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  • Lesbiennes, gays, bis, trans, hétéros – Défendons la liberté de choix de l’orientation sexuelle!

    En mars dernier, deux jeunes réfugiés, Yahia et Ramzi, ont été victimes d’une agression homophobe violente dans le métro bruxellois. Les deux jeunes hommes avaient déjà fui leurs pays d’origine – la Palestine et l’Algérie – pour échapper aux persécutions homophobes. Cette agression n’est que la partie émergée de l’iceberg. En effet, chaque jour, ce sont des milliers de LGBT (Lesbiennes, Gays, Bisexuels et Transsexuels) qui su-bissent l’homophobie.

    Par Stéphane (Bruxelles)

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    Après 40 ans de Gay Pride, la lutte continue

    La fin des années ‘60 a été riche en luttes : mai 68, mobilisations anti-guerre, Printemps de Prague, mouvement noir,… C’est dans ce contexte de luttes que naissent les émeutes de Stonewall à New York, luttes qui symbolisent le début du mouvement LGBT.

    Par Julien (Bruxelles)

    A l’époque, les LGBT n’avaient légalement aucun droit et les descentes homophobes de flics étaient fréquentes. Le 28 juin 1969, un raid un peu plus violent que d’habitude au Stonewall va amener les LGBT à se mobiliser contre les attaques policières et les lois homophobes. En solidarité avec les mouvements afro-américains, des slogans comme ‘‘Gay Power’’ et ‘‘Gay is good’’ seront criés à chaque manifestation. Le Gay Liberation Front fut fondé par les militants LGBT de l’époque à New-York et s’étendra très vite au Canada, en Australie et dans beaucoup de pays européens. Très vite est née une collaboration pratique entre le GLF, les Blacks Panthers et les mouvements anti-guerre.

    Cette année, cela fera 40 ans que la première Gay Pride a été organisée à New-York. Le but était clairement de revendiquer des droits. En Belgique, la Gay Pride n’arrivera que bien plus tard puisque cette année, nous en sommes à la quinzième édition. Malheureusement, depuis qu’elle existe, la Gay Pride reçoit de moins en moins de subsides et doit de plus en plus faire appel au privé pour assurer son existence.

    Aujourd’hui, le milieu gay est beaucoup trop cher et beaucoup de LGBT en sont exclus. La Gay Pride est hélas essentiellement devenue l’opportunité de faire de l’argent et l’aspect revendicatif est de plus en plus mis de côté.

    (Petit) tour du monde de l’homophobie

    8 pays dans le monde exécutent des homosexuels.

    • L’homosexualité est punie par la loi dans une soixantaine de pays.
    • Aux Etats-Unis, les homosexuels sont exclus de l’armée. “Nous n’avons pas été en mesure d’empêcher le massacre de Srebrenica en Bosnie parce que l’armée était composée de soldats gays” se justifie un ancien commandant des forces de l’Otan.
    • Il est légal de licencier pour homosexualité dans 30 Etats américains.
    • Pour le numéro deux du Vatican, les multiples scandales de pédophilie qui secouent l’Eglise catholique sont liés à l’homosexualité et non au célibat des prêtres.
    • Dans les pays de l’Europe de l’Est, les Gay Pride sont violemment réprimées.

    A lire également:

    • Deux réfugiés agressés à Bruxelles : l’homophobie frappe dans le métro !
    • Répression des LGBT en Europe de l’EST
    • Les propos de Léonard font réagir le mouvement LGBT
    • Les droits des LGBT avant et maintenant
    • Luttons contre l’homophobie! – Interview d’une camarade brésilienne
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      Pourtant, en Belgique, les homos ont les même droits que les hétéros (le mariage ainsi que le droit d’avoir des enfants) et l’homophobie est reconnue comme une discrimination punissable par la loi. Mais ce ne sont que des mots sur du papier! Dans la pratique, l’égalité entre hétéros et LGBT reste à gagner.

      Selon une enquête européenne, 80% des gays et lesbiennes de moins de 25 ans déclarent avoir été victimes de violences verbales et souvent physiques durant leur scolarité du fait de leur orientation sexuelle différente. De nombreux spécialistes s’accordent pour dire qu’un cours d’éducation sexuelle doit figurer au programme scolaire, incluant les différentes sexualités existantes (hétérosexuelles comme homosexuelles, bisexuelles et transsexuelles). Cet enseignement ne doit pas se résumer à une simple après-midi sur toute la scolarité d’un enfant mais doit être un cours à part entière donné par un professeur formé (et surtout pas homophobe!)

      Pareil apprentissage serait un fameux coup de main pour combattre l’homophobie en habituant tous les individus dès leur plus jeune âge à considérer toutes les sexualités et toutes les différences. Mais hélas, depuis plus de 20 ans maintenant, les gouvernements successifs se sont acharnés à étouffer l’enseignement, comme tous les services publics, d’ailleurs. Les enseignants ont de moins en moins de moyens pour assurer leurs tâches: bâtiments tombant en ruine, classes surpeuplées, quasi absence d’outils pédagogiques,…

      Un cours efficace et constructif d’éducation sexuelle ne peut être envisagé que dans le cadre d’un enseignement public de qualité, accessible à tous et totalement gratuit. C’est pourquoi nous revendiquons un refinancement de l’enseignement à hauteur de 7 % du PIB.

      Aux Etats-Unis, plus d’un jeune LGBT sur quatre qui fait son coming-out (qui rend son homosexualité publique) est victime de l’homophobie de ses parents et se voit obligé de quitter son foyer. On estime ainsi qu’entre 20 à 40 % des jeunes sans-abris américains sont des LGBT. En Europe, d’autres chiffres illustrent les difficultés d’être LGBT: 12,4 % des jeunes gays tentent de se suicider (contre 5,9 % des garçons hétéros) et 25 % des jeunes lesbiennes (contre 5,4 % des jeunes filles hétéros). La situation en Belgique est similaire à celle des Etats-Unis ou du reste de l’Europe.

      Jeunes et moins jeunes LGBT ont plus que jamais besoin de structures d’accueil qui les protègent des agressions homophobes qu’ils vivent au quotidien à la maison, à l’école, au travail ou encore en rue. Mais en matière de protection des personnes en danger (LGBT, femmes battues, petite enfance…), l’Etat ne fait quasiment rien. À l’heure actuelle, de tels centres d’accueil sont presque inexistants, très souvent payants et les listes d’attentes sont très longues. En d’autres mots, de nombreux LGBT ou femmes victimes de violences homophobes ou sexistes n’ont d’autre choix que de continuer à recevoir des coups ou alors de fuir du domicile, bien souvent pour la rue ou la prostitution. Un programme de services d’aide aux personnes victimes d’agressions en tout genre n’est pas à l’agenda du gouvernement, au contraire occupé à faire des coupes budgétaires abyssales dans tous les secteurs des services publics.

      C’est pourquoi nous revendiquons des services publics d’aides aux personnes en danger gratuits, de qualité et qui prennent en compte les problèmes réels rencontrés par toute la population, jeunes et moins jeunes, LGBT comme hétéros, hommes ou femmes.

      Cela fait maintenant plus de 30 ans que le SIDA fait des ravages aux quatre coins du monde et toujours pas de vaccin malgré les connaissances scientifiques actuelles et le travail acharné fourni par des milliers de chercheurs. Pourquoi? La recherche scientifique est de plus en plus entre les mains de grosses entreprises privées comme les grands groupes pharmaceutiques, par exemple, lesquels orientent principalement la recherche vers leur propre profit. Ainsi, GSK, le 2e groupe pharmaceutique mondial a réalisé un profit de presque 2 milliards d’euros rien que sur la vente du vaccin contre la grippe H1/N1. GSK finance de nombreux programmes de recherches dans le domaine de la santé.

      La recherche doit rester entre les mains des services publics et être entièrement orientée vers les besoins réels de la population afin de trouver au plus vite des vaccins contre le SIDA et toutes les autres MST.

      Combien de couples gays et lesbiennes ne sont pas victimes d’homophobie quand ils sont à la recherche d’un logement? Une grande part du logement est entre les mains du privé, qui décide de choisir le locataire ‘‘désiré’’. Combien aussi d’immigrés, de mères seules avec enfant(s) ou encore de chômeurs se voient refuser l’accès à un logement tout cela parce que des propriétaires peu scrupuleux ne se gênent pas pour éloigner les ‘‘mauvais payeurs’’?

      Nous revendiquons un plan massif de construction de logements sociaux de qualité, à des prix raisonnables et surtout avec un contrôle démocratique de la collectivité afin de contrer toute forme d’arbitraire.

      Toutes les mesures proposées ci-dessus visent à combattre sur le terrain l’homophobie et font partie intégrante du programme du PSL/LSP. LGBT, hétéros, femmes, immigrés, jeunes… on a tous à y gagner! Mais ce programme ne s’appliquera pas tout seul! C’est à nous de nous battre pour l’instaurer et participer à la construction d’une société basée sur les besoins réels de toute la population et non sur les profits d’une minorité qui, pour mieux asseoir son pouvoir économique et politique, joue pleinement sur la division des travailleurs selon leur sexe, leur couleur de peau ou encore selon leurs orientations sexuelles. Si toi aussi, tu veux renverser le système capitaliste et toutes ses conséquences telles que le sexisme, le racisme et l’homophobie, rejoins le PSL/LSP.

  • Témoignage en direct de Thaïlande – Affrontement décisif entre les ‘rouges’ et le gouvernement?

    Depuis plus de deux mois, les opposants au gouvernement de Abhisit Vejjajiva, les ‘chemises rouges’, occupent le quartier commerçant et financier de Siam. Ceux-ci réclament la dissolution du Parlement ainsi que des élections anticipées, au plus vite. Au moment où cet article est écrit, la tension est montée d’un cran dans les rues de Bangkok, depuis la fin de l’ultimatum de ce mercredi soir. Les opposants se préparent à une intervention imminente de l’armée ce qui, après les affrontements meurtriers de fin avril, veut certainement dire se préparer à un bain de sang…

    Par un correspondant de socialisme.be en Thaïlande

    Contexte et historique des évènements :

    En septembre 2006, le premier ministre en fonction, le multimilliardaire Thaksin, a été renversé par un coup militaire. Parallèlement, il a été condamné à deux ans de prison pour ‘conflits d’intérêts’ et différentes magouilles financières. Depuis, ce dernier vit en exil à Dubaï en attendant de pouvoir faire un retour triomphal en Thaïlande.

    En Thaïlande, le soutien pour Thaksin provient essentiellement d’un grand nombre de paysans pauvres dans les campagnes (principalement dans le nord du pays et aux alentours de Bangkok) ainsi que d’une partie de la classe ouvrière pauvre des villes. Il a pu construire ce soutien via une politique populiste et grâce aux quelques petites mesurettes en faveur des plus pauvres appliquées lors de son passage au pouvoir. En même temps, il a bien entendu joué le rôle qu’on lui demandait en appliquant des mesures néolibérales qui ont développé un énorme mécontentement largement répandu chez les travailleurs des villes.

    Fin 2008, les sympathisants d’Abhisit (l’actuel Premier Ministre) ont occupé le siège du gouvernement et deux aéroports, jusqu’à ce que le gouvernement de l’époque, accusé de sympathie avec Thaksin, soit dissous. Le parti d’Abhisit a alors réussi à obtenir assez de soutien, y compris parmi les parlementaires pro-Thaksin, pour former un nouveau gouvernement. Même si l’armée n’a pas joué de rôle actif dans ces évènements, il est clair pour beaucoup de monde que le retournement de veste de nombreux parlementaires ‘pro-Thaksin’ ne pouvait être que le fruit de menaces de l’armée.

    Au même moment, les ‘chemises rouges’ organisaient leur première mobilisation importante en rassemblant plus de 50.000 sympathisants dans un des plus grands stades de Bangkok. Le principal parti organisant les opposants est connu sous le nom de ‘Front unifié pour la démocratie contre la dictature’, aujourd’hui renommé le Pheu Thai Party.

    Le parti d’Abhisit, le PAD (Alliance du peuple pour la démocratie), a lui comme base principale la classe moyenne des villes et quelques sections de la classe ouvrière. Le gouvernement actuel est largement discrédité et applique une politique de renforcement du rôle de la monarchie et de l’armée dans la sphère politique. Plus de 70% des membres du gouvernement ne sont dès lors pas élus.

    Les chemises rouges et les affrontements de 2009

    Il y a tout juste un an, en avril 2009, les chemises rouges ont occupé le centre de Bangkok pour la première fois. Ils réclament le départ immédiat d’Abhisit et soutiennent l’opposant en exil Thaksin. Pendant plusieurs jours, des batailles rangées entre milliers de chemises rouges, en majorité des jeunes, et forces de l’ordre font rage. L’état d’urgence est décrété et les paramilitaires sont déployés. L’armée charge avec des blindés et tire à balles réelles en faisant deux morts et des centaines de blessés. La voiture du premier ministre est attaquée par une foule en colère. Un sommet important réunissant les élites des pays de la région a dû aussi être annulé face à l’ampleur de la mobilisation. Après plusieurs semaines, et face à la répression importante, les dirigeants des chemises rouges acceptent de démobiliser leurs troupes en promettant de nouvelles actions si de nouvelles élections ne sont pas organisées.

    Avril 2010 : les ‘rouges’ repartent à l’assaut

    Un an quasiment jour pour jour après les évènements de 2009, les chemises rouges se remobilisent en décidant d’occuper massivement un des poumons économiques de la capitale, le quartier de Siam. De nombreuses manifestations sont organisées à pieds, à moto,… Leur action la plus spectaculaire a eu lieu il y a quelques semaines quand ils ont décidé de marcher sur le Parlement, obligeant celui-ci à annuler une session et forçant les parlementaires à fuir. Pendant plusieurs semaines, le gouvernement a même dû se réfugier dans une ville de province pour pouvoir tenir ses réunions.

    Parallèlement, de nombreux meetings sont organisés tous les jours. Les chiffres parlent de 100.000 à 150.000 personnes présentes quotidiennement dans le centre occupé. Le journal The Nation expliquait: ‘De plus en plus de paysans pauvres se sont déplacés et ont rejoint les rouges pour exprimer leur colère face à leur sentiment d’être des victimes sociales’. Ce même journal titrait: ‘La pauvreté ; le plus grand ennemi de la Thaïlande. Au moins 10 millions hors d’une population de 65 millions vit bien plus bas que le seuil de pauvreté. Cette couche de la population n’a quasi aucun accès à de la nourriture décente, à des soins de santé ou à l’opportunité d’accéder à l’éducation’.

    Pour la première fois, pour tenter d’apaiser le climat, Abhisit a été obligé d’organiser des négociations avec les dirigeants des chemises rouges. Celui-ci a mit sur pied une ‘feuille de route’ promettant des élections le 14 novembre prochain et une série de mesures pour les paysans pauvres. Cette tactique avait comme principal objectif de démobiliser les opposants et de gagner du temps. Les dirigeants des chemises rouges ont quant à eux décidé de maintenir le blocus du centre et exigent la dissolution immédiate du parlement.

    Face à la détermination des opposants, à deux reprises, l’armée a tenté d’envahir et d’évacuer la zone occupée. Ces tentatives ont fait face à une vive résistance des chemises rouges et se sont soldées par des dizaines de morts. Sur les dernières semaines, de nombreuses attaques à la grenade ont eu aussi lieu à Bangkok faisant plusieurs blessés et morts dans les forces de l’ordre. Ces attaques sont certainement le fait des noyaux durs des rouges, déclarent les médias officiels. Il est aussi fort possible que ça soit l’oeuvre de provocateurs proches des chemises jaunes qui ont à leur actif plusieurs actions violentes contre les rouges ces derniers jours.

    Une des revendications principale des ‘rouges’ depuis ces tragiques incidents et l’arrestation du ministre de la défense Suthep pour sa responsabilité dans la répression meurtrière de fin avril. Le gouvernement quant à lui durcit son discours et prévient que si les manifestants ne quittent pas pour mercredi 12 mai au plus tard le Rajprasong center, l’accès à l’eau et à l’électricité seront coupés avant une intervention musclée de l’armée, probablement dans les heures qui suivent. Ceci alors que depuis fin avril, le gouvernement était sur la défensive craignant l’explosion de ses forces armées entre pro-gouvernement et pro-rouges.

    Le dirigeant des chemises rouges Jatuporn Promphan, déclarait quant à lui dans le journal The Nation du 12 mai qu’ils ne céderaient pas à l’ultimatum du gouvernement et que : ‘Nous n’avons pas peur de telles pressions. Après la mort de tant de sympathisants, rien ne peut plus arrêter les rouges’.

    Atmosphère dans le camp retranché des ‘rouges’ et derniers évènements

    Le mercredi 12 mai, quelques heures avant la fin de l’ultimatum, j’ai eu l’occasion de me rendre dans le centre occupé et barricadé de toutes part par les opposants au régime. Ce quartier, occupant plusieurs kilomètres carrés, est très sérieusement sécurisé et organisé par les ‘rouges’. A chaque entrée de la zone, des barricades plus grandes les unes que les autres bloquent l’accès aux zones de meetings et de logement.

    Des ‘gardes noirs’, le service d’ordre des opposants, fouillent chaque véhicule pour empêcher l’entrée d’armes ou de grenades. Un énorme podium de meeting, relié à des haut-parleurs dans l’ensemble du quartier, accueille dans un flot sans fin de discours, les principaux dirigeants des chemises rouges. La foule est en nombre et de nombreuses familles logent à même le sol. La nourriture, la distribution d’eau et tout le nécessaire est organisé partout dans l’immense campement. Partout trônent des photos de manifestations, d’images de la répression des manifs d’avril et des banderoles appelant à la dissolution du parlement. L’accueil par les ‘militants’ de base est chaleureux et la volonté d’expliquer la situation malgré la frontière de la langue est présente. Une jeune ‘rouge’ de 19 ans nous explique, quand je lui demande ce qu’elle pense de la situation actuelle et de l’ultimatum du gouvernement : ’ Cela fait deux mois que je suis ici. L’armée a déjà essayé de nous déloger à plusieurs reprises. De nombreuses personnes sont déjà mortes. Ils parlent de 20 morts, pour nous il y en a eu plus de 100. Si l’armée revient et ça sera surement le cas dans quelques jours, je me battrai contre eux.’

    Dans The Nation, l’éditorialiste parlait des dissensions importantes entre les ‘rouges’ depuis quelques jours. Il est clair que l’espoir énorme suscité par ce mouvement massif et instrumentalisés par Thaksin et sa bande de mafieux ne peut pas être comblé par une simple promesse d’élections anticipées en novembre prochain. Parmi les dirigeants, deux ailes se sont dessinées ces derniers jours : d’un côté l’aile modérée qui veut accepter la feuille de route et démobiliser; et de l’autre l’aile plus dure (le Pheu Thai Party, le parti politique principal derrière les rouges, qui s’oppose à la feuille de route). Parmi une couche de plus en plus importante des sympathisants rouges mobilisés, des doutes surgissent quant à l’honnêteté de leurs dirigeants. Une de celles-ci déclarait : ‘ Aujourd’hui, il est clair que continuer à avoir une attitude confrontationnelle avec le gouvernement ne ferait que transformer d’ici peu la zone en bain de sang. J’ai essayé à plusieurs reprises de dialoguer avec les dirigeants et ce sans succès. Je ressens que l’on ne peut pas faire confiance à certains des dirigeants et je me demande même si ils se battent pour la démocratie’. Une radio hébergée sur le site déclarait il y a peu que les ‘simples manifestants s’auto-organisaient et préviennent les dirigeants qu’ils n’ont pas intérêt à les laisser tomber’. Un autre opposant déclarait quant à lui: ‘ Vous pourriez aujourd’hui ordonner aux manifestants de rentrer chez eux sur la tribune, je pense que la réaction serait de lancer tout ce qu’ils ont à leur disposition sur celui qui s’y risquerait. Certains planifient même de marcher sur le 11eme régiment d’infanterie et d’arrêter le premier ministre avant de lancer une révolte du peuple’.

    Au moment ou j’écris ces lignes (le jeudi 13/05), l’armée a bouclé l’ensemble de la zone et a reçu le feu vert pour tirer à balles réelles. Des dizaines de blindés sont concentrés aux alentours des barricades. L’état d’urgence est quant à lui déclaré dans 15 provinces du pays. Il y a quelques minutes, le dirigeant principal des chemises noires, le service d’ordre, vient d’être abattu au cours d’une interview avec une TV japonaise par un sniper de l’armée. Des affrontements ont éclaté aux alentours pour tenter de maintenir à distance l’armée faisant déjà un mort, un jeune de 25 ans nommé Chartchai Chalao et 20 blessés graves. Les dirigeants des rouges viennent aussi de déclarer que leurs troupes sont déployées aux différentes barricades et qu’ils attendent l’armée de pied ferme. La situation risque très certainement de s’empirer dans les heures qui viennent.

    Quelles perspectives pour les travailleurs et les masses pauvres en Thailande

    Il est clair que les évènements de Thaïlande expriment la lutte pour le pouvoir entre Thaksin et le gouvernement d’Abhisit. Cette situation a certainement exacerbé les tensions déjà existantes entre les populations rurales et la population urbaine.

    Le gouvernement d’Abhisit est clairement soutenu aujourd’hui par l’armée et la monarchie avec comme unique but : empêcher Thaksin et sa clique de revenir au pouvoir. Les partisans de Thaksin se sont proclamés porte parole des masses pauvres du pays et ne font qu’instrumentaliser la colère et la frustration qui existe dans la société thailandaise. Aujourd’hui, ces différents dirigeants ont intentionnellement exacerbé les tensions et les divisions entre les populations pauvres des campagnes et les ouvriers et la classe moyenne des villes.

    Pourtant, ce sont bien les paysans, la classe ouvrière et certaines autres couches de la société qui sont victimes de la rapacité des élites du pays d’un camp ou de l’autre. La corruption a atteint un niveau jamais connu dans le pays. Il est clair que dans cette situation, aucun de ces dirigeants ne va dénoncer les causes des problèmes vécus par la population thaïlandaise. La Thaïlande est un des pays les plus durement touchés par la crise capitaliste et les dirigeants des deux camps sont de toute façon d’accord sur qui devra payer dans les mois et années qui viennent : les travailleurs et les plus pauvres de la société.

    Il est aujourd’hui dès lors catastrophique qu’aucun parti avec un programme partant des besoins des paysans pauvres et des travailleurs n’existe et ne puisse catalyser la colère énorme qui existe et qui s’exprime dans les rues du pays. Ce n’est pas en faisant confiance soit au gouvernement soit à un millionnaire corrompu que l’on en finira avec la pauvreté et l’oppression.

    La situation aujourd’hui est très instable et il est difficile de savoir ce qu’il va se passer dans les jours qui viennent. Il est clair que le gouvernement a décidé l’épreuve de force et ce n’est plus qu’une question d’heures. Quelle sera la capacité des ‘rouges’ à résister ? Est ce que les dissensions dans l’armée vont éclater au grand jour ? A quel massacre allons-nous assister ?

    Quoiqu’il en soit, même si ce n’est pas le plus probable, si les chemises rouges obtiennent finalement quand même l’organisation de nouvelles élections, les commentateurs officiels s’attendent à une victoire du parti proche de Thaksin. Si c’est le cas, il est fort probable que la coalition des chemises jaunes soutenus par une partie de l’armée redescende aussi dans les rues. Il est dès lors très probable que l’instabilité perdure dans le pays.

    De plus, ce que l’on voit se passer en Thaïlande actuellement, pays qui a connu 18 coups d’Etat depuis les années ‘30, est une indication de l’instabilité qui pourrait se développer à une plus grande échelle à travers le continent asiatique en réaction à l’aggravation de la crise. Pour nous, révolutionnaires socialistes en Europe et ailleurs dans le monde, il est d’autant plus important d’en comprendre l’urgence qui existe à la construction d’une force politique de masse pour défendre les intérêts des travailleurs et des masses pauvres ainsi que la nécessité de mener la bataille pour une société socialiste, seule alternative capable d’en finir avec la barbarie capitaliste.

    Le Comité pour une Internationale Ouvrière revendique

    • Non à la répression des droits démocratiques et à la censure des médias !
    • Abolition de toute loi draconienne telle que l’ISA (Internal Security Act) qui réprime les droits du peuple
    • Non au règne des généraux et au règne des politiciens millionnaires corrompus
    • Opposition totale au coup d’Etat militaire
    • Pour une lutte de masse afin d’obtenir des droits démocratiques complets, y compris le droit des travailleurs à s’organiser, à protester et à faire grève
    • Pour des syndicats et organisations paysannes indépendants, combatifs et démocratiques
    • Des droits syndicaux pour les forces armées – gagner les soldats pauvres à la cause des travailleurs
    • Pour la création d’un parti de masse ouvrier et paysan
    • Pour une lutte unie des ouvriers, des paysans, des étudiants et autres opprimés du système pour renverser le gouvernement corrompu
    • Pour une Assemblée Constituante authentique et représentative
    • Abolir la monarchie
    • Pour un gouvernement de la majorité ouvrière et paysanne
    • Tous les droits pour la population musulmane opprimée du Sud de la Thaïlande et pour les autres minorités
    • Non à la politique néolibérale de privatisation et de dérégulation
    • Prendre en propriété publique démocratique les grandes entreprises, les industries majeures, les grandes propriétés terriennes et les banques
    • Pour une économie planifiée afin de satisfaire les besoins des travailleurs et des paysans, sous le contrôle et la gestion démocratiques de comités élus de la classe ouvrière et des paysans
    • Pour une Thaïlande socialiste, en tant que membre d’une fédération socialiste de l’Asie du Sud-Est

  • Les listes “Front des Gauches” peuvent se présenter: le PSL est allé “remercier” le PS

    Il en a fallu de l’énergie pour pouvoir déposer les listes Front des Gauches! Devant le refus du PS d’accepter que ses parlementaires puissent soutenir la présentation de petites listes, le PSL avait décidé d’aller directement trouver Elio Di Rupo et Paul Magnette hier, à Charleroi, lors de leur débat "Vous ne voulez pas voter? Parlons-en." Très peu de temps avant cette action, le PS avait accordé une signature, et son secrétaire général avait "subitement" retrouvé le numéro de notre centre pour nous demander d’annuler notre action…

    Le thème de ce débat illustre que le PS a bien compris que dans ce contexte de crises politique et économique, et face à la politique néolibérale des partis traditionnels ainsi que leur surenchère communautaire, il y aurait un grand nombre d’abstentions. La colère contre la crise et l’establishment est grande parmi la population, et les partis traditionnels, dont le PS, ont tenté de tout faire pour empêcher les petites listes de se présenter. Finalement, après bien des efforts déployés par les partenaires du Front des Gauches, dont cette action de protestation, nous avons pu récolter les signatures d’élus nécessaires pour présenter nos listes… moins de 24h avant leur dépôt!

    Il nous reste maintenant d’autres obtacles, notamment dans la presse traditionnelle. Ainsi, les partis représentés au CA de la RTBF (PS, MR, CDH, Ecolo) viennent de décider qu’il n’y aurait aucun débat avec les petites formations! Voilà qui illustre la manière dont ces partis établis considèrent la démocratie.

    A Charleroi, nous étions une vingtaine de militants. Nous avons bien entendu tenu à remercier Elio Di Rupo et son parti pour leur signature. Nous déplorons toutefois que le PS ait retrouvé quelques accents démocratiques après le MR. D’autre part, nous espérons que si pareille circonstance exceptionnelle se représentait à l’avenir, nous n’aurons pas à faire autant d’efforts pour faire respecter les droits démocratiques des petits partis.

  • Une alternative unitaire à gauche d’Ecolo et du PS

    Le « Front des Gauches » vient de voir le jour : dernier-né des formations en lice pour les élections anticipées qui se tiendront ce 13 juin, il rassemble des militants syndicaux ou associatifs et six organisations de gauche radicale : le Parti Communiste (PC), le Parti Socialiste de Lutte (PSL-LSP), la Ligue Communiste Révolutionnaire (LCR), le Parti Humaniste (PH), le Comité pour une Autre Politique (CAP) et Vélorution. Ces partis se présenteront ensemble, avec plusieurs candidat-e-s d’ouverture, sur la liste « Front des Gauches » à la Chambre et au Sénat.

    Communiqué PC, PSL, LCR, PH, CAP, Vélorution.

    Une union aussi large est inédite et surprenante dans un délai aussi court et devant de tels obstacles. Présenter cette liste n’était pas gagné d’avance, surtout dans les conditions anti-démocratiques imposées par les partis au pouvoir. En effet, pour des « petits partis », se présenter aux élections relève du parcours du combattant ! Victimes d’un black-out médiatique, il leur faut aussi récolter des signatures en un temps record. Les parrainages d’électeurs nécessaires pour présenter des listes à la chambre ont été récoltés en 48 heures. Finalement, la veille du dépôt des listes, des signatures d’élus ont été obtenues pour que le "Front des Gauches" puisse se présenter partout, au sénat et à la chambre.

    Le « Front des Gauches » symbolise, notamment à travers sa liste bilingue à Bruxelles-Hal-Vilvorde, le refus des surenchères nationalistes ou communautaires. Alors que les partis traditionnels cherchent à diviser les travailleurs et travailleuses du nord et du sud du pays, les six organisations de la gauche radicale ont décidé de s’unir pour présenter ensemble une autre voix à gauche. Une alternative qui refuse que les crises –financière, sociale, écologique – soient payées par les victimes et non par les véritables responsables capitalistes : patrons, gouvernements et financiers.

    C’est une justice sociale, écologique et fiscale que le « Front des Gauches » défendra pour répondre aux vrais problèmes, qui seront au cœur de sa campagne : licenciements, chômage, précarité, racisme, discriminations, dégradation de l’environnement, guerres, … Devant le risque de l’abstention ou du vote d’extrême droite, le « Front des Gauches » a pour objectif de montrer qu’une véritable alternative de gauche, qui exprime l’opposition et l’écœurement par rapport à un système fondamentalement injuste, peut exister face aux partis institutionnels.

    Les listes du « Front des Gauches » pour la Chambre seront emmenées par quatre femmes et deux hommes: Céline Caudron (LCR) dans le Hainaut, Pierre Eyben (PC) à Liège, Anja Deschoemacker (PSL-LSP) à Bruxelles-Hal-Vilvorde, Annick Letecheur (PH) à Namur, Laurent Batlhazar (CAP) dans le Brabant wallon et Nicole Cahen (PC) dans le Luxembourg. Robert Tangre (PC) tirera la liste du Sénat. Une conférence de presse aura lieu sous peu pour présenter cette initiative politique.

    Contacts :

    • Parti Communiste : Pierre Eyben, 0477/20.29.53, www.particommuniste.be, info@particommuniste.be
    • Parti Socialiste de Lutte /Linkse Socialistische Partij : Anja Deschoemacker, 0473/92.28.33, www.socialisme.be, info@socialisme.be
    • Ligue Communiste Révolutionnaire : Céline Caudron, 0474/91.64.59, www.lcr-lagauche.be, info@lcr-lagauche.be
    • Parti Humaniste : Gilles Smedts, 0497/54.27.41, www.partihumaniste.be, ph_hp_belgium@yahoo.fr Comité pour une Autre Politique : Laurent Balthazar, 0485/03.19.68
    • Vélorution : Reginald de Potesta de Waleffe, 0472/50.01.90, www.velorution.be, info@velorution.be
  • ULB protestation contre la rationalisation des cours

    Ce lundi 10 mai, 200 étudiants de l’ULB se sont rassemblés devant leur Conseil d’Administration pour protester contre la réforme des cours en Philo & Lettres. Cette réforme survient dans le cadre d’une rationalisation de l’offre des cours, exigée par le Recteur et imposée par la logique de Bologne.

    Etudiants de Gauche Actifs

    Cette réforme des programmes prévoit notamment la suppression des cours dits non-rentables. Ainsi, 400 intitulés de cours passent à la trappe dès la rentrée prochaine. Les étudiants venus en masse, pendant leur période d’examen, ont demandé un moratoire sur cette réforme, mais aussi un refinancement de l’enseignement à hauteur de minimum 7% du PIB, ainsi que l’organisation d’un vrai débat au sien du monde universitaire sur ces questions. Malgré la forte mobilisation des étudiants, le Conseil a finalement voté lundi soir contre leurs revendications, tout en proposant, dans un grand excès de générosité, un "groupe de travail paritaire chargé de veiller au bon déroulement de cette réforme".

    Après moult discussions en Assemblée, les étudiants se sont mit d’accord… c’est alors qu’ils se sont immiscés dans la salle pour réclamer un véritable débat sur cette réforme et sur le rôle futur de l’université dans le nouveau marché européen de l’enseignement. Une fin de non-recevoir leur a été opposé. En effet, a peine les premiers étudiants avaient fait irruption dans la salle que les administrateurs se sont rués, pris de panique, vers les issues de secours.

    Les étudiants ne baisseront pas les bras pour autant. Tous sont partis en scandant « Ce n’est qu’un début, continuons le combat ! » En effet, ils n’entendent pas lâcher l’affaire et se sont dores et déjà donné RDV à la rentrée en septembre. Affaire à suivre donc…

    > Article dans La Libre

  • Marée noire catastrophique dans le Golfe du Mexique – Arrêtons les pollueurs !

    Nationalisons les géants du gaz et du pétrole

    Une catastrophe environnementale menace la côte des Etats-Unis qui entoure le Golfe du Mexique, à la suite de l’explosion et de la submersion d’une plateforme pétrolière de la compagnie Deepwater Horizon (louée par BP), le 20 avril.

    The Socialist, journal du Socialist Party (CIO-Angleterre et Pays de Galles), 5 mai 2010

    Tandis que près d’un million de litres de pétrole s’échappent chaque jour du puits détruit, et sans perspective immédiate de pouvoir boucher les trois fuites majeures, les effets environnementaux et économiques dans la région vont être graves et durables sur le long terme. Les bassins à crevettes et les marécages côtiers fragiles seront ruinés pour des années si une importante quantité de pétrole parvient sur la côte.

    Dans l’Etat de Louisiane (où est ancrée la deuxième plus grande flotte de pêche américaine, avec un chiffre d’affaires de 1,8 milliards de dollars par an), un habitant sur cinq vit déjà sous le seuil de pauvreté. Ce nombre ne peut que s’accroître au fur et mesure que le désastre se développe.

    Le Président américain Barack Obama est déterminé à ne pas être perçu comme en train de roupiller pendant cette crise, contrairement à son prédécesseur George Bush lorsque l’ouragan Katrina a dévasté la région en 2005.

    A la grande déception de ses partisans environnementalistes, Obama avait récemment annoncé la vente aux enchères pour les grandes multinationales pétrolières des permis d’exploitation des gisements pétroliers de l’espace maritime américain atlantique. Il a maintenant mis en suspens son annonce précédente, et à la place, son administration est tombée sur le géant pétrolier BP – une cible relativement facile, étant donné que cette compagnie n’est pas basée aux Etats-Unis, et étant donné son passé affreux tant sur le plan environnemental que sur celui de la sécurité.

    Obama a accusé BP de n’entreprendre que des mesures de nettoyage de la fuite pendant les quatre jours qui ont suivi la submersion de la plate-forme à cause de l’explosion. Malheureusement pour les riches propriétaires de BP, la catastrophe du Golfe du Mexique coïncide avec le versement en dividendes de l’immense somme de 3,6 milliards de livres de profit accompli pendant le premier trimestre de cette année – surtout à cause d’une hausse rapide du prix de l’essence.

    La catastrophe du Golfe du Mexique est en train d’être comparée à celle d’Exxon Valdez en Alaska en 1989, lorsque plus de 40 millions de litres de pétrole brut se sont échappés d’un super-pétrolier échoué.

    Les gens demandent des réponses de la part de BP et des autorités américaines, quant à savoir pourquoi les mécanismes de sécurité de la plateforme n’ont pas fonctionné.

    Mais le fait d’éviter de tels désastres (et pas simplement BP qui paye la facture du nettoyage, sous-estimée à hauteur de 1 milliards de dollars) ne pourra se faire que s’il y a un contrôle sur la production. Ceci requiert la mise en propriété publique de l’industrie pétrolière, ce que les gouvernements capitalistes occidentaux qui apprécient leurs relations fraternelles avec les multinationales du pétrole se refusent à faire.

    Toutefois, dans les pays producteurs de gaz et d’électricité tels que la Bolivie et le Venezuela, les gouvernements de gauche élus ont en partie nationalisé leurs industries gazière et pétrolière. Ces mesures populistes ont infligé un coup énorme aux intérêts de l’impérialisme occidental en Amérique latine.

    Un gouvernement socialiste qui nationaliserait complètement ses industries d’hydrocarbures sous le contrôle et la gestion des travailleurs – dans le cadre d’un plan global de production économique – non seulement permettrait une production d’énergie en toute sécurité, mais plus encore, tenterait de rompre avec la dépendance par rapport aux carburants fossiles, pour aller vers des sources d’énergie renouvelables.

    La mentalité « chéquier » de BP

    BP est la quatrième plus grande compagnie pétrolière au monde. Sa taille et sa richesse ont été bâties au prix des vies des travailleurs et de l’environnement. Onze personnes ont été portées disparues – on les suppose décédées – après que la plateforme Deepwater Horizon, louée par BP et appartenant à la firme américaine Transocean, ait pris feu et ait coulé.

    En 1991, BP a été citée comme l’entreprise la plus polluante aux Etats-Unis. Selon une recherche du PIRG, BP a été responsable de 104 fuites de pétrole entre janvier 1997 et mars 1998.

    En 2006, une fuite d’un des pipelines de BP sur la Pente Nord de l’Alaska a causé la perte de plus d’un million de litres de pétrole brut qui se sont répandus dans la toundra.

    Il y a cinq ans, 15 personnes ont été tuées et 180 ont été blessées à la raffinerie BP à Texas City. Une enquête a déclaré que c’était l’ensemble de la politique de gestion de l’entreprise qui était responsable d’avoir ignoré les avertissements quant aux problèmes de sécurité catastrophiques, aggravé par une « mentalité chéquier ».

  • Europe: Unité des travailleurs et contre-attaque contre la dictature du marché

    Depuis des mois maintenant, les escouades de la dictature – les Hedge Funds, les banques d’investissement prédatrices et les créanciers, aidés par leurs éclaireurs des agences de notation – ont entamé le siège de l’économie grecque. Le plan de bataille était très simple: créer suffisamment de doutes, de suspicion et d’instabilité pour leur permettre de prêter au gouvernement grec avec des taux d’intérêts très élevés. Les bénéfices sont donc eux aussi très élevés, ce qui était bien sûr le premier objectif de la manœuvre.

    Joe Higgins, élu au Parlement Européen, Socialist Party (CIO-Irlande)

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    Dans toutes les guerres, c’est la population civile qui a le plus à souffrir de la situation, et ce cas-ci ne déroge pas à la règle. Le butin massif accumulé par les agresseurs se paye à coups de réductions de salaires dans les secteurs publics, d’attaques contre les pensions et d’augmentations d’impôts.

    L’affirmation générale selon laquelle la vérité est la première victime de la guerre se vérifie ici aussi. Nous avons pu constater de nombreuses distorsions de la réalité ou mensonges dans les medias européens. De nombreux articles ont tenté de nous faire croire que les travailleurs grecs peuvent jouir d’une pension complète à 53 ans ou encore que les travailleurs des services publics étaient payés 14 mois pour 12. La vérité est assez différente.

    Ce qu’on appelle les “13e et 14e” mois constituent deux salaires annuels extra dont bénéficient les travailleurs grecs des services publics. L’instauration de ces 13e et 14e mois avait pour but d’élever les salaires très très bas pour qu’ils atteignent quelque chose de plus réaliste. Cette mesure ressemble plus à la prime de noël que reçoit un travailleur avec un salaire de misère.

    Les mensonges et les déformations concernant l’âge de départ à la retraite proviennent du fait que beaucoup de travailleurs grecs ont été jetés à la porte au cours des privatisations et des “rationalisations” de ces dernières dix années. Beaucoup de ces travailleurs ne travailleront plus parce qu’il n’existe plus d’emplois pour eux, ils sont donc forcés de prendre leur retraite. Et c’est cela qui a été considéré comme l’égal d’un départ volontaire en retraite, à un âge relativement bas. Dans les faits, l’âge officiel d’accès à la pension en Grèce est maintenant de 65 ans, et les attaques actuelles prévoient d’augmenter cela jusqu’à 67 ans.

    Certaines de ces présentations erronées de la réalité sont dues à des journalistes paresseux, mais d’autres sont les fruits de manipulations délibérées de l’information dans l’objectif de défendre partout en Europe que ce programme d’austérité sauvage est nécessaire. Les travailleurs des secteurs publics sous payés en Irlande, par exemple, comprendront rapidement le but véritable de cette campagne de propagande contre leurs collègues, comme eux aussi ont été victimes d’une campagne similaire.

    Les gouvernements grecs précédents portent certainement une part de la responsabilité de la situation actuelle. Ce sont eux qui ont conduit le peuple grec dans l’Eurozone, en manipulant les réalités économiques afin d’en être capables. Ils ont orchestré une massive évasion fiscale de la part du grand capital grec et ils ont accordé à l’institution la plus riche de Grèce, l’Eglise Orthodoxe, un statut totalement exonéré d’impôts. Mais tout cela n’est en aucun cas de la faute de la classe ouvrière grecque, qui est maintenant présentée comme celle qui doit payer la note.

    La capitulation totale de la Commission Européenne et de tous les gouvernements des Etats membres face au ‘‘marché’’ dément toutes leurs affirmations et leur rhétorique sur l’Europe championne de la démocratie, de la justice, de l’égalité (les prétendues ‘valeurs européennes’). Dans les faits, les gouvernements font preuve d’une soumission abjecte aux requins de la finance afin de satisfaire leur carnage économique. Le Premier Ministre Grec Papandreou, même lorsqu’il dénonce la spéculation, porte bien haut le drapeau blanc de la reddition en demandant que les travailleurs grecs payent la facture de leurs profits.

    Les ministres des finances et la Commission Européenne, au lieu d’être les champions de la démocratie, ont renforcé les marchés. Mais ce sont précisément eux qui demandent que le programme d’austérité le plus sauvage soit appliqué en Grèce contre les services publics et le niveau de vie des travailleurs. Les 110 milliards d’euros ‘‘d’aides’’ sont présentés comme un cadeau fait à la Grèce, mais comme le commissaire de l’économie de l’Union Européenne Olli Rehn l’a déclaré, les intérêts payés par la population grecque seront ‘‘plus élevés que les intérêts payés’’ par le pays aux créanciers.

    “Les marchés” peuvent donc espérer se réjouir de trois ans de super profits payés par la classe ouvrière grecque. Maintenant, ce sera au tour du Portugal, de l’Espagne et aussi de l’Irlande. C’est une autre raison pour laquelle les travailleurs et les jeunes grecs ne doivent pas être les seuls à lutter. Il y a quelques jours à peine, le Premier Mai, des bannières déclaraient dans de nombreuses villes européennes : “Travailleurs : Unis.” Il est véritablement temps de rendre ce slogan concret pour s’en prendre à la dictature des marchés.

  • Une campagne pour aller voter en écartant les petites listes? ‘‘Vous ne voulez pas voter le 13 juin? Parlons-en.’’

    Une campagne pour aller voter en écartant les petites listes?

    C’est le thème d’une rencontre-débat qui se déroulera demain à Charleroi avec Paul Magnette et Elio Di Rupo. Ces derniers ont fort bien compris que dans ce contexte, face aux crises politique et économique, il y aurait un grand nombre d’abstentions, d’où cette campagne pour aller voter, mais surtout pas pour autre chose que pour les partis traditionnels!

    Communiqué de presse du PSL

    Le PS a fait le choix d’élections antidémocratiques et refuse qu’une liste de gauche puisse se présenter. N’importe quel argument est utilisé à cet effet, comme pour la liste que le PSL essaye de former avec d’autres, notamment le Parti Communiste.

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    > Déclaration du PSL pour les élections.
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    Paul Magnette dit que le PS ne connaît pas ces petits partis. En ce qui nous concerne, c’est très certainement faux. De plus, par le passé, nous avons systématiquement été capables de récolter nos 15.000 signatures dans toute la Belgique. Le PSL est d’ailleurs l’une des deux formations démocratiques à l’avoir fait lors des précédentes élections. Mais cette fois-ci, le temps nous manque.

    Le PS soutient-il une législation électorale antidémocratique qui rend toute participation électorale dépendante du bon vouloir de parlementaires installés ? Craint-il que les électeurs puissent disposer d’un autre vote de gauche ? En avril dernier, nous avons fêté le 125e anniversaire de la création du Parti Ouvrier Belge. Que penseraient les fondateurs du POB d’une telle décision, eux qui se sont battus corps et âme pour le suffrage universel ? Ils ne pourraient en aucun cas se reconnaître dans cette attitude.

    Le PS de même que les autres partis traditionnels francophones vont tenter, dans ces élections et dans le débat sur la question nationale, de se présenter comme les garants des droits démocratiques. Pourtant, les partis représentés au CA de la RTBF (PS, MR, CDH, Ecolo) viennent de décider qu’il n’y aurait aucun débat avec les petites formations!

    Nous serons présents demain au débat de Charleroi et continuerons par la suite à dénoncer ces manœuvres antidémocratiques.

    Charleroi : Action de protestation à 18h00 suivie d’une conférence de presse, devant la Brasserie de l’Eden (3, Boulevard Jacques Bertrand à Charleroi)

  • Bruxelles : L’Olivier contre la STIB

    Le mardi 27 avril, le dépôt Jacques Brel est entré en ‘‘grève sauvage’’, ce qui a perturbé 50% du trafic de la STIB dans le nord et le nord-ouest de la capitale. Le lendemain, une partie des chauffeurs refusaient toujours de retourner au travail. Ces grèves sont liées aux dernières négociations entre les syndicats et la direction de la STB. La direction menace le syndicat de remettre en cause la convention sur les prépensions si elle n’accepte pas la coupe budgétaire de 46 millions pour cette année 2010.

    Le gouvernement bruxellois (PS, CDH, Ecolo) a annoncé durant toute la campagne électorale et leur début de mandat qu’il fallait viser à atteindre la gratuité des transports en commun. Pourtant, les deux premières décisions de l’Olivier ont été de continuer l’installation de portiques de sécurité et d’opérer une coupe budgétaire de 46 millions d’Euros à la STIB.

    La coupe budgétaire se fera comme suit: 25 millions d’investissements reportés; 11,5 millions dans la diminution de l’offre (suppression de lignes Noctis, limitation de certaines lignes, pas de renforcement de la fréquence aux heures de pointe, augmentation du prix du voyage, etc.) et enfin 5,5 millions sur les coûts salariaux (suppression d’un jour de congé, sous-traitance café/resto, augmentation des cadences, suppression des "heures de chaleurs", etc.)

    La meilleure façon de privatiser un service public est de le désinvestir, c’est une méthode que l’ont connaît bien depuis quelques années. Une récente étude – que la direction de la STIB a d’ailleurs tenté de cacher – démontre que l’insatisfaction des usagers a augmenté en 2009. La cote de satisfaction globale des usagers pour 2009 est de 5,5 sur 10. Correspondances, ponctualité, offre en soirée,… dans pratiquement tous les domaines, les scores sont pires qu’en 2008. En 2009, près de la moitié des sondés estimaient qu’avec la STIB, la mobilité avait régressé, sauf concernant le métro. Évidemment, la situation du métro est différente: celui-ci ne semble pas souffrir d’un désengagement, bien au contraire. Depuis quelques années, la STB a chouchouté le métro en aménageant certaines stations, en terminant en vitesse la station gare de l’ouest, en mettant en place la carte MOBIB et en faisant construire des portiques sécuritaires. Le futur est dans le métro selon la direction de la STIB et de la FEB pour leur projet de "metro vision". On peut imaginer que tous ces frais payés par les contribuables ont comme objectif de transférer le métro dans la sphère privée.

    Le gouvernement de ‘‘centre gauche’’ bruxellois se moque de nous lorsqu’il affirme vouloir un transport en commun gratuit alors qu’il autorise la mise en place de portiques qui vont coûter 50 millions d’euros, ou encore qu’il mène des coupes budgétaires qui tuent le service public et remettent en cause les acquis sociaux des travailleurs. Alors qu’ils demandent aux travailleurs de se serrer la ceinture le directeur général Allain Flausch réclame une augmentation se son salaire qui est de 170.000 euro brut par an à un package de 300.000 euros par an. Adelheid Byttebier, la nouvelle présidente du conseil d’administration (Groen!) le soutien dans le journal la capitale en disant que "D’après ce que je vois, il y a des paramètres qui plaident pour une augmentation de salaire. Alain Flausch a réalisé un travail remarquable et il doit rester." Il est très clair que nous ne devons en aucun cas compter sur ce gouvernement pour parvenir à des transports en commun gratuits, de qualité et qui garantissent réellement la sécurité des usagers. Il suffit simplement de constater qu’alors que les problèmes de pollution augmentent (pensons aux alertes de smog) et que les problèmes de mobilité sont sans cesse plus grands sont à Bruxelles, 46 millions d’euros doivent être épargnés sur le dos des transports en commun. De plus, le métro se dirige peu à peu vers la privatisation. Nous avons grand besoin d’un plan d’action syndical combatif et démocratiquement élaboré afin de combattre ces mesures d’austérité. Si nous ne voyons rien de tel arriver, c’est avant tout parce que la direction syndicale veut protéger ses ‘‘partenaires privilégiés’’ de l’Olivier. Les syndicats doivent rompre leurs liens avec les sociaux-démocrates et les démocrates-chrétiens. Ce dont nous avons besoin, c’est d’un véritable nouveau parti des travailleurs, un parti pour et par la base des syndicats. Le PSL veut participer à chaque initiative capable de faire avancer cette idée.

  • Thaïlande : Quand les partisans des chemises rouges ont envahi le Parlement

    Selon les termes du BBC World Service «Des milliers d’opposants anti-gouvernementaux thaïlandais – appelés les «chemises rouges» – ont marché sur le Parlement, au milieu d’une intense tension politique à Bangkok. Les chemises rouges ont forcé les parlementaires à annuler une session, et certains sont parvenus à passer outre les dispositifs de sécurité pour pénétrer dans le Parlement.»

    Article de notre camarade Raviechandren (CIO-Malaisie), paru début avril

    Cela fait maintenant près de trois semaines que les rues de Bangkok ont été envahies par des milliers de partisans des chemises rouges, avec toute une série de manifestations antigouvernementales et de meetings. Ces meetings sont les plus grands et les mieux organisés depuis les meetings des « chemises jaunes » de 2006 qui avaient conduit à l’expulsion de l’ex Premier Ministre Thaksin Shinawatra. Certains estiment entre 100.000 et 150.000 personnes le nombre de participants aux manifestations du week-end pour mettre sous pression la coalition gouvernementale dirigée par les Démocrates de l’actuel Premier Ministre Abhisit afin qu’il appelle à de nouvelles élections. Ceci constitue la dernière étape de la lutte pour le pouvoir entre Thaksin et le gouvernement. Cette lutte a ravivé les tensions qui existent entre la population rurale, qui soutient largement Thaksin, et la population urbaine qui soutient Abhisit et les «Démocrates».

    Le gouvernement démocrate mis sous pression

    Les chemises rouges – autrefois dénommées «Front Uni pour la Démocratie contre la Dictature» (UDD)- ont accusé Abhisit d’être arrivé illégalement au pouvoir, avec le soutien de l’armée et de la monarchie. Selon eux, seules de nouvelles élections peuvent «ramener le pays à la démocratie». L’an passé, les chemises rouges avaient aussi lancé toute une série de manifestations similaires entre janvier et avril, qui avaient culminé avec l’invasion d’un Sommet asiatique. Il s’en était ensuivi une confrontation directe avec la police, faisant deux morts, mais sans parvenir à forcer Abhisit à appeler à de nouvelles élections.

    Abhisit est arrivé au pouvoir en décembre 2008, lorsque des milliers de «chemises jaunes», soutenus par la monarchie et par l’armée, avaient organisé un blocus des aéroports Suvarnabhumi et Don Mueang à Bangkok. Ceci avait mené à la chute du gouvernement dirigé par les mandataires de Thaksin (lui-même se trouvant en « exil » à Dubaï). Aujourd’hui dans ce conflit, une fois de plus, le gouvernement Abhisit est solidement soutenu par la monarchie, par l’armée et par le monde des affaires. Ils ont tous en commun le même but – s’assurer que Thaksin, de même que l’opposition du Puea Thaï Party qui sympathise avec lui, ne revienne pas au pouvoir. Ceci, surtout afin d’éviter que leur richesse et leur pouvoir ne soient sapés par le capitalisme mafieux de Thaksin, comme ils l’ont expérimenté sous son gouvernement entre 2001 et 2006.

    Afin d’apaiser les tensions, le gouvernement a été forcé d’organiser des négociations avec les dirigeants des chemises rouges. Abhisit a proposé de dissoudre le Parlement à la fin de l’année – un an avant la date prévue. Ceci n’est qu’une tactique afin de gagner du temps, de renforcer sa position et celle du gouvernement Démocrate de coalition avant d’affronter les prochaines élections, en « réparant l’économie, en amendant les lois électorales dans la constitution, en approuvant une redistribution des postes dans l’armée qui soit politiquement viable, et en votant le budget ». Néanmoins, les dirigeants de l’UDD l’ont appelé à dissoudre le Parlement pour le 12 avril.

    La semaine passée, sous la pression, le gouvernement a annoncé quelques mesures populistes pour les pauvres ruraux, telles que l’annulation de 1,3 milliards de dollars de dettes de paysans. Cette manoeuvre avait pour but de démobiliser les opposants. Toutefois, ce n’est pas avec deux tours de négociations que le conflit aurait pu être résolu. Réalisant que les meetings des chemises rouges sont, dans une certaine mesure, parvenus à exercer une pression sur Abhisit – au départ inflexible – les dirigeants de l’UDD utilisent maintenant cette « victoire au premier tour » pour aller jusqu’au bout et exiger encore plus fort d’Abhisit qu’il dissolve le Parlement immédiatement.

    Plus de conflits se développent

    Jusqu’ici, les manifestations étaient restées pacifiques, contrairement aux batailles de rue qu’on avait vues fin 2008 et en avril 2009. A peu près une douzaine de gens ont été blessés tout au long du week-end, y compris quatre soldats, au cours d’attaques à la grenade sur les bâtiments du gouvernement et de l’armée. La plupart ont été des explosions mineures qui n’ont causé aucun dégât. Dans les deux premières semaines, les chemises rouges se sont ralliées autour des bâtiments du gouvernement et de l’armée, utilisant des tactiques telles qu’éclabousser les bâtiments du gouvernement de leur propre sang. Mais ceci n’a pas fortement dérangé le gouvernement et le business. Il semble que le régime Abhisit est en train d’essayer de gagner du temps pendant un moment, dans l’espoir que les opposants rentrent chez eux une fois que leur enthousiasme et leurs fonds commenceront à se vider.

    Toutefois, les manifestations ont commencé à affecter l’industrie touristique, et ont mis en colère les personnes qui y sont impliquées. Vendredi passé, ces personnes ont elles-mêmes organisé une manifestation à Bangkok afin d’exprimer leur mécontentement, clamant que « Le déclin du tourisme a atteint un point où nous risquons de perdre des visiteurs sur le long terme ».

    Samedi dernier, les chemises rouges ont commencé à concentrer leurs rassemblements autour du centre-ville et ont bloqué les grands boulevards du centre la capitale. Le trafic s’est interrompu, et au moins deux des plus grands centres commerciaux de toute la Thaïlande ont été forcé de fermer. La manifestation a aussi forcé des dizaines de supermarchés et de restaurants à fermer leurs portes. Lundi, environ cent manifestants ont brièvement occupé les bureaux de la commission électorale nationale à Bangkok, afin de demander aux commissaires d’organiser une action contre les irrégularités causées par le Parti Démocrate lors des dernières élections. Ceci, et les petites escarmouches entre les manifestants et les forces de sécurité qui se sont produites mardi à l’endroit de la manifestation ont encore plus augmenté les tensions entre les manifestants et les autorités.

    Le Ministre des Finances thaïlandais a estimé qu’environ 10 milliards de baht (240 millions d’euro) pourraient être perdus si on laisse les manifestations se poursuivre dans le centre-ville pour plus d’une semaine. Les capitalistes commencent à s’inquiéter pour leurs profits, et insistent que le gouvernement prenne des mesures immédiates afin de résoudre le conflit.

    Jusqu’ici, les opposants comme les autorités ont évité le recours à la violence, mais au fur et à mesure que le mouvement d’opposition se prolonge, il semble probable qu’il finisse par s’épuiser, tout comme en avril de l’an passé. Le gouvernement, avec l’aide de la police et de l’armée, pourrait employer des mesures brutales contre les manifestants, ou utiliser l’ISA (Internal Security Act) qui permet au Premier Ministre de recourir à l’armée pour rétablir l’ordre si nécessaire, afin de mettre un terme au conflit.

    Néanmoins, si les chemises rouges réussissent à obtenir de nouvelles élections, le plus probable est que cela ne changera pas le paysage politique non plus. Dans le cas de nouvelles élections, on s’attend à ce que la coalition d’Abhisit perde face au Puea Thaï, les amis de Thaksin. Si ceci se concrétise, la même alliance des chemises jaunes, de l’armée et des élites civiles qui a renversé Thaksin en 2006, et ses alliés en 2008, rejetterait le résultat d’une élection qui favorise les camps Thaksin et lancerait ses propres rassemblements et manifestations. Ceci veut dire que l’instabilité perdurerait, aussi longtemps que la « guerre de l’élite » se poursuivra.

    Les précédents conflits politiques en Thaïlande ont aussi montré que lorsque le conflit devient trop intense, l’armée intervient pour reprendre le gouvernement. 18 coups d’Etat militaires ont déjà été organisés depuis la naissance de la monarchie constitutionnelle en 1932. Mais pour le moment, ceci n’est pas une option. Le dernier gouvernement militaire, qui a duré pendant un an après le coup d’Etat de 2006, n’est pas parvenu à impressionner les capitalistes locaux et multinationaux.

    Une autre question-clé aujourd’hui, est la question de plus en plus pressante de la succession royale. Sa Majesté Bhumipol Adulyadej, le monarque largement révéré, a régné pendant six décennies et a été une importante source de légitimité pour le gouvernement non-élu lorsque le conflit politique est devenu incontrôlable. Il est à l’hôpital depuis septembre dernier et son successeur, le prince héritier, est largement détesté par les masses. Il est généralement accepté que l’alliance entre le monarque, l’armée et l’élite de Bangkok ne tient que du fait du respect accordé au roi souffrant. Si le roi venait à mourir prochainement, cette alliance pourrait s’écrouler. Ceci mènerait à une nouvelle lutte pour le pouvoir entre les différentes élites concurrentes qui chacune chercheront à remplir le vide politique laissé par le roi et par son faible successeur. Cet état peut potentiellement mener à des confrontations encore plus graves.

    Une « guerre de classe » ?

    La plupart des chemises rouges sont des paysans pauvres des régions rurales du nord-est de la Thaïlande, où l’ex Premier Ministre et magnat capitaliste Thaksin bénéficie toujours d’un large soutien. Il a été renversé par un coup d’Etat militaire en 2006, et est depuis lord en exil. Mais, bien que les chemises rouges sont essentiellement des paysans pauvres concernés par certaines des mesures de l’agenda politique de Thaksin, leurs raisons et motivations pour les rassemblements à Bangkok sont aussi dues au fossé croissant entre les riches et les pauvres. Ils accusent le gouvernement de pratiquer le « deux poids, deux mesures en favorisant les intérêts bien établis de Bangkok ».

    Les dirigeants de l’UDD et Thaksin se sont fait les porte-voix de ces rancœurs, et ont dépeint les manifestations en tant qu’une « lutte entre les masses miséreuses, principalement rurales, de Thaïlande – qui ont bénéficié des mesures de Thaksin comme les soins de santé bon marché et les crédits villageois à bas taux d’intérêt – et l’élite basée à Bangkok, insensible à leurs souffrances ». Ils vont même jusqu’à prétendre que ce conflit est une « guerre de classe ». Il est clair que Thaksin et co, ayant été isolés par le gouvernement Démocrate, ne font qu’utiliser les pauvres ruraux en tant que fantassins pour atteindre leur propre objectif de déstabiliser le gouvernement Démocrate.

    Les mêmes problèmes existaient également parmi la population ouvrière et la classe moyenne de Bangkok pendant le régime de laissez-faire de Thaksin ; ce régime a été énormément bénéfique pour les multinationales et pour ses propres amis capitalistes mafieux. Le climat économique favorable du début des années 2000 a été utilisé par Thaksin pour réaliser son agenda politique populiste, en répondant à certaines revendications de longue date des paysans pauvres et sans-terre qui avaient été négligé par les gouvernements précédents, y compris par les Démocrates. Cette aide n’a pas été octroyée de bon coeur, mais par souci de survie politique lors des élections suivantes, en gagnant le soutien de la majorité des pauvres ruraux. En même temps, il utilisait en coulisses ce soutien écrasant de la part des pauvres en tant que masque pour accumuler des milliards de dollars pour sa famille et ses partisans.

    Un parti des ouvriers et des paysans pauvres et un programme socialiste

    Il est évident que c’est la nature même du capitalisme qui a créé la crise politique en ce moment en cours en Thaïlande. Il s’agit d’un conflit politique entre deux élites pour pouvoir contrôler le gouvernement et utiliser ce pouvoir pour exploiter la richesse du pays au bénéfice des grands capitalistes alignés sur elles, de même que les vautours du capitalisme multinational. Le fossé entre riches et pauvres croît en Thaïlande, avec les 10% les plus pauvres de la population qui ne reçoivent que 2% du PIB, tandis que les 10% les plus riches gagnent 40% du PIB. Ceci montre pourquoi le système capitaliste, orienté vers le profit, est soutenu par les élites des principaux partis politiques et par l’armée tout comme par la monarchie.

    Ils ont manœuvré en divisant les paysans pauvres des régions rurales et les ouvriers et la population de classe moyenne du centre urbain qu’est Bangkok. S’ils effectuent ces manœuvres, c’est uniquement pour leur propre survie politique au pouvoir, et pour continuellement accumuler la richesse provenant du labeur des paysans et de la classe ouvrière. Cependant, ce sont ces paysans, de même que la classe ouvrière et les autres couches de la société qui ont été opprimées par la société au bénéfice de ces capitalistes qui doivent aujourd’hui porter le fardeau de la crise politique qui a été créée par ces élites et par les capitalistes.

    Dans cette situation, aucun d’entre eux ne va dénoncer le système capitaliste qui a exacerbé la division de classe et qui a politiquement, économiquement et socialement marginalisé de larges couches de la population de paysans et d’ouvriers. Ceci montre que les dirigeants des chemises rouges sont en réalité en train de mener une « guerre de l’élite » pour leur propre survie plutôt qu’une « guerre de classe » pour l’émancipation des pauvres par rapport à l’hégémonie capitaliste.

    La « démocratie » capitaliste, créée pour la survie des capitalistes et de leur système, est aussi en train d’être sapée lorsque les partis qui ont perdu les élections ne peuvent pas accepter leur résultat. Il est crucial pour les ouvriers et toutes les couches exploitées de la société de mettre un terme aux tensions entre les pauvres ruraux et le classes ouvrière et moyenne urbaines, mais ceci ne fera jamais partie de l’agenda des élites capitalistes qui préfèrent leur hégémonie politique du « diviser pour régner ». Dans la période à venir, un nouveau mouvement qui unirait les ouvriers, les paysans, les étudiants et la classe moyenne est crucial pour émanciper la classe ouvrière et les paysans de l’emprise du capitalisme. Ce mouvement devra se baser sur la lutte contre la domination capitaliste qui a marginalisé des pans entiers de la population.

    L’urbanisation et l’industrialisation des années 1990 a poussé la population rurale, et surtout les paysans, à des luttes pour obtenir leurs droits du gouvernement. Notamment, en 1997, une coalition de villageois ruraux et d’habitants des bidonvilles urbains de chaque région de Thaïlande a organisé une manifestation de masse devant la Maison du Gouvernement à Bangkok qui a rassemblé plus de 25 000 personnes pendant 99 jours, afin de forcer le gouvernement à se pencher sur leurs revendications, dont bon nombre concernaient des projets de développement de grande échelle qui affectaient leurs communautés. Ces gens se sont réunis à ce moment en une « Assemblée des Pauvres » pour lutter pour leurs droits. Au final, cette coalition a fini par tomber dans l’activisme ONG, et a été incapable de développer ce mouvement sur le plan politique. Le fait qu’elle n’ait pas lié la lutte des paysans avec celle des ouvriers pour défier le système a laissé un vide qui a été utilisé par Thaksin de manière opportuniste pour arriver au pouvoir.

    La contribution économique de la majorité du peuple thaïlandais – les 60% de ruraux – se fait principalement via des activités agricoles. Celles-ci ne comptent que pour 10% du PIB thaïlandais (le PIB annuel par habitant en Thaïlande n’est que de 3850$ par personne et par an). L’industrie, notamment l’électronique, et les services – essentiellement concentrés dans les centres urbains tels que Bangkok – comptent pour 80% du PIB. Ceci signifie que bien qu’en minorité, ce sont les près de 40% d’ouvriers de la population thaïlandaise qui détiennent un rôle-clé dans l’économie thaïlandaise et dans la génération des immenses profits dont a besoin la classe capitaliste. Bien qu’à présent seuls 2% des ouvriers soient syndiqués et que la loi ne leur soit pas favorable, des grèves et luttes ouvrières se produisent de temps à autre pour combattre les attaques néolibérales et pour réclamer leurs droits. Par exemple, l’an passé en juin, les travailleurs du syndicat des chemins de fer nationaux de Thaïlande ont organisé une grève pour protester contre la restructuration de l’organisation des chemins de fer. Cette action industrielle a bloqué le transport sur rail à travers toute la Thaïlande et a forcé le gouvernement à la négociation.

    L’an passé en juin, les travailleurs du syndicat des chemins de fer nationaux de Thaïlande ont organisé une grève pour protester contre la restructuration de l’organisation des chemins de fer.

    Dans la conception des socialistes, la guerre de classe ou la lutte de classe signifie le conflit entre la classe ouvrière et la classe capitaliste. Les socialistes oeuvrent à l’émancipation de la classe ouvrière, et des autres opprimés du capitalisme, par la mobilisation de sa pleine puissance afin d’établir une société socialiste démocratique – une qui utiliserait la richesse et les ressources de la société pour les besoins de la majorité, via la propriété publique et le contrôle et la gestion démocratiques. Ce serait une société sans préjugés ni oppression.

    Afin de réaliser ces objectifs, la classe ouvrière doit initier sa propre direction et sa propre organisation, qui devrait être armée d’une politique socialiste avec le soutien des autres opprimés par le système, tels que les paysans pauvres, les basses couches de la classe moyenne, les jeunes, les étudiants, etc. D’un autre coté, un tel parti doit aussi lié la revendication pour des droits et des réformes démocratiques et pour un mode de vie décent à la nécessité de transformer le système. Ce parti se battrait pour mettre sur pied un Etat qui répondrait aux besoins des ouvriers et des paysans, et appellerait au soutien des ouvriers et des pauvres dans toute l’Asie du Sud-Est et dans le monde entier, dans le but de bâtir une société socialiste.

    Le CIO revendique:

    • Non à la répression des droits démocratiques et à la censure des médias !
    • Abolir toute loi draconienne telle que l’ISA (Internal Security Act) qui réprime les droits du peuple
    • Non au règne des généraux et au règne des politiciens millionnaires corrompus
    • Opposition totale au coup d’Etat militaire
    • Pour une lutte de masse afin d’obtenir des droits démocratiques complets, y compris le droit des travailleurs à s’organiser, à protester et à faire grève
    • Pour des syndicats et organisations paysannes indépendants, combatifs et démocratiques
    • Des droits syndicaux pour les forces armées – gagner les soldats pauvres à la cause des travailleurs
    • Pour la création d’un parti de masse ouvrier et paysan
    • Pour une lutte unie des ouvriers, des paysans, des étudiants et autres opprimés du système pour renverser le gouvernement corrompu
    • Pour une Assemblée Constituante authentique et représentative
    • Abolir la monarchie
    • Pour un gouvernement de la majorité ouvrière et paysanne
    • Tous les droits pour la population musulmane opprimée du Sud de la Thaïlande et pour les autres minorités
    • Non à la politique néolibérale de privatisation et de dérégulation
    • Prendre en propriété publique démocratique les grandes entreprises, les industries majeures, les grandes propriétés terriennes et les banques
    • Pour une économie planifiée afin de satisfaire les besoins des travailleurs et des paysans, sous le contrôle et la gestion démocratiques de comités élus de la classe ouvrière et des paysans
    • Pour une Thaïlande socialiste, en tant que membre d’une fédération socialiste de l’Asie du Sud-Est
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