Category: Distribution

  • Arrestation violente d’un étudiant lors d’une manifestation syndicale en soutien aux travailleurs de Delhaize

    Communiqué signé par : Union Syndicale Étudiante (USE), CNE Commerce, CGSP ALR Bruxelles, FGTB Bruxelles, FGTB Wallonne, Jeunes CSC Bruxelles, Gauches Anticapitaliste, Parti Socialiste de Lutte (PSL)

    Après une quarantaine de jours de grève chez Delhaize et en vue des négociations dans le secteur du commerce de détail, les syndicats ont organisé une action devant le SPF emploi rassemblant plus de 2500 travailleur-ses pour s’opposer au dumping social entre les travailleur-ses des magasins intégrés et celles et ceux des magasins franchisés.

    A la fin du rassemblement, les travailleur-ses, sont partis en manifestation spontanée vers les bureaux de la Fédération des Entreprises de Belgique (FEB). Là-bas, la police protégeait le patronat belge et attaquait les travailleur-ses à coup de gaz au poivre, de matraques et de boucliers.

    Après la manifestation, alors qu’une majorité des participant-es étaient déjà partis, et que les dernier-es étaient sur le départ, la police a attaqué, sans prévenir et pour aucune raison apparente, plusieurs manifestant-es qui rentraient chez eux. Deux d’entre eux, un militant de l’Union Syndicale Étudiante et des Jeunes FGTB et un militant des Jeunes Anticapitalistes, ont été plaqués à terre et violemment arrêtés. L’un d’eux est encore en arrestation judiciaire et accusé d’avoir frappé un policier. Selon les images diffusées dans les médias et les informations que nous avons, cela est totalement faux.

    Ce n’est pas la première fois que l’Etat – à travers la police ou la justice – réprime l’action syndicale ; et les violences policières et antisyndicales contre le mouvement social deviennent une réalité courante. Rien que ces dernières semaines, la direction de Delhaize a fait appel de nombreuses fois à la police et aux huissiers pour briser les piquets de grève et les blocages. Ce climat de répression et de criminalisation des mouvements sociaux est tout à fait interpellant. Nous ne pouvons tolérer de tels agissements alors que les travailleur-ses luttent contre la dégradation de leurs conditions de travail.


    Nous demandons la libération immédiate du dernier camarade arrêté et l’annulation des poursuites à son encontre.


    Contact presse: Matthis D. (USE): +32494642845 ou info@use.be

  • Delhaize : si ça passe là, c’est tout le secteur qui suivra

    Non à la spirale infernale !

    Malgré un bénéfice record de 2,5 milliards d’euros, Ahold Delhaize – qui ferait mieux de s’appeler Holdup-Delhaize – s’attaque à ses travailleurs et travailleuses pour encore augmenter ses profits d’un milliard d’euros. Par le biais de la franchisation, Delhaize veut se débarrasser de 9.000 employés. Cela représente 13% des 70.000 personnes employées dans la distribution alimentaire.

    Par Wouter (Gand), article tiré de l’édition d’avril de Lutte Socialiste

    Le prétexte est de gagner plus rapidement une meilleure part de marché. Le résultat escompté n’est pas du tout certain: 25 % des magasins franchisés sont aujourd’hui en difficulté. Il y a tout simplement trop de concurrence entre magasins en Belgique. L’an dernier, 75 supermarchés ont été créés.

    Ces chaînes négligent les salaires de leurs travailleurs pour se battre contre leurs concurrents. La croissance de l’une se fait au détriment d’une autre. C’est très clairement néfaste au personnel mais ceux qui osent dire que c’est à l’avantage des clients ne sont certainement pas allés faire des courses par eux-mêmes depuis longtemps. En un an, le prix d’un caddie de supermarché a augmenté de près de 20%.

    Conditions de travail et de salaire plombées

    L’arrivée récente des magasins Albert Heijn et Jumbo a accéléré la course vers le bas. Ces chaînes ne paient par exemple aucune prime pour le travail du dimanche. Cela fait pression sur les autres chaînes. Makro a déjà fait faillite. Ailleurs, les conditions de travail et les salaires sont sous pression. Si les plans de Delhaize et d’Intermarché passent, la seule question sera de savoir qui sera le suivant.

    Les magasins franchisés exercent une pression sur les conditions de travail et les salaires parce qu’ils relèvent d’une sous-commission différente. Bien sûr, il existe des magasins franchisés où les conditions sont acceptables, mais les conditions de base sont bien pires: des grilles salariales jusqu’à 25 % inférieures, pas de compensation obligatoire pour les trajets domicile-travail, pas de salaire supplémentaire le dimanche et les jours fériés, pas de chèques-repas… Les syndicats n’auraient jamais dû accepter la création d’une sous-commission pour les magasins franchisés en 1999. Le combat d’aujourd’hui est compliqué par la défaite d’alors.

    Les 25 dernières années ont été marquées par une vague de franchisations. On présente les franchises comme de petits opérateurs indépendants, mais c’est souvent loin d’être le cas. Sur les 50 magasins franchisés Albert Heijn, 35 sont exploités par de grandes entreprises. Peeters-Govers, par exemple, exploite 14 magasins de ce type. Non, il ne s’agit pas d’un ancrage local. Il s’agit d’une attaque orchestrée contre les conditions de travail !

    Chez Albert Heijn, les « frais de personnel » sont moins élevés. Comment est-ce possible ? Koen Roosen, secrétaire de la CSC, expliquait dans Het Nieuwsblad : « Ils paient le minimum. Ils ne donnent pas d’extras. Les travailleurs ne sont là que depuis une dizaine d’années, ils ont donc beaucoup moins d’ancienneté. Ils travaillent beaucoup avec des intérimaires, des étudiants et des contrats à temps partiel. 30 % de leurs employés sont des intérimaires. Dans les magasins des autres chaînes, ce n’est guère le cas. La politique salariale d’Albert Heijn entraîne un taux de rotation élevé, mais ils n’en ont rien à faire. Dans certains magasins, la terreur règne, personne n’ose bouger. »

    D’une manière générale une politique est consciemment mise en œuvre pour créer une société où au moins deux emplois sont nécessaires pour tenir le coup. C’est déjà le cas aujourd’hui avec la prolifération des emplois flexibles. De nombreux travailleurs d’autres secteurs à bas salaires acceptent un emploi flexible dans la distribution. Il en va de même pour les étudiants obligés de travailler pour payer leurs études. Dans certains supermarchés néerlandais, il n’y a pratiquement plus que des étudiants qui travaillent, y compris des jeunes de 16 ans qui gagnent à peine 6 euros de l’heure. Bref, la porte est ouverte pour augmenter radicalement le nombre de travailleurs pauvres et aboutir à une société où un seul emploi ne suffit plus.

    Le secteur de la distribution est connu depuis longtemps pour ses bas salaires. Les travailleurs du secteur étaient en première ligne pendant la pandémie et reconnus comme essentiels. Aujourd’hui, ils sont bradés. Le contraste est saisissant avec ce que les émoluments que la direction s’accorde. Le PDG d’Ahold-Delhaize a vu sa rémunération annuelle passer à 6,5 millions d’euros. Les propriétaires d’Aldi et de Lidl figurent parmi les dix Européens les plus riches.

    Cette bataille nous concerne tous et toutes

    Si le personnel de Delhaize perd ce combat, d’autres suivront. Pourquoi Colruyt, Aldi ou Lidl devraient-ils continuer à payer des salaires plus élevés ou rester fermés le dimanche ? Une fois cette nouvelle norme établie, d’autres secteurs suivront. Si un secteur peut imposer une flexibilité maximale, pourquoi s’en priver ailleurs ? La bataille chez Delhaize concerne tout le monde.

    Par le biais de la franchisation, les syndicats sont écartés car chaque magasin est censé être une entreprise distincte. Bien entendu, ce n’est pas le cas : toutes les décisions importantes sont prises à un niveau supérieur dans une structure unique. L’élimination des syndicats est un tremplin vers la dégradation des conditions de travail. Avec les syndicats les travailleurs sont plus forts ensemble. Diviser pour régner et faire plus de profit, telle est la politique des patrons.

    Les critiques de droite au Parlement et dans les médias prétendent que la position « rigide » des syndicats empêcherait la flexibilité nécessaire dans un marché en mutation. Si le secteur connaît des problèmes, ce n’est pas à cause du personnel, mais à cause d’une concurrence impitoyable motivée par la soif de profit. Ce ne sont pas les syndicats, mais les actionnaires qui posent problème. Ahold-Delhaize a annoncé fin novembre qu’elle offrait un milliard d’euros à ses actionnaires par le biais de rachats d’actions. Cette annonce a été suivie quelques mois plus tard par l’annonce d’une réduction d’un milliard d’euros des effectifs.

    Le personnel en place est censé conserver ses conditions actuelles lors de la transition vers une franchise. Bien sûr, ce n’est que temporaire : les nouveaux employés auront de moins bonnes conditions et les anciens seront chassés. Les conséquences de la franchisation sont apparues clairement lors d’une inspection d’un AD Delhaize situé boulevard Anspach à Bruxelles. Huit des 20 employés contrôlés n’étaient même pas déclarés ! La police a mis le magasin sous scellés, mais la direction a brisé les scellés, ce qui a obligé la police à revenir à nouveau sur les lieux. Comment la protection sociale sera-t-elle respectée dans de telles conditions ?

    Comment gagner ?

    Il n’est évidemment pas question de cesser le combat. Poser des conditions à la franchise ne nous aide pas non plus, c’est en accepter le principe. Nous devons mener le combat ensemble. Il existe une grande solidarité au sein du personnel de Delhaize, mais aussi dans le reste du secteur et au sein de la population en général.

    La direction s’est préparée à cette bataille. Nous ne pouvons pas laisser le personnel de Delhaize se battre seul, magasin par magasin. Une attaque contre eux est une attaque contre nous tous. Il y a eu des grèves spontanées, des actions au conseil d’entreprise et des blocages d’entrepôts. Il y a eu une manifestation commune avec les collègues d’Intermarché. Il s’agit d’un bon premier pas sur lequel on peut s’appuyer pour aller plus loin.

    De grands piquets de grève pourraient être formés autour des magasins dans chaque ville le samedi, en appelant les clients, les voisins et les travailleurs d’autres secteurs à se joindre à eux. Ces actions locales peuvent servir de point de départ à des manifestations régionales. La solidarité et la mobilisation de tous les secteurs sont nécessaires pour que ces actions soient couronnées de succès.

    Ces actions peuvent faire l’objet d’une mobilisation au moyen de pétitions, de tracts et de banderoles dans chaque magasin. Des affiches de solidarité peuvent être distribuées. Nous pouvons collecter des fonds pour les grévistes. Les 128 magasins peuvent devenir un centre de résistance autour duquel s’organise la solidarité.

    Cela peut déboucher sur des manifestations régionales et nationales réunissant des dizaines de milliers de personnes, ce qui en ferait une lutte de toute la société. Transformer la solidarité en une lutte active couperait l’herbe sous le pied de la propagande des politiciens traditionnels et des médias à leur solde. Si Delhaize ne cède pas, nous devrons prendre la chaîne en main pour sauver les emplois. Cela signifierait prendre collectivement le contrôle et la direction des mains des actionnaires qui ont déjà suffisamment profité de la situation. Cela ouvrirait également la porte à une planification démocratique à partir des besoins du personnel et des clients. 

    Motions de solidarité avec la lutte chez Delhaize

    La lutte chez Delhaize concerne tout le monde. Certaines délégations syndicales ont adopté des motions de solidarité, un bon exemple que nous invitons à suivre ! En voici quelques exemples.

    FGTB Audi-Bruxelles : « En prenant la décision de franchiser tous ses magasins, il est évident que Delhaize veut se débarrasser de ses obligations d’employeur tout en gardant les avantages financiers de ceux-ci. Son intention est aussi d’affaiblir au maximum la défense syndicale que vous avez. Votre combat est juste ! En vous battant vous menez un combat qui va bien au-delà de vos magasins. Nous sommes attentifs à toutes les demandes de soutien qui pourraient nous parvenir et auxquelles nous répondrons présents. »

    CGSP-ALR (Administrations locales et régionales) Bruxelles : « Nos collègues des supermarchés ont été en première ligne pendant la pandémie à l’instar des soignants et d’autres catégories professionnelles. Voilà la manière dont la direction de Delhaize a décidé de les remercier. Il est très loin le temps des applaudissements ! (…) Alors que nos conditions de travail et salariales ne font que se dégrader, si la direction de Delhaize arrive à imposer son plan, ce sont d’autres enseignes et ensuite d’autres secteurs qui seront les victimes de la voracité des grandes entreprises. La CGSP ALR Bruxelles s’engage donc à informer, sensibiliser et mobiliser en solidarité avec les travailleur.euse.s de Delhaize. Tenez bon les camarades, nous sommes à vos côtés !»

    Participez à nos journées de discussion “Socialisme 2023” !

    https://fr.socialisme.be/94888/le-capitalisme-plonge-de-crise-en-crise-revolte-e-viens-redecouvrir-marx-et-le-socialisme-revolutionnaire
  • Nous sommes tous des Delhaiziens! Aucun travailleur soldé! Luttons tous ensemble!

    La communication publicitaire de tous les supermarchés repose sur leurs prétendues préoccupations vis-à-vis du pouvoir d’achat. Cela ne s’applique visiblement pas à leur personnel. Delhaize veut « franchiser » ses 128 magasins, ce qui concerne plus de 9.000 travailleurs. La mesure s’imposerait afin d’assurer un « avenir durable »… Pour les actionnaires, peut-être bien ! Mais l’avenir déjà incertain du personnel s’est brutalement assombri plus fortement encore.

    Par un représentant syndical dans un supermarché, article tiré de l’édition d’avril de Lutte Socialiste. N’hésitez pas à prendre un abonnement !

    L’offensive lancée chez Delhaize ne s’arrêtera pas à ses portes. Récemment, le groupe Mestdagh a annoncé qu’il vendait 51 Carrefours employant 2.000 personnes à Intermarché, qui souhaite également les transformer en franchises. Si Delhaize ou Intermarché parviennent à leurs fins, c’est l’ensemble du secteur qui connaîtra une pression à la baisse accrue sur les salaires et les conditions de travail.

    Ce secteur est déjà caractérisé par une extrême flexibilité, le travail à temps partiel et les bas salaires. Même quand on travaille à temps plein, on n’atteint souvent pas les 2.300 euros bruts par mois ! Soyons clairs : cette attaque en règle des droits des travailleurs ne concerne pas que le secteur de la distribution. D’autres patrons sont impatients d’utiliser le précédent pour étendre au maximum la flexibilité, les bas salaires et l’absence de représentation syndicale.

    L’enjeu de ce qui se passe chez Delhaize est de savoir quel marché du travail va devenir dominant. Nous dirigeons-nous vers le modèle américain du travailleur pauvre, où deux voire trois emplois flexibles mal payés sont nécessaires pour garder la tête hors de l’eau ? Ou alors allons-nous défendre des emplois décents et des salaires décents ? Le débat sur cette question n’est pas neuf, les capitalistes n’ont pas été avares d’escarmouches.

    Faire de chaque magasin un quartier général pour organiser la lutte

    Notre classe sociale, la classe travailleuse, doit riposter à la hauteur de l’agression. Le personnel de Delhaize a spontanément fait preuve d’une grande combativité. L’opinion publique le soutient largement. Selon un sondage réalisé par Het Laatste Nieuws, 70 % des personnes interrogées soutiennent les grévistes. Les piquets de grève ont bénéficié d’une grande solidarité. Ne laissons pas le personnel de Delhaize mener seul cette bataille ! Il nous faut un plan d’action pour organiser et étendre la lutte à l’ensemble du secteur de la distribution et au-delà.

    Repousser l’agression patronale exige d’organiser sérieusement notre colère. Celui qui tente s’en prend à l’un d’entre nous s’en prend à nous tous ! Réagissons ensemble, voilà où réside notre force ! Utilisons nos lieux de travail pour organiser la lutte, impliquer nos collègues et nos clients et transformer le large soutien existant en actions d’envergure. Des banderoles peuvent être accrochées aux magasins, des pétitions peuvent circuler dans les magasins, des piquets de grève réguliers peuvent mobiliser vers des actions de protestations, y compris des manifestations locales et nationales.

    1 milliard d’euros de plus pour les actionnaires, 1 milliard d’euros d’économies sur le personnel

    Delhaize ne manque pas d’air. L’entreprise est rentable sur le marché belge et Ahold-Delhaize a enregistré l’année dernière un bénéfice international record de 2,5 milliards d’euros. Le PDG a immédiatement été augmenté à un salaire annuel de 6,5 millions d’euros, soit plus de 2 000 euros de l’heure ! Lors de l’annonce du bénéfice record, Ahold-Delhaize a annoncé qu’elle allait racheter ses propres actions à hauteur d’1 milliard d’euros. Il s’agit d’un cadeau supplémentaire pour les actionnaires. Le groupe prévoit maintenant d’économiser 1 milliard d’euros à cet effet, ce dans quoi cadre l’attaque contre le personnel.

    Les actionnaires et PDG de ce monde n’en ont jamais assez. Et tant pis s’ils doivent briser les perspectives déjà fragiles de milliers de travailleurs. Ce sont eux les véritables voleurs à la tire, au détriment du prix de nos caddies et du personnel.

    Le capitalisme n’a rien à offrir au personnel de Delhaize, d’Intermarché et du reste du secteur du commerce de détail en Belgique et dans le monde, si ce n’est davantage de charge de travail et de misère. Il ne s’agit de rien d’autre que d’une guerre de classe dans laquelle nous devons riposter avec tous les travailleurs pour stopper et même inverser cette spirale infernale.

    Ce système nous oblige à nous battre encore et encore pour chaque conquête sociale passée : la semaine des cinq jours, la majoration salariale pour le travail du dimanche ou la représentation syndicale sur le lieu de travail sont à nouveau remises en question. Pourquoi s’arrêter à la simple défense de nos droits ? Nous ferions mieux de nous débarrasser d’un coup de ce système complètement pourri où le profit règne en maître, pour le remplacer par un système où la satisfaction de nos besoins sera centrale.

  • Delhaize. Le plan de la direction ? A la poubelle !

    Personnel de Delhaize attaqué : nous sommes tous touchés !

    Ils n’en ont jamais assez ! En dépit d’un bénéfice record de 2,5 milliards d’euros, Ahold Delhaize – ou plutôt Holdup-Delhaize – lance une offensive contre les travailleurs pour augmenter ses profits d’1 milliard d’euros. Avec la mise sous franchise, Delhaize se sépare de plus de 9000 travailleurs : 13% de l’ensemble du personnel de la distribution alimentaire ! Inacceptable ! Avec deux semaines de grève, le personnel de Delhaize a démontré sa détermination pour se battre. Ne laissons pas le champ libre à la direction ! Mais son attitude exprime qu’elle ne cèdera pas facilement. Son plan implique une spirale infernale pour les conditions de travail et les salaires de tout le secteur. Beaucoup d’autres plans suivront après celui-ci. Soutenons tous ensemble les travailleurs de Delhaize et amplifions la résistance dès maintenant !

    Stop à la mise sous franchise !

    Le prétexte de la direction est de gagner plus rapidement une meilleure part de marché. C’est toutefois très incertain : 25 % des magasins franchisés sont en difficultés. Il y a tout simplement trop de concurrence entre magasins en Belgique. Une chaîne progresse au détriment d’une autre, avec des conséquences négatives pour le personnel et les clients. Il faut sortir de cette logique.

    Que signifie de passer sous franchise ? Des salaires plus bas. Moins de personnel pour une charge de travail accrue. Moins de primes pour le travail du week-end. Pas de contrats à durée indéterminée et/ou à temps plein. Des horaires variables. Des ouvertures plus fréquentes le dimanche. L’utilisation de flexijobs. Etc. Qui va accepter ça ? La direction veut repousser le personnel dans une plus mauvaise commission paritaire afin de se débarrasser définitivement des conquêtes sociales passées et des syndicats. La distribution est pourtant déjà un secteur à bas salaires. Les travailleurs qui ont continué à travailler en 1ère ligne pendant la pandémie sont aujourd’hui sacrifiés sur l’autel du profit.

    Tout le monde est concerné !

    Cette offensive représente une attaque contre l’ensemble du mouvement ouvrier. Si la mise sous franchise est victorieuse, les syndicats seront mis sur la touche et cette forme de travail flexible et précaire deviendra la nouvelle norme. Il y a donc une volonté délibérée d’évoluer vers une société où au moins deux emplois sont nécessaires pour survivre. L’augmentation des flexijobs nous a déjà engagés sur cette voie.

    En raison des mauvaises conditions de travail et du coût élevé de la vie, nombre de travailleurs issus d’autres secteurs à bas salaires acceptent un autre emploi flexible dans la distribution. Pareil pour les étudiants qui veulent payer leurs études. Bref, la porte est ouverte pour changer radicalement la société : on parle bien de travailleurs pauvres et d’une société où un seul emploi ne suffit plus !

    Si cela réussit chez Delhaize, pourquoi Colruyt, Aldi ou Lidl devraient-ils encore payer des salaires plus élevés ou rester fermés le dimanche ? Une fois cette nouvelle norme établie, d’autres secteurs suivront. Si un secteur peut abuser de la flexibilité et des bas salaires, pourquoi pas les autres ? C’est maintenant que nous devons construire le rapport de force capable d’arrêter la direction de Delhaize. Développons davantage la solidarité pour faire front commun contre les capitalistes !

    Chaque magasin Delhaize comme base de mobilisation pour des manifs régionales !

    Des blocage de dépôts sont utiles, mais faudra bien plus pour gagner. Dans chaque ville, l’organisation de piquets massif autour d’un Delhaize le samedi – avec appel à rejoindre lancé aux clients, aux voisins et aux travailleurs d’autres secteurs – peut servir de première action locale en vue d’une manifestation régionale dans toutes les villes. La solidarité et la mobilisation de tous les secteurs est nécessaire pour en faire un succès.

    Les grèves se poursuivent dans nombre de magasins. Le soutien des clients et de l’opinion publique est acquis. Ne gaspillons pas ça en donnant l’impression que le conflit est déjà réglé dans les magasins qui ont réouvert. Nous pourrions utiliser la pétition et distribuer des tracts avec cet appel à chaque caisse et au piquet de grève, ainsi que demander un soutien financier pour constituer une caisse de grève. Les 128 magasins peuvent devenir des quartiers généraux de la résistance autour desquels organiser la solidarité.

    Les premières manifestations régionales devront s’inscrire dans la perspective d’un plan d’action crescendo, en escalade, pour obtenir le retrait du plan de la direction. Si celle-ci s’entête, nous devons mettre sur la table la nationalisation de Delhaize pour sauver l’emploi et les conditions de travail. Reprenons collectivement le contrôle et la gestion des magasins et mettons à la porte les actionnaires qui s’en sont suffisamment mis plein les poches.

    Rejoignez le PSL !

    Le Parti Socialiste de Lutte (Linkse Socialistische Partij en Flandre) est un parti national qui organise travailleurs, jeunes et féministes pour renverser le capitalisme et changer de société. Le capitalisme repose sur notre exploitation accrue par les entreprises afin de maximiser leurs profits et leur pouvoir sur le marché. Si elles ne suivent pas cette logique, la concurrence des autres les mettra à mort. En finir avec la dictature des marchés est une absolue priorité ! Nous défendons la nationalisation des secteurs clés de l’économie (finance, énergie, industrie pharmaceutique, distribution et production alimentaire, etc.) afin de parvenir à une société socialiste démocratique où la barbarie des marchés sera remplacée par une économie rationnelle planifiée démocratiquement pour répondre aux besoins de la collectivité tout en respectant la planète. Cette lutte est par nature internationale, c’est pourquoi nous sommes organisés sur tous les continents à travers un parti mondial : Alternative Socialiste Internationale (ASI).

    Contactez-nous : info@socialisme.be ou 0472436075 (Michael)

    Campagne ROSA : pour l’unité dans la lutte !

    La Campagne ROSA (Résistance contre l’Oppression le sexisme et l’austérité) soutient la grève chez Delhaize : c’est un combat féministe. Le secteur de la distribution emploie de nombreuses femmes. Les bas salaires et le travail flexible se combinent souvent au travail non rémunéré à la maison. L’écart salarial et d’autres formes d’oppression économique assurent que les femmes sont davantage victimes de violence. Elles sont plus susceptibles d’être victimes d’une position de dépendance financière. Le combat féministe est une lutte sociale qui concerne des salaires décents, de bonnes conditions de travail et des services publics de qualité ! La Campagne ROSA veut renforcer la lutte du mouvement syndical contre toutes les formes d’oppression, car en divisant la classe travailleuse, on facilite l’exploitation capitaliste.

    Socialisme 2023

    Participez à la commission « L’attaque contre le personnel de Delhaize ? Une attaque contre nous tou.te.s ! » avec Thomas Baeyens, délégué SETCA chez Albert Heijn, le 15 avril à11h. A l’occasion des journées « Socialisme 2023 » du PSL/LSP les 14 et 15 avril au Pianofabriek, 35 rue du Fort 1060 Bruxelles.

    https://fr.socialisme.be/94888/le-capitalisme-plonge-de-crise-en-crise-revolte-e-viens-redecouvrir-marx-et-le-socialisme-revolutionnaire
  • [Motion de solidarité] Delhaize : l’ensemble du monde du travail doit être solidaire !

    Il y a quelques jours, à la veille de la journée internationale de lutte pour les droits des femmes, la direction du groupe Delhaize a annoncé un plan qui vise à franchiser les 128 magasins du groupe en Belgique. Les plus de 8.000 collègues de Delhaize sont sous le choc de cette annonce qui va frapper tout d’abord très durement les travailleur.euse.s de l’enseigne.  

    Par la CGSP-ALR Bruxelles

    Les arguments utilisés par la Direction et certains éditorialistes sont très clairs : la franchise sera plus rentable. Avec l’objectif assumé de se débarrasser du carcan des conquis sociaux des dernières décennies, il est évident que l’aggravation des conditions de travail et de salaire ne profitera qu’à certains, les actionnaires du groupe. Cette décision est d’autant plus honteuse alors que le groupe a versé en 2021 plus de 47 millions de dividendes à ses actionnaires.

    Nos collègues des supermarchés ont été en première ligne pendant la pandémie à l’instar des soignants et d’autres catégories professionnelles. Voilà la manière dont la direction de Delhaize a décidé de les remercier. Il est très loin le temps des applaudissements !

    Les travailleur.euse.s et leurs organisations syndicales ont fait savoir qu’ils ne se laisseraient pas faire. Le lendemain de l’annonce, ce ne sont pas moins de 100 magasins qui étaient en grève partout dans le pays.

    Un plan d’action est en discussion et par cette motion, la CGSP ALR Bruxelles adresse sa plus sincère solidarité à tous les collègues du groupe Delhaize. Ce combat ne doit pas rester le seul combat des travailleurs du groupe Delhaize. Alors que nos conditions de travail et salariales ne font que se dégrader, si la direction de Delhaize arrive à imposer son plan, ce sont d’autres enseignes et ensuite d’autres secteurs qui seront les victimes de la voracité des grandes entreprises.

    La CGSP ALR Bruxelles s’engage donc à informer, sensibiliser et mobiliser en solidarité avec les travailleur.euse.s de Delhaize. Tenez bon les camarades, nous sommes à vos côtés !

    Bruxelles, le 14.03.2023

    Nous vous invitons par ailleurs à consulter le reportage-photos du Collectif Krasnyi “DELHAIZE : EN TOUTE FRANCHISE, NON MERCI !” concernant le rassemblement syndical qui a eu lieu hier au siège sociale de l’entreprise.

  • L’attaque contre le personnel de Delhaize est une attaque contre nous tous !

    Les bas salaires, l’absence de contrats à temps plein, les changements d’horaires,… et un bénéfice record de 2,5 milliards d’euros ne suffisent apparemment pas à la direction d’Ahold-Delhaize. Les 128 magasins Delhaize seront franchisés. L’idée serait ainsi d’économiser 1 milliard d’euros. De cette manière, tous les travailleurs connaitront d’encore pires condition de travail : travail le dimanche moins rémunéré et plus fréquent, salaires encore plus bas et moins de personnel permanent et flexible. On ferait mieux de parler d’Holdup-Delhaize au lieu d’Ahold-Delhaize !

    Par un délégué du secteur

    De la grève spontanée à la fermeture de tous les magasins

    Le 7 mars, lorsque la terrible nouvelle est tombée, les travailleurs de Delhaize ont entamé une grève spontanée, magasin après magasin. Plus de 100 magasins ont également complètement fermé leurs portes le 8 mars, journée internationale de lutte pour les droits des femmes. Cela a une fois de plus démontré à quel point ce combat reste nécessaire. Ce n’est pas un hasard si de nombreuses femmes et d’autres personnes opprimées travaillent dans ce secteur. C’est une part de l’explication derrière l’écart salarial et la précarité de leur situation.

    L’inflation se répercute intégralement sur les prix, elle ne peut pas constituer une excuse pour économiser. En décembre, par exemple, il s’agissait d’une augmentation de prix de 19,67 % par rapport à l’année précédente, calculée sur la base de 3.000 produits dans sept chaînes de supermarchés.

    La direction explique : « Bien que tous les employés puissent participer au changement, nous comprenons que les émotions peuvent être vives. » Quelle question ! Qui voudrait volontairement passer à une situation d’incertitude sans présence syndicale ?

    Il faut la solidarité des travailleurs de tous les secteurs !

    C’est ainsi que sont traités les travailleurs des secteurs essentiels qui étaient en première ligne durant les pires heures de la pandémie. Dans l’édition du 7 mars du quotidien néerlandophone De Standaard, l’un des travailleurs s’exprimait ainsi : « Des files d’attente de plusieurs centaines de mètres de clients, qui dépassaient plusieurs coins de rue. A ce moment-là, facilement 300.000 euros de chiffre d’affaires étaient réalisés par jour. Où est passé cet argent ? Chez les actionnaires, bien sûr. Dans les moments difficiles, c’est le petit qui est le premier touché. »

    La situation est connue directement ou indirectement dans tous les secteurs. Ce qui se passe chez Delhaize sera mis à profit pour porter atteinte aux conditions de travail dans d’autres secteurs. Les patrons y verront également un moyen d’éliminer les syndicats sur les lieux de travail. La défense du personnel de Delhaize concerne tous les travailleurs, tous secteurs confondus ! Une attaque contre leurs conditions de travail, c’est une attaque portée contre nos conditions de travail à toutes et tous !

    Le marché et sa spirale infernale

    L’arrivée en Belgique des supermarchés Albert Heijn et maintenant Jumbo, qui jusqu’à présent ne paient pas de salaire supplémentaire pour le travail du dimanche, a déclenché une spirale infernale en termes de conditions de travail. Ils ont mis la pression sur les autres entreprises pour qu’elles maintiennent leur part de marché. Si des chaînes comme Delhaize veulent encore économise sur les conditions de travail et le personnel, cela ne tomba pas du ciel.

    L’année dernière, 75 grands magasins ont été créés en Belgique. Ces investissements ne sont pas réalisés parce qu’il y a trop peu de magasins, mais pour en détruire d’autres. Au lieu de payer des salaires décents à leur personnel, les supermarchés préfèrent investir dans la disparition de leurs concurrents. Voilà ce que nous offre le capitalisme : plus de misère et surtout pas de progrès. Le marché ne fonctionne pas, c’est désormais clair pour la plupart des gens. Surtout quand on sait que le PDG d’Ahold-Delhaize a encore augmenté son propre salaire annuel à 6,5 millions d’euros. Les propriétaires d’Aldi et de Lidl figurent même parmi les dix Européens les plus riches.

    Nationalisation du secteur de la distribution !

    Tant que le marché subsistera, les entreprises augmenteront leur exploitation pour maximiser leurs profits et leur position sur le marché. Si elles ne le font pas, elles seront détruites par la concurrence des autres. Nous ne pouvons plus accepter que le marché continue d’exister. Il n’existe pas de marché modéré. Les mêmes mécanismes reviennent toujours pour nous faire payer la facture.

    C’est pourquoi nous défendons la planification de l’économie, pour qu’il y ait un magasin près de chez soi pour chacun, où trouver des produits de qualité à un prix abordable. Il ne serait ainsi pas nécessaire de se rendre dans 7 magasins différents pour trouver les meilleurs produits aux meilleurs prix.

    Cependant, les prix abordables dépendent aussi des producteurs. Une étude de Greenpeace a révélé que 20 grandes entreprises alimentaires ont versé 53,5 milliards de dollars à leurs actionnaires rien qu’en 2020 et 2021. Elles ont profité de la crise du covid et de la guerre. Il est crucial de nationaliser sous contrôle et gestion démocratiques des travailleurs à la fois la production et la distribution. Grâce au contrôle des travailleurs de ce secteur, des syndicats et de la société, la production et la distribution pourraient garantir une vie décente et de bonnes conditions de travail.

  • Grève contre les cadences de travail intenables – La direction de Lidl doit lâcher du lest

    « Il y a trop peu de bras pour tout le travail. » Voilà comment un travailleur de Lidl résumait la situation au piquet de grève installé devant le magasin de Grammont. Au Lidl de Deurne Zuid, nous avons interviewé Dylan, délégué BBTK/SETCa, qui déclarait : « Le malaise n’a jamais été aussi grand. » Une vague de grève a submergé Lidl du 13 au 18 octobre. Au plus fort des actions, plus de 200 des 300 magasins étaient fermés !

    Il n’existe pourtant pas de forte tradition syndicale chez Lidl. Mais l’attitude arrogante et scandaleuse de la direction n’a laissé aucun autre choix au personnel. Les magasins ont fermé les uns après les autres et les piquets de grève étaient très bien fournis. Il s’agit de la plus solide grève jamais observée chez Lidl.

    La grève a suivi celle de 2018, quand s’était déroulée une semaine de grève pour obtenir plus de personnel. La direction avait promis de prendre des mesures et, en attendant celles-ci, chaque magasin a bénéficié de 42 heures de temps de travail supplémentaires par semaine. Mais aucune mesure n’a jamais été concrétisée et, à peine remis de la période du coronavirus, la direction a voulu réduire à nouveau ces 42 heures. Le manque de respect est total pour ce personnel qui fait pourtant partie des héros de la crise sanitaire.

    Dans ce contexte, il y a eu une véritable révolte du personnel de Lidl. La direction s’est toutefois entêtée et a même envoyé des huissiers aux piquets de grève. Finalement, la direction a dû céder : les 42 heures supplémentaires par magasin sont maintenues et 14 heures supplémentaires viennent s’y ajouter pour tous les magasins tandis que les magasins en difficulté (avec un grand nombre de malades, une forte fluctuation du personnel ou un manque d’effectifs) obtiennent encore plus d’heures. Lidl promet également de faire passer l’équipe volante de 140 à 243 personnes (223 Équivalents temps plein).

    D’autres éléments sont à nouveau renvoyés à la table de négociations. Il s’agit notamment du temps de travail, mais aussi de la question de la flexibilité. Un accord devrait arriver à ce sujet en mars 2022. Reste à savoir si cela se produira. La direction de Lidl a plus que montré ces dernières années à quel point elle n’était pas encline à tenir ses promesses. Entre-temps, le recours aux contrats à temps partiel afin d’accroître la flexibilité reste un problème majeur. Les bas salaires sont également une source de mécontentement. Lors des journées d’action contre la norme salariale de 0,4 % et la loi sur les salaires de 1996, la participation du personnel de Lidl était appréciable. La revendication d’un salaire minimum de 14 euros de l’heure est extrêmement populaire, d’autant plus que les revenus des cadres supérieurs de Lidl sont connus : tout au sommet, Dieter Schwarz se paie 1 milliard d’euros par an.

    Les travailleurs sortent renforcés de cette épreuve de force. Jamais auparavant autant de magasins n’avaient fermé et autant de travailleurs n’étaient partis en grève. Lors du piquet à Deurne, Dylan, délégué BBTK/SETCa, faisait remarquer à juste titre : « Peut-être devrions-nous réagir avec l’ensemble du secteur. Chez Delhaize, de plus en plus d’aspects de l’organisation de Lidl font leur arrivée. Il y a l’arrivée de Jumbo dans le secteur, où c’est totalement le Far West. Les franchises exercent une pression sur l’ensemble des salaires et des conditions de travail. Nous devons riposter avec l’ensemble du secteur autour de nos revendications. »

  • Lidl : « Le malaise n’a jamais été aussi grand »

    Dylan (à l’avant) sur le piquet de grève de Lidl à Deurne Zuid pendant la grève contre la norme salariale plus tôt cette année.

    Grève contre la charge de travail insupportable et pour le respect : entretien avec un délégué syndical

    Depuis mercredi, plusieurs succursales de Lidl sont en grève contre la pression de travail élevée. Un nombre impressionnant de membres du personnel y participent. La colère est grande. En 2018, il y a déjà eu un long mouvement de grève contre la pression au travail qui a conduit à différentes promesses de la part de la direction. Elle entend désormais revenir sur celles-ci. La direction ne montre absolument aucun respect pour le personnel, elle met maintenant les grévistes sous pression et envoyant des huissiers sur les piquets. Des consultations sont prévues ce lundi. Nous en avons parlé avec un délégué du SETCA, Dylan, sur le piquet de grève de Lidl à Deurne Zuid.

    Propos recueillis par Luc

    Pourquoi cette grève et pourquoi maintenant ?

    « Ces actions s’inscrivent dans la continuité de la grève de 2018. À cette époque, un accord a été conclu avec la promesse de négocier une nouvelle convention collective de travail dès que possible. Jusqu’à ce qu’un accord soit trouvé, 42 heures supplémentaires allait être fournies par magasin. Trois ans se sont écoulés et le dialogue social n’a pas encore donné de résultats.

    « La direction estime avoir fait beaucoup de concessions et proposé des améliorations. Dans la pratique, les choses ne font que reculer. Le malaise n’a jamais été aussi grand. Même ces 42 heures supplémentaires n’ont pas vraiment été remarquées car le nombre d’heures est manipulé de toutes sortes de manières. Nous demandons également depuis longtemps des contrats fixes à temps plein, mais Lidl continue de travailler avec des contrats à temps partiel.

    « Il est frappant qu’il y ait autant de grévistes. Il n’y a pas eu d’ordre général de grève, mais les collègues ont en partie utilisé spontanément le préavis de grève pour entrer en action. Plus de 100 magasins ont fermé leurs portes mercredi. C’est énorme. C’est l’expression de la profondeur du malaise. »

    En 2018, il y a eu une semaine de grève. Les revendications ont-elles changé depuis lors ?

    « Il s’agit toujours de la même chose : la charge de travail élevée due au manque de personnel. Les effectifs par magasin sont calculés sur base du chiffre d’affaires et non du travail à effectuer dans le magasin. Par exemple, dans mon magasin, nous ne sommes autorisés à ouvrir qu’avec 3 ou 4 personnes, ce qui n’est pas suffisant.

    « Mais beaucoup plus est en jeu. Il existe une sorte de politique de la peur dans l’entreprise. En raison de la forte pression de travail, nous avons davantage de personnes malades qui ne sont pas remplacées. La période écoulée nous a fait prendre conscience de notre caractère essentiel, mais aussi du point auquel nous sommes sous-estimés. Il y a trois ans, le salaire n’était pas vraiment un problème, mais aujourd’hui, la revendication d’un salaire minimum de 14 euros est bien vivante. Cette année, c’est la première fois que de nombreux collègues se sont mobilisés autour de l’Accord interprofessionnel, ce qui n’était jamais arrivé auparavant. Dans un tract, nos salaires étaient comparés à ce que gagne le sommet de l’entreprise. Cela a provoqué beaucoup de colère.

    « En fait, vous ne pouvez pas imaginer à quel point le manque de respect est grand ici. »

    Qu’est-ce qui est nécessaire maintenant ?

    « La direction est sortie avec une méthode de mesure du temps sur base de laquelle elle conclut que nous avons trop de temps pour effectuer notre travail. Ce type de mesure théorique ne tient pas compte de la réalité de terrain quotidienne. Dans la pratique, on ajoute tellement de choses que ce cadre théorique ne fonctionne tout simplement pas. Nous ne devrions pas accepter cela.

    « Chaque magasin a sa propre spécificité, la situation d’un magasin en ville est différente de celle d’un magasin dans la campagne, par exemple. Même à Anvers, il existe des différences. Le personnel des magasins sait mieux que quiconque combien de temps il a besoin. Nous devons proposer un chiffre distinct pour chaque magasin. »

    Quelle est la stratégie ?

    « Peut-être devrions-nous réagir avec l’ensemble du secteur. Chez Delhaize, de plus en plus d’aspects de l’organisation de Lidl sont repris. Il y a l’arrivée des magasins Jumbo, où c’est totalement le Far West. Le recourt aux franchisés exerce une pression sur les salaires et les conditions de travail. Nous devons riposter en réagissant avec l’ensemble du secteur et en défendant ensemble nos revendications. »

    Travaillez-vous avec des réunions du personnel ?

    « C’est très difficile pendant les journées de travail, un piquet de grève est en fait la meilleure réunion du personnel qui soit. Il est important qu’il y ait une participation active du plus grand nombre possible de membres du personnel, l’un des moyens d’y parvenir étant de tenir des piquets de grève, où nous pouvons aussi nous adresser aux clients. »

  • Distribution. “Tout indiquait une deuxième vague, mais la direction semble surprise.”

    Lors de la première vague de la pandémie, les employés des supermarchés étaient largement considérés comme des héros de la crise. En même temps, le secteur a réalisé un chiffre d’affaires plus important et les bénéfices ont augmenté. Ahold Delhaize, par exemple, a doublé son bénéfice global au deuxième trimestre pour atteindre 693 millions d’euros nets. La fédération syndicale néerlandaise FNV demande actuellement une augmentation de salaire de 5 % pour toutes celles et ceux qui travaillent dans le secteur. Même si cela ne suffit pas pour que tout le monde dépasse les 14 euros de l’heure, c’est une indication de l’appel à plus de respect pour le personnel. Nous avons discuté de la situation du secteur avec Dylan Van Looy, candidat SETCA aux élections sociales chez Lidl. (Cet entretien a été réalisé avant les mesures liées au deuxième confinement et ses conséquences dans la distribution).

    Les supermarchés sont-ils prêts pour la deuxième vague ?

    Au début de la deuxième vague, tout était rentré dans l’ordre. Tout pointait vers une deuxième vague, mais pour la direction, c’est une surprise. Presque toutes les mesures sanitaires avaient été supprimées, sauf les masques. La sécurité supplémentaire à l’entrée a été remplacée par un portique, ce qui signifie que le personnel doit surveiller le magasin. Il faut déjà être fort pour faire parfois accepter les mesures sanitaires aux clients. Les mesures visant à réduire la pression du travail ont été progressivement supprimées.

    Au cours de la première vague, la direction a rapidement sauté dans le train pour nous qualifier de héros. Il s’avère maintenant que c’était surtout pour se mettre sous les feux de la rampe et récupérer une partie du soutien populaire. S’ils devaient vraiment nous traiter comme des héros, les collègues qui doivent être mis en quarantaine recevraient un salaire mensuel garanti au lieu de se rabattre sur des allocations de chômage. Ensuite, tous les collègues du magasin d’un employé infecté seraient immédiatement testés, au lieu de laisser ça à l’initiative personnelle. Si la direction le pensait, elle aurait au moins transmis toutes les informations sur les contaminations au CPPT (Comité pour la Prévention et la Protection au Travail).

    Quelles sont les mesures à prendre maintenant ?

    Nous devons à nouveau défendre les mesures de la première vague. Il s’agit notamment de la possibilité de fermer une heure plus tôt pour réduire la charge de travail, de l’augmentation du personnel, de l’absence de promotions spéciales dans les magasins, de la sécurité à la porte ou dans le magasin, de l’assurance qu’il n’y ait pas plus d’un client pour 15 mètres carrés, des pauses supplémentaires pour reprendre son souffle (ce qui n’est pas un luxe superflu si vous devez porter un masque pendant toute une journée),… Au cours de la première vague, les collègues malades étaient remplacés par des intérimaires. Avec la possibilité de fermer une heure supplémentaire, cela a rendu la charge de travail possible. Cependant, cette pratique a été rapidement abandonnée et, en plus, le climat d’anxiété sur le lieu de travail est revenu, les collègues étant régulièrement écartés.

    Nous devons réfléchir aux revendications en matière d’indemnisation. Lors de la première vague, il y avait différentes compensations par chaîne de supermarchés. La première proposition de la direction de nous donner 175 euros de bons d’achat à dépenser dans le magasin avec une réduction de 1 euro par achat de 5 euros a été convertie en 250 euros maximum d’écochèques et de congés supplémentaires. Dans d’autres chaînes, il y a eu d’autres compensations, la plupart du temps temporaires. Chez Aldi en Flandre orientale, une grève a éclaté à la fin du mois d’août pour que ces mesures restent d’application. Il est temps de lutter ensemble, à travers les différentes chaînes de magasins, pour obtenir une compensation permanente qui soit égale pour toutes et tous. Ensemble, nous sommes plus forts pour nous faire respecter. Les travailleurs essentiels doivent gagner un salaire essentiel !

    Après la première vague, nous aurions peut-être dû faire davantage usage de notre rôle nouvellement reconnu de travailleurs essentiels pour faire appliquer de meilleures conditions de travail et de meilleurs salaires. Aux États-Unis, le salaire minimum de 15 dollars de l’heure a été imposé par des luttes et des grèves dans de nombreux endroits. Il y a des leçons à tirer de notre revendications d’un salaire minimum de 14 euros de l’heure. Il est aussi important de réfléchir à la manière d’utiliser les représentants des travailleurs pour imposer et contrôler les mesures de prévention et de protection sur le terrain, plutôt que de se contenter de donner des conseils dans le cadre du CPPT, conseils que les dirigeants disent toujours “emporter avec eux”. Cela dépendra évidemment du rapport de force sur le lieu de travail avec lequel nous obligeons la direction à nous respecter. Pour ce faire, il faut des délégations fortes qui fassent la différence dans l’application des améliorations. C’est l’enjeu des élections sociales.

  • Les travailleurs de Colruyt montrent les dents

    Colruyt : Grève au magasin de Chênée ce lundi 19. Photo : Setca Liège

    3 magasins ont mené des actions de grève la semaine dernière et d’autres actions sont prévues la semaine prochaine. La raison de ce mouvement de grèves tournantes : le refus de la direction de prolonger les accords pris en juin (dits accords « corona ») augmentant le montant des chèques-repas, attribuant des temps de pause supplémentaire et des aménagements de carrières pour les plus de 45 ans.

    Par Simon (Liège)

    Alors que nous sommes en pleine deuxième vague d’épidémie de covid 19, les métiers essentiels que l’on couronnaient du titre de héros lors du confinement ne méritent manifestement plus d’être revalorisés, même faiblement.

    Dans le même temps, les profits des grandes enseignes du secteur de la distribution explosent.

    Les actionnaires (la famille Colruyt représente la 5ème plus grande fortune de Belgique) pensaient continuer à encaisser les dividendes à l’abri de leurs bureaux mais les travailleurs de première ligne exigent légitimement une compensation pour les risques qu’ils prennent quotidiennement.

    Les travailleurs de Colruyt réclament également le renforcement des mesures sanitaires alors que les cas de contagions se multiplient dans les magasins.

    Comme c’est souvent le cas depuis le début de la crise sanitaire, managers du public comme du privé hésitent à prendre leurs responsabilités et à mettre en place les mesures nécessaires afin de limiter la propagation du virus : dans les écoles, les usines, les magasins, c’est la pression du mouvement des travailleurs qui les imposent.

    La grève chez Inbev il y a quelques semaine en est un exemple éclatant que les travailleurs de Colruyt suivent avec raison : seul le rapport de force permettra de faire passer nos vies avant les profits.

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