Category: Transports publics

  • SNCB : SEULE LA LUTTE PAIE !

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    Après plusieurs journées de grèves spontanées, les négociations entre syndicats et direction n’aboutissent toujours à aucun accord. La direction fait mine de vouloir négocier, mais ne propose que des modifications minimes. Le Ministre de la mobilité Bellot s’est dit ouvert à la suspension de la circulaire sur les jours de crédit (JC), mais veut d’autres mesures pour accroître la productivité en contrepartie.

    Tract en version PDF

    « Nous luttons pour plus que les jours de crédits »

    Ces grèves spontanées illustrent l’ampleur de la colère et de la frustration parmi les cheminots. Il ne s’agit pas seulement de la circulaire sur les JC mais aussi des nombreuses autres mesures d’austérité souvent imposées unilatéralement : le protocole d’accord social, non soutenu par la majorité du personnel, la concentration des cabines de signalisation et des services administratifs, la réduction des effectifs et l’augmentation de la pression du travail, la fermeture de guichets et de gares, les changements constants de la réglementation qui créent des situations dangereuses, le retrait de l’intégration des retards de trains comme temps de travail et une foule d’autres questions.

    Mais les “questions vraiment difficiles” doivent encore venir ! Le « One Man Car », dans lesquels les futurs trains peuvent rouler sans conducteur de train, les pensions, les autres plans de libéralisation du transport national des passagers, etc. Et cela dans un contexte de mesures d’austérité et d’augmentation des impôts systématiques (saut d’index, augmentation de l’âge de la pension à 67 ans, Turteltax, augmentation des droits d’accises,…). A nos piquets de grève, de nombreux individus et délégations syndicales viennent exprimer leur solidarité. Tout le monde est affecté par l’austérité.

    Face aux attaques continues, à l’agressivité de la direction et aux discours communautaires : il nous faut un plan d’action !

    De plus en plus de gens estiment qu’une journée de grève ou une manifestation, ce n’est pas suffisant pour gagner. L’exemple des contrôleurs aériens et des agents pénitentiaires le démontre. Le 2ème plan d’action des syndicats est maintenant déjà dépassé par toujours plus de préavis de grève et des actions. Les magistrats partent en grève le 2 juin à Nivelles et le 7 juin à Bruxelles, le BBTK (aile flamande du SETCA) – Secteur Social organise une action avec préavis de grève le 10 juin, les travailleurs des TEC sont entrés dans leur 2ème jour de grève le mercredi 1 juin et d’autres secteurs sont susceptibles de suivre.

    Ce qui sape la combativité des cheminots est d’une part la pression des punitions de HRRail et d’autre part le manque de mots d’ordre et d’organisation des syndicats du rail.
    Ces sanctions équivaudraient à une amende unique de 12,5 € et un avertissement pour faute grave. Si un travailleur reçoit une sanction, il a un délai de 10 jours (week-end non inclus) pour demander conseil. Ne signez donc pas immédiatement !

    L’envoi d’un préavis de grève par la CGSP du mercredi au vendredi (1er au 3 juin) pour ensuite le retirer quelques heures plus tard du côté flamand a provoqué encore plus de confusion et a bloqué le mouvement de grève spontanée, bien que la grève était en préparation à Anvers, au dépôt central de Malines, à Turnhout, à Hasselt, en Flandre-Orientale et d’autres lieux.

    Jeudi 2 juin, le syndicat socialiste se réunit pour décider d’une position commune. Nous espérons que cela aidera à répondre à la confusion. Nous avons besoin d’un plan d’action spécifique pour organiser une lutte à long terme. Par exemple : un plan d’action composé de grèves de 24h ou 48h reconductibles chaque semaine jusqu’au 24 juin, date à laquelle une grève générale est dores et déjà planifiée avec le secteur public et le secteur privé ! Cela permettrait aux grévistes de respirer un peu financièrement, de tenir plus longtemps et surtout de gagner du temps pour convaincre leurs collègues. Des AG organisées de manière régulières et démocratiques avec l’ensemble du personnel permettraient de communiquer sur les motifs de la grève et mettre au point des revendications claires. Les piquets de grève pourraient être plus massifs et s’étendre à l’ensemble des lieux de travail et des gares. Des délégations seraient chargées d’entrer en discussion avec les autres secteurs pour rejoindre notre combat.

    Parce que le gouvernement ne va pas arrêter, il est nécessaire de le faire tomber aussi vite que possible pour stopper les attaques contre les travailleurs et leurs familles !

    Nous revendiquons :

    • le retrait complet de la circulaire sur les jours de crédit
    • un arrêt de l’application du protocole d’accord social, non soutenu par la majorité du personnel
    • le rejet des mesures visant à l’augmentation de la productivité sur le dos des cheminots
    • le retrait du plan-Galant
    • l’intégration des revendications centrales des différentes catégories professionnelles
    • aucune sanction ou punition contre les grévistes
  • SNCB: Rejetons la proposition de la direction et continuons la grève !

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    L’attaque sur les jours de crédit doit être balayée!

    Libre Parcours, journal d’action pour et par des syndicalistes critiques et combattifs des transports publics, propose de suivre la position adoptée par les collègues d’Anvers. Ils ont tenu une assemblée du personnel vendredi à la gare centrale d’Anvers et en ont fait le rapport publié ci-dessous. Libre Parcours en format PDF

    Ce que la direction concède, elle le reprend d’une autre manière

    “La proposition de la direction a été présentée. Elle veut modifier sa proposition pour les jours de crédit. Nous ne perdrions plus qu’un jour de crédit pour 18 jours de maladie (cumulés). Mais ce qu’elle donne d’une main, elle cherche à le reprendre de l’autre. En retour, la direction veut supprimé un jour férié, en particulier la Fête du Roi le 15 novembre. En outre, des mesures visant à augmenter la productivité devraient prendre effet à partir de 2017. L’Assemblée du personnel (AP) a rejeté la proposition: ce que la direction concède, elle le reprend d’une autre manière.”

    Si nous acceptons, la direction ira plus loin avec le plan-Galant

    “L’AP ne défend pas seulement le retrait de la mesure touchant les jours de crédit. Le protocole d’accord social (PSA) déborde de sacrifices. Il n’y a rien dedans pour le personnel, même de petites choses comme la prime-vélo n’y figurent pas. Le PSA n’est pas soutenu par la majorité du personnel. L’AP rejette le PSA et les mesures d’augmentation de la productivité telles que le retrait de la compensation pour la perte de jours fériés qui tombent un week-end pour le personnel en cycle irrégulier. Le PSA et l’augmentation de la productivité ne sont qu’une petite partie des économies qu’imposeraient le gouvernement avec le plan-Galant. Au total, le gouvernement veut 20% d’économies, 20% d’augmentation de la productivité et, entre autres, la mise en place du One Man Car (OMC). Si nous acceptons la proposition de la direction, elle ira encore plus loin avec l’exécution du plan-Galant. L’AP s’oppose au plan d’austérité Galant. L’AP soutient la revendication des conducteurs de train la révocation de l’extension de la période de préavis.”

    La direction veut arrêter le mouvement

    “La direction veut discuter de cette proposition au sein de la Commission Paritaire Nationale au plus tard le 30 juin. Il est clair que la direction vise à arrêter le mouvement. Si elle rajoute quelque chose un jour seulement avant les vacances d’été, ce sera très difficile de relancer un mouvement de lutte. La direction veut absolument éviter que la grève continue après les 31 mai, car d’autres services publics entrent en action à cette date. Nous ne pouvons pas stopper le mouvement avant qu’il n’y ait un accord.”

    Pas d’accord aussi longtemps dureront les menaces de sanctions !

    “L’AP refuse tout accord ou négociation tant que la direction menace de sanctions et intimide le personnel.”

  • Ça suffit ! Balayons l’attaque contre les jours de crédit!

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    Ceux qui essayent de réduite les protestations à des actions contre la suppression de jours de congés (littéralement entendu à la radio!) n’ont pas d’écho. Qui croit encore leurs mensonges? Aujourd’hui, c’est de l’augmentation du temps de travail dont il est question. Nous voler nos jours de crédit obtenus suite à une réduction du temps de travail est inacceptable. Personne ne veut travailler plus pour le même salaire, et même pour un salaire moindre puisque la réduction du temps de travail s’était effectuée avec perte de salaire. Cette attaque sur le temps de travail doit être stoppée!

    Libre Parcours du 27 mai 2016 // Version PDF

    La colère est profonde, pas seulement chez les cheminots et pas seulement en raison de l’attaque contre les jours de crédit. Ce n’est que la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Les cheminots ont dû subir plusieurs attaques. Le plan-Galant visait à économiser 2,1 milliards d’euros sur le fonctionnement du chemin de fer et avec les mesures prises par le gouvernement précédent, on atteint les 3 milliards. En dix ans, le nombre de voyageurs a augmenté de 50%, mais près d’un quart du personnel a disparu. Le plan-Galant avait pour but de couper un supplément de 20%, notamment en augmentant la productivité, mais aussi par des mesures prises directement contre les voyageurs. La direction veut par exemple instaurer un principe de tarifs flexibles où les voyageurs payeraient plus à certains moments. La Ministre Galant est partie, mais son plan n’est pas encore complètement balayé.

    Anéantissons le plan-Galant. Mais pas pour revenir à la politique de dégradation légèrement plus lente que nous avons connue. Lorsque le PS et le SP.a sont arrivés au gouvernement en 1988, il y avait encore 68.000 cheminots. Quand le PS a disparu du gouvernement 25 ans plus tard, il en restait la moitié environ. C’est la destruction systématique du service,  aujourd’hui accélérée, qui provoque la colère.

    Chez les agents pénitentiaires, ce sont des années de frustration concernant le manque de personnel qui ont donné naissance à une lutte pour plus de collègues et donc contre la pénurie de moyen ainsi que les promesses creuses de ces dernières années. Nous devons faire pareil dans le rail : le plan-Galant doit partir, le protocole précédent qui assure un effectif de 38.000 doit être respecté. Cela améliorerait immédiatement le service dans l’intérêt du personnel et des passagers. En période de crise climatique, les transports publics sont de la plus haute nécessité.

    Tous ensemble pour plus de services publics!

    Ne laissons pas les cheminots lutter seuls. En entrant en action le 31 mai avec tous les services publics, nous pouvons commencer à engager une sérieuse épreuve de force avec le gouvernement. Assurons que cette idée se développe aussi le plus largement du côté néerlandophone.

    L’unité d’action entre agents pénitentiaires et cheminots, à Namur par exemple (où la prison est située à l’arrière de la gare), est un bon exemple: nous avons les mêmes intérêts, luttons ensemble !

    Chaque faiblesse est amplifiée et instrumentalisée contre nous. Les médias jouent sur le communautaire. La colère ne connait pas de frontière communautaire. En 1936, la grève générale a forcé l’instauration des congés payés. L’un des slogans était alors: «Votre nom est Wallon ou Flamand, votre nom de famille est Travailleur.» C’est encore vrai aujourd’hui – nous avons seulement à ajouter Bruxellois comme prénom. La faiblesse qui est instrumentalisée provient du sommet de nos syndicats. Après des années de doutes et durant lesquelles des attaques ont été avalées dans l’espoir d’éviter le pire, certains ne savent tout simplement plus organiser et construire la lutte. Attaquons-nous y, comme les agents pénitentiaires et nos camarades français, en organisant nous-mêmes la lutte avec des réunions du personnel où décider des prochaines actions et des revendications.

    Étendre le combat à l’ensemble du secteur public est crucial: le manque de moyen gagne en ampleur à tous les niveaux. Tant le fédéral que les services publics communaux et régionaux gémissent sous les pénuries. Les routes sont dans un triste état avec des tunnels dangereux, il pleut dans les musées, les  prisons ressemblent à des témoignages inhumains du 19e siècle, les magistrats veulent plus de collègues, le manque de moyens est criant dans l’enseignement,… partout s’élève la même plainte: il nous faut plus de moyens pour un meilleur service public.

    Il est question de la prestation du service, c’est notamment illustré par l’absence de revendication salariale offensive. Cela n’empêche ni le gouvernement ni les médias de parler «d’égoïsme». Que les ministres et leurs amis éditorialistes mettent leur salaire sur la table avant de juger notre charge de travail!

    Tous ensemble pour de meilleurs services publics, y compris des transports publics gratuits et de qualité! Saisissons le plan d’action des syndicats – la manifestation des services publics le 31 mai, la grève générale du 24 mai, la manifestation du 29 septembre et la grève générale du 7 octobre en front commun – comme étape vers une amélioration des services publics en renversant le gouvernement austéritaire de Charles Michel. Qu’importe le gouvernement qui suivra, il devrait faire avec une classe ouvrière plus consciente d’elle-même.

    Pas de moyens ?

    Aux dires du gouvernement, les moyens manquent pour les transports en commun. Mais les moyens ne manquent pas pour les milliards d’euros de cadeaux aux grandes entreprises qui volent ensuite vers Panama et d’autres paradis fiscaux. A la SNCB, les moyens ne manquent pas pour payer une direction coûteuse à trois têtes avec de nombreux consultants externes et autres conseillers. Quand des investissements existent, c’est essentiellement pour des projets de prestige qui peuvent ensuite être vendus au privé. Les moyens existent pour allouer des milliards de subventions aux voitures de société – et aux embouteillages. Mais pour une solution à la congestion du trafic – plus de transports publics – il n’y aurait pas de moyens? Ne pas investir dans les transports publics est un choix politique, celui de servir les intérêts des 1% les plus riches.

    Soit dit en passant, il est très rentable d’investir dans les transports en commun, non seulement pour l’environnement mais aussi pour l’économie. Après la grève du rail de début janvier, la fédération patronale FEB avait expliqué qu’une grève du rail coûte 40 millions d’euros par jour à l’économie. Le fonctionnement de la SNCB produirait donc plus de 10 milliards d’euros par an pour une dotation annuelle du gouvernement de moins de 3 milliards d’euros. Il y a déjà eu des mesures visant à «stimuler l’économie» moins efficaces… Alors, des transports publics décents, c’est un coût ou un investissement rentable ?

    Non à la privatisation !

    Le gouvernement veut privatiser l’ensemble du rail. Le rail britannique privatisé est dangereux et coûteux. Pour une distance similaire à celle comprise entre Anvers et Bruxelles vous payez un abonnement mensuel en Grande-Bretagne non pas 136, mais 500 euros. Ce que les partisans de la privatisation n’expliquent pas non plus, c’est que les fonds publics octroyés aux entreprises ferroviaires privées en Grande-Bretagne coûtent plus que ce qui était investi dans l’entreprise ferroviaire publique. Une grande majorité des Britanniques souhaite donc la renationalisation des chemins de fer. Ne laissez pas les choses aller jusque là et bloquons la privatisation !

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    Sanctions: le gouvernement veut-il des “droits démocratiques minimaux” ?

    La menace de sanctions et les intimidations contre les grévistes peuvent avoir un effet. Mais le droit de grève est l’un de nos droits démocratiques, les dirigeants syndicaux ont annoncé qu’ils couvrent les grévistes et qu’ils réagiraient contre les sanctions.

    Il est à noter que les politiciens qui ont tant parlé de «valeurs démocratiques» après les attentats à Bruxelles se rendent aujourd’hui au parlement pour défendre la restriction du droit démocratique de grève. Ils ne veulent que des droits démocratiques réduits à la portion congrue.

    Le droit de grève a été obtenu en en faisant usage tous ensemble, c’est ainsi que nous le préserverons !

  • "Votre prénom est Wallon ou Flamand. Votre nom de famille est travailleur"

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    Après la réaction de la direction de l’aile néerlandophone de la CGSP (ACOD) contre l’appel à la grève continue dès le 31 mai lancé par la CGSP wallonne pour «en finir avec le gouvernement», les discussions ont été nombreuses. Les médias ont bien entendu sauté sur l’occasion avec le plus grand plaisir pour mettre au centre du débat la division communautaire. Un militant de l’ACOD réagit.

    affiche_psl_lsp2“Une chose est claire: aucun d’entre nous – qu’il soit francophone ou néerlandophone – ne peut se permettre que ce gouvernement reste plus longtemps au pouvoir. Le gouvernement a accumulé les provocations ces dernières semaines en lançant diverses attaques à la va-vite avant l’été. Les actions des syndicats menées ces derniers temps en sont le résultat direct. Le gouvernement récolte ce qu’il a semé: les gens en ont marre, marre, marre.

    “Nous avons besoin d’une stratégie et d’un plan d’action clair avec pour but la chute de ce gouvernement. Nous devons aussi attirer à nous les couches de la population qui ne sont pas encore convaincues aujourd’hui que ce gouvernement doit être renversé ou qui estime qu’il n’y a pas d’alternative. Avec des grèves bien organisées et du bon matériel d’action comme des tracts et des brochures. Les réunions du personnel dans toutes les entreprises peuvent être d’une grande assistance. En tant que syndicat, nous devons aller dans les rues, les marchés, les magasins, etc. pour discuter avec la population. Et nous avons besoin d’une alternative politique: un programme pour un prochain gouvernement. Avec la semaine des 30 heures contre l’augmentation du temps de travail. Une pension minimale de 1.500 € par mois contre les attaques contre les retraites,. Des services publics bien financés contre les coupes budgétaires. Des salaires décents et une bonne protection sociale contre la flexibilité et les attaques contre les chômeurs. En bref, nous devons poser les bases de la société que nous voulons, nous, les 99%. De l’argent, il y en a assez. Il faut aller le chercher chez les milliardaires-Panama. Nous devons leur retirer le contrôle de la société.

    “La France, l’Espagne, l’Italie, l’Irlande, la Grèce et de nombreux pays en dehors de l’Europe montrent l’exemple: les gens sont prêts à se battre. Nous devons organiser cette lutte.

    “C’est il y a exactement 80 ans, en mai 1936, qu’a commencé la grande grève contre le gouvernement Van Zeeland. Ce mouvement a forcé le gouvernement à démissionner, et le nouveau gouvernement a introduit la journée des huit heures, les congés payés et le début de la sécurité sociale. A l’époque aussi, c’était la crise. A l’époque aussi, il n’y avait « pas d’alternative ». Mais tout cela a été obtenu parce qu’il ne restait aucun choix autre que la grève.

    “Le slogan était alors: « Votre prénom est Wallon ou Flamand. Votre nom de famille est travailleur. ». Inspirons nous de cet exemple d’unité de classe contre le gouvernement et les patrons ! “

  • Près de la moitié des cheminots néerlandophones en grève. Bientôt tous ?

    namen2Les tentatives visant à diviser la révolte des cheminots selon des lignes communautaires échoueront. Les rapports qui font état de l’échec de la grève en Flandre sont mensongers. Là aussi, la grève se développe. Entre un tiers et la moitié des cheminots flamands sont impliqués dans le mouvement. Il est vrai que la participation y est encore inférieure à celle connue du côté francophone, où jusqu’à 80% du personnel est à l’arrêt, mais la grève est en pleine expansion en dépit de la menace de sanctions. Nous avons ainsi appris qu’une réunion du personnel a spontanément pris place cet après-midi à l’atelier de Malines, où a été voté d’arrêter le travail aujourd’hui et demain.

    A Namur, une excellente initiative a été prise : les agents pénitentiaires et le personnel des chemins de fer (y compris l’atelier de Salzinnes) ont manifesté ensemble à travers la ville.

    Il est important que les cheminots ne soient pas seuls à lutter. Les agents pénitentiaires sont déjà en grève depuis 4 semaines pour exiger plus de collègues, avec des revendications offensives. C’est également possible dans le rail. Ce n’est pas simplement l’attaque contre les jours de crédit récemment dévoilée qui doit être balayée de la table: toutes les autres doivent être repoussées, comme le plan Galant, et il faut aller plus loin, en exigeant plus de collègues et plus de moyens pour défendre un service maximal pour les usagers.

    La CGSP Wallonne vient de terminer son Congrès par une décision d’importance : devant le délabrement organisé de la fonction publique par le Gouvernement fédéral (prisons, justice, finances, SNCB, administrations …), la CGSP vient de décréter une grève au finish qui se poursuivra donc au-delà de la seule journée du 31 mai.

    Ci-dessous: quelques photos de Namur
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  • SNCB. Les provocations de la direction suscitent la colère et la révolte des cheminots partout dans le pays.

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    Le personnel des chemins de fer est de nouveau contraint à entrer en action par une décision scandaleuse de la direction de la SNCB qui, de façon unilatérale et sans consultation, veut allonger le temps de travail des cheminots. Ces derniers subissent déjà tous les jours les effets des coupes budgétaires concernant la prestation de service qui doit être effectuée avec des ressources insuffisantes. Et que reçoivent les cheminots en échange de tous ces efforts? Un coup de poing au visage de la part de la direction pour qui les voyageurs et le service public ne sont clairement pas des priorités.

    Les travailleurs sont entrés hier en action de façon spontanément quand a été dévoilée une circulaire interne dans laquelle HR-Rail, la société qui emploie juridiquement le personnel des chemins de fer, fait état de sa volonté de diminuer les jours de crédit des cheminots, une sorte de jour de récupération. Lorsque la semaine de travail a été officiellement ramenée de 40 à 36 heures, la semaine de travail réelle n’a pas été ajustée, mais des jours de crédit ont été instaurés en compensation. Toujours est-il que la moyenne de 38 heures par semaine reste la norme. Peut-être la direction a-t-elle estimé que réduire le nombre de journées de compensation était la meilleure manière de faire face au nombre de congés maladie pris en raison de la charge de travail accrue qui découle du manque de personnel ?

    La colère est profonde et présente à l’échelle nationale. Hier, la grève a commencé en divers lieux de travail, notamment Salzinnes, Kinkempois (Liège), Malines, Gentbrugge, Forest, Cuesmes, Anvers, Ostende, Hasselt,… Puis a suivi le personnel des guichet à Charleroi et Bruxelles. Aujourd’hui, le trafic est complètement à l’arrêt du côté francophone et gravement perturbé du côté néerlandophone. La direction a menacé de sanctions pour “absence non autorisée”. Il s’agit bien d’une grève spontanée, mais les syndicats couvrent les grévistes. Aucune sanction ne sera prise puisqu’il s’agit d’une action collective, qui est un droit démocratique. A moins que le gouvernement ne parle de «valeurs démocratiques» que quand ça lui chante. Estime-t-il que les droits démocratiques ne s’appliquent pas à l’opposition politique ?

    Malgré les menaces et le chaos inhérents à une grève spontanée, l’action a bien pris du côté néerlandophone également. Nous avons appris que près de 40% des conducteurs de train ne se sont pas rendus au travail à Anvers. Ailleurs aussi, la grève a eu son effet. A Liège, il a été décidé de tenir tous les jours une assemblée générale à 10h et 16h pour décider de la poursuite de la grève. Il est question d’une une grève illimitée. L’exemple français des réunions du personnel qui décident de la poursuite de la grève va créer un précédent dans notre pays. C’est un exemple à suivre pour d’autres secteurs et entreprises. Pourquoi ne pas saisir l’occasion de la grève du 24 juin prochain pour organiser au piquet une assemblée avec autant de collègues que possible pour préparer la campagne vers la manifestation nationale du 29 septembre et vers la grève générale nationale en front commun du 7 octobre ?

    Bien sûr, nous entendons toutes sortes d’accusations sur le personnel des chemins de fer. Certains voyageurs sont sans aucun doute en colère. Mais après les mouvements de grève des contrôleurs aériens, des agents pénitentiaires et bientôt même des magistrats, il est clair que le mécontentement est général dans tous les secteurs face au manque de moyens dont bénéficient les services publics et face au manque de collègues pour fournir un service maximal. Ce manque de ressources et d’investissements conduit aux tunnels dangereux à Bruxelles, aux fuites d’eau dans les musées, aux prisons délabrées et aux conditions inhumaines pour les détenus et le personnel,…

    Les partis gouvernementaux parlent de la nécessité d’instaurer un service minimum. Mais leur politique organise un service minimal tous les jours ! Si le service est toutefois raisonnablement presté, c’est en raison des efforts considérables déployés par le personnel que ne compensent pas les quelques jours de crédit suite au manque de personnel. Le gouvernement et les médias ne veulent parler de la qualité du service qu’à l’occasion des grèves. Si le gouvernement avait vraiment ce sujet à coeur, il dégagerait les moyens nécessaires. Et si c’était le cas de la direction de la SNCB, il ne serait pas question d’augmenter le temps de travail des cheminots.

    Le personnel de la SNCB mérite le soutien de collègues d’autres secteurs ainsi que des navetteurs. Si le personnel laisse la direction faire comme elle l’entend, il ne restera plus beaucoup de ce service public essentiel. Il sera encore plus question de «tarifs flexibles» (faire payer plus cher en heures de pointe). Le direction veut presser le personnel et les voyageurs comme des citrons. Et encore plus.

    Nous ne pouvons pas accepter cela. Prenons exemple sur les actions déterminées des agents pénitentiaires ou sur le mouvement de lutte en France contre la Loi Travail. Ne nous laissons pas avoir par des promesses creuses et défendons des revendications offensives! Plus de moyens sont nécessaires pour les transports publics. En ces temps de crise écologique, renforcer les transports publics est de la plus haute importance. L’introduction de services publics de transports en commun gratuits et de qualité verrait également fondre les embouteillages. Mais pour tout cela, il faut renverser ce gouvernement des riches.

  • SNCB. Grève spontanée contre l’allongement du temps de travail

    salzinnes-300x201La direction de la SNCB a l’intention d’imposer l’allongement du temps de travail. Une circulaire de HR Rail (filiale de la SNCB chargée de la gestion du personnel et de son recrutement) propose de modifier la réglementation des jours de crédit. Il s’agit de journées de récupération dont bénéficie le personnel amené à travailler 40 heures par semaine. HR Rail veut diminuer le nombre de jours de crédit si un travailleurs est absent plus de 18 jours pour cause de maladie, mais aussi pour congé-éducation ou congé syndical.

    La circulaire explique : ‘‘Pour un emploi à temps plein, à chaque fois que le nombre de jours d’absence accumulés pour raisons médicales et autres que les congés compensatoires (fixes et variables) ou de repos (dimanche et jours fériés) atteint 18, le nombre de jours de crédit alloué sera réduit.’’ Cette mesure serait appliquée avec effet rétroactif au 1er janvier.

    Lorsque le temps de travail a été ramené de 40 heures par semaine à 36 chez les cheminots, un système de jours de compensation et de crédit a été introduit. Un jour de compensation doit être pris tous les 28 jours tandis que les jours de crédit peuvent être librement choisis. Considérer les congés maladie et autres comme des jours de crédit revient dans la pratique à imposer un allongement du temps de travail.

    Une grève spontanée a éclaté ce matin. A l’heure actuelle, les ateliers de Schaerbeek, Kinkempois, Salzinnes, Cuesmes, Forest et Malines sont touchés. La gare de Charleroi est également à l’arrêt. De plus en plus de cheminots rejoignent l’action de grève. Une réunion de conciliation est prévue à 13h. Les travailleurs exigent le retrait immédiat de la circulaire. La grève pourrait sinon se prolonger cet après-midi. Plus d’informations suivront sur ce site.

    hrrail

  • ‘‘De plus en plus de collègues sont littéralement malades de leur travail’’

    luc-300x226Les élections sociales se tiendront en mai. Toutes les entreprises qui comprennent plus de 50 travailleurs éliront des représentants du personnel pour le comité de prévention et de protection au travail (CPPT) et celles de plus de 100 travailleurs éliront également les membres du conseil d’entreprise. Aux précédentes élections sociales en 2012, il y a eu 125.116 candidats soit le double des élections communales, et 44.608 d’entre eux ont été élus. Pour ces élections, pas d’agences de publicité ni de coûteuses campagnes médiatiques : les délégués sont directement élus par leurs collègues sur base de leur dévouement quotidien.

    Luc est candidat pour la CGSP à la société de transport en commun De Lijn, à Anvers. A Anvers travaillent environ 2.500 personnes sur un total de 8.000 travailleurs de De Lijn.

    “Les tournées d’austérité se suivent depuis 2009-2010. Les implications touchent à la fois le service et le personnel. La charge de travail a considérablement augmenté et, dans de nombreux endroits, il manque du personnel. Les investissements sont reportés ou simplement annulés,… Cela entraine aussi des problèmes de sécurité. Récemment, un bus a perdu une roue au beau milieu de la E313 vers Anvers! L’impact est aussi néfaste pour la santé. De plus en plus de collègues sont littéralement malades de leur travail.

    ‘‘C’était l’habitude de respecter les règles et les accords, mais tout cela est sous pression avec les économies budgétaires. Nous devons surveiller certains dossiers de manière continue et nous battre pour assurer que les accords soient respectés.

    ‘‘La démolition du service se ressent en premier lieu en dehors des zones urbaines. Les bus cèdent la place aux taxis ou à des bénévoles. Beaucoup changera encore dans les années à venir. Les projets du gouvernement flamand dévoilé dans un document-concept nous orientent dans le sens du modèle néerlandais. La structure du transport urbain et régional serait complètement réformée avec 13 régions de transport. Les plans sont encore très vagues, mais cela pourrait bien constituer une préparation à la libéralisation du secteur et à la privatisation.

    ‘‘C’est une voie sans issue pour le personnel et les usagers. Nous devrons lutter ensemble contre la libéralisation et défendre De Lijn en tant que service public garantissant de bons emplois avec de bonnes conditions de travail.

    ‘‘Les élections sociales posent en partie la question du type de syndicalisme que nous voulons. Partons-nous du principe que l’austérité est inévitable et qu’il faire juste mieux faire passer la pilule ? Ou alors refusons-nous cette logique pour nous battre pour nos emplois, nos droits et nos services publics ? Nous sommes pour cette dernière option. Les élections sociales servent aussi à préparer nos collègues à ce sujet.

    ‘‘Ces élections représentent un bon moment non seulement pour évaluer l’activité syndicale de ces dernières années, mais aussi pour tracer des perspectives pour la période à venir. Dans ma région, la ville d’Anvers, nous travaillons aussi avec un journal de campagne pour stimuler la discussion entre collègues. Un meeting a aussi eu lieu avec présentation de l’équipe et débat.

    ‘‘A mon dépôt, il y a beaucoup de jeunes collègues qui participent aux élections sociales pour la première fois de leur vie. Le syndicat leur était la plupart du temps relativement inconnu jusqu’à ce qu’ils commencent à bosser à De Lijn. Le plan d’action de fin 2014 a illustré que le syndicat est un outil de lutte pour défendre nos droits. A l’époque, l’enthousiasme était grand. Mais la déception fut elle aussi importante dès lors qu’il est apparu que ce plan resterait sans suites sérieuses. Reste que c’est un bon exemple pour illustrer notre force potentielle. Un taux de participation élevé et de bons résultats pour les candidats combattifs aux élections sociales pourrait représenter un sérieux pas en avant.’’

  • Solidarité avec Jordan et contre la repression des mouvements sociaux

    Jordan02C’est aujourd’hui que se sont déroulées les plaidoiries devant le tribunal de première instance de Bruxelles concernant le procès du cheminot Jordan Croeisaert. Ce procès a pour but de trancher en justice sur la requête unilatérale que le gestionnaire de l’infrastructure INFRABEL a introduite contre ce délégué syndical pour avoir participé à la grève des cheminots des 6 et 7 janvier derniers contre le plan Galant qui vise au démantèlement des chemins de fer (en savoir plus: entretien croisé avec Jordan).

    Derrière ce cas particulier se cache très clairement une attaque portée contre le droit de grève et contre tous les travailleurs. Comme l’a expliqué Jordan : ‘‘c’est le droit de résister de tout un chacun contre les mesures d’austérité imposées par le diktat financier et ses conséquences que l’on dénigre et qu’ils veulent anéantir. C’est la capacité du monde du travail à réagir contre l’injustice qui est attaqué.’’

    Jordan01Le 18 mars dernier, un meeting en défense du droit de grève avait déjà eu lieu à Bruxelles à l’initiative du Comité de Soutien à Jordan et contre la répression syndicale et organisé par 3 secteurs de la CGSP Bruxelles (ALR, Cheminot, Enseignement). Près de 300 personnes étaient alors venues écouter Jordan Croeisaert (délégué CGSP Cheminot, dont l’astreinte équivaut à pas moins d’un mois de salaire !), son avocat Jan Buelens, des délégués CGT de Goodyear (France) condamnés à plusieurs mois de prison et Marc Goblet Secrétaire général de la FGTB.

    Des travailleurs de Goodyear étaient à nouveau présents aujourd’hui devant le Palais de Justice afin de démontrer leur solidarité mais aussi pour dénoncer la criminalisation et la répression des syndicalistes par-delà les frontières. Une mobilisation sera d’ailleurs organisée en Belgique pour venir à leur procès en appel les 19 et 20 octobre. A leurs côtés se trouvait une petite foule de syndicalistes et de militants venus ensemble défendre Jordan et nos droits démocratiques de mener une action collective. L’avocat de Jordan, Jan Buelens, a déclaré à ce titre qu’il était important de se réunir et de venir nombreux alors que la direction d’INFRABEL tente de tirer la lutte vers les tribunaux, une arène de combat plus difficile pour les travailleurs.

    La défense des droits démocratiques et des libertés syndicales s’effectue par la mobilisation pour des cas concrets. La présence massive au meeting du 18 mars, le fait que Marc Goblet y ait partagé la tribune avec Jordan et ceux de Goodyear et qu’il s’y soit engagé à agir de son côté ainsi que le succès de la mobilisation de ce jour au Palais de Justice constituent des acquis importants. Prochain rendez-vous dans un mois pour la prochaine étape du procès.

    Pour un plan de mobilisation massif pour défendre les droits syndicaux !

    Photos : PPICS

    Solidarité avec Jordan et contre la repression des mouvements sociaux

  • “Une attaque contre un délégué, c’est une attaque contre nous tous”

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    Entretien croisé avec Jordan Croeisdaerdt et Wouter, un collègue d’Anvers

    Pour le gouvernement Michel le démantèlement des chemins de fer est un dossier phare. Le Plan Galant doit préparer la poursuite de la libéralisation et de la privatisation progressive du rail. A cette fin , il est crucial de s’attaquer à la résistance syndicale. Depuis les grèves d’octobre, la direction a systématiquement eu recours à la police, aux huissiers de justice et à la menace d’astreintes. Dix jours après la grève de 48 heures des 6 et 7 janvier 2016, Jordan Croeisaerdt – accompagnateur de train, délégué syndical et vice-président de la CGSP cheminot Bruxelles – a reçu une astreinte de 1700€ chez lui à domicile. A cette occasion Lutte Socialiste discuté avec lui et Wouter, un collègue accompagnateur de train de la CGSP – Anvers.

    Par Eric Byl

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    Le lundi 4 avril aura lieu le procès contre INFRABEL !

    Rendez-vous ce lundi à 9h au Palais de justice de Bruxelles, Place Poelaer. Ce procès a pour but de trancher en justice concernant la requête unilatérale que le gestionnaire de l’infrastructure à introduit afin de brider le mouvement social que les cheminots ont entamés contre le plan de démantèlement du chemin de fer programmé par la ministre Galant ces 6-7 janvier derniers.
    => Sur Facebook

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    “La direction veut s’en prendre à un délégué qui défend les droits de ses collègues”

    Jordan: ‘‘Je suis victime d’une attaque sur deux fronts. On veut m’imposer une astreinte mais une enquête interne a parallèlement été lancée à mon encontre. La direction veut s’en prendre à un délégué syndical qui défend les droits de ses collègues, qui contrôle systématiquement la direction concernant les congés et les dysfonctionnements et qui signale les trains qui ne sont pas en ordre. C’est évidemment inquiétant. Parfois, la sécurité est mise sous pression pour respecter les normes de productivité. Parfois, ils prennent des mesures telles que le nouveau plan de transport, qui peut bien passer pour une réduction globale des frais mais qui finalement va coûter plus cher.

    ‘‘On me reproche à tort d’interpréter strictement les règles. Comme tous les accompagnateurs de train, je tente de faire mon boulot correctement. J’ai 12 ans de service impeccable derrière moi. La hiérarchie le reconnaissait jusqu’il y a peu, mais elle tente maintenant de monter un dossier contre moi.

    ‘‘Ils ne peuvent rien me reprocher. J’ai le soutien total de mon syndicat qui considère mon audition avec la direction comme du harcèlement moral dans l’intention de me briser mentalement. Ils ont même été jusqu’à ouvrir mon casier personnel. C’est illégal et en violation de la Constitution et des conventions européennes qui régissent le droit au respect de la vie privée et familiale sur le lieu de travail. Peut-être espéraient-ils, en vain, y trouver des torches rouges pour ensuite m’accuser de les avoir volées. En tant que délégué, je garde aussi des dossiers personnels que des collègues m’ont confiés. Ce n’est pas pour rien que la régionale de la CGSP-Cheminot à Bruxelles est scandalisée à ce propos. Soit dit en passant, c’est arrivé alors que j’étais malade! Si nous laissons passer ça, demain tous les délégués passeront à la trappe.

    ‘‘Il faut aussi garder en tête que l’astreinte ne m’a pas été signifiée personnellement sur le piquet de grève lui-même, mais dix jours plus tard, chez moi. Cela ne s’est jamais vu auparavant. Cela signifie que quelqu’un a donné mon nom. L’astreinte concerne également un lieu qui n’a même pas été mentionné dans l’ordonnance. Tous les témoins ont déclaré que la version d’Infrabel des événements survenus au piquet n’est pas correcte. Le 1er avril, la question de l’astreinte sera traitée en justice, et trois jours plus tard viendra l’appel contre la requête unilatérale qui a conduit à l’astreinte. Jusqu’à cette décision, la CGSP-cheminot nationale prend à sa charge les frais de justice ainsi que, si nécessaire, le paiement de l’astreinte.”

    Une politique thatchérienne pour briser les syndicats

    Wouter: ‘‘Une attaque contre un délégué syndical est une attaque contre nous tous. Cela fait partie de la politique thatchérienne pour briser les syndicats. Nous devons mener la bataille juridiquement, mais nous aurons également besoin de construire un rapport de force en notre faveur. Le gouvernement et la direction vont exploiter toutes les faiblesses possibles chez nous. Le fait que les grèves régionales d’octobre n’aient pas été menées en front commun syndical a été saisi comme occasion par les directions pour envoyer la police et les huissiers.

    ‘‘Pour leur résister, nous aurons à lutter tous ensemble. En janvier, nous avons tenu un piquet de grève symbolique à Anvers pour clarifier que des cheminots en Flandre voulaient eux aussi faire grève. A notre dépôt, finalement plus de 40% des travailleurs ont fait grève en dépit de la confusion concernant la participation des syndicats à la grève en Flandre.

    ‘‘C’est parce que les enjeux sont énormes. Prenez la décision d’aller vers 20% des trains sans accompagnateur. Au Royaume-Uni, plus de 30% des trains roulent actuellement sans accompagnateur et il est question d’aller jusqu’à 50%. 70% des incidents se produisent dans des trains sans accompagnateurs.’’

    Jordan: ‘‘On parle souvent des agressions et de la sécurité à ce sujet, mais il s’agit de beaucoup plus. Il s’agit aussi de l’assistance aux personnes handicapées, de réagir aux arrêts cardiaques, d’annoncer les correspondances,… L’accompagnateur de train, c’est une personne de référence.’’
    Wouter: ‘‘Chaque année, je dois faire appel au centre d’appel des opérations de sécurité pour les services d’urgence au moins une fois. A un moment parce que le conducteur avait perdu connaissance, à un autre parce qu’une passagère a subi une crise cardiaque. Dans les deux cas, les services d’urgence ont heureusement été prévenus à temps.’’

    Jordan: ‘‘La direction essaie à tout prix de brouiller le message, en accordant les congés syndicaux petit à petit ou en criminalisant les syndicalistes, en les faisant passer pour des terroristes. C’est normal qu’il y ait discussion, nous devons y consacrer le temps nécessaire, sur les lieux de travail et avec les collègues des autres secteurs qui sont souvent confrontés à des problèmes similaires.’’

    Wouter: ‘‘Parfois, nous supposons trop vite que les collègues sont prêts à partir en action. Nous avons besoin de davantage de réunions du personnel afin de prendre le temps de convaincre. Parfois, des collègues posent des questions légitimes, expriment leurs doutes, mais nous avons à peine le temps pour répondre en profondeur. Nous devons y consacrer plus d’attention à l’avenir avec les syndicats car nous aurons besoin de tout le monde. La direction n’a pas encore concédé le moindre millimètre dans les négociations. Le nouveau protocole d’accord social prévoit la suppression de 2.300 emplois d’ici fin 2018, mais tant Infrabel que la SNCB lient cette réduction du nombre d’emplois à des conditions impossibles, qui se contredisent les unes les autres. Infrabel veut faire payer plus à la SNCB, tandis que la SNCB veut exiger un gel des prix d’Infrabel pour respecter le nombre d’emplois promis.’’

    Jordan: ‘‘Ce qui se passe sur le rail n’est pas si différent de ce qui se produit dans d’autres secteurs. Le Gentlemen Agreement 2.0 qui a heureusement été rejeté par les syndicats prévoyait, par exemple, d’interdire le blocage des zonings industriels. Bientôt, nous devront faire des grèves de gentlemen où nous ne pourrons qu’être présents à l’entrée des entreprises en accueillant amicalement tous ceux qui veulent travailler. Le droit de grève est ainsi réduit à une matière individuelle, où la pression de la direction sur chaque employé pris individuellement peut être utilisée pour briser une action collective.’’

    “Les cheminots ne pourront pas stopper ce gouvernement à eux seuls”

    Eric : ‘‘La CGSP administrations locales et régionales de Bruxelles ou encore la CGSP-Enseignement, mais aussi des organisations politiques, des individus et un comité de soutien à Bruxelles sont montés aux remparts pour s’opposer à l’astreinte imposée à Jordan. Il serait bon que les syndicats rassemblent toute cette énergie disponible puisque ce dossier dépasse la question de Jordan, celle du rail et même tout le mouvement ouvrier dans sa totalité. Qu’en pensez-vous ?’’

    Jordan : ‘‘Quand on parle de communication, nous pensons presque exclusivement à la presse. Cela fait partie de la communication, mais nous avons aussi et surtout besoin de communiquer avec nos collègues des autres secteurs et de l’autre côté de la frontière linguistique. La maison syndicale doit être ouverte, à mon avis. Les cheminots ne pourront pas stopper ce gouvernement à eux seuls, et encore moins le faire tomber. Je pense que c’est très bien qu’il y ait un comité de soutien, en tant qu’expression de la coopération et de la mise en commun des mouvements de lutte. C’est d’une grande aide que chacun connaisse la réalité de terrain des autres. Nous avons besoin de ces réseaux. Nous souffrons encore tous trop du syndrome de Stockholm. Ce ne sont pas les grévistes qui prennent les passagers en otage mais la direction et le gouvernement, quotidiennement : avec les embouteillages, la dégradation du service, etc. Avec les syndicats, nous nous sommes trop laissé être des otages. En négociant afin d’éviter le pire, nous avons trop accepté un agenda d’austérité. Je crains que ce gouvernement n’exige une stratégie syndicale différente. L’idée que nous pouvons éviter le pire avec la négociation est peut-être de l’ordre du passé. La négociation n’est pas dans l’ADN de ce gouvernement.’’

    Wouter: ‘‘Nous devons également avoir une approche différente de nos grèves. Pour occuper une tour de contrôle ou les voies, il faudra plus de grévistes. Nous devrons mieux nous préparer, engager le débat de façon plus intensive et utiliser les réunions du personnel non seulement pour discuter des mesures contre lesquelles nous devons résister mais aussi pour démocratiquement décider de la tenue de nos actions et pour les évaluer par la suite. Nous avons également besoin de sortir d’une stratégie défensive. Selon la FEB (Fédération des entreprises de Belgique), une journée de grève des chemins de fer coûte 40 millions d’euros. Pris dans l’autre sens, ce chiffre signifie que le rail contribue chaque année pour 10 milliards d’euros à l’économie, ce qui n’est tout de même pas mal pour une dotation gouvernementale de 3 milliards d’euros. Ce gouvernement de droite a décidé d’octroyer un milliard d’euros de plus de subventions aux voitures de société. Au lieu de se rendre à la table de négociation de manière défensive, et de faire grève une fois de temps en temps pour faire valoir notre point, nous devrions constituer une plateforme de revendications à partir des lieux de travail jusqu’au plus haut niveau et la jeter ensuite sur la table avec un plan d’action conséquent pour assurer que nos revendications deviennent réalité. Je serais curieux de voir si les voyageurs n’y seraient pas non plus favorables.’’

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