Your cart is currently empty!
Category: Distribution
-
Delhaize: Personnel en solde, actionnaires en fête
Luttons pour le maintien des emplois !
Photo : Collectif KrasnyiPour amorcer l’attaque contre le personnel, le management de Delhaize a été ajusté. Quelques tops managers ont dû partir. Le CEO Pierre-Olivier Beckers est parti avec un parachute doré de 7,6 millions d’euros. Frans Muller a été choisi comme big boss parce que, selon le journal financier De Tijd, il est “moins émotif” et de plus, moins impliqué envers le personnel. La même chose s’est passée chez Delhaize-Belgique où Denis Knoops a été placé. L’objectif était clair : bain de sang social avec préméditation.
Article tiré de l’édition d’été de Lutte Socialiste
Non seulement 2.500 emplois sont menacés, dont des centaines dans les 14 magasins menacés de fermeture, mais le personnel restant doit casquer. La direction veut licencier partout et grignoter les salaires et les pauses de ceux qui restent. Moins de collègues, moins de salaire et moins de pauses (deux fois un quart d’heure par jour), voici ce que la direction a à offrir au personnel. Après des années de loyaux services, une grande partie du personnel est jetée au rebut et ceux qui restent sont traités comme des déchets.
La direction pointe les coûts salariaux et les bénéfices en baisse. Ces deux dernières années, il y a eu, pour l’ensemble du groupe, 31 nouveaux magasins pour un total de 852. Ils ont récolté le chiffre d’affaires de 5,071 milliards d’euros, une hausse de 3% par rapport à 2012. Au cours de la même période, les effectifs ont diminué d’1% pour passer à 16.227. Le bénéfice de l’entreprise est passé de 242 millions à 187 millions d’euros. Avec moins de personnel et plus de magasins, le chiffre d’affaires a progressé alors que le bénéfice a été restreint. La chute de la rentabilité a été mise sur le dos du personnel. Un détail : avec les millions qui ont été payés aux top-managers lors de leur départ, la chute du bénéfice d’entreprise aurait pu être fortement moindre. La chute du bénéfice d’entreprise n’a pas empêché Delhaize de refiler un peu plus aux actionnaires: le dividende est passé l’année dernière à 1,56 euro brut par action soit 11% de plus que l’année précédente.
Que veut la direction ? Elle se réfère au personnel “meilleur marché” d’Albert Heijn (voir la réaction d’un délégué chez Albert Heijn) qui, par exemple, ne perçoit pas d’indemnisation pour le travail du dimanche. On plaide aussi pour des magasins franchisés, ce qui ferait que le supermarché est soi-disant indépendant et ne fait que reprendre les produits et logos de Delhaize tout en décidant lui-même du sort du personnel. En divisant le personnel, il est plus difficile de les réunir pour lutter pour de meilleures conditions de salaire et de travail. Diviser pour régner au nom des profits.
Avec cette attaque contre l’emploi et les conditions de salaire et de travail, la direction des chaînes de supermarchés veut construire un secteur à bas salaires. L’engagement de l’ancien directeur de la Poste, Johnny Thijs, comme membre “indépendant” du conseil d’administration de Delhaize indique l’orientation prise, chez Bpost aussi, par exemple, il a été proposé d’engager des livreurs mal payés au lieu des facteurs qui ne gagnent déjà pas grand-chose. Si cela réussit chez Delhaize, les autres chaînes saisiront l’opportunité pour aller encore plus loin. Cora a déjà annoncé que le personnel devra se contenter de moins. Alors que les tops managers s’octroient des millions, ils exigent que nous acceptions une spirale infernale et sans fin vers le bas. La seule manière de stopper ça est de s’y opposer ensemble.
La faute des clients ?
Le fait qu’en temps de crise, les gens doivent surveiller leurs dépenses et font plus facilement les courses dans les supermarchés discount a été utilisé pour placer la responsabilité du bain de sang social que va subir le personnel de Delhaize sur le dos des clients. Tout comme l’argument que le personnel coûte trop cher, la responsabilité est rejetée pour que la soif de profits des actionnaires ne soit pas démasquée.
Il va de soi que les supermarchés ressentent les effets de la crise de ces dernières années et les attaques incessantes de longue date contre le pouvoir d’achat de la majorité de la population. Tout comme dans les périodes de crise précédentes, aujourd’hui aussi, on constate une augmentation des magasins vendant des produits de moindre qualité à bas prix, pensons, par exemple, à la propagation des magasins à 1 euro. Si tel est le cas, cela n’est pas dû à un choix conscient des consommateurs d’acheter des produits de moindre qualité mais à une baisse du niveau de vie.
Avec la spirale constante des salaires vers le bas, le pouvoir d’achat est miné. Avec sa politique d’économie sur le dos du personnel, la direction de Delhaize y contribue. Le diagnostic de la direction est aussi mauvais que le remède.
Peut-on éviter le bain de sang social chez Delhaize ?
La direction et les médias veulent nous faire croire que s’opposer à ce plan ne sert à rien parce cette restructuration est absolument nécessaire. On dit même que faire grève est contre-productif parce cela pousse les clients vers la concurrence et empire encore la position de Delhaize. S’opposer au bain de sang social n’est pas facile. Mais si nous ne faisons rien, la direction ne s’arrêtera pas à cette attaque.
Cela se remarque dans chaque magasin où des actions sont menées ou même à d’autres moments de campagne : le soutien pour le personnel concerné est énorme. Là où les syndicats ont lancé des pétitions, les clients y ont répondu massivement. Il serait utile de mener une campagne d’affichage et une pétition unique dans tous les magasins de Delhaize. Dans ces magasins, le personnel pourrait donner toutes les heures ou toutes les deux heures, des informations via le micro officiel aux caisses et lancer un appel à la solidarité avec le personnel. En consacrant quelques semaines à la construction d’une journée d’action nationale, il est possible de transformer le large mouvement de sympathie en un soutien actif et une implication dans la lutte.
Nous ne devons pas mener la lutte magasin par magasin, il faut une coordination nationale. Pour impliquer un maximum de clients, il peut être utile de maintenir des actions locales, par exemple, dans le cadre d’une journée d’action nationale préparée lors d’une assemblée du personnel et des clients où des mots d’ordre seront pris pour après la journée d’action aussi.
En mettant directement en avant des revendications telles qu’une harmonisation des conditions de travail et de salaire dans l’ensemble du secteur de sorte que les magasins ne puissent pas être mis en concurrence, nous pourrons renforcer l’unité à la base. Sur base d’un mouvement fort chez Delhaize avec le soutien et l’implication des clients, il sera possible d’arriver à d’autres actions telles qu’une grève de 24 heures dans l’ensemble du secteur.
Agissons ensemble pour le maintien des emplois !
– Suspension des plans de la direction : pour le maintien de chaque emploi, pas touche à nos salaires !
– Pour de meilleures conditions salariales et la construction de délégations syndicales dans les magasins franchisés ! Harmonisation vers le haut des conditions de travail et de salaire dans tout le secteur !
– Pour un plan d’action avec une journée d’action nationale et des manifestations mobilisant le personnel et les clients (par exemple, campagne de pétition et d’affichage combinée) précédée d’une assemblée des membres du personnel et des sympathisants en prélude à une grève de 24 heures dans tout le secteur ! -
Pétition : Non à la restructuration chez Delhaize !
Une pétition a été lancée sur le site avaaz.org en solidarité avec les travailleurs de Delhaize, à destination des clients. Nous vous invitons à signer cette pétition ainsi qu’à la diffuser largement autour de vous.“En tant que clientes et clients de votre enseigne, nous refusons d’être servis par des travailleurs mal traités et mal payés pour satisfaire vos actionnaires. Nous désapprouvons la fermeture de 14 magasins et le licenciement de 2.500 travailleuses et travailleurs.” -
Delhaize. Réaction d’un délégué d’Albert Heijn
Quand on parle du projet de restructuration de Delhaize, il est beaucoup question de la chaîne de supermarchés néerlandaise Albert Hein, nouveau concurrent sur le marché flamand. Les deux premiers supermarchés ont été introduits en Belgique en 2011, et l’enseigne prévoit de disposer de 50 supermarchés en Flandre d’ici 2016. Un jeune délégué FGTB d’Albert Heijn a réagi face à l’annonce du massacre social qui menace de frapper ses collègues de Delhaize.
‘‘En tant que délégué à Albert Hein, je suis bien sûr préoccupé par ce qui arrive pour mes collègues de Delhaize : fermetures, licenciements, franchises, flexibilité accrue, réduction salariale,… Pour les employés d’Albert Heijn, entendre que les conditions de travail et de salaire se dégradent chez la concurrence, ce n’est pas une bonne chose. À Albert Heijn, il n’y a pas encore de Convention Collective de Travail car la délégation syndicale n’existe que depuis quelques mois, et il n’y a pas encore eu de concertation avec la direction. Par conséquent, nous n’avons que les minimums légaux, et aucune compensation pour le travail le dimanche par exemple.
‘‘Le quotidien De Tijd affirme qu’Albert Heijn est l’une des causes de l’opération antisociale chez Delhaize, notamment parce que ce sont essentiellement de jeunes travailleurs qui acceptent sans mot dire de travailler le dimanche. Il est vrai que les travailleurs d’Albert Heijn travaillent sous une extrême flexibilité et que c’est sur leurs épaules que l’on a fait porter ce nouveau projet, avec de nombreux sacrifices. Cependant, en tant que délégué, je pense que la ‘‘lune de miel’’ est finie pour de nombreux ‘‘nouveaux’’ magasins et que nombreux sont ceux qui veulent revenir sur cette flexibilité. Maintenant, tout devrait être suffisamment organisé pour cette nouvelle enseigne, et les horaires devraient être connus plus d’une semaine à l’avance !
‘‘Qu’Albert Heijn n’engage que de jeunes travailleurs, ce n’est d’ailleurs pas tout à fait vrai. C’est l’ancienneté qui est basse, et donc également les salaires. L’ancienneté s’accumule au fil des ans, et il devrait y avoir en retour une augmentation de salaire à l’avenir.
‘‘Les employés des autres magasins ne sont pas nos concurrents, mais nos collègues. Une attaque sur leurs salaires et leurs conditions de travail est une attaque contre nos salaires et conditions de travail. Nous ne pouvons pas nous permettre d’accepter cette spirale à la baisse. Si les travailleurs d’une autre entreprise du secteur sont plus flexibles et moins bien payés, ce sera ensuite à notre tour. Nos conditions de travail et de salaire doivent au contraire aller vers le haut !’’
-
Action du personnel de Delhaize au conseil d’entreprise
Ce matin, plusieurs centaines de syndicalistes se sont réunis en front commun devant le siège de Delhaize à Molenbeek, où se tenait un conseil d’entreprise extraordinaire. On pouvait trouver face au bâtiment des employés et des ouvriers, unis derrières le slogan ”nous sommes tous des Delhaiziens”. Sans surprise, la colère était grande face au carnage social annoncé semaine dernière.
Il faut organiser cette colère en un mouvement de lutte unissant personnel et clients pour stopper les pertes d’emplois et partir à l’offensive vers une harmonisation à la hausse de tous les statuts du secteur, en lieu et place de l’actuelle spirale à la baisse des conditions de travail et de salaire dans le secteur de la distribution. La logique patronale s’en prend aux droits du personnel mais aussi des clients, qui peuvent de moins en moins bénéficier d’une bonne prestation de service. Un plan d’action visant à l’implication la plus large possible du personnel et des clients pourrait utiliser le potentiel existant pour construire un rapport de force favorable aux travailleurs. Ainsi, la victoire serait possible.
Ci-dessous, photos de l’action de ce matin, par Geert.
-
Intervention de solidarité devant le Delhaize d’Ixelles
Jeudi, nous sommes allés au piquet tenu par les travailleurs de Delhaize à Ixelles pour montrer notre soutien et faire une interview de l’un d’entre eux . Après discussion avec les employés présents, nous avons décidé d’organiser notre stand mensuel devant le magasin et de récolter, ce samedi, via la pétition du syndicat, des signatures de soutien aux travailleurs menacés par les plans de restructuration.
Par Laure (Bruxelles)
L’accueil a été extrêmement positif. D’une part, nous avons récoltés, en trois heures, plus de 300 signatures de clients solidaires (distribués 200 tracts et vendu plusieurs exemplaires de notre journal ainsi que des badges). D’autres part, nous avons été remerciés à de nombreuses reprises par des travailleurs qui venaient travailler ou avaient la chance de pouvoir prendre une pause.
En effet, un hasard malheureux pour la direction a fait qu’au même moment, une réunion en présence de la Haute Direction se tenait dans le magasin. Le directeur adjoint du magasin (suivi par le directeur), nous a gentiment demandé si nous ne pouvions pas récolter nos signatures sur la place Flagey pour ne pas contrarier ces grands dirigeants. Nous avons évidemment milité de plus belle aux portes du magasin.
Pour les travailleurs à l’intérieur, la pression était optimale de la part de la direction. De nombreux travailleurs n’ont pas pu prendre leur pause de toute la journée, et se faisait rabrouer au moindre ralentissement. La direction était sur les dents, et notre intervention lui a carrément foutu les nerfs.
Les discussions tant avec les clients qu’avec les travailleurs étaient très riches et très stimulantes. La question de la nécessité d’une grève générale contre l’austérité a été soulevée à plusieurs reprises. Beaucoup ont le sentiment que ce qui arrive aujourd’hui aux travailleurs de Delhaize peut arriver à chacun d’entre nous demain, mais surtout que ce n’est qu’une annonce supplémentaire qui vient s’ajouter à la longue liste de licenciements opérés pour maximaliser la soif des actionnaires. Les politiques pro-austérité des partis traditionnels sont sérieusement interrogées dans les discussions : défendre les intérêts capitalistes est-il un système viable, alors qu’à ce bain de sang social s’ajoute des mesures d’exclusion et de dégressivité des allocations de chômage touchant durement la population ?
Ce fut donc une intervention très positive. Nous invitons chacun à réitérer près de chez lui une action de solidarité avec la pétition et le tract du PSL. Les travailleurs, encore sous le choc de l’annonce, ont été très heureux de l’initiative, cela ne peut que leur donner confiance pour les actions futures à mener. La direction, quant à elle, était forcément contrariée de voir cet élan de solidarité, plus préoccupée par son image que par le sort de ses employés.
-
Delhaize. Visite de solidarité au piquet de Herstal
Par Cathy et Olivier V. (Liège)
Une trentaine de personnes, travailleurs et délégués syndicaux de la CNE et du SETCA sont présents ce vendredi 13 juin devant les grilles fermées du Delhaize d’Herstal.
Le ressenti général est d’avoir été bafoués par la Direction de Delhaize : « On l’a appris par les medias, comme vous, et on nous a interdit toute communication à la presse ». Les travailleurs dénoncent que la Direction lance son attaque à la veille des vacances, période de mobilisation difficile pour le personnel et les délégations syndicales ont refusé un agenda de négociations durant les vacances d’été qui ne permettent pas d’informer correctement leur base. « Ils comptent sur l’essoufflement du mouvement avant même que les négociations commencent », explique la représentante de la CNE.
Suite à une initiative spontanée des travailleurs, 13 des 14 magasins susceptibles d’être fermés sont en grève, et ce jusqu’à samedi au moins. Il est possible qu’un nouveau conseil d’entreprise ait lieu mercredi prochain mais aucune information claire n’a encore été donnée par la Direction. « Nous sommes et resterons derrière le personnel, quoi qu’il décide, et transmettrons leur colère lors des négociations. Ca fait 10 travailleurs en moyenne par magasin qui perdront leur emploi et, en tant que déléguée syndicale, je peux aussi perdre le mien ! Nous resterons solidaires ».
Ces actions spontanées des employés ne sont qu’un début, il faut maintenant organiser la résistance du personnel de la distribution, tous magasins confondus. Les attaques qui sont menées aujourd’hui contre les employés de Delhaize sont celles que subiront demain les travailleurs d’autres secteurs. Il nous faut un plan audacieux pour stopper les provocations de la Direction.
Pour un plan d’action avec une manifestation nationale massive qui mobilise personnel et clients conscientisés des conditions de travail imposées, en tant qu’étape vers une grève de 24h de la totalité du secteur de distribution !
« C’est de la base que ça doit partir, des travailleurs, tous secteurs confondus. N’oublions pas que nos acquis sont partis des luttes dans la rue », conclut la représentante des délégués syndicaux.
-
Delhaize. Visite de solidarité au piquet de Flagey
Ce jeudi 12 juin, nous sommes allés à la rencontre des travailleurs du Delhaize Flagey, à Ixelles, en nous rendant à leur piquet de grève. Il n’y avait d’ailleurs pas que des membres du personnel sur place. Il y avait aussi un ancien collègue venu les soutenir, la permanente syndicale qui faisait le tour des magasins, des forces de l’ordre (sans que personne ne sache vraiment la raison de leur présence) et le directeur du magasin qui s’empressait de partir.
Les travailleurs étaient pour beaucoup sous le choc. Le directeur du magasin venait de leur faire un petit discours moralisateur selon lequel il fallait penser à l’entreprise et que la grève faisait perdre à tout le monde beaucoup d’argent. Quel culot !
La colère, le désarroi, l’envie de se battre, la peur de ce qui va se passer demain, étaient autant de ressentis différents qui traversaient le groupe présent.
L’accueil a été en tout cas très chaleureux à notre égard. Et la proposition que nous avons faite d’aller faire signer leur pétition de soutien dans le quartier a été très bien accueillie.
Nous avons recueilli les propos d’Alex, employé depuis 14 ans à Delhaize.Par Laure (Bruxelles), photos de Karim (Bruxelles)
Comment avez-vous appris la nouvelle ?
L’annonce a été prise comme une trahison. Un mois auparavant, ils nous avaient réunis dans notre magasin en nous montrant une belle petite vidéo, pour nous dire qu’il fallait alléger les coûts d’une trentaine de magasins mais qu’en même temps tout allait bien. Pour nous rassurer, il nous même parlé d’engagement !
Et puis, un mois après, on se retrouve avec l’annonce que 14 magasins vont fermer, 2.500 licenciements plausibles, une baisse de salaire annoncée pour tout le monde et on nous dit qu’un gros paquebot qui n’avance pas trop, faut pouvoir le soulager.Qu’est-ce qu’ils entendent par « n’avance pas trop », l’entreprise n’est-elle pas en bénéfice ?
Pas assez pour eux. Depuis la crise de 2008, l’entreprise fait des bénéfices donc on n’est pas soumis à un plan de restructuration ou autre, ils nous parlent dans le vent, c’est des choses qui ne sont pas concrètes.
Les gens étaient contents de travailler chez Delhaize, on a une prime qui est pas énorme, mais c’est déjà quelque chose, on a des chèques repas, on a un treizième mois,… C’est peut-être pas grand-chose, mais pour nous, tous ces petits acquis, ça nous soulage à la fin de l’année.
Et maintenant, on ressent l’insécurité, l’angoisse surtout avec tout ce qui s’est passé ces derniers temps, avec Carrefour, avec ArcelorMittal,… Face à tous ces plans de restructuration, ces licenciements,… les gens se sentent impuissants et ne savent pas comment réagir. L’histoire du bateau, ils l’ont sorti des milliers de fois. Mais je suis désolé, l’entreprise fait des bénéfices.
Y a parfois des gens qui travaillent en couple dans le même magasin. Ils vont se retrouver tous les deux au chômage ! Et ceux qui ont un crédit hypothécaire sur le dos, et ceux qui ont des enfants. Il y a des gens qui sont à la fin de leur carrière, qui sont là depuis plus de 20 ans… C’est inhumain de faire ça. Alors ils nous disent qu’ils ont des plans, qu’ils vont faire ceci ou cela. Mais on y croit plus. On a vu tellement de choses que maintenant on ne croit plus en la direction, on n’a plus confiance.
Donc face à ça, le moyen qu’on a, c’est de faire grève. Si c’est le seul moyen ? Je ne pense pas mais c’est en tout cas le seul que je vois pour qu’on se fasse entendre. Y a personne qui peut aller tout seul devant la haute direction de Delhaize, s’exprimer, montrer son mécontentement,…
Comment vois-tu les mois à venir ?
Delhaize a montré qu’il était visionnaire, et qu’il avait des bonnes idées. Aujourd’hui, avec tout ce qu’ils font, je ne pense pas que les gens reviendront avec le même état d’esprit au boulot. Ça leur a fait un choc. On ne viendra plus avec plaisir mais juste par besoin, parce qu’on a besoin de stabilité, et que si on n’a plus à la fin du mois de quoi se nourrir…
Donc on est là pour l’avenir, pour soutenir les magasins qui ferment, pour les autres aussi, parce qu’on est tous touché par ces 2500 licenciements, tous on va le subir, comme les baisses de salaire.
On est là pour représenter les clients aussi. Parce que l’entreprise a toujours mis beaucoup d’importance aux bons services rendus au client. Mais aujourd’hui, ils nous demandent de donner le meilleur service possible au client avec un minimum de personnel. Et ça n’est plus possible.
Dans le magasin, on est passé de 120 personnes à 85 au total. Si on compte les maladies, les congés, etc. on est plus ou moins 75 au complet. On ressent déjà que la qualité des services n’est pas la même, et ils veulent encore nous retirer du personnel ?! C’est pour ça qu’on se bat aussi.Ça fait 14 ans que je travaille à Delhaize, j’ai vu clairement une dégradation des conditions de travail, et forcément une augmentation de la pression aussi. Par exemple, on nous demande d’être polyvalents. La polyvalence, dans une certaine mesure, c’est très bien. Ça nous permet d’apprendre plein de choses sur le magasin, de ne pas faire toujours la même chose, etc. Mais aujourd’hui, on nous demande d’être surpolyvalent et de passer d’une tache à l’autre sans avoir le temps de le faire correctement. On ne retrouve plus de satisfaction au travail, et ça devient très frustrant quand on aime le travail bien fait.
Donc on va voir. On reste en contact avec ce qui se passe dans les autres magasins mais on attend. On a peu d’informations. Donc, il y a rien de plus pour le moment, mais c’est aussi pour ça qu’on est là aujourd’hui. Pour montrer qu’on est là, qu’on n’est pas d’accord avec le plan, qu’on est solidaire avec nos collègues et avec les autres magasins. Parce que si on n’agit pas, si on ne fait rien, alors c’est porte ouverte. Et si c’est porte ouverte, alors ils se sentent intouchables et ils font ce qu’ils veulent.
-
Delhaize veut asseoir ses profits sur un bain de sang social!
Contre les attaques sur l’emploi et les conditions de travail : RÉSISTANCE !
Le carnage social chez Delhaize a d’abord été annoncé dans les pages du journal économique De Tijd et confirmé ce mercredi 11 juin lors d’un conseil extraordinaire de l’entreprise. Le plan de la direction vise à aller un sérieux cran plus loin que l’opération menée chez Carrefour en 2010. Un vaste plan de restructuration avait été lancé pour fermer 21 magasins, supprimer 1.672 emplois et ensuite ré-ouvrir les sites sous une autre commission paritaire, avec de moins bonnes conditions de travail et de salaire pour le personnel réembauché.
Delhaize vient donc d’annoncer la fermeture de 14 magasins (Aarschot, Berlaar, Termonde, Diest, Dinant, Eupen, Genk, Herstal, Ring de Courtrai, La Louvière, Lommel, Schaerbeek, Tubize, Turnhout) de même qu’un licenciement massif allant bien au-delà des sites menacés. 2.500 emplois sont ainsi en danger, à moins que des indépendants ne désirent reprendre en franchise les sites destinés à être fermés. Mais le personnel engagé de cette manière le serait à de moins bonnes conditions de travail et de salaire.
Delhaize veut parfaire l’attaque avec une offensive sur les salaires, sans jusqu’ici avoir avancé de chiffres concrets. Tout le monde ne sera pas logé à la même enseigne : nous savons bien que de telles mesures s’accompagnent généralement de l’augmentation des primes des top-managers et des dividendes aux actionnaires. En 2013 les dividendes des actions de Delhaize avaient ainsi été accrus de 11 %. Nous connaissons déjà le gel salarial, nous avons déjà expérimenté diverses manières de réduire notre salaire réel, Delhaize veut maintenant directement sabrer dans le tas. Le serpent se mord la queue : réduire les salaires, cela va affecter le secteur de la distribution, y compris Delhaize. Mais aucune considération n’est accordée à ce point. L’entreprise a du reste encore de beaux jours devant elles : comme le dénonce le PTB Delhaize Belgique a engrangé 190 millions d’euros de bénéfices en 2013 tout en connaissant un taux d’imposition réel de… 0,15%. Belle illustration de l’absurdité totale du système capitaliste de concurrence et de course au profit. Enfin, la direction veut se débarrasser de deux pauses rémunérées par jour.
Ce bain de sang social ne tombe pas du ciel, il a été planifié. L’ancien CEO, Pierre-Olivier Beckers, a quitté son poste (avec un parachute doré de… 7,6 millions d’euros !) pour faire place à un nouveau responsable qui, selon le journal De Tijd, n’est pas ‘‘aussi émotionnel’’ que son prédécesseur. D’autres cadres supérieurs ont également récemment cédé leur place à des partisans de la ligne dure. Il a été dit que la procédure de la loi-Renault – avec procédure d’information et de consultation – serait respectée. Mais le lancement de cette séance d’information a visiblement eu lieu avec la rédaction de De Tijd. Quant au personnel, c’est par les médias qu’il a appris que l’emploi était menacé…
Le Conseil d’Administration de Delhaize s’en prend directement à ses 16.227 travailleurs en Belgique. Mais au-delà de ça, il s’agit d’une nouvelle étape dans la spirale générale à la baisse des conditions de travail et de salaire dans le secteur de la distribution. D’autres entreprises du secteur n’hésiteront pas à poursuivre sur la même voie au nom de leur position concurrentielle, et l’exemple servira aussi dans d’autres secteurs.
Contre cette attaque sur l’emploi et les conditions de travail et de salaire du personnel, il faut résister, et unir l’ensemble du personnel de la distribution. Se battre magasin par magasin sera insuffisant : nous avons besoin d’un plan d’action audacieux pour stopper les provocations de la direction. Si cette attaque brutale n’a pas face à elle une réponse adéquate, les choses ne feront que continuer de s’aggraver, bien au-delà de Delhaize.
- Bloquons les projets de la direction : pour le maintien de chaque emploi et des salaires !
- Pour de meilleures conventions collectives de travail et l’implantation de délégations syndicales dans les magasins franchisés ! Harmonisation à la hausse des conditions de travail et de salaire !
- Pour un plan d’action avec une manifestation nationale massive qui mobilise personnel et clients (via une campagne de pétition par exemple), en tant qu’étape vers une grève de 24 heures de la totalité du secteur de la distribution.
-
[PHOTOS] Bruxelles : Grève aux magasins WE
Ce samedi, les travailleurs des magasins WE de la rue Neuve étaient en grève. Ils protestaient contre le licenciement de pas moins de 12 personnes. Un piquet de solidarité été mobilisé et les deux magasins n’ont pas pu ouvrir ce samedi. Les employés, accompagnés des jobistes et de délégués d’autres entreprises, ont montré que les travailleurs ne sont pas prêts à se laisser virer sans rien dire.
Par Karim
La multinationale a vendu l’un de ses deux magasins de la rue Neuve à Bruxelles à la société New Look, qui ouvrira son magasin le 10 janvier. Jusque là, la direction de WE n’avait livré aucune information. Elle avait proposé un "cadeau" aux employés partant volontairement : un mois de salaire pour ceux qui y travaillaient depuis plus de 5 ans et un demi pour les autres. Les travailleurs ont été choqués par la nouvelle et par la méthode employée. La direction n’était même pas prête à assurer le reclassement des employés dans un de ses autres magasins ! Nous reviendrons bientôt sur ces évènements.
-
Dans les magasins Carrefour franchisés, on a soldé les travailleurs
En février, Carrefour-Belgium a annoncé un énième plan d’économies : 21 établissements devaient fermer, et 1.672 travailleurs (et plus encore indirectement) devaient perdre leur emploi. Ce plan a néanmoins rencontré une résistance et Carrefour doit fermer moins de magasins, un certain nombre d’entre eux devant par la suite rouvrir sous forme de franchises.
Par un travailleur de Carrefour
A Gand, le GB de Groene Vallei a été repris par un nouveau propriétaire qui possède également cinq autres magasins. Pour les clients, très peu de choses avaient changé après la fermeture (qui n’avait duré qu’un seul jour), le magasin rouvert avait les mêmes produits dans les mêmes rayons. Mais pour le personnel, c’est une autre histoire…
Les 60 travailleurs, principalement des salariés plus âgés qui travaillaient à temps partiel, ont été remplacés par une main-d’œuvre plus jeune constituée de 30 temps pleins. Autre changement, les délégués et la structure syndicale ont disparu, ce qui rend difficile de résister aux différentes attaques contre les conditions de travail. Et quel jeune travailleur voudrait mettre en péril un emploi à temps plein en cette période de chômage de masse ?
Le personnel de ces “nouveaux” GB a dégringolé sous la Commission Paritaire 201, destinée aux magasins de vente au détail tenus par des indépendants, ce qui signifie un pas en arrière pour les conditions de travail et les salaires, alors que les salaires pratiqués chez Carrefour et dans le secteur étaient déjà très faibles en général. D’autre part, il est maintenant possible d’étendre la durée du temps de travail à 38h par semaine, qui peuvent être prestées sur six jours, alors qu’avant il s’agissait de 35 heures par semaine sur cinq jours. Travailler le dimanche était aussi plus sévèrement restreint. Les horaires sont dorénavant connus une semaine à l’avance seulement, contre trois semaines sous l’ancienne Commission Paritaire.
Les travailleurs doivent être plus flexibles, sans contrepartie salariale. Pour eux, il n’y a plus de véritable week-end avec une semaine de travail de 6 jours et le travail le dimanche. Quant à la pression au travail, elle a été accrue car il y a moins de personnel, avec des conséquences tant physiques que psychologiques.
Avec ces magasins franchisés, on a pu entendre que les emplois avaient ainsi pu être ‘‘sauvés’’, mais si ces emplois sont bel et bien maintenus, c’est avec une forte diminution salariale et de pires conditions de travail.