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Reprise économique : Le pire derrière nous? Qui peut le croire?
Vous aussi vous l’avez remarqué ? Malgré l’annonce dramatique des fermetures de Ford à Genk et d’ArcelorMittal à Liège, malgré la cascade de faillites que cela entraîne, malgré la dislocation de quartiers entiers, de villes et de régions, malgré la monté excessive de la pauvreté,… les politiciens, les patrons, leurs bureaux d’étude ‘‘indépendants’’ et leurs médias s’accrochent avec acharnement au mythe selon lequel le pire est derrière nous.
Par Eric Byl
Ce mythe est basé sur l’illusion que le processus de ‘‘destruction créatrice’’ cessera bientôt et que les vieux sites ‘‘non-productifs’’ (lisez : qui ne génèrent pas suffisamment de profits) seront remplacés par de nouvelles structures productives. L’élite économique trouve géniale toute cette théorie de la ‘‘destruction créatrice’’ de l’économiste autrichien Schumpeter (1883-1950). Enfin une explication pour le phénomène d’expansion et de récession qui poursuit le capitalisme depuis son origine ! Mais l’élite capitaliste préfère oublier que Schumpeter a emprunté sa théorie à Karl Marx.
Dans son Manifeste du Parti Communiste (1847) celui-ci disait que la bourgeoisie ne peut exister ‘‘sans révolutionner constamment les instruments de production’’ en conséquence de la concurrence, c’est la principale loi du développement du capitalisme. Mais, contrairement à Schumpeter, Marx avait également immédiatement compris ses limites. Il a démontré que la fureur concurrentielle allait énormément augmenter le coût d’investissements en capital (surtout en recherches et en machines), que les petits producteurs étaient destinés à se faire écraser par les grands, que la concurrence s’accompagnerait de la constitution de monopoles et de cartels, que le capitalisme développait son propre fossoyeur – la classe des travailleurs- et que le capital d’investissements requis deviendrait finalement trop important pour séduire des investisseurs privés.
L’an dernier, les actions des bourses européennes ont grimpé de 15%, celles de la bourse japonaise de 25%. Durant les trois premières semaines de cette année, 3% s’y sont encore ajoutés en Europe et 5% au Japon. Comparez cela aux miettes que vous recevez sur votre compte d’épargne ou sur votre compte à terme ! Les 9 premiers jours de 2013, 22 milliards de dollars ont afflué sur les bourses à travers le monde ! Le pire de la crise est-il passé ? Non.
Des ‘‘spécialistes’’ expliquent cette montée des actions par le gage donné par la Banque Centrale Européenne de ne pas laisser tomber les banques européennes, grâce à l’accord budgétaire conclu aux Etats-Unis, par la baisse des taux d’intérêts espagnols et italiens et par l’assouplissement de Bâle III qui gère les exigences des capitaux propres des banques. D’autre part, le chômage progresse en Europe de façon alarmante et toute une série de datesbutoir sont face à nous. Ainsi, à la mifévrier, il faudra à nouveau relever le plafond des dettes aux Etats-Unis, les autorités espagnoles devront sauvegarder leur système bancaire sans pousser l’économie de récession en dépression et les autorités irlandaises devront bientôt retourner faire appel à l’aide des marchés financiers.
Qu’importe le zèle avec lequel Di Rupo et consorts défendent le régime fiscal belge au Forum Economique Mondial de Davos, les investissements obtenus ont un caractère spéculatif important et ne représentent que des miettes en comparaison de la montagne de liquidité (près de 8.000 milliards de dollars) que les entreprises accumulent sur leurs comptes à travers le monde en refusant d’investir dans la production. Comment les actions en Bourse augmentent-elles leur valeur ?
Pour nous, il s’agit à nouveau d’une bulle spéculative après celle d’internet, des matières premières, des obligations, etc. Mais, sans la moindre question au sujet des fondations économiques actuelles, toute la meute de propriétaires de capitaux fonce dans cette direction. Que le gouvernement, par la voix du ministre des finances Vanackere, veut inciter la population à parier ses épargnes dans ce casino illustre que personne dans l’establishment n’a tiré de leçons de la précédente phase de la crise.