L’internationalisme de ce mouvement, illustré par l’impact de la révolte des “indignés” espagnols au Chili et par la solidarité des travailleurs argentins, est lourde de sens. L’impact des développements tumultueux au Chili pourrait être fortement ressenti dans d’autres pays de la région, dont les masses ouvrières pourraient alors se mettre en action. Ainsi l’objectif d’une fédération socialiste du continent, en tant que partie prenante d’un monde socialiste, deviendrait beaucoup moins abstrait. Son potentiel se matérialisera par la puissance de la lutte de masse par-delà les frontières.
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[PHOTOS] Solidarité avec les luttes au Chili!
Ce samedi 27 août 2011, du Cinquantenaire à l’ambassade du Chili, une centaine de personnes dont une majorité chilienne ont protesté contre la répression policière qu’ont subit les étudiants chiliens alors qu’ils manifestaient pour une éducation gratuite et de qualité, mais aussi en solidarité avec ces derniers. Le PSL et EGA-Secondaire ont participé à cette action et soutiennent aussi l’action des étudiants et travailleurs chiliens.
Rapport et photos de Maxime (EGA-Secondaire et PSL, Bruxelles)
Lors du gouvernement d’Allende, de grandes réformes sociales ont étés entreprises et notamment au niveau de l’éducation, certains parlaient de "pauvres lisant dans le tram", pour décrire la situation au Chili. Lorsque la dictature de Pinochet arriva au pouvoir, elle fit un grand ménage et privatisa quasi totalement l’enseignement (et tous les autres secteurs de l’économie). La torture et les enlèvements, la répression, la censure et la terreur appliquées par le régime contribuèrent largement et furent les conditions sine qua non pour imposer une doctrine néolibérale. Cette doctrine a été inscrite dans la constitution chilienne, celle-ci est encore en application sous la "démocratie" actuelle. Le président actuel, le très milliardaire Piñera a promis une éducation au peuple pendant les élections, et en très bon "démocrate", il ne l’a pas fait.
Le PSL défend l’éducation gratuite et de qualité accessible à tout le monde. Pour cela, il faut lutter, travailleurs et étudiants chiliens ou mapuches.
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Pérou : Ollanta Humala remporte les élections présidentielles – Quelles perspectives pour la classe ouvrière ?
La nuit du 5 juin dernier, des milliers de personnes ont célébré la victoire électorale de leur candidat, Ollanta Humala, sur la Plaza Dos de Mayo au centre de Lima. Parmi eux se trouvaient surtout des militants syndicaux ou issus des différents mouvements de lutte du pays. L’élection d’Ollanta Humala a créé beaucoup d’espoirs pour des changements radicaux sur les plans politique, social et économique dans ce pays andin. Mais c’est surtout la force de la classe ouvrière qui déterminera l’orientation de ces changements.
Par Tim (Bruxelles)
Avec ses 51,5% des voix, le populiste de gauche Ollanta Humala a battu son adversaire Keiko Fuijimori, qui a su convaincre 48,5% de l’électorat. Ce résultat est arrivé après une lutte électorale extrêmement tendue, déjà commencée lors des élections régionales et locales d’octobre 2010. Ces dernières avaient été de cuisantes défaites pour les partis traditionnels du Pérou, qui avaient tous perdu contre des candidats ‘‘indépendants’’, et souvent peu connus. Il s’agissait d’une punition suite à la politique néolibérale que ces partis ont mené : une politique où la forte croissance économique s’est accompagnée d’une large croissance de la pauvreté.
Néanmoins, les favoris des sondages pour la présidentielle – l’ancien bourgmestre de Lima, Luis Castañeda, l’ancien président Alejandro Toledo et l’ancien premier ministre Pedro Pablo Kuczynski – se sont obstinés à répéter qu’ils avaient l’intention de poursuivre cette politique s’ils étaient élus. Mais tous les sondages, les uns après les autres, leur donnaient tort. Après le premier tour des élections en avril, seuls deux candidats restaient en lice: le populiste de gauche Ollanta Humala et Keiko Fujimori, la fille de l’ancien dictateur Alberto Fujimori, qui a régné sur le pays entre 1990 et 2000, jusqu’à être chassé du pouvoir par un soulèvement populaire.
Mais entre ces deux candidats pour le deuxième tour, les choses restaient très tendues. Fujimori a pu compter sur un certain soutien, surtout parmi les couches les plus pauvres de la population, basé sur une politique clientéliste suite à l’accès de certains à des ressources limitées (électricité, eau, …) permises par ‘‘papa’’ Fujimori dans les années ’90. A côté de ça, Fujimori a reçu le soutien de l’immense majorité de la presse bourgeoise, les entrepreneurs et les partis traditionnels, qui craignaient que leurs privilèges ne soient mis en danger par les réformes économiques et sociales que Humala avait promis. Ils préféraient clairement un retour au régime autoritaire fujimorien plutôt que de devoir partager une partie de leurs richesses avec les travailleurs et les pauvres du pays.
Humala a, de son côté, obtenu son soutien principalement parmi les mouvements sociaux et la classe ouvrière organisée du Pérou. Beaucoup de militants ont placé beaucoup d’espoir en Humala et ce qu’il pourrait faire pour les revendications de changements sociaux et économiques des pauvres et des travailleurs. Ces dernières années, le Pérou a connu une grande inflation de luttes.
Le pays a connu une des plus grandes croissances économiques au monde (10% de croissance du PNB en 2010) mais, en même temps, 1 Péruviens sur 3 vit dans l’extrême pauvreté. La croissance économique et la spéculation internationale sur la nourriture a également provoqué une forte croissance des prix pour les denrées de base, une augmentation qui n’a pas été suivie par la hausse des salaires des ménages. Le mouvement ouvrier péruvien a une longue tradition de lutte et, ces dernières années, les mineurs, les dockers, les professeurs d’écoles et les travailleurs du secteur non-marchand ont, entre autres, mené des luttes pour de meilleures conditions de travail et de vie. Toute une série de ces mouvements avaient aussi un programme politique très offensif: les mineurs demandaient ainsi, en plus d’augmentations de salaires, que leurs entreprises payent des taxes (le secteur minier est pour ainsi dire totalement exempté de taxes sur les profits). Dans certaines régions, ils ont même lutté sous la revendication de la nationalisation du secteur minier dans son entièreté. Une autre revendication politique importante dans beaucoup de ces mouvements est un changement radical de la constitution. La nationalisation des secteurs clés de l’industrie (comme l’extraction de gaz, de pétrole et minière) est proposée, de même que la transition de l’emprise des multinationales actives dans le secteur agricole vers des coopératives gérées par les paysans et les consommateurs. Une des promesses électorales d’Ollanta Humala est effectivement d’opérer ce changement de la constitution, mais il est toutefois resté très vague durant toute la campagne électorale concernant ce sur quoi devaient porter les modifications.
Cela illustre directement la faiblesse la plus importante d’une figure comme OIlanta Humala : il refuse jusqu’à présent de faire un choix clair entre la classe ouvrière et la bourgeoisie du pays. En essayant d’attirer à lui les électeurs du centre politique, Ollanta a changé son image de partisan d’Hugo Chavez au Venezuela pour afficher des liens politique très étroits avec l’ancien président brésilien Lula. Des rumeurs font ainsi état de conseillers politiques brésiliens membres du PT, le parti de Lula, partis au Pérou soutenir la campagne d’Ollanta. Ce choix explique aussi pourquoi Ollanta a eu du mal à toucher les pauvres restés derrière Fujimori : il ne propose pas assez d’alternatives concrètes face aux promesses – très limitées – qu’a faites Fujimori envers cette couche. Le programme d’Ollanta propose surtout des réformes au sein du système capitaliste : une augmentation des impôts des grandes entreprises (qui sont effectivement très bas au Pérou), renégocier les contrats d’exploitation des multinationales, utiliser ces moyens pour investir dans un programme massif d’investissements dans l’enseignement et l’infrastructure,… Humala qualifie sa politique de réforme d’une ‘‘économie de marché’’ vers une ‘‘économie nationale’’, alors qu’il ne parle presque pas du fonctionnement anarchique de l’économie de marché capitaliste…
Il est clair qu’une telle politique ne répondra pas aux besoins et attentes des pauvres et travailleurs qui l’ont élu. La croissance économique actuelle du Pérou est surtout basée sur les prix élevés des matières premières que le Pérou exporte, et sur les capitaux étrangers qui cherchent des profits à court terme dans le pays. Ces deux facteurs sont très instables. De plus, une série de représentants de multinationales et de grandes entreprises péruviennes ont menacé de faire fuir les capitaux et de recourir au lock-out (une grève patronale qui consiste à provisoirement fermer une entreprise) au cas où le président était réellement décider à opérer des réformes trop radicales. De l’autre côté, les représentants de toute une série de mouvements de lutte attendent beaucoup d’Ollanta : ils veuillent en premier lieu que la forte répression de l’armée et la police contre les mouvements sociaux s’arrêtent, mais ils réclament aussi des réformes rapides et radicales. Beaucoup de militants savent qu’ils seront obligés d’occuper les rues pour revendiquer cela, mais ils espèrent qu’Ollanta Humala choisira leur camp.
La classe ouvrière va passer par une période très intéressante au Pérou. Malgré la force historique de la gauche radicale et révolutionnaire du pays, c’est la première fois qu’un candidat populiste de gauche y remporte les élections. Le pays a jusqu’à présent été, avec la Colombie, l’un des piliers du soutien à l’impérialisme américain en Amérique Latine, une situation qui va probablement changer. La direction que va prendre Humala est néanmoins fort incertaine. Acceptera-t-il les revendications des mouvements de lutte qui l’ont porté au pouvoir ? Décidera-t-il de rompre avec ces militants et de mener une politique en faveur des riches et des multinationales ? L’élection d’Humala a fait naitre de grands espoirs pour des améliorations pour les couches larges de la population, mais ces réformes ne s’effectueront en définitive qu’au travers de la lutte et pas grâce au palais présidentiel.
Finalement, Humala dispose d’une marge limitée. Même s’il accepte une partie des revendications du mouvement ouvrier péruvien et opère des nationalisations et d’autres réformes progressistes, il risque de faire face à des sabotages de l’armée et à des lockouts de la part de multinationales. Seule une politique socialiste qui placerait les secteurs clé de l’économie sous le contrôle démocratique de la population pourrait satisfaire les revendications et les besoins des pauvres et des travailleurs au Pérou.
- augmentation du salaire minimum vers 2.000 soles/mois
- formalisation des secteurs ‘‘informels’’ de l’économie, avec de vrais contrats et droits de travail
- instauration d’une coopérative nationale, contrôlée par les syndicats et les organisations paysannes, pour organiser la distribution de la production agricole et assurer des prix honnête pour les paysans et les consommateurs
- nationalisation du secteur minier, de l’exploitation de gaz et de pétrole, des banques, du secteur du transport et des 500 plus grandes entreprises du Pérou, et mise sous contrôle ouvrier de ces entreprises
- investissements massifs dans l’enseignement et les soins de santé, et construction d’une bonne infrastructure routière, ferroviaire et de transport public
- arrêt de la répression brutale de la police et l’armée contre les mouvements de lutte : mise en procès des officiers et responsables politiques pour les victimes de la répression de ces dernières années. L’armée et la police doivent être placées sous le contrôle démocratique du mouvement ouvrier et des comités de quartiers
- organisation d’un mouvement national pour un changement de la constitution, organisé dans les entreprises, les quartiers, et les régions rurales, avec des représentants démocratiquement élus qui éliront une Assemblée Constituante Nationale
- pour une politique socialiste, où les richesses seront utilisées pour la majorité de la population, et plus au bénéfice des multinationales et d’une élite richissime.
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[DOSSIER] La contre-révolution gagne du terrain au Venezuela
Renforcement de la bureaucratie Chaviste, développement de la Boli-bourgeoisie et retour de la droite sur la scène politique
La période actuelle est une période de grands changements. Il y a une dizaine d’années, le rythme de la lutte des classes était très faible dans la majeure partie du monde. La classe ouvrière européenne paraissait comme endormie et peu d’entre nous auraient espéré des mouvements de lutte massifs en Afrique du Nord et au Moyen Orient. Un continent faisait pourtant déjà rêver beaucoup de travailleurs et de jeunes : l’Amérique latine et, notamment, le Venezuela.
Par Ben (Hainaut), de retour de 6 mois au Venezuela
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- Rubrique "Amérique latine"
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Ce pays fut en effet un symbole du renouveau des luttes contre le néolibéralisme avec l’arrivée de Chavez au pouvoir en 1998 mais aussi le premier pays ou on a remis l’idée de socialisme à l’ordre du jour. Alors qu’aujourd’hui, le rythme de la lutte des classes s’est considérablement accéléré de ce côté-ci de l’Atlantique, le Venezuela fait face à des processus contre-révolutionnaire de plus en plus puissant.
L’arrivée de Chavez au pouvoir fut un tournant dans la situation mondiale, mais ce fut également un développement positif important pour les masses vénézuéliennes. Les réformes mises en place par le nouveau régime, dont les fameuses missions, ont permis énormément d’avancées. Entre 1998 et 2009, la pauvreté est tombée de 43%, le taux de mortalité infantile est tombé de 35% et l’espérance de vie moyenne a augmenté de presque deux ans. La consommation d’aliments par personne a augmenté de 25%. Des efforts considérables ont été accomplis pour augmenter le nombre de personnes ayant accès à l’eau ou à l’énergie. Le chômage a diminué : de 11% en 1998, il passa à 16,8% en 2003 à cause du lock-out patronal, mais diminua jusqu’à 7,5% en 2009 en grande partie grâce à la création d’emploi dans le secteur public. Un million de personnes ont pu sortir de l’analphabétisme et des millions ont pu voir un docteur pour la première fois de leur vie. Et l’on pourrait encore citer d’autres types d’indicateurs.
Dès les premières années de réformes, l’ancienne classe dominante et l’impérialisme américain ont considéré le changement comme une déclaration de guerre à laquelle il fallait répondre au plus vite. Tous les coups étaient permis pour renverser ce Chavez, qui voulait créer un ‘‘capitalisme à visage humain’’ au Venezuela. La tentative de coup d’Etat de 2002 et le ‘‘lock-out’’ patronal de 2002-2003 ont été les événements les plus spectaculaire, mais il y a également eu l’utilisation des médias pour faire de la propagande mensongère, les actes de sabotage économique pour créer des pénuries de biens de consommation ou encore les défis électoraux.
Les réactions spontanées des masses populaires sont parvenues à vaincre toutes ces tentatives de contre-révolution, ce qui a donné un nouveau souffle au processus révolutionnaire. Les masses ont été confiantes en leur capacité collective à changer la société et ont même poussé Chavez à entreprendre des réformes plus importantes. Chavez, poussé par les masses, a peu à peu compris qu’il est impossible de faire un ‘‘capitalisme à visage humain’’ et a commencé à ouvertement parler de la nécessité de construire le ‘‘socialisme du 21ème siècle’’ (pour la première fois début 2005). Il a par la suite également lancé le Parti Socialiste Unifié du Venezuela (créé en 2006).
La droite à nouveau à l’offensive
La force des masses vénézuélienne et la grande augmentation du niveau de conscience de classe dans la société a tellement mis à mal le patronat vénézuélien et ses laquais politiques que beaucoup ont cru (et certains le croient encore) qu’ils avaient disparu à jamais, qu’ils ne pourraient plus revenir. La droite n’était d’ailleurs presque plus représentée à l’assemblée nationale depuis 2005 et leurs militants ne pouvait pas faire de propagande dans les quartiers de manière trop visible sans se faire jeter dehors par les habitants, tant le soutien au processus révolutionnaire était important.
Ce n’était cependant qu’une illusion temporaire, le capitalisme n’ayant pas été vaincu, la menace de la contre révolution étant toujours bel et bien présente. C’est d’autant plus clair aujourd’hui, avec la nouvelle assemblée nationale élue en septembre 2010. On a aujourd’hui 65 députés de l’alliance de l’opposition de droite rejointe par les deux députés du PPT contre 98 députés chavistes. Mais le pire est qu’en terme de vote, c’est la droite qui était majoritaire (voir notes), c’est uniquement grâce à la récente modification du système électoral que les chavistes gardent la majorité au Parlement. C’était une claque prévisible rien qu’en observant les scores électoraux de la droite ces dernières années, qui n’ont fait qu’augmenter. Mais le mouvement chaviste continue pourtant d’ignorer la menace.
La droite parvient de plus en plus à se faire passer pour l’amie des travailleurs et des jeunes. Un observateur étranger va d’ailleurs avoir d’énormes difficultés à comprendre les débats qui ont lieu à l’Assemblée Nationale. Ce sont les députés de droite qui parlent de la nécessité d’une sécurité sociale pour les travailleurs, qui parlent de la nécessité de conventions collectives de travail, d’une loi de premier emploi pour les jeunes, des libertés syndicale, etc. C’est-à-dire toute sorte de revendications concrètes qui vivent parmi la base de la société vénézuélienne.
La politique économique du Chavisme
Si la droite revient sur l’échiquier politique et gagne la sympathie des travailleurs dans les quartiers et les entreprises, c’est clairement à cause des faiblesses et des erreurs de la ‘‘gauche’’ chaviste. Après 12 ans de révolution, de possibilités de transformations sociales importante et de nombreux discours très forts, nombreux aujourd’hui sont ceux qui se demandent où est le socialisme dont parle la propagande officielle.
La faute la plus grave que commet le chavisme, c’est certainement l’insistance à vouloir à tout prix faire des compromis et des alliances avec la bourgeoisie. Celle-ci garde en effet les rênes du pouvoir économique et c’est par là qu’elle peut revenir dans les débats politiques.
En fait, la politique économique du gouvernement de Chavez est une politique d’accroissement de l’intervention étatique en faisant en sorte de laisser en place une économie capitaliste mixte tout en l’appelant ‘socialisme’. En gros, on a assisté à des créations massives d’emplois dans le secteur public ainsi qu’à l’instauration de réformes sociales véritables, mais cela s’apparente plus à du populisme de gauche (en profitant d’une période où les prix du pétrole étaient élevés) qu’à un véritable plan de transformation socialiste de la société. Pour le dire autrement ; malgré le fait que Chavez aime dire qu’il mène une politique socialiste révolutionnaire, il est clair que celle-ci est purement réformiste.
En tant que marxiste, nous soutenons bien évidement toutes les réformes qui améliorent les conditions de vie des travailleurs et des pauvres. Toutefois, nous somme conscients que sous le capitalisme, chaque réforme ou acquis sera constamment menacé et voué a disparaitre. L’histoire nous montre que le capitalisme ne peut être domestiqué à coups de réformes, on constate au contraire que les réformes sociales ont souvent la fâcheuse tendance d’énerver les capitalistes et autres classes réactionnaires, les poussant à redoubler d’effort pour préserver ou reconquérir leurs privilèges. Le capitalisme doit donc être renversé et remplacé par un système entièrement tourné vers la satisfaction des intérêts des travailleurs, c’est-à-dire une économie démocratiquement planifiée.
Sur la plan international on parle beaucoup des ‘‘nationalisations’’ que le gouvernement a opérée. En fait, celle-ci s’apparentent plutôt à des partenariats public-privé. Et c’est la même chose pour les fameuses ‘‘expropriations’’, qui ne sont que des rachats d’entreprises par l’Etat (à un prix souvent supérieur à la valeur réelle de l’entreprise), la majorité d’entres elles étant en faillite, peu productives voire même à l’abandon depuis des années. Il n’est donc pas étonnant de ne pas voir de changement réellement significatif entre le poids du secteur public et privé, ce dernier représentant toujours 58,3% du PIB en 2010 (2), on est donc loin d’une économie planifiée, et même loin des économies européennes où l’Etat est fortement présent.
Alors que Chavez parle beaucoup de la nécessité d’accroitre la souveraineté économique du pays, on constate qu’il n’y a pas de véritable plan de production visant à l’autosuffisance. A la moindre occasion, le régime utilise l’argent du pétrole pour importer des tonnes de bœuf, de poulet ou encore du lait pour ce qui est des produits de base. Mais le pire est peut être l’exemple des cuisines ‘‘socialistes’’ directement importées de Chine pour être offertes à bas prix aux ménages vénézuéliens, en décembre dernier. Car, en dehors du bonheur de pouvoir s’acheter rapidement une cuisine bon marché, c’est en fait l’exemple même de la continuation des rapports de dépendances économiques. On importe des produits manufacturés à fort taux de plus-value (et donc de profit) en échange de matières premières faibles en plus-value. On perd donc énormément d’argent et on se maintient dans un système d’échange inégal qui accroit la désindustrialisation au Venezuela.
Boli-bourgeoisie et bureaucratie
Le renforcement de la bureaucratie et celui de la Boli-bourgeoisie font partie des graves problèmes internes du mouvement chaviste. La Boli-bourgeoisie est composée d’une partie de l’ancienne élite qui a compris les possibilités de profit en se ralliant au chavisme, et également d’une couche de ‘‘nouveaux riches’’ qui s’est construite directement sur le processus. Cette couche est loin de vouloir construire le socialisme, elle n’aspire qu’à se transformer en nouvelle classe capitaliste.
La bureaucratie, quant à elle, a également des intérêts étrangers à ceux des travailleurs. La bureaucratie a pour objectif propre le maintien et le développement de ses privilèges. Ce n’est possible qu’à travers d’un jeu d’équilibriste. D’un côté, il faut empêcher la droite de revenir (la bureaucratie vivant sur le dos du mouvement chaviste) mais de l’autre côté, il faut empêcher toute forme de démocratie ouvrière, car celle-ci pourrait mettre à mal sa position parasitaire.
L’absence d’une organisation indépendante et consciente de la classe ouvrière constitue donc une grave faiblesse dans la situation au Venezuela. Une telle organisation pourrait faire émerger des organes de démocratie ouvrière et se mettre à la tête du processus révolutionnaire afin de le tirer à sa conclusion victorieuse, la révolution socialiste. Au lieu de cela, on a un mouvement chaviste dirigé du haut vers le bas, sans moyen de contrôle réel de la part de la classe ouvrière et les méthodes bureaucratiques, autoritaires et de plus en plus répressives peuvent se développer.
Le ministère du travail est un exemple clair du phénomène bureaucratique. C’est une institution de l’Etat qui est censée être un outil aidant les travailleurs dans leurs conflits avec les patrons. Il vérifie par exemple la légalité des licenciements ou sert de médiateur dans les conflits au sein d’une entreprise. Cette institution justifie son existence par la défense des travailleurs, elle doit donc faire un minimum dans ce sens. Cependant, le fonctionnement bureaucratique et l’absence de contrôle démocratique des travailleurs sur l’institution permettent à la corruption la plus abjecte de se développer. Les négociations sont trainées en longueur, les médiateurs recherchent systématiquement le compromis en faveur du patron, embrouillent les travailleurs dans un jeu de procédures administratives qui ont pour but de les démotiver ou font directement de la délation auprès des patrons.
Par exemple, pour créer un syndicat, les travailleurs d’une entreprise doivent donner la liste des membres de la section syndicale au ministère du travail, cela leur permet d’être reconnus comme interlocuteur sérieux lors des médiations. Il est donc très tentant pour le travailleur du ministère du travail qui reçoit la liste de téléphoner au patron pour monnayer les noms de ces travailleurs, ceux-ci se faisant immédiatement licencier par après.
Le même constat peut être fait dans l’Institut national de prévention, de santé et de sécurité au travail. Cet institut est responsable de l’inspection des entreprises pour y constater les problèmes en termes de santé et de sécurité au travail. Il donne des formations aux travailleurs qui le souhaitent sur ces questions et ceux-ci peuvent se faire élire délégués de prévention sur leur lieu de travail. L’existence d’une telle institution est une avancée incroyable. Malheureusement, le phénomène bureaucratique freine considérablement les possibilités de l’institution. Certains travailleurs demandent parfois depuis plusieurs années une inspection de leur lieu de travail sans l’obtenir, alors qu’une simple visite permettrait de comprendre les manquements les plus élémentaires à la santé et à la sécurité.
Et on pourrait donner ainsi beaucoup d’autres exemples des problèmes qu’implique la bureaucratisation du processus comme les problèmes de gestion et de planification, menant à des pénuries de biens et des files d’attentes interminables devant les magasins de l’Etat, ou également à des coupures d’électricité et à des coupures d’eau.
L’anti-impérialisme
Une des stratégies de Chavez est de construire un bloc anti-impérialiste qui regrouperait tous les pays en conflit avec l’impérialisme américain. Il est possible que dans son isolement, en attendant que la révolution s’étende à d’autres pays, même un gouvernement véritablement socialiste révolutionnaire soit contraint de conclure des accords imposés par le contexte, utilisant les failles et les divisions entre les différentes puissances impérialistes. Les bolcheviques avaient eux-mêmes dus conclure de tels accords à cause de l’isolement de la jeune Russie soviétique.
Chavez ne conclu pourtant pas de simples accords de circonstance, mais noue de véritables amitiés avec des régimes qui répriment pourtant leur population en lutte. Il y a ainsi les liens très forts entretenus avec le régime chinois, considéré comme un modèle. On se souvient également des louanges de Chavez vis-à-vis ‘‘du grand révolutionnaire’’ Ahmadinejad en Iran. Les mouvements de masse contre le régime iranien de 2009 ont été interprétés par Chavez comme un complot de l’impérialisme américain…
Et c’est de nouveau la même analyse que Chavez fait de ce qui se passe en Libye. Il refuse de considérer le régime libyen comme une dictature, refuse d’abandonner son ‘‘ami’’ Kadhafi. La répression meurtrière du peuple libyen ne serait qu’une campagne mensongère des États-Unis afin d’envahir le pays et s’approprier son pétrole. Il est évident que les États-Unis convoitent le pétrole libyen et qu’il est nécessaire de s’opposer à toute intervention impérialiste dans la région, mais s’opposer à l’impérialisme américain n’implique pas de soutenir le gouvernement de Kadhafi. Se dire socialiste et soutenir de tels régimes ne peut que miner le soutien au socialisme parmi la classe des travailleurs et des jeunes à l’intérieur de ces pays et internationalement.
Les alliances qu’entretient Chavez ont également leurs conséquences à l’intérieur même du Venezuela, certaines entreprises chinoises, argentines, brésiliennes, etc., ne peuvent pas être inspectées par l’Inpsasel. Pourtant, les conditions de travail dans ces entreprises sont souvent encore pires que dans des entreprises aux mains du patronat vénézuélien !
Le ‘‘socialisme’’
La propagande officielle nous explique que l’on est déjà sous le socialisme, alors même qu’au moindre problème l’on vous répondra que s’il y a encore des inégalités frappantes, c’est que l’Etat est resté bourgeois. On serait donc face à un système socialiste en création dans le cadre d’un Etat bourgeois… On peut légitimement se poser la question du statut ‘‘socialiste’’ des entreprises d’Etat, mais peut-être que l’on réfléchi déjà de trop.
Si, dans certain discours de Chavez, la rhétorique socialiste peut sembler très convaincante, la réalité l’est beaucoup moins. C’est en effet une chose de parler du socialisme, mais force est de constater que c’en est une autre de comprendre ce qu’est le socialisme et sur base de quel programme et de quelles méthode on peut y parvenir.
C’est pourquoi les marxistes ont la responsabilité de tirer les leçons des expériences du mouvement des travailleurs sur le plan international et historique. Ils doivent échanger ces expériences pour faire avancer la lutte pour le socialisme et permettre ainsi à chaque militant de comprendre les difficultés et les nécessités pour y parvenir.
Au Venezuela, l’idée la plus répandue est que ce qui est socialiste, c’est ce qui n’est pas cher. On a donc le café, le beurre, l’huile, la farine de maïs socialiste, etc., car les prix de ces marchandises sont régulés voire subventionnés pour les maintenir bas. Le métro est vu comme socialiste également, tellement les prix des tickets sont peu élevés. Dans le même ordre d’idée, on peu malheureusement affirmer qu’il existe également des salaires ‘‘socialistes’’ dans les entreprises ‘‘socialistes’’ de l’Etat, ceux-ci sont en effet parfois presque deux à trois fois moins élevés que dans les grosses entreprises privées. Cela explique d’ailleurs l’origine des prix ‘‘socialistes’’, mais également le fait que beaucoup d’ouvriers s’opposent au ‘‘socialisme’’ et aux nationalisations par peur de voir baisser leur salaire. Les travailleurs qui luttent pour des augmentations de salaire sont traités de contre-révolutionnaire par le régime sur base de l’immonde argument que vouloir plus de salaire, c’est vouloir consommer plus et donc que c’est soutenir le capitalisme.
Au nom du socialisme, on a annoncé la création des conseils de travailleurs, ce nom résonne aux oreilles des révolutionnaires du monde entier comme un rappel des soviets dans la Russie révolutionnaire à ses débuts et fait battre leurs cœurs de l’espoir de voir un pouvoir ouvrier démocratique naître enfin. Mais lorsque l’on s’attarde de plus près à la situation, on constate que la bureaucratie chaviste utilise cet argumentaire pour dissoudre les syndicats, alors même que l’on n’a pas encore construit concrètement les fameux conseils de travailleurs ! Les travailleurs se retrouvent donc sans représentation, sans outils pour se défendre face à l’exploitation, dans l’attente hypothétique de la création de conseil qui se font attendre depuis parfois des années. Et à ceux qui se plaignent, on leur répondra qu’il n’y a pas de patron dans les entreprises socialistes et donc pas besoin de lutter. On leur répondra également que de toute façon, les syndicats sont de droite, car historiquement liés à des partis qui sont aujourd’hui effectivement bien à droite. (3)
Che Guevara avait laissé entendre que si on voulait construire le socialisme, il fallait y mettre du sien, voire faire du travail bénévole. Il est clair que les militant marxistes travaillent bénévolement, avec des revenus minimes ou pas plus important que le salaire moyen d’un travailleur. Il est clair également que lorsque les travailleurs possèdent collectivement le pouvoir ou qu’ils s’en rapprochent, ceux-ci sont prêts à faire tous les sacrifices pour abattre le capitalisme et l’exploitation.
On peut cependant rester perplexe face à l’utilisation que la bureaucratie chaviste fait de cette idée. Il y a en effet des journées de travail bénévole organisées pour ‘‘construire le socialisme’’. On met donc les plus pauvres au travail bénévole pour nettoyer les rues ou faire toute sorte de travaux d’intérêts généraux. Et on propose dans certaines entreprises ‘‘socialistes’’ d’organiser des ‘‘journées pour la construction du socialisme’’ où les travailleurs font le même boulot que d’habitude, sans salaire ce jour-là. Si c’est ça le socialisme, il est fort probable que l’on va pouvoir convaincre le patronat belge de le construire ici aussi, en mettant les minimexés et les chômeurs au travail en échange d’un repas à midi et au soir…
En fait, tout cela n’a rien de socialiste, car il est clair que les entreprises ‘‘socialistes’’ fonctionnent exactement comme leurs consœurs capitalistes, c’est-à-dire sur base de l’exploitation de la classe des travailleurs. On peut, au mieux, visiter des coopératives où les travailleurs s’auto-exploitent, mais l’on doit malheureusement constater que l’écrasante majorité fonctionne sur base d’une exploitation directe, faite par le ‘‘patron Etat’’.
Perspectives
Sur ces deux dernières années, on a assisté à un changement visible du processus sous l’effet combiné de la crise économique (3% de récession en 2009 et presque pareil en 2010, en raison de la crise bancaire au Venezuela et du prix peu élevé du pétrole) et de la fatigue et de la démotivation de plus en plus grandes parmi les masses. Les missions rencontrent de plus en plus de difficultés, en terme financier et de capacité de développement. On assiste à une vague de licenciements dans les entreprises d’Etat, comme par exemple au ministère des finances où plus de 1.200 travailleurs ont appris leur licenciement au Noël dernier. Chavez a annoncé de nouvelles mesures économiques, notamment l’augmentation de la TVA. Une drôle d’idée pour un soi-disant socialiste ! L’augmentation des prix du pétrole suite aux révolutions en Afrique du nord et au Moyen-Orient vont peut-être permettre au chavisme de retarder ces mesures d’austérité, mais il est aujourd’hui clair que si des problèmes économiques subsistent au Venezuela, le chavisme ne va pas forcément faire payer le patronat, les travailleurs seront visés.
On assiste d’ailleurs à une utilisation de plus en plus importante de la répression contre toute forme de lutte ou de critique. Les cas de syndicalistes en prison sont nombreux, comme par exemple Ruben Gonzales, membre du PSUV, délégué syndical depuis des années dans l’entreprise FERROMINERA del Orinoco. Il a été privé de liberté depuis le 24 septembre 2009 parce qu’il a dirigé une grève de 16 jours pour obtenir des contrats collectifs dans une entreprise d’Etat. On a l’exemple des travailleurs d’IOSA, une entreprise pétrolière, ceux-ci sont entrés en lutte pour des augmentations de salaire et le patron a directement licencié les grévistes. Le mouvement a donc continué avec la revendication de la réintégration des licenciés et de la nationalisation de l’entreprise sans rachat ni indemnité. Les travailleurs demandaient l’intervention de Chavez en ce sens, ils n’ont pas reçu de réponse, ils ont seulement vu l’arrivée de leur patron, donnant des ordres à la garde nationale afin de briser le piquet de grève.
Le chavisme, en tant que courant bureaucratique réformiste, est dans l’incapacité de répondre aux demandes des travailleurs en lutte. Certaines des plus importantes promesses électorales qui datent de 1998 n’ont toujours pas été accomplies, comme celle de changer la loi du travail néolibérale qui a été appliquée dans les années ‘90. L’ouverture de discussions sur les conventions collectives de travail ou le droit à la sécurité sociale se font également attendre et on assiste à des luttes de plus en plus importantes autour de ces questions. Il est déjà difficile de maintenir le développement des missions, il est alors très clair que toute ces nouvelles avancée sociales voulues par les travailleurs sont impayables par le chavisme s’il persiste à ne pas rompre avec le capitalisme. On ne pourrait passer ces mesures qu’en s’attaquant frontalement au patronat et aux riches présents au Venezuela.
On constatera donc que ceux qui croyaient que le processus véritablement révolutionnaire qui était présent au Venezuela était un processus linéaire et irréversible vers le socialisme se sont trompés. Un processus a en effet une forme, un rythme, un timing, et si les conditions pour construire le socialisme au Venezuela sont mûres depuis 2002-2003, on peut dire qu’elles commencent sérieusement à pourrir depuis peut-être deux ans.
Il semble cependant que la droite ne soit pas encore suffisamment rétablie que pour gagner les prochaines élections présidentielles de 2012. Elle reste encore très divisée et ne dispose pas d’une figure qui pourrait tenir tête directement à Chavez. Cela permet donc d’éviter le pire pour un temps. Les prix du pétrole qui augmentent cette année suite aux révolutions en Afrique du nord et Moyen-Orient donnent également une marge financière au chavisme pour se maintenir encore quelque temps. Nous somme cependant dans une situation où une opposition de gauche au chavisme doit se constituer au plus vite afin de proposer des méthodes et un véritable programme socialiste. Ce n’est pas une tâche facile dans un pays où la polarisation politique extrême entre chavistes et non-chavistes ne permet pas de réel débat de fond. C’est également très difficile au vu de l’inconsistance politique de beaucoup de petites organisations à gauche du chavisme qui se contentent de critiques de façade tout en capitulant presque systématiquement devant le chavisme. La construction d’une opposition de gauche au chavisme, sérieuse et crédible, devient pourtant une nécessité au vu de l’incapacité de plus en plus manifeste de celui-ci à construire le socialisme.
Un bon début pour une telle opposition de gauche serait de proposer :
- L’introduction d’un véritable système de contrôle ouvrier, via des comités de délégués élus et révocables, qui contrôleraient la marche quotidienne des entreprises. L’ouverture des livres de comptes de toutes les entreprises – y compris des entreprises nationalisées – afin d’être inspectées par des comités de travailleurs, pour mettre un terme à la corruption et de déraciner la bureaucratie.
- Ces comités doivent être reliés au niveau de leur ville, de leur région et au niveau national. Les entreprises d’Etat doivent être gérées sur base d’un système de gestion démocratique ouvrière, les conseils d’administration de telles entreprises devant être composés de représentants élus des travailleurs de l’industrie, des couches plus larges de la classe ouvrière et des pauvres, et d’un gouvernement ouvrier et paysan.
- Tous les cadres doivent être élus et révocables à tout moment, et ne doivent pas recevoir plus que le salaire moyen d’un ouvrier qualifié.
- L’expropriation des banques, des multinationales et des 100 familles les plus riches qui contrôlent toujours l’économie vénézuélienne, et l’introduction d’un plan socialiste démocratique de production.
- La formation d’une fédération syndicale indépendante et démocratique, avec une direction élue, redevable à et contrôlée par la base des membres. La lutte pur un tel programme est maintenant urgente afin d’insuffler un souffle nouveau dans la révolution vénézuélienne et d’empêcher sa stagnation et la menace de la contre-révolution.
NOTES
(1) Résultat des élections de 2010 :
- Opposition de droite : 5 334 309
- PPT (allié a la droite) : 354 677
- PSUV (et alliés comme PCV) : 5 451 422
(2) Le secteur privé représente toujours 58,3% du PIB en 2010, pour 58,8% en 1997. Sur base des chiffres du PIB par secteur de la Banque Centrale du Venezuela (http://www.bcv.org.ve/c2/indicadores.asp)
(3) Si on en arrive la, c’est parce que la tentative du chavisme de créer bureaucratiquement son propre syndicat n’a pas fonctionné, celui-ci, l’UNT, est le syndicat minoritaire. Les travailleurs ayant préféré rester dans leurs organisations syndicales traditionnelles.
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Socialisme 2011: Venezuela, rapport d’un témoin
Ce dimanche 13 mars, une des commissions du week-end ”Socialisme 2011” sera consacrée à la situation au Venezuela. Benjamin Dusaussois est étudiant en Sciences de la population et du développement et responsable du Parti Socialiste de Lutte dans le Hainaut. Il revient d’un séjour de 6 mois au pays du ”socialisme du 21ème siècle”.
Il témoignera des changements en cours au Venezuela aujourd’hui et des dangers qui menacent la classe des travailleurs vénézuéliens. Entre le renforcement de la bureaucratie chaviste, le développement de la boli-bourgeoisie et le retour de la droite sur la scène politique, il est devenu plus qu’évident que la contre-révolution gagne du terrain. Le Venezuela fut un précurseur des luttes contre le néolibéralisme que l’on voit aujourd’hui en Afrique du nord et au Moyen Orient, il est donc plus que nécessaire de tirer les leçons de cette expérience.
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10e Congrès Mondial du CIO : Croissance précaire et crise en Amérique Latine
La fin du siècle dernier et le début de celui-ci ont connu des mouvements et des luttes majeurs contre le néolibéralisme à travers toute l’Amérique Latine. Lors du Congrès Mondial du CIO de décembre dernier, une commission spéciale a été consacrée à l’Amérique Latine et s’est concentrée sur les problèmes d’ampleur et fondamentaux auxquels sont confrontées la classe ouvrière et les masses de ce continent. En attendant la résolution consacrée à l’Amérique Latine, voici un rapport de la discussion qui a pris place.
Rapport de la discussion
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10e Congrès Mondial du Comité pour une Internationale Ouvrière
Le 10e Congrès Mondial du Comité pour une International Ouvrière (CIO) s’est déroulé en décembre en Belgique. Ont participé à cet événement entre autres des délégués et des visiteurs en provenance d’Afrique du Sud, d’Allemagne, d’Angleterre et du pays de Galles, d’Argentine, d’Australie, d’Autriche, de Belgique, du Chili, de Chypre, d’Écosse, d’Espagne, des États-Unis, de France, de Grèce, de Hong Kong, d’Inde, d’Irlande, d’Israël, d’Italie, du Kazakhstan, de Malaisie, des Pays-Bas, du Nigéria, de Pologne, du Portugal, du Québec, de Russie, du Sri Lanka, de Suède, de Taïwan, de Tchéquie, et du Venezuela.
Ce Congrès a duré une semaine et a discuté des principaux enjeux auxquels est confrontée la classe ouvrière internationalement dans cette période d’attaques d’austérité sauvages ainsi que des tâches du CIO.
Nous allons publier sur ce site différents textes et résolutions concernant ce Congrès.
- Rapport de la discussion sur les relations mondiales
- Résolution sur L’Europe (1)
- Résolution sur L’Europe (2)
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L’arrivée au pouvoir du régime de Chavez au Venezuela et la lutte explosive de la classe ouvrière pour contrer la tentative de coup d’État en 2002, la révolte massive en Argentine en 2001, la guerre de l’eau et la guerre du gaz en Bolivie, ainsi que l’élection dans ce pays de son tout premier Président indigène, Evo Morales, mais aussi le renversement de trois Présidents en Équateur et l’élection de toute une série de gouvernements qui s’opposent au néolibéralisme, voilà des événements dont l’impact a largement dépassé le cadre de l’Amérique Latine et a touché le monde entier.
La croissance économique en Amérique Latine entre 2003 et 2008, de 5,5% en moyenne, a “interrompu” la lutte contre le néolibéralisme dans de nombreux pays. Toutefois, la crise économique mondiale qui a débuté en 2008 a temporairement tranché à travers cette période de croissance exceptionnelle, et le PIB a décru de 1,9% en Amérique Latine et aux Antilles. Le chômage s’est accru de 3 millions de personnes dans la région. Les plans de relance et l’intervention des gouvernements sous la forme de crédits à bas taux ont aidé à éviter une récession prolongée et on prévoit de la croissance pour 2010. La dépendance croissante par rapport à la Chine a eu un impact profond. Tandis que les exportations de l’Amérique Latine ont chuté de 22,6% en 2009. On estime qu’elles vont maintenant croitre de 21,4% en 2010, surtout grâce à l’augmentation des ventes à l’Asie et à la Chine.
La situation économique n’est pas uniforme à travers toute l’Amérique Latine. Le Mexique et les pays d’Amérique Centrale comme El Salvador, le Honduras, le Nicaragua et le Costa Rica sont ceux qui ont le plus souffert de la crise mondiale, tout comme le Venezuela, qui a été gravement affecté par la chute des prix du pétrole.
La nouvelle dépendance par rapport à la Chine
La relation économique avec la Chine et la hausse des prix des matières premières ont aidé la région à sortir de la récession, mais cela ne s’est pas fait sans en payer le prix. En 2000, les échanges commerciaux entre l’Amérique Latine et la Chine étaient d’une valeur de 10 milliards de dollars par an. Aujourd’hui, la valeur de ces échanges est de 100 milliards de dollars par an ; on a donc assisté au décuplement de ce commerce. On estime que d’ici quelques années, la Chine va dépasser l’Union Européenne en tant que second partenaire commercial de l’Amérique Latine. Mais cette relation s’avérera au final nocive pour les masses du continent. Le commerce est concentré sur la vente de matières premières à la Chine qui, à son tour, exporte des produits industriels finis. Par conséquent, l’accroissement du commerce avec la Chine mène petit à petit à une désindustrialisation en Amérique latine et renforce sa dépendance à l’exploitation de matières premières.
Contrairement aux discours de certains gouvernements, ceci ne représentent pas un grand pas en avant pour l’Amérique Latine. La relation avec la Chine n’est pas progressive, et cette période ne sera pas comme celle des années ’30, période durant laquelle de nombreux pays sont sortis renforcés par la hausse de leur industrialisation. C’est tout à fait le contraire qui est maintenant en train de se produire.
En 1999, les matières premières représentaient 26,7% du total des ventes de l’Amérique Latine, mais ce chiffre s’est accru jusqu’à 38%. Par exemple, le Brésil fournit 45% de l’ensemble du soja qui est importé par la Chine. Au cours des quatre premiers mois de 2009, les exportations du Brésil vers les États-Unis ont chuté de 37,8%, tandis que celles en direction de la Chine ont crû de 62,7%. Cette relation économique croissante avec la Chine a aidé à “protéger” la majorité de la région contre les pires conséquences de la crise internationale.
Le Mexique a connu une chute de 6,5% de son PIB en 2009, et est plongé dans une crise sociale majeure, avec une véritable guerre civile entre les trafiquants de drogue et le gouvernement qui a perdu son contrôle sur plusieurs régions. Au cours des quatre dernières années, 28.000 personnes ont perdu la vie au cours de cette “guerre”, avec 10.000 morts rien qu’en 2010! Quatorze maires et préfets ont été assassinés par les narcotrafiquants, et une corruption rampante impliquant la police a gravement limité la capacité de l’État à faire face à cette crise majeure.
Crise au Venezuela
Le Venezuela est en récession, on y prévoit une chute du PIB de 3% cette année. Reflétant une chute du soutien à Chavez et à son gouvernement lors des élections à l’Assemblée nationale, les “Chavistas” ont obtenu une majorité des députés mais pas des voix. Chavez n’a plus la majorité des deux tiers à l’Assemblée, qui lui permet de faire passer les législations importantes, et la droite dispose maintenant d’une importante tribune parlementaire. Si les forces capitalistes de droite parviennent à présenter une candidature unie, il serait alors possible que Hugo Chavez connaisse une défaite lors des élections présidentielles de 2012. Cependant, à l’heure actuelle, l’alliance de la droite est précaire et il lui manque un candidat crédible. Par conséquent, le plus probable reste la réelection de Chavez.
La baisse de son soutien et la récession ont poussé Chavez à adopter un langage “plus radical”. Il a introduit plus de nationalisations – bien que sur une base capitaliste – et parle de plus en plus de socialisme ; mais cela ne se reflète pas dans la politique du gouvernement. Il y a une tendance de plus en plus prononcée vers la bureaucratisation et la corruption, et il y a un renforcement des forces qui cherchent un compromis avec la droite et avec la classe dirigeante au sein du mouvement chavista. Sur le court terme, le régime pourrait continuer à zigzaguer d’une politique de gauche à une politique de droite et vice-versa, afin de maintenir sa position et sa base de soutien.
L’économie est dépendante du pétrole pour 90% de son revenu, et Chavez a tenté de rompre la dépendance du Venezuela par rapport aux exportations vers les États-Unis (75% des exportations de pétrole du Venezuela vont aux États-Unis, 15% vont vers la Chine). Le prix record du pétrole qu’on a connu les années passées a été la base de la stratégie des réformes de Chavez, qu’il a dénommée le “socialisme du 21ème siècle”. La chute des prix du pétrole et la récession ont coupé court à cette stratégie, qui a été remplacée par un programme de coupes dans les budgets sociaux à hauteur de 30% des dépenses, ce qui a eu un impact profond sur l’éducation et les soins de santé. 65% de tous les produits consommés sont importés, ce qui reflète l’échec persistant à industrialiser le pays. Jusqu’à 25% de l’économie a été nationalisée sur une base capitaliste, mais à cause de la bureaucratie, la plupart de ces entreprises ont fait faillite ou ont un impact négatif sur l’économie. Des accords sont en train d’être négociés avec des capitaux privés afin de transformer certaines de ces entreprises en partenariats publics-privés, au détriment des conditions pour le personnel !
Au cours des deux dernières années, il y a eu une importante hausse de la lutte, avec 6000 grèves et actions de protestation différentes. Ceci est un important développement puisque, jusqu’à présent, la lutte de la classe ouvrière restait en général “à l’ombre” du régime. Mais maintenant, on voit de plus en plus d’indépendance parmi certains secteurs. Chavez subit des pressions provenant de trois côtés différents : la pression internationale des forces étrangères qui s’opposent à son gouvernement, la pression des forces bourgeoises de droite au Venezuela, mais surtout, la pression croissante de la part de la classe ouvrière.
Il y a eu une hausse de la répression des groupes politiques qui critiquent Chavez. Les grèves ont été interdites dans le secteur de l’alimentation : on a dit aux travailleurs que le fait de partir en grève serait considéré comme un acte de trahison ! Cependant, malgré les méthodes réformistes, la bureaucratie grandissante et la répression de la part du gouvernement, le régime Chavez sont toujours perçues par beaucoup de travailleurs et de pauvres comme étant un obstacle au retour de la droite au pouvoir, ce qui amènerait une situation véritablement désastreuse pour eux.
En Bolivie, le gouvernement du MAS d’Évo Morales a remporté de très larges majorités lors des élections qui se sont déroulées en 2009 et en avril 2010. Le soutien de 64% à Morales est un reflet du désir des masses boliviennes de défaire les forces capitalistes droitières qui aimeraient renverser la roue de l’Histoire et retourner à la période d’avant Morales. Même Salvador Allende n’a jamais obtenu un tel niveau de soutien au Chili. Toutefois, le MAS et Morales n’ont pas utilisé ces victoires pour renforcer le développement du socialisme. Au lieu de ça, le gouvernement a continué à choyer les multinationales dans les régions minières et gazières, et s’est opposé aux mineurs et aux enseignants en grève.
Les camarades ont également bien illustré la crise et le vide politiques qui existent en Argentine, et qui ont été approfondi depuis la mort d’Ernesto Kirchner, et aussi par le rôle de la bureaucratie syndicale qui freine la classe ouvrière. Les travailleurs ont bien souvent toujours l’idée de Peron dans leur conscience, mais n’ont pas trouvé qu’aucun des récents gouvernements péronistes étaient véritablement “péronistes”. Il y a de plus en plus de soutien pour l’idée d’un nouveau parti des travailleurs.
Lors du Congrès, les camarades ont aussi discuté de la manière de faire face aux énormes illusions qui existent dans les gouvernements “de gauche” en Amérique latine, comme celui de Morales en Bolivie, qui sont arrivés au pouvoir en tant que représentants de mouvements révolutionnaires de masse des travailleurs et des pauvres, mais n’ont pas rompu de manière décisive avec le capitalisme, et ont maintenu intacts l’État et l’économie capitalistes. Ces gouvernements mettent maintenant en danger les acquis de ces processus révolutionnaires. La construction de mouvements de masse organisés de manière indépendante par les travailleurs, qui puissent exiger que ces mouvements révolutionnaires aillent jusqu’au bout – jusqu’au socialisme international – et se préparent à jouer un rôle décisif dans le développement de la révolution en Amérique latine, est un pas nécessaire et crucial qui reste à réaliser.
Des événements tragique ont commencé à Cuba, avec la décision de la part du Parti communiste cubain d’introduire d’importantes coupes dans les dépenses publiques, ce qui aura pour conséquence le licenciement d’un million de travailleurs du secteur public. La première vague de 500 000 licenciements est prévue pour mars 2011. Ces plans vont mener au renvoi de 20% des travailleurs cubains ! Le gouvernement de Raul Castro a décidé d’“encourager” ces travailleurs à démarrer leur propre entreprise et à devenir indépendants. Des sections entières de la bureaucratie cubaine sont en faveur d’une restauration du capitalisme à Cuba, tandis que d’autres s’y opposent ou hésitent. Les tentatives de faire emprunter à Cuba le même chemin que la Chine ne se dérouleront pas de manière simple ni linéaire. Cuba n’est pas la Chine, et les tentatives d’encourager les petites entreprises et, potentiellement, d’importantes privatisations capitalistes, sont compliquées par la crise économique mondiale et par les capitalistes cubains exilés à Miami et qui attendent la moindre opportunité pour revenir réclamer leurs propriétés qui leur ont soi-disant été volées. Un document de 32 pages a été publié par le Parti communiste afin de clarifier les procédures de développement du marché, de la légalisation des petites entreprises dans 118 zones et concernant le droit à acheter, vendre ou louer leur maison.
Le Parti communiste cubain a perdu sa base de soutien parmi la jeune génération à cause du rôle de la bureaucratie, et il s’est engagé dans une manœuvre extrêmement ardue. Le CIO est convaincu que l’avenir de Cuba ne se trouve pas dans la restauration du marché capitaliste avec toutes ses déficiences, ni dans la continuation du status quo sous la direction du Parti communiste.
Au lieu de cela, la classe ouvrière cubaine doit engager la lutte pour une véritable démocratie ouvrière, de sorte que l’économie planifiée cubaine soit placée sous le contrôle de la classe ouvrière et que pour une fois, le socialisme véritable puisse prospérer et devenir un point de ralliement pour les masses en lutte à travers toute l’Amérique Latine, les Antilles et le reste du monde.
Le Brésil et le Mexique sont les deux pays les plus développés de la région. Les multinationales brésiliennes sont en train de développer d’importants investissements dans les autres pays d’Amérique Latine, et le Brésil joue un rôle de puissance impérialiste régionale, avec Lula qui se présente comme le pompier du capitalisme qui tente d’empêcher le positionnement encore plus à gauche de pays tels que le Venezuela ou la Bolivie. Sur les 500 plus grandes entreprises opérant en Amérique Latine, 226 sont brésiliennes. Petrobras compte pour 17% du PIB bolivien. Les élections fédérales de 2010 ont vu la victoire de Dilma, le candidat soutenu par Lula, qui a remporté la majorité à la Chambre comme au Sénat. Les camarades du Brésil ont expliqué comment la vague de “lulaïsme” actuelle s’est développée et s’est maintenue sur base de la conjoncture économique actuelle et des réformes limitées qui ont été mises en place. Par exemple, 3 millions de jeunes en plus ont maintenant rejoint l’université. Cela ne va pas durer indéfiniment, et pourrait mener à une crise majeure. D’un autre côté, il y a une polarisation sociale croissante au Brésil. Il y a cinq millions de chômeurs et afin de d’éviter la crise économique, Lula a instauré un plan de relance de 300 milliards de réals (135 milliards €). La société brésilienne est aussi touchée par la malédiction de la drogue et de la dégradation sociale. Il y a eu une tentative par l’État de militariser les bidonvilles. La police a occupé certains bidonvilles, et les morts de personne du peuple au cours de la “guerre contre la drogue” ne sont pas rapportées dans les médias. Seul 1% des habitants de ces bidonvilles sont liés au trafic de drogue ; 90% des habitants des bidonvilles sont noirs.
Lula va pouvoir se représenter aux élections présidentielles de 2014, et en attendant, il espère que son allié Dilma va pouvoir maintenir sa base de soutien. Afin de construire une alternative au PT et à Lula/Dilma, le CIO au Brésil continue à lutter pour construire un soutien au sein du PSOL et pour mettre un terme à son virage vers la droite.
Le Congrès mondial du CIO a représenté un pas en avant pour les forces du marxisme en Amérique Latine, avec la reconnaissance de deux nouvelles sections au Venezuela et en Bolivie, et pour la première fois, la participation de camarades d’Argentine.
Il est essentiel que de véritables partis de la classe ouvrière soient construits en Amérique Latine afin de contribuer à la construction et à la direction des courageuses luttes des masses du continent dans la direction de la transformation socialiste, seule solution pour débarrasser cette région de la malédiction du capitalisme.
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Quel avenir pour Cuba ?
Ce 8 septembre, Fidel Castro a accordé une interview au magazine américain ‘‘The Atlantic’’ dans laquelle il a affirmé que ‘‘le modèle cubain ne fonctionne plus’’. Après cela, le 14 septembre, le syndicat cubain a annoncé la suppression de quelques 500.000 emplois dans la fonction publique d’ici mars 2011. Effectivement quelque chose ne fonctionne plus…
Par Pablo N. (Bruxelles)
Bien sûr, l’Ile doit faire face à une aggravation conjoncturelle de sa situation notamment due aux 3 cyclones qui ont ravagé l’économie cubaine en 2008 et à la crise internationale qui frappe aussi là-bas, bien évidemment. Mais à côté de ces éléments se trouvent des problèmes structurels comme le blocus économique imposé par l’impérialisme américain, la productivité et le marché noir.
Le régime cubain riposte par des mesures d’austérité dignes de nos politiciens néolibéraux : suppression des cantines dans les entreprises d’Etat, diminution des bourses universitaires, augmentation de l’âge de départ à la retraite, etc. Et maintenant, ce licenciement massif. Cuba fournira encore à tous ces gens les meilleurs systèmes de santé et d’éducation de tout le continent américain, mais rien ne garantit que les salaires seront les mêmes.
Au-delà de cela se pose surtout l’idée du gouvernement cubain de jeter tous ces gens dans le secteur privé en créant ainsi un embryon de marché du travail et restaurer avec patience le système capitaliste, avec en exemple la Chine ou le Vietnam. En réaction s’élèvent plusieurs voix d’intellectuels, de militants du Parti Communiste Cubain (PCC) et des Jeunesses Communistes.
Par exemple, lors du dernier congrès du PCC en 2009 (celui qui a entériné cette politique pro-capitaliste), une plateforme de ‘‘communistes et révolutionnaires cubains’’ a proposé des points programmatiques comme la constitution de conseils ouvriers contrôlant les décisions dans les centres de travail, la modification du système électoral dans le sens d’une démocratie plus participative ou encore la possibilité de construire des courants au sein du Parti.
Bref, à Cuba, rien n’est encore joué et les masses vont intervenir dans le processus actuel.
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[DOSSIER] Venezuela – Parler du socialisme ne suffit pas, il faut passer à l’action
Le 26 septembre se dérouleront des élections générales au Venezuela. Pour la première fois depuis un moment déjà, certains sondages suggèrent qu’il est possible que le président Hugo Chavez perde sa majorité. La récession, la crise énergétique, la haute inflation, la criminalité et l’insatisfaction envers la bureaucratie et la corruption ont sapé le soutien pour Chavez.
Par Marcus Kollbrunner, Liberdade, Socialismo e Revolução (CIO-brésil)
La réponse de Chavez à ces problèmes a été d’intensifier sa rhétorique gauchiste tout en réprimant quelques-uns des plus puissants et riches capitalistes du pays. Voici un exemple de sa rhétorique gauchiste, issue d’une interview accordée à BBC Hard Talk le 14 juillet dernier;
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"Je vais vous dire quelque chose ; cela fait 11 ans que je suis arrivé au pouvoir et j’étais très naïf, je croyais à la ‘Troisième Voie’. Mais c’était une farce. Je croyais possible d’introduire le ‘Capitalisme rhénan’, le ‘Capitalisme à visage humain’, mais je me suis rendu compte que c’était impossible, que je m’étais trompé. Le capitalisme, c’est le règne de l’injustice, la tyrannie des plus riches sur les plus pauvres,… c’est pourquoi la seule manière de sauver le monde est le socialisme. Le socialisme avec la démocratie."
Cependant, même des anciens partisans de Chavez en sont venus à critiquer sa politique. Heinz Dieterich, lequel avait été conseiller du gouvernement et était l’idéologue derrière le slogan du ‘Socialisme du 21e siècle’, a déclaré lors d’une interview avec El Nacional en mars dernier que : "La politique du président n’a construit aucune institution que l’on pourrait appeler ‘Socialisme du 21e siècle’ (…) Rien n’a été fait au Venezuela qui ne diffère des marchés en Europe. Les programmes sociaux sont très positifs, mais rien de cela n’est le socialisme." La rhétorique de Chavez ne répond pas aux attaques de plus en plus nombreuses qui visent les travailleurs luttant pour de meilleures conditions.
Chavez est arrivé au pouvoir après les élections en 1998, une victoire qui était l’expression d’un profond mécontentement populaire envers la vielle élite et contre la politique néolibérale qui avait grandement augmenté l’écart de richesse et la pauvreté, malgré les ressources pétrolière conséquentes du pays. Chavez disait alors qu’il voulait mettre en œuvre la "Révolution Bolivarienne", se référant ainsi à Simon Bolívar qui avait lutté pour l’indépendance contre la domination coloniale espagnole au 19e siècle.
L’idée derrière cette "Révolution Bolivarienne" était d’introduire des améliorations pour la majorité de la population et de rompre avec la dépendance de l’impérialisme (les États-Unis sont toujours le premier partenaire commercial du pays). En augmentant les impôts et en prenant le contrôle du pétrole, il parvint à mettre en œuvre d’importantes réformes, lesquelles ont permis d’accroître l’accès aux soins de santé et à l’éducation pour les couches les plus pauvres de la population.
Mais la tentative d’introduire un capitalisme d’Etat-providence à l’européenne, le ‘Capitalisme rhénan’, a rencontré la résistance de l’élite. Avec le soutien de l’administration Bush, la riche élite tenta d’ailleurs de renverser Chavez lors d’un coup d’Etat en avril 2002 mais fut contrecarré par une révolte populaire spontanée. Fin 2002 – début 2003, une autre tentative de renverser Chavez a aussi eu lieu, cette fois-ci sous la forme d’une "grève générale" du patronat, un lockout destiné à saboter l’économie. Déjà à ce moment-là, Chavez aurait dû conclure qu’il était impossible de faire disparaitre les injustices à travers des réformes et qu’il était donc nécessaire de tout simplement rompre avec le capitalisme. Mais il a continué de tenter de former des alliances avec des sections de la bourgeoisie nationale.
La pression pour le changement issue d’en bas ainsi que les continuelles confrontations avec la vielle élite eurent toutefois pour résultat de pousser Chavez à déclarer début 2005 qu’il allait désormais s’efforcer de construire le "Socialisme du 21e siècle". Mais sa vision du "socialisme" était surtout celle du modèle cubain, où la bureaucratie est au pouvoir. Ce concept convenait bien à Chavez lequel, ayant fait carrière comme officier, était habitué à donner des ordres. Il ne s’est pas rendu compte de la nécessité d’organisations indépendantes de la classe ouvrière. Ceci renforça l’idée que tout devait être contrôlé d’en haut et la "Boli-bureaucratie" qui se développa avec tous les opportunistes qui affluèrent vers le pouvoir n’a fait qu’accroitre cette tendance. En conséquence, le régime de Chavez est marqué par la prédisposition de la bureaucratique à zigzaguer et à agir de manière arbitraire ainsi que par une mauvaise gestion.
Après une profonde crise économique en 2002-2003, la production s’est de nouveau remise à croitre rapidement avec l’aide de la hausse du prix du pétrole. En cinq ans, l’économie connut une croissance de 95%, la pauvreté diminua de moitié et la pauvreté extrême de 70 %. Les dépenses sociales furent triplées et la population connut un accès accru aux soins de santé et à l’éducation.
Pourtant, malgré les déclarations de Chavez selon lesquelles sa « politique socialiste » immunisait le pays contre les crises capitalistes, le Venezuela a été très durement touché par la dernière crise mondiale, avec une chute du PIB de 3,3 % en 2009, et il est fort probable que PIB chute encore cette année-ci. D’après l’économiste américain Mark Weisbrot, le gouvernement n’a pas instauré de politique visant à stimuler l’économie, ce qui contraste avec la situation de la Bolivie par exemple, où de telles mesures ont aidé l’économie à connaitre une croissance de 3 %. Au contraire, la croissance annuelle des dépenses d’Etat tomba de 16,3 % en 2008 à un misérable 0,9 % en 2009. Le gouvernement a également augmenté la TVA au début de l’année, ce qui a surtout frappé les pauvres.
Au début de l’année, l’économie du pays fut affectée par d’importants problèmes d’approvisionnement énergétique, ce qui contribua à faire chuter le PIB de 5,8 % lors du premier trimestre. De plus, le phénomène climatique « El Niño » a été exceptionnellement sévère cette année. Si le sud du Brésil a connu de grandes précipitations, le Venezuela a connu l’effet contraire : la pire sécheresse depuis un siècle. Ainsi, le niveau du barrage Guri, qui produit 70% de l’énergie électrique du pays, a dramatiquement chuté. En conséquence, l’eau et l’électricité ont été rationnées, ce qui a affecté l’activité économique. Cette crise n’a cependant pas uniquement été causée par El Niño, mais aussi par le manque d’investissements et de planification concernant la production énergétique.
Le Venezuela doit chroniquement faire face à des taux d’inflation élevés. Le gouvernement a accru de 25 % le salaire minimum cette année, mais cela n’a pas été suffisant pour couvrir la hausse des prix. L’année dernière, l’inflation était de 25 % et de 30% cette année, mais l’inflation sur les produits alimentaires est de 40 %. Comme le cours de change officiel du dollar n’a que peu de fois été ajusté ces dernières années depuis l’introduction du contrôle d’Etat sur le commerce des devises en 2003, le taux élevé d’inflation a conduit à une surévaluation de la monnaie au cours des dernières années. Néanmoins, cette tendance de surévaluation de la monnaie puise ses origines plus loin dans le passé. L’afflux de dollars dû à l’exportation du pétrole a maintenu la monnaie forte et moins cher l’importation de nourriture tout en entraînant une plus grande dépendance envers ces importations, au détriment de la production domestique.
Cette tendance a encore été amplifiée en 2003, lorsque Chavez a pris contrôle de la compagnie pétrolière PVDSA. Il a utilisé l’argent issu du pétrole non seulement pour mettre en œuvre d’importantes réformes, mais aussi pour importer de la nourriture afin de fournir des vivres bon-marché à 19 mille magasins alimentaires publics. En 2008, une compagnie alimentaire d’Etat fut fondée, la PDVAL, subsidiée par la PVDSA, pour s’occuper de l’importation et de la distribution de nourriture. Ainsi, la moitié des revenus issus du pétrole sont utilisés pour importer des denrées alimentaires.
Actuellement, le Venezuela importe deux tiers de sa nourriture. La tentative du gouvernement d’introduire une réforme agraire – 2,7 millions d’hectares (presque 1/10 des terres arables) ayant été redistribués – n’a pas eu d’effet considérable sur la production alimentaire en raison du manque de machines et de capitaux ainsi que de l’omniprésence de la bureaucratie. Le contrôle des prix par l’Etat est insuffisant pour mettre fin à l’inflation sur la nourriture, puisque les fournisseurs alimentaires privés refusent souvent de vendre aux prix établis par l’Etat. C’est dans ce contexte que Chavez a menacé de prendre des mesures contre les grandes entreprises alimentaires.
D’après l’économiste vénézuélien Angel Alayon, de l’organisation des producteurs alimentaires, l’Etat contrôle 75 % de la production de café, 42 % de la farine de maïs, 40 % du riz, 52 % du sucre et 25 % du lait. Mais cela n’a en rien aboli les pénuries rencontrées dans l’approvisionnement en nourriture.
Récemment, il a été révélé que des milliers de tonnes de nourriture, sous la responsabilité de la PDVAL, étaient en train de pourrir dans des containers. Cela représente un autre exemple de mauvaise gestion bureaucratique, peut-être mêlé à de la corruption, au profit des spéculateurs.
Au début de l’année, la monnaie vénézuélienne, le Bolivar, a été dévaluée et deux taux de changes ont été fixés pour le dollar, le plus bas pour rendre moins cher l’importation de nourriture, de médecines et d’autres produits de base et un autre pour les produits de luxe. Ceci n’a, toutefois, pas empêché un marcher parallèle avec les dollars, avec une valeur même plus élevée pour celui-ci. Dernièrement, l’Etat a réprimé les marchands en dollars et a établi son propre "dollar parallèle", avec une valeur flottante. Il est cependant peu probable que cette mesure mette fin au marché noir comme la moitié des importations sont payées avec le dollar parallèle.
La dévaluation est une conséquence de l’inflation, mais elle peut conduire à d’autres augmentations de prix. En même temps, les entreprises privées savent tirer profit de cette situation. Pour les multinationales, par exemple, les salaires des travailleurs vénézuéliens deviennent moins chers alors que les travailleurs doivent faire face à des hausses de prix.
Entre-temps, les reformes sociales stagnent ; de nombreux projets se sont détériorés et d’autres n’ont pas été pleinement mis en œuvre à cause de la corruption, les fonds étant épuisés avant que le projet ne soit complété, ou alors c’est la lenteur bureaucratique qui fait obstacle.
Chavez a souvent répondu à ces différentes crises par des discours radicaux et des menaces de nationalisations. La mise en œuvre de ces dernières a, toutefois, souvent été pleine de contradictions. La nationalisation a souvent voulu dire que l’Etat achète la majorité des actions laissant l’ancien propriétaire comme actionnaire minoritaire. Cela a été le cas, par exemple, pour la chaîne de supermarchés franco-colombienne Exito, laquelle a reçu beaucoup d’attention dans les médias.
Les contradictions entre les discours et les actions sont dû à certains facteurs qui sont en interaction :
- Premièrement, Chavez n’a pas de stratégie cohérente, mais réagi aux différentes crises au fur à mesure qu’elles apparaissent.
- Deuxièmement, il a établi des alliances avec des éléments de la bourgeoisie nationale, la « Boli-bourgeoisie » et ne s’attaque à ces bourgeois que quand ceux-ci rompent les relations ou si les contradictions deviennent trop fortes.
- Troisièmement, Chavez est influencé par ses « amis » étrangers, de Cuba jusqu’au Brésil et la Chine, de l’Iran à la Russie. Ceci autant idéologiquement, comme c’est le cas avec Cuba, mais aussi à travers différentes transactions commerciales avec la Chine, la Russie, etc. Par exemple, quand les travailleurs de l’ancienne aciérie d’Etat SIDOR demandèrent la renationalisation, Chavez refusa d’abord comme il ne voulait pas offenser le gouvernement argentin, principal propriétaire.
- Dernièrement, et ceci n’est pas le moindre des facteurs, Chavez règne à travers une couche de bureaucrates, laquelle a ses propres intérêts et sabote souvent les programmes publics.
Chavez est forcé de s’attaquer à la bureaucratie et de nationaliser certaines entreprises, mais il n’est pas capable d’éliminer la bureaucratie tout entière, comme son pouvoir repose sur celle-ci. Il ne fait pas confiance à la puissance de la classe ouvrière et à ses organisations indépendantes, qui sont pourtant les seules forces capables de s’en prendre à la bureaucratie.
Ceci conduit à une politique marquée par des tournants soudains et des changements abrupts, alors que le système capitaliste persistant et la mauvaise gestion de la bureaucratie étouffent l’économie. Dans ce contexte, les interventions de Chavez contre les capitalistes et les bureaucrates se font erratiques et arbitraires, puisqu’il s’attaque à d’anciens alliés.
La seule force capable de changer cette situation pour le mieux est la classe ouvrière organisée. Mais la bureaucratie rejette l’organisation et la lutte indépendante des travailleurs comme celles-ci représentent une menace pour leur pouvoir.
La lutte croissante de travailleurs de ces derniers temps a été l’objet de répression de la part de l’Etat et de la bureaucratie, une répression aggravée par les déclarations de Chavez que tous ceux qui font preuve d’opposition sont des "laquais de l’impérialisme". Des travailleurs en lutte font souvent face à une répression policière féroce. Plusieurs syndicalistes ont été tués, comme dans le cas de deux travailleurs qui ont trouvé la mort l’an dernier quand la police a tenté de briser l’occupation de l’usine de pièces de voitures Mitsubishi. A de nombreuses occasions, les travailleurs ont lutté pour la nationalisation des entreprises qui refusaient de leur donner des conditions décentes et, souvent, ils ont posé la question de la nécessité du contrôle ouvrier.
D’après Socialismo Revolucionario (section du Comité pour une Internationale Ouvrière au Venezuela), durant les dernières années, les travailleurs ont pris le contrôle de plus de 300 lieux de travail. Les travailleurs ont parfois reçu un certain soutien de l’Etat mais, bien plus souvent, ils ont été abandonnés et leurs efforts ont fini en défaite. Cela a notamment été le cas avec la tentative d’instaurer le contrôle ouvrier à Sanitarios Maracay. Certaines tentatives couronnées par le succès, comme à ALCASA, INVEPAL et INVEVAL, démontrent le potentiel d’un autre système qui ne repose pas sur le profit privé. Dans certaines entreprises, les travailleurs ont élus les plus hauts agents exécutifs.
Chavez a exprimé son soutien pour le contrôle ouvrier, mais la bureaucratie ne lâchera pas son pouvoir et ceci pose des limites à ces expériences. Malgré tous les discours sur la nationalisation et le "socialisme", l’Etat, d’après Chavez lui-même, ne contrôle que 30 % de l’économie, et seulement 26 % du secteur bancaire est aux mains de l’Etat.
Durant ces derniers mois, en réponse aux problèmes et en guise de se préparer pour sa campagne électorale, Chavez a accentué sa rhétorique radicale et a commencé de parler de mener une "guerre" contre "la bourgeoisie". Mais si la rhétorique n’est pas suivie d’actions réelles, l’effet peut être un scepticisme croissant, contre le "Socialisme du 21e siècle". Heinz Dietrich remarque dans son interview que "la conséquence logique de ceci est que le concept devient une banalité, ce qui pousse les gens à le rejeter." Il n’est pas à exclure que Chavez – si la crise s’approfondit, avec plus de sabotages de la part des capitalistes et plus de pression d’en bas – sera forcé d’aller plus loin avec les nationalisations. Il est difficile de dire jusqu’où il pourra aller dans cette direction.
Nous ne vivons plus dans un monde avec un bloc Stalinien, lequel pourrait permettre à Chavez de rompre avec le capitalisme et d’instaurer un système bureaucratique d’après le modèle de Moscou. Aujourd’hui, même Cuba se dirige en direction de la voie chinoise et s’ouvre à l’économie de marché, même si le processus est encore lent et ne suit pas une ligne droite. Il est possible pour le Venezuela de nationaliser une grande partie de son économie sans pour autant abolir le capitalisme. Durant la Révolution Portugaise de 1974-1975, l’Etat contrôlait presque 80 % de l’économie avant que le processus ne se dirige dans la direction inverse.
À l’intérieur du parti de Chavez, le PSUV (le Parti Socialiste Unifié du Venezuela), l’aile droite et la bureaucratie sont au pouvoir. Au début du mois de mai, le nombre impressionnant de 2,5 millions de membres du parti prirent part aux élections primaires, mais de nombreux militants de base se sont plaints que les candidats à la direction du parti disposaient de beaucoup plus de moyens pour mener leur campagne et qu’en fin de compte, ils ont presque tous été élus.
Il est encore trop tôt pour dire quel sera le résultat des élections. Néanmoins, malgré les plus faibles résultats dans les sondages de Chavez, ses opposants de droite ne bénéficient que de peu de soutien. Par ailleurs l’appareil d’Etat tout entier sera utilisé pour favoriser la candidature de Chavez. Le plus grand danger pour Chavez est une hausse de l’abstentionnisme, comme lors du référendum de 2007 concernant la modification de la Constitution.
Socialismo Revolucionario lutte pour des organisations des travailleurs indépendantes et en faveur d’une alternative socialiste, contre la vielle élite mais aussi contre la nouvelle élite bureaucratique qui étouffe le processus révolutionnaire.
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Solidarité avec le peuple Mapuche!
Ce jeudi 12 août, une trentaine de personnes ont participé à un rassemblement en soutien du peuple Mapuche et aux 32 prisonniers politiques mapuches incarcérés au Chili. Ces derniers sont en grève de la faim depuis le 12 juillet et demandent le droit à un procès équitable, l’élimination de la loi anti-terroriste utilisée pour réprimer le mouvement indien et la fin de l’utilisation des tribunaux militaires contre les civils. Des slogans ont été scandés comme "Liberar al mapuche por luchar" ou encore "El pueblo unido jamas sera vencido". Des slogans en français ont aussi été utilisés pour interpeller les passants dans la rue de l’ambassade chilienne où se tenait l’action avec par exemple: "libérez nos camarades mapuches". Des militants du PSL étaient présents et suivront de près les prochaines actions.
Pablo N. (Bruxelles)