Category: Social

  • Pôle Nord. La glace recule, l’impérialisme avance

    Pôle Nord

    Une véritable bataille s’est engagée ces derniers mois pour le contrôle de la région du Pôle Nord, sous les plis du drapeau de la recherche scientifique.

    Frederik De Groeve

    Le Danemark et la Russie essaient l’un comme l’autre de prouver par des données sismographiques que le Pôle Nord leur appartient sur le plan géologique. Le Canada et les Etats-Unis veulent marquer ce territoire en envoyant de nouveaux navires de patrouille et de projetant d’y installer de nouvelles bases militaires. Enfin, la Norvège veut aussi avoir son mot à dire puisqu’elle possède le territoire voisin du Spitzberg. Comment expliquer cet intérêt soudain pour le Pôle ?

    L’accumulation des gaz à effet de serre – principalement le CO2 issu de l’utilisation massive de combustibles fossiles comme le pétrole – provoque un réchauffement du climat. Et – bien que les politiciens et les médias en donnent souvent une image déformée et confuse – le réchauffement de la terre a des conséquences catastrophiques pour l’homme et la nature. Ces conséquences sont déjà clairement visibles maintenant et ne feront qu’augmenter à l’avenir. Et parmi ces conséquences, il y a la fonte rapide de la calotte glaciaire.

    Suite à la diminution de la couche de glace, la région polaire devient navigable pendant les mois d’été. Il y a quelques semaines, des chercheurs russes et danois ont atteint le Pôle Nord en bateau.

    L’intérêt pour le Pôle n’est pas que scientifique : de nombreux indices font penser que, sous le fond de l’océan, se trouvent des réserves de pétrole et de gaz qui seraient facilement exploitables après la fonte complète de la calotte glaciaire.

    En préparant une « ruée vers l’or noir » sous le territoire du Pôle, les puissances capitalistes admettent ouvertement n’avoir nullement l’intention de solutionner les problèmes de climat. Tous ces pays, à l’exception des Etats-Unis, ont pourtant signé le protocole de Kyoto, qui était présenté comme une tentative pour limiter le réchauffement de la terre. Mais la réalité nous montre que ce protocole n’était qu’un cache-sexe. En fin de compte, ce sont les intérêts économiques qui priment. La présence potentielle de pétrole sous les glaces du Pôle est beaucoup plus intéressante pour les capitalistes que la bombe à retardement écologique qu’on place sous la planète.

  • Débat écologie.

    Nous avons reçu une lettre intéressante d’un de nos lecteurs qui conteste divers points du dossier écologie paru dans le numéro de juillet-août. Nous sommes heureux de publier ici cette lettre et notre réponse. Si vous aussi, vous voulez réagir à un article, apporter des informations ou donner votre point de vue sur le journal, écrivez-nous. Ce journal n’est pas seulement celui de notre organisation mais il veut être aussi une tribune et un lieu de débat pour ceux qui veulent lutter contre le capitalisme. Alors, à vos bics et à vos claviers !

    > Ecologie et capitalisme: Lutter pour l’un, c’est détruire l’autre


    Ne caricaturez pas la critique « écologiste » du système !

    Cher Nicolas,

    Je vous rejoins entièrement sur l’idée que sauver l’environnement sous le capitalisme est une ineptie (voir dossier écologie, AS n°123). Là où je ne vous suis plus, c’est dans la caricature que vous dressez de la critique « «écologiste » du système.

    Vous présentez le bio comme une arnaque qui « joue sur le sentiment d’insécurité alimentaire » (sic) pour faire un max de profits « sans que l’on sache ce qui est véritablement bio ou pas ». A vrai dire, il suffit de lire les étiquettes…

    Dans les faits, vous reprenez mot pour mot les arguments des tenants de l’industrie agroalimentaire (qui pensent, comme vous, que la chimie est « toujours une source de progrès considérables », adage qu’ils se plaisent à appliquer à grands de pulvérisations car, ô progrès, on récolte plus de blé quand il a poussé sous les engrais et les pesticides) dans un front commun inédit entre marxisme révolutionnaire et multinationales de la bouffe sous vide.

    Si, en attendant la révolution, vous ne voyez pas d’inconvénients à ingurgiter de la viande parfumée aux hormones, des poulets élevés en camps de concentration et des salades respirant des pesticides sous leur cloche en plastique, grand bien vous fasse. On peut se résigner à manger de la m… mais on peut aussi se battre pour que le bio devienne la norme et qu’il soit accessible à tous.

    Pour ma part, je trouve aussi important – oserais-je dire plus ? – de se battre pour manger plus sain que de dénoncer l’augmentation du prix des sacs-poubelles. Car l’augmentation du niveau de vie depuis 30 ans, c’est aussi le boom de la consommation, l’aliénation sur écran plat, les caddies qui débordent de boustifaille industrielle, les jantes chromées pour avoir l’impression de briller et les frites grasses les soirs de foot.

    Pas de niveau de vie sans qualité de vie et vice versa. Luttes économique et lutte politique. IL faut se battre sur tous les fronts. Le bio ne changera pas le monde mais les 32 heures sans perte de salaire non plus. Toute critique du système (de gauche s’entend) est bonne à prendre, encore plus quand des gens s’organisent pour la transformer en lutte. Plutôt que de faire de chaque contestation une impasse, voyez-y plutôt une porte ouverte… parce que, quand vous assimilez la logique des partisans de la décroissance à celle des gouvernements qui appliquent des politiques d’austérité, vous sombrez dans le sectarisme burlesque.

    Il ne s’agit pas seulement de prôner un nouveau parti des travailleurs sur papier, il faut surtout prendre des positions politiques concrètes qui vont dans ce sens. Il ne faut pas diviser artificiellement, il faut unifier.

    Au plaisir d’en débattre avec vous.

    Bernard MOCH,

    Prof et berger


    Nous ne pensons hélas pas le faire…

    Cher Bernard,

    Nous accordons bien évidemment une grande importance à la qualité de vie de la population et dénonçons donc l’utilisation irresponsable de produits chimiques dans l’alimentation. Mais pour nous, lutter pour une alimentation saine passe obligatoirement par le changement radical du système. Et il ne s’agit pas d’attendre celui-ci, il s’agit d’en favoriser l’arrivée le plus rapidement possible.

    Pour obtenir une « étiquette bio», il faut respecter les termes d’une charte dont différents organismes de contrôles assurent le respect. Même si des tricheries existent, elle semblent moins nombreuses que dans d’autres domaines, et c’est heureux. Mais derrière ce terme de bio, différentes réalités existent, du bio artisanal au bio industriel, du bio local aux produits suremballés ramenés de l’autre bout du monde pour seules raisons d’avantages financiers. Même des multinationales pharmaceutiques investissent maintenant dans ce marché devenu très porteur et rentable.

    De l’autre côté, si nous admettons bien qu’il existe toujours – dans le sens de « encore actuellement » et pas de « du début à la fin des temps » – des progrès apportés par la chimie, nous ne nous plaçons pas du même côté que les multinationales qui utilisent ce fait comme feuille de vigne pour cacher leurs pratiques dictées par la seule logique de profit. Pas de front commun inédit cette fois-ci, donc…

    Si nous sommes, vous et nous, d’accord sur l’absolue nécessité de sortir du capitalisme, la majorité des militants « bio » veulent convaincre les gens un à un d’une autre manière de s’alimenter, dans un système où les médias, l’éducation et la distribution alimentaire sont aux mains des capitalistes ou de l’Etat qui les protège. Pour beaucoup de ces militants, produire et manger bio est même devenue une fin en soi, qui rend superflue une véritable activité politique.

    Pour nous, c’est le processus de la lutte collective qui permet de créer les conditions matérielles pour intervenir sur les mentalités. L’éducation seule ou la petite production « éthique » à l’intérieur du capitalisme ne peut suffire à ronger jour après jour des habitudes entretenues par celui-ci.

    A ce titre, une revendication comme le partage du temps de travail entre les travailleurs et sans perte de salaire (les 32 heures) est un mot d’ordre qui nous semble bien plus capable de modifier le système dans la mesure où il met en lumière l’opposition entre les besoins pressants de la majorité et le droit de propriété d’une minorité.

    Je terminerai cette (courte) réponse en précisant que mettre en avant nos critiques est un gage d’honnêteté et non de sectarisme. C’est à notre sens une base plus saine pour envisager des actions en commun, en connaissance des positions de chacun. J’espère donc vivement vous retrouver bientôt dans les luttes à venir, côte à côte malgré nos divergences.

    Nicolas CROES

  • Droit d’asile. 766 Angélica enfermées en Belgique

    L’affaire Angélica a fait souffler un vent d’indignation à travers le pays cet été. L’Equatorienne Ana Cajamarca (28 ans) et sa fille Angelica (11 ans) séjournaient « illégalement » en Belgique depuis 2003.

    Emiel Nachtegael

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    UN LYCÉEN DE TURNHOUT RISQUE D’ÊTRE EXPULSÉ VERS LE TIBET

    Francesco Picqueur

    Alors que la majorité des lycéens profitaient encore de leurs vacances, Tenzin, un de mes camarades de classe et demandeur d’asile tibétain, a vécu ces dernières semaines un véritable enfer. Il a reçu un avis lui annonçant que sa demande de régularisation était refusée ainsi qu’un ordre de quitter le territoire.

    Cela fait trois ans que Tenzin séjourne dans notre pays comme candidat réfugié et qu’il suit les cours à Turnhout. Il a terminé sa 5e année en secrétariat et devait rentrer en 6e. Il parle couramment le néerlandais, aime l’école et est un élève studieux comme le montrent ses résultats. Mais, pour l’Office des Etrangers, il n’était qu’un numéro de dossier sans avenir dans ce pays.

    A la rentrée, nous allons organiose rune réunion avec les lycéens pour organiser une manif et une action de protestation. Nous espérons que l’école et la direction collaboreront avec nous et, au-delà, une solidarité aussi large que possible. Belge ou immigré, luttons ensemble contre cette politique antisociale !
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    Angélica avait de bons résultats scolaires et allait chez les scouts. Leur présence ne semblait gêner personne, jusqu’à la fin du mois de juin. Elles ont été arrêtées, emprisonnées dans un centre fermé et ont failli être expulsées vers l’Equateur.

    L’enfermement d’Ana et d’Angelica a suscité beaucoup de protestations. Même le nouveau président équatorien, Rafael Correa, et sa femme qui est de nationalité belge se sont prononcés nettement contre la politique répressive de la Belgique en matière de droit d’asile. La Belgique a d’ailleurs déjà été condamnée deux fois par la Cour Européenne des Droits de l’Homme parce qu’elle enferme des mineurs dans des centres et à cause de sa politique d’extradition. Selon le rapport du psychologue qui l’a suivie, Angélica, comme beaucoup d’autres enfants enfermés, souffre de dépression et de cauchemars suite à la détention et à la tentative d’expulsion.

    Quant aux circonstances de cette tentative d’expulsion, elles demeurent floues. Un médecin a constaté des contusions aux genoux et des blessures aux tibias et aux mains. Le 31 juillet, Ana a montré quelquesunes de ses blessures à la presse. Le Service de l’Office des Etrangers et la Police Fédérale ont nié les faits. La police a prétendu ne pas avoir touché Ana et sa fille.

    Apparemment, la détention d’enfants dans des centres fermés (c’est-àdire en fait des prisons), est une donnée normale dans ce pays. L’année dernière, 242 familles avec 537 enfants ont été enfermées dans le centre fermé 127 bis à Steenokkerzeel (près de l’aéroport de Bruxelles National),. A Merksplas, ce sont 229 enfants qui ont été enfermés. Au total, il s’agit donc de 766 enfants en un an !

    A l’exception des Verts et d’une poignée de députés PS et CDH, aucun parti ne réclame clairement une modification sérieuse de la politique d’extradition et de régularisation (lorsque les Verts étaient au gouvernement, il n’y a du reste pas eu beaucoup de changements…). Ils préfèrent rejeter la responsabilité sur les demandeurs d’asile eux-mêmes. Ainsi, on a reproché à Ana Cajamarca de ne pas avoir introduit de demande d’asile. Mais les Equatoriens ont peu de chances d’être régularisés. Des quelque 8.000 Equatoriens dans ce pays, seuls 2.000 sont en situation légale. Nous revendiquons la suppression immédiate des centres fermés et des expulsions et nous défendons la régularisation de tous les sans-papiers.

    Aujourd’hui, certains patrons avancent l’idée d’ouvrir l’accès au travail à des demandeurs d’asile mais uniquement dans certaines catégories professionnelles parce que cela pourrait leur rapporter une main d’oeuvre bon marché et flexible. Nous revendiquons au contraire que chaque emploi soit un véritable emploi déclaré et qu’à travail égal, le salaire soit le même pour tous, étrangers ou Belges.

    Ce n’est qu’ainsi qu’on pourra éviter qu’un groupe de travailleurs soit utilisé pour faire pression sur les conditions de travail et les salaires d’autre groupes.

  • Marx et Engels : défendre les travailleurs, c’est défendre leur milieu

    Certains, dès le 19e siècle déjà, ont cependant refusé de se laisser enfermer dans de faux problèmes comme d’opposer l’écologie à la technique ou de dire que le combat environnemental dépasse les clivages politiques. Parmi eux se trouvaient Karl Marx et Friedrich Engels, les auteurs du Manifeste du Parti Communiste.

    Nicolas Croes

    Friedrich Engels disait par exemple : « qu’il s’agisse de la nature ou de la société, le mode de production actuel tient uniquement compte du résultat immédiat manifeste ». Pour eux, c’est le capitalisme, et non l’industrie, qui est le véritable virus à la base de la dégradation de l’environnement. Les intérêts à court terme de la minorité qui possède les moyens de production et contrôle la société vont à l’encontre de ceux de l’humanité, avec des conséquences évidentes pour le respect du milieu de vie.

    En prenant exemple sur l’agriculture, Marx déclarait par exemple, bien avant l’utilisation massive des pesticides : « Tout l’esprit de la production capitaliste, axée sur le gain d’argent immédiat, est en contradiction avec l’agriculture, qui doit desservir l’ensemble des besoins permanents des générations humaines qui se chevauchent». Il précisait : « Chaque progrès de l’agriculture capitaliste représente un progrès non seulement dans l’art de dépouiller le travailleur, mais dans celui d’appauvrir la terre ; toute amélioration temporaire de la fertilité des sols rapproche des conditions d’une ruine des sources durables de cette fertilité ».

    Engels, dans son ouvrage La dialectique de la nature, allait dans le même sens : « Nous ne dominons nullement la nature à l’instar du conquérant d’un peuple étranger, comme si nous étions placés en-dehors de la nature (…) toute la souveraineté que nous exerçons sur elle se résume à la connaissance de ses lois et à leur juste application, qui sont notre seule supériorité sur toutes les autres créatures. En effet, chaque jour, nous apprenons à mieux pénétrer ses lois et à reconnaître les effets plus ou moins lointains de nos interventions (…). » Il avertit cependant qu’arriver à une solution « exige de nous autre chose qu’une simple connaissance », et « nécessite le bouleversement total de notre production, y compris l’ordre social actuel dans son ensemble (…) Le profit obtenu par la vente est le seul et unique mobile du capitaliste (…) ce qui advient ultérieurement de la marchandise et de son acquéreur est le dernier de ses soucis. Il en va de même quand il s’agit des effets naturels de ces agissements».

    Tous deux ont finalement démontré que la société industrielle et la nature ne sont pas incompatibles. Mais la production industrielle doit être organisée de manière consciente, planifiée dans les intérêts de tous et avec la participation de tous, afin d’éliminer les gaspillages et la logique de profit à court terme qui définit notre société actuelle. C’est cette dernière qu’il faut changer de fond en comble, radicalement. Toute position intermédiaire ne saurait être que l’équivalent d’une aspirine donnée à un cancéreux.

    URSS et Chine « populaire »

    Bien évidemment, quant on met en avant comme solution de détruire le capitalisme pour résoudre, entre autres, les problèmes environnementaux, un simple regard porté sur la pollution qui sévit en ex-Union Soviétique ou en Chine ne pousse pas à aller plus avant sur cette voie. Actuellement, un cinquième de la population russe vit dans une région tellement sinistrée écologiquement qu’elle est un danger pour la santé. De même, les pluies acides couvrent un tiers du territoire chinois.

    Pour nous, le « socialisme » qui a été appliqué dans ces pays n’a finalement été qu’une caricature sanglante caractérisée notamment par un productivisme à outrance. Pour fonctionner, une économie planifiée a besoin de démocratie comme un corps a besoin d’oxygène. En ce sens, le règne dictatorial de la bureaucratie dans ces pays n’a pas eu uniquement comme conséquence la répression, les déportations et le goulag mais aussi des dégâts causés à l’environnement qui devront encore être supportés par de nombreuses générations. De plus, tant le passage brutal de la Russie à l’économie capitaliste que la transition accélérée sur la même voie qui se déroule actuellement en Chine n’ont en rien atténué cette situation. Bien au contraire.

    Sauver l’environnement par la lutte collective

    En définitive, le peu de mesures qui ont été prises sont concentrés dans les pays développés, là où la pression de l’opinion publique et parfois les mobilisations populaires ont pu porter. Mais la pollution n’entre que légèrement en ligne de compte dans les politiques des gouvernements et des dirigeants des multinationales. Sinon, une autre politique serait mise en œuvre, basée sur le développement des transports publics, une meilleure utilisation des transports ferroviaires et fluviaux, une relocalisation des activités de production,…

    En France, la première législation face aux effets toxiques aux environs des usines date de 1810, bien avant toute loi en faveur des travailleurs et même des enfants. Si les travailleurs ont réussi entre-temps à obtenir des améliorations de leurs conditions de travail, c’est par leur lutte collective pour arracher des acquis aux exploiteurs des industries et de la finance. La lutte pour la sauvegarde de notre planète doit suivre la même voie. Par la lutte, retirons des mains des profiteurs la direction de la société !

  • Ecologie et capitalisme: Lutter pour l’un, c’est détruire l’autre

    Chaque année, la forêt amazonienne, qui représente le tiers des forêts tropicales au monde, perd près de 30.000 km2, soit une superficie proche de celle de la Belgique. Plus de 30.000 espèces végétales, dont une grande partie ont des vertus médicinales, sont en conséquence menacées. Ce poumon vert disparaissant est révélateur d’un cancer généralisé de notre environnement.

    Dossier par Nicolas Croes

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    Quelques données intéressantes…

    Vous l’aurez remarqué, ce dossier n’a pas vraiment été élaboré pour être une analyse des aspects techniques des problèmes écologiques. Il nous paraissait plus intéressant de développer ici comment, en tant que marxistes, nous nous positionnons contre la dégradation de notre milieu de vie.

    En partant de l’idée que le lecteur était plus intéressé par le fait de découvrir cet aspect – et partait donc avec un minimum de conviction sur l’intérêt de se préoccuper des enjeux environnementaux – cet article ne pouvait que manquer de chiffres et de données sur l’ampleur de cette problématique. Toutefois, comme ce texte est également une base pour que chacun puisse argumenter autour de lui, voici une liste de quelques données « choc », hélas loin d’être complète…

    • A l’échelle de la planète, sont produits chaque année :

      – 2 milliards de tonnes de déchets industriels solides

      – 350 millions de tonnes de déchets dangereux

      – 7.000 tonnes de déchets nucléaires, alors qu’on ne sait toujours pas comment faire pour s’en débarrasser.

    • Les entreprises des pays riches, membres de l’OCDE, sont responsables à 90% de la production de ces déchets.
    • La pénurie d’eau constituera à l’avenir une grave source de conflits. Entre 1960 et 2025, la ressource en eau par personne sera passée de 3.430 mètres cubes à 667. Le seuil d’alerte est de 2.000 mètres cubes…
    • La désertification fait disparaître 6 millions d’hectares de terres cultivables par an.
    • 6.000 espèces animales disparaissent chaque année.
    • La déforestation, une des causes majeures de l’effet de serre, fait perdre aux forêts tropicales, qui hébergent 70% des espèces vivantes recensées sur la terre, de 1,5% à 2% de leur territoire par an.
    • A titre d’exemple, en France, les transports représentent 34% des émissions de gaz carbonique. Mais ce ne sont pas les voitures qui causent l’écrasante majorité de cette pollution. Les transports de marchandises par les routes, plus rentables que par voie ferrée à cause des très mauvaises conditions de travail et de salaires des routiers, représentent 94% de ce chiffre.
    • Le protocole de Kyoto ne contient aucune obligation pour les pays signataires. Ses objectifs sont pourtant très modestes… et ne constituent que 3% de l’effort à réaliser pour freiner effectivement le réchauffement climatique ! S’il était vraiment respecté, il ne correspondrait qu’à une diminution de la température de 0,6°C pour une hausse évaluée entre 2°C et 4°C pour 2050. En guise de comparaison, lors du maximum de la dernière période glaciaire il y a 18.000 ans, la température n’était que de 4°C inférieure à la moyenne actuelle… A l’époque, le niveau des mers était 100 mètres sous le niveau actuel et les deux tiers de la France étaient recouverts de glace. Cela ne donne qu’une légère idée des bouleversements qui nous attendent.

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    A cela il faut ajouter que de nombreux peuples d’Amazonie qui n’ont quasiment jamais eu de contacts avec le monde moderne ne prennent donc conscience du danger qui leur fonce dessus que lorsque les bulldozers écrasent leurs villages. Avec la plus grande audience que reçoivent désormais les problèmes environnementaux, c’est l’ensemble de la société aujourd’hui qui semble être un de ces villages reculés faisant face à une désolante réalité. Avons-nous également aussi peu de moyens que les Indiens amazoniens pour défendre la qualité de vie sur notre planète?

    De cette question découle bien évidemment une avalanche d’autres. Et pour nous, qui nous revendiquons du marxisme révolutionnaire, vient s’ajouter une question supplémentaire : ne doit-on pas mettre de côté la lutte pour le socialisme pour parer au plus pressé ? Ne doit-on pas en premier lieu se soucier de la terre qui porte l’Homme avant de se soucier de la manière dont est organisée sa société ?

    Comme le titre de cet article l’aura indiqué, il s’agit au contraire pour nous d’un seul et même problème. Ce qui nous différencie avant tout des « écologistes » officiels est que – pour la plupart d’entre eux, et dans le meilleur des cas – ils se limitent à une critique de certaines caractéristiques du système d’exploitation capitaliste sans approfondir plus avant la réflexion sur les causes mêmes de ces symptômes.

    Ecologie et progrès : conciliation impossible ?

    Evidemment, les lésions provoquées à l’environnement du fait des activités humaines ne sont pas un phénomène neuf. Les auteurs antiques, par exemple, mentionnaient déjà dans leurs textes les problèmes écologiques créés par le développement de l’Empire romain. Mais au niveau environnemental également, l’émergence et la domination de la grande industrie capitaliste a été une date fondamentale, le début d’une dégradation écologique qui n’a cessé de s’amplifier jusqu’à l’aggravation dramatique de ces dernières décennies.

    Mais si l’on constate déjà les dégâts des fumées malsaines qui couvrent les villes industrielles anglaises au 18e siècle, si dès 1860 des scientifiques pointent du doigt les risques d’un changement climatique dû au rejet industriel de gaz carbonique, les questions posées comprenaient une bonne dose de fatalisme : le massacre de la nature n’est-il pas inévitable avec le « progrès » ? Faut-il rejeter la grande industrie en tant que telle ?

    Ces courants précurseurs de l’écologie étaient en fait issus de couches relativement aisées de la société qui avaient le loisir de se soucier de leur qualité de vie. La classe ouvrière se préoccupait elle aussi de sa qualité de vie, misérable, mais celle-ci se heurtait frontalement à l’exploitation du système capitaliste, alors que les couches plus aisées n’en percevaient en fait que les effets secondaires.

    Ce constat vaut également pour les mouvements écologistes qui sont apparus dans le courant des années ’70. Faute de véritable analyse de fond de la société, bien des « solutions miracles » proposées par ces groupes aboutissaient, et aboutissent encore, à une impasse dès qu’ils sortent de leur petit cas personnel.

    L’impasse des solutions individuelles

    Il y a par exemple la théorie de la surpopulation. Il y aurait ainsi trop d’humains sur la terre (et ce sera encore pire demain) par rapport à ses réserves énergétiques et aux ressources alimentaires. Et compte tenu de l’impact croissant sur l’environnement, la nature ne pourrait ainsi pas supporter tout le monde. Elle a bon dos, la nature. Cette idée est surtout l’expression d’un refus de changer quoi que ce soit. Comme la population augmente plus vite dans les pays du Tiers-Monde, cela revient à dire qu’il faut s’en prendre aux plus pauvres : ne changeons rien à notre gaspillage, les autres peuvent bien souffrir ! Nous pensons au contraire qu’il n’y a pas de surpopulation absolue et que les dernières décennies montrent que la croissance de la population diminue fortement avec l’élévation du niveau de vie, d’éducation et de santé (notamment à travers les progrès de l‘émancipation des femmes et la création de systèmes de sécurité sociale qui ne sont plus limités aux liens familiaux).

    Le retour aux valeurs prétendument « authentiques » est une autre ineptie « écologique ». Dans les années ‘70, il s’agissait d’aller à la campagne pour vivre comme un berger, maintenant on préfère mettre en avant la nourriture bio. Mais la science ne saurait être accusée de tous les maux, et l’opposition à la chimie, devenu synonyme de poison, est par exemple une bonne manière de ne pas se poser trop de questions. De plus, en jouant sur le sentiment d’insécurité vis-à-vis de l’alimentation, les produits biologiques peuvent être vendus à un prix plus élevé (avec bien entendu des profits plus élevés). Car l’alimentation bio est maintenant devenue un véritable business, alors que ce qui est ou n’est pas un produit véritablement biologique n’est pas très clair… au contraire du montant à payer !

    La chimie a été une source de progrès considérable et c’est toujours le cas. Ce n’est en rien la science ou le progrès qui est à dénoncer, mais bien son utilisation – à courte vue et de façon systématiquement orientée vers la recherche du profit – dans le cadre du système capitaliste. En poussant cette logique erronée de rejet du progrès, certains groupes écologistes ont même été jusqu’à refuser les vaccinations obligatoires, au risque d’être eux-mêmes porteurs de maladies pour les autres.

    Autre théorie : celle de la décroissance soutenable. Face à des ressources qu’il convient de ne pas épuiser davantage, la solution serait simplement… de consommer moins. Il vaudrait ainsi mieux défendre le milieu de vie plutôt que le niveau de vie. Cette logique de la pénurie est finalement un pendant « progressiste » de la logique d’austérité défendue par les gouvernements et la bourgeoisie (pour les autres…) depuis le début de la crise en 1973-1974. C’est une fois de plus une théorie qui vise à culpabiliser les consommateurs, cette fois en critiquant leur acceptation du système.

    Mais la seule manière d’arriver à stopper le gaspillage n’est pas de s’en prendre à des individus qui ne contrôlent pas la société, mais bien de mener la lutte pour une société orientée différemment, vers les besoins de tous. Doit-on mettre les victimes de l’exploitation capitaliste sur le même pied que les responsables de cette exploitation ?

    Si les partis « écologistes » traditionnels ne sont d’une manière générale pas embourbés dans de pareilles théories, ils n’en demeurent pas moins porteurs de méthodes sans lendemain. Ainsi, « l’union nationale pour le climat » proposée par ECOLO part de l’idée que toute la population est logée à la même enseigne : propriétaires d’entreprises et travailleurs seraient également pollueurs et victimes. Il suffirait donc de réunir tout le monde autour de la même table pour trouver des solutions. C’est volontairement mettre de côté que les plus grands pollueurs sont les entreprises, qui par ailleurs décident de ce qui est produit et de la manière dont est organisée cette production, en fonction de leurs seuls intérêts et non de ceux de la collectivité. C’est aussi une belle preuve de naïveté. Pour les patrons et les actionnaires, tout est à sacrifier à l’autel du profit. La rentabilité et la compétitivité des entreprises seront toujours favorisées au détriment de l’environnement tant que la population n’imposera pas par la force le respect du bien commun.

  • Changements climatiques : Les prix vont suivre la température

    La question de l’écologie et de la préservation de notre environnement est vue parfois comme un problème secondaire, comme une préocupation réservée à ceux qui n’ont que cela à faire. Le cynisme n’est pas étranger au regard que certains portent sur les modifications du climat : « plus de soleil, plus de bronzage ! ». Pourtant, il s’agit d’un problème crucial et pour notre avenir immédiat également.

    Souvent, les militants écologistes ont été vus comme des farfelus. Mais bon, il est vrai que pour un travailleur aux prises avec l’exploitation qu’il subit sur son lieu de travail – avant de replonger dans la vie familliale et les problèmes des enfants, des factures à payer,… – il n’est pas toujours évident d’être sensible au drame que représente la disparition d’un petit mammifère en Asie. D’autant plus que les solutions proposées par les Verts – « officiels » et autres – n’ont régulièrement été que des délires utopistes ou des taxes supplémentaires (évidemment, uniquement pour les consommateurs afin de ne pas effrayer les principaux pollueurs que sont les entreprises).

    Depuis quelques temps, les rapports du GIEC (Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat), d’autres organismes similaires ou encore ceux de l’ONU ont fait la une de l’actualité. Il est maintenant devenu complètement absurde de nier les effets de l’activité humaine sur la terre. Mais pour beaucoup de gens, les chiffres donnés restent abstraits ou lointains. Pourtant, 50 millions de « réfugiés écologiques » en 2010 à cause des sécheresses et innondations croissantes, ce n’est pas rien. Le culte de l’individualisme qui a déferlé sur la société ces dernières années n’est pas pour rien dans le désintérêt surprenant à l’égard des enjeux du problème.

    Un article paru dans le « Wall Street Journal » et relayé dans le « Courrier International » du 10 au 15 mai donne des données beaucoup plus concrètes sur l’impact du réchauffement climatique sur notre quotidien immédiat. Tout l’article est centré autour de la flambée des prix (l’inflation) alimentaires qui va découler des mauvaises récoltes dues aux températures anormalement élevées et à l’absence de pluie.

    Par exemple, dans le Land de Saxe, dans l’est de l’Allemagne, les prix des denrées alimentaires ont augmenté quatre fois plus que les autres produits de consommation durant le mois de mars de cette année. Et dans l’ensemble du pays, le volume des pluies a été 90% inférieur à la normale durant le mois d’avril. « C’est le mois d’avril le plus sec, le plus chaud et le plus ensoleillé jamais enregistré » déclare le service national de météorologie allemand.

    En France, les températures durant ce mois ont été globalement 10% supérieures aux moyennes saisonnières tandis qu’en Espagne, les bassins de rétention d’eau ne sont remplis qu’à 40% de leur niveau normal. De fait, le mois d’avril 2007 a été le plus sec depuis au moins un siècle en Europe ; jamais en Belgique nous n’avons connu de pareilles chaleurs en avril depuis au moins 1830.

    En Italie, l’organisation patronale redoute les fermetures d’usines durant l’été et le gouvernement est sur le point de décréter l’Etat d’urgence.

    La Banque d’Angleterre a, quant à elle, expliqué que si le Royaume-Uni a eu une inflation de plus de 3% c’était en raison « d’une hausse des prix alimentaires provoquée par une réduction mondiale de l’offre en raison des conditions climatiques ». Et si l’inflation annuelle a atteint 3,1% en mars, les prix de la production agricole ont connu une inflation deux fois supérieure.

    Le tableau est similaire partout en Europe. « L’augmentation des prix est imminente » déclare le patron de Pinguin (conditionneur belge de légumes surgelés). Les prix se situent à « un niveau trompeusement bas depuis des années» dit-il encore.

    Il y a d’ailleurs encore quelques mois, les organisations agricoles misaient sur des récoltes exceptionnelles en raison de l’hiver particulièrement doux que nous avons connu. L’Union Européenne avait même commencé à vendre ses stocks de blé, ce qui avait en conséquence fait diminuer (un peu) les prix.

    Le problème ne se situera pas seulement au niveau de l’alimentation, mais également au niveau de l’électricité car la pénurie d’eau aura aussi des effets sur les centrales électriques.

    A cela, on peut encore ajouter que la canicule de 2003 avait causé plus de 70.000 décès à travers l’Europe et que les services de soins de santé publics se sont dégradés depuis lors…

    Tout ces éléments démontrent que les questions environnementales nous concernent réellement tous. Il est urgent de réfléchir aux solutions à mettre en oeuvre face à la dégradation de l’environnement et ses conséquences, comme par exemple la montée des prix de l’alimentation.

    Conscientiser… ou culpabiliser ?

    De nombreuses campagnes sont mises en oeuvre pour « conscientiser le citoyen ». Il est certain que le gaspillage d’eau et la pollution sont l’oeuvre de toutes les couches de la société, mais en définitive, les véritables responsables ne sont pas les personnes visées par ces campagnes. Culpabiliser le « citoyen » est un moyen commode pour masquer les premiers pollueurs.

    Dans un système basé sur la compétition entre entreprises, il est logique de voir leurs propriétaires faire ce qu’ils peuvent pour éviter de couler. La course aux profits est une nécéssité si un entrpreneur ne veut pas finir dans les poubelles de l’économie. Alors, avec une logique pareille, l’environnement, on s’en préoccupe peu. Pas assez rentable. Frein à la liberté d’entreprendre.

    Alors, comme l’ensemble des politiciens tiennent pour acquis que ce sont les entreprises qui créent l’emploi et qu’il faut les séduire et non les effrayer, on ne fait rien à leur niveau. Et si des lois passent, leur respect est encore tout théorique, sans parler des entreprises qui préfèrent payer des amendes qui reviennent de toute façon moins chères que le respect des normes.

    Donc… on s’attaque au « citoyen ». Mais les taxes touchent tout le monde de la même manière : le patron de Fortis paie la même taxe sur sa cannette de Coca que le livreur intérimaire de Pizza Hut. Il en va de même avec les incitants pour produits écologiquement meilleurs, comme par exemple les voitures moins polluantes. Mais, dans les faits, ce n’est même pas le cas. Car quand on a les moyens, ce n’est pas un problème de changer de voiture, d’installer une série de panneaux solaires ou de consommer des produits plus respectueux de l’environnement, mais aussi plus chers. En définitive, quand on « conscientise le citoyen », on attaque en réalité les travailleurs, les chômeurs, les femmes au foyer, les jeunes,… La majorité de la population ne pourra pas adapter son comportement puisqu’elle n’en a pas les moyens, et en a d’ailleurs de moins en moins.

    De toute façon, les nouveaux impôts ne servent bien souvent même pas à augmenter le budget pour la protection de l’environnement.

    Que faire donc ? L’écologie et le capitalisme sont opposés. Lutter pour préserver l’un, c’est détruire l’autre. Le capitalisme est basé sur le gaspillage. La loi du marché et de la concurrence signifie que personne ne sait ce qui est produit avant que cela le soit. Un peu comme si un étudiant allait à son examen de math pour voir ce qu’il doit étudier. Dans ces conditions, on produit trop et sans que cette production ne soit même nécessaire puisque la base est de rapporter aux actionnaires et aux chefs d’entreprises et non de satisfaire les besoins de la population.

    Le système qui préserverait le mieux l’environnement est une économie démocratiquement planifiée, c’est-à-dire où les moyens de produire sont aux mains des travailleurs – et non pas d’une minorité de profiteurs – qui décideraient eux-même de ce qu’ils doivent produire en fonction de leurs besoins. Et parmi ces besoins figure la protection de la planète. L’écologie et le marxisme révolutionnaire sont étroitement liés, contrairement à l’image qu’à pu en donner la caricature productiviste stalinienne des ex-pays « socialistes ». A la lutte pour nos emplois, contre la cherté de la vie, contre le racisme,… doit être liée la lutte pour la préservation de notre éco-système.

  • La chasse aux sans-papiers continue

    Un juge brugeois a décidé fin du mois dernier de suspendre temporairement l’expulsion d’une famille kazakhe qui habitait depuis déjà 7 ans à Blankenberge. Ce jugement s’est fait sur base des bons résultats scolaires obtenus par le fils (en première année secondaire) et la fille (en deuxième année ingénieur commercial) le juge estimant qu’une exclusion porterait dommage au parcours scolaire des enfants. Maintenant, la famille peut rester, jusqu’à 3 mois après le verdict du service des affaires étrangères.

    Eline

    Le Ministre des Affaires étrangères Patrick Dewael n’a pas hésité à réprimander le juge. Selon lui, il s’agit de « l’absurdité juridique »: « Dans ce cas ce magistrat est non-compétent. Le Conseil d’État, qui est compétent, a déclaré l’ordre d’expulsion valide. Le juge brugeois aurait dû se déclaré incompétent pour ce cas et pour ça nous allons en appel. » Il trouve aussi que les conseils communaux devraient activement coopérer à la chasse effective de ces personnes de leurs communes. La commune de Blankenberge a ainsi reçu 15 lettres du ministère au sujet de la famille kazakhe ces dernières années.

    Selon Dewael, une régularisation générale n’a aucun soutien au sein du Parlement, et une régularisation individuelle ne serait pas non plus une option étant donné que cela pourrait donner l’impression d’une récompense à l’illégalité.

    Que cette régularisation puisse être prise comme une récompense nous semble assez improbable au regard de la vie quotidienne qu’implique le fait d’être sans-papiers. L’échine courbée, dans leur propre pays, sous les excès étouffant du système capitaliste, ces personnes ont eu le courage d’abandonner leur vie derrière eux pour se diriger vers un avenir incertain avec pour unique résultat de se retrouver, dans un pays étranger, entièrement isolés du monde extérieur. Depuis leur arrivée, leur détresse ne trouve que des réponses froides illustrées par le traitement sans pitié qu’ils subissent comme s’ils étaient des criminels responsables de leur propre situation. Si ils se retrouvent dans la majorité expulsée, il ne leur reste que peu de choix, étant donné que retourner au pays d’origine n’est souvent pas (ou plus) une option. Si on choisit de rester dans notre pays on tombe alors dans cette fameuse « illégalité » et on est définitivement taxé de criminel, cette manière de penser est d’ailleurs renforcée par l’utilisation du terme « illégal ». Une fois arrivé à cette situation, ils sont abusés par des entreprises qui saisissent avec plaisir cette opportunité de faire pression sur les salaires autochtones. Ces gens ont alors déjà tellement subit qu’ils ne vont pas poser beaucoup de conditions sur leurs salaires et conditions de travail. Dans le domaine du logement, ce sont les marchands de sommeil qui tentent de tirer le plus de profit de cette situation.

    D’un autre côté, le gouvernement proclame la nécessité d’avoir une immigration économique contrôlée pour attirer uniquement les étrangers « utiles » vers notre pays . Tout ceci implique encore naturellement une pression accrue sur nos conditions de salaire et de travail, étant donné l’ampleur énorme de cette immigration choisie de travailleurs sur le marché du travail belge, une plus grande baisse des salaires belges et des droits sociaux (en comparaison à l’impact réduit des réfugiés « non désirés ») surviendra en conséquence. Cela d’abord dans certains secteurs ciblés mais, par leur intermédiaire, ensuite également dans d’autres secteurs.

    Tout ceci démontre encore clairement que ce système se comporte de façon injustifiable et inhumaine avec des innocents au profit d’un très petit groupe de gens qui continue à revendiquer pour elle-même la plus grande partie des richesses de cette planète. La politique de diviser-pour-mieux-régner n’a pas encore atteint sa date de péremption. Aussi longtemps que nous continuerons à tolérer la propangande quotidienne, donnée à la petite cuillère par les médias traditionnels, la situation perdurera. Tout ce qui nous divise nous affaiblit !

  • Vottem: manifestation contre les centres-fermés pour sans-papiers.

    Vottem: manifestation contre les centres-fermés pour sans-papiers

    Vottem: Dimanche 22 avril 2007, un soleil radieux, des militants de toute la gauche sont rassemblés dans un parc, des familles aussi, etc. Le tableau décrit semble une journée parfaite. Cependant, non loin de là une prison remplie d’innocent se dresse depuis 8 ans déjà.

    Stéphane Ramquet

    Moins nombreux que l’année passée (où l’aile pour enfant venait d’ouvrir), de nombreuses familles s’étaient néanmoins déplacées pour, une fois de plus, dire non aux centres fermés pour sans-papiers. De nombreux habitués de cette lutte, comme le CRACPE, la ligue des droits de l’homme, les femmes en noir étaient présents mais aussi de nombreux jeunes, venus pour la première fois, dégoutés par ce système inhumain qui en Belgique condamne à la prison des gens ayant pour seul crime celui de chercher un avenir meilleur pour eux et leur enfants.

    Nos militants socialistes-révolutionnaire étaient évidemment présents eux-aussi accompagnés de leur journaux. Mettant en avant une optique anti-capitaliste de la problématique et liant systématiquement le problème de l’immigration à celui de l’impérialisme, notre stand a écoulé un nombre conséquant de journaux. Cette intervention a aussi permis à notre organisation de récolter un peu plus de 60€ (avec la vente de badges contre les centres fermés et d’auto-collants anti-racistes) afin de contribuer à l’achat de notre matériel (tracts et affiches).

    Le CAP n’était pas en reste puisqu’il disposait de son propre stand où boudant les élus écolo peu présent, les gens se pressaient afin de découvrir son programme. De nombreuses signatures ont également été réalisées afin de permettre au CAP de présenter sa liste au sénat.

    Face à cette prison de la honte, les résistances s’organisent…

  • Ni centres fermés, ni expulsions. Régularisation des sans-papiers

    Les récentes déclarations de médecins et d’infirmières ayant travaillé au centre fermé de Vottem ont remis en lumière la réalité de ces centres : des prisons où les droits élémentaires des détenus sont encore moins respectés que dans les autres prisons.

    Jean Peltier

    Dans son appel à manifester à Vottem le 22 avril, le CRACPE rappelle que ces centres enferment des personnes étrangères qui n’ont le plus souvent commis d’autre délit que de ne pas avoir de papiers et que des enfants y sont aussi enfermés au mépris des conventions internationales signées par la Belgique. Il décrit la situation qui règne dans ces centres : « La violence y est banalisée : il s’agit de centres de rapatriement qui ont comme fonction de préparer l’expulsion et de briser toute résistance à celle-ci. Ainsi chaque jour des personnes qui se rebellent sont mises en isolement et au cachot. La veille d’une tentative d’expulsion, les personnes sont systématiquement placées au cachot. Des personnes désespérées en arrivent à des tentatives de suicide, elles aussi se retrouvent au cachot…

    « Les expulsables sont menottés aux poignets, parfois complètement ligotés pour pouvoir être embarqués de force dans l’avion, avec parfois un casque de kick-boxing sur la tête pour amortir les coups… Des coups qui sont portés sur tout le corps, comme en attestent de nombreux certificats médicaux établis et plaintes déposées…

    « Fin novembre 2006, quatre gardiens du centre fermé de Vottem ont dénoncé d’autres graves maltraitances, en particulier le sort réservé aux personnes détenues malades ou atteintes de troubles psychiatriques : placement en isolement au cachot, sans soins, pendant des jours, voire des semaines! En mars, ce sont deux infirmières qui témoignent d’injections de neuroleptiques dangereux pour calmer les « résidents » (en plus de l’administration fréquente de « tranquillisants » par voie orale, déjà dénoncée par le passé).

    Un élément-clé de la répression

    Les centres fermés ne sont pas un accident ou une horrible verrue sur le corps sain de la politique d’immigration de la Belgique et de l’Europe. C’est au contraire une pièce centrale de ce dispositif. Le quasi-arrêt de l’immigration légale depuis 25 ans et les restrictions grandissantes au droit d’asile depuis 10 ans forces de plus en plus ceux qui fuient la dictature, la guerre, la misère,… à plonger dans la clandestinité. Ils deviennent ainsi des proies faciles pour les patrons qui les embauchent en noir (à bas salaire sans sécurité sociale ni protection syndicale) et pour les marchands de sommeil qui leur louent des logements (et souvent des taudis) à prix d’or.

    Les centres fermés, étape entre les rafles policières et les expulsions, sont comme eux un moyen de maintenir l’arbitraire qui nourrit la peur et casse les possibilités de résistance. Espérer « humaniser » les centres fermés et les expulsions n’a pas de sens. La seule solution qui défende réellement les sans-papiers – mais aussi les Belges et les immigrés ayant leurs papiers – c’est la régularisation massive des sans-papiers. Seule celle-ci peut leur permettre de sortir de la clandestinité et de la précarité et conquérir des droits élémentaires et de ne plus constituer – bien malgré eux – une pression à la baisse sur l’emploi, les salaires et les conditions de travail des « avec-papiers ».

    Dimanche 22 avril 2007, manifestation:

    Vottem, 8 ans déjà…, je ne l’accepte pas!

    Rassemblement : 14h rue des Glacis (Liège, Citadelle) et manifestation jusqu’au centre fermé de Vottem.

  • Les autorités ne veulent pas des Romanichels à Gand … ni des sans-papiers à Verviers

    Faute de meilleures possibilités d’accueil, un groupe itinérant de familles de Romanichels occupe depuis quelques mois des batiments vides appartenant à la ville de Gand. Mais il semblerait que même cette « solution » soit jugée encore trop lourde par les autorités communales.

    Par deux fois, ce groupe a été mis à la porte des maisons qu’il occupait. Certaines familles ont dû dormir dans des parcs publics.

    Les Romanichels font désormais officiellement partie de l’Union Européenne. Cependant, leur accès au marché de l’emploi en Belgique reste problématique. De plus, le Forem ne veut même pas les accompagner. Les situations de chômage et de pauvreté sont monnaie courante. Pour cause d’absence d’une adresse fixe, nombreux sont les Romanichels qui perdent leur permis de séjour.

    La Ville de Gand a trouvé une solution au problème : elle a proposé de les accueillir un mois dans une grande tente dans une caserne militaire…

    Verviers

    D’après les Maisons médicales qui les soignent, il y aurait 300 familles «sans papiers» à Verviers. Jusqu’en décembre 2006, la Ville accordait une aide financière limitée aux familles qui en faisaient la demande. Mais, depuis lors, toute l’aide du CPAS «sur fonds propres» a été supprimée, ce qui a plongé de nombreuses familles de sans-papiers dans un désarroi total.

    Le Comité de Soutien des Sans-Papiers tente de colmater les brèches en organisant des soupers dont les bénéfices vont aux familles en difficulté : certaines attendaient les quelques dizaines d’euros qui feraient patienter leur propriétaire pour ne pas être jetées à la rue … Mais un souper de temps en temps ne peut pas régler le problème. A l’heure actuelle, des gens ont faim et froid à Verviers et ne savent pas s’ils pourront se loger au mois de mars.

    Les mesures prises par le CPAS de Verviers ne sont pas exceptionnelles : il semble que partout, on coupe les vivres pour contraindre les sans-papiers à quitter le territoire.

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