Category: Social

  • Réchauffement climatique: et s’il était déjà trop tard?

    Un capitalisme écologique est-il possible?

    Les grands développements industriels sous le capitalisme se sont appuyés sur l’exploitation de ressources énergétiques non renouvelables, principalement le charbon et le pétrole, libérant quantité de gaz -dont le CO2- qui provoquent ce qui est appelé “réchauffement climatique”.

    Vincent Devaux

    Les conséquences des émissions de CO2 et autres gaz à effet de serre sont connues depuis des dizaines d’années. Ainsi aux USA, en 1979, le rapport Charney (du nom du météorologue du M.I.T.), commandé par le gouvernement, concluait déjà "Si les émissions de dioxyde de carbone continuent d’augmenter, le groupe d’étude ne voit aucune raison de douter que des changements climatiques en résulteront, et aucune raison de penser que ces changements seront négligeables" (1). Ce même rapport prévoyait l’augmentation de la température moyenne de la surface du globe… mais le capitalisme raisonne à court terme.

    Aujourd’hui on ne peut que constater à quel point ces experts et beaucoup d’autres avaient raison. Il est désormais admis par la grande majorité de la communauté scientifique – et même des politiciens – que le réchauffement climatique est la conséquence des activités de l’être humain et qu’il va entraîner de grands changements capables de remettre en question le bien-être de centaines de millions de personnes.

    Les effets de ce réchauffement sont multiples – réchauffement de l’atmosphère, réchauffement et acidification des océans, fonte des glaces maritimes, retrait des glaciers – et les scientifiques s’affrontent désormais pour donner une estimation de la gravité des effets et de leurs conséquences "secondaires". Dans les milieux scientifiques, on parle beaucoup de ‘rétroaction positive’, ce qui signifie que les conséquences négatives du réchauffement provoquent elles-mêmes d’autres aggravations; un peu comme en économie, les intérêts d’une dette importante amplifient la dette elle-même (l’effet "boule de neige"). Et comme le CO2 persiste des dizaines d’années dans l’atmosphère, le pire est à venir.

    Les conséquences directes pour l’homme sont d’ores et déjà importantes: modifications de la biodiversité, augmentation de maladies comme le paludisme et le choléra, famines, inondations, vagues de chaleur et de sécheresse, avancées de la désertification. Selon les perspectives de l’ONU et le récent Rapport Stern, il pourrait y avoir 50 millions de "réfugiés environnementaux" en 2010 et 200 millions en 2050 (2).

    Une prise de conscience?

    Si on suit l’actualité, on pourrait croire que les politiciens prennent désormais le problème à bras le corps (ils pourraient même le penser eux-mêmes). Le docu-film d’Al Gore, La vérité qui dérange, fait le tour du monde depuis le mois d’octobre. Du 6 au 17 novembre s’est tenue à Nairobi, capitale du Kenya, la 12e Conférence mondiale sur le réchauffement climatique et quelques jours plus tôt est sorti le Rapport Stern (3), du nom de l’ancien économiste de la Banque Mondiale, analysant en termes financiers les conséquences du réchauffement. Stern a évalué l’impact de celui-ci à 5.500 milliards d’euros d’ici 2050 et prédit que le réchauffement aura un impact comparable à celui des guerres mondiales ou à la crise économique de 1929.

    Toutes ces initiatives, si elles ont le point commun positif de populariser la problématique, ont également un point commun plus inquiétant: elles n’apportent pas de solutions à la hauteur du problème.

    Ainsi le Protocole de Kyoto, censé réduire l’émission de CO2 au niveau international, n’a, malgré ses objectifs limités, été ratifié ni par les USA qui sont le plus grand pollueur de la planète (4), ni par l’Australie. Le Canada – qui a augmenté ses rejets de CO2 de 30 % – parle de se désengager, la Russie ne doit le respect des normes qu’à l’effondrement de son économie après 1991. Beaucoup de pays occidentaux continuent à polluer plus qu’autorisé par Kyoto en "rachetant" des volumes de CO2 aux pays moins industrialisés.

    Les pays les plus pauvres attendent des mécanismes de solidarité de financement des pays riches qui n’arrivent pas (le cas de l’Afrique est flagrant). Les solutions – d’inspiration néo-libérale et néo-coloniale – comme les "quotas de CO2" et les "puits de carbone" sont douteuses et contre-productives. Ainsi le système consistant à faire payer par les pays industrialisés le financement de "plantations industrielles" dans les pays du Sud comme puits de carbone retarde la prise de décisions pour réduire l’émission de CO2 dans ces pays industrialisés; de plus, on ne fait qu’exporter le problème du rejet massif de carbone puisqu’un jour ou l’autre, le carbone accumulé dans ces végétaux sera libéré.

    Le nucléaire proposé comme alternative…

    Le protocole de Kyoto est désormais aussi utilisé comme prétexte pour justifier la construction de nouvelles centrales nucléaires, comme "seule alternative crédible au pétrole". Marc Verwilghen, ministre de l’énergie, s’appuie en cela sur le rapport de la commission "Energie 2030", commandé par ses soins sur les besoins énergétiques en Belgique. Ce rapport estime que "la Belgique devrait (…) garder l’option nucléaire ouverte et reconsidérer la fermeture des centrales" (5). Ce type de solution serait du goût du président de la Fédération des patrons d’industrie technologique Agoria et du groupe Umicore, Thomas Leysen, à la recherche d’énergie soit-disant bon marché. Ce n’est pourtant là qu’une manière d’échapper à bon compte à la vraie question qui est celle de financer la recherche et le développement d’énergies renouvelables. Car si on ne met actuellement pas de moyens conséquents permettant d’améliorer leur efficacité et ainsi d’assurer leur généralisation, c’est parce que beaucoup de ces moyens partent vers la recherche nucléaire, en dépit notamment des dangers que représentent les déchets nucléaires pour les générations futures.

    Au cours des 20 dernières années, les Etats membres de l’OCDE ont versé 160 milliards de dollars de subventions au secteur nucléaire rien que pour la recherche et le développement, et il faut à cela ajouter le coût du traitement des déchets et la sécurité. De plus, le projet de fusion nucléaire ne serait fonctionnel au plus tôt que dans…50 ans. De nombreuses questions seraient aujourd’hui résolues si l’argent consacré au nucléaire avait été utilisé en vue d’une politique durable pour développer des énergies respectueuses du cadre de vie des gens. Mais une telle orientation paraît douteuse dans la société de marché.

    Hypocrisie et "solutions" à court terme

    Celui qui apparaît actuellement sur les écrans comme le porte-drapeau de la cause environnementale – Al Gore – est à l’image des limites du système: n’avait-il pas – lorsqu’il était le vice-président de Clinton dans les années ’90 – autorisé le déversement de dioxine dans les océans, et conclut l’ALENA (6) qui définit les réglementations sur l’environnement comme des "distorsions de marché" illégales relevant des tribunaux (7)? Pourrait-il appliquer un programme environnemental radical en étant élu avec l’argent du secteur pétrolier? Pour paraphraser le théoricien socialiste allemand Engels (8), parlant du problème de l’hygiène dans les villes industrielles au siècle dernier, et qui vaut également aujourd’hui sur la question de l’énergie: la bourgeoisie n’a qu’une méthode pour résoudre la question de l’environnement à sa manière, c’est de la résoudre de manière que la solution engendre toujours à nouveau la question… La réponse de la bourgeoisie aux problèmes dans le mode de production capitaliste ne les élimine pas mais se contente de… les déplacer!

    Tant qu’une société permettra que les grandes orientations énergétiques soient aux mains d’actionnaires ne pensant qu’en termes de profits immédiats, dans un système basé sur la concurrence à outrance, nous perdrons du temps et nous aggraverons la situation. Les solutions doivent être trouvées afin de résoudre les problèmes environnementaux ET les problèmes sociaux et non pas les uns aux dépens des autres.

    Un processus transformant radicalement la manière d’utiliser l’énergie ne peut émerger que par la prise du contrôle de la société par les travailleurs conscients des problèmes, au travers de mouvements de luttes sociales et environnementales de plus en plus larges. Et cela en remettant le secteur énergétique, y compris les connaissances et des brevets en matière d’énergie durable, sous le contrôle des travailleurs.

    Ces mouvements vont s’amplifier de plus en plus et ils ne seront pas en reste dans les pays du Sud qui sont confrontés de manière plus aiguë au problème. Notre tâche est d’aller vers ces mouvements et d’y intervenir en défendant une solution socialiste. Cela implique de tisser des liens entre les mouvements environnementaux et les mouvements sociaux et de cristalliser ces luttes au sein de larges partis des travailleurs reprenant les revendications environnementales et se donnant les moyens d’abolir le mode de production capitaliste.


    1. Courrier International Hors série " Trop Chaud ": d’après un article de The New Yorker " Dans l’arctique en plein dégel ".
    2. Le Soir, 18-19/11/06, " Une vague de réfugiés environnementaux "
    3. http://www.hm-treasury.gov.uk/independent_reviews/stern_review_economics_climate_change/stern_review_report.cfm
    4. Avec 5 % de la population mondiale, les USA rejettent 25 % du total mondial de CO2
    5. Le Soir, " Le nucléaire resurgit ", jeudi 16 novembre 2006
    6. Accord de Libre-Echange Nord Américain, conclu entre les USA, le Canada et le Mexique
    7. Courrier International Hors série " Trop Chaud ": d’après un article de The Independant , juin 2006
    8. La Question du logement, Friedrich Engels
  • Centre fermé de Vottem, le Guantanamo belge !

    Un quotidien et un hebdomadaire ont rapporté le témoignage d’un des gardiens du Centre fermé de Vottem, qui traitent de la non-prise en charge des sans papiers souffrant de problèmes psychologiques, le plus souvent liés à leur détention. Voici ce qu’il en est. Le Soir (17/11) titre en page 5 : ” Maltraitance grave au centre fermé de Vottem”. Il s’agit d’un article qui rapporte un témoignage offert au Ciné Télé Revue. Voici ce que Le Soir a écrit.

    Alexandre

    Tout d’abord, du concret. “Un africain qui mourrait littéralement de trouille et restait immobile, serré dans une couverture.” Il a été mis en cellule d’isolement car il ne se lavait pas. ” Cet homme n’était plus en état de contrôler ses actes. Au point qu’il déféquait et urinait sous lui. Il a été laissé dans sa cellule pendant des semaines.” Encore ? A propos de la maltraitance des policiers envers les sans-papiers ” un Pakistanais avait refusé de monter à bord à Zaventem. Ce gars est revenu tellement cassé qu’il ne pouvait plus marcher. Il a passé plus d’un mois à l’infirmerie.” Heureusement que nous sommes dans un pays démocratique et respectueux des droits de l’homme… Il y a UN psychologue qui sert aussi de directeur adjoint et aucun psychiatre…

    Les sanctions sont généralement des mises en cellule d’isolement (comprenez cachots), c’est notemment de cette façon dont on puni les tentatives de suicide. Tandis que le CDH, Amnesty International et Ecolo (Zoé Genot d’Ecolo désire un ” contrôle démocratique dans les centres”) demandent, ou plutôt “ne renoncent pas à l’idée d’exiger” une enquête indépendante, le CECLR (Centre de l’égalité des chances) s’inquiète surtout de la rationnalisation responsabilités des employés du Centre. En somme, aucune aide immédiate ni solution tendant à la justice età l’égalité. C’est d’autant plus difficile que Dewael (Ministre de l’Intérieur, VLD) a interdit l’entrée à toute personne étrangère au centre.

    En outre, ça n’a pas l’air de déranger beaucoup le monde politique. Ce témoignage prouve pourtant la necessité d’une action de masse contre les véritables actes de torture mentales et physiques, et enfin, une régularisation de TOUS les sans-papiers, qui sont aussi, combien de fois l’a-t-on déjà rappellé, des humains comme vous et moi.

  • L'asile scolaire reçoit de plus en plus de soutien

    L’Union pour la Défense des sans papiers (UDEP), qui lutte pour des critères de régularisation clairs et permanents, a annoncé fin juillet qu’elle interpellerait les directions d’écoles et les comités de parents sur la possibilité de l’asile scolaire. L’enseignement catholique a déjà apporté son soutien. Cette prise de position intervient après qu’une école d’Eeklo a donné asile à une famille qui était menacée d’expulsion vers plusieurs pays. L’enseignement officiel a décliné la proposition.

    Emiel Nachtegael

    L’asile scolaire est une expression de la solidarité croissante de la population envers les sans-papiers. Il y a eu ces derniers mois des manifestations d’ampleur qui ont reçu notamment le soutien d’évêques, des syndicats et maintenant aussi de directions d’écoles et de comités de parents.

    Le ministre Dewael a déjà fait part de son mécontentement en rappelant qu’une institution scolaire doit s’en tenir aux lois. Il a malheureusement été suivi par la direction de l’enseignement officiel. Le soutien explicite de l’enseignement catholique a déjà suscité une vague de protestations parmi les politiciens et les éditorialistes.

    La pression qui s’exerce actuellement sur certaines écoles n’est cependant pas due au hasard. Le cas d’Eeklo était très poignant. Un couple avec enfants où l’homme vient du Yémen et la femme d’Azerbaïdjan ; la femme et les enfants devraient être expulsés vers l’Azerbaïdjan et l’homme vers le Yémen… Les enfants qui sont scolarisés peuvent souvent compter sur le soutien de leurs camarades de classe et d’autres connaissances dans la résistance aux expulsions. C’est important que les écoles fassent savoir qu’elles veulent soutenir cette solidarité et non la briser.

    Il y a un mouvement analogue en France où la solidarité avec les enfants scolarisés et leurs familles devient très concrète avec " l’adoption " par des familles françaises. Les syndicats devraient aussi mettre la pression sur le gouvernement. Des milliers d’illégaux, qui ont fui leur pays pour échapper à l’oppression politique ou au désespoir économique, travaillent dans notre pays dans des conditions indignes et, sans permis de séjour, ils sont livrés à l’arbitraire des patrons.

    Nous soutenons les actions dans les écoles et nous appelons à une large solidarité. A côté de cela, nous menons la lutte pour une société socialiste débarrassée de la pauvreté, du chômage, de l’exploitation ou de la guerre, une société où les raisons de fuir, que ce soit pour des raisons politiques ou économiques, n’auront plus lieu d’être. Ce sont notamment les conditions de vie et de travail épouvantables dans le monde néo-colonial qui poussent ces gens à chercher une issue dans la fuite.

    Mais le gouvernement belge est muet là-dessus. Comme le disait Walter Roggeman, le directeur du Sint-Jozef-Klein-Seminarie à Sint-Niklaas, dans les colonnes du journal De Standaard: "Qu’ont donc fait ceux qui se retranchent maintenant derrière la législation pour mettre un terme à cette répartition foncièrement injuste des moyens et des biens dans ce monde ? Quand des soins de santé dignes de ce nom et un enseignement de qualité seront-ils un droit pour chaque enfant dans ce monde?"

  • Sans-papiers. Vers une grève de la faim généralisée ?

    La troisième manifestation nationale des sans-papiers a réuni plus de 10.000 personnes à Bruxelles le 17 juin, signe que le mouvement de lutte et la solidarité ne faiblissent pas. Pourtant, le lendemain, l’UDEP a pris la décision d’appeler à une grève de la faim généralisée dans les lieux occupés. Les responsables de l’UDEP reconnaissent que c’est là l’arme du désespoir parce que, malgré cette mobilisation des sans-papiers et le soutien qu’ils reçoivent, ils se trouvent toujours face à un mur.

    Jean Peltier

    Les sans-papiers attendaient une ouverture des partis de la majorité en faveur d’une régularisation à l’occasion de la discussion au parlement de la nouvelle loi sur le traitement des demandes d’asile. Pour rappel, celle-ci vise notamment à ramener le temps d’examen des demandes à un an maximum, ce qui est présenté comme une mesure humanitaire mais ce qui vise surtout à empêcher que les candidats réfugiés trouvent un travail en noir, nouent des liens avec les habitants de leur quartier, mettent leurs enfants à l’école,… toutes choses qui rendent plus difficile leur expulsion. Cette accélération de la procédure fait dire hypocritement au gouvernement que, puisque les gens à qui le statut de réfugiés aura été refusé devront quitter rapidement le pays, ceux-ci n’auront plus le temps de devenir des sans-papiers durables et la question de la régularisation de ceux-ci ne se posera plus vraiment.

    Le gouvernement se félicite aussi de la baisse du nombre de demandes d’asile (il a diminué de 75% entre 2000 et 2005 !). Mais ce qu’il oublie de dire, c’est que les conditions de reconnaissance comme réfugiés sont devenues tellement dures que beaucoup d’étrangers ne demandent même plus ce statut et plongent de suite dans la clandestinité. Le nombre de sans-papiers est ainsi estimé aujourd’hui entre 100.000 et 150.000 personnes.

    Un mois de discussions en Commission de l’Intérieur de la Chambre n’aura débouché sur rien. Le ministre Dewael (libéral flamand) n’a pas fait la moindre concession sur la revendication de régularisation. Les partis flamands (effrayés à la perspective de faire un « cadeau » au Vlaams Belang) et les libéraux (les plus sensibles aux pressions des patrons qui souhaitent garder l’usage de travailleurs peu payés et n’ayant pas de moyens de se défendre puisque clandestins) ont bloqué la discussion. Le PS, officiellement favorable à une régularisation mais minoritaire dans le gouvernement sur ce sujet, a été extrêmement discret dans ce débat. Seuls Ecolo et le CDH ont défendu des propositions de régularisation. Il n’y a évidemment aucune chance que la situation soit différente dans les prochaines semaines lorsque le projet arrivera à la Chambre et au Sénat.

    Bien que le mouvement ait commencé il y a déjà quatre mois, la mobilisation des sans-papiers se maintient de manière impressionnante. Il y a actuellement 40 lieux occupés (surtout des églises mais aussi des centres laïques, une mosquée, des locaux universitaires,…). La solidarité continue aussi à s’élargir. Les syndicats apportent aussi un soutien plus actif que lors des actions menées les années précédentes, notamment en syndiquant de plus en plus de sans-papiers et en apportant un soutien matériel aux actions. Mais les directions syndicales sont loin d’avoir mis le paquet pour organiser la solidarité et la mobilisation dans les entreprises et les centrales, particulièrement dans des secteurs comme la construction et l’horeca où travaillent beaucoup de sans-papiers. Le 17 juin, la FGTB a distribué des centaines de casquettes rouges avec son sigle aux manifestants et il y avait de petites délégations syndicales dans la manif.

    Le slogan de l’UDEP « Avec ou sans papiers, nous sommes tous des travailleurs » n’est malheureusement pas encore devenu une réalité pour le mouvement syndical. Dans ces conditions, la grève de la faim apparaît être la seule forme d’action dont disposent encore les sans-papiers pour se faire entendre et pour obtenir une régularisation massive à travers une loi (et plus à la tête du client comme c’est le plus souvent le cas aujourd’hui) avec des critères clairs et permanents. Bien que nous ne soutenons pas ce genre de méthodes, nous ne pouvons que comprendre la réaction des sans-papiers et poursuivre le soutien à leur lutte. Nul ne sait sur quoi cette grève de la faim peut déboucher et si le gouvernement pourrait faire un pas sous cette pression.

    Mais, ce qui est certain, c’est que la solidarité avec les sans-papiers est plus indispensable aujourd’hui que jamais.

  • Etats-Unis: immigrés en lutte!

    Aux Etats-Unis, des millions d’immigrés ont investi les rues pour défendre leurs droits. Du 10 mars au 10 avril, près de 4 millions de travailleurs et de jeunes ont manifesté dans plus de 125 villes… Dans beaucoup de villes, il s’agissait des plus grandes manifestations jamais vues!

    Kristof

    Le motif de ces protestations est le vote par la Chambre de la proposition de loi HR 4437 déposée par le député républicain Sensenbrenner. Cette loi vise à lutter contre l’immigration illégale par l’extension de la gigantesque barrière qui s’étend déjà le long d’une partie de la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique, le contrôle accru de l’immigration et la criminalisation de toute aide aux “illégaux” (même le fait de ne pas dénoncer l’existence d’un clandestin serait poursuivi par la loi!). Cette loi est un nouveau pas dans la longue liste des attaques lancées contre les étrangers depuis une quinzaine d’années et surtout depuis le 11 septembre 2001.

    En réaction, des centaines d’organisations d’immigrés (surtout d’origine latino-américaine), de groupes de solidarité avec les sans-papiers (ceux-ci seraient 12 millions aux Etats-Unis), de sections syndicales et d’iorganisations de gauche ont organisé des manifestations aux quatre coins du pays. Ces actions ont culminé le 1er mai. Alors que ce jour est aux Etats-Unis un jour de travail comme un autre, un appel a été lancé pour faire du 1er Mai 2006 “Un Jour sans Immigrés” au travail et à l’école. On estime que 10 millions de personnes ont participé à ce mouvement, et cela bien que cet appel n’était pas soutenu par la partie la plus conservatrice de la direction du mouvement et par beaucoup de dirigeants syndicaux.

    Sous la pression du mouvement d’opposition et devant la crainte d’une partie du patronat de perdre une main-d’oeuvre à bon marché, un autre projet de loi a été déposé, le Guest Worker Program (“ Programme pour les Travailleurs Invités “) qui prévoit de donner un visa de travail temporaire temporaire à certains immigrants. Mais l’application de ce projet impliquerait que des millions d’immigrants illégaux soient d’abord expulsés avant de pouvoir, par apès, demander un visa temporaire pour revenir travailler aux Etats-Unis ! Les patrons entendent ainsi ne garder que des travailleurs “utiles” et expulser tous les autres.

    Cette proposition trouve des partisans aussi bien chez les Républicains que chez des Démocrates comme Hillary Clinton. Mais les organisations de sans-papiers et le mouvement de solidarité continue à réclamer le retrait de toutes ces mesures et la régularisation des sans-papiers.

  • « Les pays occidentaux sont à 100% responsables de l’immigration »

    Témoignage de Tchatchoua Tchato Jules

    Si l’on parle beaucoup actuellement de la lutte pour la régularisation des sans-papiers, peu de gens savent vraiment ce que peut être la vie des candidats réfugiés ou des sans-papiers, de ceux qui sont en attentes d’un statut légal ou ont été rejetés dans la clandestinité. Jules nous raconte comment il a vécu pendant les mois où il attendait une réponse de sa demande d’Asile.

    Propos recueillis par Nicolas Croes

    Peux-tu te présenter ?

    Je viens du Cameroun et je suis en Belgique depuis le mois de septembre 2005. Je préfère ne pas parler de ce qui m’a poussé à quitter mon pays, j’y ai subi une situation très pénible, c’est un poids lourd à porter et j’essaye au maximum d’oublier cette période.

    Comment s’est déroulé ton accueil en arrivant ici?

    J’ai été conduit dans le centre ouvert de la Croix Rouge de Nonceveux après avoir fait ma demande. Le temps passé à ce centre est une période qui m’a beaucoup vieilli. J’ai rencontré là-bas beaucoup de personnes, et la seule chose que je partageais avec eux, c’était la souffrance, la galère. Penser que je suis parti en laissant là-bas des personnes que j’ai connu, que j’ai aimé, avec qui j’ai passé une partie très lourde de ma vie, me rempli de peine.

    Peux-tu nous décrire comment était la vie à ce centre ?

    La vie du centre est au-dessus des mots. On n’y vit pas, on y survit, même si c’était tout de même moins pire que ce que j’avais vécu avant de venir en belgique.

    J’ai partagé le quotidien avec des bébés, des enfants dont l’âge varie entre 1 an et 15 ans et qui sont là avec leurs parents. Je medemandais pourquoi ces enfants étaient là. C’est la chose qui m’a le plus frustré quand je suis sorti, cette question me revient toujours : qu’est ce que les enfants ont fait pour être là ?

    Il y a là-bas des gens de partout. D’abord, les communautés se regroupent ensemble, mais la même misère nous unis et une solidarité se développe rapidement. Il y a seulement de bêtes incompréhenssions de langage qui génèrent de grands conflits. Il faut comprendre que l’on est seul avec nos problèmes et, avec cette frustration, la moindre étincelle peut avoir de grandes conséquences. Parfois pour de petites choses, les gens s’en veulent. Mais si on a perdu l’espoir avec un avenir tellement sombre et incertain, c’est la seule chose que certains ont encore en plus de leur passé. Quand je pense qu’ils sont dans cette situation pour longtemps encore…

    Tout ceux qui vivent dans ces centres ont un passé très lourd, et la seule chose qu’ils cherchent c’est la paix et la liberté. Ils fuient la guerre, la torture, la famine,… J’ai du mal à comprendre pourquoi il est si difficile d’avoir cette paix et cette liberté. L’Afrique est le continent le plus pauvre et il doit rembourser des millions de dollars par jour. 30.000 enfants meurent chaque jour de maladies guérissables et je n’arrive pas à comrendre pourquoi on ne nous accepte pas ici, pourquoi on se méfie de nous. La seule solution qui est apportée à l’immigration est de renvoyer les gens d’où ils viennent avec tout les risques que cela comporte, ou alors de vivre exploité ici illégalement, pour revivre ainsi une part de ce qu’on a fuis.

    C’était un centre dit « ouvert », il vous était donc possible de sortir ?

    C’était un centre ouvert, on était libre d’en sortir, mais il était fort éloigné de la ville. Il faut payer les tickets de bus pour y arriver et nous n’avions que 4 euros par semaine, même pas assez pour un voyage. Dans les faits, « ouvert » ou « fermé », c’est la même chose.

    Toute ta vie à ce moment, c’était donc le centre et son ambiance de désespoir?

    Oui. Le quotidien, c’est un repas le matin, un repas le midi, et un le soir. Et puis l’attente. Le personnel organisait bien des activités pour nous détendre comme du tennis, du vélo, du football,… mais le nombre de personnes était limité et on était laissés fort seuls avec le vide dans nos coeurs et un peu d’espoir pour certains. Je tiens cependant à remercier vivement le personnel de ce centre. Leur sympathie et leur amitié nous aidait, mais cela ne réduit malheureusement pas la souffrance.

    Ce qui nous aide tous le plus là-bas, c’est l’espoir. Mais beaucoup étaient déjà perdus, ils avaient oublié cet espoir. C’est malgré tout dans cette ambiance que j’ai trouvé l’inspiration pour écrire une histoire : « La salle à palabres ».

    L’histoire que tu nous as présentée à Socialisme 2006, donc. Tu peux nous en parler un peu ?

    Cela raconte les causes de l’immigration, ça parle de la guerre, de la misère, de la famine et de la responsabilité des puissances occidentales face à ça. Une bonne partie parle de la vie dans mon village et mon pays avant la colonisation. Je parle ensuite surtout de la manière dont l’occident gère une immigration dont elle est à 80, ou plutôt à 100% responsable. C’est basé sur mon expérience, mais j’ai voulu y mettre beaucoup d’humour.

    Tu as finalement eu tes papiers…

    Oui, j’ai reçu le statut et je suis parti du centre. J’ai eu plus de chance que les autres, mais je ne l’ai pas mérité plus qu’eux. La seule chose qui me réconforte maintenant et après tout ce que j’ai vécu, c’est de pouvoir tout recommencer à zéro. Comme je l’ai déjà dit, au centre, on ne vit pas, on survit.

    Je dois tout recommencer, mais je ne connais pas le rythme de la société, la culture, les habitudes, et je suis seul. A 25 ans, après tout ce que j’ai vécu, c’est dur. Ce n’est vraiment pas facile avec l’administration qui est totalement différente de celle de mon pays. Cette difficulté administrative est la raison de l’échec de beaucoup d’immigrés. Depuis que je suis sorti du centre, tous les jours je suis à l’administration: au commissariat, au forem, voir mon avocat pour vérifier mon état sur le territoire, je dois renouveler plein de papiers,… L’Afrique est le continent le plus illettré, faute de moyens suffisants, et tout ça est un poids énorme à porter pour des gens qui n’ont pas la chance d’avoir un niveau d’éducation très élevé.

    On arrive d’un pays ou l’Etat nous laisse comme ça et le changement est dur à assumer. Un rendez-vous raté avec l’administration a des conséquences énormes et le langage est différent. Je suis pourtant francophone…

    Au centre comme maintenant, je dois aller chaque matin à la boîte aux lettres avec une grande angoisse, je vais voir ce qu’on a décidé de ma vie.

    Tu es maintenant membre du Mouvement pour une Alternative Socialiste, peux-tu nous expliquer ce qui t’a poussé à nous rejoindre ?

    C’est parce que les causes qui m’ont amené ici, qui m’ont fait quitter les seuls être que j’aimais, qui m’ont fait partir – ce qui est la pire chose qui soit – et ce que j’ai vécu ici, tout cela est combattu par le MAS. Je ne pense jamais quitter le MAS ou arrêter la lutte, je peux maintenant faire quelque chose pour ceux qui sont restés au centre. Si la cause défendue par le MAS, le socialisme, était défendue dans mon pays, je ne pense pas que je serais ici.

  • Régularisation de TOUS les sans-papiers!

    500.000 sans-papiers vont être régularisés dans les prochains mois…en Italie. Par contre, chez nous, malgré la mobilisation massive des sans-papiers et l’amplification du mouvement de solidarité, le gouvernement ne bouge pas d’un poil. Faudra-t-il des morts pour qu’une régularisation s’impose enfin ?

    Jean Peltier

    Lancé par l’Union de Défense des Sans-papiers (UDEP) en mars, le mouvement d’occupation de bâtiments par les sans-papiers continue à s’étendre, même si le rythme a faibli depuis la mi-mai. 35 lieux sont occupés, en grande majorité des églises, mais aussi une mosquée, plusieurs centres laïques et même un local universitaire à Liège. Née de quasiment rien il y a deux ans, l’UDEP a été capable d’impulser une mobilisation qui implique directement les centaines de sans-papiers qui mènent les occupations depuis des semaines mais qui va bien au-delà. Plus de 45.000 sans-papiers se sont en effet présentés dans les lieux occupés et ont signé les registres pour demander leur régularisation. Et 45.000, cela signifie entre un tiers et la moitié des sans-papiers vivant en Belgique !

    Si le mouvement s’est déployé avec une telle force, c’est parce qu’en accordant cet hiver une promesse de régularisation au groupe de sans-papiers qui menaient une grève de la faim à l’église Saint-Boniface à Bruxelles, le Ministre de l’Intérieur, le libéral flamand Dewael, a tout à la fois montré combien la procédure de régularisation était arbitraire et donné un immense espoir aux autres sans-papiers. Pour éviter que le mouvement des sans-papiers éclate en une multitude de grèves de la faim locales et de négociations pour des régularisations partielles, l’UDEP a lancé le mouvement d’occupation des églises. Le but était de faire pression sur la discussion qui allait commencé au parlement afin d’obtenir la mise en place d’une « Commission permanente de régularisation sur base de critères clairs ».

    Cette discussion a fini par s’ouvrir le 23 mai à la Commission de l’Intérieur de la Chambre où le gouvernement présente son projet de loi destiné à réformer les procédures de demande du droit d’asile. Cette réforme vise notamment à accélérer les procédures de jugement sur les demandes d’asile (tout régler, appels compris, en un an maximum au lieu d’avoir des procédures qui aujourd’hui durent souvent plus de trois ans) et, dans la foulée, à accélérer et intensifier les expulsions de ceux qui auront été déboutés. Le projet gouvernemental ne traite pas de la régularisation (puisque, pour lui, une procédure de décision plus courte supprimera la possibilité que des gens à qui est refusé le statut de réfugié « s’incrustent » en Belgique et nouent des liens sociaux qui rendent une expulsion plus difficile).

    Trois partis francophones – Ecolo, PS et CDH – ont déposé des propositions de loi visant à la régularisation de sans-papiers qui sont inspirées par la proposition de l’UDEP. Mais en face, c’est toujours le mur. Ni le MR, ni aucun des partis flamands ne veulent entendre parler d’une vraie régularisation. De son côté, Dewael le dit et le redit : pas question d’une régularisation générale ni de critères clairs et permanents. Le seul mécanisme doit rester celui des régularisations individuelles sur base de critères extrêmement stricts (médicaux, humanitaires ou de trop longue procédure de demande d’asile) pour lesquels la décision resterait dans les mains de l’Office des Etrangers et du Ministre, en tout arbitraire.

    Cette discussion en commission risque donc de ne rien donner. Elle va surtout durer des semaines et ce n’est qu’après cela qu’une discussion et qu’un vote d’une loi pourraient avoir lieu à la Chambre elle-même. Il est clair que le gouvernement et les opposants cherchent à reporter toute décision après les élections communales d’octobre. Et il est tout aussi clair que ceux qui s’opposent à une régularisation générale n’ont aucune solution à proposer, à part le maintien de la situation actuelle dans laquelle la misère et la clandestinité obligent des dizaines de milliers de sans-papiers à travailler pour des salaires de misère, à habiter des logements délabrés payés à un loyer excessif, à manquer de soin faute de sécurité sociale, à ne pouvoir se défendre légalement, à vivre en permanence dans l’ombre dans la crainte de contrôles d’identité policiers,… pour le plus grand bénéfice du patronat qui dispose ainsi d’une main d’œuvre à bon marché et sans moyen de défense.

    Ce refus du gouvernement et de la majorité des partis fait monter le désespoir parmi les sans-papiers. Deux groupes – un à Liège et l’autre au Petit Château à Bruxelles – ont commencé début mai une grève de la faim et d’autres risquent de suivre. Ces actions sont compréhensibles et elles font monter la pression sur le gouvernement mais elles risquent malheureusement de déboucher sur un fractionnement du mouvement en une multitude de groupes (organisés souvent sur base du pays d’origine) luttant chacun pour leur régularisation au détriment de la revendication d’une régularisation généralisée.

    C’est pourquoi il est essentiel que la mobilisation des sans-papiers et le mouvement de solidarité continuent à s’étendre. Et il faut en particulier que les syndicats s’impliquent beaucoup plus dans le mouvement en syndiquant les sans-papiers et en mobilisant les travailleurs aux côtés de ceux-ci.

  • Soutenons les sans-papiers!

    La politique de répression accrue contre les demandeurs d’asile se heurte à de la résistance. Malgré l’hostilité du monde politique, les actions reçoivent le soutien d’une large couche de la population, de groupes d’action et d’organisations chrétiennes. Les actions des personnes sans papiers proviennent souvent d’une situation désespérée. On en vient à des grèves de la faim et à des occupations d’églises. Les actions de désespoir ne mèneront pourtant pas à des résultats. Il faut un mouvement organisé et de grande ampleur pour imposer la revendication d’une régularisation généralisée.

    Tract du MAS

    Régulariser maintenant!

    La politique d’asile et d’immigration actuelle est de plus en plus sévère.

    Une attitude répressive n’enrayera pas le flux migratoire, elle ne fera que forcer de plus en plus de gens à vivre dans l’illégalité!

    L’exploitation du fait de conditions de travail épouvantables ou des marchands de sommeil n’entraîne pas seulement les demandeurs d’asile dans une spirale vers le bas, mais elle met sous pression les salaires et les conditions de travail et de logement de tout un chacun !

    Pour pouvoir exploiter encore davantage les demandeurs d’asile, on abuse de leur situation précaire. Si on veut y mettre un terme, il faut une régularisation complète.

    Ce n’est qu’alors qu’on pourra créer les conditions d’une situation d’ “à travail égal, salaire égal dans des conditions de travail égales”. C’est aussi la seule réponse à l’argument d’extrême droite que les travailleurs étrangers à bas prix volent les emplois des Belges.

    Le gouvernement abuse de la vulnérabilité des sans-papiers pour mettre en oeuvre une politique de diviser pour mieux régner.

    D’un côté il plaide pour l’ouverture du marché du travail aux travailleurs étrangers à bas prix, d’un autre côté pour une répression accrue contre les personnes sans-papiers. Cette attitude n’a d’autre but que de contrer la lutte pour l’amélioration des conditions de travail de tous les travailleurs.

    Stop à la violence raciste !

    La politique de régression sociale et la stigmatisation des réfugiés créent un terreau idéal pour le racisme dans la société. Le Vlaams Belang d’extrême droite l’alimente depuis des années.

    Tant le Vlaams Belang que la politique traditionnelle portent une responsabilité directe dans l’explosion de violence raciste de ces dernières semaines.

    Les personnes sans papiers sont un groupe vulnérable dans la société. Nous ne pouvons pas tolérer qu’il soit intimidé encore davantage par la violence d’extrême droite.

    Le mouvement des sans-papiers doit évidemment condamner la violence raciste, mais il faut en même temps y apporter une réponse politique. Une législation plus stricte sur les armes ne suffit pas et n’est pas l’essentiel. Les inégalités sociales, le chômage et la pauvreté sont un terreau idéal pour l’extrême droite. Tant que ces problèmes ne trouvent pas de solution, le racisme et la violence raciste continueront de faire des victimes !

    Il faut une lutte collective !

    Pour augmenter la force de frappe du mouvement, il faut tisser un maximum de liens de solidarité avec les travailleurs belges et leurs familles !

    Toute forme de division détourne l’attention des vrais problèmes: la richesse produite dans cette société ne sert pas à assurer un niveau de vie décent à la majorité de la population. Les entreprises récoltent des superbénéfices, les managers empochent des salaires exorbitants, tandis que les travailleurs autochtones et allochtones subissent la hausse du chômage. Nous avons besoin d’un mouvement unifié des travailleurs autochtones et allochtones et de leurs familles.

    Une réponse internationale!

    L’exode mondial est dû à la mainmise impitoyable des institutions capitalistes internationales sur les pays du monde néo-colonial.

    Les multinationales et les grandes entreprises recourent sans scrupules aux formes les plus brutales d’exploitation dans le monde néo-colonial et provoquent la désintégration de sociétés entières. L’OMC et le FMI utilisent les énormes charges de la dette pour imposer une politique néolibérale basée sur la régression sociale.

    Le patronat et le gouvernement se soutiennent mutuellement au niveau mondial. Il faut une opposition de gauche! Le MAS oeuvre à une lutte internationale pour une société socialiste où toutes les richesses de la société servent à satisfaire les besoinsddu plus grand nombre !

    Nous voyons aujourd’hui dans plusieurs pays d’Amérique-Latine comment un mouvement de lutte trouve une expression politique.

    La lutte des travailleurs en Bolivie, qui a mené à la victoire électorale d’Evo Morales, impose des réformes sociales qui brisent le pouvoir des multinationales spoliatrices.

    Avec la nationalisation des réserves de gaz et de pétrole, la Bolivie démontre comment on peut arracher les richesses des mains des multinationales.

    Les moyens ainsi libérés permettront de mener une politique qui s’en prenne vraiment à la pauvreté et à la misère qui sont la principale cause de l’exode des réfugiés

    Le MAS fait partie du Comité pour une Internationale ouvrière (CIO) qui oeuvre à la construction d’un mouvement ouvrier mondial qui lutte pour un programme socialiste.

    La lutte pour l’égalité des droits des personnes sans papiers est la même que celle pour de meilleures conditions de vie et de travail partout dans le monde.

    Le MAS est actif dans le mouvement des sans-papiers et sur beaucoup d’autres terrains. La construction d’une opposition de gauche conséquente est nécessaire. Ici comme au niveau international.

    Contactez-nous et rejoignez-nous !

    Nos revendications:

    – STOP A LA REPRESSION DES SANS-PAPIERS !

    -LE MAS soutient la revendication d’UNE REGULARISATION GENERALE comme le défend l’UDEP.

    -DES EMPLOIS DE QUALITE POUR TOUS!

    -PLUS DE MOYENS POUR LE SECTEUR SOCIAL

    – UNE LUTTE COMMUNE DES TRAVAILLEURS BELGES ET DES REFUGIES pour de meilleures conditions de vie et de travail pour tous les travailleurs et leurs familles sans distinction d’origine !

    – NON AU RACISME! NON A LA VIOLENCE FASCISTE !

    – S’EN PRENDRE AUX MULTINATIONALES ET A LEURS PROFITS, PAS A LEURS VICTIMES !

    – POUR UNE SOCIETE SOCIALISTE qui place les besoins de la majorité au centre de ses préoccupations plutôt que les bénéfices de quelques uns.

  • C’est pas les immigrés qu’il faut virer, c’est le capitalisme qu’il faut éliminer !

    Manifestation à Gand ce samedi 20 mai, 14h00 au « Zuid »

    Tandis que l’extrême-droite, à Anvers et ailleurs, démontre à quoi mène son discours raciste, le gouvernement continue de faire la sourde oreille aux revendications des sans-papiers. Il criminalise donc des gens dont le seul tort est d’avoir voulu fuir la guerre, la misère ou encore la famine que connaissent leur pays. En rendant ainsi criminels les victimes des politiques de pillage des puissances occidentales dans les pays du tiers-monde, le gouvernement se rend coupable lui-aussi de participer à la propagation des idées racistes au sein de la population.

    Face à l’indifférence du pouvoir en place, face à l’exploitation dont ils sont victimes en étant forcés de travailler au noir pour des salaires de misère, les sans-papiers se sont mobilisés, et ce sont aujourd’hui 33 endroits, principalement des églises, qui sont occupés. Plus de 45.000 sans-papiers ont laissé leurs coordonnées à l’UDEP (Union de défense des sans-papiers) sur les lieux d’occupations en vue de la régularisation pour laquelle ils luttent. Jeunes et travailleurs se mobilisent aussi pour obtenir la régularisation des quelques 100.000 sans-papiers qui vivent sur le territoire belge. Entre autres, près de 3.000 personnes s’étaient rassemblés à Liège contre les centres-fermés où sont détenus les sans-papiers dans des conditions infâmes. 10.000 personnes s’étaient également réunies à Bruxelles pour une manifestation en faveur de leur régularisation. Et cela au début du mouvement !

    La lutte doit continuer, car la régularisation des sans-papiers nous concerne tous. Leur exploitation par des patrons peu scrupuleux fait pression à la baisse sur les salaires de tous, et cela fait partie intégrante de la lutte anti-raciste.

    On avait déjà pu voir au moment du meurtre de Joe à quel point les propos racistes pouvaient librement être tenus par les politiciens et dans les médias.

    On voit maintenant que ce climat ne peut que rendre les fascistes plus confiants en eux pour commettre leurs crimes, comme à Anvers jeudi dernier.

    Mais stigmatiser une communauté, entretenir le racisme, est de loin plus facile que de mettre en lumière les véritables causes des problèmes que nous rencontrons. C’est l’enseignement aux moyens toujours plus modestes qui laisse chaque année plus de jeunes en décrochage, le manque d’emplois ou encore les conditions de travail sans cesse plus dures qui permet à la violence et au racisme d’émerger.

    Une telle situation n’existe pas à cause des étrangers, désignés comme responsables uniquement pour épargner les patrons d’entreprises qui réalisent de juteux bénéfices tout en attaquant nos conditions de vie ainsi que le gouvernement à leurs ordres.

    Tout ce qui nous divise nous affaiblit, mobilisons-nous contre le racisme !

    Soutenons les sans papiers dans leur lutte !

  • Suppression de tous les centres fermés pour étrangers et arrêt des expulsions !
  • Régularisation immédiate de tous les sans-papiers !
  • C’est aux multinationales qu’il faut s’en prendre, pas à leurs victimes ! Aide massive aux luttes du monde néo-colonial !
  • Sans-papiers : la lutte continue…

    Les sans-papiers Iraniens en 2003 ont obtenu leur régularisation. Qu’on ne s’y trompe pas pour autant ! Cette régularisation est exclusivement individuelle alors que le mouvement des sans-papiers ne cesse de revendiquer une régularisation généralisée sur base de critères permanents.

    Manifestation de l’UDEP à Verviers

    Le 1er avril, l’UDEP (Union de défense des sans-papiers) a organisé à Verviers une manifestation pour exiger la régularisation des sans-papiers.

    Cela avec l’objectif de maintenir la pression sur le monde politique au moment ou Patrick Dewael veut rendre légal l’enfermement de familles – et donc d’enfants – dans les centres fermés, au mépris des droits de l’enfance et des droits de l’homme. Les 500 manifestants formaient une troupe bigarrée et joyeuse qui a réveillé une population verviétoise quelque peu éberluée devant toute cette vie inhabituelle pour la saison. Dans la manifestation étaient présents associations (Entraide et Fraternité, Droits Devant,…) et partis (Ecolo, le MAS et la LIT-QI). Nous avons marché avec les sans-papiers jusqu’à l’hôtel de ville où nous attendait le bourgmestre qui a pris bonne note des revendications et des critiques du représentant des sans-papiers. Celui-ci a mis en lumière la responsabilité du système capitaliste dans la misère qui fait fuir les gens, qui les oblige à se faire exploiter de toutes les façons imaginables et qui les expose au risque d’être ensuite renvoyés chez eux, pour les punir de souffrir.

    Il faut remarquer l’absence de soutien visible de la part des syndicats qui s’étaient pourtant engagés à participer à la manifestation. Seul quelques syndicalistes ont pris part à la manifestation, à titre personnel.

    Et pourtant, poussés par le désespoir, d’autres sans-papiers multiplient les grèves de la faim et les occupations d’églises aux quatre coins du pays à Mons, Charleroi, Eterbeek et Ixelles. Obtiendront-ils gain de cause? On peut en douter!

    Une proposition de loi visant à définir des critères permanents de régularisation a été déposée au Parlement mais, à ce jour, elle n’a pas encore été examinée par le gouvernement qui a clairement décidé de faire la sourde oreille.

    Quand on sait que certains sans-papiers travaillent parfois pour moins de 2 euros de l’heure, on comprend l’enthousiasme pour le moins modéré des formations politiques les plus proches du patronat. La soif de profits de certains exploiteurs exige, c’est un fait, la formation d’un tiers-monde intérieur taillable et corvéable à merci… Tout ceci explique la réticence des libéraux flamands comme wallons à vouloir régler le problème.

    Ce qui est moins compréhensible, c’est l’attitude des soi-disant progressistes sur cette question. D’un côté, PS et Ecolo se battent comme des chifonniers, chacune des deux formations faisant des propositions similaires mais sans jamais parler d’une seule voix. Cela en dit long sur le manque de volonté politique visible dans le chef du PS de se mettre en porte-à-faux par rapport à son partenaire libéral. On retrouve, par ailleurs, cette attitude dans d’autres questions qui attendent désespérément un coup de barre à gauche. L’attitude des sociaux-chrétiens francophones est, par contre, beaucoup plus claire. Le CDH n’envisage, en effet, qu’une politique de « régularisation conjoncturelle ». Mais, justement, régulariser au cas par cas, c’est exactement ce que veut faire ce gouvernement. Sur ce dossier, on peut dire que les « humanistes » auront, en définitive, réussi à se faire mousser sans jamais se départir d’un profil de parti de gouvernement.

    Au total, si on fait le compte, en additionnant les militants des milieux associatifs chrétiens aux électeurs socialistes et écologistes solidaires des sans-papiers (et sans oublier ces derniers bien sûr), ça en fait du monde en quête objective d’alternative. A bon entendeur,…

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