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Category: National
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Chômage et emplois précaires : Le gouvernement s’en prend aux victimes, pas aux responsables
22,3% des jeunes en Belgique sans emploi
Pour nombre de politiciens, les chômeurs sont des parasites qui restent dans leur hamac et refusent de travailler. C’est faux, mais cela permet de préparer le terrain pour une attaque d’envergure. Les chômeurs sont littéralement en état de siège. Le montant des allocations diminue et le nombre d’exclus des allocations est en augmentation. Faute de solution contre le chômage, les autorités s’en prennent aux chômeurs.
Parmi les jeunes, la problématique du chômage est très préoccupante. Pas moins de 22,4% des jeunes belges de moins de 25 ans qui ne sont plus aux études sont sans emploi. En une année seulement, l’armée de jeunes chômeurs a augmenté de 11,5%. Il y a donc 61.000 jeunes en attente d’un emploi et d’un avenir… D’où provient cette hausse soudaine de la paresse parmi les jeunes ? A suivre la logique des partis traditionnels, ce serait la seule question à poser… Sortons de l’absurde et regardons la situation économique, les licenciements et l’austérité. On commence à y voir plus clair de cette façon.
Il est ridicule de reprocher aux jeunes chômeurs de ne pas suffisamment chercher du travail, c’est ce qui ressort d’une enquête réalisée sur les jeunes chômeurs par l’entreprise Adecco. Cette société spécialisée dans l’intérim est dirigée par Patrick De Maeseneire, exilé fiscal en Suisse et militant de l’abolition de la prime de fin d’année et du double pécule de vacance. Ce n’est vraiment pas le type de personnage que Charles Michel décrirait comme étant un bolchévique.
Cette étude réalisée à partir de 1.116 jeunes chômeurs a révélé qu’ils ont passé en moyenne 8,6 mois à rechercher un emploi avant d’en trouvé un et que ceux qui recherchent très activement un emploi envoient en moyenne 12 demandes d’emploi mensuellement. 93% d’entre eux affirment qu’ils sont motivés pour solliciter , mais que cette diminution diminue au fil du temps. C’est loin d’être surprenant au vu du fait qu’il y a entre 22 à 40 candidats pour chaque emploi. Une étude danoise a montré que ceux qui ne trouvent pas un emploi directement après leurs études sont deux fois plus susceptibles d’être toujours au chômage 15 ans plus tard.
Avec une situation pareille, quand un jeune trouve un emploi après une recherche intensive, c’est généralement dans des conditions exécrables et pour un salaire limité. Entre 1999 et 2009, les salaires ont augmenté en moyenne de 3,1% en Belgique, mais cette moyenne n’atteint que 1,8% pour les jeunes. Le ‘‘Modèle allemand’’ de bas salaires n’est pas qu’un thème de discussion, des mesures très concrètes ont déjà commencé à tracer la voie dans cette direction.
Dans l’avenir immédiat, plus de 150.000 chômeurs recevront une allocation inférieure au seuil de pauvreté. D’autre part, à partir du 1er janvier 2015, environ 30.000 sans-emplois bénéficiaires d’allocations d’insertion (qui ne disposent pas d’une année complète de travail à temps plein) seront exclus des allocations. De cette manière, c’est tout le marché de l’emploi qui sera mis sous pression au niveau des conditions de travail et de salaire. Travailleurs avec ou sans emploi : tous unis contre l’austérité !
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Une belle mise en scène pour la campagne électorale la plus longue de notre histoire
Budget(s), statut unique, monarchie,…
Cet été, alors que beaucoup d’entre nous jouissaient de vacances bien méritées, les divers gouvernements du pays n’ont pas été inactifs. Nous avons été témoins d’une mise en scène remarquable – orchestrée par les partis traditionnels avec l’aide des médias dominants – pour lancer dans les meilleures circonstances la campagne électorale la plus longue de notre histoire.
Par Anja Deschoemacker, article issu de l’édition d’octobre de Lutte Socialiste
Le calme avant les élections
Pour la fin septembre, les budgets de tous les niveaux de pouvoir (fédéral, régions et communautés, communes) devaient être présentés pour pousser le déficit budgétaire du pays sous les exigences européennes (un déficit maximal de 2,15% concernant la Belgique). L’ampleur de cette nouvelle opération d’austérité (à nouveau plus de 4 milliards d’euros) passera toutefois inaperçue à la plupart des gens. Il est vrai que les coupes budgétaires, par définition, ne font sentir leurs effets qu’après coup, mais l’effet d’annonce suffit déjà généralement à gonfler le mécontentement et à entraîner une lutte. Cet automne, par contre, les partis traditionnels sont parvenus à faire disparaître cet effet d’annonce : pour le gouvernement fédéral – celui dont il est le plus question – on ne parlera ‘‘que’’ de 200 millions d’euros, puisque 2,4 milliards d’euros d’assainissements divers ont déjà été décidés cet été.
La Région Wallonne et la Communauté Française (la Fédération Wallonie-Bruxelles) ont elles aussi suivi l’exemple et la moitié des efforts prévus pour 2014 ont été réalisés, soit 300 millions d’euros de restrictions budgétaires. De plus, un nouveau roi est arrivé sur le trône et les médias ont fait leur boulot pour assurer la popularité de Philippe et Mathilde. Mais plus encore, le calme de l’été a été utilisé pour décider de l’unification des statuts ouvrier et employé, une décision unilatéralement favorable au patronat tandis que des centaines de milliers d’employés et d’ouvriers se sont retrouvés les dindons de la farce. Le gouvernement et le patronat n’auraient toutefois pas réussi pareil tour de passe-passe sans l’attitude des sommets syndicaux qui ont laissé faire sans organiser la résistance.
Quid de la N-VA?
L’argument-massue justifiant tout cela est simple à comprendre : éviter que les prochaines élections ne conduisent au chaos et à l’impasse. En d’autres termes, il faut éviter de répéter le scénario de 2010. Les médias les plus sérieux et tous les partis traditionnels affirment clairement que l’enjeu des élections de 2014 est de réussir à bloquer la N-VA, cette dernière ayant une fois de plus confirmé qu’il lui était impossible de rentrer dans un gouvernement fédéral sans confédéralisme. Comme le confédéralisme à la sauce N-VA (avec scission de la sécurité sociale et en rompant toute forme de solidarité entre les deux côtés de la frontière linguistique) est inacceptable pour les partis francophones et puisqu’aucun autre parti flamand ne rejoint la N-VA sur ce point, ce scénario est quasiment exclu.
Les médias, y compris et surtout en Flandre, ont tiré à boulets rouges tout l’été durant sur les frasques des mandataires locaux de la N-VA (un conseiller communal de Dilbeek qui a baissé son pantalon en pleine cérémonie de remise des prix pour ‘‘une blague’’, la ville de Turnhout plongée dans la crise politique ingérable suite à une dissidence de la N-VA, la décision prise à Sint-Niklaas de tout de même privatiser le ramassage des déchets bien qu’une large majorité des habitants se soient prononcés contre par référendum ou encore les tentatives de la NVA-Anvers d’imposer une taxe inconstitutionnelle aux étrangers). Des dissensions internes ont été révélées au sujet de la grogne qui vit contre les sorties de figures de premier plan de la N-VA comme Geert Bourgeois (qui s’est présenté dans la presse en tant que candidat ministre-président flamand) et, surtout, Siegfried Bracke (qui a parlé d’un possible gouvernement fédéral sans confédéralisme, parce que le socio-économique – une austérité plus brutale – est plus important).
Notre voix n’est pas prise en compte
Le ton est donné. Avec de bons outils politiques à sa disposition, la classe des travailleurs ne devrait pas se laisser ainsi mener par le bout du nez par les médias bourgeois et les partis traditionnels. Il lui faut son propre parti, un instrument politique défendant bec et ongles les intérêts de la majorité de la population contre cette idée d’un prétendu “intérêt général” belge. Dans une société capitaliste, ‘‘l’intérêt général’’ se réduit systématiquement à l’intérêt des capitalistes. Les travailleurs ont aussi besoin de syndicats démocratiques avec une direction libre de tout lien avec ces partis bourgeois et bourgeoisifiés. De cette manière, la classe ouvrière organisée pourrait contrer les attaques passées et à venir. La force du nombre est présente pour y parvenir, de même que le degré d’organisation. Mais il n’y a pas de parti des travailleurs et la direction des syndicats est étroitement liée aux partis (surtout le PS mais aussi le CD&V) qui sont centraux dans l’élaboration et l’application du programme de la bourgeoisie.
Qu’un nouveau parti tombe du ciel avant 2014, en parallèle avec une réorganisation des syndicats en instruments de lutte démocratiquement gérés et contrôlés par la base, est très improbable. Mais il n’existe pas d’autre raccourci. Sans cela, nous sommes condamnés à nous battre les mains liées dans le dos. C’est pour ça que les syndicalistes combatifs (FGTB et CSC), les jeunes qui veulent se battre pour un changement de système, les militants de divers mouvements sociaux,… doivent, au cours de cette longue campagne électorale, se concentrer sur la diffusion et la construction de l’appel de la FGTB de Charleroi, rejoint par la CNE, pour la construction d’une nouvelle formation politique de gauche (voir en page 4). C’est, de très loin, le développement syndical le plus important de ces dernières décennies, une opportunité monumentale pour la classe des travailleurs de pouvoir enfin – après avoir perdu ses propres partis à cause de la bourgeoisification du SP.A et du PS – avancer vers un nouveau parti des travailleurs. Un tel parti serait à même de dénoncer la meilleure des mises en scène ainsi que les mensonges les plus sournois des partis bourgeois. Un tel parti impliquerait les travailleurs et leurs familles dans la lutte pour éviter que nos conditions de vie en reviennent à la situation d’avant-guerre. Un tel parti assurerait que des patrons comme Mittal ne soient pas vainqueurs à l’avance. Un tel parti assurerait que les travailleurs ne doivent pas choisir entre la peste et le choléra, entre la stratégie de la NVA et celle des partis traditionnels.
Comme vous pouvez le lire ailleurs dans ce journal, les militants du PSL vont se concentrer sur cette tâche dans les mois à venir : la diffusion et la construction de l’initiative de la FGTB de Charleroi.
Si cette initiative ne parvient pas à livrer une liste de gauche unitaire pour les élections de 2014, nos militants feront tout leur possible là où nous sommes présents pour renforcer cet appel à l’unité de la gauche, même si cela doit signifier de ne pas nous-mêmes déposer de candidats. Informez-vous sur l’initiative de Charleroi et participez-y !
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“Dexia” le petit monstre
La crise bancaire pèse toujours sur les caisses communales
L’abysse dans lequel se trouve Dexia est récemment devenu encore un peu plus profond : le mois dernier, il est apparu que la “banque résiduelle” a accusé une perte de 905 millions d’euros au premier semestre 2013, près du double de ce qui était prévu. Le fond de l’abysse est-il encore loin ?
Par Tim (Bruxelles)
Des cadavres dans le placard
La banque résiduelle “Dexia” a été créée après la faillite de l’ancien groupe Dexia, fin 2011, pour regrouper les investissements pourris ou à grande risque à la base de la faillite. Les activités “saines” du groupe ont quant à elles été placées dans des entreprises séparées (à l’instar des activités bancaires belges traditionnelles qui ont poursuivi leur chemin sous le nom “Belfius”). Les gouvernements belge, français et luxembourgeois se sont portés garants de “Dexia” avec l’idée de “dégraisser” la structure petit à petit. Mais les mauvaises nouvelles ont continué d’arriver, les prévisions optimistes du gouvernement ou du management ont systématiquement relevé du mirage. Ainsi, l’année 2013 devait se terminer sur une perte de 950 millions d’euros, somme quasiment atteinte après 6 mois seulement.
Et il reste encore des cadavres dans le placard. La vente des parts de l’entreprise est apparue moins rentable que prévu. La vente de la Société de Financement Local (SFIL, le “Crédit Communal” français) a laissé un large trou derrière elle. Mais, surtout, la crise de la dette des autorités locales américaines pend comme une épée de Damoclès au-dessus la banque résiduelle. Celle-ci y possède des crédits à hauteur de plus de 30 milliards d’euros, notamment dans la ville de Detroit (112 millions d’euros), récemment déclarée en faillite, ou encore à Chicago, en pleine tourmente financière également.
Un monstre
Le ministre de l’économie Johan Vande Lanotte n’est pas inquiet pour autant : ‘‘Dexia est un petit monstre qui nous poursuivra encore pendant quelque temps.’’ Nous nous demandons s’il connaît l’œuvre de Nietzsche et la citation suivante: ‘‘Quiconque lutte contre des monstres devrait prendre garde, dans le combat, à ne pas devenir monstre lui-même. Et quant à celui qui scrute le fond de l’abysse, l’abysse le scrute à son tour.’’ On ne pourrait pas mieux décrire la politique gouvernementale concernant Dexia : jusqu’ici, la facture s’est élevée à 9 milliards d’euros, et la Belgique s’est portée garante pour encore 43,7 milliards, soit 25% du budget fédéral ! Chaque perte de Dexia a dès lors son impact immédiat sur le budget du gouvernement, cela entraîne plus d’économies, moins de moyens pour les services publics,… Si même Karel De Boeck, PDG de Dexia et Roi des Optimistes, avertit déjà que sa banque restera dans le rouge au moins jusqu’en 2018, on se demande jusqu’à quelles profondeurs le gouvernement belge sera entraîné…
Aujourd’hui, certains proposent de liquider Dexia une bonne fois pour toutes, et de directement en calculer le coût final. A l’exception du fait que ce scénario est exclu à moins d’un an de “la mère de toutes les élections”, cela serait encore aux travailleurs et à leurs familles d’en payer la facture. Qu’importe le scénario choisi, la note sera salée, et qui la payera ?
Nationalisation du secteur financier
En tant que marxistes, nous affirmons que c’est aux spéculateurs qui ont profité des années durant des investissements à haut risque et qui sont responsables de la chute de Dexia de le faire. La crise chypriote a illustré qu’il existe des moyens technologiques pour immédiatement stopper et contrôler les opérations bancaires : pourquoi ces moyens ne sont-ils pas utilisés pour s’en prendre aux spéculateurs ? Pourquoi n’existe-t-il encore aucune enquête publique sur les spéculateurs et super-riches qui planquent leurs richesses dans des paradis fiscaux ?
Si Dexia démontre bien une chose, c’est que laisser le secteur financier aux mains du privé est une aberration. Le PSL défend la nationalisation de tout le secteur financier, sous contrôle démocratique des travailleurs et de la société, avec élus révocables à tout instant, sans privilèges et parachutes dorés, payés au salaire moyen. Un tel secteur financier serait totalement sécurisé pour l’épargne et fournirait des crédits très bon marché aux PME, aux particuliers et aux services publics.
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Traité budgétaire européen : Attention, conquêtes sociales en danger !
Pour un débat public avant le vote du Parlement wallon
Il s’agit sans doute du vote le plus important de cette législature et pourtant personne n’en parle. En Belgique, le ”Traité sur la Stabilité, la Coordination et la Gouvernance” (TSCG), également appelé ”Traité budgétaire européen”, a été validé par les Parlements au niveau fédéral ainsi qu’en Flandre. Il sera très prochainement à l’agenda du Parlement wallon. Un ”NON” des parlementaires wallons suffirrait à stopper ce texte.
Plateforme liégeoise contre le TSCG
AUSTÉRITÉ IMPOSÉE
Alors que les États subissent déjà de plein fouet les conséquences de la crise bancaire de 2008 et se sont vus obligés de s’endetter afin de renflouer les banques déficitaires, l’objectif de ce traité est d’inscrire encore plus avant l’austérité dans les législations nationales.
Il contient ainsi une «règle d’or» qui impose que les déficits budgétaires n’excèdent pas 0,5% du PIB (au lieu des 3% prévus actuellement). Aucun État membre ne pourra atteindre cet objectif même en sabrant à tous les niveaux dans ses budgets. En Grèce, où après plus de 10 plans d’austérité la population est à genoux, on voit pourtant que cette logique est un cuisant échec puisque la dette ne cesse d’augmenter.
DÉMOCRATIE CONFISQUÉE
Complété du mécanisme européen de stabilité (MES), le TSCG créerait en outre un instrument juridique retirant aux Parlements nationaux le droit de déterminer eux-mêmes leurs choix et orientations budgétaires. Ces choix dépendraient alors des institutions peu démocratiques que sont la Commission européenne et le Conseil européen.
Le Traité conférerait également aux institutions de l’Union européenne le pouvoir de sanctionner automatiquement les États membres qui tarderaient à renforcer les politiques antisociales déjà en cours: blocage des salaires, privatisations, réductions des dépenses publiques, suppression des conventions collectives nationales, recul de l’âge de la pension, …
NOUS VOULONS UN DÉBAT PUBLIC AVEC LES ÉLUS !
S’ils prennent la mesure des régressions sociales et du recul démocratique qu’implique ce traité, les élus progressistes du Parlement wallon peuvent encore le bloquer en votant ‘‘NON’’ ! L’objet de notre plateforme est d’informer sur les enjeux et les dangers du TSCG et de réclamer un débat public avec nos élus AVANT qu’ils soient amenés à se prononcer sur ce texte.
Venez vous informer et débattre avec nous LE MERCREDI 25 SEPTEMBRE À 19H À LA SALLE WILMOTTE À L’ULG, PLACE DU XX AOÛT À LIÈGE
Premiers signataires de la plate-forme liégeoise contre le TSCG :
- Daniel Cornesse (CSC),
- Dimitri Coutiez (section de Liège du PS),
- Pierre Eyben (VEGA),
- Gilbert Lieben (Secrétaire général de la CGSP wallonne),
- Simon Hupkens (PSL),
- Sylviane Mergelsberg (RR),
- Christine Pagnoulle (ATTAC)
REJOIGNEZ LA PLATE-FORME !
WWW.STOP-TSCG.BE – CONTACT@STOP-TSCG.BE
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Les autorités rendent les études encore plus inabordables
Il vaut mieux mettre de l’argent de côté suffisamment longtemps avant d’envoyer ses enfants aux études ! De plus de 300 euros au début, l’enseignement peut facilement revenir à 1.300 ou 1.500 euros par an en fin de secondaire. Et encore, cela ne comprend pas les frais extrascolaires de plus en plus importants, comme de disposer d’un ordinateur avec internet et une bonne imprimante. Le refus d’allouer plus de moyens publics à l’enseignement combiné aux politiques d’austérité en tout genre rendent l’accès à un enseignement de qualité sans cesse plus difficile.
Par Geert Cool
Des pénuries à tous niveaux
Impossible ici de donner une vue exhaustive de tous les manques auxquels il est urgent de répondre. Le problème des inscriptions – qui fait l’actualité de chaque rentrée scolaire depuis plusieurs années déjà – donne à lui seul une claire indication de la gravité de la situation. Côté francophone, 430 élèves étaient toujours sans école secondaire à la fin du mois d’août de cette année… Pas mal de choses ont été tentées, comme d’installer des containers aménagés en classes, mais il n’y a toujours pas assez de places pour tout le monde.
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La spectaculaire dette des étudiants aux USA
Aux États-Unis, les prêts étudiants représentent ensemble un total de 1 billion de dollars (c’est douze zéros derrière le 1 !) Cette montagne de dettes fait suite à des études qui sont plus chères que le négatif auquel on a droit avec une carte de crédit : un diplômé possède ainsi en moyenne une dette de 26.000$ à cause de ses prêts étudiants. En sept ans, il s’agit d’une augmentation de 40%. Une année d’étude revient aujourd’hui, en moyenne, à plus de 21.000 $ (en comprenant également la location d’un kot) contre 9.000 $ il ya trente ans (donnée adaptée en valeur actuelle). Pendant la même période, le revenu médian des ménages a augmenté de 46.000 à 50.000 dollars. L’enseignement est littéralement devenu impayable.
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De plus, l’infrastructure scolaire est souvent dans un état lamentable. En Flandre, cette année, 39 millions d’euros ont été dégagés pour rénover les bâtiments… alors qu’il faudrait au moins 2 milliards ! En Belgique, la part du budget de l’Enseignement consacrée aux investissements dans les bâtiments scolaires est seulement de 2,8 %, contre 8,2 % en moyenne dans les pays de l’OCDE. Quant au personnel, il ploie sous l’augmentation de la charge de travail, notamment au niveau administratif. Ce sera sans aucun doute encore pire les années à venir.
Le refus de dégager des moyens publics pour l’enseignement a conduit à des désastres en termes d’infrastructures, de ressources humaines et de frais scolaires. Le Secrétariat général de l’enseignement catholique (Segec) a dénoncé au mois d’août : ‘‘D’ici 2030, le nombre d’élèves à scolariser dans l’enseignement obligatoire augmenterait de 30 % à Bruxelles et d’environ 15% en Wallonie. Qui va créer les écoles nécessaires et avec quels moyens ? Les communes ? La Communauté française? Des associations libres ? Personne ne voit clair sur ce sujet.’’
L’austérité s’ajoute au sous-investissement structurel
Cette situation dramatique est amplifiée par les mesures d’austérités des différents niveaux de pouvoir. Le gouvernement fédéral vient ainsi de réduire l’allocation de rentrée scolaire alors que cette prime était déjà insuffisante. Aperçu chiffré en bas.
En plus de cela, la prime pour les enfants nés en 1991 ou avant a été réduite. Les parents recevaient ainsi 123,99 euros par mois pour un enfant de plus de 22 ans, montant maintenant réduit à 117,88 euros. Cette mesure fait partie des nombreuses ‘‘petites’’ économies du dernier accord budgétaire. Cela représente près 80 euros pour cette année, et il s’agira de 100 euros l’an prochain.
Le directeur général du Segec dénonce lui aussi diverses restrictions budgétaires depuis 2010, notamment les diverses suppressions de subventions de fonctionnement, la récente décision du gouvernement de la fédération Wallonie-Bruxelles de ne pas appliquer la dernière tranche des accords de la St-Boniface et la désindexation partielle des subventions. ‘‘En tout, cela représente un montant total de 32 millions d’économies structurelles à charge des Pouvoirs Organisateurs.’’
Plus de moyens pour l’enseignement !
Offrir un enseignement de qualité nécessité des infrastructures adéquates et un personnel suffisant. Quant au coût de cet enseignement, il doit résolument être diminué. Tout cela, seule la lutte pourra nous l’accorder. Personnel, parents et étudiants doivent lutter ensemble pour revenir sur des années de sous-financement.
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Reynders trouve une ‘‘solution’’ pour les salaires des patrons d’entreprises publiques : la privatisation !
En période pré-électorale, chaque parti essaye de se démarquer. Au niveau des salaires, les libéraux officiels se sont engagés corps et âme dans la défense des salaires scandaleux des top managers, en réservant des emplois ultra-flexibles pour des salaires de misère au reste de la population. Histoire de pouvoir contourner le plafond salarial dans le secteur public, Didier Reynders a lancé une proposition originale : approfondir la destruction du secteur public. On n’en attendait pas moins de sa part.
- A nous les mini-salaires, à eux les salaires de millionnaires
Toute cette discussion au sujet de la limitation des plantureux salaires des patrons d’entreprises (semi)publiques prend place dans le contexte d’un débat plus large concernant nos salaires. Le gouvernement et le patronat ont imposé un gel des salaires pour les années 2013-2014 et une révision de la loi de 1996 sur la formation des salaires est en cours, avec la menace bien réelle de voir ce gel salarial s’étendre à une durée beaucoup plus longue. Evidemment, ce n’est pas la même orientation que les libéraux veulent suivre dès lors qu’il s’agit des gros, très gros, salaires. Reynders a donc lancé une nouvelle provocation : contourner la limitation des plus gros salaires du secteur public en réduisant la part détenue par les autorités publiques !
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Salaires actuellement en vigueur dans les entreprises publiques :
- Didier Bellens (Belgacom), 2,5 millions euros
- Johnny Thijs (Bpost), 1,1 million euros
- Jannie Haek (SNCB Holding), 512.000 euros
- Luc Lallemand (Infrabel), 493.000 euros
- Marc Descheemaecker (SNCB), 472.000 euros
- Jean-Claude Tintin (Belgocontrol), 324.000 euros
Salaires actuellement en vigueur dans les entreprises privées :
- Roch Doliveux (UCB): 3,1 millions euros
- Marc Grynberg (Umicore), 2,2 millions euros
- Bert De Graeve (Bekaert) 1,6 million euros
- Christian Reinaudo (Agfa-Gevaert), 1,5 million
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C’est une idée très simple et les libéraux officiels n’y voient que des avantages : la vente rapporte des moyens – à court terme – pour rembourser la dette publique et, dans une entreprise privée, un top manager gagne plus d’argent alors que les conditions de travail et de salaire du personnel se voient réduites vers le minimum que les libéraux ont à l’esprit lorsqu’ils pensent à nous.
Ainsi, dans les pages de La Dernière Heure, Reynders a déclaré : ‘‘Pour bpost et Belgacom, l’idée est sur la table du gouvernement. Si l’État descend sous les 50%, en passant de 52% à 45% par exemple, ces entreprises pourront s’organiser comme c’est l’usage dans le secteur privé – et donc de dépasser le plafond des revenus – et cela permettrait en parallèle de renflouer les caisses de l’état…car vendre des bâtiments ne suffira pas.’’
Alexander De Croo (OpenVLD) a, bien entendu, immédiatement trouvé excellente la proposition de son compagnon libéral : ‘‘Le gouvernement ne devrait pas concurrencer les entreprises privées dans un marché compétitif. Le gouvernement doit jouer l’arbitre.’’ On les connait bien, ces ‘‘arbitres libéraux’’ qui réservent les profits au privé et laissent les dettes à la collectivité ! Le service public est ainsi quasiment devenu un sujet tabou. Ce ne serait pas le rôle des autorités publiques d’utiliser les moyens de la collectivité pour donner à chacun une vie décente ? Non, les autorités devraient rester confinées au rôle ‘‘d’arbitre’’ très partiaux, défendant unilatéralement les intérêts des patrons, en imposant un gel salarial pour le travailleur ordinaire par exemple. Les partis traditionnels excellent – tous – dans ce rôle d’arbitre d’un jeu truqué pour les travailleurs et leurs familles.
Ce dont nous avons besoin, c’est au contraire de défendre la fonction publique et de rendre ce secteur plus fort et plus étendu, sous une gestion et un contrôle démocratiques. Nous n’avons que faire de ces patrons d’entreprises publiques qui agissent comme de purs capitalistes avec les moyens de la collectivité, nos moyens !
Un secteur – entièrement – public de l’énergie mettrait fin à ces tarifs qui ne sont destinés qu’à assurer des profits majeurs pour les actionnaires privés. Un secteur financier – entièrement – public mettrait fin à la construction de la bulles spéculatives. Tous les secteurs clés de l’économie (avec également la sidérurgie et la chimie par exemple) n’apporteraient que des avantages à la population, pour autant qu’ils soient correctement gérés par des représentants élus par le personnel et les utilisateurs, directement contrôlés par eux (en étant notamment révocables à tout moment) et qu’ils ne bénéficient pas d’avantages liés à leur fonction.
Dans cette société caractérisée par la pénurie de moyens dans absolument tous les domaines – soins de santé, logement, enseignement, crèches, etc. -, les partis de l’establishement ont tous en tête une politique qui ne va conduire qu’à l’approfondissement des problèmes économiques et sociaux. Il est grand temps de partir à l’offensive contre cette logique en faillite totale.
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Comment le racisme pourrait-il être relatif?
La présidente du CPAS de la ville d’Anvers, Liesbeth Homans (N-VA), a déclaré dans une interview que le racisme est un terme relatif souvent utilisé pour couvrir un échec individuel. Il n’est pas rare de voir ainsi des néolibéraux faire porter la responsabilité des problèmes sociaux précisément aux victimes de ces problèmes.
Leur raisonnement est simple : celui qui a difficile à trouver un travail, un logement décent,… l’a bien cherché. En poussant à peine cette logique un peu plus loin, les chômeurs deviennent des paresseux confortablement couchés dans le hamac de la sécurité sociale. La N-VA devrait donc logiquement trouver que l’augmentation du chômage en Flandre au cours de l’année écoulée (+10%) est due à l’augmentation du nombre de paresseux… Ou est passé le ‘‘flamand qui bosse dur’’ cher à l’argumentaire de la N-VA ?
Aurions-nous donc sans nous en apercevoir obtenu l’égalité des chances à tel point que la réussite ou l’échec ne serait qu’une question individuelle et non pas de position sociale ? Plusieurs études, y compris l’enquête PISA (Programme international pour le suivi des acquis des élèves), ont pourtant constaté que l’enseignement est fortement inégalitaire en Belgique, l’écart est très grand entre les meilleurs et les pires résultats, une situation largement due au facteur déterminant de l’origine sociale. 10% des enfants d’origine pauvre obtiennent leur Certificat d’enseignement secondaire supérieur (CESS), contre 90% des enfants issus de familles à plus riche patrimoine.
La pauvreté est encore plus fréquente dans les populations d’origine marocaine et turque, qui comprennent des taux de pauvreté de plus de 50% en Belgique. Avec l’état actuel de notre enseignement, il est difficile pour les jeunes issus de ces communautés de sortir de la pauvreté. Le risque de sombrer dans le chômage est également plus élevé. En Flandre, un quart des immigrés d’origine extra- européenne sont au chômage. Même chez les immigrés hautement qualifiés, le taux de chômage est de plus de 20%, contre seulement 3% en moyenne. Les agences pour l’emploi préfèrent souvent des gens à la peau pas trop brune et avec un nom bien ‘‘belge’’.
Tout cela n’a rien à voir avec des problèmes individuels, mais tout avec un système dans lequel la discrimination est profondément ancrée. Ce n’est pas une question morale, mais la conséquence directe de la logique d’une société incapable d’assurer à chacun une vie décente et un bon avenir.
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A nous les mini-salaires, à eux les salaires de millionnaires
Cette année, le gouvernement a décidé qu’aucun accord d’augmentation salariale ne pourra survenir, dans aucun secteur. C’est que les ‘‘grands salaires’’ porteraient atteinte à la compétitivité de notre pays… Aujourd’hui prend place un autre débat sur les salaires, concernant celui des top managers des entreprises publiques. Pour une fois, on a entendu Alexander De Croo s’opposer à une réduction des salaires… mais il ne s’agit pas des nôtres bien entendu ! Force est de constater que la logique n’est pas la même pour tout le monde : à nous les mini-salaires, à eux les salaires de millionnaires.
Ce nouveau débat a éclaté en réaction à la proposition de limiter les salaires des top managers d’entreprises publiques à 290.000 euros par an (!).Le salaire mensuel brut du Premier Ministre Di Rupo est de 24.000 euros. Pour Johnny Thijs, le patron de Bpost, c’est beaucoup, beaucoup trop peu. Pour moins d’un salaire équivalent à 23 fois celui que gagne en moyenne un travailleur de Bpost, Johnny Thijs se croise les bras. Et ce n’est pas parce qu’il est capable d’effectuer 23 tournées en une journée…
Qu’un travailleur réclame le moindre pourcent d’augmentation et il est de suite taxé par les politiciens de l’establishment et par les médias dominants d’être un égoïste irresponsable : il ne réaliserait pas qu’en temps de crise, ce serait miner la compétitivité des entreprises belges et donc mettre en danger l’avenir de la jeunesse ! Visiblement, l’argument perd toute sa valeur dès lors qu’il s’agit de véritables gros salaires. Soudain, on entend qu’un ‘‘salaire correct et juste’’ est nécessaire pour être ‘‘bons, intelligents, prêts à prendre [ses] responsabilités.’’ (Johnny Thijs, dans Le Soir, 23/08/13) Ça ne vaut pas pour nous ? Comme si on ne travaillait déjà pas assez durement…
Thijs a pu immédiatement compter sur le soutien d’Alexander De Croo (Open VLD), dont le parti veut ‘‘encourager’’ les mini-jobs et les mini-salaires. Pas question de défendre la même optique pour les top managers ‘‘amis’’ bien sûr. De Croo : ‘‘Nous devons garder une certaine souplesse pour recruter les bonnes personnes afin de faire des choses extraordinaires. Bpost se dirige vers la modernité, ce n’est pas une tâche anodine. (…) Il a modernisé l’entreprise sans avoir beaucoup de conflits sociaux. Je comprends qu’il n’a pas l’intention de continuer à faire cela pour le quart de son salaire. Si on veut attirer les meilleurs gestionnaires, il faut également bien les payer.’’
Pas besoin de bons salaires pour attirer les travailleurs ordinaires apparemment. Les facteurs qui parcourent le pays sous toutes les intempéries avec des trajets développés par des programmes informatiques qui n’en tiennent pas compte ne méritent pas le même traitement. La notion de ‘‘salaire minimum compétitif’’ a un sens différent quand on est un simple travailleur ou un cadre supérieur. Pour nous, cela revient à devoir parfois combiner deux ou trois emplois pour joindre les deux bouts. Pour eux, cela signifie d’obtenir des salaires mirobolants.
Les réalisations de Johnny Thijs méritent d’être mentionnées : il a fait fermé près de la moitié des bureaux de poste et a lancé l’entreprise sur les rails de la libéralisation. Résultat : un véritable massacre social. 10.000 emplois ont été perdus en dix ans, sans trop de résistance syndicale organisée – ce dont les syndicats ne devraient pas être fiers. Ça, selon les politiciens libéraux (et le patron de Bpost lui-même), cela vaut un salaire annuel de 1,1 million d’euros.
Au cours de ces dernières décennies, l’écart entre le salaire des chefs d’entreprise et celui des travailleurs a fortement augmenté. Aux Etats-Unis, les patrons des plus grandes entreprises gagnaient, en 1980, 42 fois plus que la moyenne d’un travailleur, contre 380 fois plus en 2012. En Russie, en 1917, un autre système a été introduit (avant la dégénérescence stalinienne de la Russie soviétique). La tension salariale maximum – le rapport entre le plus haut salaire et le plus bas – a été limitée à un pour quatre. Si un travailleur est censé pouvoir joindre les deux bouts avec son salaire, alors quatre fois celui-ci doit être largement suffisant pour disposer d’une vie agréable.
Dans le cadre de la lutte pour améliorer nos conditions de travail et de salaire, nous devons dénoncer les excès de l’élite et leur hypocrisie. Mais cela ne suffira pas. Nous devons utiliser ces données pour aider à construire un rapport de forces. Il faut aussi discuter de la manière dont sont ‘‘gérées’’ nos entreprises publiques : sous la direction de gestionnaires capitalistes grassement rémunérés ou sous celle de représentants démocratiquement élus par le personnel et les usagers?