Category: Amérique Latine

  • Venezuela / Colombie : Chavez rompt les relations diplomatiques avec la Colombie

    Pour la solidarité internationale et la lutte pour le socialisme!

    Le 22 juillet, le président Chavez a annoncé qu’il rompait tout lien diplomatique avec la Colombie. Cette décision a été prise après que le gouvernement colombien ait encore une fois dénoncé à l’OEA (l’organisation des Etats américains) la présence de la guérilla des FARC sur le territoire vénézuélien. Pour le gouvernement colombien, le gouvernement vénézuélien soutient et protège l’ELN et les FARC, qu’il qualifie de terroristes.

    Socialismo Revolucionario (CIO-Venezuela)

    Avant la période présente de tensions, le Venezuela et la Colombie ont partagé une longue histoire commune dans leur développement en tant que nations indépendantes. Jusqu’en 1830, les deux pays formaient une seule nation, “la Gran Colombia”, un projet d’unité continentale encouragé par Simon Bolivar. Mais après la mort du “Liberator” Bolivar, tant dans le territoire vénézuélien que dans le colombien, les classes dirigeantes ont développé des mouvements séparatistes ce qui a abouti à la fin de “la Gran Colombia” et à la formation des ces deux Etats qui existent toujours aujourd’hui. Le 20e siècle a vu des incidents variés apparaître entre les deux pays voisins, jusqu’à atteindre connaître des situations proches de la guerre, comme avec le conflit de “Caldas” en 1987, quand un bateau colombien a été coulé dans les eaux vénézuéliennes, ce qui avait aggravé la dispute concernant la frontière entre les deux pays au Golfe du Venezuela.

    Au cours de ces dernières 100 années, la grande majorité des conflits politiques entre Venezuela et Colombie ont été motivés par des questions territoriales, et largement “gagnées” par la Colombie. Mais c’est depuis l’arrivée de Chavez au pouvoir et la déclaration de la révolution bolivarienne en 1998 que nous avons vu se développer une période de tensions plus aigües.

    Depuis le début de la révolution bolivarienne il y a 11 ans, il y a eu divers incidents au scenario plus ou moins semblable: le gouvernement colombien accuse le Venezuela de soutenir les guérillas qu’il qualifie de terroristes, et le gouvernement vénézuélien répond en disant que l’administration colombienne est d’ultra droite et est un laquais de l’impérialisme.

    Au cours de ces dernières années, le gouvernement vénézuélien a aussi déclaré à la communauté internationale qu’il reconnaissait les guérillas colombiennes des FARC et de l’ELN comme des forces belligérantes et non comme des terroristes. Il argumente en disant que les guérillas colombiennes sont des combattants de la liberté armés, luttant contre une classe dirigeante qui attaque les intérêts du peuple. Cela a constitué l’une des déclarations de Chavez les plus sujettes à controverse et une des raisons principales qui explique pourquoi la classe dirigeante colombienne, dirigée par l’ancien président Alvaro Uribe et avec le soutien des USA, ont augmenté leurs attaques diplomatiques contre la révolution bolivarienne.

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    • Venezuela : Une nouvelle phase et de plus grands dangers. Vers où aller ?

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    Certains pourraient conclure que le conflit actuel entre la Colombie et le Venezuela est un conflit entre la gauche et la droite au niveau régional et international. Nous pouvons dire que cela est vrai en surface, mais des conclusions plus précises peuvent être tirées d’une analyse plus profonde.

    Colombie: nouveau président, même agenda

    La Colombie est en train d’opérer une transition “démocratique”, le gouvernement dirigé par le président Alvaro Uribe quittant le pouvoir après 8 ans. Mais Uribe avait tenté, en vain, de se représenter aux élections présidentielles avec un referendum constitutionnel permettant une réélection indéfinie, une belle hypocrisie quand on se souvient des critiques qu’avait reçues le gouvernement vénézuélien pour une même tentative! Juan Manuel Santos, le nouveau président colombien, partage les mêmes racines politiques qu’Uribe, et était son bras droit au Ministère de la Défense lors du précédent gouvernement, où il figurait parmi les plus intransigeants face au Venezuela.

    Uribe laisse derrière lui des scandales politiques, la crise sociale du para-militarisme et une région déstabilisée, conséquence de l’accord conclu avec les USA leur permettant d’installer 7 bases militaires dans le pays. Cela est vu par les Vénézuéliens comme une menace contre la révolution bolivarienne tout autant que comme une menace envers la stabilité du continent.

    La révolution bolivarienne en crise

    Au Venezuela, la situation est maintenant très fortement différente, tant sur le plan social que politique et économique. 11 ans après la révolution bolivarienne, le gouvernement n’a toujours pas développé d’économie alternative ni rompu avec le système capitaliste. L’économie du pays continue à être faible et dépendante du pétrole. Les 5 années de croissance économique du Venezuela étaient basées sur des hauts prix pétroliers ainsi que, par extension, sur la spéculation concernant les matières premières, ce qui a eu un rôle significatif dans le développement de la crise capitaliste actuelle. Une récession a suivi, qui a remis à l’agenda plusieurs problèmes qui semblaient être résolu au Venezuela grâce aux programmes sociaux financé par les revenus pétroliers.

    Selon les rapports économiques internationaux, dans la région, seules les économies du Venezuela et de Haïti, récemment touchée par un terrible tremblement de terre, restent en déclin. Cela a troublé les eaux du processus bolivarien et ouvert la voie pour une offensive de l’aile droite, dans le cadre des élections parlementaires du 26 septembre prochain où elle pourrait augmenter son nombre de sièges.

    Au même moment, même les politiques gouvernementales comme la création de structures similaires à des conseils communaux, le renforcement de l’intervention de l’Etat dans l’économie et d’autres politiques sociales qui avaient été abandonnées au cours de la précédente période de néolibéralisme, avant l’arrivée de la révolution bolivarienne, ont démontré leur insuffisance et les structures étatiques continuent à être de plus en plus touchées par l’inefficience bureaucratique et la corruption. Cela a été illustré dans le cas récent de la PDVAL, une entreprise alimentaire gouvernementale créée par la PDVSA (une compagnie pétrolière gouvernementale). En conséquence de corruption et d’incompétence, des tonnes de nourritures ont été perdues, ce après quoi énormément de gens ont commencé à considérer le gouvernement de Chavez comme étant opaque et manquant de transparence.

    Voilà le contexte du conflit actuel. Il s’agit bien du résultat d’une politique de menaces et d’intimidation contre la révolution bolivarienne mais, cependant, derrière la rhétorique diplomatique, le facteur le plus concret de cette situation est la construction de bases pour l’impérialisme américain en Colombie, qui n’a pas provoqué de réponse aussi forte du gouvernement vénézuélien. Les relations entre les deux pays se sont détériorées jusqu’à un point où le commerce entre les deux pays a chuté de 60%.

    Une intervention impérialiste ?

    Un des éléments clés de ce conflit est représenté par la tentative de l’élite politique dirigeante des deux pays de créer un conflit qui ne sert les intérêts d’aucune population de la région, mais qui a l’avantage de détourner leur attention de la situation qui se développe au Venezuela et en Colombie.

    Rien ne peut être certifié concernant une future action de l’impérialisme, mais pour l’instant, avec des Etats-Unis submergés par une crise économique et politique de grande ampleur, militairement embourbés dans les occupations de l’Irak et de l’Afghanistan, en crise ouverte avec le régime iranien, une intervention militaire directe des USA au Venezuela semble hautement improbable. Une telle intervention provoquerait une vague de solidarité internationale qui renforcerait les éléments anti-impérialistes et réveillerait le volcan de la révolution des Andes qui avait menacé d’explosé en 2002-2006, quand différents gouvernements de “gauche” avaient été élus dans la région. Cela referait apparaître la menace du début d’une véritable révolution socialiste, de la libération continentale et internationale et de la lutte pour une fédération socialiste d’Amérique Latine.

    Nous n’espérons pas voir se concrétiser la menace de l’impérialisme. Mais dans nos perspectives, actuellement, la plus grande menace pour le processus bolivarien est interne. Les tendances réformistes et “sociales-démocrates” conspirent ouvertement pour prévenir tout développement orienté vers la révolution socialiste. Leur rhétorique, qui se confine à la “libération nationale”, considère le socialisme comme une tâche lointaine alors qu’il s’agit d’une nécessité urgente. Ce type de contradictions a maintenant conduit à une situation où la droite et les contre-révolutionnaires, après des années de défaite, après avoir été proches de l’extinction, sont maintenant plus vivants que jamais, avec une réelle possibilité de revenir au pouvoir au Venezuela.

    Nos revendications :

    • Non à la guerre !
    • Les bases militaires US : hors de Colombie !
    • Non à l’intervention impérialiste !
    • La véritable guerre n’est pas entre les peuples, mais contre le système capitaliste !
    • Travailleurs, paysans, indigènes, étudiants et communautés populaires de Colombie et du Venezuela : unité and lutte pour le socialisme démocratique et révolutionnaire !
  • Comment renforcer la lutte anticapitaliste en Amérique Latine ?

    LA GAUCHE AU POUVOIR EN BOLIVIE

    Ces dernières années, nous avons assisté à une percée des régimes de gauche en Amérique Latine. Chavez, au Venezuela, a été suivi par Morales en Bolivie et, ailleurs aussi, la radicalisation s’est exprimée dans le renforcement des forces de gauche. Nous voulons analyser comment ces développements positifs peuvent être sauvegardés et étendus. Nous avons discuté avec HANNES, un membre du PSL qui a passé ces six derniers mois en Bolivie en tant qu’étudiant Erasmus.

    COMMENT ET POURQUOI UN RÉGIME DE GAUCHE EST-IL ARRIVÉ AU POUVOIR EN BOLIVIE ?

    ‘‘La Bolivie a une histoire faite d’exploitation, d’oppression, de guerres (civiles),… Le colonialisme espagnol a été suivi par le néocolonialisme, entre- autres, des Etats-Unis, avec le soutien de la politique néolibérale de la bourgeoisie bolivienne. Ces années de sang, de sueur et de larmes ont laissé des traces.

    ‘‘Entre 58 et 70% de la population vit sous le seuil de pauvreté (avec moins de 2 dollars par jour) et environ la moitié d’entre eux connait l’extrême pauvreté (moins de 1 dollar par jour). Le fossé entre riches et pauvres est véritablement devenu un gouffre. Selon le Ministre du Développement économique Xavier Nogales, un riche gagne en moyenne 90 fois plus qu’un pauvre.

    ‘‘La Bolivie a un potentiel énorme avec un sol fertile, des minerais de grande valeur, du pétrole, et la deuxième plus grande réserve de gaz naturel d’Amérique Latine. Mais jusqu’à présent, ce sont les multinationales et la bourgeoisie bolivienne qui ont profité de ce potentiel. Ce n’est guère surprenant que les travailleurs et les paysans de Bolivie s’opposent à cette injustice.

    ‘‘Cette résistance n’est d’ailleurs pas nouvelle, la Bolivie jouit d’une histoire de luttes ouvrières et paysannes particulièrement riche. Ainsi, le pays a connu en 1952 une véritable révolte de la classe ouvrière et des paysans, épisode connu sous le nom de ‘‘Révolution d’avril’’. La classe ouvrière, armée, est parvenue à accomplir de grandes réformes (notamment la nationalisation de toute une série de mines) et a mis un terme au régime féodal qui opprimait les paysans. Plus tard, le pays a connu une première grande réforme agraire ainsi que l’instauration d’un enseignement de base pour les enfants des ouvriers et des paysans dans les villages.

    ‘‘Plus récemment, il n’y a même pas 10 ans, les masses se sont soulevées contre la ‘‘guerre de l’eau’’ et ont obtenu l’expulsion immédiate des grandes multinationales qui s’étaient accaparées l’approvisionnement en eau. Trois ans plus tard, c’était le triomphe de la ‘‘guerre du gaz’’ et, en 2005, un mouvement de masse encore plus grand s’est dressé pour exiger la nationalisation complète de l’industrie gazière, mouvement qui a éjecté deux présidents néolibéraux.

    ‘‘En reprenant les revendications du peuple dans leur programme, Evo Morales et son MAS (Movimiento al Socialismo) sont parvenus à remplir le vide politique. Aux élections de 2005 et 2009, le MAS a remporté des scores électoraux record. Aujourd’hui, le MAS reste toujours extrêmement populaire, mais cela peut changer. La population exige des réformes plus radicales et ne tire aucun avantage des mesures actuellement très limitées du gouvernement de Morales. Si ce gouvernement ne va pas plus loin, les masses sont prêtes elles- mêmes à lutter pour obtenir plus.

    ‘‘Cette confiance s’est reflétée, entre autres, dans la grève des fonctionnaires du 9 mai dernier. Les grévistes revendiquaient une hausse salariale de 12,5% contre les 5% promis par le gouvernement (entre 2003 et 2005, les salaires n’avaient augmenté que de 3 à 4%).’’

    QUE SIGNIFIE LE RÉGIME DU MAS POUR LA POPULATION ?

    ‘‘Après son élection, Evo Morales a procédé à la nationalisation du secteur de l’énergie. Mais cela ne consiste qu’en des joint-ventures où 20% des entreprises se trouvent toujours aux mains des multinationales, les 80% restants étant sous contrôle de l’Etat. Il n’y a donc pas de nationalisation complète sous contrôle des travailleurs, mais les revenus de l’Etat issus du secteur énergétique ont été décuplés (de 200 millions de dollars en 2006 pour 2 milliards en 2008).

    ‘‘Ces revenus ont donné l’espace nécessaire à Morales pour mettre sur pieds ses célèbres Bonos (projets sociaux). Avec ces projets, Morales a pu assurer des subsides scolaires, des pensions, des allocations pour les dépenses de soin et la gratuité de certains produits de base. Si ces Bonos sont évidement les bienvenus pour la population pauvre, ils n’ont toutefois conduit à aucun changement fondamental.

    ‘‘Pour l’instant, la réforme agraire n’a qu’à peine été concrétisée. Morales a réparti 500.000 hectares de terres des grands propriétaires en faveur de la population paysanne. Cela semble être un pas important en avant, mais les terres touchées étaient inoccupées car économiquement inintéressantes. En fait, Morales ose s’en prendre relativement fortement aux intérêts des multinationales étrangères mais, face à la bourgeoisie nationale et aux grands propriétaires terriens, il est extrêmement prudent.

    ‘‘Enfin, une nouvelle constitution a été instaurée, assurant plus de droits et d’autonomie pour la population amérindienne. Après des décennies de racisme et de discrimination, cette avancée est très importante. Une nouvelle constitution ne met pas immédiatement fin au racisme, mais c’est une aide précieuse dans le cadre de la lutte contre le racisme et les discriminations. Il n’a d’ailleurs pas été seulement question de discrimination raciste, mais aussi sexuelle ou d’orientation sexuelle.’

    COMMENT PEUT-ON SAUVEGARDER ET ÉLARGIR CES RÉFORMES ?

    ‘‘Ces réformes représentent un pas important en avant pour les marxistes et pour les mouvements sociaux en général. Les victoires électorales successives du MAS ont temporairement affaibli la droite capitaliste. Mais pour garantir que la droite ne puisse retrouver son ancienne position, le MAS doit consolider son soutien parmi la population.

    ‘‘En général, les marxistes soutiennent de façon critique les candidats du MAS. Nous défendons les réformes de ces dernières années et luttons contre la droite. Mais afin d’éviter le retour de la droite, le régime doit rapidement opérer plus de changements fondamentaux.

    ‘‘Nous ne pouvons pas abandonner la lutte contre la droite et pour une rupture avec le capitalisme à la direction du MAS. Un changement socialiste de société n’est possible qu’en se basant sur la mobilisation active de la base de la société. A la place de cela, le gouvernement du MAS a instauré par en haut des réformes limitées et a tenté d’obtenir des compromis avec le système capitaliste. Cela n’est pas tenable à long terme.

    ‘‘La frustration est déjà bien présente parmi les travailleurs et les militants qui ont porté Morales au pouvoir parce que les choses ne vont pas plus loin et qu’il n’y a eu aucune rupture fondamentale avec le capitalisme et le latifundisme (structure agraire héritée du féodalisme). Cette frustration a régulièrement entraîné des actions, une lutte qui pourrait s’accroître au cas où le gouvernement ne serait plus en état de maintenir les actuelles concessions limitées dans ce contexte de crise économique. Vouloir temporiser la situation ne conduira qu’à un recul et c’est ce processus qui se développe pour l’instant. L’instauration d’une économie démocratiquement planifiée à la place du capitalisme est une nécessité.

    ‘‘Nous avons également assisté à un renforcement de la bureaucratie à l’intérieur du gouvernement et du MAS lui-même. Lors des élections locales du 4 avril, beaucoup de candidats du MAS ont ainsi été désignés par la direction nationale et non par des élections à la base. Parmi ces candidats, certains n’ont aucun lien avec les mouvements sociaux ou la lutte des travailleurs. Des protestations ont suivi, mais la direction n’en a pas tenu compte, ce qui a conduit à une certaine désillusion. Le régime tente aussi d’éviter les mobilisations et les actions indépendantes en incorporant la direction des mouvements sociaux à l’appareil d’Etat.

    ‘‘D’autre part, des capitalistes de droite ont également été acceptés dans le parti, selon l’argument que des compromis seraient ainsi possibles. Ce pragmatisme a connu de tristes sommets quand même quelques dirigeants d’une organisation d’extrême-droite ont été acceptés dans le MAS à Santa Cruz. La direction du MAS estime que les candidats de droite dans les provinces riches en minerais sont des gages de victoire. Elle sous-estime le danger de cette stratégie. Les opportunistes de droite serviront les intérêts du monde des affaires et des grands propriétaires terriens. Pour la droite, la position que lui offre le MAS est une opportunité de se renforcer et de lutter contre les réformes. Mais par-dessus tout, cela isole le parti de sa base véritable.

    ‘‘Afin de lutter contre ces développements, les ouvriers, les paysans et les jeunes qui ont porté ce régime de gauche au pouvoir doivent se battre pour assurer un contrôle démocratique sur le MAS, sur les campagnes et sur la direction du parti. La base du MAS est déjà très fortement organisée, elle doit utiliser cette force pour s’emparer elle-même du contrôle sur son parti. A ct effet, des comités locaux de membres du MAS peuvent être érigés tandis que des syndicats et des organisations paysannes peuvent s’organiser et lutter contre la bureaucratisation et pour le contrôle ouvrier sur le gouvernement et sur l’économie.

  • Tremblement de terre au Chili : La précarité de l’Etat et du modèle capitaliste mise à nu

    Le tremblement de terre du samedi 27 février a mis à nu l’inefficacité de l’Etat chilien qui, apparemment, ne disposait d’aucun système alternatif de communications (téléphonie satellite ou radio par exemple). Il démontre que toute l’arrogance de l’élite dominante sur la supériorité du système néolibéral régnant dans le pays n’a pas de base dans la réalité.

    Socialismo Revolucionario (CIO-Chili)

    La réponse pour solutionner ou palier en partie les problèmes les plus urgents de larges secteurs de la population s’est faite extrêmement lente et inefficace. Les couches les plus pauvres aujourd’hui n’ont rien à manger, au contraire des couches les plus riches qui disposent de caves ou de garde-manger remplis dans leurs maisons. La majorité des secteurs populaires vivent au jour le jour, comptant sur des réserves d’un ou deux jours. Cela n’est qu’un exemple en plus illustrant la mauvaise répartition des revenus dans ce pays. Une élite nage dans l’abondance et la majorité se noie dans la misère absolue et le surendettement.

    L’absence d’eau et d’électricité contribue à démontrer l’inefficacité du système, étant donné que les patrons de l’eau ne font rien pour distribuer cet élément vital (en camion citerne, par exemple) puisque l’eau ne parvient plus aux gens à travers les moyens traditionnels à cause de leur lamentable situation.

    Le manque d’eau et de nourriture a poussé les gens dans une situation désespérée. Personne ne souhaite voir ses enfants pleurer de faim ou de soif et c’est cette situation qui a poussé les gens à pénétrer par la force dans les supermarchés afin de ramener des aliments de base pour nourrir les familles.

    Décomposition sociale

    Le désespoir des victimes du tremblement de terre face au manque d’eau et de nourriture, avec les supermarchés fermés et, qui plus est, sans argent liquide (même si on dispose d’argent à la banque, il est impossible de le retirer dans plusieurs villes), mais également des actes de vandalisme, comme les attaques et les pillages de maisons de travailleurs et de petits commerces de quartiers populaires, montrent la gravité de la fracture sociale au Chili. Avec une des répartitions des revenus parmi les plus inégales au monde, on a vu croître la décomposition sociale et l’individualisme promus par le brutal système capitaliste chilien. Mais on a aussi pu voir des gestes de solidarité émouvants.

    Les autorités sont plus préoccupées par le paraître que par la recherche de solutions

    Il est clair que des délinquants utilisent cette situation pour piller et voler. Mais les autorités instrumentalisent ces faits pour masquer leur incapacité à trouver des solutions réelles et concrètes aux problèmes des habitants. Il est beaucoup plus facile de traiter tout le monde de délinquants et d’ordonner la répression.

    Rien de tout cela ne serait arrivé si les autorités et le patronat de la grande distribution avaient organisé la distribution de nourriture à la population qui en avait besoin. Malheureusement, il semble que la soif de profit des patrons était plus grande et qu’ils souhaitaient contribuer à la situation de désespoir et voir, de cette façon, augmenter le prix des aliments.

    Selon Bachelet, il n’y aurait pas de tsunami

    Les criques de pêcheurs et les localités touristiques de la côte sont dévastées. Au tremblement de terre s’est ajouté un tsunami. La Présidente Bachelet a pourtant annoncé à la radio que, selon les services de surveillance spécialisés de la Marine, il n’y avait aucun danger de tsunami. Etant donné le désordre qui a suivi, le ministre de la défense a fait porter publiquement la responsabilité de l’erreur à la Marine. Cependant, de ce que l’on sait du document, il est clair qu’ils connaissaient le danger de tremblements de terre sous-marins.

    En général, les témoignages abondent sur la réaction de voisins, de pompiers ou de policiers qui ont appelé à l’évacuation des quartiers littoraux vers des endroits plus élevés par rapport au niveau de la mer et qui eurent la présence d’esprit de ne pas écouter les déclarations gouvernementales et qui ont agi sans recevoir de consignes, ce qui a permis de sauver des milliers de vies. Il semblerait que le gouvernement était plus préoccupé de donner une image de tranquillité, minimisant la gravité de ce qui était en train de se passer. Le pire, c’est que cette attitude est probablement responsable de nombreuses morts.

    La Présidente, Michelle Bachelet, et le futur Président, Sebastian Piñera, se sont contentés de se balader en hélicoptère et de se montrer à la télévision; mais en réalité, ils ne font rien alors que les pompiers et les spécialistes du sauvetage ont dû attendre 24 heures pour être envoyés vers les zones plus sinistrées pour pouvoir aider les personnes coincées sous les buildings effondrés suite au tremblement de terre.

    De nombreux gouvernements étrangers ont rapidement offert d’envoyer aide matérielle et services de secours et de soins spécialisés, mais le gouvernement chilien a répondu avec arrogance qu’il disposait de suffisamment de moyens. Après plusieurs précieuses heures perdues pour pouvoir sauver des personnes coincées ou suppléer les hôpitaux effondrés, après qu’il ait été clair que les moyens sur lesquels ils comptaient étaient largement dépassés, le gouvernement s’est enfin décidé à accepter l’aide extérieure. En réalité, même les moyens disponibles n’ont pas été utilisés de manière adéquate, les équipes de secours et les entreprises minières du nord du pays, qui n’a pas été affecté par le tremblement de terre, ont attendu les instructions du gouvernement pour accéder aux zones de la catastrophe.

    Les entrepreneurs de la construction peu scrupuleux sont de véritables criminels

    La quantité de buildings et de maisons qui se sont effondrés vient seulement confirmer ce qui se dit en permanence : il n’y a aucun contrôle sur les nouvelles constructions laissées aux lois du marché. Comme l’a dit le président du collège des architectes, Patricio Gross: "Aucune construction bien conçue ne devrait s’effondrer ou être gravement affectée par un tremblement de terre de magnitude 8 au Chili, puisque c’est un niveau relativement courant."

    Le manque de contrôle a permis aux entrepreneurs peu scrupuleux et criminels de construire des bâtiments bien en dessous des normes existantes dans un pays régulièrement touché par ce genre de mouvements sismiques. Julio Alegría, membre du collège professoral de l’Université de Talca a été extrêmement clair quand il a dit: "Nous devons tout ceci à la diminution des moyens de contrôle de qualité. Nous le disions, c’était prévisible et les conséquences sont maintenant claires. Le Chili a raté son examen."

    Le moins que nous puissions exiger est que l’ensemble de ces entrepreneurs peu scrupuleux aillent en prison et payent des amendes égales ou supérieures aux escroqueries dont ils sont responsables.

    Il est nécessaire de mettre sur pied des comités de solidarité et d’action dans toutes les communes affectées

    Les habitants des quartiers doivent s’organiser et exiger des solutions réelles et immédiates aux problèmes urgents et à ceux qui se poseront à moyen terme.

    Une des premières choses que nous devons exiger est l’abandon des dettes de toutes les maisons sérieusement endommagées ou inutilisables avec des subventions de l’Etat pour la reconstruction et tout cela sous le contrôle des habitants des quartiers affectés et des organisations des travailleurs.

    Ces comités doivent nous servir en premier lieu à nous protéger et à faire jouer la solidarité entre tous les voisins des quartiers populaires. Il est clair que face à l’urgence, nous devons nous organiser pour prendre soin de nos quartiers.

  • Haiti. Une catastrophe qui porte la marque du capitalisme

    Une fois de plus, la population pauvre d’Haïti a été très durement touchée par une catastrophe. Mais l’ampleur prise par ce désastre n’a rien de « naturel ». Haïti est un des pays les plus pauvres au monde. Mais la faute à qui ? C’est le rôle joué par l’impérialisme des Etats-Unis et les régimes pro-USA qui se sont succédé dans le pays, qui a rendu Haïti si vulnérable à des catastrophes naturelles.

    Article de Niall Mulholland

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    Un pays pillé par l’impérialisme et ses pantins

    En 1780, quand Haïti était une colonie française, le pays exportait 60% de tout le café et 40% de tout le sucre consommés en Europe. Au lendemain de la révolution française de1789, les masses noires se sont soulevées et ont réussi à abolir l’esclavage et à obtenir l’indépendance du pays. Depuis lors, les différentes grandes puissances mondiales sont intervenues dans la « république noire » pour tenter de la mettre sous contrôle. De 1915 à 1934, les Etats-Unis ont occupé l’île. De 1957 à 1986, ils ont soutenu l’horrible régime dictatorial des Duvalier père et fils (Papa Doc, puis Baby Doc) jusqu’à ce que ce régime soit renversé par un mouvement de masse des travailleurs et des jeunes.

    Malheureusement, ces mouvements radicaux dans les villes n’ont pas mené au développement d’une direction socialiste révolutionnaire qui aurait pu mettre fin au capitalisme et réaliser les revendications des travailleurs. Il s’en est suivi un certain nombre de régimes instables qui ne sont jamais restés en place très longtemps.

    Le vide politique a été partiellement comblé par Jean-Bertrand Aristide, un prêtre populaire qui travaillait dans les bidonvilles de Port-au-Prince et qui a gagné les élections présidentielles de 1990 en promettant de combattre la pauvreté et d’instaurer la justice sociale.

    En 1991, le régime d’Aristide a été renversé par le général Cedras mais, en 1994, il a été ramené au pouvoir par les USA qui avaient perdu patience face à un Cedras qui s’était révélé moins fiable que prévu. En 2000, Aristide a été réélu avec plus de 90% des voix. Malgré des réformes limitées, il n’a pas tenu ses promesses de lutter contre la pauvreté parce qu’il n’a pas osé s’opposer aux capitalistes dans le pays. La situation a donc continué à se détériorer et le pays a glissé vers le chaos avec enlèvements, violence, fermeture d’usines,…

    L’administration Bush s’est alors retournée contre Aristide et a bloqué toute aide internationale. L’opposition de droite a lancé une révolte, soutenue par les Républicains américains. Aristide a finalement dû! fuir le pays.
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    Même avec un tremblement de terre de 7.0 sur l’échelle de Richter, l’ampleur du drame humain est essentiellement causée par la pauvreté. Haïti possède seulement deux corps de pompiers, et aucune habitation n’est prévue pour résister aux tremblements de terre. 80% de la population vit sous le seuil de pauvreté, les chances de survie des bébés sont parmi les plus basses dans le monde.

    Derrière l’humanitaire, les militaires

    Beaucoup de gens ordinaires ont apporté des contributions généreuses et désintéressées aux opérations de secours. En comparaison, la banque américaine Citigroup a promis 250.000 dollars, essentiellement dans une tentative de redorer son image, mais ce sont des cacahouètes face aux bonus de 5,3 milliards de dollars que la direction de la banque a reçus en 2009, soit 21.000 fois le montant donné pour Haïti. Pourquoi ces moyens-là ne sont-ils pas utilisés ?

    Les reporters du Washington Post ont raconté comment les secours ont été dirigés en premier lieu vers les hôtels fréquentés par les visiteurs internationaux et les quartiers riches. Le quartier riche de Pétionville, dont certaines parties clôturées de fil barbelé ressemblent à Beverly Hills, est sorti presque indemne de la catastrophe. Les supermarchés et les pharmacies y sont protégés par des milices privées. Le 1% le plus riche du pays – qui possède à lui seul 50% des richesses – habite dans ce quartier. Ce sont ces privilégiés qui ont bénéficié en priorité de l’aide internationale.

    Au lieu d’organiser une opération massive de secours, les Etats-Unis se concentrent surtout sur l’intervention militaire, avec déjà une présence de plus de 10.000 militaires sur l’île. Ils ont pris le contrôle du pays, et donc aussi de l’aéroport, où les avions militaires des USA ont priorité sur les avions de secours venant des autres pays. La peur des émeutes et des pillages, conséquence des difficultés d’organisation des premiers secours, a été l’excuse utilisée par le gouvernement US pour « rétablir l’ordre et la paix » avec ses troupes dans le pays.

    Au contraire de ce qui a été dit dans les médias avides de sensation, il régnait au cours des premières heures après la catastrophe une énorme solidarité entre les plus démunis : la nourriture et l’eau étaient partagées, les blessés étaient soignés par des volontaires, des gens aidaient à chercher des disparus avec les membres des familles de ceux-ci,… Mais parce que les opérations de secours se sont révélées insuffisantes pour faire face aux besoins des centaines de milliers de sans-abris, des tensions de plus en plus fortes se sont manifestées par la suite.

    Au cours des premiers jours qui ont suivi la catastrophe, des milliers de blessés sont morts à cause du manque de soins et de médicaments. Aujourd’hui, l’aide afflue mais nul ne sait si elle servira vraiment à secourir ceux qui en ont le plus besoin, puis à reconstruire et développer le pays.

    Car le risque est grand de voir une grande partie de cette aide disparaître dans la corruption. Au Sri Lanka, après le tsunami de 2005, une grande partie de l’aide a été détournée pour l’enrichissement personnel de ceux qui étaient au pouvoir et pour monter la force militaire qui a mené la guerre contre les Tamouls en 2009. Cela n’était évidemment pas le but des millions de personnes qui ont montré leur solidarité après le tsunami. Cela montre la nécessité du contrôle démocratique sur la distribution et l’organisation de l’aide.

    La politique néolibérale conduit à la pauvreté

    Le FMI a alors annoncé bruyamment qu’il accordait un nouveau prêt de 100 millions de dollars pour le pays sinistré. Ce qu’il n’a pas dit publiquement, c’est qu’il y avait des conditions à ce prêt, notamment l’interdiction de toute augmentation de salaires pour les fonctionnaires.

    La politique commerciale imposée par les institutions financières internationales depuis 1994 a mené à une diminution des taxes sur l’importation de riz qui ont été ramenées de 36% à 3%. Dans le passé, Haïti était un exportateur net de riz. Aujourd’hui, les Etats-Unis y déversent leur surplus de riz, si bien que 3 plats de riz sur 4 viennent des USA, au nom de «l’aide au développement». Les agriculteurs locaux ne parviennent plus à concurrencer le riz importé et l’économie locale s’est effondrée.

    Contrôler l’aide et la reconstruction

    Haïti, la première «République noire» née d’un soulèvement d’esclaves, a une longue histoire de révolution et de lutte. Ce n’est que si les masses haïtiennes prennent à nouveau leur avenir en mains qu’une solution pourra être trouvée à la misère, au chômage, aux coups d’Etat et aux dictatures. Il leur faut reconstruire des organisations de travailleurs – syndicales et politiques – indépendantes du pouvoir pour réclamer :

    • l’annulation de la dette extérieure
    • le contrôle démocratique des opérations de secours et de reconstruction
    • la construction d’infrastructures et de logements de bonne qualité et capables de résister aux tremblements de terre et ouragans
    • le contrôle démocratique de l’économie
    • un véritable changement sur base d’une alternative socialiste, qui puisse unir les travailleurs et les pauvres d’Haïti à ceux des Caraïbes et de tout le continent.
  • DOSSIER – Venezuela : Une nouvelle phase et de plus grands dangers. Vers où aller ?

    L’arrivée au pouvoir de Hugo Chavez en 1998 a représenté un tournant important dans la situation mondiale. C’était la première fois qu’arrivait au pouvoir un gouvernement qui refusait l’idéologie impitoyable du néolibéralisme qui avait dominé chaque gouvernement et élite dirigeante à travers les années ‘80 et ‘90. L’arrivée au pouvoir de Chavez représentait donc un développement positif. Le régime de Chavez a mis en place toute une série de réformes populaires, surtout au niveau de l’éducation et de la santé, qui ont été soutenue de manière enthousiaste par le CIO et par les travailleurs du Venezuela.

    Par Alejandro Rojas, CIO

    La politique populiste radicale mise en œuvre par Chavez a très vite suscité la colère de l’impérialisme américain et de la classe dirigeante vénézuélienne qui ont tenté de le renverser. La lutte au Venezuela est passée par différentes phases et revirements. Maintenant, elle est entrée dans une nouvelle phase critique. Au départ, Chavez parlait seulement d’une «révolution bolivarienne». Toute une série d’importants programmes de réformes ont été entamés. Les «Misiones» dans la santé (Barrio Adentro) et dans l’éducation (Mision Robinson) ont été particulièrement populaires. Un million de personnes ont pu sortir de l’analphabétisme et des millions de gens ont pu accéder à un docteur pour la première fois de leur vie. Trois millions de personnes ont eu accès à une éducation primaire et secondaire. Depuis que Chavez est arrivé au pouvoir en 1998, plus de trois millions d’hectares ont été distribués à des coopératives paysannes. Ces réformes, et d’autres aspects de son programme ont très vite conduit son régime à un conflit ouvert avec les oligarques qui avaient auparavant été au pouvoir, et ont provoqué la colère de l’impérialisme américain.

    La tentative de coup d’Etat en 2002 et le “lock-out” patronal de 2002-2003 ont été suivis par toute une série d’actes de sabotage, provoquant des pénuries de biens de consommation et des défis électoraux. Toutes ces tentatives de contre-révolution ont été vaincues. Elles ont été bloquées par un mouvement massif, indépendant et spontané provenant des masses populaires. La défaite de ces tentatives de contre-révolution a représenté d’importantes victoires.

    En 2005, encouragé par ces événements et par la pression des masses pauvres et ouvrières, Chavez a été plus loin et a, pour la première fois, déclaré que les objectifs de la révolution bolivarienne étaient d’édifier un «socialisme du 21ème siècle». Pour la première fois depuis la chute du Mur de Berlin, ceci a une fois de plus remis la question du socialisme à l’ordre du jour politique, et a représenté un développement positif.

    Toutefois, c’est une chose de parler du socialisme, mais c’en est une autre de comprendre quels sont le programme et les méthodes requises pour l’accomplir. Les marxistes ont aussi la responsabilité de tirer et de discuter des faiblesses, des déficiences et des dangers qui sont présents dans tout mouvement et qui peuvent constituer un obstacle pour la mise à bas du capitalisme.

    Il est nécessaire d’aider les travailleurs et les socialistes à s’orienter de manière correcte afin de faire progresser la lutte et d’accomplir la révolution socialiste. Le socialisme authentique peut alors être construit à travers la mise en place d’un véritable système de démocratie ouvrière, qui tire les leçons des expériences du mouvement ouvrier sur le plan international et sur le plan historique.

    Les marxistes tentent d’aider les socialistes au Venezuela à tirer les leçons de l’expérience internationale des travailleurs dans d’autres luttes afin de faire avancer la lutte pour la révolution socialiste. Nous acceptons aussi volontiers les commentaires et les critiques des travailleurs vénézuéliens quant à la lutte des travailleurs dans d’autres pays.

    Le CIO a salué les avancées positives qui ont été accomplies au Venezuela. Mais nous avons aussi averti quant aux dangers auquel est confronté le mouvement, provenant de la contre-révolution et de la réaction, du fait des déficiences dans le programme, dans les méthodes et dans l’organisation de la classe ouvrière. Contrairement à certaines personnes au sein de la gauche, nous avons évité de tomber dans le double piège de l’opportunisme d’une part – qui consiste à se cantonner dans un rôle de fans ou de conseillers de Chavez – et du sectarisme de l’autre – c’est-à-dire d’attaquer Chavez sans nuances ou à titre personnel.

    La menace de la contre-révolution demeure, parce que le capitalisme, malheureusement, n’a pas été vaincu et remplacé par un plan de production socialiste et démocratique basé sur l’édification d’un système de démocratie ouvrière et paysanne. Maintenant, une nouvelle phase critique s’est ouverte au Venezuela, qui amène de nouveaux dangers pour la lutte pour le socialisme.

    Le fait que le capitalisme n’ait pas été vaincu est maintenant la cause de toute une série d’attaques sur les programmes de réformes et sur la classe ouvrière. La nouvelle élite riche qui s’est élevée sur le dos du mouvement et de l’appareil bureaucratique en perpétuelle extension, truffé de corruption, entre de plus en plus en conflit avec la classe ouvrière et avec la lutte pour faire progresser la révolution. Usant d’une «rhétorique socialiste», la bureaucratie et la nouvelle élite émergente ont de plus en plus adopté des mesures répressives contre la classe ouvrière et contre ceux qui entrent en conflit ou qui critiquent le régime.

    Le CIO a déjà commenté à de nombreuses reprises le fait qu’une des plus graves faiblesses de la situation au Venezuela est l’absence d’une organisation de la classe ouvrière consciente et indépendante, qui se mettrait à la tête de la lutte pour une révolution socialiste. Le mouvement bolivarien a été dirigé par en haut, sans aucun moyen de contrôle de la part de la classe ouvrière. Cela a conduit à ce que des méthodes bureaucratiques, administratives et, de plus en plus, malheureusement, répressives, soient utilisées contre la classe ouvrière et contre ceux qui remettent en question ou défient le régime sur sa gauche.

    Ces deux éléments – prédominance du capitalisme et méthodes répressives bureaucratiques – ont été renforcés au cours de la dernière période. Le processus révolutionnaire qui s’est développé, surtout après la tentative de coup d’Etat et le lock-out de 2002-03, s’est heurté à cette conjoncture. Si un processus révolutionnaire n’avance pas, alors inévitablement, il peut commencer à se rouiller et même à pourrir.

    Malheureusement, cette menace commence à se développer au Venezuela. En conséquent, le soutien à Chavez est en train d’être gravement sapé et érodé. Même l’idée du socialisme commence à être discréditée parmi toute une couche de la population, à cause de l’échec de l’avancement de la révolution. Toutefois, commence à émerger une contre-révolution qui provient en partie de l’intérieur du mouvement chaviste lui-même.

    Les “Boli-bourgeois”

    Cette contre-révolution implique des sections de l’ancienne élite qui se sont ralliées à Chavez, et qui maintenant s’enrichissent et tirent d’immenses profits de l’ensemble du processus. Il faut ajouter à ces couches les «nouveaux riches» qui sont apparus. Aujourd’hui, le terme de «Boli-bourgeoisie» (Boli-burguesia) fait partie du vocabulaire de nombreux vénézuéliens. On retrouve ici un important élément du processus qui s’est déroulé en Afrique du Sud, où toute une section de l’ANC s’est enrichie après la chute du régime de l’apartheid. Ces personnes se sont muées en une nouvelle classe moyenne supérieure, et sont même devenu une section de la classe capitaliste. Ce processus est fort avancé dans le Venezuela d’aujourd’hui, au nom du «socialisme». Il y a même une organisation constituée d’entreprises «socialistes» – des compagnies qui se déclarent socialistes mais qui opèrent comme des entreprises capitalistes normales ! Cette couche inclut des gens tels que Ricardo Fernandez Barruesco, qui a démarré dans l’industrie agro-alimentaire mais s’est maintenant diversifié et possède la Banque Canarias, la Banque Bolivar et de nombreuses autres entreprises. Il y a aussi des membres de la nouvelle élite dirigeante tels que Wilmer Ruperti. Il y a dix ans, il n’était qu’un «homme d’affaires» parmi tant d’autres. Aujourd’hui, il est un magnat de la marine marchande et milliardaire. En fait, l’homme le plus riche du Venezuela, c’est lui. Il a amassé sa fortune pendant le «lock-out» patronal en utilisant ses pétroliers pour briser la «grève» et approvisionner le gouvernement en pétrole. Depuis lors, il a été richement récompensé, par des contrats juteux avec PDVSA, la compagnie pétrolière étatique. Bien que cette couche a tenté de se réconcilier avec Chavez, il reste clairement une autre section de l’ancienne élite et autre forces de droite, qui sont toujours déterminées à le vaincre.

    La croissance de la «Boli-burguesia» est une caractéristique qui va probablement se poursuivre dans la période qui vient. Chavez, confronté à une économie sur le déclin – avec une chute prévue de 10,5% dans la production pour le troisième trimestre de cette année – a renforcé son appel au secteur privé, lui demandant de l’aider à relancer son économie vacillante. Listant cinquante-quatre enjeux prioritaires pour la relance de l’économie, il a fait appel aux banques privées – certaines se trouvant parmi les plus riches d’Amérique latine – pour aider à stimuler l’économie en augmentant le crédit au secteur commercial. (Ultimas Noticias, 22/09/09)

    Alors qu’on beaucoup parlé sur le plan international de certaines des “nationalisations” accomplies par le gouvernement, la plupart d’entre elles ont, en fait pris la forme de partenariats publics-privés. Toute la portée de la politique économique du gouvernement Chavez a été d’accroître l’intervention étatique mais de laisser en place une économie capitaliste mixte – en l’étiquetant «socialisme».

    L’impact de la crise

    Au début de la crise économique mondiale, Chavez a nié le fait que le Venezuela puisse en être affectée.

    Toutefois, son argument est maintenant impossible à maintenir, étant donné que les effets de la chute du prix du pétrole ont commencé à frapper l’économie. Il est par exemple stupéfiant de constater que la dette de la compagnie pétrolière étatique s’est accrue de +146% en 2008! On estime que PDVSA doit 12 milliards de dollars à ses créanciers. Ceci a maintenant un impact direct sur la capacité du gouvernement à maintenir son plan de réformes qui était au départ si populaire.

    La plupart des réformes et des programmes sociaux ont été financés par PVDSA. L’accroissement de la dette de PVDSA force maintenant le gouvernement à faire des coupes dans son programme de réformes sociales. Les dépenses du programme social ont été réduites de 58% en 2008 par rapport à 2007. D’autres coupes ont aussi été prévues dans les dépenses étatiques pour 2009. Une fois que l’inflation, d’une hauteur de 30% – la plus élevée de toute l’Amérique latine –, est prise en compte, les économistes estiment que la valeur réelle du budget annoncé pour 2009 sera de 30% inférieur à celui de 2007 !

    L’inefficience et la non-gestion bureaucratique

    Il faut aussi ajouter à ces coupes les conséquences dévastatrices des méthodes, de la corruption et de l’inefficience bureaucratiques, qui ont sérieusement sapé même les plus populaires des « Misiones » (programmes de réformes) au cours des dernières années. Celles-ci incluent les programmes les plus populaires, tels que Barrio Adentro (pour la santé), la Mision Robinson (pour éradiquer l’analphabétisme), les supermarchés étatiques (Mercal) et le contrôle des prix que le gouvernement a instauré sur les denrées de base.

    Les cliniques sous la direction de Barrio Adentro, qui avaient été ouvertes dans les « barrios » dans l’enthousiasme général, sont maintenant le plus souvent fermées et ne parviennent pas à fonctionner. Des plaintes ont été envoyées à La Havane par les docteurs cubains, concernés par la crise dans le secteur de la santé, ce qui a poussé Fidel Castro à écrire à Chavez pour le prévenir que le système des soins de santé ne fonctionnait pas. Chavez a déclaré avoir reçu une lettre de Castro qui se plaignait des problèmes de Barrio Adentro et qui demandait que quelque chose soit fait. Comme si Chavez lui-même n’avait rien à voir avec ce problème! Et pourtant, pourquoi a-t-il fallu une lettre de Castro pour prévenir le gouvernement vénézuélien de la crise dans son propre secteur de la santé ?

    Comme beaucoup d’autres programmes de réformes, les réformes populaires dans la santé se sont retrouvées mêlées à tout un réseau de bureaucratie et de corruption, et au manque d’une planification même dans un seul secteur. L’introduction d’une planification unifiée du secteur de la santé, géré par un système de contrôle et de gestion ouvriers, aurait pu être un exemple de ce dont le reste de l’économie a besoin.

    Malheureusement, le secteur de la santé est en train de plonger dans une crise de plus en plus profonde. L’introduction de nouvelles cliniques, qui ont permis aux couches les plus pauvres de la population d’avoir accès à un docteur, a été accompagnée de la stagnation et des coupes dans le secteur de la santé qui existait déjà. En dehors des cliniques de Barrio Adentro, une visite chez le docteur signifie une facture pour la consultation! La crise dans le secteur de la santé atteint maintenant des proportions explosives.

    Des installations de base comme les cuisines et lavoirs dans un des plus grands hôpitaux de Carácas, El Agodonal, ont été fermées ou ne fonctionnent plus correctement depuis des années, ce qui cause des infections et des contaminations. Il suffit de faire le tour de cet hôpital, que Che Guevara lui-même a jadis visité, pour apercevoir des projets de réparations restés à l’abandon depuis plus d’un an. Entre 2007 et 2009, le gouvernement a décidé de consacrer plus de 2 millions de Bolivars à la réparation et à l’infrastructure hospitalières. Pourtant, après deux ans, pas un seul de ces projets n’a été achevé à plus de 30%. Ceci a eu un effet direct sur le fonctionnement des hôpitaux. El Agonodal ne fonctionne qu’à 30% de sa capacité.

    Malgré le nombre de médecins cubains envoyés dans le pays, il y a toujours au niveau national un déficit de docteurs de 30%.

    L’absence d’un système de véritable contrôle et gestion ouvriers a pour conséquence que le cancer de la corruption et de la bureaucratie est en train de ronger et de saper l’efficacité des programmes de réformes. Sous Chavez, il y a eu une croissance explosive de la bureaucratie étatique. Avec la récente réorganisation du gouvernement, Chavez a maintenant six vice-présidents! L’Etat emploie maintenant plus de 2 millions de personnes sur 12 millions de personnes en âge de travailler. Le nombre de fonctionnaires d’Etat s’est largement accru. Par exemple, le nombre de fonctionnaires travaillant pour la compagnie pétrolière étatique PDVSA a augmenté de +266% depuis 2002.

    Les projets d’infrastructure que le gouvernement a entamé restent la plupart du temps inachevés – souvent en conséquence de la mauvaise gestion et de la corruption bureaucratiques. Dans le centre de Carácas, une nouvelle route pour les bus, construite sur le côté des avenues embouteillées, était censée permettre aux bus de tracer à travers la ville. Cette route reste inachevée et est empruntée par les voitures et les motos, victime de la corruption et du fait que la compagnie russe qui avait reçu le contrat pour la construire a disparu sitôt après reçu l’argent. A cette triste liste s’ajoutent les coupes récurrentes dans l’approvisionnement en eau et en électricité. Ces coupes sont en partie dues au manque d’investissement dans l’infrastructure, et en partie à la non-gestion bureaucratique.

    La compagnie d’électricité nationalisée emploie environ 42.000 travailleurs, qui sont répartis entre plus de 200 différents départements! Nous avons là un pays jouissant d’une abondante capacité potentielle de développer un approvisionnement hydro-électrique plus qu’adéquat, grâce à ses vastes fleuves et à son accès facile à l’eau. Chavez affirme que les coupures de courant sont la conséquence de la modification du climat. En réalité, ces coupures constituent un monument au manque d’investissement sérieux dans l’infrastructure tout au long de la décennie qui a suivi l’arrivée au pouvoir de Chavez. La solution du Président est: «ne prenez une douche que de trois minutes.» Une minute pour se mouiller, une pour se savonner, et une pour se rincer !

    Même les programmes de réforme agraire, pourtant très limités, ont été affectés par la croissance de la bureaucratie et par le manque d’investissements dans des machines à un prix que les travailleurs agricoles et que les paysans peuvent se permettre. Depuis 1999, l’Etat a saisi environ 2,5 millions d’hectares de terrain. En 1999, la quantité de viande produite tous les mois était de 17,4kg par personne et par mois. Ceci suffisait à approvisionner presque tout le marché domestique. On s’attend à ce qu’en 2009, la production ne soit plus que de 7,8kg par personne et par mois – à peu près 38% de la demande locale. Ceci a forcé l’Etat à importer plus de 50% de la viande consommée au Venezuela.

    Sous certaines conditions, la classe ouvrière serait sans nul doute prête si nécessaire à accepter des sacrifices, et même une réduction de son mode de vie pour une durée temporaire. Un exemple de ceci est la situation qui a suivi la Révolution russe de 1917, lorsque la Révolution était isolée et menacée, et que vingt-et-une armées de l’impérialisme sont intervenues pour tenter d’écraser la Révolution dans le sang. Toutefois, pour que la classe ouvrière accepte de telles privations, elle doit être convaincue qu’il est nécessaire de défendre la révolution socialiste et sentir que ses dirigeants et militants sont eux aussi prêts à faire les mêmes sacrifices. Lorsque les inégalités se creusent, que croît la corruption, et qu’une partie de la population s’enrichit de plus en plus, les travailleurs n’accepteront pas que soit attaqué son mode de vie.

    Le CIO a salué les programmes de réformes lorsqu’ils ont été instaurés, en tant qu’avancée positive. Cependant, nous avons aussi averti qu’à moins que le capitalisme ne soit renversé, et qu’un véritable système de démocratie ouvrière et paysanne ne soit mis en place, ces programmes ne pourraient pas être maintenus et développés plus en avant. Maintenant, ils commencent à refluer, sous l’impact de la crise économique qui s’approfondit.

    Les contrôles des prix que Chavez a introduits ont maintenant été abolis. Même les supermarchés populaires Mercal ont rehaussé leurs prix sur nombre de denrées de base. Le prix du riz a augmenté de 29%, celui du lait de 68%, celui des pâtes de 78%. Alors que les supermarchés étatiques offrent toujours des prix bien plus bas, ces augmentations affectent directement les sections les plus pauvres de la population. Vingt ans après la Chute du Mur, les pénuries, les étagères vides, les files massives – une visite au supermarché Mercal rappelle nombre de clichés habituellement liés aux anciens régimes staliniens d’Europe de l’Est et de l’ex-Union Soviétique. Il n’est pas inhabituel de devoir faire le tour de quatre à cinq magasins avant de trouver du lait. Sans une planification démocratique de l’économie, les pénuries sont inévitables.

    Ces pénuries proviennent en partie du sabotage économique par certaines sections des entreprises capitalistes de droite. Cependant, elles sont aussi en partie la conséquence de la bureaucratie, d’une mauvaise administration et de la corruption.

    Sous le gouvernement de Salvador Allende au Chili, entre 1970 et 73, des pénuries sont apparues pour certaines matières premières à cause du sabotage et du boycott organisé par les patrons, qui préparaient les conditions pour un coup d’Etat militaire contre le gouvernement. Au Chili, les conséquences de ces pénuries ont été partiellement surmontées par les organisations démocratiques ouvrières et populaires qui existaient à l’époque. Les comités d’usine, les Cordones – et les JAP qui se sont formé dans de nombreux bidonvilles – ont organisé la distribution de la nourriture sur base des besoins et de leur disponibilité. La spéculation sur les prix était contrôlée par les JAP pendant une certaine période, en fixant le contrôle sur la nourriture de base. Malheureusement, ce genre d’organisation n’existe pas au Venezuela. De telles organisations sont nécessaires pour remédier aux pénuries de nourriture causées à la fois par les patrons et par la corruption et l’inefficience de la bureaucratie.

    Les leçons de l’histoire – la classe ouvrière doit prendre la tête du mouvement

    Le régime Chavez est de plus en plus confronté à la contradiction insolvable qui provient du fait de vouloir introduire des réformes et de les maintenir mais sans renverser le capitalisme pour introduire une économie planifiée socialiste et démocratique. Les marxistes saluent toutes les réformes qui peuvent bénéficier à la classe ouvrière et aux pauvres. Toutefois, sous le capitalisme, toute réforme ou acquis qui a été conquis sera constamment menacé et pourra être refoulé et supprimé. Le système capitaliste ne peut pas se permettre et ne permettra pas un programme permanent de réformes durables. Ceci a été clairement démontré lors des mouvements révolutionnaires de masse qui ont agité le Mexique de 1910 à 1920 et la Bolivie en 1952. Dans ces deux cas, l’incapacité à vaincre de manière décisive le capitalisme et les éléments de néoféodalisme a eu pour conséquence que les acquis et réformes massifs qui ont été conquis lors de ces deux révolutions ont été récupérés et détruits. C’est le même processus qui est maintenant en cours au Venezuela.

    Cette contradiction a été encore plus aggravée au Venezuela par les méthodes utilisées depuis le tout début de cette « révolution ». Celle-ci a été « dirigée » du haut vers le bas, en employant des méthodes administratives et bureaucratiques sans l’organisation consciente et indépendante des masses laborieuses et de la classe ouvrière avec un contrôle d’en bas.

    Ce sont ces méthodes qui ont été appliquées par Chavez dès le début ; elles reflètent ses origines militaires et l’absence d’un mouvement conscient, indépendant et organisé de la classe ouvrière et des pauvres. Il faut incorporer les meilleures traditions de la classe ouvrière de chaque pays en un mouvement révolutionnaire audacieux, armé des méthodes et du programme nécessaires pour vaincre le capitalisme. En même temps, il faut surmonter les faiblesses et déficiences présentes. Une révolution socialiste ne peut pas être accomplie en cachant ou en ignorant les problèmes existants.

    Au Venezuela, au contraire du Chili, de la Bolivie et du Brésil, l’organisation indépendante de la classe ouvrière sur le plan industriel ou politique a toujours été historiquement faible. CTV, la première véritable fédération syndicale vénézuélienne, n’a été formée qu’en 1936, et n’a pas réellement commencé à fonctionner avant les années 50. Le Parti Communiste n’a été formé qu’en 1931 – dans la clandestinité, et selon la ligne stalinienne dès sa fondation. Il n’y a eu aucun dirigeant ouvrier historique de la carrure de Luis Recabarren au Chili, lequel a joué un rôle de premier plan dans la construction d’un mouvement ouvrier indépendant, en fondant de nombreux journaux ouvriers, en aidant à la construction de syndicats et du Parti Communiste, et qui était parvenu à se rendre en Russie pour les Congrès du Comintern, y rencontrant Lénine et Trotsky.

    Cette faiblesse a été un des facteurs qui ont permis à Chavez et à ses partisans de prendre la tête du mouvement et de lui donner sa forme et son caractère depuis le début des années 90. Ce point a été illustré par Douglas Bravo, un dirigeant de gauche historique de la guérilla vénézuélienne, qui a collaboré avec Chavez et avec d’autres. L’écrivain britannique Richard Gott, dans son livre “Dans l’ombre du libérateur”, a cité Douglas Bravo, qui lui a raconté une réunion avec Chavez. Ils discutaient de la question d’une grève générale et de lancer une insurrection contre l’ancien régime. Gott commente “C’était exactement ce que Chavez ne voulait pas. Absolument pas. Chavez ne voulait pas que des civils participent en tant que force concrète”. Bravo a relaté le fait qu’une dispute passionnée s’est ensuivie, au cours de laquelle Chavez a déclaré que “tout ce que les civils savent faire, c’est se mettre dans le chemin”. (“Dans l’ombre du libérateur”, pp 64-65)

    Lors des récentes discussions à Caracas avec cet auteur, Bravo a même été plus loin, et a illustré comment Chavez a fait tout son possible afin d’éviter l’implication active des masses. En 1992, Chavez a voulu lancer une rébellion militaire populiste radicale. Selon Bravo, il y avait au cours de la réunion mentionnée par Gott des représentants de diverses organisations étudiantes, civiques et autres, y compris une organisation de jeunes officiers de l’armée comme Chavez. Il avait été décidé que le 8 février serait la date d’une insurrection unie civile et militaire. Cependant, afin d’éviter l’implication de la population “civile”, Chavez a tout bousculé et a organisé tout seul son coup d’Etat (manqué) du 3 février 1992.

    Malheureusement, les expériences de guérilla de Bravo et les développements sur les plans national et international l’ont mené à renoncer au “marxisme-léninisme”, et à se tourner vers un “humanisme de gauche” en tant qu’alternative au régime chaviste.

    L’approche du haut vers le bas adoptée par le mouvement bolivarien a été une de ses caractéristiques depuis que Chavez est arrivé au pouvoir. Le CIO a aussi prévenu des conséquences de ce danger dans de nombreux articles et documents. Par exemple, nous avons dit que “sans le contrôle démocratique de la classe ouvrière, les sections de l’armée qui se retrouvent dans le rôle de dirigeant peuvent inévitablement développer des tendances bureaucratiques ou administratives, qui les mèneront au commandisme. Sans une compréhension claire du rôle de la classe ouvrière dans la révolution, et sans être soumis au contrôle démocratique, même les officiers les mieux intentionnés du monde développent de telles tendances et tentent d’imposer d’en haut leur propre volonté à la classe ouvrière.” (“Les socialistes révolutionnaires et la révolution vénézuélienne”, 2004)

    Aujourd’hui, l’Etat à la matraque et l’appareil du parti ont commencé à utiliser tout ceci directement contre les couches de travailleurs qui se sont mis en lutte pour défendre leurs salaires et conditions de travail et leurs droits démocratiques.

    Répression et méthodes “stalinisantes”

    Malheureusement, la machine d’Etat dirigée par Chavez a commencé à utiliser, tant sur le plan industriel que politique, des formes de répression contre la classe ouvrière et contre ceux qui critiquent le gouvernement sur sa gauche. Sous prétexte de défendre la “révolution socialiste”, les personnes critiques sur sa gauche sont dénoncées comme étant des “contre-révolutionnaires” ou des “agents de l’impérialisme, de la CIA et du MI5”. Au sein du PSUV (le parti chaviste au pouvoir), de telles attaques sont fréquentes de la part de couches de la bureaucratie à l’encontre de ceux qui soulèvent la question d’un véritable contrôle ouvrier, qui se dressent contre la corruption ou mentionnent Trotsky. Par exemple, un partisan du CIO s’est vu dire par un cadre PSUV qu’on n’avait le droit que de parler de “Chavez, Fidel, Che, Mao, mais pas du contre-révolutionnaire Trotsky”. Ceci, malgré le fait que Chavez ait lui-même loué Trotsky lors d’un de ses discours.

    Ces méthodes quasi-staliniennes rappellent celles qui ont été utilisées par les dirigeants du Parti Communiste lors de la Guerre civile espagnole. En Espagne, la classe ouvrière s’est dressée contre la rébellion fasciste de Franco et a fait avancer la révolution – contrôlant à un moment les quatre cinquièmes du pays. Le vieil Etat bourgeois était en lambeaux, tandis que la classe ouvrière faisait progresser la révolution. Toutefois, la classe ouvrière n’est pas parvenue à constituer et à établir son propre Etat ou à prendre pleinement le pouvoir entre ses propres mains. La politique des stalinistes a été de retenir la révolution socialiste et de former un accord avec une couche de la classe capitaliste “progressive”. En conséquence, la politique de l’Etat bourgeois a été reconstituée et la révolution, vaincue. Ceux qui s’opposaient à la politique du Parti Communiste étaient dénoncés et souvent exécutés en tant que “contre-révolutionnaires”.

    Ceci n’est pas la situation du Venezuela d’aujourd’hui, mais l’utilisation de méthodes quasi-staliniennes est une réminiscence de certaines de celles qui ont été employées lors de la Guerre civile espagnole, où tant le capitalisme que l’Etat bourgeois demeurent.

    Les méthodes de répression sont aussi maintenant de plus en plus utilisées contre la classe ouvrière, lorsque des sections de celle-ci sont entrées en lutte pour défendre leurs droits. Au cours de cette année, il y a eu une importante hausse du nombre de travailleurs qui sont entrés en grève pour leurs salaires, leurs conditions de travail et pour la défense de leurs droits. Selon certaines estimations, il y a eu plus de 400 conflits du travail pendant les douze mois qui ont précédé août 2009. Les personnes impliquées sont dans les secteurs de l’acier, de l’électricité, du minerai de fer, de l’aluminium, du transport, de la santé, et autres. En réponse à cela, l’Etat a utilisé contre eux des méthodes répressives.

    Lorsque le personnel du métro de Caracas se préparait à une action de grève afin de défendre une convention collective, Chavez a menacé de les mettre sous loi martiale et de leur enlever leur droit de grève. Utilisant les lois liées à la “sécurité nationale”, des secteurs stratégiquement importants tels que le métro ou les hôpitaux ont été désignés comme étant “zonas de emergencia” où tout mouvement de protestation ou de grève est hors-la-loi.

    Dans l’Etat de Zulia, lorsque les travailleurs du pétrole sont partis en grève en revendiquant le fait d’être incorporés dans une convention collective, 40 membres de la Garde Nationale ont attaqué les travailleurs et ont arrêté les dirigeants syndicaux qui ont été détenus pendant dix-sept heures.

    Les médias du monde entier a accordé beaucoup d’attention au lancement par Chavez du nouveau téléphone portable “socialiste”, Vergatario, qui est parti en production 1er Mai 2008. Très peu de couverture médiatique a par contre été donnée aux conditions et à la répression déplorables que subissent les travailleurs de Vtelca, l’entreprise où ce téléphone est produit. Sans aucune obligation de payer les travailleurs, la direction a utilisé chaque méthode de répression à sa disposition contre sa main d’oeuvre, laquelle a tenté de former un conseil ouvrier et a élu des délégués chargés des problèmes de santé et de sécurité. A un certain point, la Garde Nationale a été utilisée contre la main d’oeuvre et, à l’encontre de l’ensemble du Code du Travail, soixante travailleurs ont finalement été renvoyés pour “manque de dévouement” à leur travail.

    Des sections entières de la classe ouvrière ont été désespérément forcées à entrer en action afin d’appuyer leurs plaintes. Parmi ceux-ci, se trouvaient les 27 travailleurs sur une force de 1400 qui ont été impliqués dans un conflit avec PDVSA. Les travailleurs revendiquaient le fait d’être incorporés dans une convention collective plutôt que d’être laissés dans une société “holding” sans aucun contrat fixe.

    Ces travailleurs, qui ne faisaient aucune confiance à leurs dirigeants syndicaux pour se battre pour leur cause, sont partis en grève de la faim. Ils ont cousu leur lèvres ensemble avec du fil et une aiguille afin d’être sûrs de ne rien avaler ! Au même moment où ce mouvement prenait place, des sections des étudiants universitaires dirigés par la droite descendaient dans les rues pour protester contre les modestes réformes inclues dans la nouvelle loi éducationnelle du gouvernement, certains d’entre eux partant aussi en grève de la faim. Chavez et le gouvernement se sont donc contentés d’attaquer les travailleurs, soi-disant manipulés par les étudiants universitaires contre-révolutionnaires de droite !

    Ces attaques sur les membres de la classe ouvrière qui sont partis en action afin de défendre leurs droits, couplés à la réaction du gouvernement, ont ouvert la porte à un autre danger de la part des forces réactionnaires de droite qui ont tenté de renverser Chavez. Tandis que les travailleurs en lutte ont été dénoncés en tant que “contre-révolutionnaires”, la droite a été capable de se présenter comme une “amie” de la classe ouvrière.

    Tout comme une section de l’ancienne élite qui a tenté de se réconcilier avec le chavisme, toute une section des anciens syndicats de droite a fait de même. Récemment, se sont tenues des élections cruciales pour la direction de FUTPV – la fédération nationale des travailleurs du pétrole national. La liste gagnante était menée par Wills Rangel, avec le soutien du gouvernement et du PSUV. Rangel était un ancien membre du bureau syndical du parti social-démocrate Acción Democratica, un des principaux partis qui composaient l’establishment pré-Chavez. Rangel n’a rompu avec l’AD qu’en 2003.

    La situation qui se développe au Venezuela est une situation où, au nom du socialisme, des sections entières de travailleurs sont dénoncés en tant que “contre-révolutionnaires”, tandis que les forces du capitalisme réactionnaire ont le droit de se présenter en tant que défenseurs des droits démocratiques des travailleurs et des “amis” de la classe ouvrière.

    Dans une des sous-traitants de l’entreprise nationalisée SIDOR, des centaines de travailleurs ont été exclus des conventions collectives lorsqu’ils sont partis en grève, et ont dû faire face à la répression policière et à des arrestations. Un dirigeant syndical critique du gouvernement a déclaré que “le socialisme du 21ème siècle signifie des travailleurs en menottes”.

    Ces développements ont sapé le soutien de Chavez et des chefs du régime. Cependant, inévitablement, différentes couches de travailleurs et de pauvres tirent différentes conclusions de ce processus. Tandis qu’un nombre croissant de travailleurs s’éloignent du régime, toute une couche des plus délaissés et opprimés le soutiennent fanatiquement. Dans certaines zones, des sections entières ont été incorporés dans les “patrouilles socialistes” récemment formées, qui ont été établies en tant que sections communautaires locales du PSUV.

    Certains de ces groupes communautaires de “vigilantes” ont été en certaines occasions mobilisés et envoyés dans le métro et dans certains hôpitaux pour empêcher les travailleurs d’y organiser des assemblées. Parfois, ces patrouilles sont composées des membres les plus opprimés de la société, des zélotes à la solde de Chávez qui ont été drillés par la propagande qui présente ces groupes de travailleurs comme étant des couches privilégiées qui soutiennent la contre-révolution.

    Ce serait une erreur d’exagérer cette tendance, mais elle est en train d’émerger dans certaines zones, et c’est là un avertissement du danger qui est en train de se développer, c’est-à-dire la division de la classe ouvrière et des pauvres urbains sur base d’une telle approche. Il y a eu une accélération rapide de telles méthodes au sein du PSUV et par la machine d’Etat en général. Le PSUV affirme maintenant avoir cinq millions de membres. Ceux-ci sont divisés en trois catégories : membres complets, sympathisants et “réserve” – cette dernière catégorie étant la plus grande – ce qui montre à quel point la militarisation de ce processus est en train de se développer. Certaines de ces méthodes ont au départ été empruntées au régime cubain.

    Maintenant, toutefois, il semble que beaucoup de choses sont en train d’être importées du régime chinois, dont l’influence s’est accrue au fur et à mesure que Chavez a décroché des accords commerciaux et de partenariats pour l’infrastructure. Les Chinois sont en train de bâtir toute une série de liaisons ferroviaires à grande vitesse à travers le Venezuela. Chavez a récemment loué le “gouvernement révolutionnaire” de Chine et a envoyé cent hauts cadres du PSUV en Chine pour une “formation idéologique”. La Chine semble de plus en plus être son “modèle”. Le gouvernement a placé des vœux officiels dans sa presse pour l’anniversaire de la révolution chinoise, afin d’y louer le gouvernement chinois de Hu Jintao!

    De mauvaises fréquentations

    Toutefois, le régime chinois n’est pas le seul à remporter le soutien enthousiaste de Chavez. Une des stratégies internationales de son régime a été de tenter de bâtir un bloc regroupant tout régime qui serait en conflit avec l’impérialisme américain, quel qu’il soit. Un véritable gouvernement socialiste révolutionnaire, dans n’importe quel pays, peut se retrouver isolé pendant toute une période jusqu’à ce que la révolution s’étende à d’autres pays. Dans de telles conditions, rien n’empêche pour un Etat ouvrier de conclure les accords commerciaux qui lui seraient imposés par le contexte. Utiliser les failles et les divisions entre les différentes puissances impérialistes serait, dans de telles conditions, tout à fait légitime. Les bolchéviks et Lénine et Trotsky ont été forcés de conclure de tels accords à cause de l’isolation de la Révolution russe.

    Toutefois, le fait d’établir des relations commerciales formelles ne veut pas dire déverser des tonnes de louanges serviles envers des régimes brutaux qui répriment et agissent contre leur propre population en lutte. Les accords commerciaux ne requièrent pas le fait de chanter les louanges du soi-disant “grand dirigeant révolutionnaire” Ahmadinedjad d’Iran. Selon Chavez, le mouvement de masse contre son régime faisait partie d’un complot impérialiste. Lors du récent sommet des chefs d’Etats sud-américains et africains (ASA), Chavez a ajouté quelques amis de plus à sa liste, y compris le dirigeant libyen Kadhafi.

    Ni son régime, ni celui de Cuba n’étaient même prêts à condamner le brutal massacre du peuple tamoul par le gouvernement sri lankais et de voter contre ce massacre aux Nations Unies.

    Le soutien de régimes tels que les dictatures iranienne ou libyenne par un gouvernement qui prétend défendre le “socialisme révolutionnaire” est indéfendable et peut seulement endommager l’idée du socialisme parmi la classe ouvrière de ces pays et dans le reste du monde. Le futur du régime Chavez est en suspens. Les méthodes et limitations de son programme sont maintenant en train de sérieusement saper son soutien. Des élections parlementaires à l’Assemblée Nationale sont censées se dérouler en 2010. Chavez cherche maintenant à essayer de s’assurer une majorité des deux-tiers. En ce moment, ceci semble peu probable. Cependant, afin de tenter d’atteindre cet objectif, son régime a changé la méthode des élections et a éliminé le système de représentation proportionnelle qui existait auparavant. De telles mesures ne font que saper encore plus son soutien et renforcent l’idée qu’il est maintenant en train de construire un régime de répression. Ceci joue en faveur de la droite. La menace d’une “contre-révolution rampante” demeure, au fur et à mesure que de plus en plus grandes sections de la population sont de plus en plus frustrées et déçus vis-à-vis du régime actuel.

    En même temps, la perspective de l’irruption de plus de batailles de classe, voire de grandes explosions sociales en réponse aux attaques du gouvernement, est présente dans cette situation. Dans un tel contexte, surtout avec l’importante récession économique, il ne peut être exclu que Chavez puisse encore aller dans la direction de plus de mesures populistes radicales, y compris plus de nationalisations ou expropriations, ou mettre en œuvre des mesures contre la “Boli-bourgeoisie” et la corruption. Ceci, malgré son arrangement avec ces “nouveaux bourgeois” et avec la bureaucratie.

    Il faut un programme pour la révolution socialiste

    Pourtant, de telles mesures ne résoudraient pas le problème sous-jacent si elles ne sont pas basées sur un mouvement indépendant et conscient de la part de la classe ouvrière, avec un programme en vue d’accomplir la révolution socialiste. Même si le capitalisme était totalement étouffé, l’absence d’un véritable régime de démocratie ouvrière empêcherait l’avancée du mouvement vers l’édification du socialisme.

    Un programme pour la révolution socialiste au Venezuela devrait inclure :

    • L’introduction d’un véritable système de contrôle ouvrier, via des comités de délégués élus et révocables, qui contrôleraient la marche quotidienne des entreprises. L’ouverture des livres de comptes de toutes les entreprises – y compris des entreprises nationalisées – afin d’être inspectés par des comités de travailleurs, afin de mettre un terme à la corruption et de déraciner la bureaucratie.
    • Ces comités doivent être reliés au niveau de leur ville, de leur région et au niveau national. Les entreprises d’Etat doivent être gérées sur base d’un système de gestion démocratique ouvrière, les conseils d’administration de telles entreprises devant être composés de représentants élus des travailleurs de l’industrie, des couches plus larges de la classe ouvrière et des pauvres, et d’un gouvernement ouvrier et paysan.
    • Tous les cadres doivent être élus et révocables à tout moment, et ne doivent pas recevoir plus que le salaire moyen d’un ouvrier qualifié.
    • L’expropriation des banques, des multinationales et des 100 familles les plus riches qui contrôlent toujours l’économie vénézuélienne, et l’introduction d’un plan socialiste démocratique de production.
    • La formation d’une fédération syndicale indépendante et démocratique, avec une direction élue, redevable à et contrôlée par la base des membres. La lutte pur un tel programme est maintenant urgente afin d’insuffler un souffle nouveau dans la révolution vénézuélienne et d’empêcher sa stagnation et la menace de la contre-révolution.
  • Parlement Européen: Action de protestation contre le pillage de l’Amérique Latine

    Une action de protestation a eu lieu ce mercredi contre le pillage néo-libéral de l’Amérique Latine, victime de l’impérialisme. Les militants présents ont protesté contre les accords de libre-échange qui mettent sous pression les acquis sociaux et assurent le pillage des ressources naturelles. L’Union Européenne, pour sa part, n’a aucun problème avec les violations des Droits de l’Homme ou avec les relations qu’elle entretient avec des régimes dictatoriaux comme en Colombie ou au Honduras. Le PSL était présent, avec entre autres l’euro-parlementaire irlandais Joe Higgins, qui avait déjà abordé cette question au cours d’une prise de parole dans la commission parlementaire.

  • Solidarité contre le coup d’Etat au Honduras!

    Environ 120 personnes ont pris part hier au rassemblement organisé ce lundi devant l’ambassade du honduras par 11.11.11, le CNCD et le CIFCA contre le coup d’Etat au Honduras. Le PSL a également participé et a diffusé pour l’occasion des articles récents sur la situation au Honduras en 4 langues (français, espagnol, néerlandais et anglais).

    Jeudi passé s’était tenu à l’ULB un meeting de solidarité à l’initiative d’ATTAC-ULB et coorganisé par différentes organisations étudiante de gauche dont les Etudiants de Gauche Actifs, le cercle étudiant du PSL. A ce meeting, il avait été décidé de mettre sur pied une plateforme de solidarité avec les diverses composantes afin de mieux organiser les actions de solidarité internationale avec la lutte des travailleurs et des pauvres contre le coup d’Etat et le régime putchiste de Micheletti. Après ce meeting, de nombreux participants sont venus à la soirée latino des Etudiants de Gauche Actifs poursuivre de façon conviviale les discussions.


    Photos de Pavel

  • Le régime issu du coup d’État recourt à la répression contre le retour du président Zelaya

    Pour que la lutte de masse renverse la dictature; pour que les politiques socialistes en finissent avec le règne des oligarques et de l’armée!

    Le président élu du Honduras, Manuel Zelaya, qui a été démis lors d’un coup d’état et exilé le 28 juin, est inopinément revenu dans la capitale du pays, Tegucigalpa, la nuit du 21 septembre. En soutient, une grande foule s’était rassemblée, pour une bonne part issue des secteurs ruraux pauvres, et ont entouré le bâtiment de l’ambassade brésilienne où Zelaya leur a adressé un discours. Cependant, pendant la nuit du 23 septembre, le régime issus du coup d’État a commis plusieurs actes de violence, y compris des tirs de balles en caoutchouc et des jets de gaz lacrymogènes, contre les milliers de partisans de Zelaya qui bordaient l’ambassade. De nombreuses personnes ont été blessée, et il y a eu deux décès.

    Niall Mulholland, Comité pour une Internationale Ouvrière

    Depuis le retour de Zelaya lundi dernier, le régime, dirigé par Roberto Micheletti, a décrété l’état d’urgence, suspendant ainsi le droit d’assemblée, et a donné consigne à tous les médias étrangers de quitter le secteur. Les aéroports civils sont tous sous contrôle militaire et les frontières sont fermées. La majeure partie du pays est à l’arrêt, avec des écoles et beaucoup d’entreprises fermées. On rapporte que l’armée entrave la circulation routière vers Tegucigalpa et l’alimentation d’électricité de la chaine 36 a été coupée pour empêcher le reportage sur le retour de Zelaya. On signale que des centaines de défenseurs de Zelaya ont été arrêtées et amenés au stade de Chochi Sosa. Cependant, en réponse à cette répression brutale, des rapports ont filtré malgré la pression du régime sur les médias, ceux-ci ont publié des reportages sur la réaction des masses qui agissent avec courage face à l’oppression, érigeant des barricades dans les quartiers de la classe ouvrière de Tegucigalpa et dans d’autres villes.

    Il s’agit de la troisième tentative de retour au Honduras depuis le coup d’État de juin. Jusque récemment, Zelaya était au Nicaragua. Son allié, le président vénézuélien, Hugo Chavez, a dit que Zelaya avait voyagé pendant deux jours par voie de terre, traversant fleuves et montagnes avec des partisans, atteignant par la suite Tegucigalpa. Le gouvernement brésilien a donné la permission à Zelaya de demander asile à leur ambassade. Le Nicaragua a été en état d’ébullition pendant les mois, qui ont suivi le coup d’État de juin, avec des protestations, des réunions et des grèves de masse menée par les travailleurs, les étudiants et les pauvres. Le régime autoritaire de Micheletti a sans doute pensé que leur coup d’État mettrait fin à l’administration de gauche et intimiderait les masses jusqu’à leur faire accepter le règne des grands propriétaires et des oligarques. Au lieu de cela, l’action de la contre-révolution a mis en branle les pauvres et les travailleurs, qui en ont assez des inégalités, du chômage et des problèmes sociaux énormes.

    La moitié de la population du Honduras vit sous le seuil de pauvreté et le taux de chômage officiel s’élève à 28%. Plus d’un million de personnes, sur une population de 7.8 millions, ont été forcées d’émigrer aux USA pour essayer et trouver le travail.

    Zelaya vire à gauche

     Zelaya, riche propriétaire foncier, a été élu comme président en 2005 comme représentant du parti libéral de centre-droit. Cependant, une fois au pouvoir, il a été mis sous pression par les masses de pauvres et de travailleurs et a effectué quelques réformes pour alléger la douleur des indigents, allant même jusqu’à allouer une augmentation de 60% du salaire minimum. En 2008, Zelaya a inclu le Honduras dans l’alliance régionale favorisée par le Venezuela, l’alternative de Bolivarienne des Amériques (ALBA) et a conclu un accord avec le Venezuela concernant l’importation de carburant, cassant ainsi le monopole des multinationales.

    Les politiques de Zelaya ont semé le désarroi au sein de la classe dirigeante hondurienne, qui a été longtemps liée aux intérêts d’impérialiste des USA. Dans les années ’80, le Honduras a été employé comme base de lancement pour le terroriste de droite et les Contras, soutenus par les États-Unis, qui ont combattu contre la révolution au Nicaragua. Dans toute l’histoire du pays, le peuple du Honduras a souffert de plusieurs coups militaires: la riche élite fait tout pour stopper n’importe quelle tentative de redistribution des richesses aux masses.

    C’est la tentative de changer la constitution qui a déclenché le coup d’État de juin (la constitution actuelle a été rédigée par un régime militaire de droite dans les années ’80), avec le renvoi du commandant de forces armées. Zelaya a déclaré qu’un référendum serait tenu le même jour que les élections du 29 novembre mais la court suprême, la droite (qui domine le congrès) et les militaires (qui ont la responsabilité d’organiser les élections au Honduras) se sont opposés au référendum. Comme Zelaya a persisté, l’aile droite l’a renversé.

    La classe dirigeante hondurienne a craint qu’aussi limitée soient elles, les réformes de Zelaya puissent constituer une menace pour leurs intérêts. L’idée d’une assemblée constituante pourrait réveiller la combattivité des masses pour qu’elles se mobilisent vers un changement social. Le coup d’État contre Zelaya a été formellement condamné par la plupart des pays latino-américains et l’administration d’Obama a émit des critiques prudentes, tout en évitant soigneusement une condamnation qui signifierait des sanctions contraignante contre le régime. En effet, il est probable que dans le complexe militaro-industriel américain, lié à Hillary Clinton, le secrétaire d’état des USA, on a pris connaissance du coup de Micheletti avant qu’il ne se déroule.

    Depuis juin, les pauvres et exploité du Honduras ont courageusement résisté au coup d’État. La direction la plus résolue dans le mouvement est venue du Front national de la résistance, qui a régulièrement organisé des actions de masse et tenu des assemblées de travailleurs et de pauvres. Le mouvement de résistance a appelé cette semaine à une manifestation énorme le 23 septembre pour protester contre le régime.

    Un point critique

    La situation au Honduras a atteint un point critique. Le retour de Zelaya a redynamisé les masses. Comment le régime réagira-t-il? Tandis que le gouvernement brésilien a averti le régime  que n’importe quelle tentative de donner l’assaut à son ambassade donnera la preuve de sa brutalité, on ne peut l’éliminer l’hypothèse que le régime pourrait essayer d’arrêter ou même de tuer Zelaya. Avec cela, en plus d’un contrôle militaire encore plus étroit dans le pays, le régime espère pouvoir mettre un terme à la révolte des masses. Un tel scénario serait mis en échec par les masses. Même si un écrasement des masses arrive, ce ne serait pas une victoire durable pour l’élite dirigeante, mais préparerait seulement une nouvelle période de soulèvement des masses.

    Le régime de Micheletti, cependant, craint le développement d’un mouvement de masse radicalisé d’opposition. Il y a aussi une pression énorme des USA et d’autres régimes latino-américains pour conclure un marché avec Zelaya. Jusqu’ici, Micheletti a mis de telles exigences sur table pour le retour de Zelaya au Honduras que cela rendait la chose inacceptable (Zelaya ne peut pas reprendre la présidence, Zelaya doit accepter les élections du 29 novembre organisées par le régime et Zelaya doit être jugé). Mais le régime de Micheletti, ou des éléments importants en son sein, sont préparés pour un accord avec Zelaya afin d’essayer d’endiguer la montée de l’opposition radicale qui pourrait menacer le régime entier et la classe dirigeante.

    Le 23 septembre, Micheletti a indiqué un changement de tactique, en déclarant qu’il était disposé à parler à Zelaya mais que Zelaya doit d’abord accepter que des élections présidentielles soient tenues en novembre.

    Concernant ses objectifs, Zelaya a fait des déclarations quelques peu contradictoires depuis son retour. Il a notamment dit aux foules en dehors de l’ambassade brésilienne qu’il «renverserait le gardien de dictature» (, 23/09/09) et il a repoussé la dernière offre de Micheletti, qu’il qualifie de "manipulation". Mais Zelaya a également déclaré qu’il était prêt «à lancer un grand dialogue» (EL Pais, 23/09/09).

    Les USA ont soutenu l’accord proposé par l’ancien Président du Costa Rica, Oscar Arias, qui verrait Zelaya retourner au palais présidentiel comme chef d’un gouvernement d’«unité et de réconciliation» qui impliquerait les protagonistes du coup d’État. Cet accord stipule que les personnes ayant pris part au coup d’État ne seraient pas poursuivies pour leur crime et Zelaya devraient cesser d’essayer de changer la constitution. Somme toute, l’accord proposé par Arias et ardemment soutenu par Hillary Clinton est une victoire pour les protagonistes du coup d’État.

    Pour les masses, il ne peut être en aucun cas question de négociations ou de compromission avec un régime illégal et brutal qui nie les droits de l’homme et qui fera tout pour s’assurer que le règne du grand capital continue aux dépens des travailleurs et des pauvres.

    La tâche principale pour les travailleurs, la jeunesse et les chômeurs est d’établir et développer la résistance de masse et les politiques indépendantes de la classe ouvrière. Les conditions de  pauvreté et d’inégalité ne seront pas changés par un gouvernement de d’unité nationale avec le régime de Micheletti, commandité par l’impérialisme américain et des puissances capitalistes régionales locales, impliquant probablement l’organisation des États américains et l’ONU. Il ne peut y avoir aucune unité avec la classe des capitalistes et des propriétaires et les intérêts impérialistes, qui sont diamétralement opposés aux intérêts de classe des masses honduriennes.

    Méthodes de lutte de classe de masse

     Pour renverser le régime et instaurer des réformes significatives pour les travailleurs et les pauvres il faut développer la résistance de masse mise en marche depuis le coup d’État de juin. Les masses ont montré leur courage et leur détermination dans le combat pour leurs droits démocratiques, y compris le droit de s’organiser et pour des syndicats indépendants. Réussir à renverser le régime et acquérir des droits démocratiques véritables et durables ainsi que des gains sociaux nécessite d’employer les méthodes de lutte de classe de masse, avec la classe ouvrière organisée comme avant-garde: avec la grève, des manifestations de masse et, finalement, un mouvement insurrectionnel qui sera à même de se débarrasser du régime et de l’oppression impérialiste. En tant qu’élément de ceci, le mouvement de résistance doit faire un appel de classe à la troupe des forces armées, issue des milieux pauvres du pays: ne tournez pas vos fusils contre vos frères et sœurs, vos pères et mères : rejoignez la lutte pour renverser l’oligarchie et la classe de dirigeante! Le mouvement doit se défendre, y compris de manière armée et sous contrôle démocratique, contre les attaques mortelles continues des forces paramilitaires.

    Le mouvement de masse doit également lancer un appel à la solidarité de classe vers ses frères et sœurs d’Amérique Centrale et dans l’ensemble des Amériques, y compris aux USA pour l’organisation d’actions syndicales afin d’aider à briser le régime de Micheletti.

    Les comités de base d’autres structures déjà installées par par le Front de la résistance doivent être développés aux niveau local, régional et national, et démocratiquement dirigés. Ces structures représentatives des masses, avec l’implication des communautés locales, des travailleurs, des syndicats, des jeunes, des étudiants et de la communauté au sens plus large, peuvent constituer la vraie base du pouvoir au Honduras et former la base d’un nouveau gouvernement national des travailleurs et des pauvres: pour une assemblée constituante révolutionnaire avec une aprésentation majoritaire des travailleurs et des pauvres!

    Un gouvernement national des travailleurs, armé de politiques socialistes, peut fondamentalement changer la situation au Honduras en plaçant la richesse du pays sous le contrôle et la gestion démocratique de la classe ouvrière. Ce serait une puissante attraction envers les masses d’Amérique, accélérant énormément le processus de radicalisation et la révolution déjà en jeu sur le continent.

  • Venezuela: travailleurs en lutte – Appel à la solidarité!

    Appel du "Frente de Obreros de FOGADE" pour les droits à la pension

    Nous faisons appel de toute urgence à toutes les organisations syndicales et de travailleurs nationalement et internationalement pour rejoindre la campagne de solidarité avec les travailleurs de l’administration impliqués dans la lutte à FOGADE.

    Socialismo Revolucionario (CIO-Venezuela)

    43 travailleurs sont engagés dans une lutte pour de justes revendications concernant leurs pensions que les autorités de l’État leur ont refusées. Les autorités de FOGADE utilisent chaque manœuvre bureaucratique et administrative possible pour éviter de donner suite à leurs revendications et violent les droits de ces travailleurs, légalement sous la Ley Orgánica del Trabajo – un code du travail reconnu. Nous avons envoyé lettres sur lettres au ministère du travail en dénonçant les actes de la direction, mais nous n’avons reçu aucune réponse.

    Deux cas concrets illustrent parfaitement ce pour quoi nous luttons. Le premier est celui d’Ervigio Herrera, qui a plus de 60 ans et a une santé très faible. Elle vient juste de surmonter de sérieux problèmes de santé, mais a dû continuer à travailler et ne peut pas obtenir l’avantage d’une pension décente, ce à quoi elle a droit. Elle n’a reçu que la pension minimale d’Etat, très basse et sans les avantages auxquels ont droit tous les employés de des institutions.

    Le deuxième cas est celui de Franklin Méndez, qui a 57 ans et a travaillé le temps nécessaire dans l’administration publique pour avoir droit à ses droits légaux de pension. Il souffre d’hypertension. Ce droit lui a été refusé, la direction ayant déclaré que pour l’obtenir, il devait étudier et obtenir une qualification universitaire. D’autre part, on lui a dit qu’il n’existait aucun endroit pour qu’il étudie en vue d’obtenir les qualifications nécessaires…

    FOGADE a conclu une série de contrats avec des compagnies spécialisées dans les services scolaires incluant des cours sur la conscience sociale, les morales sociales et d’autres questions. La direction de FOGADE a clairement démontré quel type de conscience sociale elle avait avec de tels actes. Dire est une chose, la pratique en est une autre.

    Les exemples précités ne sont que deux cas parmi d’autres travailleurs impliqués dans une lutte pour obtenir leurs droits pour des pensions correctes.

    Nous faisons donc appel à tous les travailleurs internationalement pour qu’ils envoient des messages de soutien à: Socialismo.rev.venezuela@gmail.com, SUTRA.FOGADE@fogade.gov.ve et Humberto.ortega@fogade.gov.ve.

  • Honduras: NON au coup d’Etat! – Déclaration du Comité pour une Internationale Ouvrière – Costa Rica

    Au moment d’écrire cette déclaration, des milliers de Honduriens sont en train de prendre les rues de Tegucigalpa ainsi que d’autres villes du pays. De plus, une grève générale a éclatée pour protester contre le coup d’Etat contre le Président du Honduras, Manuel Zelaya. Le groupe du CIO au Costa Rica exprime sa solidarité inconditionnelle vis-à-vis des manifestants qui défient le couvre-feu et la répression ordonnés par le nouveau gouvernement putschiste. Nous demandons à tous les travailleurs ainsi qu’à leurs organisations d’exprimer leur opposition à l’attaque contre les droits démocratiques des travailleurs et du peuple du Honduras.

    CIO-Costa Rica

    Les forces de l’armée hondurienne, dans une action coordonnée avec les dirigeants politiques les plus réactionnaires du Congrès et du pouvoir judiciaire ont rompu les règles du régime démocratique bourgeois du pays, dimanche soir (28/06), en séquestrant le Président Manuel Zelaya, élu en 2005 jusque 2010, et par la suite en le déportant à San José au Costa Rica.

    Les mêmes dirigeants réactionnaires n’ont pas perdu de temps et le dimanche, en prétextant que Zelaya avait démissionné, ils se sont accordés pour nommer l’actuel Président du Congrès, Roberto Micheletti nouveau président du pays. Le président Zelaya, qui a quitté le Costa Rica pour Managua au Nicaragua, nie avoir démissionné et accuse l’armée de l’avoir séquestré par la force pour l’expulser du pays après avoir mitraillé sa résidence.

    Le coup d’Etat au Honduras reflète les intérêts de la classe dominante et de l’élite politique qui craint la perte de contrôle sur les actions de Zelaya et sa prise de distance avec l’agenda politique et économique des élites les plus conservatrices de cette dernière période.

    Manuel Zelaya a été élu comme candidat du Parti Libéral, mais à partir de 2007, il a adopté une position de rapprochement avec le gouvernement vénézuélien d’Hugo Chavez, et a demandé l’adhésion officielle de son pays à ALBA, l’Alternative Bolivarienne pour les Amériques. Cette attitude, tout comme certaines mesures adoptées par le gouvernement, n’ont pas été appréciées par les patrons, l’église et les intérêts de l’impérialisme au Honduras.

    Le putsch s’est produit lorsque le gouvernement de Zelaya, en grave conflit avec les dirigeants de son propre parti et avec l’opposition de droite, promouvait une conusltation populaire informelle sur la possibilité de réaliser un référendum sur la convocation d’une Assemblée Constituante dans le pays à l’occasion des élections de novembre.

    Dans le cadre d’une profonde crise économique et d’une instabilité politique, le gouvernement de Zelaya a été mis sous pression pour trouver une base sociale de soutien dans les secteurs populaires en dehors de la ligne traditionnelle de son propre parti et en aiguisant encore plus la dispute féroce avec le Parti National du Honduras, traditionnel adversaire du Parti Libéral dans les controverses politiques intra-bourgeoises. Face à la crise, Zelaya a opté de faire des réformes par en haut avant que le peuple ne puisse les arracher avec beaucoup plus d’intensité par en bas.

    La rupture institutionnelle au Honduras est une claire démonstration de comment, dans le cadre de la crise structurelle du capitalisme et de la fragilité des systèmes politiques latino-américains, même des petites réformes ou des actions modérées qui contrarient les intérêts des élites politiques et économiques, deviennent intolérables pour la classe dominante associée avec l’impérialisme sur le continent.

    Indépendamment du caractère du gouvernement de Zelaya, qui est toujours un gouvernement bourgeois, le coup d’Etat est une attaque sévère contre les travailleurs et la majorité du peuple, avec plus du 50% de la population en dessous du seuil de pauvreté et avec une élite historiquement réactionnaire associées avec l’impérialisme nord-américain. Les soldats qui ont séquestré Zelaya ont été entrainés avec les méthodes typiques de l’école des coups d’Etats, subventionnée par l’impérialisme nord-américains pendant des décennies.

    Ce qui arrive aujourd’hui au Honduras affecte profondément le mouvement de la classe ouvrière et les peuples du monde, particulièrement en Amérique latine. Un putsch, au moment où les travailleurs, les paysans, les indigènes et les jeunes de divers pays de la région osent lever la tête contre les politiques et la crise du capitalisme qu’ils supportent, est un précédent très dangereux.

    Vaincre le putsch au Honduras et empêcher que les mêmes méthodes ne puissent être utilisées dans le futur est un point important pour l’avancement de la lutte des travailleurs dans d’autres pays. C’est donc là une tâche unitaire et prioritaire des mouvements sociaux et de la gauche conséquente dans le continent.

    Pour les travailleurs et le peuple hondurien, il est essentiel de promouvoir pour l’adoption des méthodes de lutte de la classe ouvrière : la grève générale, la mobilisation massive et l’organisation démocratique par la base (l’autodéfense incluse) incluant tous les autres secteurs de la population pauvre et opprimée, coupant à la racine la tentative d’utilisation de politique autoritaire et réactionnaire dans le pays.

    Devant l’impossibilité que même l’impérialisme US puisse supporter le nouveau gouvernement putschiste – avec Obama qui maintient une attitude vacillante et douteuse, mais sans reconnaitre à Micheletti comme président – il est possible que les putschistes essayent de promouvoir une normalisation de la situation en maintenant les élections de novembre sous des conditions spéciales, sans le référendum sur l’Assemblée Constituante et sous un contrôle strict.

    En même temps, nous exigeons une position claire de la part de toutes les autorités, les gouvernements et les organismes internationaux contre le coup d’Etat, même si nous n’avons aucune illusion envers des organisations comme l’OEA (Organisations des Etats d’Amériques) ou les Nations-Unies. Nous demandons aux travailleurs de rester attentifs face aux manoeuvres de l’impérialisme et ses alliés en Amérique Latine.

    Nous ne pouvons accepter aucune solution pour le Honduras qui n’incorpore comme une base minimale la destitution immédiate du gouvernement putschiste de Micheletti, la restauration du gouvernement de Zelaya et l’incarcération de ceux qui directement ou indirectement ont collaboré au coup d’Etat.

    Ceci ne peut s’obtenir de manière effective qu’avec la mobilisation des travailleurs et du peuple hondurien avec la ferme solidarité des travailleurs de toute l’Amérique Latine et du monde.

    Nous devons travailler à ce que l’action putschiste tourne au profit d’une radicalisation de la lutte des travailleurs qui aille plus loin que les reformes modérées du gouvernement de Zelaya, surpasse les limites du système politique bourgeois et avance dans une direction véritablement démocratique, anticapitaliste et socialiste.

    • Soutien inconditionnel à la résistance des travailleurs et au peuple du Honduras contre le coup d’Etat !
    • A bas le gouvernement putschiste de Micheletti ! Pour le retour immédiat de Manuel Zelaya ! Aucun accord avec les putshistes !
    • Pour le rétablissement immédiat des libertés démocratiques et la fin de la répression !
    • Pour l’organisation indépendante des travailleurs et du peuple du Honduras dans sa lutte pour les droits démocratiques et sociaux.

    Le Comité pour une Internationale Ouvrière, CIO

    Le capitalisme est un système mondial et il doit être combattu à la même échelle. C’est pourquoi le Parti Socialiste de Lutte fait partie d’une organisation marxiste internationale: le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), un parti mondial actif sur tous les continents. Notre lutte en Belgique s’inscrit dans le cadre d’une lutte des travailleurs du monde entier pour un société socialiste car si la révolution socialiste éclate sur le plan national, elle se termine sur l’arène internationale. La démocratie ouvrière et la planification socialiste de la production ne peuvent se limiter à un seul pays. C’est d’ailleurs l’isolement de la Russie soviétique qui a conduit à sa dégénérescence à partir de 1924.

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