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Category: Amérique du Nord
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USA. Roe vs Wade : Des milliers de personnes inondent les rues pour le droit à l’avortement ! Et ensuite ?

Le 2 mai, un projet de décision divulgué à Politico est apparu, indiquant que la Cour suprême des États-Unis est sur le point de renverser Roe v. Wade, la décision historique qui a légalisé l’avortement. Socialist Alternative a lancé l’appel « Descendez dans la rue pour défendre Roe ».Par Greyson Van Arsdale | Socialist Alternative — Alternative Socialiste Internationale – USA
Le soir du 3 mai, des milliers de manifestant-e-s se sont rassemblé-e-s dans des villes de tout le pays pour protester contre la fuite du projet de décision de la Cour suprême qui annulerait Roe v. Wade. La Cour doit se prononcer au début de l’été, ce qui donne au mouvement le temps de s’organiser et de lutter contre cette décision.
Socialist Alternative a mené de grandes manifestations à Philadelphie, Boston, Minneapolis, Madison, Pittsburgh, Chicago, Houston et Seattle, entre autres, appelant à une escalade d’actions avec des débrayages et des grèves pour faire pression afin de stopper la décision. Dans d’autres villes, nous avons dirigé des contingents féministes socialistes dynamiques au sein de manifestations plus larges.
Certaines personnes ont voyagé pendant des heures pour assister à cette manifestation de milliers de personnes au Capitole de l’État à Madison, WI
« Les grandes victoires progressistes aux États-Unis n’ont jamais été emballées dans un paquet cadeau et remises par l’establishment », a déclaré Rachel Wilder, membre de Socialist Alternative et étudiante à l’université Temple de Philadelphie. « En fait, l’establishment a toujours été du mauvais côté de l’histoire – sur l’avortement, le mariage gay, la déségrégation – jusqu’à ce que des mouvements de masse de travailleurs forcent les deux partis du grand capital à céder. Nous avons besoin de millions de personnes dans les rues pour défendre l’avortement et arrêter la droite ! »
Les manifestations dans tout le pays ont montré un grand mécontentement face aux échecs du parti démocrate à défendre l’avortement et à se battre pour ce dont les travailleurs de tous genres ont besoin. Les orateurs ont souligné que non seulement Joe Biden a fait une promesse de campagne pour codifier Roe v. Wade, mais Obama a fait campagne sur la légalisation de l’avortement en 2008 et n’a pas réussi à le faire même avec une supermajorité au Congrès. À la suite de la fuite de lundi, M. Biden a déclaré qu’il avait demandé à son administration de « préparer des options » en cas d’annulation de l’arrêt Roe v. Wade et qu’il n’avait pas soutenu la fin de l’obstruction parlementaire pour permettre aux démocrates de voter la légalisation de l’avortement au Congrès.
Il est clair que les jeunes en ont assez des promesses non tenues des démocrates. À New York, après la fin du rassemblement organisé de la Marche des femmes, nos membres ont entonné un chant appelant à une marche. La réponse de la scène principale, qui était dominée par des agents du parti démocrate hostiles à l’idée d’une action directe, a été « c’est mignon ce que vous essayez de faire là-bas, mais ce n’est pas ce que nous faisons ». Plutôt que de laisser l’énergie se dissiper, nous-mêmes et d’autres groupes de gauche avons conduit près d’un millier de personnes dans les rues de Manhattan et vers un autre rassemblement à Washington Square Park où nous avons discuté ouvertement des prochaines étapes du mouvement. Lors de la marche, on pouvait entendre les manifestants scander « Voter bleu n’est pas suffisant ! Démocrates, nous dénonçons votre bluff ! »
« C’est comme ça que nous en sommes arrivés là en premier lieu – un parti qui ne sait pas comment se battre, qui a plus peur que sa base s’organise qu’autre chose », a déclaré Kshama Sawant, membre de Socialist Alternative et conseillère municipale de Seattle, lors d’une manifestation à Seattle hier soir. « Un parti qui fera tout pour marginaliser ou chasser les véritables progressistes, car il donne silencieusement la priorité à la stabilité du système capitaliste et à la rentabilité des entreprises avant tout. Avant les droits des femmes, les droits reproductifs, les droits des travailleurs, les droits LGBTQIA+, et avant même la continuation de la civilisation humaine alors que nous sommes confrontés à une catastrophe climatique totale. Nous avons besoin d’un nouveau parti ! Un parti qui se bat bec et ongles pour défendre les droits reproductifs, les droits des travailleurs, les droits LGBTQIA+ et contre le racisme ! »
Des milliers de personnes ont défilé hier à Philadelphie pour défendre le droit à l’avortement et se battre pour d’autres revendications telles que l’assurance maladie pour tous avec des soins complets en matière de reproduction et d’affirmation du genre
Quelle est la prochaine étape dans la lutte pour le droit à l’avortement ?
De nombreux manifestants ont également participé à la campagne Justice pour George Floyd de 2020, où ils ont été beaucoup plus nombreux à manifester pendant des mois. Malgré ce grand nombre, le mouvement n’a malheureusement pas réussi à obtenir des réformes majeures à grande échelle, et la plupart des villes individuelles ont continué à augmenter les budgets de la police.
Comme il s’agissait du plus grand mouvement de protestation de l’histoire des États-Unis, on peut se demander ce qui a manqué et comment nous pouvons gagner cette fois-ci.
Malgré l’affluence, Justice pour George Floyd est resté un mouvement de rue sans structures ni revendications claires. Le mouvement ne s’est pas intensifié pour intégrer une action directe à grande échelle. À quelques semaines du jugement de la Cour suprême, nous devons aller au-delà des manifestations de rue et intensifier notre lutte pour inclure des débrayages, des occupations et même des grèves. L’énergie des manifestations de rue doit se traduire dans nos communautés et sur nos lieux de travail afin de forcer la main de la Cour suprême et du Congrès.
Nous avons vu un nouveau souffle dans le mouvement syndical avec les campagnes héroïques de syndicalisation chez Starbucks et Amazon. Ce mouvement ouvrier nouvellement revitalisé a un rôle essentiel à jouer dans le renforcement de la lutte de la classe ouvrière pour des soins reproductifs gratuits et facilement accessibles.
Le SEIU (Service Employees International Union) et le NNU (National Nurses United), qui organisent tous deux des travailleurs de la santé, ont fait des déclarations sur l’impact dévastateur qu’aurait une annulation de Roe v. Wade sur les travailleuses. Nous avons besoin que ces syndicats organisent leurs membres pour qu’ils agissent en faveur du droit à l’avortement, et nous avons besoin que d’autres syndicats s’engagent dans cette lutte.
Le nouveau syndicat Amazon Labor Union a fait preuve d’une grande solidarité lorsque son président par intérim, Chris Smalls, a appelé hier les manifestants à se joindre à la lutte à Foley Square, à New York.
Les syndicats ont un intérêt particulier à obtenir la légalisation totale de l’avortement, et à aller de l’avant pour obtenir un système d’assurance-maladie pour tous avec des soins complets en matière de reproduction et d’affirmation du genre. Les soins de santé fournis par l’employeur sont une monnaie d’échange majeure entre les mains des patrons lors des négociations contractuelles, et les patrons retirent souvent les prestations de santé des travailleurs en cas de grève.
Pour les membres des syndicats, les travailleurs non syndiqués, les étudiants et les jeunes qui sont prêts et motivés à se battre pour le droit à l’avortement et les soins de santé gratuits pour tous, nous avons besoin de réunions publiques d’organisation afin de mettre en place un plan d’action intensifié, comprenant des débrayages et des grèves. Socialist Alternative organise des réunions publiques dans plusieurs villes du pays.
Pour gagner, ce mouvement a besoin de revendications fortes qui font passer le terrain de la défense à l’attaque.
Nos revendications
- Faites reculer la droite ! La Cour suprême doit faire marche arrière et maintenir Roe v. Wade !
- Pour des débrayages massifs et des actions de grève pour défendre l’avortement !
- Les Démocrates ont le contrôle total de Washington, ils doivent immédiatement mettre fin au blocage et légaliser l’avortement !
- Le Congrès doit adopter l’assurance-maladie pour tous, avec l’avortement sur demande, des soins reproductifs complets et des soins complets d’affirmation du genre pour tous !
- Cette attaque contre Roe ouvrira la porte à des attaques brutales et continues contre les droits des personnes LGBTQIA+. Nous avons besoin d’une lutte unie contre l’oppression de genre sous toutes ses formes ! Notre mouvement doit se battre pour des soins reproductifs complets ainsi que contre les lois réactionnaires anti-trans qui balaient les états à travers le pays !
- Mettons fin au système bipartisan – nous devons lancer un parti indépendant de la classe ouvrière qui défendra les intérêts des femmes de la classe ouvrière, des personnes LGBTQIA+ et des personnes de couleur !
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États-Unis. Un an plus tard, les travailleurs ne sont pas mieux lotis avec Joe Biden

Plus d’un an après avoir voté dans l’espoir d’éloigner le pays de la droite, des millions de personnes sont confrontées à la menace imminente d’un raz-de-marée républicain lors des élections de mi-mandat, les midterms.Par Grace Fors, Socialist Alternative (section d’ASI aux États-Unis)
Lors d’une conférence de presse marquant la première année de mandat du président démocrate Joe Biden, un journaliste a demandé : « L’inflation est en hausse, votre législation nationale phare est bloquée au Congrès et, dans quelques heures, un effort au Sénat pour traiter de la législation sur la réforme électorale va échouer. Le COVID-19 continue de coûter la vie à 1.500 Américains chaque jour et les divisions de la nation sont aussi vives qu’il y a un an. Avez-vous fait des promesses excessives au public américain ? » Joe Biden a simplement répondu : « Je n’ai pas fait de promesses excessives. »
C’est très loin de l’état d’esprit de la plupart des Américains. La moitié des Américains déclarent se sentir « frustrés » et « déçus » par la présidence de Biden. Si l’élection de 2024 avait lieu aujourd’hui, 60 % des Américains ne voteraient pas pour Biden. Plus d’un an après avoir voté dans l’espoir de détourner le pays de la droite, des millions d’Américains sont confrontés à la menace imminente d’un raz-de-marée du GOP (Grand Old Party, surnom du parti républicain) lors des élections de mi-mandat.
Joe Biden a été élu par des électeurs qui avaient davantage confiance en lui que dans Trump pour gérer la pandémie de manière adéquate. Pourtant, durant l’année 2021, il y a eu plus de cas de COVID, plus de décès et moins d’aide pour faire face à la pandémie qu’en 2020. Aujourd’hui, selon le fameux institut de sondage Gallup, l’inquiétude face à la pandémie n’a jamais été aussi forte qu’avant le déploiement des vaccins : 58 % des personnes interrogées estiment que la situation s’aggrave. Au cours de la troisième année de la pandémie, l’aide fédérale s’épuise, ce qui, ajouté à la pression d’une inflation record depuis 40 ans, crée un stress économique insoutenable pour les travailleurs. En fait, l’inflation a dépassé le COVID-19 en tant que principale préoccupation des Américains. L’augmentation des prix des denrées alimentaires et de l’essence fait un trou dans le portefeuille des gens, mais Biden refuse de prendre le problème au sérieux.
Une femme du Nevada interrogée par CNN a résumé les sentiments de beaucoup : « Je ne veux pas dire ça, mais quand Donald Trump était là, ce n’était pas du tout comme ça. »
L’incrédulité de Biden face à cette situation est encore plus exaspérante que ses échecs. Nouveaux variants, obstruction au Congrès et inflation : qui donc aurait pu prévoir tout ça ? Quasiment tous ceux qui font attention.
Le plan de sauvetage américain de 1.900 milliards de dollars adopté en mars 2021 a apporté un soulagement crucial aux travailleurs et aux familles. Des millions de personnes ont pu se faire vacciner au début de 2021. Mais au moment du barbecue du 4 juillet organisé par la Maison Blanche pour célébrer l’indépendance du Covid, il manquait 7,4 millions de vaccins à l’objectif de Biden. À ce moment-là, le variant Delta était déjà en route, et il n’a pas fallu longtemps pour que la « lune de miel Biden » s’arrête net.
Parallèlement, les États-Unis ont refusé de s’attaquer sérieusement à la distribution de vaccins de qualité à l’échelle mondiale, ce qui, si rien n’était fait, n’allait faire qu’accroître le nombre de variants. Au lieu d’utiliser le Defense Production Act comme il l’avait promis pour produire des tests en masse, Biden a déclaré la guerre aux non-vaccinés. Alors que les personnes vaccinées et non vaccinées attendaient dans les files d’attente pendant des heures et parcouraient les étagères vides pour trouver des kits de test, l’attachée de presse de la Maison Blanche, Jen Psaki, a ridiculisé l’idée d’envoyer les tests directement dans les foyers.
Le chômage et les différentes aides sociales sont à sec tandis que Joe Biden a renoncé à sa promesse d’annuler une partie de la dette étudiante, déclarant au contraire que la reprise du remboursement de la dette était une priorité absolue de son administration (41 millions de personnes bénéficient actuellement d’un moratoire sur le remboursement de leur dette étudiante, NdT).
Le programme « Build Back Better » de Joe Biden proposait des programmes sociaux extrêmement populaires devant être financés par l’imposition des riches. Pourtant, en octobre, seuls 10 % des personnes interrogées déclaraient connaître les détails de ce plan, qui aurait pu inclure des congés payés parentaux, des programmes d’éducation préscolaire universels, des collèges communautaires gratuits, un élargissement de l’éligibilité à Medicare et des mesures pour le climat. Suite à l’opposition des sénateurs démocrates conservateurs de Virginie-Occidentale Joe Manchin et de l’Arizona Kyrsten Sinema, en novembre, la grande majorité des programmes qui auraient aidé les travailleurs avaient été supprimés. Aujourd’hui, Biden et la direction du parti démocrate parlent de réduire encore plus le paquet de mesures et d’en supprimer jusqu’au nom. L’objectif est de créer une nouvelle législation qui réponde à toutes les exigences du baron du charbon Joe Manchin : avant tout, « pas d’assistanat ».
L’abyssale stratégie des démocrates
Au beau milieu d’une poussée du variant Omicron et alors que sa cote de popularité n’a jamais été aussi basse, la vice-présidente Kamala Harris a déclaré lors d’une interview : « Il est temps pour nous de faire ce que nous avons fait, et ce temps, c’est tous les jours. » Elle a raison – dans le sens où chaque jour, les démocrates se tirent une balle dans le pied. Il n’est pas difficile de voir où les choses pourraient aller à partir de là. Vingt-six démocrates se retirent de la Chambre. Alors que les démocrates se dirigent vers un désastre de mi-mandat avec pratiquement rien à montrer comme concrétisation de leurs grandes promesses, ils feront probablement campagne sur des proclamations alarmistes concernant les « menaces existentielles pour notre démocratie ». Il est absolument vrai que les droits démocratiques sont attaqués dans les États dirigés par les Républicains. Mais si c’est tout ce que les Démocrates ont à dire, ce sera assez difficile à vendre.
L’ère Trump a montré l’ampleur des dégâts que le parti républicain peut faire avec ne serait-ce qu’un pouce de pouvoir pour faire passer en force des réductions d’impôts pour les riches, publier des décrets de droite, remplir la Cour suprême de cinglés ultraconservateurs. Et depuis que les démocrates sont au pouvoir, les plus grandes menaces pour les travailleurs proviennent des législatures d’État de droite.
Pourquoi ne déclarent-ils pas la guerre à Sinema et Manchin ?
Nous sommes censés croire que l’invincibilité divine des sénateurs démocrates conservateurs Sinema et Manchin est la seule raison pour laquelle nous ne pouvons espérer aucun gain législatif de cette administration. Plus récemment, l’incapacité à faire avancer la réforme cruciale du droit de vote a donné un ton lugubre à la Journée Martin Luther King. Les Démocrates ont utilisé une discipline de parti rigoureuse pour réprimer la gauche. Les menaces que les dirigeants de la Chambre des représentants ont proférées à l’encontre d’Alexandria Ocasio-Cortez pour qu’elle change son vote négatif en vote positif concernant le financement du Dôme de fer israélien pourraient être également appliquées à Sinema et Manchin. La campagne qui a poussé les élus de gauche réunis dans « The Squad » (la brigade) à faire l’éloge de l’administration Biden et à s’aligner sur la direction du parti pourrait être reproduite.
Il serait également possible d’utiliser l’autorité des structures du parti. Tous ces textos et courriels ennuyeux du Comité national démocrate demandant de l’argent pourraient plutôt être des appels à la pression publique sur Manchin et Sinema pour qu’ils adoptent le programme des Démocrates. Plusieurs budgets de plusieurs millions (DSCC, Senate Majority PAC) pourraient faire de même. D’innombrables outils existent, mais les Démocrates ne les utilisent pas. Pourquoi ? parce qu’ils ne le veulent pas.
Les progressistes comme Bernie Sanders ont commencé à parler des défis que représentent Sinema et Manchin. Mais même avec ces deux-là hors du chemin, qu’est-ce qui empêcherait un autre élu de devenir le nouveau « méchant » ? Il suffit que le lobby des entreprises les courtise et que les dirigeants démocrates tendent l’autre joue. Quoi qu’il en soit, ni l’un ni l’autre ne se présente aux élections avant 2024, alors que, pour autant que nous sachions, nous pourrions être sous une majorité républicaine et cela ne ferait guère de différence.
Une alternative de gauche audacieuse est la seule issue possible
Dire que le bilan des démocrates « ouvre la porte » au populisme de droite est un euphémisme. Les échecs de l’administration Biden sont une marque géante et clignotante pour les populistes de droite et l’extrême droite que les travailleurs ont désespérément besoin de changement. Pour la gauche, il s’agit soit de sombrer avec le navire en perdition des Démocrates, soit de se réunir et de se soulever pour offrir une alternative. Si nous ne sommes pas honnêtes sur la dure réalité de ce que le leadership démocrate a signifié pour les travailleurs, et sur la futilité du vote de « moindre mal », la frustration et la déception ne feront qu’exacerber la menace de la droite, et non alimenter le mouvement pour ce dont nous avons vraiment besoin.
Il ne pourrait être plus clair que pour réformer le parti démocrate, il faudrait le transformer à un niveau fondamental par une révolte de la base au sommet. Les candidats qui refusent l’argent des entreprises et s’engagent à adopter une approche combative pour les revendications de la classe ouvrière devraient défier les démocrates capitalistes à tous les niveaux, parallèlement à une révision complète des structures antidémocratiques du parti. Si la “réforme du parti” nécessite une telle bataille acharnée, pourquoi le faire au sein du parti démocrate, qui dispose d’outils intégrés pour saboter les campagnes de gauche comme celle de Bernie et punir son flanc gauche ? Construire notre propre parti de gauche est la seule voie rationnelle à suivre.
Alors que la cote de popularité de Biden a baissé dans tous les domaines, les frustrations des jeunes et des travailleurs ont été les plus prononcées. C’est à eux que la gauche peut s’adresser en proposant une alternative politique. La formation d’un large parti de gauche pour sauver les travailleurs de l’échec de la stratégie démocrate et de la droite n’a jamais été aussi urgente.
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Colombie-Britannique : Les changements climatiques sèment la dévastation

Le sud de la Colombie-Britannique (Canada) a été frappé par deux événements météorologiques catastrophiques en quelques mois: d’abord la canicule et le feu, puis la pluie et les inondations. Les 13 et 14 novembre, le ciel s’est ouvert lorsqu’une «rivière atmosphérique» a traversé une grande partie du sud de la Colombie-Britannique. Elle a provoqué le débordement de rivières, des glissements de terrain et la rupture de voies ferrées et d’autoroutes.
Par Leslie Kemp, Socialist Alternative (ASI-Canada)
Tout cela s’est produit après un été accablant, à commencer par le dôme de chaleur du mois de juin, qui a fait 815 morts, et l’incendie de la ville de Lytton. De nombreux habitants et habitantes de la Colombie-Britannique et d’ailleurs ont vécu un été d’incendies et de ciels enfumés. Plus de mille feux de forêt ont fait rage dans la province. Deux mois entiers de pluie se sont ensuite manifestés à partir de septembre.
Routes disparues
Au Canada, toutes les autoroutes qui partent du Lower Mainland (le Grand Vancouver et la région côtière environnante) sont coupées ou ont été emportées par les eaux. Des centaines de personnes ont été piégées sur l’autoroute 7 pendant des heures, entre deux glissements de terrain. En plus d’être sous la menace d’autres glissements provenant de la montagne voisine, elles ont fini par attendre toute la nuit et pendant de nombreuses heures le lendemain pour l’arrivée d’un hélicoptère des Forces canadiennes.
Des conducteurs se dirigeant vers le nord de Lillooet sur l’autoroute 99 ont été confrontés à un glissement de terrain juste devant eux. Ils ont vu des voitures et leurs occupants être emportés hors de la route par la boue et les débris de la montagne, enterrant à moitié les voitures. Les témoins se sont précipités pour secourir les gens, mais au moins une des voitures restait introuvable. Au moins quatre décès ont été confirmés.
L’autoroute transcanadienne (autoroute 1) a été détruite en plusieurs endroits. L’autoroute 3, qui longe la frontière sud (vers les États-Unis), a été fermée dans les deux sens en raison d’un glissement de terrain.
L’autoroute de Coquihalla (autoroute 5), l’une des principales autoroutes de la Colombie-Britannique reliant le Lower Mainland et l’Intérieur, a subi des dommages catastrophiques. Les voies en direction du sud d’une section de l’autoroute ont été emportées dans la rivière. L’autoroute pourrait être fermée pendant des mois. Les secouristes sont toujours à la recherche de véhicules disparus et de personnes bloquées.
Villes inondées
Toute la ville de Merritt, située dans une région sèche et désertique de l’Intérieur, a fait l’objet d’une alerte d’évacuation cet été en raison des feux. Elle a dû être à nouveau évacuée le 15 novembre. La crue des eaux a rendu la station d’épuration des eaux usées de la ville inopérante pour «une période indéterminée». Deux des trois ponts de la ville qui enjambent la rivière Coldwater ont été endommagés par les eaux des crues et le troisième n’est plus praticable.
La majeure partie de la ville de Princeton a été submergée lorsque la rivière Similkameen a fait céder la digue. 295 maisons ont été évacuées et 300 autres sont en état d’alerte. Aujourd’hui, la ville est privée de gaz (en raison des dégâts causés par les inondations). Alors que les températures ont plongé à -6°C, de plus en plus de personnes ont dû partir pour trouver un endroit chaud où dormir.
Plus de 1 100 foyers d’Abbotsford ont été évacués. Les inondations à Abbotsford, Chilliwack et dans d’autres parties de la vallée du fleuve Fraser ont vu des résidents et des résidentes suffisamment chanceux pour naviguer dans les rues sur leurs canots et autres bateaux.
Plus de 20 000 personnes ont été déplacées. Plusieurs ont regardé leur maison être emportée par les torrents.
Les incendies de l’été, ainsi que l’exploitation forestière, ont rendu les pentes plus instables, car il n’y avait plus de racines d’arbres pour retenir le sol. L’absence d’arbres, qui ralentissent normalement le ruissellement, a intensifié les inondations.
Crise du transport des marchandises
Les camionneurs qui vont et viennent du Lower Mainland vers d’autres régions de la Colombie-Britannique et du Canada ne peuvent pas apporter les provisions nécessaires. En plus de la fermeture de toutes les routes sortant du Lower Mainland de la Colombie-Britannique, les chemins de fer du Canadien National et du Canadien Pacifique sont endommagés. Ce sont les principales voies d’entrée et de sortie des cargaisons dans le port de Vancouver. Le chaos qui règne au port, dû à la perturbation des chaînes d’approvisionnement mondiales, est maintenant bien pire. Les importations ne peuvent pas être acheminées vers le reste du Canada depuis Vancouver et les exportations, en particulier les récoltes de cette année en provenance des Prairies, sont bloquées.
On craint déjà des pénuries dans les magasins, l’essence manque dans certaines régions. Certaines communautés de l’île de Vancouver n’avaient que trois jours de provisions alimentaires et deux jours se sont écoulés depuis les inondations. Il faudra probablement des semaines, voire des mois, pour réparer certaines routes. On ignore également combien de temps il faudra pour réparer les voies ferrées.
Faire le point
Le 16 novembre, le soleil a brillé sur un paysage dévasté, mais d’autres pluies sont à venir. Les autorités de la Colombie-Britannique font le point sur l’ampleur des dégâts causés aux villes, aux villages, aux routes, aux ponts, aux chemins de fer et aux autres infrastructures. Des personnes ont perdu leur maison à cause des dégâts causés par les inondations. Au cours de l’été, on a estimé qu’un milliard d’animaux du littoral de la mer de Salish pourraient être morts à cause de la vague de chaleur. Aujourd’hui, des milliers d’animaux d’élevage sont morts à cause des graves inondations dans la vallée du Fraser et beaucoup de ceux qui ont survécu ou ont été secourus ont besoin de nourriture et d’eau.
À l’instar de la vague de chaleur qui a battu tous les records en juin, les météorologues qualifient cette tempête de «sans précédent». «Nous avons vu maintenant notre cinquième rivière atmosphérique de la saison. Souvent, nous n’en avons même pas de première avant novembre», a déclaré Armel Castellan, météorologue d’Environnement Canada chargée de la préparation aux alertes. Elle a affirmé que la dernière rivière atmosphérique a généré des «données époustouflantes» et annoncé qu’Environnement Canada devra analyser ces chiffres pendant les jours et les semaines à venir, car ils sont extraordinaires. Comme en juin, de nombreux records ont été fracassés. Cette fois, il s’agit de records de précipitations plutôt que de records de chaleur. Le district de Hope et la ville de Chilliwack ont battu des records historiques de précipitations.
On ne peut échapper à la réalité des changements climatiques. En l’espace de moins de cinq mois, la Colombie-Britannique a connu des événements météorologiques «sans précédent», qui ont battu des records. Ces événements ont et auront un impact sur la vie quotidienne de millions de personnes et sur les moyens de subsistance de milliers de travailleuses et de travailleurs.
Les politiciens de la COP26 éloignés de la réalité
Les leaders politiques ont clôturé la 26e réunion des Nations unies sur les changements climatiques le dimanche 14 novembre, pendant qu’une pluie torrentielle s’abattait dans le sud de la Colombie-Britannique. De nombreux observateurs et observatrices étaient sceptiques dès le départ quant aux chances de parvenir à un accord sur des objectifs significatifs. Ne s’attendant pas à grand-chose, ces personnes ont été déçues, mais ont aussi haussé les épaules. Du bla-bla-bla et de nombreux objectifs encore repoussés à un futur plus ou moins lointain. De nombreuses personnes pleines d’espoir, qui croyaient à moitié aux discours des gouvernements avant la COP26, ont vu leurs espoirs déçus une fois de plus. Comme l’a fait remarquer quelqu’un, plusieurs traversent «un processus de deuil».
Les politiciens et les politiciennes qui se sont réunis à la COP26 semblent éloignés de cette réalité. Une représentante des Îles Marshall a été interrogée sur son amère déception face aux objectifs édulcorés. Les changements climatiques menacent l’existence même des Îles Marshall.
Auimatagi Joe Moeono-Kolio, conseiller politique principal pour le Pacifique auprès de l’Initiative pour un traité de non-prolifération des combustibles fossiles, a noté que «la première version d’un texte par ailleurs très peu ambitieux comportait un point positif notable : l’élimination progressive du charbon. Ce point a encore été édulcoré. Pour une planète en crise, cela représente un échec monumental dans la reconnaissance du danger clair et imminent auquel sont exposés des pays entiers, y compris le mien.»
«Malgré le brouhaha et l’écoblanchiment d’hier, un fait fondamental demeure : nous nous dirigeons toujours vers un monde de 2°C et plus d’augmentation», a-t-il déclaré.
Le Climate Action Tracker indique qu’avec les engagements de la COP26, le monde sera de 2,7°C plus chaud d’ici 2200. La Colombie-Britannique a été témoin des conséquences d’un réchauffement de 1,1°C (réchauffement estimé à ce jour). Que se passera-t-il avec un réchauffement de 1,5°C ou encore de 2,7°C?
Les élites politiques ne se réveilleront pas
En tant que marxistes, nous comprenons que l’histoire, tout comme une rivière, ne coule pas en ligne droite. Les politiciens et les politiciennes sont redevables à la classe sociale qu’ils représentent : les riches investisseurs, l’élite d’affaires, les oligarques du pétrole et des ressources naturelles. Certaines personnes, comme le premier ministre canadien, disent une chose et agissent de manière totalement incohérente avec leurs paroles. Les libéraux fédéraux continuent de construire l’oléoduc Trans Mountain et de subventionner les combustibles fossiles. Seth Klein les décrit comme les «nouveaux négationnistes du climat». Les libéraux voient ce qui se passe, mais leur refus d’agir est dû à leur allégeance à leur propre classe politique.
On ne sait pas exactement quel sera l’élément déclencheur, mais la colère accumulée à cause de cette inaction va éclater. Le rôle des socialistes est de se préparer: sensibiliser les gens, s’éduquer politiquement et éduquer les autres autour de nous pour ensuite construire des mouvements de résistance. Malgré une mobilisation héroïque lors de la COP26, la voix des résistants et résistantes a été ignorée, noyée dans le bruit du bla-bla-bla plein de fausses promesses qui ne mènent nulle part.
Contrairement à beaucoup de gens de la gauche progressiste, nous avons une réponse claire à la question de savoir ce qu’il faut faire. La seule réponse qui sauvera l’humanité de la catastrophe climatique et des autres calamités du capitalisme est un monde qui n’est pas redevable aux désirs des riches et à l’hypocrisie des élites politiques qui leur obéissent. L’humanité a besoin d’un système qui valorise les personnes plutôt que le profit, qui planifie collectivement et démocratiquement dans l’intérêt du plus grand nombre et non de quelques personnes. Nous devons confisquer les ressources des riches et les utiliser pour le bien public. La seule façon saine d’avancer. Ça s’appelle le socialisme.
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[VIDEO] : Comment renforcer la gauche américaine ?
“Bad Faith”, le podcast de Briahna Joy Gray, a réuni Kshama Sawant et le célèbre journaliste de gauche Chris Hedges pour une discussion sur la manière dont la gauche peut être renforcée aux États-Unis, y compris pendant les élections. Il s’agit d’une conversation ouverte au cours de laquelle les idées et leurs limites sont longuement abordées. Dans le contexte d’un intérêt croissant pour les idées socialistes aux États-Unis et d’un mouvement ouvrier en plein essor, cette discussion est particulièrement utile.
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USA. La génération Z embrasse le syndicalisme et l’impose chez Starbucks

Moins d’un mois après avoir imposé la présence syndicale chez Starbucks, les travailleuses et travailleurs de Buffalo (Etat de New York) ont débrayé pour réclamer des conditions de travail sûres dans le contexte de la vague de covid liée au variant Omicron. Ils et elles ont fait grève pendant cinq jours avec pour principale revendication la fermeture du magasin le temps que leurs collègues se remettent de la maladie et que des protocoles de sécurité appropriés soient mis en place. Bien que le débrayage de la semaine dernière ne semble pas encore avoir produit des changements concrets dans la politique du magasin, c’est un premier pas sur lequel il faut s’appuyer. L’inspiration tirée de ces travailleuses et travailleurs se répand dans tout le pays. Alors que leur grève de cinq jours se déroulait, il a été annoncé que les travailleuses et travailleurs des magasins de l’Ohio, de l’Arizona et de l’Illinois avaient officiellement déposé une demande d’élections syndicales.Par Jesse Shussett (ASI-Etats-Unis)
Tout a commencé en décembre, lorsque les travailleuses et travailleurs ont obtenu le statut de syndicat dans un magasin de Buffalo par 19 voix contre 8, et dans un autre par 12 voix contre 8. Un troisième site continue de se battre pour la syndicalisation avec un score actuel de 15-9 en faveur, mais de multiples contestations de la part des syndicats Workers United et de SEIU ainsi que de Starbucks les empêchent d’obtenir une victoire officielle.
Échecs du démantèlement syndical
Bien que ces suffrages à Buffalo ne représentent qu’une centaine d’employés répartis dans trois magasins, les dirigeants de Starbucks, notoirement antisyndicaux, craignent que l’exemple courageux des travailleurs de Buffalo ne se répande ailleurs. C’est pourquoi ils ont inondé la ville de cadres supérieurs, dont Schultz lui-même, pour tenter de les convaincre de ne pas voter “oui”. Ils ont affirmé que “si une partie importante de nos employés devait se syndiquer, nos coûts de main-d’œuvre pourraient augmenter et notre activité pourrait être affectée négativement par d’autres revendications et attentes qui pourraient augmenter nos coûts, changer notre culture d’entreprise, diminuer notre flexibilité et perturber notre activité.”
Il s’agit d’une tactique antisyndicale classique, remplie de fausses vérités. Bien sûr, les coûts de l’entreprise augmenteraient : les travailleurs pourraient se battre plus facilement pour de meilleurs salaires et conditions de travail ! En fin de compte, les seules personnes qui en pâtiront sont les cadres qui gagnent des millions grâce au travail des baristas qu’ils emploient. Soyons honnêtes, de meilleurs salaires et de meilleures conditions de travail ne peuvent que renforcer l’environnement de travail. Si les grandes entreprises comme Starbucks s’opposent aux efforts de syndicalisation, c’est parce qu’elles sont conscientes du pouvoir qu’ont ces travailleurs. Ce sont eux qui sont la source de tous les profits des actionnaires.
Starbucks a également déclaré ceci : « Nos réponses à tout effort de syndicalisation pourraient avoir un impact négatif sur la façon dont notre marque est perçue et avoir des effets négatifs sur nos activités, y compris sur nos résultats financiers. »
Starbucks aime se présenter comme une entreprise progressiste avec des « politiques woke », mais se battre avec véhémence pour empêcher l’organisation des travailleurs a pour effet de fissurer cette façade. Ce que l’entreprise ne réalise pas, c’est qu’elle se fait du mal à elle-même ! Nous sommes au milieu d’une formidable vague de lutte syndicale, de John Deere à la lutte permanente des enseignants pour des écoles sûres en pleine pandémie. Si l’on se fie à aux moins d’octobre et de novembre (marqués par un grand nombre de grèves aux Etats-Unis), les travailleurs découvrent indéniablement leur force collective et les manières de l’utiliser dont pour arracher des conquêtes réelles.
La lutte se répand
Les travailleurs de Starbucks ont obtenu le pouvoir de voter en tant que magasins individuels plutôt qu’en tant que district, ce qui les a aidés à atteindre la majorité nécessaire pour réussir leur campagne de syndicalisation. En soi, il s’agit d’une petite victoire, que le NLRB (National Labor Relations Board, agence indépendante du gouvernement fédéral américain chargée de conduire les élections syndicales et d’enquêter sur les pratiques illégales dans le monde du travail, NdT) n’avait jamais accordée auparavant.
Cependant, cette approche segmentée a ses limites, car elle isole les sites les uns des autres, même s’ils se trouvent dans la même ville, et dans certains cas à quelques pâtés de maisons les uns des autres. Cela permet aux travailleurs d’obtenir les votes nécessaires aux efforts de syndicalisation, mais rend également la communication entre les magasins plus difficile. Le syndicat devra donc travailler activement pour relier les différents magasins. Pour s’attaquer à un mastodonte tel que Starbucks, il faut que tous les travailleurs de Buffalo et, à terme, du pays, soient organisés en un seul syndicat capable d’exercer la pression maximale nécessaire pour obtenir un contrat décent prévoyant des salaires plus élevés et des conditions de travail sûres.
À l’heure actuelle, les travailleurs de nombreux autres sites dans le pays, notamment dans le Massachusetts, à Washington, en Arizona, en Ohio, en Illinois et au Tennessee, font campagne pour se syndiquer. Il s’agit d’une avancée considérable, car le secteur des services à bas salaires s’est longtemps révélé difficile à syndiquer. Seuls six pour cent des travailleurs américains du secteur privé sont actuellement syndiqués. L’organisation des personnes non syndiquées est donc une tâche absolument essentielle et ces travailleurs de Starbucks montrent la voie à suivre pour les travailleurs du monde entier.
La génération Z prend les devants
Il est particulièrement remarquable et impressionnant de constater que la majorité des personnes à la tête des campagnes de syndicalisation ont la vingtaine et s’avèrent être une force sur laquelle il faut compter. Des sondages récents ont montré que les syndicats sont plus populaires qu’ils ne l’ont été en un demi-siècle, 65 % des personnes déclarant approuver les syndicats, et ce chiffre atteint 77 % chez les 18-34 ans !
Les jeunes se radicalisent dans tous les domaines en réaction aux bas salaires, à l’écrasante dette étudiante et aux sombres perspectives d’emploi. Récemment, nous avons également assisté à des débrayages d’étudiants contre la violence sexiste et les systèmes scolaires qui ne les protègent pas, à des dizaines de milliers de jeunes lors de manifestations autour de la COP26 à Glasgow, et à des taux de participation record des électeurs et des bénévoles âgés de 18 à 35 ans lors de la récente victoire contre la tentative raciste et de droite de destituer Kshama Sawant à Seattle.
Nous avons également vu des travailleurs de Starbucks montrer leur solidarité avec les luttes des travailleurs d’autres industries. Rachel Cohen, employée de Starbucks à Buffalo, a déclaré à Socialist Alternative qu’ils avaient rejoint l’hôpital Mercy dans ses récentes grèves pour de meilleures conditions de travail, et qu’ils étaient en contact avec les travailleurs d’Amazon touchés par le récent effondrement meurtrier d’un entrepôt dans l’Illinois.
“Nous voulons être en mesure d’avoir un impact et d’inspirer d’autres personnes à mener ces combats également”, a déclaré Rachel Cohen à Socialist Alternative. “Le fait que je gagne plus d’argent ne signifie pas que vous en gagnerez moins, cela nous aidera tous les deux”.
Elle a également précisé que si les magasins votent tous séparément, les cellules syndicales ont étroitement collaboré, non seulement à Buffalo mais aussi avec les autres sites qui se battent pour la reconnaissance syndicale.
Un autre membre du comité d’organisation a également mentionné le nombre massif de travailleurs non syndiqués dans le secteur des services aux États-Unis. Il y a plus de 12 millions de travailleurs dans le secteur de la restauration aux États-Unis et ce n’est qu’une partie du vaste secteur des services. Nous voyons de plus en plus de travailleurs du secteur des services se soulever et riposter contre des patrons pourris qui ne voient que les profits. Le fait est que la pandémie a mis à nu les vastes lacunes et le déclin évident du capitalisme, y compris la réalité de la façon dont les travailleurs sont traités, même lorsqu’ils sont étiquetés comme “essentiels”.
La tâche à accomplir
Souvent, les travailleurs ne restent pas plus de 6 à 8 mois dans leur emploi avant de se lasser des mauvaises conditions de travail et de l’exploitation dont ils sont victimes. Sans possibilité de se défendre et sans perspective d’avenir, les travailleurs démissionnent et passent à un autre emploi. Si cela peut leur remonter le moral à court terme, ainsi qu’à d’autres travailleurs, cela constitue en fin de compte un obstacle à une véritable organisation et à l’exploitation du pouvoir des travailleurs. Il est essentiel que les travailleurs considèrent leurs mauvaises conditions de travail comme quelque chose à combattre et à améliorer plutôt qu’à fuir.
Il faudra une mobilisation massive pour parvenir à syndiquer ne serait-ce qu’une majorité des 15 251 établissements de Starbucks, avec des efforts très ciblés des travailleurs au sein de Starbucks et au-delà. La classe dirigeante est très consciente de l’effet d’entraînement qu’une action réussie chez Starbucks aurait sur la restauration rapide, sur l’ensemble du secteur des services et au-delà, et elle tentera de l’étouffer par tous les moyens. Nous aurons besoin de stratégies militantes et de la collaboration des magasins à travers les villes et les régions pour obtenir des concessions, ainsi que de la mobilisation des autres acteurs du secteur en solidarité. La riposte contre les efforts d’éviction syndicale de Starbucks doit être large et s’appuyer sur un ensemble de revendications solides afin de devenir une force capable d’obtenir des gains réels pour les travailleurs.
En novembre prochain, il y aura dix ans que 100 travailleurs de McDonald’s à New York ont débrayé pour réclamer 15 dollars par heure et un syndicat. Malheureusement, malgré les dizaines de millions de dollars dépensés au cours de la dernière décennie par des syndicats tels que le SEIU, aucun syndicat n’a été créé dans les principales méga entreprises de restauration rapide. Cela est dû en grande partie à l’échec de l’approche des dirigeants actuels de ces syndicats, qui se sont concentrés sur des campagnes de pression publique et ont fait appel aux politiciens, au lieu d’adopter une approche de lutte des classes et d’organiser la base de manière militante. Les travailleurs de Starbucks à Buffalo ont montré qu’il est possible de gagner des syndicats dans le secteur de la restauration rapide si l’on s’organise autour de revendications claires et que l’on adopte des tactiques de combat sans ambages. Pour l’avenir, les principaux syndicats du secteur des services, tels que SEIU, UNITE HERE et UFCW, doivent mettre toutes leurs ressources dans cette approche.
Socialist Alternative soutient sans équivoque les travailleurs de Starbucks qui sont à l’avant-garde de ce qui peut devenir une percée du mouvement ouvrier. La victoire exigera la solidarité entre les magasins et entre les autres sections du secteur des services – tout comme une blessure à l’un est une blessure à tous, une victoire pour l’un peut mener à une victoire pour tous !
Les membres du syndicat de Starbucks devront continuer à se battre au-delà de l’obtention de la syndicalisation. À bien des égards, l’obtention d’un premier contrat est encore plus difficile et exigera une lutte déterminée.
Il n’y a jamais eu de meilleur moment ni de moment plus excitant pour les travailleurs des services pour mener ces batailles. Avec la « grande démission » en cours (le nombre inédit de travailleurs qui annoncent sur les réseaux sociaux qu’ils quittent un emploi pour en chercher un meilleur ailleurs) et la pénurie de main-d’œuvre, les travailleurs sont en position de force pour utiliser leur force collective afin d’obtenir des gains non seulement pour eux-mêmes, mais aussi pour les autres et créer des modèles à suivre. Solidarité avec Starbucks Workers United ! Solidarité avec tous les travailleurs du secteur des services !
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Wiki-Leaks : Non à l’extradition et à la persécution de Julian Assange

Le fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, peut désormais être extradé vers les États-Unis et va probablement l’être suite à une décision de la Haute Cour britannique. S’il perd son appel, son sort sera entre les mains de la ministre de l’Intérieur conservatrice Priti Patel, ce qui signifie dans les faits que son extradition sera assurée.
Par Eddie McCabe, Socialist Party (ASI-Irlande)
Ironiquement, ce jugement, qui concerne une affaire ayant de profondes implications pour la liberté de la presse à travers le monde, a été annoncé lors de la Journée internationale des droits humains. La décision de la Haute Cour a annulé la décision d’un tribunal de première instance de janvier 2020 qui avait rejeté la demande d’extradition des États-Unis en raison de préoccupations relatives au bien-être mental d’Assange et au risque de suicide.
La possibilité d’une peine de 175 ans de prison aux États-Unis pour des accusations de conspiration et de violation de la loi sur l’espionnage – accusations tout à la fois scandaleuses et sans fondement – pourrait pousser n’importe qui au suicide. Et c’est encore plus le cas pour quelqu’un qui a passé sept ans dans les minuscules locaux de l’ambassade d’Équateur avant d’être détenu dans la prison de haute sécurité de Belmarsh à Londres sans avoir été condamné pour quoi que ce soit.
Une condamnation à mort
Malgré tout cela, le Lord juge en chef d’Angleterre et du Pays de Galles a déclaré : « Ce risque [de suicide] est à notre avis exclu par les assurances offertes [par les États-Unis]. » Ces assurances ont été décrites par les avocats d’Assange comme étant « vagues » et « dénuées de sens ». Selon Amnesty International, elles reviennent à dire : « Nous garantissons qu’il ne sera pas détenu dans un établissement de sécurité maximale, qu’il ne sera pas soumis à des mesures administratives spéciales et qu’il bénéficiera de soins de santé. Mais s’il fait quelque chose qui ne nous plaît pas, nous nous réservons le droit de ne pas le garantir, nous nous réservons le droit de le placer dans un centre de sécurité maximale, nous nous réservons le droit de lui proposer des mesures administratives spéciales. Ce ne sont pas du tout des garanties. »
Plus précisément, elles proviennent d’un État américain qui poursuit une vicieuse vendetta politique contre Assange et WikiLeaks depuis la publication en 2010 de centaines de milliers de documents exposant les crimes de guerre commis par les États-Unis en Afghanistan et en Irak.
Pas plus tard qu’en septembre 2021, une importante enquête de Yahoo News a révélé que « des discussions sur l’enlèvement ou le meurtre d’Assange ont eu lieu « au plus haut niveau », entre de hauts responsables de la CIA et de l’administration Trump » jusqu’à demander des « croquis » ou des « options » concernant la manière de l’assassiner. » Bien sûr, aucune de ces preuves documentées n’a été prise en compte par les juges de la Haute Cour, dont la décision équivaut en réalité à une condamnation à mort, d’une manière ou d’une autre.
La vengeance de l’impérialisme
La menace pour la santé d’Assange, voire pour sa vie, est indiscutable et, en ce sens, la décision de la Haute Cour est une parodie. Toutefois, la vérité est qu’Assange devrait être libéré indépendamment de cette menace : les crimes dont il est accusé par les États-Unis constituent une attaque dangereuse contre les droits démocratiques et la liberté journalistique.
L’hypocrisie de l’impérialisme américain (qu’il soit dirigé par Trump ou Biden), qui se présente sans vergogne comme un défenseur de la « démocratie » et de la « liberté », est pleinement exposée dans cette affaire. Il en va de même pour ses homologues britanniques et australiens – tous alliés dans la nouvelle guerre froide avec l’impérialisme chinois – qui sont prêts à réprimer le droit à une presse libre afin d’aider les États-Unis dans leur persécution de WikiLeaks et dans leur bellicisme en général.
Julian Assange et Chelsea Manning ont rendu un précieux service à la classe ouvrière et aux opprimés du monde entier en divulguant des documents qui ont mis à nu la sauvagerie meurtrière de la machine de guerre américaine. Cela mérite d’être soutenu, ainsi que tout travail que WikiLeaks continue de faire pour dévoiler dévoile l’activité criminelle d’États et d’institutions puissants.
Libérez-le !
Assange lui-même a un passé trouble. Il a fait l’objet d’accusations de viol et d’agression sexuelle par deux femmes en Suède. Les poursuites pénales liées à ces accusations ont été abandonnées en raison du temps écoulé. Ces femmes ont été privées de justice et n’ont pas pu aller jusqu’au bout des poursuites qu’elles auraient dû engager contre Assange. Sa politique est également extrêmement douteuse. Il a par exemple soutenu Poutine et Trump à différents moments et a rencontré le populiste d’extrême droite britannique Nigel Farage.
Ce n’est toutefois pas pour ces raisons qu’il est visé par l’État américain, mais pour la menace que WikiLeaks fait peser sur le secret qui entoure ses manœuvres impérialistes. Assange n’est pas un anticapitaliste socialiste, mais nous le défendons contre ces attaques car elles visent toutes celles et ceux qui s’opposent à la corruption et aux guerres capitalistes. Les accusations portées contre Assange doivent être abandonnées et il doit être immédiatement libéré.
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La « Bataille de Seattle ». Choc des titans entre le capital et les marxistes à la pointe de la lutte sociale

Seattle est une ville en crise. Au cours des dix dernières années, les prix des logements ont augmenté de 93 %. Rien que l’an dernier, les loyers se sont envolés de 25 % ! La ville est pourtant très riche ; Amazon, Starbucks et Microsoft y ont leur siège social. Mais à l’ombre de leurs gratte-ciel, on trouve des milliers de campements de fortune tandis qu’une épidémie de drogue fait rage. Les inégalités sautent aux yeux et font mal au cœur.Par Koerian
Des victoires concrètes arrachées de haute lutte
La force qui a le plus fait obstacle à cette tendance au cours de ces huit dernières années est Socialist Alternative, notamment grâce à son élue au conseil de la ville (qui ne comporte que 9 membres), Kshama Sawant.
Kshama Sawant s’est battue avec constance et détermination contre les inégalités. Elle a dirigé le mouvement qui a arraché l’instauration du salaire minimum de 15 dollars de l’heure à Seattle en 2013 (et de 17 dollars à partir de 2022). Récemment, sous son impulsion, une taxe sur les grandes entreprises a été introduite de manière à récolter 2 milliards de dollars sur 10 ans pour des subventions liées au COVID et le logement social. Cette année, Socialist Alternative a également remporté des victoires importantes pour les locataires. Un préavis de six mois doit désormais être donné aux locataires avant éviction et lorsqu’un propriétaire augmente le loyer de plus de 10 %, il doit verser trois mois de loyer à titre de soutien au locataire sortant. Maintenant, Kshama et Socialist Alternative se battent pour un gel des loyers à Seattle. En novembre, Sawant et Socialist Alternative sont parvenus à stopper l’augmentation des loyers dans un immeuble d’habitation où vivent principalement des personnes âgées pauvres. On les a également trouvé auprès de charpentiers de la construction en grève.
La classe capitaliste se défend
La colère des patrons de l’immobilier, des chefs d’entreprise et de la droite est compréhensible… Leur rage est d’autant plus forte qu’ils ont échoué à la battre Sawant lors d’élections régulières. En 2019, Amazon a même jeté 1,5 million de dollars dans la course électorale pour éjecter Kshama de sa position, sans succès.
Leur nouvelle manœuvre est une procédure de destitution non démocratique qui repose sur la participation de Kshama aux manifestations de Black Lives Matter. Les habitants du district 3 de Seattle voteront pour décider si elle peut rester à son poste ou doit être remplacée par une personne choisie par le reste du conseil de ville. La campagne de destitution a le soutien de cadres d’Amazon, de partisans de Trump et de grands propriétaires immobiliers.
Une impressionnante campagne menée par des travailleurs
Mais au lieu de poser la question sur le bulletin de vote des élections générales de novembre, la campagne de destitution a décidé d’organiser une élection spéciale qui se termine le 7 décembre. La classe capitaliste compte sur la période de vacances entre Thanksgiving et Noël pour affaiblir le soutien populaire de Kshama. Le grand défi de nos camarades était de polariser le débat suffisamment pour que l’élection ne passe pas inaperçue.
C’est jusqu’ici réussi. Une campagne de terrain menée par plus de 700 bénévoles a touché 16.000 personnes à leur porte ou en rue. Nos camarades soulignent que le véritable enjeu de ce vote est un combat entre l’élite capitaliste et la classe ouvrière. Plus de 1.300 personnes ont directement enregistré leur vote suite à cela et plus de 900.000 dollars de petites donations ont été récoltés.
Grâce au temps et aux efforts des travailleurs ordinaires, il s’agit à bien des égards de la plus grande campagne politique de l’histoire de Seattle. 16% des électeurs éligibles se sont déjà rendus aux urnes, soit quatre fois plus qu’au même moment la fois précédente. Beaucoup dépendra de la façon dont la campagne aura repris son élan après Thanksgiving.Une dimension nationale
L’importance de cette élection ne peut être sous-estimée. Son importance est nationale. L’obtention du salaire minimum de 15 dollars en 2013 avait servi de source d’inspiration dans tout le pays. Le gel des loyers aurait le même effet. Le programme et les méthodes de lutte de Sawant et de Socialist Alternative à Seattle sont un exemple pour de nombreux mouvements aux États-Unis. Si la droite parvient à destituer notre camarade, elle gagnera en confiance en utilisant des procédures de destitution non démocratiques similaires comme arme contre la gauche dans tout le pays.
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Solidarité avec Kshama Sawant : Bernie Sanders apporte son soutien

Nouvelle de taille pour la campagne de solidarité de Councilmember Kshama Sawant à Seattle ! Bernie Sanders a apporté son soutien officiel !
“Une fois de plus”, a déclaré Bernie dans sa déclaration de soutien, “les riches et les intérêts privés mènent une attaque contre le siège de Kshama Sawant parce qu’elle a le courage de défendre les travailleurs. Nous devons nous unir pour mettre fin à cette procédure de rappel sans fondement. Votez ‘NON’ d’ici le 7 décembre”.
Les campagnes présidentielles de Bernie en 2016 et 2020 ont été des exemples importants de la façon dont les travailleurs peuvent s’organiser et se battre. Mais elles ont également démontré à quel point la classe capitaliste et son personnel politique ne ménagent aucun effort pour vaincre les élus qui dirigent des mouvements de lutte favorables à la classe ouvrière.
Les médias de masse et l’establishment politique des deux partis de Wall Street (Démocrates et Républicains) s’en sont pris à Bernie parce qu’ils considéraient que le large élan en faveur de ses revendications (salaire minimum à 15 dollars de l’heure, un système universel de soins de santé,…) représentait une menace pour leur pouvoir économique et politique.
Aujourd’hui, à Seattle, plus de 500 donateurs républicains, 130 donateurs de Trump, plus de 850 millionnaires et plus de 100 PDG et dirigeants d’entreprise s’en prennent à Kshama pour la même raison. Après avoir vu Kshama diriger des mouvements pour obtenir le salaire minimum historique de 15 dollars de l’heure à Seattle (instauré pour la première fois dans une grande ville américaine à la faveur de sa campagne 15NOW) et pour instaurer la Taxe Amazon pour des logements abordables et un Green New Deal, et avoir constaté qu’elle était l’élue la plus cohérente de Seattle à se tenir aux côtés de Black Lives Matter l’été dernier, les grandes entreprises et la droite sont déterminées à éliminer la seule élue socialiste de Seattle. L’approche de Kshama, qui consiste à utiliser sa position pour construire des mouvements de lutte, et non pour conclure des accords et des compromis avec l’establishment, a été une expression puissante du message “Pas moi, nous” (Not me, us) au cœur de la campagne de Bernie en 2020.
Il ne reste que quelques jours avant le jour de l’élection, le 7 décembre. La campagne de Kshama est engagée à parler à des milliers d’électeurs pour vaincre cette attaque de la droite. Cette campagne de destitution a été organisée de telle manière que beaucoup d’électeurs ne sont même pas au courant qu’elle a lieu ! Ce message de soutien de Bernie Sanders tombe à point pour renforcer la campagne de terrain menée avec acharnement par des centaines de militantes et de militants.


