Grève nationale du 29 mars, un succès sur lequel construire

A Liège, un des points forts fut le piquet de grève chez TAC (Technical Airborne Components), où 175 emplois sont menacés.
Bruxelles

Que cette grève était justifiée, c’était un fait. La proposition de marge d’augmentation salariale de 0,4% est une insulte, encore plus pour le personnel essentiel, dans la distribution par exemple, qui n’a cessé de prendre des risques alors que les patrons s’en est mis plein les poches. Quant à la colère et à la détermination de se battre, elles avaient été évidentes lors des journées d’actions de février, qui illustraient la pression issue de la base. Restait encore à savoir comment l’annonce des nouvelles restrictions liées au coronavirus la semaine dernière allait peser.

Au final, le pays était bien à plat. La CSC et la FGTB soulignent la réussite de la grève, mais même Agoria, la fédération patronale des entreprises technologiques doit admettre : « Sept entreprises technologiques sur dix ont été touchées par la journée de grève nationale. » Chez Comeos, la fédération patronale du commerce, on le reconnaît aussi, tout en soulignant que la dynamique était plus forte en Wallonie et à Bruxelles.

Il était évident que la dynamique n’était pas partout identique, dépendant de la ville ou du secteur d’activité. Comme le PSL/LSP l’a souligné dans ses articles et tracts de mobilisation vers la grève : « La lutte ne commencera pas partout au même niveau, c’est certain, cela n’a d’ailleurs jamais été le cas. Mais évitons de nous focaliser sur ce qui ne fonctionne pas. Soulignons plutôt les éléments positifs en cherchant à les généraliser. De cette manière, nous pourrons combattre le cynisme, assurer une base plus large au syndicalisme de combat et nous diriger vers des victoires.  »

Plusieurs choses s’imposent parmi les éléments positifs. Tout d’abord, concernant la présence aux piquets de grève. Les camarades du PSL/LSP qui étaient présents aux piquets auprès de leurs collègues ou qui ont participé aux tournées de visites de solidarité en Wallonie, à Bruxelles et en Flandre ont pu constater que le port du masque et le respect des mesures sanitaires étaient de rigueur aux piquets. Aucune surprise, c’est bien souvent l’entrée en action des travailleurs eux-mêmes qui a imposé les premières mesures sanitaires en entreprises il y a un an et leur respect depuis lors. Mais il est évident que les appels de certains, y compris dans les sommets syndicaux, à rester chez soi pour la grève ont pesé, d’autant plus qu’ils ont lourdement été relayés dans les médias. Ce que nous avons pu constater, c’est que les endroits où cette approche a été enrayée étaient le plus souvent des lieux de travail habitués à la pratique des assemblées du personnel. Encore une fois, cela s’impose comme la meilleure manière d’informer et d’impliquer les collègues.

Autre élément positif : la résonance qu’a pu avoir la revendication d’un salaire minimum de 14 euros de l’heure, y compris à la CSC où l’on a pu entendre des structures balayer la question par le passé en disant qu’il s’agissait « d’une revendication de la FGTB ». On a pu lire la revendications sur les pancartes et banderoles officielles (notamment présentée comme « le vaccin contre la crise sociale ») mais également comme ajout au marqueurs sur celles-ci ou sur du matériel fait main. Nos militantes et militants n’ont d’ailleurs pu que constater le vif intérêt suscité par la victoire obtenue il y a peu par la CGSP à l’université de Gand sur cette revendication (lire à ce sujet le tract de la Campagne ROSA distribué le 8 mars et ce témoignage de la délégation). Ce thème et la manière dont une relation de force favorable a été construite à Gand sont des sujet idéaux pour de problèmes réunions de délégation ou des assemblées du personnel.

N’en restons pas là !

Il faut construire sur cet élan et poursuivre la lutte, non seulement dans l’intérêt de ces négociations salariales, mais aussi pour consolider le syndicalisme de combat en prévision des difficile défis à venir. Nous avons toutes et tous encore en tête le plan d’action de 2014 contre le gouvernement Michel malheureusement stoppé du sommet après la réussite éclatante de la grève générale du 15 décembre. C’est un plan d’action de ce type qui doit être discuté et préparer de toute urgence. Cela illustrerait à quel point nous sommes sérieux auprès de couches de travailleurs qui manquent peut-être de confiance aujourd’hui envers la lutte. C’est aussi comme cela que nous pourrons totalement briser la norme salariale et la loi sur les salaires.

Les secteurs les plus forts, où les travailleurs sont mieux organisés, doivent utiliser leur rapport de force pour assister les autres et le salaire minimum de 14 euros de l’heure doit absolument être lié à la conclusion du moindre accord. Dans le secteur chimique ou pharmaceutique, où les salaires sont parfois élevés, il ne manque pas de syndicalistes qui comprennent qu’ils doivent se battre pour leurs camarades aux salaires les plus bas. Construire un tel rapport de force les aidera d’ailleurs à protéger leur propre emploi s’il est menacé.
C’est pour TOUS les salaires et pour CHAQUE emploi que nous devons nous battre. Il nous faut un plan d’action sérieux, avec l’implication maximale de la base, pour rassembler toute la force du mouvement ouvrier et balancer la loi de 1996 à la poubelle tout en imposant le salaire minimum à 14 euros de l’heure et une norme salariale qui représente un MINIMUM d’augmentation salariale, pas un maximum. Si des entreprises se disent incapables de supporter les augmentations, qu’elles ouvrent d’abord leur comptabilité que cela puisse être vérifié. Quant à la menace d’une avalanche de licenciements, popularisons dès maintenant la revendication de la nationalisation sous contrôle des travailleuses et des travailleurs des entreprises qui ferment ou procèdent à des licenciements collectifs.

BASF Anvers

A Liège, les Etudiants de Gauche Actifs ont terminé leur tournée des piquets par une action devant les portes de l’ULg. Des membres de la CGSP, des Jeunes FGTB et des étudiants socialistes étaient également présents.
Une de nos équipes à Bruxelles. Photo : Pol.

 

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