Category: Transports publics

  • Le rail menacé par la réduction de budget et de personnel

    En plus de la mobilisation pour la manifestation nationale du 7 octobre, les cheminots se préparent à une nouvelle phase de lutte contre la libéralisation croissante de nos chemins de fer, la diminution du service, le manque de personnel, … Comme si cela ne suffisait pas, à cela s’ajoute encore une série d’attaques contre leur droit démocratique de faire grève. Lutte Socialiste a discuté avec un délégué syndical des chemins de fer.

    Propos recueillis par Jarmo (Anvers), interview tirée de l’édition d’octobre de Lutte Socialiste

    Vous vous préparez à un nouveau plan d’action ? De quoi traitent ces grèves au juste ?

    “ Nous sommes attaqués sur différents fronts en même temps. Tout d’abord, et surtout, nous n’avons toujours pas de protocole d’accord social (comparable à une convention collective de travail, CCT). Le protocole précédent venait à échéance en 2010 et a ensuite été prolongé d’un an. Cela signifie que cela fait quatre ans que nous sommes sans CCT.

    “En avril, la direction est quand même venue avec un texte dans lequel figurait une proposition de protocole. Ce texte était complètement inacceptable pour le personnel. 95% des mesures proposées consistaient en un démantèlement du service et une érosion des conditions de travail. Les autres 5% du texte (les éléments qui devaient être ‘‘positifs’’ pour le personnel) n’ont pas totalement été concrétisés. Ainsi, la demande d’une indemnité vélo ou une augmentation du montant des chèques-repas n’a pas été suivie. Seule une de ces deux mesures peut être prise en compte. En même temps, la direction demande à pouvoir licencier des travailleurs statutaires ! Alors que l’effectif diminue déjà puisqu’une grande partie des pensionnés n’est pas remplacée, les patrons veulent jeter les gens à la rue encore plus agressivement. Cela reviendrait à dire que celui qui n’est plus en phase avec les nouvelles technologies perdrait purement et simplement son emploi ou que, si ton poste de travail est supprimé, c’est juste la faute à pas de chance…”

    Vous vous attendez donc à l’avenir à ce que des licenciements tombent ?

    “Les économies à la SNCB reviennent à une réduction d’un cinquième, ou 20%, des moyens. Cela signifie que des stations de travail complètes disparaîtront assurément. On veut économiser 10 millions d’euros avec la suppression d’un jour férié extralégal…

    “La teneur du texte traduit clairement l’attitude des patrons. Il n’est pas soufflé un mot sur la sécurité d’emploi. Dans le texte précédent, il était stipulé que la SNCB continuerait à travailler avec au moins 38.000 travailleurs. En réalité, il n’y en a déjà plus que 34.000…”

    Nous pouvons quand même partir du principe que les syndicats rejetteront ce texte ?

    “Oui. Mais entre-temps, nous n’avons toujours pas de protocole ; ce qui signifie aucune augmentation du pouvoir d’achat pour compenser l’inflation.”

    Sur quels fronts êtes-vous attaqués ?

    “Il est question de calculer nos pensions sur base des 4 dernières années de carrière. Avant, c’était la dernière année. Cela pourrait signifier une perte de centaines d’euros par mois pour les cheminots et cheminotes pensionné(e)s.

    “A partir de 2016, il n’y aura plus d’engagements statutaires. Les statutaires qui partent en pension ne seront pas remplacés. C’est vraiment très problématique parce qui restera encore pour défendre les droits de chacun ? Le statut à la SNCB est à peu près l’une des dernières façons d’avoir une forme de sécurité d’emploi en Belgique.

    “La libéralisation des chemins de fer se poursuit furtivement. Pour 20 millions d’euros, Argos, un fonds d’investissement suisse, a pu prendre en main deux tiers des actions de SNCB Logistics ; et ce, alors que Logistics a récemment encore reçu des locomotives et bâtiments de la SNCB. Argos a donc acheté Logistics pour une bouchée de pain.”

    Combien économise-t-on en fait à la SNCB et quelles en sont quelques conséquences concrètes ?

    ‘‘La SNCB doit économiser 633 millions d’euros pour 2019. Cela revient à environ 20% des moyens de fonctionnement totaux. Sur 5 ans, cela signifierait que la moitié des employés de guichet disparaîtront. Sur cette même période, nous évoluerons de 365 cabines d’aiguillage en Belgique à seulement 8 à 10: cela revient à 2000 aiguilleurs qui perdront leur emploi. La rhétorique des patrons est aussi particulièrement cynique. Sur le réseau de banlieue, ils proposent de supprimer les accompagnateurs de train. Sans accompagnateurs de train, les trains resteraient moins longtemps en gare et moins de temps serait perdu. Pour la direction, donc, les accompagnateurs de train qui assurent que chacun se trouve en sécurité à l’intérieur du train gênent le trafic ferroviaire…”

    Devons-nous voir les attaques contre le droit de grève dans ce contexte ?

    “Cela va de soi. Il est clair que les patrons du rail s’attendent à une opposition contre une attaque poussée si loin. Le personnel ferroviaire est connu pour défendre ses droits. Il n’en sera pas autrement cette fois-ci.

    “L’idée d’un service minimum dans les chemins de fer est très problématique. Vont-ils travailler avec des réquisitions comme dans les hôpitaux ? On ne peut pas prétendre que des gens meurent si le personnel ferroviaire fait grève… Au contraire, un démantèlement du service signifie des chemins de fer moins sûrs.

    “Nous devrons faire grève pour contrer ces mesures. Sinon, nous risquons de perdre tous nos droits à plus long terme.”

    Il y a-t-il une grande combativité ?

    “Beaucoup veulent entrer en action tant du côté flamand que francophone malgré que le plan d’action n’est pas communiqué suffisamment clairement vers le personnel et vers les voyageurs pour construire l’unité nécessaire contre l’offensive des médias. Nous savons qu’une grève de 24 heures arrive le 9 octobre, suivie de grèves tournantes régionales en octobre. Cela devrait déboucher sur une grève de 48 heures en octobre.”

  • De Lijn: économiser à l’extrême pour ensuite privatiser ?

    Dans le contrat de gestion de la société de transports en commun flamande De Lijn, conclu avec le précédent gouvernement flamand, il est stipulé que le nombre de voyageurs devait augmenter de 10,5% entre 2011 et 2015. Un bel objectif, mais les autorités avaient déjà économisé une bonne centaine de millions d’euros sur la dotation de l’entreprise. Résultat : une chute du nombre de voyageurs de 3% entre 2011 et 2014 et une augmentation des tarifs. En d’autres termes, les usagers paient plus pour moins de service.

    Par un chauffeur de bus

    L’actuel gouvernement flamand a annoncé une nouvelle économie de 115 millions d’euros pour 2019. Pour 2019, De Lijn disposera d’un quart de moyens publics en moins en comparaison de 2010! Pendant ce temps, hors de question de toucher aux subsides publics pour les voitures de société, selon Bart De Wever. Ces dernières bénéficient de quatre fois plus de moyens publics que De Lijn… La politique traditionnelle favorise les embouteillages et démantèle les transports publics.

    D’abord la rentabilité, pas les services

    Pour augmenter la rentabilité, on s’en prend à la prestation de service. Beaucoup de lignes de bus à la demande disparaissent des régions les moins peuplées. Ce système fut à l’époque instauré en alternative à la suppression de lignes régulières. Aujourd’hui, dans la province d’Anvers, seules 5 zones de bus à la demande subsistent sur 14. En avril, une action a eu lieu à Malle à l’initiative d’usagers de ce service, dont la majeure partie provient d’institutions de soins. Pour eux, la suppression du bus à la demande, c’est une catastrophe.

    De Lijn préfère les zones urbaines puisque les lignes y sont plus rentables. Reste que même de plus grands trams et de nouvelles lignes y resteront insuffisantes. Aux heures de pointe, les véhicules sont bondés. Augmenter la fréquence et ajouter des bus et des trams est absolument nécessaire. Mais, c’est ‘‘trop cher’’, donc impossible. Pour la direction, deux véhicules bondés valent mieux que trois où les voyageurs peuvent être confortablement installés.

    Le personnel sous pression

    Différentes idées sont à l’étude à De Lijn : chèques-taxi, Uber, bus de quartier avec volontaires,… Mais toutes ces propositions représentent une attaque sur les conditions de travail du personnel. La situation néerlandaise sert d’exemple : plus de 10% des chauffeurs sont volontaires.

    Pour la direction, le salaire de base ne peut être garanti qu’au prix d’une flexibilité accrue. Elle envisage aussi l’arrivée de contrats à temps partiel. D’autre part, la pression au travail a fortement augmenté, ce qu’a encore récemment mis en lumière un reportage de la télévision VTM. Ce reportage montrait des chauffeurs restant derrière leur volant sept heures d’affilée, sans la moindre pause. Il s’agissait essentiellement de chauffeurs des sous-traitants privés de De Lijn mais, si cela ne dépendait que de la direction, ce serait vite la norme.

    Économiser à l’extrême pour ensuite vendre ?

    Dans le débat parlementaire sur le futur contrat de gestion, Marino Keulen (Open Vld) a plaidé pour une libéralisation accélérée. Ensuite, il a défendu avec Bart Somers une division de De Lijn en une vingtaine de régions.

    Ici aussi, on suit l’exemple néerlandais. Dans ce pays, les transports en commun sont divisés en régions, exploités dans chacune par une entreprise privée. Le service et les tarifs ont rapidement changé… Qu’importe la structure, le point fondamental pour améliorer le service est de considérablement accroitre les subsides publics. Pour cela, il ne faut rien attendre des communes, déjà plongées dans les difficultés financières. Elles ont plutôt tendance a réduire leur intervention dans le prix des transports en commun.

    Lutter contre la libéralisation = lutter contre l’austérité

    Le gouvernement fédéral aussi veut poursuivre la libéralisation et la privatisation. Bpost et Proximus servent déjà d’exemple. Par crainte du conflit social, Alexander De Croo a déclaré qu’il n’est pas encore question de la SNCB. Cette combativité qu’ils redoutent, nous devons l’activer ! La lutte contre la libéralisation fait partie intégrante du combat contre l’ensemble de la politique d’austérité. Nous – personnel et voyageurs – devons revendiquer des investissements publics massifs dans les transports en commun. C’est la seule manière de s’attaquer réellement aux problèmes de mobilité.

  • SNCB. Grève des agents de la vente.

    Ce 19 juin prenait place une grève des agents de la vente au guichet des gares, appelée en front commun syndical. Cette action concernait les travailleurs de la Direction SNCB Marketing & Sales, soit essentiellement les agents des guichets des gares, et visait à dénoncer la menace représentée par un plan d'économie prévoyant la suppression des 2/3 du personnel d'ici 2020. De plus, le 30 mai dernier, le conseil d'Administration de la SNCB a pris la décision de fermer 33 guichets dans le pays, alors que 38 gares ont déjà été fermées en 2012-2013 et que d'autres économies sont en préparation.

    Comme l'affirmaient les cheminots dans leurs tracts, ces derniers luttent “pour leurs emplois, mais également pour la qualité du service public rendu aux voyageurs. (…) Un automate ne pourra jamais remplacer la relation avec un agent du guichet qui est le seul à pouvoir vous fournir un service de qualité personnalisé.”

    • Solidarité avec les cheminots et avec toutes les victimes de l’austérité !
    • Luttons tous ensemble, ne soyons pas isolés !
    • Pour un nouveau plan d’action généralisé et allant crescendo jusqu’à la grève générale nationale et la chute du gouvernement !

    Photos : PSL-Liège

  • Test-Achats en campagne contre les cheminots

    Piquet de grève à la gare de Gand Saint Pierre.

    Le magazine Test-Achats veut traîner la SNCB devant les tribunaux pour la contraindre à indemniser les voyageurs qui n’ont pas pu prendre le train lors des grandes grèves de l’automne dernier. Cette première en droit belge est un joli cadeau pour la direction de la SNCB et le gouvernement de la part de cette “organisation de défense des consommateurs”. Cette démarche joue le jeu de ceux qui veulent limiter le droit de grève. La campagne de propagande médiatique anti-grève peut désormais compter sur Test-Achats. Au bénéfice des intérêts des consommateurs? Non. Bien au contraire.

    Un magazine défendant réellement les intérêts des utilisateurs et des consommateurs serait favorable à un service public débarrassé de la logique commerciale! Son analyse devrait tout d’abord prendre pour point de départ la prestation de services. Et on ne peut pas exactement affirmer qu’elle s’est améliorée ces dernières années… Voici quelques données, histoire de rafraîchir la mémoire de Test-Achats.

    En 2014, le nombre total de passagers sur le trafic intérieur de la SNCB était de 224,8 millions.(1) Dix ans plus tôt, il s’agissait de 178 millions(2), une belle augmentation donc. Mais concernant le personnel et le matériel, on est loin d’avoir connu pareille avancée. Le nombre de travailleurs est passé de 39.000 à 34.000, soit encore 3.500 de moins que la réduction initialement prévue (3). Le nombre de locomotives est passé de 1.517 à 1.329 en 2010. Les tarifs pour les usagers ont, par contre, bien augmenté. Le revenu que tire la SNCB du trafic intérieur de passagers (hors administration) a augmenté de 50% sur la même période (voir la note n°2)

    Globalement, ces chiffres démontrent qu’il y a 25% de passagers en plus, qu’ils paient 50% plus cher pour un service porté par un personnel diminué de 10% et avec 13% de locomotives en moins.

    Les compensations exigées par Test-Achats correspondent aux objectifs de la campagne promue par le gouvernement contre les actions de grève. Cela attire l’attention sur l’impact de la grève au détriment des raisons mêmes de ces actions de protestation. Cette campagne de test-Achats pourra facilement être utilisée contre le personnel alors que ce dernier s’oppose précisément à l’effondrement de la prestation de services. Quels sont donc les intérêts défendus par ce magazine ? Certainement pas ceux des voyageurs, pour qui la politique actuelle signifie de payer plus cher un service de moins bonne qualité. Moins de personnel et moins de matériel, cela signifie concrètement plus de retards et de problèmes techniques. Les navetteurs peuvent en témoigner… Finalement, le service minimum que veulent imposer la direction et le gouvernement, cela devient progressivement la règle quotidienne! Mais il ne faut pas compter sur Test-Achats pour dénoncer ça.

    Les cheminots ont déjà mené de nombreuses actions contre la gestion catastrophique de la direction et des autorités. Et les choses sont destinées à empirer avec les nouvelles propositions sur table avec le nouveau protocole d’accord social qui comprend notamment l’idée de remercier plus facilement de le personnel avec une indemnité de départ d’un an et un conseil d’outplacement.

    La pénurie de personnel a pour conséquence que des jours de congé ou de récupération ne peuvent être pris. L’année dernière, une grève a eu lieu en juin sur ce sujet : plus d’un million de ces congés étaient encore en attente au sein de l’entreprise. La proposition actuellement sur table suggère que cette situation devrait perdurer : «Sur base de l’évolution de l’emploi dans les trois entreprises, le nombre de recrutement nécessaires dans les fonctions opérationnelles jusqu’en 2025 peut être estimé à une moyenne de 1.200 employés par année.» En terme d’évolution de l’emploi, en comptant les départs en retraite, on parle bel et bien de la poursuite de la situation de pénurie de travailleurs. Le personnel devrait également être encore plus flexible. Tout cela alors que moins d’investissements sont prévus dans le matériel.

    Les cheminots sont partis en grève pour revendiquer un service optimal, c’est-à-dire plus d’investissements en personnel et en matériel afin d’améliorer le service. Cette approche est intégralement favorable aux intérêts des voyageurs. La direction, de son côté, veut – tout comme le gouvernement de droite – libéraliser les transports publics pour faire de la rentabilité le point central à partir duquel tout le service doit être organisé. Payer plus pour moins de services, encore une fois.

    Alors que les embouteillages et l’engorgement du trafic routier sont de plus en plus importants, il est criminel que le gouvernement désire économiser davantage sur les transports en commun (train, tram et bus). Il est de l’intérêt de tous les voyageurs et navetteurs que la politique de ce gouvernement soit arrêtée. Test-Achats ferait mieux de défendre les intérêts des voyageurs en soutenant les actions de protestation contre le gouvernement et choisir ouvertement de défendre les grèves.

    Pas de moyens suffisants pour investir dans de meilleurs transports publics? Au vu des cadeaux fiscaux aux grandes entreprises – les patrons exigent d’ailleurs quelques milliards de plus avec la réforme fiscale à venir – et des subsides annuels pour les voitures de société (4,1 milliards d’euros), le constat qui s’impose est qu’il s’agit simplement d’une question de priorités. Bart De Wever a encore récemment déclaré que toucher aux voitures de société est un tabou. Economiser sur les transports en commun n’en est évidemment pas un pour ce gouvernement. Cette politique organise les embouteillages et la pollution. Ce choix politique n’est pas le nôtre, et nous nous serions attendus à voir cette même approche adoptée par un magazine qui prétend défendre les intérêts des usagers.

    (1) http://www.belgianrail.be/nl/corporate/Presse/Presse-releases/17_02_2015.aspx
    (2) http://statbel.fgov.be/nl/statistieken/cijfers/verkeer_vervoer/vervoer/spoor/
    (3) Voir notre article : http://www.socialisme.be/fr/11107/jo-cornu-vs-les-cheminots-travailler-plus-pour-un-moindre-salaire-pas-question

  • BM&S : Une bataille de gagnée, mais la guerre sociale continue !

    Deux semaines après la signature de l’accord, la direction de BM&S continue de mépriser ses ouvriers et reste bien loin du respect de ses engagements.

    Par Laure (Bruxelles)

    Retour sur une grève historique

    Les ouvriers de BM&S de l’atelier de Schaerbeek nettoient les trains de la SNCB. Comme presque tous les nettoyeurs de train, ils travaillent pour une boite sous-traitante, bien loin des conditions de travail des cheminots.

    Le 21 aout 2014, les 14 ouvriers de l’atelier entamaient une grève de plus de 4 mois contre le licenciement abusif de 5 d’entre eux, trois intérimaires et deux délégués. Durant ces quatre mois de grève, la direction a montré à quel point elle méprisait les ouvriers. Leurs revendications, pourtant simples n’étaient non seulement pas entendues, mais de nombreuses tentatives ont aussi été mis en oeuvre pour casser leur piquet (envoi d’intérimaires de remplacement, d’huissiers, puis de la police). Ensuite, face à leur détermination, la direction, tout en restant sourde à leur demande, a fait nettoyer leurs trains ailleurs, à Liers. Il devenait alors très difficile de pouvoir avoir du poids face à cette direction sans scrupule. Mais les ouvriers ont tenu bon et ont su créer une solidarité importante autour d’eux. Il y eut donc différentes actions organisées par ces personnes solidaires, des cheminots notamment. Ce fut cependant tardif et trop peu fréquent.

    Un comité de soutien s’est mis en place dès le début de la grève, composé de syndicalistes, d’enseignants, de cheminots, de la CGSP-ALR et de militants de diverses organisations politiques dont la nôtre. Il est resté aux côtés des ouvriers tout au long de leur combat, a organisé différentes actions de soutien et a mobilisé pour celles organisées par les grévistes. Mais leur analyse concernant la situation ainsi que leur volonté de soutenir les grévistes n’a pas toujours été accueillie avec suffisamment d’enthousiasme de la part de l’appareil syndical.

    La direction syndicale a bien soutenu la grève, mais a été très frileuse pour organiser la solidarité dans la pratique. Elle a préféré un piquet de grève calme loin des regards et de la presse, plutôt que de mettre en place des actions pour élargir leur combat, ce qui pourtant était nécessaire.

    Il faut dire que des ouvriers qui tiennent tête à leur patron pendant aussi longtemps, ça fait mauvais genre, et puis ça risque de donner des idées aux autres. Pourtant, BM&S a des méthodes particulièrement douteuses, dignes d’une mafia, aux frontières de la légalité. Menaces, harcèlement, intimidations et mensonges sont autant d’actes malhonnêtes qu’elle s’est permis d’accomplir pour faire pression sur l’appareil syndical et, par ricochet, sur les grévistes.

    Si les ouvriers avaient dépassé la volonté de l’appareil syndical pour organiser des actions et mettre pression sur leur direction, le combat n’aurait pas dû prendre aussi longtemps. La solidarité qui s’est manifestée à de nombreuses reprises dans d’autres secteurs syndicaux aurait pu être saisie pour élargir leur lutte et avoir un poids plus conséquent.

    Mais malheureusement, l’appareil syndical, dont les travailleurs étaient dépendants puisque c’est lui qui délivre l’indemnité de grève quotidienne, a su imposer sa stratégie. Il aurait mieux fallu que, dès le début, le combat ait été dirigé par les travailleurs eux-mêmes, y compris concernant la prise en charge de la collecte organisée par le syndicat, avec une gestion démocratique de cette caisse de grève. Cela leur aurait permis une plus grande indépendance d’action.

    Quand la lutte paie

    Leur détermination a malgré tout payé puisque les deux délégués ont pu être réintégrés et bien plus a été obtenu sur papier, dans l’accord. Cette victoire ne se limite pas à ces 14 courageux grévistes, c’est un succès pour l’ensemble du mouvement ouvrier. Ils ont montré qu’il est possible de ne pas courber l’échine, malgré la pression exercée par le patronat, mais surtout que ce n’est que de cette manière que l’on peut empêcher la dégradation de nos conditions de travail. Tant qu’on accepte sans rien dire, le rapace capitaliste n’aura de cesse de grignoter toujours plus nos salaires et conditions de travail. Ils ont démontré qu’il n’y a pas de fatalité. Le patron, bien que possédant ce pouvoir de jeter à sa guise ses employés, ne peut se passer de leur travail dans l’absolu. En ne faisant qu’un corps, les ouvriers de l’atelier ont pris l’avantage.

    Ce fut également une victoire pour l’ensemble des ouvriers du nettoyage, puisqu’ils ont mis en lumière leur réalité, bien sombre, dans laquelle ils ne sont que de la chair à profit. En effet, ils travaillent parfois dans des conditions similaires à celles du 19ème siècle, avec la peur permanente de perdre son emploi si on ouvre la bouche. Cette épée de Damoclès rend les travailleurs serviles à souhait, au nom de la sacro-sainte compétitivité. Rappelons ici que BM&S a proposé un contrat à la SNCB de 40% moins cher que ses concurrents. Dans le secteur du nettoyage, comment être plus compétitif sans économiser sur la main d’oeuvre ?

    Un accord loin d’être totalement concrétisé

    Mais cette direction aux méthodes peu scrupuleuses a encore une fois honteusement menti. Elle ne respecte ni ses salariés ni sa parole. L’accord promettait aux intérimaires licenciés un travail, sur n’importe quel chantier de BM&S. Ils n’ont pourtant pas travaillé un seul jour. Pire, eux qui étaient censés être prioritaires (selon l’accord toujours) pour renforcer l’équipe à Schaerbeek, se sont vus être dépassés par 8 travailleurs flexibles, dociles, mettant leur vie en danger quand le patron leur demande.

    Parce que cette réalité là, les anciens grévistes la dénoncent haut et fort également: les conditions de travail à l’atelier de Schaerbeek se sont dégradées, la pression au travail a augmenté et les nouveaux engagés acceptent, par crainte des représailles, de travailler sans aucune sécurité. Les délégués, envoyés sur d’autres chantiers SNCB constatent ailleurs des réalités bien pires. Aucun matériel digne de ce nom n’est fourni aux ouvriers et les conditions de travail sont dangereuses (utilisation d’eau à quelques centimètres de cathéters à 3000 volts, traversée permanente des voies de passage des trains,…).

    Ainsi, depuis la reprise, un nouveau chapitre s’ouvre pour les ouvriers rebelles de Schaerbeek. Ce chapitre annonce que l’histoire de leur lutte n’est pas finie.

    Mais aujourd’hui, les ouvriers savent de quoi ils sont capables. Ils sont organisés, déterminés et, surtout, ils ne sont pas seuls. Le soutien qu’ils ont su construire autour d’eux est prêt à se remobiliser.

  • La fin d’un chapitre dans le combat des ouvriers de BM&S.

    elisa_BMS1Le lundi 22 décembre, après avoir tenu 4 mois de grève, mené 124 jours de combat, et vu défiler 3 saisons sur leur piquet, les ouvriers de l’atelier de Schaerbeek ont signé un accord avec leur direction.

    Par Laure (Bruxelles)

    Ces 14 courageux nettoyeurs de train ont su montrer, en ces temps où la guerre de classe est clairement annoncée, que seules la lutte, la solidarité et la détermination paient.

    En effet, après beaucoup d’arrogance et d’acharnement à ne vouloir rien lâcher, la direction de BM&S a finalement fait marche arrière et leur a concédés la revendication essentielle : la réintégration des 5 travailleurs injustement licenciés.

    Seulement, cette réintégration ne se fera pas sur Schaerbeek, pas tout de suite du moins. BM&S a concédé que les délégués le soient dès la fin de l’enquête qui les concerne. En attendant, leur C4 pour faute grave a été retiré et ils continueront d’exercer leur mandat de délégués sur d’autres sites de la SNCB. Les intérimaires, quant à eux, pourront obtenir un CDI après plusieurs semaines sous contrat évaluable. Si l’évaluation est positive, ils connaîtront enfin la fin de l’intérim.

    Mais c’est aussi pour cette raison qu’un seul chapitre est clos. Celui de cette grève historique, celui de ce combat exemplaire contre leur licenciement.

    Le nouveau chapitre qui s’ouvre aujourd’hui commence par la vigilance et débute avec beaucoup d’expérience et un rapport de force solidement construit. Il va falloir garder l’œil ouvert afin de s’assurer que les patrons voyous de la société de nettoyage appliquent leurs promesses sans tentative d’en échapper.

    Mais maintenant, la direction de BM&S est prévenue, les ouvriers ne sont pas de la chair à profits, malléables et éjectables à souhait. Ils sont organisés, déterminés et, surtout, ils ne sont pas seuls. Le soutien qu’ils ont su construire autour d’eux est prêt à se remobiliser, si ça s’avère nécessaire.

  • Action de sensibilisation des travailleurs de BM&S sur le site de Liers (Liège).

    Après l’action à la gare du midi ce lundi (voir notre rapport), la lutte des travailleurs de BM&S continue après plus de trois mois de grève.

    Par Nicolas M. (Bruxelles)

    Dans notre dernier rapport nous écrivions que depuis le blocage du site de Schaerbeek par la grève des travailleurs, la firme BM&S, avec la complicité de la SNCB, achemine vers d’autres site une partie des trains censés être nettoyés à Schaerbeek. Les travailleurs de BM&S avaient donc mis en avant assez rapidement la nécessité d’aller visiter les travailleurs des autres sites pour discuter de cette situation, du comportement de la direction BM&S, et ainsi pouvoir construire la solidarité entre les travailleurs des différents sites et discuter leur blocage.

    Une chose que nous mettions en avant avec le PSL dans le Comité de Soutient à la grève chez BM&S était qu’il fallait notamment discuter et décider d’un plan d’action pour construire la lutte. Malgré la volonté des grévistes d’aller visiter les autres sites, aucune date n’était encore sortie. Ce mercredi matin, donc, les travailleurs ont fait le voyage de Bruxelles à Liège pour visiter le site de Liers.

    Sur place, l’accueil a été très bon. Du côté des travailleurs SNCB du site déjà, qui avaient entendu parler de cette grève à Schaerbeek et ont pris le temps de prendre des nouvelles. Egalement du côté des travailleurs de BM&S du site de Liers, attentifs dans les discussions avec leurs collègues de Bruxelles victimes des méthodes brutales de BM&S.

    Même travail, même contrat, même salaire, même combat !

    Il a été notamment discuté des différents contrats au sein de la firme, notamment la présence de CDI à côtés des intérims. Sur place à Liers plusieurs travailleurs sont sous contrats intérims depuis des mois, voire plus d’un an pour l’un d’entre eux. Un seul en fait a un réel CDI. Tout cela pour dire que les travailleurs de Schaerbeek en grève ont expliqué que BM&S avait été plus prompt à signer des CDI avec les travailleurs embauchés pour briser la grève qu’ils ne le sont avec les travailleurs depuis trop longtemps intérimaires au sein de la société.

    Cette situation illustre les problèmes que représente la libéralisation des services publics et la sous-traitance par des firmes privées. C’est utilisé pour casser les statuts et les conditions de travail et diviser les travailleurs d’un même site. La discussion a été riche et chacun était convaincu que la situation n’avait pas de sens. Chaque jour les trains de la SNCB doivent être nettoyés. Il y a donc du travail toute l’année. Cela n’a aucun sens de ne pas signer de CDI et de continuer avec des missions intérims semaine après semaine. Le patronat ne recherche pas une stabilité pour l’avenir des travailleurs et de leur famille, il ne recherche que d’avantage de flexibilité. Avec l’intérim les travailleurs sont menacés constamment de ne pas être réembauchés la semaine suivante.

    La défense des trois intérimaires de Schaerbeek licenciés et la revendication de leur octroyer des CDI constituent un exemple important pour unir les travailleurs en lutte.

    Stop à la privatisation des services publics !

    La solidarité de cheminots de Bruxelles est importante dans cette lutte. Il faut maintenant l’élargir. Tout le rail est menacé par la libéralisation, l’exemple de BM&S illustre ce que seraient les conséquences pour les cheminots.

    La visite de sensibilisation s’est très bien passée et a enrichi le combat à BM&S, mais ne laissons pas les travailleurs de BM&S lutter seuls! Des liens commencent à être tissés entre les différents sites, la volonté d’en visiter d’autres est présente. La même chose pourrait être mise en place chez les cheminots même. Après les actions de solidarité à Bruxelles – la dernière s’étant déroulée gare du midi ce lundi 24 novembre – une campagne de sensibilisation pourrait être menée à travers tout le groupe, spécifiquement là où un site BM&S existe, en liaison avec le plan d’action en front commun vers la grève générale du 15 décembre.

    Pour gagner cette lutte nous devons bloquer les sites de la firme afin de la faire plier et de l’obliger à réintégrer les 5 licenciés de Schaerbeek.

    Un tel plan d’action serait également saisi pour remporter l’octroi de CDI pour les intérims et ce pour tous les intérims des différents sites. Ce blocage, ne laissons pas les travailleurs de BM&S le faire seul. Sur la lancée des actions de la CGSP cheminots de Bruxelles, impliquons les travailleurs de la SNCB. De plus, comme on le voit dans le Comité de Soutien, des travailleurs et syndicalistes d’autres secteurs sont également solidaires. Trois mois de grève, c’est largement assez : tous ensemble, faisons plier BM&S!

  • BM&S : 95 jours de grève!

    BMS04

    Ce lundi 24 novembre, tandis que les provinces d’Anvers et du Hainaut étaient paralysées par une grève largement suivie et par d’innombrables piquets bloquants, à Bruxelles aussi, le trafic a été perturbé. Mais si des trains ont été bloqués, c’est pour d’autres raisons.

    Par Laure (Bruxelles). Photos : Pol Vanderus

    Il s’agissait cette fois-ci d’une action organisée par les cheminots bruxellois de la CGSP, en solidarité avec les ouvriers de BM&S.

    BMS02Cela fait maintenant 95 jours que ces ouvriers qui nettoient nos trains dans l’atelier de Schaerbeek sont en grève (voir les articles précédents sur le sujet). Depuis le 21 aout, la direction de BM&S n’a toujours pas fait un pas vers eux, les propositions récemment posées sur la table par la firme restent les mêmes propositions inacceptables.

    Pire, il s’avère même que les trains que nettoient habituellement les ouvriers sont maintenant nettoyés ailleurs, avec la complicité de la SNCB.

    C’est pour ces raisons que les cheminots solidaires ont décidé d’aller bloquer les trains internationaux aujourd’hui. Cheminots mais aussi syndicalistes combatifs, étudiants et pensionnés se sont mobilisés pour rappeler que le combat des grévistes de BM&S concerne l’ensemble des travailleurs.

    Ensemble, ils sont venus pour dénoncer la sous-traitance dans les services publics qui rabote les salaires, les conditions de travail et considère les travailleurs comme de simples kleenex, jetables à souhait. Le blocage du Thalys visait également à dénoncer la privatisation du rail dans son ensemble et ses conséquences.

    Depuis le début du conflit, de nombreux et des syndicalistes de l’Europe entière ont déjà apporté leur soutien pour ce combat qui met le doigt sur un problème européen qu’est la libéralisation du rail.

    La lutte que ces ouvriers mènent est difficile et jusqu’au bout, nous continuerons à les soutenir.

    N’hésitez pas à nous contacter pour plus d’informations sur la suite des actions, et/ ou à les soutenir en versant un don de solidarité sur le compte de la CGSP cheminot: BE20 0682 1834 9956 en indiquant la mention “Solidarité BM&S”. ”

    EGA_greve24

  • Jo Cornu vs les cheminots: Travailler plus pour un moindre salaire? Pas question!

    cheminots

    Le patron du rail Jo Cornu n’en rate décidément pas une. ‘‘Pour leur salaire, les employés de la SNCB ne travaillent pas assez’’ a-t-il ainsi déclaré aujourd’hui dans les pages de De Standaard et Het Nieuwsblad. ‘‘Les heures prestées à la SNCB sont insuffisantes par rapport au salaire.’’ Il s’en est pris plus particulièrement à la semaine de travail de 36 heures en vigueur à la SNCB.

    Deux observations.

    1. Le personnel de la SNCB est passé de 38 à 36 heures par semaine à la fin des années ‘90. Le personnel avait alors perdu 1,65% de son salaire. Jo Cornu veut maintenant faire le mouvement inverse, mais sans revenir sur la réduction de salaire bien entendu… En bref : travailler plus pour le même salaire. A la base, cette réduction du temps de travail avec perte de salaire avait été acceptée par le personnel en vue de la préservation de l’emploi, afin d’éviter une grande diminution du personnel en tout cas. L’engagement n’a pas été respecté par la direction.

    2. Les 36 heures de travail par semaine constituent un horaire tout théorique. En prenant en compte la question des jours de compensation, les choses sont différentes. Fin juin, les cheminots étaient d’ailleurs partis en grève en raison du fait que de nombreux travailleurs sont incapables de prendre leurs journées de récupération. Le nombre de journées de récupération ou de congé qui n’ont pas été prises par le personnel a dépassé le cap du million! Il devrait actuellement y avoir 37.500 équivalents temps plein, mais il n’y en a effectivement que 34.000, soit un déficit de 3.500 unités. Dans la pratique, cela signifie que de nombreux employés ont presté plus que 36 heures par semaine.

    La proposition de Jo Cornu est une véritable provocation, à la suite d’une grève qui été justement liée à la question sensible des jours de récupération et de congé qui ne peuvent être pris. Dans les faits, en considérant les raisons de l’instauration des 36 heures dans les années ’90, sa proposition revient en fait à travailler plus pour un salaire moindre !

    Jo Cornu devrait se rendre compte que les cheminots ne peuvent pas travailler plus, mais peut-être se laisse-t-il emporter par sa propre situation et son cumul de mandats lucratifs… Il avait ainsi déclaré qu’il pouvait combiner son poste à la direction de la SNCB avec ses sièges aux conseils d’administration d’autres entreprises. En 2012, il avait perçu pas moins de 232.000 euros de ses mandats d’administrateur chez Agfa-Gevaert, KBC et Belgacom, tout cela pour 64 réunions. Ce montant dépasse de loin le salaire annuel des cheminots.

    La provocation de Cornu clarifie immédiatement que les économies qui seront réalisées dans le rail le seront sur le dos du personnel et des usagers. Le personnel doit travailler plus longtemps pour un salaire moindre et les passagers devront payer plus pour moins de services. La scission de la SNCB en une entreprise de transport, une entreprise d’infrastructure et le holding, en 2005, coûte entre 50 et 100 millions d’euros par an, aux dires de Jannie Haek, l’ancien administrateur délégué, en 2011. Dans les sept années ayant précédé 2012, pas moins de 837 millions d’euros ont été consacrés à des contrats de consultance externe.

    A l’heure où le gouvernement fédéral annonce une attaque d’envergure sur les pensions ainsi qu’une forte réduction de la dotation de la SNCB, Jo Cornu en rajoute une louche. Le personnel et les passagers sont les victimes de ces projets : il est grand temps de construire une résistance unifiée contre cette destruction organisée de nos transports en commun!

  • Les actions spontanées des cheminots méritent notre compréhension

    Cette fin octobre, les médias se sont empressés de qualifier d’irresponsables les actions spontanées des cheminots à La Louvière, Charleroi et Liège. Et quand des militants de la FGTB de Namur se sont rendus au siège du MR avec un peu de peinture, il a directement été question de ‘‘violence’’ !

    Ainsi donc les syndicalistes exprimant leur colère ne seraient-ils que des tyrans irresponsables ? C’est en tout cas ce qu’on cherche à nous faire croire. La direction de la SNCB a immédiatement joué là-dessus en annonçant qu’elle allait imposer aux grévistes une amende symbolique de 12,5 euros (en plus de la perte de salaire liée à la grève). Cela semble innocent et limité, mais cela constitue un dangereux précédent pour individualiser un conflit collectif. Cela menace le droit de grève.

    Lors d’une assemblée de militants de la FGTB tenue à Anvers, le 22 octobre dernier, le président du syndicat Rudy De Leeuw a invité les participants à comprendre les actions spontanées des cheminots wallons. Un tonnerre d’applaudissements lui a répondu. De Leeuw se rend bien compte, à l’instar de nombreux syndicalistes y et parmi eux des membres du PSL, que ces actions sont une réaction des plus compréhensibles face aux provocations du gouvernement et aux dangers qu’elles représentent. Les cheminots retraités perdront des centaines d’euros, chaque usager payera plus pour ses trajets et chaque travailleur devra subir une charge de travail insupportable. C’est une attaque sociale et environnementale contre l’ensemble de la population. Les responsables syndicaux et les véritables partis de gauche doivent réagir et clairement dire qu’ils soutiennent ces actions à la place de se contorsionner pour tenter de se démarquer des victimes en laissant les véritables voyous jouer leur jeu de division.

    Il est logique que les travailleurs cherchent des moyens d’action pour se faire entendre. Seuls les patrons n’ont qu’un mot à dire pour faire disparaitre les mesures qui les frappent (comme la garantie du paiement du deuxième mois de salaire en cas d’incapacité de travail). Les travailleurs ne bénéficient pas d’une telle écoute de la part du gouvernement. La Ministre de la mobilité Jacqueline Galant (MR) n’a ainsi rencontré les représentants du personnel de la SNCB que lorsque son train a été arrêté par des militants.

    Au cours des semaines à venir, nous aurons encore largement l’occasion d’entendre toute cette propagande selon laquelle les grévistes seraient irresponsables, violents, preneurs d’otage,… Les geignards professionnels pro-patronaux seront à nouveau tous les jours à la télévision et des journalistes passeront toutes leurs heures de travail à rechercher un usager bloqué en colère et ne soutenant pas les actions. Ne nous laissons pas avoir : la seule chose qui est prise en otage, c’est notre niveau de vie. Les véritables preneurs d’otages, ce sont les gouvernements et leurs politiques antisociales. Assurons que la propagande patronale se brise sur notre solidarité !

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