Category: National

  • Capitalisme et stalinisme discrédités – QUELLE ALTERNATIVE PROPOSER ?

    Du faste, oui, mais de l’enthousiasme, les commémorations autour de la chute du Mur de Berlin en ont fort peu suscité. Il pleuvait certes, mais ce n’est pas le temps qui a refroidi l’exaltation et la ferveur que les commentateurs capitalistes avaient autrefois témoignées – au point même de parler de la «fin de l’Histoire» – c’est l’épreuve des faits. En 2009 on est effectivement 20 ans après l’effondrement du stalinisme. Mais on est aussi un an après l’entrée du système capitaliste mondial dans sa pire crise depuis huit décennies.

    Par Nicolas Croes

    Un monde marqué par l’incertitude du lendemain

    Même le journal du monde des affaires De Tijd, l’équivalent néerlandophone de L’Echo, a dû reconnaître que l’euphorie connue il y a vingt ans au sujet de la prétendue «victoire du capitalisme» a fait long feu. Dans un des articles consacrés à ce sujet, un journaliste déclare notamment: «Pour beaucoup d’idéologues, la chute du Mur a signifié la victoire définitive du marché libre sur les économies étatisées. Avec le Mur, le communisme en Europe de l’Est avait en effet également disparu. Mais 20 ans plus tard, cette position est remise en doute. Le capitalisme peut bien être la forme économique dominante dans le monde, les résultats sont fort divers.» (1)

    Difficile effectivement de parler de suprématie du capitalisme dans un contexte où 350 emplois disparaissent par jour en Belgique, un pays où une personne sur sept vit sous le seuil de pauvreté. Et encore sommes-nous loin d’être le pays le plus touché par la pauvreté, le chômage et la crise ! Au niveau international, la fin de la guerre froide devait assurer une paix générale. Mais même la pire des mauvaises fois ne saurait cacher que des Balkans à l’Afghanistan, en passant par l’Irak (à deux reprises !), l’Afrique des Grands Lacs, le Sri Lanka,… les conflits se sont hélas multipliés au point que c’est le chaos qui semble aux yeux de beaucoup de gens être devenu l’avenir de l’humanité.

    Quant à la crise, si on entend ici et là parler de reprise, l’unique terrain où celle-ci s’épanouit est celui de la spéculation. Assez ouvertement d’ailleurs. La banque américaine Goldman Sachs avait dû être renflouée en 2008 de quelques 13 milliards d’euros. Pendant que la population paie la note de l’aide de l’Etat, cette banque a réalisé durant le seul 3e trimestre de 2009 un bénéfice net de plus de 3 milliards d’euros. Mais pour Lloyd Blankfein, son PDG, «si le système financier nous a conduit à la crise, il nous en sortira». Quant aux bonus des cadres financiers, «Pas question de restreindre leurs ambitions !». Cette institution est experte en conseils avisés, elle avait encore qualifié la société Enron de «best of the best» une semaine avant sa faillite. Il ne faut pourtant pas être devin pour voir que les mêmes recettes conduisent aux mêmes plats.

    Dans ce cadre, pour les dirigeants européens, les commémorations de la chute du Mur ont surtout servi de dérivatif. Chacun a, à sa manière, tenté d’instrumentaliser l’événement, le summum du ridicule ayant très certainement été atteint par le président français Nicolas Sarkozy. Comme l’écrit le journaliste Jack Dion dans le magazine français Marianne, «Mieux vaut se repasser les soirs de novembre 1989 en boucle plutôt que de s’intéresser aux soubresauts de la crise qui frappe partout, notamment dans les pays passés de la glaciation communiste au néolibéralisme sauvage.»(2)

    Et c’est un peu ce «mot d’ordre» que la presse a suivi, d’une seule voix, à la limite même de la caricature tant on se serait parfois cru de retour dans la presse contrôlée des dictatures staliniennes. Malgré les faits, certains plumitifs s’obstinent, comme Jurek Kuckiewicz dans un édito du Soir, qui clame: «La chute du Mur n’aurait-elle pas tenu ses promesses? Les 136 millions de nouveaux citoyens qui ont connu le joug communiste ne partagent pas cet avis»(3).

    PRIVATISATIONS, MISERE ET CORRUPTION

    Pourtant – au-delà de la volonté idéologique de marteler contre vents et marées que le marché libre a représenté autre chose que la liberté du renard dans le poulailler – certaines études sont venues illustrer le malaise qui existe face à la restauration du capitalisme. Ainsi, près de trois ans après avoir rejoint l’Union Européenne, le salaire mensuel moyen bulgare est de 300 euros et la pension de 80 euros. En Pologne, en République Tchèque ou ailleurs, la situation ne diffère guère.

    A travers les anciens pays du bloc de l’Est, l’enthousiasme d’accéder enfin à la liberté et de sortir de la chape de plomb du stalinisme a cédé place à la déception et à la colère. En termes de liberté, l’avis de la population est toujours autant bafoué, de manière juste moins ostensiblement répressive. Quant à la corruption des apparatchiks du parti communiste et de l’Etat, elle a été échangée pour celles des nouvelles élites politiques et économiques. Par contre, dans tout le bloc de l’Est, les privatisations et les libéralisations ont eu des effets extrêmement néfastes. Le système nationalisé et planifié – garant malgré tout de certains acquis non négligeables en matière d’emplois, de pensions, de soins de santé ou encore d’enseignement – a été sauvagement et brutalement plumé, décharné jusqu’à l’os et puis dépecé. En janvier 2009, le Financial Times avait d’ailleurs publié un article sous le titre «“La thérapie de choc” responsable d’un million de décès» qui abordait une étude consacrée à la mort de trois millions d’hommes en âge de travailler dans les anciens pays staliniens au début des années ’90. On pouvait lire dans cette étude qu’«au moins un tiers de ces décès sont dus à la privatisation massive qui a conduit à un chômage généralisé et à une profonde désorganisation sociale». Même l’évêque de Berlin, à l’occasion des commémorations de novembre, a dû reconnaître que le chômage ne diminue pas malgré tous les efforts de ces dernières années et que, dans les faits, il faut continuer à se battre pour la liberté.

    Loin de nous l’idée de justifier la dictature bureaucratique des régimes staliniens. Mais derrière le parasitisme de la caste bureaucratique, le système de l’économie planifiée permettait encore de nombreux acquis sociaux. Ne mentionner, lourdement, que la répression, la Stasi, le KGB, les goulags, etc., c’est un peu comme si on ne parlait d’un défunt qu’en évoquant son cancer. Même si la guerre froide est terminée, la lutte idéologique, elle, ne l’est pas. La nature répressive du stalinisme – qu’il ne faut en aucun cas minimiser ou excuser – est opportunément instrumentalisée par les tenants du système actuel pour éluder les critiques contre le capitalisme et la recherche d’une alternative.

    20 ans après la chute du Mur : Quelques chiffres

    Dans un article de l’agence Reuters (In Eastern Europe, Peoples Pine for Socialism), une Bulgare de 31 ans expliquait qu’à l’époque du régime stalinien “On partait en vacances à la mer et à la montagne, nous avions accès à plein de vêtements, de chaussures, de nourriture. Maintenant, la plus grande part de nos revenus passe dans la nourriture. Les universitaires sont sans emploi ou s’en vont à l’étranger.” Dans ce pays, le long règne du dictateur Todor Zhivkov est maintenant de plus en plus considéré comme une période dorée en comparaison des ravages actuels de la corruption, du crime et de la misère. Pour de très nombreuses personnes des pays de l’Est, les désavantages de l’actuelle situation sont plus importants que les queues interminables de l’ancien régime et la répression. Et pourtant, le challenge n’était pas aisé…

    En Allemagne, on parle «d’Ostalgie» pour qualifier les nostalgiques de la RDA; un phénomène d’ampleur puisqu’un sondage de l’Institut Emnid, publié en juin 2009 dans le journal Berliner Zeitung a mis en lumière que pour la majorité des sondés, la RDA avait «plus de côtés positifs que négatifs». Plutôt que de nostalgie, on parlera plutôt de colère suite à l’instauration du capitalisme, qui a entraîné un taux de chômage officiel de 13,2%, parmi les plus élevés d’Europe.

    En Hongrie, selon un sondage de mai 2008, 62% des gens estiment que la période du dirigeant stalinien Janos Kadar (1957-1989) a été l’époque la plus heureuse de leur pays (contre 53% en 2001). Mais ces deux dernières décennies, par contre, sont considérées comme les pires années du 20e siècle par 60% des personnes interrogées!

    L’institut de sondage américain Pew Research Center a réalisé une étude en septembre qui montre que le soutien pour «la démocratie et le capitalisme» a atteint les niveaux les plus bas en Ukraine, en Bulgarie, en Lituanie et en Hongrie. Comparés à 1991, où 72% de la population avaient approuvé la chute du régime, seuls 30% des Ukrainiens pensent maintenant de même. En Bulgarie et en Lituanie, de 75% en 1991, on est maintenant arrivé aux alentours des 50%. Pour l’ONG de défense des droits de l’homme Freedom House, ces chiffres dans les nouveaux Etats européens s’expliquent par le manque d’indépendance des médias et par l’augmentation de la corruption, en plus de la crise économique qui a durablement sapé les bases idéologiques de soutien au capitalisme. Un grand sentiment d’injustice se développe dans ces sociétés, au fur et à mesure que s’accroît le fossé entre riches et pauvres. 70% des Hongrois qui étaient adultes en 1989 se disent ainsi mécontents du changement de système.

    Après deux décennies de privatisations, de vente des biens de l’Etat et de propagation de la misère, la majorité de la population refuse de faire d’autres sacrifices. Un sentiment partagé aussi bien d’un côté de l’ancien Rideau de Fer que de l’autre.

    «Le monde mécontent du capitalisme» – pour une alternative socialiste

    Sous le titre «Le monde mécontent du capitalisme», le quotiden flamand De Tijd s’est intéressé à une enquête de la BBC qui a interrogé 29.000 personnes de 27 pays à propos du « marché libre». Le résultat est édifiant: seuls 11% des sondés pensent que c’est un système qui fonctionne bien, 51% veulent le réformer et – donnée la plus frappante – 23% affirment qu’il est nécessaire de passer à un autre système économique. Ce dernier chiffre, au Mexique, atteint les 38% et la France est en tête du peloton avec 43%!

    Même aux USA, dans «l’antre de la bête», si 25% des sondés pensent que le marché «libre» fonctionne bien (on peut supposer que ce ne sont pas des personnes qui n’ont pas perdu leur logement à cause des subprimes…), 13% affirment là aussi que nous devons changer de système économique. En Russie, il n’y a que 12% des sondés pour dire que le marché «libre» est un bon système, tout comme 11% des sondés chinois et 9% des philipins ou des panaméens, 8% des brésiliens et des japonais et 7% des turcs. En Europe également, le marché libre ne convainct pas: seulement 6% en France et en Ukraine, 5% en Espagne ou en Italie. L’enthousiasme le plus proche du plancher est au Mexique, où uniquement 2% des sondés sont favorables au marché «libre».

    20 ans après la chute du Mur, l’euphorie n’est pas de mise pour les capitalistes et leurs partisans. Le bilan de la restauration du capitalisme dans les pays de l’Est, la crise économique, la crise écologique, le fait qu’aujourd’hui encore plus d’un milliard de personnes souffrent de la faim, etc. sont autant de doigts accusateurs pointés vers le système. Ce qui amène le philosophe Daniel Bensaïd a écrire : «Le capitalisme comme système d’organisation des rapports de production et d’échanges entre être humains, n’a jamais, comme système dominant, que moins de cinq siècles. (…) Il y aura autre chose. Le problème, c’est de savoir quoi, en meilleur ou en pire.»(4)

    CAPITALISM: A LOVE STORY

    Cette question, de plus en plus de gens vont se la poser, du fait de leur propre situation, mais aussi parce que ces critiques du système ne sont pas sans conséquences pour, par exemple, des cinéastes. A ce titre, le dernier film de Michael Moore, Capitalism a love story, qu’il qualifie de sommet de son œuvre, popularisera encore cette idée qu’il nous faut un autre système. Lors des premières projections, le film était affiché avec le simple slogan: «Le capitalisme, c’est le mal», slogan repris à la fin du film quand Michael Moore conclut : «Le capitalisme, c’est le mal et on ne peut le réguler. On doit l’éliminer et le remplacer par quelque chose de bien pour le peuple». Il appelle aussi les gens à être actifs dans la construction de mouvements contre la domination des grandes entreprises mais, hélas, n’aborde pas l’alternative à mettre en place contre le capitalisme. Il parle, assez vaguement, de ‘démocratie’, en critiquant à très juste titre le caractère anti-démocratique du capitalisme: «Le 1% le plus riche [des Américains] est plus riche que les 95% les plus pauvres de la société ensemble. Alors que… ce pourcent ne contrôle pas que la richesse, mais aussi notre Congrès. Disons-nous vraiment la vérité quand nous appellons cela la démocratie? Vous et moi n’avons rien à dire sur la manière dont l’économie fonctionne.»

    Là, Michael Moore touche un point essentiel, crucial même: le point central d’une véritable démocratie, c’est le contrôle de l’économie. Cette critique est d’ailleurs tout aussi valable pour le stalinisme. Une économie planifiée a besoin de démocratie comme un corps a besoin d’oxygène, pour reprendre les termes de Léon Trotsky, un révolutionnaire russe, compagnon de Lénine, qui a été parmi les premiers à critiquer le stalinisme, et a payé de sa vie son combat en faveur du véritable socialisme. Cette discussion a beau être considérée par les staliniens comme dénuée d’intérêt et trop enfouie dans le passé – attitude qu’adoptera probablement Bush à un moment ou à un autre à propos de sa guerre en Irak – elle reste toujours de première importance.

    L’intérêt pour les idées socialistes augmente chaque jour un peu plus. Aux USA, parmi les jeunes de moins de 30 ans, un sondage a montré que 37% d’entre eux «préfèrent» le capitalisme au socialisme, mais 33% disent préférer le socialisme (les trente derniers pourcents sont sans avis). Bien entendu, ce que ces 30% entendent par ‘socialisme’ est fort confus. Mais nous voulons engager cette discussion avec les jeunes et les travailleurs, car nous l’estimons cruciale, non seulement pour l’avenir de l’humanité, mais aussi pour orienter les luttes d’aujourd’hui.

    Globalement, à l’heure actuelle, les différentes entreprises produisent chacune dans leur coin, en concurrence les unes avec les autres et sans vision claire de ce qui va être produit dans la société. Ce mode de production anarchique est source d’un gaspillage proprement énorme de ressources tant naturelles qu’humaines. Pourtant, des éléments de planification à grande échelle existent déjà, dans l’organisation des multinationales par exemple. Cependant, si patrons et actionnaires reconnaissent que cette méthode est incontestablement très efficace au niveau de l’organisation des entreprises, ils refusent obstinément qu’elle soit transposée à la société entière parce que cela signifierait la fin du système de «libre concurrence».

    Et pourtant cela permettrait de résoudre bien des problèmes. Toute la technologie actuellement disponible pourrait être perfectionnée et orientée vers une organisation rationnelle de la production. C’est le seul moyen de pouvoir à la fois juguler la production de gaz à effet de serre et de permettre une répartition équitable des richesses, par exemple. Les domaines qui ont tout à gagner d’une planification démocratique de l’économie sont en fait innombrables. Le travail pourrait ainsi être réparti en fonction des forces disponibles, ce plein emploi provoquant une diminution du temps de travail que chacun pourrait mettre à profit pour développer ses capacités personnelles ainsi que pour s’engager pleinement dans l’organisation et la gestion collective de la société. Ce dernier élément est véritablement crucial, l’implication active de ceux qui sont au centre de la production étant fondamentale tant pour pouvoir orienter cette production à leur bénéfice que pour qu’elle soit efficace (ce que la bureaucratisation de l’Union Soviétique a démontré par la négative). Il est ainsi vital qu’une véritable démocratie des travailleurs soit basée à la fois sur l’élection fréquente des représentants, la possibilité pour les assemblées qui les ont élus de pouvoir aussi les révoquer (en permanence et à tous les niveaux) et la suppression de tous les privilèges liés à ces postes de responsabilité. Voilà les grandes lignes de ce que nous entendons par socialisme, une société harmonieuse qui pourrait accorder à l’humanité la possibilité de totalement concentrer son énergie vers son épanouissement global et non vers celui d’une infime élite capitaliste.


    1. De Tijd, 10-11 novembre 2009
    2. Marianne, n°656, 14 novembre 2009
    3. Le Soir, 10-11 novembre 2009
    4. Le Soir, 10-11 novembre 2009
  • Agriculture: Surproduction d’un côté, famine et misère de l’autre

    Le sommet de la FAO (Food and Agriculture Organization) vient de se clôturer. Les résultats engrangés sont bien maigres, pour ne pas dire inexistants. Les Objectifs du Millénaire qui étaient de réduire de moitié le nombre de personnes souffrant de la faim sont reportés sine die. Les dirigeants du G8, qui ont accouru au chevet de l’économie mondiale pour sauver leur système, n’ont même pas daigné faire le déplacement (exception faite de Berlusconi, l’Italie étant le ‘pays hôte’). Il faut croire que les 17.000 enfants qui meurent de faim chaque jour (ce qui fait un toutes les cinq secondes) ne suscitent pas pour eux grand intérêt.

    Par Alain (Namur)

    Au-delà des déclarations d’intention, le nombre de personnes souffrant de la faim est passé de 850 millions à 1,2 milliard depuis la dernière réunion (en 2008), la crise étant passée par là. Cette situation explique les émeutes de la faim qui ont eu lieu dans différents pays lors de la flambée des prix des matières premières l’an dernier.

    Au regard de cette situation, on pourrait croire que la Terre n’est pas à même de nourrir tous les habitants qui la peuplent. Mais rien n’est en fait plus faux. Jean Ziegler, spécialiste des questions alimentaires pour l’ONU, a expliqué que la Terre pourrait nourrir 12 milliards de personnes et que le problème principal n’était pas celui de la production mais bien de la répartition.

    Dans nos pays, ces derniers mois, les producteurs laitiers ont manifesté à de multiples reprises. La plupart sont au bord de la faillite et la cause en est très simple: le prix auquel ils doivent vendre leur lait est trop bas pour leur assurer une rentabilité. Alors que les producteurs vendent leur lait autour de 0,20 centime le litre, leur coût de production s’élève à 0,35 centime le litre.

    Cette situation est le résultat de l’absurdité capitaliste, un système basé sur le profit et qui tend à la surproduction, ce qui entraine régulièrement des chutes des prix. Alors que la demande réelle est très forte (deux milliards de personnes dans le monde n’ont pas assez à manger), la demande solvable (celle que les gens peuvent payer) est ,elle, en dessous de l’offre capitaliste. En Belgique par exemple, le taux d’auto-approvisionnement en pommes de terre est de 251%, de 150% pour le lait et de 107% pour les œufs. Ces chiffres ne veulent pas dire que tout les Belges mangent à leur faim, mais bien que la demande solvable ne sait pas absorber toute la production capitaliste. Cela entraîne la nécessité pour les producteurs agricoles de se tourner vers l’exportation. Les primes leur permettent de concurrencer les agriculteurs des pays pauvres qui se retrouvent eux-mêmes mis en difficulté.

    Le capitalisme nous laisse donc devant un dilemme cornélien: arrêter les subventions agricoles et signer la faillite de dizaines de milliers de petits et moyens exploitants agricoles ou continuer avec le système de primes et accepter de voir les pays du Sud se vider par la faim.

    On le voit, des besoins essentiels comme celui de se nourrir ne peuvent pas trouver de réponse satisfaisante dans le cadre de l’économie de marché. C’est pourquoi il faut lutter pour une économie planifiée de manière démocratique qui mette non pas le profit mais les besoins sociaux à l’avant plan de ces objectifs.

  • NON à un second Pacte des Générations

    Pourquoi faire travailler plus longtemps nos ainés quand les jeunes ne trouvent pas d’emploi?

    L’accord gouvernemental de mars 2008 prévoyait l’organisation d’une Conférence nationale sur les pensions avec les «partenaires sociaux» (patrons et syndicats) qui aurait pour objectif de réformer et renforcer le régime des pensions. Pour le gouvernement et les organisations patronales, tout le monde devrait travailler plus longtemps pour financer les retraites alors que les syndicats veulent augmenter les retraites et conserver nos acquis sociaux. Fin 2009, un rapport doit arriver sur la table pour servir de base aux discussions.

    Par Karel (Bruges)

    Les organisations patronales et la plupart des partis traditionnels veulent donner une suite au Pacte des Générations de 2005, le premier pacte n’étant selon eux pas assez fort. Entretemps, l’environnement économique a radicalement été modifié par la crise. Les patrons ont sauté sur l’occasion pour claironner qu’il faudrait que nous travaillions plus longtemps. Ce qui ne les empêche pas au même moment de mettre à la porte des dizaines de milliers de personnes – dont bon nombre de plus de 50 ans.

    En Europe, ce sont des millions de travailleurs qui se retrouvent sans emploi. Mais dans différents pays l’accès à la pension est en train de passer de 65 à 67 ans au nom de la croissance de l’espérance de vie et du manque d’argent pour financer les retraites. Sans cela, affirment gouvernements et patrons, de moins en moins de travailleurs devront financer de plus en plus de retraites et de frais de santé pour les seniors.

    Si une augmentation de l’âge légal de la retraite n’est pas encore à l’ordre du jour chez nous, les tentatives pour nous retenir plus longtemps au travail commencent à fleurir. C’est d’ailleurs l’objectif avoué de la Conférence nationale sur les retraites. Un deuxième Pacte des Générations donc, mais sous un autre nom.

    Reste que toutes ces manœuvres butent sur une réalité majeure : il n’y a pas assez d’emplois disponibles pour le nombre de chômeurs (voir en page 1). Il faut d’ailleurs saluer l’hypocrisie des patrons qui se sont battus hier contre la prépension mais qui l’utilisent aujourd’hui à tire-larigot pour faciliter les licenciements. Augmenter l’âge de la retraite ne conduira, dans les conditions économiques actuelles, qu’à une hausse du chômage et/ou à une baisse des retraites, alors que celles-ci sont déjà parmi les plus basses d’Europe. Et comme il est de plus en plus difficile d’avoir une carrière complète permettant de bénéficier d’une retraite complète, la situation ne va pas s’améliorer.

    L’argument selon lequel les retraites sont impayables est un pur mensonge. La vérité, c’est que la multiplication des baisses de «charges patronales», en Belgique comme partout en Europe, creuse des trous de plus en plus profonds dans les caisses de la sécurité sociale. La vérité, c’est aussi que la fraude fiscale est estimée à quelques 30 milliards d’euros en Belgique. Notons au passage que cette fraude fiscale massive n’a pas empêché le Financial Times de désigner Didier Reynders comme troisième meilleur ministre des Finances d’Europe. Du point de vue des patrons, c’est assez logique…

    La réduction des contributions patronales atteint 7 milliards d’euros, ce à quoi il faut encore ajouter les 2,5 milliards de déduction des intérêts notionnels. Pas étonnant qu’il y ait des déficits dans la sécurité sociale ! La suppression des cadeaux au patronat suffirait à rendre payables les retraites publiques, tout en les augmentant de façon conséquente. Voilà une réponse sérieuse à la privatisation rampante des retraites via les « deuxième et troisième piliers » (les diverses formes d’épargne-pension individuelles et privées) qui permettent aux banques de spéculer sur les marchés financiers avec notre argent. Le problème n’est pas que les retraites ne sont pas payables, mais bien que les moyens existants pour cela soient utilisés contre l’intérêt de la population. Pour le patronat, les contributions à la sécurité sociale (et donc aux retraites) sont des frais qu’ils aimeraient bien éviter pour pouvoir verser cet argent aux actionnaires.

    Campagne "Jeunes et emploi" du PSL

    Aujourd’hui, la crise du capitalisme frappe de plein fouet les travailleurs et les jeunes. La récession serait terminée? Seuls les actionnaires le ressentent. Pour les jeunes et les travailleurs, le pire reste à venir. Les annonces de licenciements se succèdent et un chômage de masse qui touchera plus fortement les jeunes nous attend. Les gouvernements ont sauvé les grands actionnaires des banques pour un montant d’environ 26 milliards € – nous exigeons un plan de sauvetage de l’emploi dans notre intérêt!

  • Plan Marshall 2.vert – Beaucoup de Com’… et beaucoup de libéralisme!

    Les fruits de l’olivier ont une teinte bleu foncée. Le MR a beau être dans l’opposition, il n’a visiblement pas le monopole des idées néolibérales. La coalition PS-CDH-ECOLO a sorti son plan Com’, un texte qui n’est qu’une compilation de poncifs néolibéraux avec le verni progressiste de rigueur pour faire passer la pilule et donner aux journalistes de quoi ne pas trop se creuser la tête. C’est pour votre bien on vous dit!

    Par Alain (Namur)

    Ce fameux plan comporte six axes:

    1. le capital humain, un atout à valoriser
    2. les pôles de compétitivité et les réseaux d’entreprises, un succès à amplifier
    3. faire de la recherche scientifique, un moteur d’avenir
    4. mettre en place un cadre propice à la création d’activités et d’emplois de qualité
    5. les Alliances Emploi-Environnement, une stratégie d’avenir
    6. conjuguer emploi et bien-être social

    Nous n’allons ici aborder dans le détail que ce premier qui a trait au capital humain comme atout à valoriser. Rappelons à ce titre que la campagne électorale avait laissé une place importante à l’enseignement, à l’éducation et à la lutte contre les inégalités en milieu scolaire. Les enseignants auront pu apprécier la concrétisation de ces belles paroles à la rentrée… (voir notre rubrique «enseignement»)

    En guise d’amuse bouche, il est intéressant de revenir sur une production intellectuelle de l’actuelle présidente du parlement de la région wallonne, Emily Hoyos (Ecolo). Dans le texte:

    «(…) Pas question bien sûr de revoir à la baisse nos ambitions pour l’école. Pour les écologistes, l’école est un levier essentiel pour changer la société en profondeur : elle est chargée d’un enjeu fondamental de transmission entre générations et de réinvention culturelle. Elle a en outre pour mission de contribuer à réduire les inégalités et de rendre ainsi notre monde plus juste. Si les différentes étapes de la scolarité obligatoire sont autant de paliers vers l’émancipation, celle-ci sera, pour Ecolo, autant sociale que personnelle, citoyenne et culturelle.» ( C’est promis Théo on leur mettra dans le nez PISA, E Hoyos, Chercheuse-associée, Etopia)

    C’est baveux de progressisme et de bonnes intentions, mais voyons l’enfer que ce genre de réflexion est devenu dans le plan Marshall.

    Pour l’olivier et son réseau d’intellectuels, le capitalisme est l’horizon indépassable

    La base fondamentale d’une société est son système de production dont découle la culture, entre autres. C’est ainsi que bien des théories savantes n’ont pour autre but que de pérenniser le système d’exploitation d’une petite minorité sur la majorité de travailleurs. À cet effet, nombre de beaux esprits, d’intellectuels et de penseurs produisent des analyses qui ont pour fonction de justifier le fait suivant: une minorité se sert de la majorité à son unique avantage.

    La plupart des sociologues du travail, des économistes et les experts de toutes sortes qui ont l’oreille des dirigeants affirment que le problème du chômage n’a rien à voir avec le système de production de biens et de marchandises que nous connaissons actuellement. Selon eux, le problème principal réside dans le fait qu’il y a une inadéquation entre l’offre d’emploi et la demande. Pour palier à cela, il suffirait donc de former les demandeurs d’emplois, ou d’adapter les formations aux besoins du marché, tout en découvrant de manière prévisionnelle les tendances évolutives de celui-ci. Le problème du chômage de masse serait ainsi résolu.

    Évidemment, ces experts ne remettent pas en question la nature même du système. Les lois générales de l’économie sont donc ignorées par beaucoup. Dans la littérature économique et dans les études qui sont menées dans le domaine, on ne trouve pourtant jamais l’affirmation selon laquelle le niveau de qualification de la main d’œuvre va déterminer le niveau de chômage. C’est une fable, un conte néolibéral.

    Une étude a été réalisée auprès de plus de 500 jeunes flamands diplômés en juin dernier et détenteurs d’un diplôme de master ou de bachelier. Parmi eux, la moitié seulement a pu trouver un emploi. Mais encore il y-a-t-il emploi et emploi… 27% des jeunes diplômés qui travaillent ont un emploi d’intérimaires. Autre donnée d’importance, 48% de ces nouveaux travailleurs qualifiés gagnent moins de 2.000 euros brut par mois. Difficile de débuter une vie indépendante dans de telles conditions.

    En fait, les solutions que mettent en avant ces experts ne sont donc pas pragmatique mais bien idéologiques.

    L’éducation comme instrument du marché

    Concernant ce premier axe, le Plan Marshall 2.vert dégage plusieurs lignes-forces (de manière non exhaustive):

    1. créer des emplois et multiplier les collaborations et les synergies entre les acteurs de l’éducation et de la formation.
    2. Faire de la «formation tout au long de la vie» une réalité qui serve l’émancipation de chacun et le développement régional.
    3. Encourager les synergies entre les établissements des différents réseaux au niveau des bassins scolaire
    4. Harmoniser l’offre de formation et construire de véritables filières qui permettent de favoriser la continuité de la formation des futurs travailleurs
    5. Répondre au besoin du marché
    6. Pérenniser et développer l’emploi par L’APE marchand
    7. Créer des pôles de formation répondant aux besoins socio-économique locaux et rapprocher les différentes structures sous-régionales existantes
    8. Adapter l’offre de formation en lien avec les besoins des entreprises et des demandeurs d’emplois
    9. Améliorer l’identification et l’analyse des compétences disponibles et demandées sur le marché
    10. Renforcer l’orientation et la formation des publics vers les métiers en demande ou liés au développement durable.

    Tout d’abord, il faut noter que le but visé de manière générale n’est plus de créer de l’emploi, mais bien de créer de l’emploi APE ou PTP. Ces contrats sont des cadeaux déguisés aux employeurs qui reçoivent des primes pour engager de jeunes chômeurs. Une fois la prime épuisée, le travailleur est jeté à la porte et un nouveau citron à pressé est engagé pour pouvoir à nouveau bénéficier de l’avantage. La crise a détruit des dizaines de milliers d’emplois, et qu’elle va continuer à faire des dégâts, et le taux de chômage des jeunes en Région wallonne était déjà de 27,8% en 2007. Nul doute que les jeunes sont parmi les premières victimes de la crise. Face à cette situation, la seule chose que ce gouvernement propose, ce sont des contrats «Kleenex» où la collectivité paye les patrons!

    Quand à la promesse de Hoyos à «Théo», c’est du vent. S’il n’entre pas en lutte, il va galérer Théo! Ce gouvernement, avec son Plan Marshall, planifie la destruction de l’enseignement. Lors des discussions relative aux mesures d’austérité, la ministre de l’enseignement avait déjà présenté quelques mesures qui attaquaient les conditions de travail des profs (et donc les conditions d’apprentissage des étudiants). De plus, avec les réductions voulues dans le service public, le nombre de profs diminuera inexorablement si on ne met pas plus de moyen dans le secteur.

    Ce gouvernement antisocial considère l’enseignement comme un instrument pour aider les patrons et les actionnaires à engranger du profit. Fini l’éducation comme outil d’émancipation, bienvenue à la formation comme outil d’adaptation aux mutations du marché «libre». On ne cherchera désormais plus à donner une formation générale, scientifique critique, technique et artistique, on développera des compétences qui peuvent être valorisées sur le marché du travail. L’employeur ne doit plus se soucier de former son personnel, l’Etat s’en charge, au détriment des apprentissages plus globaux qui permettront à l’individu de se réaliser et de s’émanciper.

    A quoi bon étudier la Grèce antique, jamais dans un entretien d’embauche on ne va vous demandé qui est Sisyphe, quelle est sa relation avec Zeus et pourquoi il a mis en échec Thanatos. Dans votre travail de tous les jours il est fort peu probable que vous ayez besoin de connaitre les derniers raffinements du matérialisme et du constructivisme pour résoudre vos tâches. On vous demandera de savoir vous servir d’une interface informatique. D’être à l’heure, obéissant et sachant travailler en équipe. On vous demandera d’être flexible et de pouvoir vous adapter à de nouvelles formes de travail.

    L’approche par compétence implémentée par le décret mission allait déjà dans ce sens. Dans les filières de l’enseignement technique, les programmes se faisaient déjà via les profils de formation avec le monde des entreprises (les patrons). On va renforcer à fond ces logiques. Pour le gouvernement ce n’est pas aux professeurs, aux pédagogues et au mouvement social de déterminer quels sont les savoir utiles, c’est au patronat. L’école va renforcer sa fonction de reproduction des inégalités.

    Le même raisonnement est adopté pour la recherche scientifique. Les budgets alloués aux facs ont été sabrés. On va orienter la recherche vers les besoins du marché et non vers les besoins sociaux alors que de plus en plus le besoin se fait sentir d’une recherche publique et contrôlée démocratiquement. On va dans le sens de plus d’investissements privés dans ce secteur. Le but de cette politique est de créer des spin-off. Des microsociétés qui développent pour le marché les applications de la recherche. Évidemment, la viabilité de ces entreprises dans un monde économique qui tend à la concentration des capitaux pour faire face à la concurrence n’est pas envisagée.

    De manière transversale, ils veulent inculquer à notre jeunesse le goût d’entreprendre. Pour cela, rapprocher le monde de l’enseignement et de l’université au monde de l’entreprise est nécessaire. L’illusion est ici dans le fait que tout le monde peut lancer sa petite entreprise aidée l’Etat qui octroie des crédits et alloue des formations en gestion ou met à disposition des coachs. Outre la faisabilité budgétaire de ce genre de politique, c’est indécent de faire croire au gens que chacun peut lancer son commerce alors que le retournement actuel détruit des centaines de PME mois après mois. Au-delà de l’illusion, la fonction attribué à «l’esprit d’entreprise» , c’est de laver le cerveau des gens avec l’idéologie des patrons: si je ne suis pas riche, beau et célèbre, je suis un perdant, ce qui est normal parce que je n’ai pas assez travaillé, mon entreprise a fait faillite car j’ai mal gérer, je n’ai pas proposer le bon produit par manque de formation sur les besoins du marché. En bref, je ne peux m’en vouloir qu’à moi-même. Ainsi donc Théo, fini la contestation, si je suis pauvre et en galère ce n’est pas de la faute du système, je ne peux en vouloir qu’à moi-même ou à limite aux autres plus en dessous de moi (étranger, parasite, assistés sociaux,…).

    Voilà l’avenir qu’on te réserve Théo, un monde laissé à l’arbitrage cruel du marché, où le taux de profit passe avant tout le reste. En dernière analyse, le but ultime de ce Plan Marshall 2.vert est de prolonger la survie de ce système qui de toute part prend l’eau et a des effets néfastes sur le social, l’humain et l’environnement. Nous n’avons ici abordé qu’une des facettes de ce plan, mais le reste est du même tonneau.

    Il faut que le secteur de l’enseignement (profs, étudiants mais aussi parents), l’ensemble des syndicats, les travailleurs et les allocataires se préparent à lutter massivement contre les changements structurels que tentent de réaliser les capitalistes à la faveur de la crise. Nous n’avons aucune confiance à accorder à ces partis traditionnels qui ont fait de la logique de marché leur seule base de réflexion. Il est plus que temps que le mouvement des travailleurs mette en avant son propre parti qui puisse revendiquer que l’argent de la collectivité ne soit pas utilisé pour sauver les banques sur notre dos. Nous voulons un enseignement gratuit et de qualité! Nous voulons au moins 7% du PIB dans l’enseignement!

    Mais ces revendications, comme d’autres concernant la nécessité de nationaliser le secteur financier, demandent de briser la logique à court terme du capitalisme. Selon nous, la seule société qui pourrait faire à la fois face à l’éducation des générations futures, à la défense de l’emploi ou encore à celle de l’environnement est une société démocratiquement planifiée, une société socialiste. Pour paraphraser encore une fois madame Hoyos: Pour nous c’est promis Théo, on leur promet de lutter jusqu’au bout…. Un mot d’ordre: Socialisme ou barbarie!

  • 350 emplois en moins par jour – Stoppons l’hémorragie !

    Officiellement, la Belgique est sortie de la récession, mais seuls les actionnaires voient réellement la couleur de la reprise. Paul Krugman, le prix Nobel d’économie de 2008, a déjà prévenu que la sortie de récession annoncée partout était “mieux que rien”, mais que ce n’était pas pour autant “la fin du cauchemar”. Pour les travailleurs et leurs familles, le cauchemar ne fait effectivement que commencer. Par contre, pour les banquiers, qui ont renoué avec les bonus record, les nuits doivent être plutôt douces.

    Par Boris Malarme

    Fin de crise? Pourtant, chaque jour, ce sont en moyenne 350 emplois qui disparaissent en Belgique et 115 chômeurs qui sont sanctionnés par l’ONEM. Le chômage a augmenté de 11% au cours de l’année écoulée, et cela va encore empirer en 2010. Parmi les jeunes, le chômage a doublé en un an. Les patrons ont pu les jeter à la rue comme des kleenex grâce aux CDD, intérims et autres types de contrats précaires. Alors qu’il y a 1 offre pour 25 demandeurs d’emploi en Wallonie, la chasse aux chômeurs bat son plein et l’ONEM sanction-ne et exclut à tout va.

    Selon l’Organisation pour la Coopération et le Développement en Europe (OCDE), le nombre de chômeurs va passer, entre 2009 et 2011, de 37 millions à 57 millions de personnes dans les 30 pays les plus riches. En Belgique, le nombre de travailleurs sans emploi devrait atteindre les 800.000 personnes à l’horizon 2011. Les grandes entreprises, les banques et les institutions financières ont été sauvées du naufrage par une injection massive d’argent public. Mais il ne faut pas s’attendre au même traitement pour sauver nos emplois. Au contraire, c’est aux travailleurs et à leurs familles que les gouvernements et le patronat veulent faire payer la crise!

    Le rapport intermédiaire du Conseil central de l’Economie (CCE) pour la période 2009-2010 indique que la hausse de 3.5% des coûts salariaux pour le secteur privé en Belgique est moindre que celle prévue en Allemagne (3.7%) et aux Pays-Bas (5.6%). Mais cette baisse de notre pouvoir d’achat n’est pas encore suffisante pour les patrons. Ils veulent profiter de la crise pour en remettre une couche. Car, pour eux, au nom de l’emploi, c’est à nos salaires qu’il faut s’en prendre, pas à leurs profits.

    Le gouvernement et la ministre de l’Emploi, Joëlle Milquet, veulent pousser l’emploi des jeunes en accordant en échange de nouvelles diminutions de charges aux entreprises. Les divers cadeaux aux patrons (diminutions de charges et subventions pour le paiement des salaires), qui devraient s’élever à 8,4 milliards d’euros en 2009 et à 8,9 milliards d’euros en 2010, n’éviteront évidemment pas l’hémorragie des pertes d’emploi. Ce sont par contre autant de moyens qui partiront de la collectivité vers les poches des patrons. Et pour les jeunes chômeurs qui resteraient sur le carreau, Pieter De Crem, le ministre de la Défense, a eu une idée de génie : il leur propose un service militaire volontaire. De Crem veut profiter de la crise et du chômage pour envoyer les enfants de travailleurs et de chômeurs risquer leur vie en Afghanistan et ailleurs pour y défendre les intérêts de l’OTAN. Salaire minimum, danger maximum, troufions silencieux, tout bénéf pour l’armée.

    Pour que chacun puisse bénéficier d’un véritable emploi, les moyens existent. Il faut simplement les chercher là où ils sont: chez les grands patrons et les gros actionnaires. Les travailleurs et leurs organisations syndicales devraient mettre sur pied une campagne pour la défense de chaque emploi avec un programme anticrise combatif qui parte des intérêts communs du monde du travail. La mise sur pied de Marche des Jeunes pour l’Emploi dans différentes villes pourrait impliquer les jeunes dans une telle campagne et aider à changer le rapport de forces en notre faveur.

  • Le nouveau visage de l’Europe – L’art de l’hypocrisie

    Pour repeindre en rose une situation difficile, la bourgeoisie est capable de beaucoup d’imagination. L’Obamania autour du premier président américain de couleur n’est pas encore retombée que notre pays donne naissance à son propre super-héros. Relooké en «Herman aux haïkus», la «souris grise» Van Rompuy a été élu par les dirigeants européens au poste prestigieux et lucratif de président européen. «Un grand honneur pour le pays, pour le parti et pour Herman lui-même», selon Marianne Thyssen, la présidente du CD&V. Le fait qu’il ait pu piloter notre pays à travers l’orage communautaire a sans aucun doute joué en sa faveur.

    Par Eric Byl

    Son concurrent Tony Blair n’avait aucune chance. La Grande-Bretagne ne fait pas partie de la zone Euro et la fraction social-démocrate au Parlement Européen est plus petite que celle du Parti Populaire Européen. Sarkozy et Merkel préfèrent attirer l’attention sur eux que de la partager avec un autre «grand format». Mais, surtout, le positionnement de Blair en faveur de la guerre en Irak aurait affaibli l’image de l’Europe, très certainement au Moyen-Orient, et encore plus à côté d’un Obama. Il est cependant possible que la candidature de Blair avait pour but de positionner Catherine Ashton au poste de Ministre de l’Extérieur. Face à tous les autres candidats, «l’habitude de faire des compromis» a été décisive.

    Van Rompuy est un rusé renard. Yves Leterme – «l’homme aux 800.000 voix» – et Didier Reynders – l’homme en vue de la plus grande famille politique du pays – devraient tirer des leçons de son manque d’ambition étalé. «Ils ne sont pas à la hauteur» : voilà le jugement destructeur que la génération de politiciens plus âgés (les Martens, Dehaene et Van Rompuy) portait il y a un an sur ses héritiers politiques. La souris grise, dont la carrière paraissait s’être terminée 10 ans plus tôt, a du prendre le relais de Leterme en catastrophe. Le «Flamand travailleur» avec son arrogance, ses gaffes à répétition et son air de Calimero a fait place à la poésie et à une pondération feinte. Van Rompuy était un choix sûr pour la bourgeoisie car il avait démontré sa loyauté envers sa classe en tant que Ministre du Budget après la crise économique de ‘93.

    En tant que Premier Ministre, Van Rompuy a apporté la stabilité. Son accord sur le budget a été applaudi par les dirigeants syndicaux et par le PS, malgré les lourds assainissements aux dépens des travailleurs. La durée de vie des centrales nucléaires a été prolongée, avec pour seule opposition quelques protestations verbales d’Ecolo, de Groen et du SP.a. Van Rompuy a aussi débloqué le dossier sur l’asile. Il n’a pas encore conclu un accord sur BHV ou sur la réforme de l’Etat mais, en véritable homme d’Etat, il a recréé un climat propice à la discussion, en mettant fin aux ultimatums et en restaurant le CD&V en tant que parti. Un petit coup de pouce de la part de l’Europe est donc plus que le bienvenu.

    Les réactions des partis gouvernementaux sont généralement alignées sur celle de Verhofstadt : «C’est bien pour la Belgique que ce soit un compatriote qui remplisse une fonction-clé dans le processus décisionnel européen». Avec «Herman aux haïkus», la Belgique devrait obtenir plus d’influence en Europe. Ca se pourrait, mais nous pensons que c’est l’Europe qui, via Herman, obtiendra encore plus d’emprise sur Bruxelles et sur le CD&V. Si Leterme revient en tant que Premier Ministre, il va devoir tenir compte de cela. On s’attendra à plus de loyauté de la part de Leterme vis-à-vis de la Belgique et de l’Europe et certainement pas à la répétition des précédents épisodes d’aventurisme flamand.

    Bart De Wever, en tant que dirigeant de la N-VA, a décrit comme une véritable gloire le fait que Van Rompuy ait été appelé par l’Europe en tant que «Flamand». «Il est juste dommage que le Flamand à la tête de l’Union Européenne soit un si «bon Belge»», grogne le Vlaams Belang. Selon le PS, les dirigeants européens ont reconnu «en Herman Van Rompuy un homme de grande sagesse (…) une garantie de sérieux pour l’avenir de l’Europe». Groen «se réjouit pour la Belgique», maintenant que Van Rompuy déménage vers l’Europe.

    Nous ne savons pas si les politiciens vont parvenir à un accord sur BHV et sur la réforme de l’Etat, mais avec un Leterme affaibli, une telle chose n’est pas entièrement exclue. Le mouvement ouvrier et les syndicats ne doivent toutefois pas se leurrer: l’objectif de cette Europe, comme de Leterme, de Reynders et de Van Rompuy, est et reste de faire payer la crise aux travailleurs, que ce soit dans le cadre de l’Europe, de la Belgique ou celui des régions.


    PS : En tant que Premier Ministre, Van Rompuy a gagné 216 000 € par an. En tant que Président européen, il passe à 360.000 € par an, imposés à seulement 25% par l’UE.

  • Pas de lutte contre l’interdiction du port du voile avec une interdiction de drapeaux!

    Comme cela a déjà été clarifié avec la courte déclaration précédemment publiée sur notre site web, le PSL/LSP a décidé de ne plus coopérer avec le groupe bruxellois-francophone du Mouvement pour les Droits Fondamentaux (MDF). Le MDF a été mis sur pied à l’initiative de la LCR, organisation qui a été notre partenaire de cartel pour les dernières élections européennes en Belgique francophone et qui a aussi participé à la liste PC-PSL-LCR-PH pour les élections régionales à Bruxelles. Son objectif est de mener campagne contre l’interdiction du port du voile qui risque d’être introduit après le précédent de l’interdiction décidée dans l’enseignement officiel flamand.

    Les participants de ce front que constitue le MDF considèrent, tout comme notre parti, que l’interdiction du port du voile est une attaque raciste contre la communauté musulmane (plus d’informations sur notre approche sont disponibles sur notre site, particulièrement dans la rubrique «femmes»). Ce présent article est surtout destiné à clarifier les raisons pour lesquelles nous ne participons plus au MDF. D’une part, nous restons insatisfaits de la plateforme du MDF qui, contrairement à son tract, ne parle pas de la liberté pour les femmes de choisir de porter le voile ou non (ce qui signifie d’être tout autant contre l’interdiction du voile que contre son imposition). Le nom adopté est également très vague (les défenseurs de l’interdiction du port du voile déclarent aussi défendre les «droits fondamentaux»). D’autre part, nous réagissons à la décision antidémocratique du MDF qui a interdit les drapeaux et banderoles politiques pour leur action du 11 novembre.

    Nous n’avons pas deux casquettes (ou plus)

    Le MDF nous demande de nous défaire de notre identité politique pour une manifestation – ce qui revient objectivement au même que la demande des directions d’école faite aux filles qui portent le voile et qui consiste à se défaire de leur identité religieuse ou de leur identité issue d’une communauté immigrée. L’argument utilisé est que le MDF ne veut pas être pris en otage ou récupéré par des mouvements comme le Hamas et le Hezbollah d’un côté, par l’un ou l’autre parti de la gauche radicale de l’autre.

    Décourager des groupes qui professent l’islam politique (et qui aspirent donc à une société où l’islam est imposé à la population) ne se fait pas en niant les droits démocratiques, mais au contraire en adoptant une approche réellement démocratique, en clarifiant par exemple dans la plateforme que nous défendons également les filles qui veulent se soustraire aux règles religieuses en vigueur dans leur famille ou leur communauté. La démocratie est un argument important contre ceux qui veulent imposer une religion avec le pouvoir d’État. C’est pourquoi, aux réunions du MDF, le PSL/LSP a dès le début, avec plusieurs interventions, défendu que la plateforme devait s’exprimer pour la liberté de choix et prendre position contre l’imposition du port du voile. Finalement, sur nos instances, cet élément pro-choix a été repris dans le tract, mais malheureusement pas de façon explicite dans la plateforme elle-même.

    Pour nous, la défense du droit des musulmanes de pouvoir s’exprimer comme musulmanes y compris à l’école et sur leur lieu de travail n’est pas en contradiction avec le travail que nous faisons, par exemple, en soutien de l’opposition de gauche en Iran. Nous coopérons depuis déjà des années avec des organisations de femmes et d’étudiants iraniens pour nous opposer à l’État réactionnaire iranien qui impose violemment son interprétation de l’islam à la population. Nous sommes d’accord avec ces opposants pour dire qu’il faut mettre fin aux lois qui condamnent les iraniennes à mener une vie de citoyen de second ordre devant obéissance aux hommes toute leur vie. Dans ce cadre, nous nous opposons donc spécifiquement à l’imposition par l’État de l’obligation du port du voile.

    Nous refusons la situation de devoir porter deux «casquettes»: l’une politique et l’autre, non-politique, consistant seulement à résister à l’interdiction du port du voile. Mais nous refusons également d’avoir deux approches dans notre attitude à adopter avec les travailleurs et les jeunes d’origine belge d’un côté et avec les travailleurs et les jeunes issus des communautés immigrées de l’autre. Nous n’avons rien à faire avec des partis ou des membres de partis qui promettent «leur soutien inconditionnel» à la campagne contre l’interdiction du port du voile (ou sur d’autres problèmes) dans la communauté immigrée mais qui, en même temps, se taisent le plus possible sur l’interdiction du port du voile dans la communauté belge parce qu’il n’y aurait soi-disant «pas de base» pour aborder de tels sujets.

    Dans les deux communautés, nous défendons la liberté pour les femmes de décider de porter ou non le voile et nous nous opposons tant à l’interdiction du port du voile qu’à son imposition. Dans les deux communautés, nous expliquons que l’interdiction du port du voile est utilisée comme manœuvre de diversion face à la crise ainsi qu’à la pauvreté et au chômage croissant qui en découlent. Pour tous les travailleurs et les jeunes – belges ou immigrés, flamands, wallons, bruxellois ou germanophones, hommes ou femmes, jeunes ou pensionnés, athée ou croyant,… – nous défendons que chacun puisse avoir un emploi ou une allocation sociale d’au moins 1.500 euros/mois pour ceux qui ne peuvent pas travailler, un logement abordable et confortable grâce à un programme massif de construction de logements sociaux, nous luttons pour un enseignement et des soins de santé gratuits et de bonne qualité,…

    En réalité, l’interdiction du port du voile n’aide que les organisations et partis (et individus de ces partis) qui portent activement deux (ou plusieurs) casquettes pour des raisons opportunistes et/ou électoralistes. C’est certainement le cas pour les partis traditionnels où, du côté francophone, le PS et Ecolo ont une attitude équivoque. Alors qu’ils se battent encore de temps en temps en parole contre le racisme, ils mènent une politique d’assainissements contre les plus faibles qui a pour conséquence de renforcer le racisme dans la société. Les membres de ces partis seront toutefois reconnus de loin à n’importe quelle action – ils n’ont qu’à envoyer un parlementaire et les journalistes le reconnaîtront de suite.

    Mais il ne faut pas s’attendre à ce qu’ils luttent ouvertement et de toutes leurs forces contre les diverses discriminations présentes dans la société. Ecolo et le PS sont en fait divisés sur cette question. Une partie du parti défend la défense absolue de la laïcité et d’un État laïque (et donc l’interdiction plus ou moins élaborée de symboles religieux dans la sphère publique), pendant qu’une autre partie défend la tradition de liberté de religion et d’un État neutre sur cette question et acceptant le pluralisme, notamment dans l’enseignement, mais également dans les autres services publics.

    Le PSL/LSP a toujours défendu cette dernière approche, souvent même contre diverses organisations et individus de gauche qui ne tiennent pas compte de la sensibilité de cette question, qui pensent que l’enseignement doit imposer la laïcité et qui sont prêts à mettre en jeu l’unité de la classe ouvrière par des déclarations anticléricales. Un tel courant est également présent au sein de la LCR/SAP. Dans la commission enseignement du Comité pour une Autre Politique – Comité voor een Andere Politiek, des membres du LSP comme Jo Coulier (délégué principal CGSP-VUB) avaient lutté pour remplacer dans le programme la proposition initiale de d’un enseignement «laïque» par un «enseignement pluraliste». Bien qu’ils aient dû se battre seuls dans ce débat, ils l’ont néanmoins emporté. Penser que l’on peut éviter cette discussion en ne laissant pas hisser de drapeaux. Interdiction de drapeaux ou pas, quand des différences d’opinion existent, il faut en discuter.

    Dans le MDF aussi, la proposition initiale de la plateforme parlait d’un «réseau unique» pour l’enseignement, ce qui revient implicitement à dire que l’enseignement catholique doit disparaître. Après l’intervention du PSL/LSP, cela a toutefois été modifié en «un enseignement public, pluraliste et démocratique, ouvert à toutes et tous».

    Cette discussion n’est pas neuve

    Après que nos représentants aient déclaré lors d’une réunion du MDF que le PSL se retirerait si l’interdiction de drapeaux était maintenue, ces derniers ont reçu un mail de Céline Caudron, porte-parole de la LCR, qui demandait de tout de même venir «pour une fois» sans nos drapeaux et qui disait qu’il ne serait plus question d’interdiction dans de nouvelles actions. Ce n’est pas la première fois que PSL discute de ce genre de choses avec la LCR. Dans toutes les initiatives auxquelles nous avons participé, nous avons toujours défendu que la liberté d’expression politique dans ces fronts était pour nous un point fondamental et donc une condition pour notre participation.

    Quand le MDF interdit les drapeaux et les banderoles politiques, cela revient à dire que le front conteste le droit de se montrer comme membre d’un parti. C’est essentiellement la même discussion qui avait été menée en 2000 dans le cadre de la liste commune Leef pour les élections communales à Gand. Les représentants du SAP (l’équivalent néerlandophone de la LCR) avaient proposé qu’aucun candidat ne soit présenté comme membre d’un parti ou d’une organisation sur le tract commun de Leef. Les candidats politiquement organisés (c-à-d la majorité) devaient donc se ranger de façon méconnaissable parmi les autres. Il leur était encore demandé de ne pas distribuer leurs propres tracts à côté du tract commun. Nous avons résolument refusé cela et, après discussion avec toutes les personnes impliquées, la décision a été prise de laisser à chaque participant la liberté politique de mener campagne pour la liste comme il l’entendait.

    Cette même discussion est aussi systématiquement revenue dans le Comité pour une Autre Politique (CAP), dans lequel le PSL/LSP s’est engagé fortement, ou dans Une Autre Gauche (UAG), initiative à laquelle nous avons participé durant une brève période, mais que nous avons dû quitter à cause de son fonctionnement interne antidémocratique. Dans ce fonctionnement figurait entre autres que dans chaque organe d’UAG, la moitié des places au maximum pouvaient être occupées par des forces organisées. Nous comprenons bien les tentatives d’éviter qu’une organisation devienne dominante, mais si cela se fait en accordant plus de pouvoir de décision dans tout le front aux soi-disant «indépendants» qui ne représentent personne sauf eux-mêmes par rapport aux organisations, on sombre dans l’arbitraire le plus total. Dans ces deux fronts, les membres du PSL/LSP et de la LCR (dans le cas d’UAG) et du SAP (dans le cas du CAP du côté néerlandophone) se sont opposés sur cette question. Au CAP, la liberté de chaque participant de garder et de propager sa propre identité a dès le début constitué la règle, une majorité de participants actifs étant convaincue qu’on ne peut pas construire un front si celui-ci doit fonctionner comme une prison pour une partie des participants. Néanmoins, à mesure que le CAP commençait à décliner, cette liberté a systématiquement été remise en question.

    Par contre, cette année, dans le cadre de la présentation de listes communes aux européennes (LCR-PSL) et aux régionales à Bruxelles (PC-PSL-LCR-PH), chaque partenaire avait la liberté politique d’avoir son matériel propre à côté du matériel commun. Bien loin d’avoir constitué un problème, cette pratique a été un élément crucial pour pouvoir développer un climat de confiance entre les différentes organisations.

    Il ne s’agit pas que de «simplement» manifester sans nos drapeaux. Des fronts qui ne reconnaissent pas la libre expression de chaque participant ne sont simplement pas viables. Adopter une approche démocratique est le seul moyen capable de renforcer la coopération entre les différentes parties constitutives d’un front et de permettre le développement d’une confiance mutuelle. C’est également une condition nécessaire pour parvenir à des approches, des tactiques, des stratégies et des programmes corrects. Ce n’est donc pas un élément à mettre de côté à court terme, certainement pas au début dans l’espoir que cela soit retiré par la suite, cela doit au contraire être clarifié dès le départ pour chaque coopération. L’existence de cette interdiction de porter des drapeaux illustre une incompréhension de cette nécessité fondamentale qu’est la démocratie interne dans le mouvement ouvrier et dans les autres mouvements sociaux. Nous sommes maintenant 20 ans après la chute du stalinisme, un système qui a discrédité les véritables socialistes et les communistes aux yeux d’une majorité de travailleurs et de jeunes en occident, justement à cause du manque de démocratie et des procès-spectacles qui attendaient ceux qui critiquaient le régime.

    L’"unité" imposée est un mensonge

    Dans les mouvements de résistance, toute cette discussion sur la diversité contre l’unité imposée est tout sauf une nouvelle discussion. Si les conditions se modifient, cette discussion revient constamment sous différentes formes dans le développement du mouvement socialiste et progressiste. Postposer la lutte de classe au profit de réformes à court terme – pour lesquelles les socialistes sont censés soumettre leurs idées socialistes au programme à court terme – a toujours été refusé par des marxistes de différentes générations. Lénine et Trotsky rejetaient «l’unité nationale» imposée par les partis sociaux-démocrates pendant la Première Guerre Mondiale, qui comprenait même l’interdiction de grève durant la guerre. Cette même opinion est revenue, amplifiée, pendant la guerre civile espagnole qui a précédé la Deuxième Guerre Mondiale, quand les organisations staliniennes prêchaient l’unité nationale autour du gouvernement républicain et contraient activement chaque lutte de classe – la lutte ouvrière était quelque chose de postposé pour après la victoire des républicains. Au cours de la Deuxième Guerre Mondiale, les partis staliniens ont partout suivis cette ligne, malgré la leçon limpide qui devait être tirée contre cette ligne au vu des résultats obtenus en Espagne. Les trotskistes s’y sont toujours opposés, et le font encore aujourd’hui.

    Cet élément revient aujourd’hui sous une forme spécifique. Ainsi, dans la phase préparatoire à la dernière grande manifestation contre la guerre de Gaza, une proposition a été discutée, consistant à ne porter d’autres drapeaux que des palestiniens ou, selon quelques uns, seulement des drapeaux palestiniens et belges, mais en tout cas pas des drapeaux politiques. La façade « d’unité» devait être sauvegardée, les différences d’opinion sur la manière d’obtenir l’indépendance et dans quel but devaient être cachées. C’est le point de vue de l’OLP, dont la plus grande organisation politique, le Fatah, a donné tant l’ancien président de l’Autorité Palestinienne Yasser Arafat que l’actuel président Mahmoud Abbas. Ces idées et cette tradition d’une unité totale imposée artificiellement, où toute libre discussion est vue comme un affaiblissement, sont présents dans les milieux des militants progressistes dans la communauté immigrée arabe et trouvent leur reflet dans le MDF. Cette vision est basée sur le nationalisme bourgeois et la version spécifique de nationalisme bourgeois qui a été développé par le stalinisme. Lors de cette manifestation, le grand succès de notre stand politique, avec banderoles et drapeaux, a d’ailleurs illustré que cette idée ne vit pas parmi les couches larges de la population d’origine étrangère, mais seulement parmi des couches de militants organisés. La plupart des participant apprécient le soutien d’un parti.

    Le PSL/LSP n’est évidemment pas d’accord avec une telle vision, l’approche de l’OLP vis-à-vis de la lutte de libération nationale est un point de vue bourgeois-nationaliste (auquel se sont aussi convertis les staliniens). Selon cette manière de voir, la lutte de classe devrait être postposée à après la libération, la classe ouvrière devant subordonner ses propres intérêts à ceux de la lutte de libération nationale. La position du MDF en ce qui concerne le foulard et l’interdiction de drapeaux pour les organisations qui participent est basée sur la même pensée. Tout comme la libération nationale ne sera jamais obtenue avec une telle attitude, l’interdiction du port du voile ne sera jamais annulée avec une telle attitude. Les concessions d’Israël qui pourraient être obtenues sur cette base seraient petites, peu fondamentales et ne résoudraient aucun problème des masses palestiniennes. De la même manière, les concessions éventuelles des directions en ce qui concerne l’interdiction du foulard seraient nules et n’offraient certainement pas de solution pour les problèmes auxquels la population immigrée – et d’autres jeunes de milieux pauvres – sont confrontés dans nos écoles.

    Notre programme part du droit à l’auto-détermination des nations. Nous revendiquons une Palestine indépendante et socialiste, à côté d’un Israël indépendant et socialiste, dans une fédération socialiste du Moyen-Orient. Pour parvenir à une Palestine véritablement indépendante et vivable, c-à-d une Palestine qui n’est pas un ensemble de petits territoires invivables et séparés, il est toutefois nécessaire de trouver un soutien dans la classe ouvrière israélienne. Ce soutien peut être trouvé sur base d’un programme socialiste accordant une attention aux intérêts de la classe ouvrière des deux communautés. De la même façon, on peut organiser des manifestations avec les filles voilées, mais pour obtenir gain de cause, ces filles doivent créer des liens avec les travailleurs et les jeunes d’origine belge et élaborer avec eux un programme et une lutte qui tient compte de leurs intérêts communs.

    L’”unité” entre l’élite palestinienne et les travailleurs palestiniens et leurs familles est un mensonge, le même mensonge d’ailleurs que celui de l’unité entre le patronat flamand et les travailleurs et jeunes flamands qui est chaque jour servi dans la presse. Comme Lénine le répétait souvent, il n’est pas permis aux socialistes de mentir aux masses de travailleurs et de jeunes. Ce mensonge ne sert que les intérêts de l’élite palestinienne qui a abusé du peu de pouvoir et d’auto-détermination obtenus pour s’enrichir alors que la pauvreté parmi les masses palestiniennes a atteint des hauteurs jamais vues. Le PSL/LSP refuse de marcher dans ce mensonge: la lutte pour la libération nationale est importante et reçoit notre soutien, car l’oppression nationale est à peu près la pire et la plus complète oppression qui existe. Le socialisme n’est pas compatible avec une telle oppression, mais celle-ci est subordonnée à la lutte de classe, et non l’inverse. Chaque approche différente mène inévitablement au chauvinisme bourgeois-nationaliste.

  • Comment construire l’unité dans la lutte contre l’interdiction du port du voile?

    Le PSL/LSP a participé aux réunions du MDF (Mouvement pour les droits fondamentaux), qui réunit différentes organisations et personnes contre l’interdiction du foulard à l’école, depuis le début. Tout comme à Gand et à Anvers, où nous avons mené en collaboration avec d’autres organisations des actions devant des écoles, nous sommes intervenus lors des réunions du MDF dans l’idée de vouloir élargir la construction du mouvement contre l’interdiction du port du voile à l’école. C’est pourquoi nous trouvons très positif que la revendication d’un refinancement public de l’enseignement à hauteur de 7% du PIB soit mise en avant car elle permet de construire l’unité aussi bien avec les enseignants, les élèves que leurs familles.

    Nous pensons néanmoins que pour pouvoir construire une unité avec une couche plus large de jeunes et de travailleurs, le MDF va devoir mettre au clair certains points politiques de sa plateforme et changer certaines de ses méthodes. En effet, une interdiction a été faite aux partis politiques de pouvoir participer à l’action du 11 novembre avec leurs drapeaux. Ceci nous montre que le MDF est prêt à limiter les droits de certains pour lutter contre une autre discrimination, tout comme les directions d’écoles n’ont pas hésité à interdire la diffusion de tracts après avoir interdit le port du foulard. Nous n’acceptons pas ces méthodes et pensons qu’elles seront contre-productives.

    L’argument mis en avant par les membres du MDF est la peur que les médias les associent à un parti politique de gauche radicale ou encore à des extrémistes islamiques. Pour nous, ce n’est pas en interdisant des drapeaux que nous pourront changer l’attitude des médias mais bien en élargissant le mouvement à des couches plus larges de jeunes et de travailleurs. L’interdiction aux petits partis de gauche d’être visibles a pour conséquence que l’action du 11 novembre n’aura le soutien visible d’aucun parti politique puisque tous les partis traditionnels, aussi bien en Flandre que du côté francophone du pays, soutiennent l’interdiction du port du foulard à l’école. Le manque d’un parti large qui se base sur les meilleures traditions du mouvement ouvrier – la solidarité, la lutte contre chaque discrimination,… – a pour cause qu’il n’existe plus de parti qui défend les intérêts des jeunes et des travailleurs, y compris des travailleurs immigrés et leurs familles. Les seuls qui le font encore sur le plan politique sont les petits partis de gauche. Refuser que ceux-ci se fassent connaître, c’est empêcher de trouver des solutions contre le racisme et le sexisme créé tous les jours par le capitalisme. Cela va encore plus isoler le mouvement.

    Ce n’est pas non plus cette interdiction de drapeaux qui va empêcher des extrémistes de venir à l’action. Ce n’est qu’en travaillant avec une plateforme qui a une clarté politique que la différence sera faite avec eux. Pour nous, comme on a toujours rendu clair aux réunions, il est important qu’une approche claire de la question du choix des femmes soit présente aussi bien dans le titre que dans le contenu de la plateforme, comme cela a été finalement fait dans le tract. Nous sommes pour un véritable choix des femmes: ni interdiction ni obligation du port du foulard. Nous pensons que la plateforme doit être capable de rassembler ceux et celles qui se battent contre l’imposition du port du foulard et ceux et celles qui se battent contre son interdiction à l’école face à cette attaque raciste.

    Voilà pourquoi le PSL-LSP a décidé de ne plus participer aux réunions du MDF ainsi qu’à son action du 11 novembre. Nous pensons que pour pouvoir élargir ce mouvement, le MDF doit laisser l’espace à la discussion de fond et changer ses méthodes. Pour nous, la méthode utilisée n’est pas une question de «simples drapeaux». Nous ne pensons pas que défendre la démocratie est possible en utilisant des méthodes bureaucratiques et non-démocratiques. Nous défendons la démocratie parce qu’elle offre à nous (l’ensemble des travailleurs) les meilleures conditions pour s’organiser et arriver à un programme correct.

  • La relocalisation de l’économie : une voie sans issue

    Pour répondre à la crise de l’économie, une partie des écologistes radicaux, proposent de relocaliser l’économie. Dans le secteur de la production alimentaire, cela se traduit par le « consommer local » : tenter de réduire la chaine de production qui éloigne le producteur du consommateur… Ce genre d’idées, aussi bucoliques soient elles, ne tient pas compte des lois propres au système capitaliste et de l’une d’entre elles en particulier : la soif de profits.

    Par Alain (Namur)

    Il y a déjà plusieurs décennies, Rosa Luxembourg faisait remarquer à propos du système capitaliste: «le capitalisme ne peut pas s’accommoder de minuscules Etats, de la dissémination économique et politique ; il a besoin, pour son épanouissement, d’un territoire, grand au possible, homogène à l’intérieur et d’une civilisation spirituelle sans quoi les besoins de la société ne peuvent être élevés au niveau correspondant à la production capitaliste de marchandises, et faute de quoi de la domination de classe de la bourgeoisie est incapable de fonctionne…». (La crise de la social-démocratie, Rosa Luxembourg).

    Cela nous éclaire sur les lois internes du système, qui n’ont pas changé depuis. Les conditions objectives dans lesquelles nous vivons actuellement sont le résultat des lois internes de la superstructure, et dans celle-ci, la configuration actuelle est aussi le résultat de la lutte des classes. En clair, la manière dont sont produites les marchandises destinées à la consommation humaine ou animale (secteur agricole), sont le fait de la production capitaliste. Ce système, de manière intrinsèque, est amené à des contradictions insolvables en interne. Ce qui explique les crises de surproductions et la détresse des petits paysans. (Voir notre article sur la crise de surproduction dans l’agriculture).

    La solution serait-elle alors de retourner à l’état antérieur de la production capitaliste, où il y avait un grand nombre de producteurs qui portaient leurs marchandises sur un marché national largement protégé par des barrières douanières ? On peut même pousser le trait plus loin – certains écologistes radicaux n’hésitent pas à le faire – on peut encore retourner plus loin en arrière et retourner au temps béni où chaque personne avait son verger, sa vache, ses terres et vivait en autonomie. Il faut retrouver dans l’histoire où se trouvent ces périodes bénies car, jusqu’à il y à peu, les guerres, les famines et les disettes n’étaient pas rares en Europe occidentale ! L’époque où les suzerains prélevaient la tonlieue et le clergé la dime n’est pas à regretter…

    Il est illusoire de penser pouvoir faire machine arrière par rapport au développement capitaliste. Dans le Manifeste du parti communiste, une partie est consacrée à ce genre de prise de position politique. Marx et Engels appellent ça le socialisme petit-bourgeois. Dans la configuration politique actuelle, on peut classer dans cette branche différentes tendances : anarchistes, écologistes radicaux, décroissants. Cette tendance trouve sa base matérielle dans le fait qu’au gré du développement de l’industrie s’est formée une couche sociale qui flotte entre la classe des travailleurs et la bourgeoisie. Au gré des crises, de plus en plus de petits-bourgeois se prolétarisent et deviennent mécontents du système.

    Les marxistes reconnaissent que certains de ces mouvements ont analysé avec pertinence les contradictions inhérentes aux rapports de productions modernes. Dans le manifeste, il est même dit : « il, (le socialisme petit-bourgeois, NDLA), a démontré de manière irréfutable les effets destructeurs du machinisme et de la division du travail…. Les disparités criantes dans la répartition de la richesse, la guerre d’extermination industrielle des nations entres elles, la dissolution des mœurs anciennes, des rapports familiaux anciens, des nationalités anciennes ». Marx et Engels ajoutent de manière très juste et lapidaire : «d’après son contenu positif toutefois, ce socialisme veut ou bien restaurer les moyens de production et de communication du passé et avec eux les anciens rapports de propriété et l’ancienne société, ou bien enfermer à nouveau de force les moyens de communication moderne dans le cadre des anciens rapports de propriétés qu’ils ont fait éclater… dans les deux cas il est à la fois réactionnaire et utopique. »

    De manière plus concrète à présent, que veut dire le slogan « consommer local » : préférer acheter le lait à la ferme voisine, aller chercher ses fruits chez le producteur d’à côté, ses légumes chez le maraîcher du coin, préférer les marchandises produites sur le sol national. Bien que ça sente à plein nez le patriotisme et la fierté nationale, cela pourrait encore fonctionner pour des produits peu manufacturés : lait, pomme de terre, fruit, légumes…

    Cependant, lorsque l’on pense à des produits de consommation courante comme le riz, les tomates, les bananes, l’exemple du consommer local perd un peu de sa force car je n’ai pas vu beaucoup de rizières en Belgique et peu de plantations de café. Face à cela deux solutions : on ne consomme plus que des produits locaux ou on fait produire par nos locaux ces produits quel qu’en soit le coût écologique.

    De plus, même si les transformations que doivent subir ce type de produits sont réduites, on doit intégrer le fait qu’il faudra en cas de consommation locale intégrer dans le coût de production de l’agriculteur : le conditionnement, la publicité, les frais de contrôle qualité, les salaires des travailleurs préposés à la vente… Ceci alors qu’un des problèmes actuels que rencontrent les exploitants, c’est l’augmentation des coûts de productions. Les prix d’achat des moyens de production dans l’agriculture ont augmenté, par rapport à 2005, de 13,24% en 2006, et de 39,99% en 2008 ! Peu d’agriculteurs seraient capables de réaliser les investissements nécessaires au vu du niveau d’endettement de la profession.

    Un autre aspect de cette question peut se traduire ainsi : si vous voulez donnez du goût à votre thé, vous ne mettez pas de la betterave dans votre tasse, mais bien du sucre qui est produit à partir de cette dernière. Pour les produits qui demandent une transformation (sucre, viande, pain, fromage…), une industrie de transformation est nécessaire. On peut partir de la même idée et se dire que les industries de transformation ne vont plus accepter que les produits locaux et vendre sur le marché national. Au revoir les Kraft Food, les Nestlé et compagnie. Un bémol cependant, il faudrait tout d’abord s’assurer que la consommation nationale correspond au niveau de la production nationale actuelle. On peut déjà constater en regard de la situation actuelle que c’est une idée qui détruirait encore plus le secteur. Avec les taux d’auto-approvisionnement que nous connaissons, ne rester que sur le marché local, c’est se tirer une balle dans le pied.

    Pour les pommes de terre, on est à 250,67% d’auto-approvisionnement ; pour le lait on est à 149,93% ; pour les œufs on est à 107% d’auto-approvisionnement. Cela veut dire que consommer local, c’est se fermer les portes de l’exportation et renforcer la crise de surproduction sur le terrain national. Les produits que l’on ne produit pas nous-mêmes (par exemple : la vanille) sont importés de manière peu transformée pour être incorporés dans un produit destiné à l’exportation (par exemple : la glace). La transformation génère une plus-value qui au final est intéressante en terme de balance commerciale.

    On objectera qu’on peut ajuster la production, mais cela veut dire réduire encore le nombre de producteurs. On peut aussi ajuster la consommation à la capacité de production nationale si le problème de sous-capacité productive se pose, mais cela veut dire alors de devoir forcer les gens à modérer les achats ; la seule manière de faire, c’est de laisser le marché national jouer et donc les prix des marchandises qui sont en « manque » seraient plus chers. En gros, le retour des disettes sous une autre forme.

    Une autre question qui n’est pas résolue par le slogan « consommation locale », c’est le fait que la production locale n’est pas nécessairement verte. En fait, la part de la production verte se résume à une portion congrue : le nombre d’exploitations bio est en augmentation constante depuis une dizaine d’années, pour arriver à 803 exploitations en 2008. Mais cela reste marginal par rapport aux nombres d’exploitations qui restent en agriculture classique malgré leur diminution en termes de nombre total : -48.013 en 2007. Cela veut dire que consommer chez le sympathique producteur local, ce n’est pas encore la solution pour sauver la planète. À moins de ne consommer que les produits issus de l’agriculture bio, ce qui entrainera un afflux de capitaux dans ce secteur et il se produira alors le même phénomène que dans les autres secteurs de l’agriculture.

    On voit que d’une part, ces solutions, pour être à peu près viables, appellent au protectionnisme, mais aussi à une certaine forme de contrainte morale par rapport au produit qu’il est bon de consommer. Les décroissants raillent les marxistes dans le sens qu’ils réduisent les hommes à leurs simple situation de travailleurs, mais eux-mêmes réduisent l’homme à un consommateur individuel qui n’a que sa consommation pour influer sur les mécanismes économiques. En plus d’être réducteur, c’est ignorer tout les moyens dont le capitalisme dispose pour se maintenir et faire face à des individus pris isolément.

    On le voit, sur base capitaliste, il est impossible de trouver une solution aux problèmes rencontrés dans le secteur agro-industriel. Les illusions dans la relocalisation de l’économie à partir de « nano » expériences (qui ne sont absolument pas généralisables dans le contexte actuel), montrent la faiblesse théorique des socialistes petit-bourgeois de nos jours. Dans leur vocabulaire actuel, on sent le défaitisme et le manque de confiance dans l’instinct révolutionnaire de la classe ouvrière. En réalité, ils veulent changer la société actuelle pour maintenir leur propre position de petit-bourgeois. Cela se traduit par le fait qu’ils parlent rarement d’attaquer frontalement la société de classe actuelle et les rapports de production existants.

    Il faut se débarrasser du système capitaliste et instaurer une société socialiste qui puisse répondre aux besoins de la population par une économie démocratiquement planifiée.

  • La fabrique de l’opinion

    L’encre du texte de la déclaration de politique générale n’était pas encore sèche que les directions des grands syndicats se sont empressées de l’encenser. Tout le gratin de ceux qui comptent (éditorialistes, intellectuels médiatiques, leader d’opinion,…) ont acclamé Van Rompuy comme jadis, la foule acclamait le magicien Houddini.

    Par Alain (Namur)

    À son époque, ce célèbre magicien avait réussi à faire disparaitre un éléphant devant une foule médusée. Van Rompuy en a fait autant, toutes proportions gardées, en faisant disparaitre un déficit de 25 milliards et en réussissant à maintenir la paix sociale! Le grand magicien, nous parlons ici de Houdini, avait un truc… Van Rompuy en a quelques uns aussi… Le but de cet article est de montrer quelques «trucs et ficelles» utilisées pour fabriquer le consentement. Autrement dit, comment l’idéologie de la bourgeoisie opère pour se rendre idéologie dominante.

    Dans toute société, l’idéologie et la culture sont en fonction des intérêts de la classe dominante. L’une des tâches de l’idéologie est de produire un discours cohérent qui permet le maintient des grandes structures de la société (ici, le maintient du système d’exploitation de la classe des travailleurs). La crise économique a eu, outre ses effets sur les conditions objectives, un effet sur la conscience des masses. Pour partie, la classe ouvrière a bien entrevu le rôle des banques et de la dérégulation à tout crin dans la crise actuelle. De plus en plus de gens tirent des conclusions anticapitalistes, ce qui se reflète aussi dans le slogan de la campagne de la FGTB wallonne: Le capitalisme nuit gravement à la santé (voir notre article à ce sujet).

    Dans cette configuration, il était difficile de faire passer un budget d’austérité de manière frontale. Il a fallu mettre en œuvre toute les forces de propagande pro-système. Il est important pour tous les militants réellement socialistes et, de manière générale, pour tous ceux qui luttent contre le système capitaliste, d’analyser les mécanismes mis en œuvre pour faire passer les désirs et intérêts de l’idéologie dominante. Nous aborderons ici trois grands mécanismes qui concourent à la production de l’idéologie dominante, mais il en existe d’autres non moins importants (comme le contrôle sur l’enseignement):

    • La proximité sociologique et idéologique entre les gens de la presse, les intellectuels, les cadres et la classe dominante actuelle, la bourgeoisie.
    • Les techniques modernes de production de l’information
    • La manipulation par les techniques de communications

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    1. La proximité sociologique et idéologique:

    «Le discours dominant doit son efficacité proprement symbolique au fait qu’il n’exclut ni les divergences ni les discordances.» (La production de l’idéologie dominante, P. Bourdieu).

    La classe dominante actuelle a été acculée par la lutte des classes à accorder certaines concessions. Ces concessions essentiellement matérielle dans l’immédiat après guerre mais, après ’68, les concessions ont aussi été sociétales. Ensuite, avec la phase néolibérale de l’économie, le discours dominant est peu à peu devenu hégémonique. Avec l’écrasement de la lutte des mineurs en Angleterre et la défaite des aiguilleurs du ciel aux USA dans les années ’80, la bourgeoisie a pu déployer les voiles. Avec la chute de l’URSS et l’idée qu’un autre système était possible, les années ’90 ont été pour la propagande bourgeoise un point culminant. La fameuse formule ‘TINA’ (There Is No Alternative, il n’y a pas d’alternative) résume l’état du rapport de forces qui s’est instauré. Dans cette période, avec la diminution du niveau de conscience de classe et le reflux des luttes, de plus en plus d’enjeux stratégiques ont été dépolitisés. Cela a donné lieu au niveau politique à une technicisation des affaires publiques.

    Actuellement, dans les affaires communales, il n’est pas important d’être de tel ou tel parti mais bien d’être vu comme un bon gestionnaire. Ceci a comme effet d’éloigner encore plus les gens de la politique. Il y a comme un complexe d’infériorité de la part de la classe des travailleurs qui laisse le soin à des experts et à des technocrates d’administrer des dossiers devenus soi disant apolitiques.

    À l’heure actuelle, si on suit la vie politique, si on lit la presse, on ne peut pas douter de la diversité d’opinions qui s’expriment ça et là. À ceci près que cette diversité d’opinion va dans la direction du discours dominant, à quelques nuances près. On peut constater cela à l’ensemble de ‘lieux communs’ qui se retrouvent dans les différents discours.

    Comme exemple, on peut prendre la notion de budget de l’Etat. La science économique actuelle a été pensée en excluant toute forme de changement radical. Le point de départ, le cadre du paradigme de la science économique, c’est le système capitaliste considéré par d’aucun comme immuable et lié à la nature humaine. Passée cette erreur, le cadre de la pensée économique dominante est cohérent. Ainsi, la discussion actuelle sur le budget est révélatrice. Pour tous les commentateurs, il est essentiel d’avoir un budget à l’équilibre. Ceci nécessite donc des efforts de tous les secteurs, toutefois il faut veiller à ne pas faire fuir l’investisseur et à protéger l’attractivité de la Belgique… Ceci et quelque autres poncifs, justifie pour beaucoup le fait que la classe ouvrière doit payer la crise capitaliste.

    L’intégration de ces lieux communs se fait dans les écoles où l’on forme l’élite dirigeante (les universités, écoles de gestions). Quand on analyse la structure de notre système d’éducation, on peut comprendre l’homogénéisation de la pensée chez les élites. Avec un enseignement fortement inégalitaire et élitiste, ceux qui se retrouvent dans les universités et les lieux où l’on va former les cadres relais de la bourgeoisie sont issus d’un processus de sélection très fin. Il est très peu probable de trouver des membres de la classe ouvrière traditionnelle. On peut par contre rencontrer les couches intermédiaires de la société: les enfants de la petite bourgeoisie, les enfants des couches favorisées du salariat (favorisées par un capital matériel ou intellectuel et culturel). Les gens qui en arrivent là ont déjà intégré les codes, les habitudes et les schémas de pensée de la classe dirigeante. Ces gens se retrouvent dans des lieux où la pensée est tellement homogène qu’elle en devient apolitique. Ils peuvent après draper cet apolitisme comme gage scientifique de l’objectivité.

    Ceci peut s’avérer très pratique: lors d’un débat télévisé pré-electoral, on invite un homme dit de gauche qui a le même cursus que sont contradicteur, un homme de droite, un vrai celui-là, qui se dit du centre ou du centre droit. Afin d’objectiver le débat et donner un semblant de hauteur, aussi pour compter les points, on invite un intellectuel qui enseigne dans un de ces lieux ou l’homme politique de gauche comme de droite a été enseigné… la boucle est bouclée. Personne ne peut attaquer le journalisme de parti pris ni le professeur d’université, le titre d’expert conférant aussi à celui qui le porte une aura quasi religieuse.

    Un autre élément qui n’est pas négligeable est le cloisonnement géographique, mais aussi culturel et occupationnel des élites dirigeantes. Avec leur capital matériel et culturel, les élites ne se mêlent pas souvent à la masse. Ils sont souvent de grands consommateurs culturels. Ceci a un double effet symbolique: les dirigeants se sentent légitimés par leur apparente supériorité intellectuelle et culturelle sur les masses, les masses consentent plus facilement à obéir à des élites si elles leurs semblent détenir des infos et des savoirs qui leurs sont inaccessible.

    2.La production de l’information

    La démocratie rime pour certains avec liberté de presse (c’est un peu l’antienne de Reporters Sans Frontières). Mais lorsque que l’on entend liberté de presse, bien souvent on parle de liberté vis-à-vis de l’État et non vis-à-vis des intérêts du monde financier. L’information est devenue un produit d’appel qui a comme fonction de faire venir les annonces publicitaires. Afin de ne pas faire fuir l’annonceur, il faut bien consentir à plier les faits, qui sont têtus, aux intérêts de la classe dominante.

    «Pour obtenir d’avantage de contrats publicitaires, il faut des lecteurs appartenant à tous les horizons politiques. La réponse donnée par les éditeurs fut de mettre au point une technique fondée sur la ‘doctrine de l’objectivité’, ce qui conduit à transformer la presse américaine en une expression neutre de l’idéologie de l’establishement». (Citation reprise du livre de M. Bénilde, On achète bien les cerveaux).

    Le travail à ‘coup de buzz’

    Afin d’obtenir la primeur sur l’info et se distinguer de ses concurrents, les différents journaux traquent les unes. Les journalistes sont à la recherche de l’information sensationnelle. Avec les techniques de production en flux tendu on ne prendra pas le temps de vérifier l’info et on aura tendance à faire d’un épi-phénomène un buzz médiatique.

    Les conseillers en communications des hommes et femmes politiques l’ont bien compris. C’est au premier qui se répandra en confidences, dans la presse. Certains politiques pour rester présents dans le paysage médiatique, sortent en vitesse de croisière une exclu par semaine. Les fuites de documents confidentiels sont souvent organisées par les spins doctor des politiciens. C’est un contrat tacite gagnant-gagnant, le journaliste n’a plus besoin de chercher l’info, ça prend du temps et de l’argent, l’info lui tombe dans les bras; les politiciens peuvent contrôler leur communication et s’assurer que le message qui passera ne sera pas trop critique.

    Prenons notre magicien Van Rompuy, il a réussi a faire avaler une austérité comme on avale une cuillère de sirop. Le plan communication a cependant été très bien travaillé: après avoir annoncé un budget impossible, un État en faillite, chaque ministre est sorti avec sa petite solution, sa vision des choses, pendant presque un mois, on a entendu des exclusives sur ce que pensaient faire tel ou tel ministre. Les journalistes font leurs choux gras lorsqu’ils titrent sur l’augmentation du diésel de 0,20 euros et les politiciens peuvent tester l’effet de telle ou telle mesure sur la population. Après une période anarchique et une polarisation du discours est venu le WE de négociation où aucune info n’a plus filtré pour déboucher sur le budget en l’état et encore une fois chaque ministre qui tire ses marrons du feu.

    La construction du texte

    Lorsque l’on analyse de manière globale un texte journalistique, on peut en dégager quatre éléments: le titre, le chapeau, le corps et la conclusion. Il est de coutume pour les journalistes de faire un titre qui attire l’attention, quitte à tordre un peu les faits. Au besoin, on nuancera dans le chapeau et dans le corps du texte. Généralement, quand le lecteur lit, il retient bien souvent le titre, le début du texte et sa conclusion, c’est malheureusement là qu’on trouve le contenu le plus fortement idéologiquement connotés.

    Pour le budget on peut prendre en exemple la une du soir du 13 octobre 2009: «Les banques paieront 1,4 milliards en trois ans». En apparence, il s’agit de l’énoncé pur et simple, sauf que si l’on va plus loin, on se rend compte qu’au final c’est le client qui probablement réglera la facture.

    La hiérarchisation de l’information.

    Plusieurs lois sont enseignées dans les écoles de journalisme genre: dix morts à dix kilomètres sont plus importants que dix milles morts à mille kilomètres… Il y a aussi le fait que pour la presse écrite, ceux qui achètent le journal, en particulier la presse de référence, sont généralement ceux que l’on catégorise comme les catégories socioprofessionnelles supérieures. Les journaux ayant depuis longtemps constaté cela (étude de marchés, sondages…), les rédactions ajustent leur contenu en fonction de l’intérêt supposé de leur lecteur. Ainsi, on peut se dire qu’un cadre ou un intellectuel sera plus intéressé de savoir si oui ou non la classe politique et le roi doivent se rendre au pied de Benoit seize, malgré la séparation de l’église et l’Etat, malgré la sacro-sainte laicïté, malgré la neutralité…

    L’Info-spectacle

    La politique, c’est bien connu c’est rébarbatif. Afin d’attirer l’audimat et donc l’annonceur, il faut arriver à susciter l’intérêt. Mais comment faire pour éveiller l’envie d’écouter des protagonistes qui en gros disent la même chose, qui sont souvent les mêmes ou fils de,…

    Il faut scénariser l’info. Les Anglais appellent ça l’infotainment ou l’entertaintic. Un mixte entre politique et divertissement. Cela donne naissance à des débat ou la confrontation de personne à personne s’efface au profit d’arrangements plus ludiques où l’agencement plateau et la construction de l’émission est souvent l’objet de recherches affinées (Bye Bye Belguim, par exemple…).

    Une autre manière de susciter le débat est de l’hyperboliser. En renforçant les contradictions entre les protagonistes, on obtient des échanges plus vifs et acérés qui peuvent tourner, Ô grâce, au pugilat. Comme mentionné plus haut, la plupart des ayant voix sont généralement d’accord sur le fond, plus précisément sur la superstructure, il faut alors faire état des micro-différenciations qui existent entre différentes tendances de l’idéologie dominante.

    La fin des discussion sur le budget a été témoin d’un de ces débats surréalistes qui sont l’œuvre de ce mécanisme: la guerre sémantique qui a opposé austérité (les libéraux, Vanhengel en tête) et la rigueur (les socialistes et Onkelinkx). À noter que la différence entre austérité et rigueur, c’est plus une question de style, mais au final les travailleurs seront les victimes de la crise qu’ils devront payer quelque soit le terme choisi pour désigner cette politique en faveur de la classe dominante.

    3. La manipulation mentale

    On a décrit sommairement quelques mécanismes qui expliquaient comment se produisaient l’idéologie dominante, comment elle se renforçait et comment les élites bourgeoises et les couches intermédiaires de la société la fabriquaient dans leur journaux et leurs outils de propagandes. Il nous reste encore à expliquer pourquoi la classe ouvrière, dont les intérêts sont de manière rédhibitoire, opposés aux intérêts des capitalistes, est polluée par les idées conservatrice et réactionnaire des dirigeants.

    Georges Orwell a écrit dans son livre 1984 que «64.000 répétitions font une vérité!». En effet, pour qu’une information soit retenue par le cerveau humain, elle doit passer par la mémoire immédiate, la mémoire de travail et au final la mémoire à long terme. Pour qu’une info soit stockée et participe alors au système de croyance cognitive, il faut que celle-ci ait du sens et de la pertinence. L’ensemble de l’enseignement que nous avons de l’école dans les cours de science sociale, mais de manière générale l’idéologie dominante auquel tout individu est confronté de sa naissance à sa mort aide à donner sens et pertinence aux infos émises, même quand elles sont fausses. Afin de faciliter la rétention, la répétition est un moyen qui permet au cerveau de retraiter l’information. La multiplication des canaux qui répètent et ânonnent le point de vue de la bourgeoisie participe à ce mécanisme.La surcharge cognitive

    Lorsque le cerveau reçoit trop d’informations à traiter, un moment, il sature. Une partie des nouvelles informations n’est donc plus assimilable ou assimilée. A l’heure actuelle, il y a en fait trop d’information et pas assez de temps pour les analyser de manière critiques. Les gens n’ont pas le temps de confronter l’information à leur système de croyance cognitive.

    Sur le budget, pendant un mois, tout et son contraire a été dit si bien que même un chat n’y aurait pas retrouvé ses petits. C’est une manière de désinformer comme une autre. Pour les médias dominants, restreindre l’information est dangereux car considéré comme anti-démocratique par les masses, il faut donc jouer la saturation et la surcharge pour exactement le même effet.

    Problème d’inférence logique

    L’inférence logique, c’est une aptitude qui consiste à déduire une info ou à tirer une conclusion à partir d’information donnée, c’est en gros la capacité de lire entre les lignes. Il n’est pas toujours aisé de procéder à l’inférence logique, dans un monde idéal, la presse devrait nous aider à décoder l’information brute. Néanmoins, avec le postulat de l’objectivité, elle laisse ce travail à l’audimat en évitant ainsi de prendre position et de froisser une partie de l’audimat et l’entièreté des milieux de pouvoir.

    Pour le budget, on nous annonce qu’en 2010 et en 2011 on va payer en moyenne 3,3 milliards d’euros sur 25 milliards, l’équilibre étant pour 2015. Cela fait donc 6,6 milliards. Mais entre 2012 et 2015, il n’est pas précisé qu’on réglera le solde. En fait, le tour de passe de Van Rompuy tient essentiellement au saucissonnage. On ne répète pas souvent que 2011 étant une année électorale la conclusion qui s’impose c’est que ce gouvernement qu’on nous présente comme responsable a en réalité botté en touche afin de préparer dès maintenant sa campagne et maintenir ses petits postes.

    La technique de l’ascenseur émotionnel

    Les experts en marketing l’ont bien compris. Un papier à l’essuie glace de la voiture fait penser au PV. Outre le fait de capter l’attention, lorsque l’on se rend compte que c’est une pub, soulagée par le fait qu’on n’est pas verbalisé, on a tendance à être plus réceptif au message publicitaire. Les politiques ont arrangé un peu le truc: tu annonce un truc immense, genre bain de sang social ou de manière sectorielle, tu annonces aux profs qu’on va bien les faire cracher. Les gens montent, enragent, se mobilisent, partent à l’action… Avant que cela ne chauffe de trop, tu dis que tu vas faire des efforts revoir ta copie. Après avoir fait semblant de travailler jours et nuits, tu annonces un jour avec une mine fatiguée les mesures auxquelles tu pensais pouvoir arriver aidée par des directions syndicales qui n’aiment pas trop la révolte, encore moins la révolution, tu peux faire passer tes mesures en te faisant passer pour quelqu’un de responsable de ferme mais qui sait négocier

    Les problèmes de représentations mentales

    Le système de croyance cognitive agit comme un ensemble de représentations mentales. Lorsque nous sommes confrontés à une nouvelle connaissance. Si celle-ci est en désaccord avec nos représentations mentales, nous sommes en état de conflit sociocognitif.

    Si on parle de budget à un citoyen lambda, il va directement faire la comparaison avec le budget de son ménage: je dépense ce que le fruit de mon travail me permet de dépenser. Si je vis au dessus de mes moyens je dois me restreindre. Ajouter à cela la vieille expression patriarcale de la gestion en «bon père de famille» et on peut voir la facilité avec lesquels les gouvernants font payer la crise aux masses. En profitant de la représentation mentale de la majorité des gens, l’idéologie dominante avance ses intérêts.

    À ce niveau, il faut noter que le rôle d’un parti défendant réellement la classe des travailleurs est essentiel pour contre argumenter face à la classe bourgeoise. L’avantage des marxistes est ainsi d’être armés d’une théorie qui en tout point s’éloigne de la propagande bourgeoise. Il faut veiller cependant à gagner la confiance des masses afin que celles-ci traverse les conflits sociocognitifs. Armée de perspectives justes et avec un travail de propagande et de participation aux luttes, on pourra augmenter l’autorité d’un parti des travailleurs et d’un parti révolutionnaire.

    Pour finir sur ce point, il faut se rappeler une chose essentielle, les arguments dialectiques sont une chose, mais la lutte de la classe des travailleurs pour défendre ses intérêts reste la meilleure école. C’est dans la lutte que le niveau de conscience s’élève. C’est dans la lutte que les travailleurs apprennent le mieux. Parce que dans le cadre de la lutte, les représentations mentales des travailleurs sont testées de manières globales, ce qui fait naitre des nouveaux conflits sociocognitifs qui sont à même d’amener à la construction de nouveau savoir. Cela dépend de la direction qui est à la tête des masses…

    L’émotionnel

    Le cerveau a tendance à se focaliser sur les informations qui concerne la survie en premier lieu et ensuite sur les informations liées aux émotions. Lorsque Di Rupo a fait sa sortie sur le bain de sang social, il a habilement joué sur la peur de l’ensemble de la classe ouvrière d’une politique ouvertement de droite qui attaquerait tout les acquis sociaux.

    Il arrive parfois que l’on soit submergé par nos émotions. Sans trop entrer dans les détails du fonctionnement du cerveau. Un trop plein d’émotions empêche la partie du cerveau qui gère les aspects rationnels de fonctionner. Cela donne lieu à d’importante possibilité de manipulation utilisées dans la pub, dans la politique et le management sous la forme du «storytelling». Obama est passé maitre dans l’art de raconter une histoire commune qui mobilise des aspects émotionnels forts qui permet de mobiliser les gens à sa cause.

    Conclusion

    Il n’était pas question ici de faire l’état des lieux complet de la question de la production de l’idéologie dominante, mais de montrer quelques trucs et ficelles qui ont permis au premier ministre une habile manœuvre au service de la classe dominante pour faire passer son budget.

    Ce résumé montre à quel point aujourd’hui nous avons besoin d’une presse ouvrière et de militants révolutionnaires bien formés afin de résister à toute la pression de la société bourgeoise.

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