Your cart is currently empty!
Nous publions différentes réactions de travailleurs et de jeunes confrontés à la crise du Coronavirus dans leur travail et dans leur vie. N’hésitez pas à nous envoyer votre contribution via redaction@socialisme.be
Une véritable ruée a eu lieu sur les supermarchés. Beaucoup de gens craignaient l’impact du coronavirus et la confiance dans toutes les institutions, du gouvernement à la direction des supermarchés, est au plus bas. Les contacts sociaux sont découragés afin de prévenir l’infection mais visiblement, ce problème n’existe pas pour le personnel des supermarchés.
Le personnel a travaillé d’arrache-pied pour faire face à la ruée. ‘‘C’est une maison de fous, les clients se battent entre eux ou contre nous’’, a déclaré un travailleur du secteur. Ici et là, un magasin a dû fermer temporairement pour des raisons de sécurité ou parce que les stocks étaient épuisés. Il est certain que dans les magasins où la charge de travail est déjà problématique depuis un certain temps, cette précipitation a durement frappé tandis que les problèmes de livraison ont été accrus. Mais la ruée ne durera probablement pas éternellement : il faudra un certain temps avant que des clients reviennent faire leur stock de papier toilette…
Les magasins constituent des services essentiels à la population. Il est important de veiller à ce que chacun ait accès à la nourriture, mais des mesures doivent également être prises pour le personnel. Les livraisons supplémentaires et les chargements supplémentaires en avance ou le dimanche doivent être payés en supplément. Chez Colruyt, par exemple, un accord sur le travail volontaire le dimanche a été rémunéré à 300%. Il y a également été décidé qu’un gérant de magasin peut limiter le nombre de clients dans le magasin. Et des matériaux de protection sont fournis.
L’approvisionnement alimentaire est essentiel, mais la société elle-même n’a aucun contrôle sur celui-ci. Aujourd’hui, les entreprises privées contrôlent la chaîne d’approvisionnement. Le contrôle démocratique de la collectivité sur la production et la distribution des aliments et des produits essentiels est nécessaire. Plaçons la distribution aux mains du public afin que le personnel et la collectivité puissent planifier la distribution de nourriture !
Nous publions différentes réactions de travailleurs et de jeunes confrontés à la crise du Coronavirus dans leur travail et dans leur vie. N’hésitez pas à nous envoyer votre contribution via redaction@socialisme.be
La chose était tout aussi symbolique qu’historique : le 1er mai dernier, après une intense semaine de grève, la direction de Lidl a dû battre en retraite. 42 heures de travail supplémentaires allaient être déployées par semaine et par magasin (soit l’équivalent d’un temps plein) pour une durée indéterminée. La charge de travail insupportable et les mauvaises conditions de travail avaient conduit à cette vague spontanée de grèves. Où en sommes-nous plus de six mois plus tard ? Nous en avons discuté avec Dylan, délégué SETCa.
Ces 42 heures supplémentaires par magasin ont-elles été complètement et correctement appliquées ?
“C’est ce que prétend la direction. Mais, sur le terrain, la charge de travail reste très élevée. Chaque conquête arrachée de haute lutte est constamment remise en question ou vidée de sa substance.
“La direction a tout d’abord tenté, en vain, de modifier le nombre d’heures d’un magasin à l’autre alors qu’il avait été convenu que 42 heures seraient ajoutées dans chaque magasin. La direction a ensuite interprété ces 42 heures comme étant des heures contractuelles disponibles. Mais ce n’est pas la même chose que les heures prestées. Le nombre d’heures effectivement prestées est déterminé par le chiffre d’affaires. Si ce chiffre est faible, toutes les heures contractuelles disponibles ne sont pas utilisées. Il est possible de procéder de la sorte en raison des contrats flexibles du personnel, généralement à temps partiel de, par exemple, 24 heures. Nous travaillons 12 heures de plus ou de moins, jusqu’à 36 heures les semaines de pointe.”
Des négociations devaient porter sur le ‘‘travail faisable’’. Où en sommes-nous ?
“Nous sommes encore fort loin d’une nouvelle convention collective de travail (CCT). Après des négociations difficiles, nous sommes parvenus à obtenir certaines choses. Les équipes volantes (qui effectuent des remplacements pour maladie ou circonstances imprévues) sont passées de 69 à 112 employés. Ces derniers reçoivent également une meilleure indemnité kilométrique. D’autre part, les malades de longue durée ne sont plus obligés de passer par un ‘‘processus de réinsertion’’, mesure qui avait entraîné de nombreux licenciements pour indisponibilité médicales.
“La direction souhaite également mettre en place une équipe qui s’occuperait d’un certain nombre de tâches comme la publicité, la réorganisation des magasins et l’inventaire. Selon la direction, cela se traduirait par 10 heures supplémentaires par magasin et par semaine, mais ce que cela signifiera concrètement dans la pratique est toujours un mystère. Chez Lidl, la vigilance constante est de mise. La direction est capable de transformer chaque pas positif en son contraire. Elle vise à atteindre le plus grand chiffre d’affaires et de profit possible avec le moins de personnel possible, rien d’autre.
“Parallèlement, la direction essaye d’accroître la flexibilité. Elle arrive soudainement avec l’idée de commencer le travail une heure plus tôt, avec l’annualisation du temps de travail,… Nous avons été en mesure de repousser tout ça, mais les mêmes mesures sont revenues sur la table aux négociations suivantes ! Heureusement qu’avec le SETCa, à la fin du mois d’avril, nous n’avons pas accepté la proposition d’introduire les 42 heures par magasin pendant six mois seulement en attendant une nouvelle CCT, parce qu’à ce rythme, il nous faudra encore beaucoup de temps avant d’atteindre une CCT !
“Pour la direction, l’étape suivante est l’introduction d’une nouvelle analyse du temps nécessaire pour chaque action au travail. Cela caractérise l’attitude de la direction : elle se moque des besoins de chaque magasin et du personnel, elle calcule froidement comment augmenter la flexibilité et la charge de travail du personnel.”
Quelles sont les réactions sur les lieux de travail ?
“Beaucoup de gens se disent qu’ils ont fait grève pendant une semaine sans sentir aujourd’hui la moindre différence dans leur charge du travail. Nous sommes sortis renforcés de cette semaine pour les négociations concernant la CCT, mais c’est la direction qui détermine leur agenda.
“Nous devons davantage déposer nos propres propositions. Développer un cahier de revendications n’est pas aisé : le personnel est réparti sur de nombreux sites et le roulement de personnel est important. Lorsque je me rends sur un site, je peux parler à cinq ou six collègues pendant qu’ils travaillent, ils ne peuvent donc écouter que d’une oreille. Mais notre groupe de militants syndicaux s’est renforcé et, sur base de notre expérience, nous sommes en mesure de travailler à une plate-forme de revendications.
“Cela peut aller dans le sens d’un plus grand nombre d’heures prestées sur base de ce qui est nécessaire dans un magasin, de la participation du personnel à la gestion du magasin, de l’augmentation du nombre de contrats fixes et à plein temps, etc. Avec ce type de mesures, le personnel se sentira plus à l’aise au travail, ce qui ne peut qu’être profitable à l’atmosphère dans le magasin, entre collègues et envers les clients. Mais cette direction ne va pas tout simplement accepter, il va falloir continuer le combat.”

La vague spontanée de grèves arrache des mesures contre la pression insoutenable au travail
Fin avril, une vague de grèves sans précédent a eu lieu dans la chaîne de supermarchés Lidl. Les magasins ont fermé leurs portes les uns après les autres. Dans plusieurs autres, les discussions sur la grève étaient animées. L’ampleur du mouvement a pris tout le monde par surprise, la direction bien sûr, mais aussi des dirigeants syndicaux. Après une semaine d’action, d’importantes concessions ont été obtenues. La lutte paie ! Nous avons discuté avec Dylan, délégué syndical du BBTK/SETCa chez Lidl, des raisons de la colère, de la grève et des résultats engrangés.
Lidl n’est pas connu pour être un bastion syndical. Cela n’a pas empêché que des pas en avant considérables soient adoptés en faveur des travailleurs fin avril. Comment est-ce arrivé ?
‘‘La charge de travail est lourde depuis bien longtemps et les conditions de travail ont nourri un mécontentement massif. Une grève dans un magasin d’Oostkamp contre un licenciement injustifié, suivi de la rupture de nouvelles négociations sur la pression au travail ont fait déborder le vase. Et la coupe était pleine chez de nombreux autres collègues, d’où le succès et l’ampleur des actions.
‘‘Dans les magasins, il y a souvent très peu d’employés. Il nous arrive régulièrement de devoir faire l’ouverture et la fermeture à trois. S’il n’y a que quatre employés pour gérer la foule du soir ; avec trois caisses, il est impossible pour le collègue restant de faire le reste et d’également aider la clientèle et, bien entendu, irréaliste d’assurer la propreté du magasin.
‘‘Ce nombre limité de travailleurs découle de la volonté de flexibilité imposée par la direction. Quatre cinquièmes du personnel n’obtient qu’un contrat à temps partiel de 24 heures. Et quand on ne travaille pas, on est malgré tout en réserve. Si quelqu’un est malade, on nous téléphone durant nos jours de congé pour venir travailler. Pareil si trop de clients arrivent à l’improviste. Et quand la journée est plus calme que prévu, le personnel est renvoyé chez lui. Essayez donc ainsi de planifier votre vie privée !
‘‘Chez Lidl une personne ayant un contrat de 24 heures peut travailler certaines semaines jusqu’à 36 heures et d’autres seulement 12 heures. Cette flexibilité est nécessaire puisque les magasins travaillent systématiquement en sous-capacité. La productivité par magasin fait l’objet d’un suivi quotidien et s’il n’y a pas assez de clients, le personnel est renvoyé chez lui.
‘‘Le déploiement du personnel ne repose donc pas sur le travail disponible, mais sur le chiffre d’affaires. Dans les magasins de la ville, en particulier dans les quartiers où les gens n’ont pas un gigantesque pouvoir d’achat, le montant des achats par client est plus faible que dans les magasins un peu plus éloignés où les clients se rendent en voiture. Par conséquent, un magasin urbain très fréquenté aura un chiffre d’affaires total moins élevé, ce qui signifie moins de personnel, même si un plus grand nombre de clients passe par la caisse. La direction suppose également que 26 articles par minute sont scannés à la caisse. Tout est calculé de manière très serrée avec un seul objectif : le chiffre d’affaires, et donc les bénéfices qui en résultent. Ce sont ces profits qui font la fortune du grand patron de Lidl, Dieter Schwarz, avec ses 20 milliards de dollars, ce qui fait de lui la 52e personne la plus riche au monde.
‘‘Tout le monde ressent la pression du travail et celle-ci n’est pas compensée par un salaire élevé. La revendication syndicale d’un salaire minimum de 14 euros de l’heure serait un pas en avant pour de nombreux collègues. Les problèmes liés à la charge de travail entraînent un taux de roulement élevé : l’an dernier, 900 employés sur 6.000 ont quitté l’entreprise. Avec un tel rythme effréné, le taux d’absentéisme est également très élevé. L’extrême flexibilité signifie que cela ne peut parfois pas être absorbé sur le lieu de travail, ce qui augmente encore plus la pression sur les autres membres du personnel.
‘‘Nous ressentons de plus en plus qu’il est impossible de faire notre travail. C’est la raison pour laquelle tant de magasins ont fait grève en même temps.’’
Comment la grève s’est-elle déroulée ?
‘‘Après une action du syndicat chrétien menée par les employés LBC-CNE contre un licenciement abusif dans un magasin d’Oostkamp, des négociations ont eu lieu au sujet de la pression du travail. Ces négociations ont été très difficiles. L’impasse lors de celles-ci a conduit le syndicat à parler dans les médias d’une grève générale dans tous les magasins.
‘‘Des négociations avaient déjà eu lieu à ce sujet ; la direction était parvenue à éviter les actions syndicales à coup de promesses. Cependant celles-ci n’ont pas été tenues, ou pas entièrement. Cela a débouché sur un nouveau ‘‘style de gestion’’ où avons tous reçu des brochures proclamant que Lidl serait ‘‘un endroit où il fait bon travailler’’. Mais ces coûteuses brochures n’étaient pas accompagnées de mesures sur le terrain.
‘‘Lorsque le blocage fut complet entre la direction et les syndicats fin avril, un certain nombre de magasins se sont spontanément mis en grève. Un jour plus tard, environ la moitié des magasins étaient fermés. Un certain nombre de délégués ont appelé leurs collègues, mais l’extension de la grève fut largement spontanée. Dans de nombreux magasins, le personnel a décidé de fermer les portes et de rentrer chez lui. Dans d’autres, le personnel en congé a été appelé pour remplacer les grévistes. À certains endroits, des interruptions de travail ont eu lieu durant lesquelles le magasin a temporairement fermé ses portes. Fermer autant de magasins simultanément n’est possible que si le mouvement vient véritablement de la base. La tradition syndicale de Lidl n’est pas si forte, beaucoup de grévistes faisaient leurs premiers pas dans la lutte syndicale.
‘‘Les premières actions ont eu lieu le mercredi 25 avril. Le lendemain, la moitié des magasins était restée fermée. Des tentatives ont été faites pour mettre l’accent sur des différences communautaires. Davantage de magasins ont été fermés en Wallonie et à Bruxelles, mais cela a plus à voir avec les traditions syndicales. L’insatisfaction est la même dans tout le pays et les syndicats sont organisés au niveau national au sein de l’entreprise. Après les grèves d’avril, cette tradition a également fait de grands pas en avant du côté flamand.
‘‘Je me suis moi-même rendu dans plusieurs endroits où le personnel m’avait contacté pour me demander ce qu’il convenait de faire et s’il était possible d’entrer en grève. Beaucoup de choses se sont passées en même temps ; c’était difficile de garder une vue d’ensemble et de discuter des prochaines étapes. En tant que délégué, j’ai essayé autant que possible d’accompagner le mouvement spontané et de mener de nombreuses discussions avec les collègues.
‘‘À ce moment, la direction a reconnu qu’il fallait faire quelque chose. Elle a écouté la revendication d’ajouter un équivalent temps plein par semaine et par magasin (42 heures). Mais la direction voulait au départ n’accepter que 8 heures. Lors de la réunion suivante, cela a été porté à 32 heures, puis à 42 heures.
‘‘Puis, la direction n’entendait accorder ces 42 heures que pour six mois. Par la suite, une convention collective devrait régir l’organisation du travail et la flexibilité. Il y a eu beaucoup de discussions entre les syndicats à ce sujet : la LBC-CNE était d’accord pour prendre ces 42 heures temporaires. Le BBTK-SETCa a exigé que ces 42 heures soient mises en œuvre de manière permanente. Vu que les précédentes promesses n’avaient pas été tenues, la méfiance était grande. Le BBTK-SETCa a décidé de poursuivre la grève avec un certain nombre de magasins supplémentaires qui ont été fermés leurs portes.
‘‘Parmi les collègues, les différentes positions des syndicats ont semé le doute, mais la méfiance à l’égard de la direction était la plus forte. C’est dans ce contexte que le SETCa a bloqué les centres de distribution. Ces actions auraient pu être plus massives, mais cela aurait nécessité l’organisation immédiate de la solidarité de l’ensemble du secteur et même d’autres secteurs. Cela ne s’est pas produit. Bien sûr, tout s’est passé très vite, donc ce n’était pas facile non plus. Distribuer un tract aux clients aurait également été utile.
Comment les clients ont-ils réagi ?
‘‘De manière étonnamment positive. Nous n’avons jamais reçu autant de soutien de la part de nos clients. Bien sûr, ils voient aussi comment nous travaillons et comment les magasins sont gérés. Il y avait beaucoup de compréhension. En outre, de nombreux clients doivent également faire face eux-mêmes à de lourdes charges de travail.
‘‘Lors des grèves de 2014 ou 2016, nous avons régulièrement reçu des réactions négatives aux piquets de grève. La propagande antisyndicale générale dans presque tous les médias a certainement eu un impact à l’époque. Or, ce n’était pas du tout le cas ici. L’enjeu du conflit et le large soutien du personnel en faveur de la grève étaient évidents pour tous les clients.’’
Le 1er mai est survenu un accord. Qu’est-ce que cela implique et qu’en est-il de son application ?
‘‘Il est arrivé après presque une semaine d’action. La direction a accepté les 42 heures supplémentaires par magasin, ce qui signifie que ces heures s’appliquent réellement à chaque magasin et ne peuvent être prises en charge par des transferts entre magasins. La mesure est également prise pour une durée illimitée. Cela sera nécessaire : les négociations relatives à une convention collective sur l’organisation du travail ne progressent pas sans heurts.
‘‘La direction a laissé entendre que les actions de grève avaient eu un impact sur l’image de l’entreprise. Certaines personnes ne voudraient plus être engagées chez Lidl. Ce n’est pas à cause de la grève, mais de l’attitude de la direction ! Si Lidl veut devenir d’un ‘‘endroit où il fait bon travailler’’, il faut prendre au sérieux la thématique de la charge de travail.
‘‘Nous exigeons que les 42 heures supplémentaires par magasin soient ajoutées autant que possible aux contrats à temps partiel existants. Nous avons remarqué que la mise en œuvre de l’accord sera lente. Avec le Setca, nous insistons pour que chaque magasin obtienne effectivement ces 42 heures supplémentaires dès que possible.
‘‘La direction doit en tenir compte. La pression de la grève et la possibilité de nouvelles actions si les engagements ne sont pas mis en œuvre sont fortement ressenties à la table des négociations. La position des syndicats a été considérablement renforcée. Pour maintenir cette situation, nous devons transformer la large participation à la grève de fin avril en un travail syndical plus actif.’’
Quel sera l’impact de cette grève et de ses résultats sur le reste du secteur ?
‘‘Les travailleurs de l’ensemble du secteur subissent une pression croissante sur pour de plus longue plage horaire avec moins d’employés. Le personnel doit également faire preuve d’une plus grande polyvalence entre les différentes fonctions. Dans d’autres chaînes, cela se fait également en travaillant avec des commerçants indépendants (franchisés) ou en démantelant les caisses au moyen de systèmes de self-scan.
‘‘Cela n’existe pas chez Lidl, mais toutes les autres chaînes se tournent vers Lidl pour la flexibilité de son personnel. Idéalement, ils seraient tous ouverts 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, avec le moins de personnel possible. Lors des négociations fin avril, la direction de Lidl a laissé entendre qu’elle trouvait l’ouverture dominicale intéressante. Il est important de mettre un terme à cette flexibilité croissante, sinon elle deviendra la norme dans l’ensemble du secteur.
‘‘Nous voulons du personnel avec des contrats à plein temps et de meilleurs salaires. Afin de rendre la charge de travail supportable, une réduction générale du temps de travail à 30 ou 32 heures sans perte de salaire pour tous est nécessaire. En outre, la flexibilité toujours plus grande doit être limitée par de bons accords sur les tableaux de service et de bonnes conditions de travail. Il doit y avoir plus de personnel pour les équipes volantes, des remplaçants pour les collègues malades. En bref, il faut totalement revoir notre organisation du travail.
‘‘Ceci entre, bien sûr, en contradiction avec les bénéfices de l’entreprise. Cependant, nous devons nous demander quelle est la chose la plus importante : servir les clients ou donner des milliards de profits au grand patron Schwarz en pressant le personnel comme des citrons ? Cela soulève la question sur le type de société que nous désirons.’’
Les clients réguliers peuvent le constater à chacune de leurs visites : la charge de travail est terriblement élevée chez Lidl, le personnel y est très peu respecté et tout doit être le plus bon marché possible. Le problématique est commune à l’ensemble du secteur, cela fait l’objet de négociations entre les syndicats et les employeurs depuis déjà de nombreuses années. Sans grand effet jusqu’ici: le rythme et la pression au travail ne cessent d’augmenter. Si l’on ne peut pas tenir le coup, c’est la porte de sortie. La concurrence s’intensifie de même que la recherche de profits par les actionnaires. Ces profits ne manquent pas : Lidl a réalisé un bénéfice global de 1,5 milliard d’euros en 2015.
Par un délégué du secteur
Le 7 avril, un magasin Lidl à Oostkamp est resté fermé pendant une demi-journée en raison de la pression au travail. La direction a tenté de limiter la situation à un cas isolé. On s’est même permis de rire avec la charge de travail. Mais quelque avait été enclenché. La direction a promis de parvenir à une solution négociée, mais quand une autre négociation s’est révélée infructueuse s’est terminée le 25 avril, une vague spontanée de grèves a commencé. Le personnel a décidé de faire pression sur la direction pour qu’elle trouve des solutions.
L’initiative a été prise par la base, sans qu’un appel ne soit lancé par les syndicats. La grève s’est propagée à grande vitesse, confirmant par là même à quel point la problématique de la charge de travail est répandue dans toute la chaîne. Le personnel en a assez.
La direction a-t-elle compris le message ? C’est discutable. Le grand patron Dieter Schwarz est le 52e homme le plus riche du monde avec un actif de 20,9 milliards de dollars, mais ce n’est pas encore suffisant pour lui. Cela n’a pas été compensé par une attitude humaine à l’égard de son personnel.
Au cours des négociations, le conseil d’administration a proposé que chaque magasin puisse déployer 42 heures de travail supplémentaires par semaine, soit un employé à temps plein supplémentaire. Mais la direction a voulu limiter cela à six mois afin de trouver d’autres solutions dans l’intervalle. Étant donné cette courte période et les nombreuses promesses non tenues dans le passé, le SETCa n’a pas accepté la proposition.
L’augmentation de la pression du travail cause des problèmes dans un nombre croissant d’entreprises. Cela pousse les travailleurs à entrer en action. Pensons aux actions de l’an dernier chez Volvo Cars et Volvo Trucks. Lorsque les syndicats mettent la question sur la table, les employeurs ne veulent rien faire. Le gouvernement parle beaucoup de “travail faisable”, mais sa politique facilite la tâche des employeurs qui rendent notre travail impossible. Cette question reviendra de plus en plus souvent : l’augmentation de la charge de travail est un moyen d’augmenter les profits des actionnaires.
Une solution au problème serait, bien sûr, le recrutement de personnel permanent supplémentaire afin que le travail puisse être réparti. Une réduction du temps de travail à 30 heures par semaine avec maintien du salaire et recrutement supplémentaire (où les contrats actuels de 30 heures seraient automatiquement convertis en contrats à plein temps avec salaires associés) fait également partie de la solution. Nous devons organiser la lutte et discuter des revendications et des tactiques nécessaires au sein des syndicats et avec nos collègues afin de remporter des victoires.

La poussière est quelque peu retombée depuis l’annonce de nouvelles pertes d’emploi chez Carrefour. Les déclarations de soutien du gouvernement à l’annonce de la disparition de 1233 emplois ont déjà été oubliées. Le slogan «jobs, jobs, jobs» ne sert qu’à être déclaré de façon abstraite ou à servir de prétexte pour s’en prendre à nos salaires et à nos conditions de travail. Une fois que les choses deviennent plus concrètes, il n’y a plus personne.
Par un délégué du secteur
Les dirigeants politiques se sont toutefois bien prononcés contre la retraite anticipée : ceux qui se retrouvent à la porte doivent retourner au travail, en toutes circonstances. Le personnel et les syndicats ont exprimé leur colère. Ils veulent lutter à la fois contre la soif de profits de Carrefour et contre la flexibilité que le gouvernement veut imposer pour faciliter les choses pour des entreprises de ce type.
Le gouvernement proclame soutenir le personnel. Kris Peeters voulait le démontrer en revenant plus tôt du Forum économique mondial de Davos. Mais, dans l’intervalle, le gouvernement lui-même est en première ligne pour accroître les possibilités de flexibilité sur le marché du travail et dans le secteur de la distribution tout particulièrement.
Toutes les mesures adoptées afin de créer des emplois ont échoué dans le secteur de la distribution. Le personnel subit déjà une grande flexibilité, les entreprises comme Carrefour paient déjà peu d’impôts et elles bénéficient de nombreux avantages (fiscaux). Cela n’a pas conduit à de nouveaux emplois, cela n’assure même pas le maintien des emplois actuels.
Pour la direction, l’automatisation, en particulier à la caisse, permet de réduire le nombre d’emplois. De plus, les hypermarchés ne semblent pas assez rentables. Certains des magasins destinés à être fermés ou à voir leur activité réduite sont âgés de moins de 10 ans. De plus le nombre de magasins de proximité va augmenter. Il s’agit souvent de magasins franchisés exploités par un patron «indépendant» qui détermine lui-même les conditions de travail et de salaire dans son magasin. Pas besoin de faire un dessin : les conditions de travail et de salaire sont généralement pires, le personnel est encore plus écrasé. La nouvelle restructuration de Carrefour ne vise pas à garder la tête hors de l’eau, mais à donner encore plus de dividendes aux actionnaires.
Les syndicats se plaignent de l’attitude de la direction de Carrefour et de celle du gouvernement. Ils refusent de laisser les conditions de travail et de salaire être saignées à blanc dans les magasins, ils ne veulent rien lâcher et ils n’acceptent tout simplement pas cette logique. Cela est positif, mais il faudra plus que de l’indignation et des actions éparses dans tout le pays pour repousser l’attaque. Nous ne devons pas nous limiter à demander un meilleur business plan chez Carrefour, cela équivaut à reporter le problème ou à le faire porter par d’autres épaules.
Le personnel était très disposé à agir et des actions spontanées ont eu lieu. Ce qui manquait, c’est un plan de bataille clair associé à des revendications strictes. N’attendons plus et défendons une toute autre organisation du secteur de la distribution. Le mouvement des travailleurs est déjà parvenu par le passé à imposer la réduction du temps de travail, cette revendication doit faire son retour aujourd’hui afin d’éviter que le progrès technologique ne conduise systématiquement au déclin social. Nous ne devons pas rejeter ou entraver le progrès technologique, mais au contraire l’utiliser pour mieux répartir le travail entre tous les travailleurs.
Aujourd’hui, les magasins qui sont assujettis à de ‘‘meilleures’’ commissions paritaires sont en concurrence féroce avec les magasins franchisés où les salaires sont plus bas, la semaine de travail plus longue et où il n’y a pas de délégation syndicale pour assurer le respect des conventions collectives. Ne nous laissons pas monter les uns contre les autres, que ce soit en termes de magasins ou de chaînes de distribution. Un plan d’action reposant sur des revendications offensives telles que l’imposition d’un salaire minimum de 14 euros par heure, d’une semaine de travail de 32 heures, de contrats à temps plein pour tous ceux qui le souhaitent, etc. permettrait d’unir tous les travailleurs du secteur contre cette concurrence acharnée, dévastatrice et responsable de terribles massacres sociaux. Ce serait un excellent premier pas pour sortir de la logique de profits du secteur et élaborer un secteur de la distribution démocratiquement planifié au service de la population et non des actionnaires.

Sept ans après la dernière grande vague de licenciements chez Carrefour, 1233 emplois sont aujourd’hui de nouveau menacés, 1053 dans les hypermarchés et 180 au siège central. Ceci dans la foulée de l’annonce d’une restructuration en France où le groupe veut également supprimer 2400 postes. En 15 ans en Belgique, près de 40% de la main d’œuvre a été sacrifié sur l’autel du profit malgré un bénéfice de 248 millions d’euros sur les cinq dernières années et 1% d’impôt sur les bénéfices.
Ce samedi matin, le mouvement de grève continuait. Des équipes du PSL ont visité en solidarité différents piquets en région bruxelloise. L’occasion de discuter bien sûr de la situation, d’y diffuser notre tract et notre mensuel Lutte Socialiste.
Vers 8h du matin nous sommes arrivés devant l’hypermarché Carrefour d’Evere. Une quarantaine de travailleurs des différents syndicats étaient présents. Durant cette matinée ils ont organisé une assemblée du personnel à laquelle nous avons été invités à participer et également à y prendre la parole dans la discussion. Nous remercions chaleureusement l’équipe pour leur accueil.
La volonté et la nécessité de continuer le combat, de ne pas baisser le bras devant l’attitude arrogante de la direction Carrefour a été mis en avant. Leur objectif est clair : fermer les hypermarchés pour créer plus de petits Carrefours, franchisés pour certains, où le droit des travailleurs et la force syndicale sont réduis. Fermer ou transformer les hypermarchés c’est notamment rediriger les emplois, les conditions de travail et les travailleurs sous une commission paritaire plus défavorable correspondant aux magasins plus petits et/ou franchisés.
La facture est payée toujours par les mêmes, les travailleurs.
Pendant l’assemblée les travailleurs ont exprimé leur colère et clairement illustré avec les délégués leur volonté de continuer leur mouvement commencé jeudi. Ce lundi une réunion intersectorielle des délégués CNE commerce est prévue pour faire le point sur l’ordre de négociations avec le gouvernement afin de décider comment poursuivre le mouvement.
Dans notre tract nous proposons de regarder à construire et continuer la grève en élargissant le mouvement, sûrement à l’ensemble du secteur, mais aussi aux clients. La solidarité peut aussi être développé de ce côté. Ne nous laissons pas diviser, magasins par magasins. Après ces premiers jours de débrayage nécessaires, regardons à coordonner les actions, pourquoi ne pas appeler à une journée d’action nationale dans ce cadre ? Pour le PSL aussi, il faut continuer le mouvement de grève, le gouvernement va tenter main dans la main avec la direction de limiter les actions et de les réorienter vers des phases de négociations, des solutions individuelles. Un mouvement de grève nationale sur l’ensemble du secteur est possible. Revendiquons la nationalisation du secteur pour la défense de tous les emplois, d’un salaire minimum de 14 €/h bruts, des contrats décents et un équilibre décent entre vie professionnel et vie privé.

La nouvelle est arrivée comme un coup de poing. Sept ans à peine après la dernière grande vague de licenciements chez Carrefour, 1.233 emplois sont aujourd’hui menacés. Tout récemment encore, c’est Delhaize qui a connu le désastre d’une restructuration. En 2004, 17.400 personnes étaient encore employées chez Carrefour. Si cela ne dépendait que de la direction, il n’en resterait bientôt plus que 10.000. En 15 ans, près de 40 % de la main-d’œuvre aurait ainsi été sacrifiés. Qui est-ce qui disait encore ‘‘jobs, jobs, jobs’’ ?
Profits, profits, profits
La raison du massacre social? On laisse parfois entendre que c’est la faute de l’e-commerce. Sauf que si la vente numérique était tellement importante, Carrefour aurait commencé à y investir depuis belle lurette ! L’argument est utilisé par les employeurs pour continuer de brutaliser les conditions de travail et les salaires. Parallèlement, ils essayent de blâmer le personnel pour ce massacre social car il s’attache trop à ses conditions de travail et de salaire. Pour les patrons et leurs porte-paroles, chaque crise offre une nouvelle ‘‘opportunité’’. Mais pour les travailleurs, par contre, c’est synonyme de misère sociale.
La vérité, c’est qu’il s’agit de maximiser les profits. Et les choses n’allaient déjà franchement pas si mal. Ces cinq dernières années, Carrefour a réalisé un bénéfice de 248 millions d’euros en Belgique. Et n’a payé qu’à peine 1% d’impôt sur ce bénéfice, fait remarquer la CSC. L’an dernier, le groupe Carrefour a réalisé un bénéfice international de 1,3 milliard d’euros. Ce résultat a été obtenu sous la pression de la féroce concurrence qui prévaut sur le marché français. Mais en Belgique, tout s’est très bien passé. En mars 2017, par exemple, nous lisions dans le quotidien flamand De Standaard : ‘‘Carrefour Belgium se porte fort bien en termes de rentabilité, selon les experts. L’année dernière a même donné le résultat le plus élevé depuis le rachat par Carrefour des Super et Maxi-GB de l’ancien Groupe GIB de la famille Vaxelaire et du holding Cobepa. En 2016, Carrefour a progressé de 0,6% en Belgique et a réalisé un chiffre d’affaires de 4,38 milliards d’euros.’’
La part des hypermarchés s’est légèrement contractée, mais le recul a été compensé par les magasins de proximité. Carrefour se sert de la situation pour atrocement sabrer dans les hypermarchés. Mais il existe une différence de taille entre les hypermarchés et les petits magasins de proximité : dans ces derniers, le personnel est employé par des franchisés indépendants. Les conditions de travail et de salaire y sont pires que dans les hypermarchés. Carrefour balance le personnel aux ordures et met les conditions de travail en solde pour booster ses bénéfices, voilà tout. Résultat : deux hypermarchés ferment, d’autres sont amputés et 180 emplois disparaissent au siège de Carrefour Belgique. Lorsque des hypermarchés contractent leurs activités, on s’attend à ce que des partenaires extérieurs prennent le contrôle de l’espace (comme les MediaMarkt dans chaque Makro). La sentence est lourde : 1233 employés sont jetés à la rue.
En résistance avec le personnel et les clients !
Le ministre fédéral de l’Emploi Kris Peeters a annoncé qu’il reviendrait plus tôt du Forum économique de Davos pour suivre le dossier. Les anciens travailleurs de Ford Genk et d’ailleurs le savent : cela ne veut rien dire. Des politiciens traditionnels siègent au conseil d’administration de Carrefour depuis des années. Ce n’est qu’après l’annonce des licenciements que l’ex-ministre MR Sabine Laruelle a démissionné de son siège au conseil d’administration ! Ces bonnes relations entretenues avec des politiciens permettent à Carrefour d’obtenir des millions d’euros de soutien public. En d’autres termes, les politiciens traditionnels sont mouillés jusqu’au cou. Peuvent-ils en même temps jouer un rôle pour s’y opposer ?
Se battre magasin par magasin sera insuffisant. Il est positif qu’un certain nombre d’entre eux aient été fermés dès que la décision a été rendue publique. Cette colère doit être coordonnée avec des mots d’ordre clairs pour agir ensemble. Dès que ce massacre social sera passé, une nouvelle offensive suivra sur les conditions de travail et de salaire. La course vers le bas se poursuivra pour ‘‘améliorer la compétitivité’’. Ce conflit social peut durer des semaines, voire des mois. Une journée nationale de grève et une manifestation annoncée suffisamment longtemps à l’avance peuvent être des éléments mobilisateurs. Des appels à y participer pourraient figurer aux caisses des magasins Carrefour et d’autres chaînes. Des affiches et des banderoles pourraient y être accrochées. De cette façon, la solidarité entre le personnel et les clients peut être renforcée.
Un tout autre secteur de la distribution est possible. Comme l’a fait remarquer un délégué de ce secteur sur notre site socialisme.be : “Nous ne devons pas nous permettre d’être divisés : Carrefour contre Delhaize ou Colruyt ou Lidl ou Aldi, mais nous devons défendre une nationalisation de l’ensemble du secteur. De cette manière, il serait possible de planifier l’activité en fonction du client, des employés et des fournisseurs. Ce n’est qu’ainsi que la spirale infernale actuelle pourra être contrariée. Et que des revendications offensives telles qu’un salaire minimum de 14€ l’heure, des contrats à temps plein pour tous ceux qui le souhaitent et un équilibre décent entre vie professionnelle et vie privée pourraient voir le jour.”

Réaction d’un délégué syndical du secteur
En réponse à l’annonce de Carrefour d’un ‘‘plan de transformation’’, je me suis demandé vers où se dirige le secteur de la distribution. En 2010 déjà, Carrefour avait procédé à une restructuration. Delhaize également a connu une restructuration en 2014. La charge de travail des survivants ne cesse d’augmenter. Tout cela afin d’augmenter les marges bénéficiaires des entreprises. Comment pouvons-nous nous battre pour un secteur qui ne serait une affaire de profit, mais de clients et de personnel ?
Le secteur de la distribution est responsable de plus de 400.000 emplois. On est la plupart du temps fort loin d’emplois de qualité avec de bons salaires. Malgré cela, ces travailleurs représentent une bonne part du revenu de nombreuses familles. C’est un secteur où règne une forte concurrence et, contrairement à ce que les commentateurs libéraux voudraient nous faire croire, ce n’est pas bon. Ni pour les clients, ni pour le personnel, ni pour les producteurs. La concurrence exacerbée pousse à économiser partout et à presser le citron jusqu’au bout.
Les licenciements, l’augmentation de la charge de travail, les négociations plus dures avec les fournisseurs, le service moindre à la clientèle,… tout cela prend place pour sécuriser et même augmenter les profits des entreprises. Cette soif de profits conduit aux massacres sociaux que nous avons connus chez Carrefour, Delhaize, Makro/Métro, Cora, etc. Pourquoi des individus devraient-ils pouvoir s’enrichir sur le dos des autres ? Pourquoi n’organisons-nous pas ce secteur de manière centralisée afin de répondre aux besoins des gens et d’offrir un emploi décent et bien rémunéré aux employés ?
Il existe à l’heure actuelle cinq grandes chaînes en Belgique qui vendent presque toutes la même chose. Mais elles travaillent toutes côte à côte, souvent littéralement. La collectivité pourrait beaucoup plus efficacement organiser les choses, non pas pour en faire supporter le coût par les gens comme c’est le cas aujourd’hui, mais en partageant le travail entre tous. Les profits réalisés par ces cinq grandes chaînes montrent que l’argent est bien là pour un tel projet.
Nous ne devons pas nous permettre d’être divisés: Carrefour contre Delhaize ou Colruyt ou Lidl ou Aldi, mais nous devons défendre une nationalisation de l’ensemble du secteur. De cette manière, il serait possible de planifier l’activité en fonction du client, des employés et des fournisseurs. Ce n’est qu’ainsi que la spirale infernale actuelle pourra être contrariée. Et que des revendications offensives telles qu’un salaire minimum de 14€ l’heure, des contrats à temps plein pour tous ceux qui le souhaitent et un équilibre décent entre vie professionnelle et vie privée pourraient voir le jour.
La direction de ce nouveau gigantesque Décathlon a entrepris une campagne antisyndicale offensive. Elle refuse en fait toute concertation sociale et tente de se passer des permanents et des experts syndicaux. Elle privilégie en parallèle des «négociations» directement avec les travailleurs, sans mandat syndical, sans protection syndicale, dans des discussions au sein desquelles la direction règle elle-même les problématiques concernant les conditions de travail (flexibilité, travail le dimanche, etc.). Et lorsque les syndicats tentent une conciliation en commission paritaire pour débloquer la situation, la direction ne se présente pas aux convocations.
Par Nico M. (Bruxelles)
Il s’agit en fait d’une tentative offensive de casser l’organisation collective des travailleurs, de détruire au sein de l’entreprise le rôle des syndicats pour mieux casser les conditions de travail. La veille, le 21 mai, les syndicalistes se mobilisaient à Toyota contre le licenciement abusif de trois délégués syndicaux (voir notre article à ce sujet). Outre le fait que les deux actions des 21 et 22 mai se passaient à quelques centaines de mètres l’une de l’autre, elles illustrent une même tendance. Le patronat continue et accentue sa chasse aux syndicalistes. Avec un tel gouvernement qu, entre autres, a multiplié les déclarations antisyndicales, le patronat en Belgique a gagné en confiance pour miner davantage nos moyens de résistance.
Les centaines de délégués et de militants présents aux portes de Décathlon ce vendredi répondent à l’arrogance patronale. Lors du plan d’action de fin 2014, le succès des actions illustrait l’erreur du gouvernement : non les syndicats ne sont pas une chose du passé, voués à disparaître mais bien de puissants leviers pour organiser la résistance et la défense de nos conditions de vie et de travail.
Le fait que nous ayons attendu longtemps une deuxième étape de notre plan d’action, sans jamais la concrétiser, a par contre renforcé la confiance des patrons, de la bourgeoisie et de leur gouvernement Michel pour continuer leur assaut. Relancer un deuxième plan d’action ambitieux sera crucial pour balayer les politiques d’austérité et les gouvernements qui les défendent. Mais aussi pour éviter l’isolement des conflits entreprises par entreprises, secteurs par secteurs.
Le succès de cette action doit être souligné. Il illustre que les syndicats ne sont pas seulement des organisations pour négocier, que l’on peut d’ailleurs inviter ou pas autour de la table, mais bien des outils de lutte pour s’organiser dans les rues, aux portes de nos entreprises et au sein de celles-ci. Il serait bien vu de ne plus céder de terrain, ni au gouvernement, ni aux directions. Ils durcissent le ton, c’est de plus en plus clair pour une grande partie des travailleurs. C’était en tout cas très clair pour les centaines de militants présents ce vendredi ou lors des actions et grèves contre le gouvernement.
Allons-nous encore durcir le nôtre ? Organiser une campagne offensive sur ce sujet et engranger des victoires est nécessaire pour arrêter de reculer et pour augmenter la confiance. Un appel à continuer la mobilisation sur ce dossier a été annoncé, pour cela, des dates et un plan clair sont nécessaires, rapidement.
”Une fois les élections passées, il n’a pas fallu attendre longtemps pour que l’actualité redevienne des plus préoccupantes pour les travailleurs et leur famille. Une chose est sûre : sans une résistance sérieusement organisée, nous allons en baver, et pas qu’un peu.” Voilà les premiers mots de l’article publié sur socialisme.be directement après l’annonce du plan de restructuration de Delhaize. Depuis lors, les nouvelles n’ont cessé de confirmer le constat, et un nouveau drame social vient d’être annoncé chez Cora, un mois jour pour jour après celui de Delhaize.
Sur ces quelques semaines, il y a eu le rapport sur le vieillissement de la commission de réforme des pensions qui appelle bien entendu à pousser les travailleurs à bosser plus longtemps. A cela ont suivi les fuites concernant le prochain budget de la Fédération Wallonie-Bruxelles pour l’enseignement, où il est question – au bas mot – de 300 millions d’euros de restrictions budgétaires pour 2015 et 2016, l’effort devant peut-être devenir récurrent. Ensuite, les organisations patronales de tous le pays ont ouvertement fait appel à la constitution d’une coalition de droite dure, avec nos salaires et particulièrement le prochain accord interprofessionnel en ligne de mire.
Et c’est aujourd’hui au tour de Cora d’annoncer le probable licenciement de 447 travailleurs dans le cadre de son plan Coravenir, comme l’a dévoilé à la presse la CGSLB.
N’encaissons pas les coups sans réagir ! Il est plus que temps de construire un rapport de force sérieux, un front de résistance contre l’austérité et les pertes d’emplois, qui renoue avec les traditions du syndicalisme de combat et vise à la plus large unité dans la lutte. Dans le secteur de la distribution, des revendications telles qu’une harmonisation des conditions de travail et de salaire dans l’ensemble du secteur de sorte que les magasins ne puissent pas être mis en concurrence, peuvent renforcer l’unité à la base. Sur base d’un mouvement fort chez Delhaize et Cora, avec le soutien et l’implication des clients, il sera possible d’arriver à des actions telles qu’une grève de 24 heures dans l’ensemble du secteur.
Les attaques antisociales vont pleuvoir de tous les niveaux de pouvoirs et de tous les côtés du secteur privé, nous devons nous préparer à un contre-offensive menée tous ensemble. Isolés, nous sommes perdus, ensemble, nous pouvons vaincre.