Category: National

  • Nous voulons du travail et un avenir

    Les premiers “bourgeons verts” de l’économie font jubiler les actionnaires et les banquiers. On recommence à distribuer des bonus généreux comme si de rien n’était. Pour les travailleurs et leurs familles, par contre, le pire de la crise est encore à venir. Le chômage et la pauvreté sont en augmentation: selon l’OCDE, ce sont 220.000 personnes qui devraient grossir les rangs des chômeurs pour la période 2009-2010.

    Les économistes et le patronat espèrent que ce qui arrive n’est pas une grande dépression comme dans les années 1930. Les mêmes experts qui n’avaient pas vu arriver la récession annoncent aujourd’hui sa fin. En réalité, ce qui se prépare, c’est, au mieux, une stabilisation de l’économie, mais à un niveau plus bas qu’avant. Comme l’expliquait cet été le quotidien britannique Financial Times, «Une grande partie de la reprise peut être expliquée par les lois de la physique. Si vous laissez tomber quelque chose par terre, cett chose rebondit.». L’économiste Nouriel Roubini, qui avait correctement prévu la crise, met en garde contre une nouvelle récession de l’économie ou une plus longue période de crise.

    Même si une reprise économique devait se concrétiser, la majorité de la population n’en sentirait pas grand-chose. Le gouverneur de la Banque nationale, Guy Quaden (PS), vient de l’affirmer: «Il est clair que le chômage va encore grimper un moment Pour la population, la récession n’est pas terminée, c’est évident». Il reconnaît également que «les facteurs structurels» jouent un rôle, notamment la surcapacité dans plusieurs secteurs (dont l’automobile, le secteur financier et la construction en Irlande et en Espagne). Le chômage et la pauvreté grandissent non pas parce que nous produisons trop peu, mais parce que nous sommes trop productifs !

    Le soi-disant «équilibre» du budget est une illusion. Les contributions des banques ou des producteurs d’électricité sont «symboliques» (comme le reconnaît Quaden) ou seront «en fin de compte payées par les familles» (selon le spécialiste en assainissements Fons Verplaetse), comme le montre bien la résistance d’Electrabel à verser la contribution exigée par le gouvernement.

    Pour le patronat et le gouvernement, ce sont les travailleurs et leurs familles qui doivent payer la crise. Et cela alors qu’avant la crise, il y avait déjà 15% de pauvres dans notre pays. En 2008, 21% des Belges indiquaient qu’ils avaient des difficultés à boucler leurs fins de mois. Un retraité sur cinq a un revenu inférieur au seuil de pauvreté. Cela n’empêche pas Marc De Vos, un «penseur» du groupe de réflexion libéral Itinera d’affirmer dans le magazine Job@: «L’argent dort dans les allocations de chômage. Pour le moment, nous payons pour que les gens restent assis sur leur chaise. Pourquoi ne pas utiliser cet argent pour les aider à travailler?» Pour le dire plus clairement: Pourquoi ne pas forcer les gens à travailler en échange de leur allocation de chômage ?

    Le gouvernement ne marche – pour le moment – pas encore dans des voies aussi extrêmes que celles que souhaiteraient certains patrons. Mais en se limitant à appliquer les recettes néolibérales en réponse à une crise du néolibéralisme, il finira par y arriver. La décision de porter l’âge de la retraite à 67 ans aux Pays-Bas est un signal. Le fait qu’il y ait 135.000 jeunes chômeurs dans notre pays n’empêche pas le patronat d’appeler à attaquer les prépensions via de nouveaux « Pactes des Générations ». Pour le moment, le gouvernement s’en tient à des économies relativement douces, mais ce n’est que partie remise. Surtout si la reprise économique espérée se fait attendre plus longtemps que prévu ou est particulièrement faible. Les travailleurs et le mouvement syndical doivent se préparer à une période d’intensification des attaques. Pour cela, il vaut mieux arrêter de marcher dans la logique néolibérale du gouvernement et du patronat et lutter de manière décidée pour défendre chaque emploi.

    Une campagne offensive pour l’emploi couplée à un programme anticrise qui part des besoins des travailleurs et de leurs familles, voilà ce qui nous permettrait de construire un rapport de forces pour empêcher les capitalistes de nous faire payer pour leur crise.

    Il est plus que nécessaire de lutter pour une autre société, où les intérêts et les besoins de la majorité de la population seraient centraux, une société socialiste. Participez avec le PSL à la construction d’une alternative socialiste au capitalisme !

  • LUTTONS POUR ARRETER LES PERTES D’EMPLOIS!

    L’économie montre les premiers signes de rétablissement. Pour les Bourses et les actionnaires, sûrement. Mais, pour les travailleurs, les véritables mois de crise, ou plutôt les années de crise, sont encore devant nous.

    Par Els Deschoemacker

    Bien que des chiffres différents circulent, presque tout le monde considère que le gros des pertes d’emplois se trouve encore devant nous. Le SETCA (la centrale des employés de la FGTB) craint un “tsunami de licenciements” tandis que l’Organisation pour la Coopération et le Développement en Europe (OCDE) s’attend à 10 millions de chômeurs en plus dans les 30 pays les plus riches. En Belgique, le nombre de chômeurs devrait atteindre environ 700.000 personnes fin 2011, soit 15% de la population active. Avant que n’éclate la crise, le taux de pauvreté était déjà en Belgique de 15%. A combien sera-t-il demain ?

    Les grandes entreprises, les banques et les institutions financières ont été sauvées du naufrage par une injection massive d’argent public. Mais il ne faut pas s’attendre à un même traitement pour sauver les emplois de tout un chacun.

    Au contraire! C’est à nous, aux travailleurs et à leurs familles, que gouvernements et patrons veulent faire payer leur crise, à coup de pertes d’emplois et d’attaques contre nos conditions de salaire et de travail. Demain, il faudra encore payer une deuxième, et probablement une troisième et une quatrième fois, à travers des attaques contre l’enseignement, les soins de santé et les retraites. C’est que les finances de l’Etat doivent retrouver l’équilibre! Les différents plans des gouvernement ne laissent planer aucun doute.

    À moins qu’un mouvement ne se mette en branle et que le mouvement des travailleurs sorte ses crocs, les bénéfices des grandes entreprises et des banques seront rétablis au prix d’un gigantesque appauvrissement collectif.

    Du côté francophone, les syndicats ont immédiatement réagi aux projets d’attaques contre l’enseignement avec une interruption de travail générale d’une heure. Ils ont clairement dit qu’ils ne voulaient pas payer pour la crise.

    A La Hulpe, chez Swift, une firme en charge du trafic des données entre banques, la direction envisageait de licencier 300 employés au compte-gouttes afin d’éviter de devoir négocier un licenciement collectif et d’engager progressivement des interimaires. Les syndicats ont menacé d’actions destinées à paralyser les paiements internationaux. Depuis lors, il n’est plus question de ce plan.

    Un mouvement qui fait appel à la force et à la combativité du mouvement ouvrier peut changer le cours des choses et permettre aux travailleurs de reprendre l’initiative dans la lutte contre la crise, comme chez Swift.

    Le Parti Socialiste de Lutte défend la nécessité d’une stratégie offensive qui revendique le droit à un emploi décent pour tous. A cette fin, nous démarrons une campagne pour l’emploi et nous lançons un appel pour organiser des marches locales pour l’emploi et d’autres actions.

    Les capitalistes veulent une société où seuls comptent leurs profits. Nous avons besoin d’une société qui défende les intérêts et les besoins de la majorité de la population, une société socialiste.

  • Interdiction du port du voile: Anti-démocratique et contre-productive !

    Ces dernières semaines, le débat autour du port du voile dans l’enseignement communautaire s’est envenimé. Les athénées d’Anvers et de Hoboken ont instauré une interdiction totale de porter le voile. Après différentes actions de protestation auxquelles ont participé les Etudiants de Gauche Actifs (EGA-Secondaire), une interdiction de protester a été instaurée ! Suite à cela, six membres d’EGA ont été arrêtés pour avoir diffusé un tract aux portes de l’athénée de Hoboken début septembre.

    Par Jarmo (Anvers)

    Ce n’est pas seulement la liberté d’afficher son identité qui est réprimée, mais donc aussi la liberté de protester contre cette interdiction! Voilà le message adressé aux élèves par les directions scolaires et l’administration.

    Une argumentation bancale

    Cette interdiction est défendue au nom de la lutte contre la pression sociale exercée sur les filles qui veulent se rendre à l’école sans foulard. Croire que cette interdiction serait au bénéfice des plus faibles est une illusion. L’interdiction du port du voile n’a en rien fait disparaître la pression sociale qui existe sur la certaine fille. Elle conduira à un isolement encore plus grand de ces filles qui, dans le meilleur des cas, seront envoyées dans une école de confession musulmane.

    De plus, beaucoup de filles portent le voile volontairement, comme un signe de leur identité plus que comme un symbole religieux. Il ne faut pas oublier que, surtout parmi les jeunes, une énorme pression sociale existe pour s’accorder aux derniers canons esthétiques (habillement, look et idéal de beauté). Pour certaines, le voile est une façon de se protéger de cela. L’interdiction du voile stigmatise la communauté musulmane, le «cas problématique», en ignorant tous les autres problèmes sociaux de la société.

    L’enseignement de la Communauté flamande a maintenant interdit le port de signes religieux, au nom d’un « pluralisme actif ». Mais qu’y a-t-il bien de pluraliste dans une politique qui étouffe des formes d’expression sociale ou individuelle ? Cette mesure exporte le problème social de quelques écoles vers toute la Flandre.

    Le PSL est très clairement contre l’interdiction du port du voile: nous sommes pour le droit de chacun de croire en une conception de vie, abstraction faite de la question de savoir s’il s’agit d’une conception religieuse, politique ou culturelle. Les idéaux du « Siècle des lumières» et de la « neutralité» sont opposés à cette approche répressive pour ceux et celles qui refusent de s’en tenir aux normes vestimentaires imposées d’en haut.

    Pour les mêmes raisons, nous sommes bien évidemment contre une obligation de porter le voile, que ce soit en Iran sous le régime réactionnaire d’Ahmadinejad ou évidemment en Belgique. Nous croyons au droit de chacun d’exprimer son identité, ou, quand, et comment il le souhaite.

    Contre-productif

    Les conséquences de l’interdiction sur «l’intégration» de la communauté allochtone sont déjà visibles: différentes associations plaident maintenant pour un réseau d’enseignement musulman séparé. Ce pas en arrière va entraîner plus de ségrégation, et aussi plus de racisme.

    Les quartiers à fort taux de population d’origine immigrée – et les écoles dans ces quartiers – sont l’expression du fossé profond qui existe dans notre société, en premier lieu entre riches et pauvres. Interdire le port du voile ne change rien aux problèmes de ces écoles. Pour améliorer leur situation, il faut s’en prendre à la pauvreté. Les véritables problèmes sociaux doivent être abordés: un emploi décent pour tous, plus de moyens pour l’enseignement et de meilleurs services sociaux. Ce n’est que sur cette base que l’on peut promouvoir une véritable intégration. L’interdiction du voile est utilisée comme prétexte: cette question occupe les médias et permet de faire passer au second plan les véritables problèmes fondamentaux.

    Campagnes médiatiques

    L’attitude adoptée par les médias est particulièrement tendancieuse et partisane. Les couvertures et les articles consacrés au port du voile n’abordent que rarement les problèmes sociaux. Cela ne peut que faire penser à la manière dont bien des médias abordent une grève: en parlant des problèmes causés aux automobilistes par exemple, mais sans parler des revendications des grévistes, en laissant la parole aux « usagers en colère » et aux patrons, mais pas aux grévistes.

    En Flandre, les journaux et la télévision n’ont quasiment laissé parler – à de rares exceptions près – que les directions et les partisans de l’interdiction. Le mouvement d’opposition à cette mesure n’a été mentionné que parce que des vandales avaient saccagé une école juste avant qu’une action n’ait lieu. A cette occasion EGA a été traité dans le quotidien De Standaard de «groupes de Blancs anarcho-marxistes» et de provocateurs. Celui qui nous connaît un peu ne peut que sourire de cette présentation, mais cela illustre bien la manière dont les médias ont parlé des opposants à l’interdiction du voile.

    Les médias ne sont pas neutres. Ce sont au contraire des instruments au service de l’establishment. Les grévistes sont ainsi souvent présentés comme des fainéants. La même chose arrive maintenant à la communauté musulmane, présentée à tout bout de champ comme « irrationnelle » ou « radicale ».

    Nous pensons qu’on ne peut voir cette problématique précise sous l’angle des «symboles religieux» mais avant tout sous celui de problèmes sociaux plus profonds. Dans une société qui investirait massivement dans l’enseignement, dans les services publics, dans les soins de santé, dans l’emploi,… ce type de problème n’existerait pas. C’est sur ces points que combat principal doit se mener.


    Le marxisme et la religion

    Quand nous disons que nous nous basons sur le marxisme, cela ne signifie pas que nous appliquons religieusement une série de dogmes, mais plutôt que nous appliquons une méthode, élaborée à partir des leçons tirées des luttes de classes, qui permet de comprendre comment fonctionne la société de classes afin de mieux la combattre. Dans le cadre de la lutte contre le patronat et l’exploitation, la question de l’unité des travailleurs est cruciale.

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    A lire sur marxisme.org

    D’ici quelques mois, le PSL lancera une nouvelle version de son site théorique. Toutefois, en attendant, le site existant reste une bonne source d’informations. Autour du thème du marxisme et de la religion, nous vous conseillons les articles suivants (également disponibles en écrivant à la rédaction).

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    Pour Marx et Engels, tout comme pour d’autres marxistes après eux comme Lénine et Trotsky, la question de la religion a toujours été secondaire par rapport à la lutte des classes. Cependant, bien qu’ils aient été athées et qu’ils n’aient cessé d’affirmer que pour trouver une solution à un problème, il fallait lui appliquer une analyse scientifique et non pas religieuse, les partis dans lesquels ils se sont impliqués ont toujours été ouverts aux travailleurs croyants. La condition qu’ils mettaient en avant n’était pas que chaque travailleur abjure ses croyances avant de pouvoir prendre part aux organisations du mouvement ouvrier, mais simplement qu’ils ne devaient pas attendre leur dieu pour aider à résoudre les problèmes sociaux du monde, et donc participer à la lutte de la classe des travailleurs contre le patronat.

    Pour Marx, la religion est à la fois le fruit de la misère du monde et une protestation contre la cruauté de celui-ci («l’opium du peuple»). Lénine, lui, écrivait en 1905: «L’État ne doit pas se mêler de religion, les sociétés religieuses ne doivent pas être liées au pouvoir d’État. Chacun doit être parfaitement libre de professer n’importe quelle religion ou de n’en reconnaître aucune» Les véritables socialistes mettent en avant le fait qu’il existe une grande différence entre la religion des pauvres, comme le sont la majorité des musulmans au Moyen-Orient, et la religion des classes régnantes, comme celles des régimes arabes dictatoriaux. Pour la classe dirigeante, la religion est utile à faire partager à la population essentiellement pour tenir les masses sous contrôle.

  • Un budget qui ne s’attaque ni au chômage, ni à la pauvreté

    Van Rompuy a été très habile. Les médias présentent le budget comme étant un “équilibre” entre assainissements, impôts supplémentaires et divers revenus provenant des banques, du secteur énergétique et de la lutte contre la fraude fiscale et sociale. Vraiment ?

    Par Anja Deschoemacker

    Assainissements light?

    Les patrons parlent « d’opportunités ratées » et de « manque de mesures structurelles » dans la politique du marché de l’emploi et la sécurité sociale. La Belgique se fait aussi taper sur les doigts par la Commission européenne pour un déficit budgétaire « excessif » – ce qui fait de notre pays un des 20 (sur 27 !) pays qui se font taper sur les doigts. Avec un déficit budgétaire de 6% en 2009, la Belgique reste loin sous les 9,9% aux Etats-Unis pour l’année fiscale 2008-2009 (clôturée en septembre).

    Le gouvernement Van Rompuy suit le projet de développement proposé par le Haut Conseil des Finances : parvenir à un équilibre budgétaire pour 2015 en postposant les mesures plus dures pour 2011-2015, afin de ne pas mettre en danger la relance économique. C’est plus que ce qui est demandé par l’OCDE, qui prône un équilibre budgétaire pour 2017.

    Aucun équilibre

    Dire que le budget garantit que tout le monde paiera sa part pour la crise est un pur mensonge. Sérieusement, qui croit encore aux contes de fées ? Les nouveaux impôts seront largement portés par la grande majorité de la population, les banques et le secteur de l’énergie s’arrangeront pour récupérer leurs contributions en les facturant en retour aux consommateurs, les assainissements dans la fonction publique entraîneront des pertes d’emplois (sans doute pas par licenciements, mais en ne remplaçant pas des fonctionnaires qui partent en pension),…

    On pourrait parler «d’équilibre» si un Etat qui sait donner 25 milliards pour la crise bancaire pouvait également le faire pour les besoins sociaux qui continuent à grandir après déjà 30 ans de sous-financement.

    En réalité, le gouvernement donne aux soins de santé moins que la marge de croissance prévue de 4,5%. Ce secteur de la sécurité sociale va payer les déficits des autres secteurs, provoqués par la baisse continuelle des contributions «patronales» (5 à 6 milliards par an aujourd’hui). En plus, l’Etat – principalement par le biais des caisses de la sécurité sociale – a fortement subventionné les derniers accords salariaux. En fait, les travailleurs paient leurs propres augmentations salariales !

    Ce n’est que partie remise

    Les syndicats, qui avaient attendu pire, sont prudemment positifs. Le gouvernement n’est pas pressé de s’en prendre directement aux travailleurs et allocataires. D’abord, il ne faut pas risquer de casser la fragile reprise. Ensuite les travailleurs ont déjà montré leur colère ces dernières années dans les mouvements pour plus de pouvoir d’achat et pour le maintien des emplois. Et enfin, le gouvernement fédéral même est d’une nature particulièrement instable.

    Les mesures plus dures et plus structurelles à prendre dans ce qui nous reste encore de l’Etat-providence ne sont néanmoins pas abandonnées. Elles sont simplement postposées à la période 2012-2015/2017. D’ici là, les défenseurs «prudents» des intérêts du patronat espèrent que l’économie roulera de nouveau, mais aussi que le mouvement ouvrier sera «moins nerveux» et, surtout, que leur gouvernement sera renforcé. Ils espèrent aussi que les élections à tous les niveaux auront lieu en même temps, afin de pouvoir bénéficier de suffisamment de temps pour mener à bien cette attaque structurelle.

    Ce budget montre que le gouvernement est conscient de la puissance potentielle de la classe des travailleurs. La dernière chose dont le capitalisme belge, déjà si troublé, a besoin aujourd’hui, c’est d’un mouvement généralisé. Sur ce point, Van Rompuy fait bien son boulot en évitant toute provocation, même si tous les patrons n’en sont pas actuellement convaincus.

    Les échos prudemment positifs de la part des directions nationales de la FGTB et de la CSC semblent montrer qu’il a provisoirement réussi. Toutes deux disent rester «vigilantes». Mais cela ne veut pas dire qu’il n’y aurait pas de luttes: sur le marché de l’emploi, nous allons devoir affronter une hécatombe d’emplois ; dans les services sociaux et de soins de santé, des luttes seront nécessaires pour revendiquer plus de moyens afin d’enrayer la misère supplémentaire causée par la crise.

    Dans ces luttes, il sera nécessaire de renforcer la gauche dans les syndicats et de s’assurer qu’il n’y a pas seulement une “vigilance”, mais une réelle préparation à ce qui va nous tomber dessus au cours des prochaines années, y compris sur le terrain politique. Le PS, le CD&V et le CDH sont dans tous les gouvernements – fédéral, communautaire et régionaux – et sont coresponsables du plan pluriannuel pour le budget qui prévoit un plan d’assainissement d’au moins 135 milliards d’euros dans la période de 2012-2015. Il est clair qu’on ne peut pas compter sur eux pour être de réels représentants des travailleurs. Exiger de briser les liens avec ces partis reste donc une revendication importante vis-à-vis des directions syndicales. Le PSL continuera à populariser la revendication d’un nouveau parti des travailleurs.

  • Nationalisation d’Electrabel: pourquoi attendre?

    Electrabel et la société-mère Suez refusent de payer la contribution de 500 millions d’euros demandée par le gouvernement. Pour les contribuables ordinaires, il est bien entendu hors de question de refuser de payer… Mais pour une grande multinationale, apparemment, pas de problème! Si politiciens et juristes déplorent cette situation, ils disent qu’il n’y a rien à faire. Pourtant, il y a bel et bien quelque chose à faire: nationaliser le secteur de l’énergie.

    Suez, donc, ne veut pas payer ces fameux 500 millions d’euros que le gouvernement demande en échange de la prolongation des centrales nucléaires. Pour l’entreprise, c’est intéressant: produire de l’électricité bon marché revendue au prix fort. Résultat: de monstrueux bénéfices pour Suez. Que demander de mieux? Suez a déjà introduit un recours devant la Cour Constitutionnelle contre la contribution qu’elle a payé en 2008. Pour 2009, on attend la décision. Le patron de Suez, Gérard Mestrallet, a déjà averti: «Ce ne sera pas 500 millions d’euros mais zéro».

    Avec ce «zéro euro», Mestrallet joue à l’enfant trop gâté: la prolongation des centrales nucléaires représente des bénéfices de plusieurs milliards d’euros, pour lesquels il est hors de question de rien donner en échange. Prolonger de 20 ans le parc nucléaire actuel rapporterait 27 milliards d’euros à Suez, selon les estimations… Mais même dans le domaine des impôts ordinaires, Electrabel ne paye rien. En 2008, Electrabel n’a pas payé d’impôt. Pourtant, les bénéfices d’Electrabel sont supérieurs au milliard d’euros. Pas mal non? Nous payons le prix fort pour notre énergie tandis qu’Electrabel échappe à l’impôt. Et les politiciens osent encore parler «d’équilibre» à propos des revenus du gouvernement!

    Même avant 2008, les impôts ont également peu reçu. En 2006, 6% ont été payés (113 millions d’euros sur un résultat de 1,829 milliard) et, en 2007, quelques 6,4% (117 millions d’euros sur un bénéfice de 1,073 du milliard). Pour rendre ces montants astronomiques plus concrets, le bénéfice de 2006 correspond à 920 euros par famille belge!

    2008 a constitué une «mauvaise année» pour Electrabel: 92 millions d’euros de bénéfice «seulement». Après impôts, il s’agissait de 186 millions! Soit 94 millions de crédit d’impôt… La collectivité a donc fait cadeau de cet argent, qui correspond à un impôt négatif de -12% sur le résultat d’exploitation. Dommage que ce pourcentage ne s’applique pas à nous…

    Les politiciens disent maintenant que rien ne peut être fait contre des décisions prises à Paris. Mais il y a pas mal de Belges assis autour de la table de GDF Suez, à Paris (sans parler du fait que ce sont tout de même des politiciens tels que Verhofstadt et Di Rupo, il y a huit ans, qui ont vendu Electrabel). La privatisation et la libéralisation, cela veut dire que nous, nous devons payer plus, alors que les grands actionnaires de Suez se remplissent les poches. Et puis on peut encore parler de notre sécurité mise en jeu par la prolongation des centrales nucléaires…

    Les politiciens établis affirment haut et fort qu’il n’y a rien à faire: ils se trompent. Pourquoi ne pas nationaliser le secteur de l’énergie sous le contrôle et la gestion de la collectivité pour que l’énergie soit reconnue comme un besoin essentiel pour chacun? Doit on accepter qu’une nécessité de base soit avant tout considérée comme une source de profit? Comme un moyen d’enrichir quelques grands actionnaires au détriment de notre sécurité? Cet argent serait bien plus utile en recherches pour une énergie accessible et non polluante. Il faut retirer l’énergie des griffes des capitalistes, nationaliser le secteur énergétique au complet, sous le contrôle et la gestion de la collectivité!

  • Ecolo, nucléaire, réforme et révolution

    Lors du mouvement en faveur du pouvoir d’achat en 2008, l’Ecolo Philipe Defeyt avait pris sa plus belle plume pour défendre la position patronale qui était de nier et de minimiser le problème que vivait des millions de travailleurs et d’allocataires sociaux. De sa grandeur d’économiste, il avait toisé l’ensemble du monde ouvrier lui reprochant son manque d’analyse et de mémoire… Afin de prouver à monsieur Defeyt que les travailleurs ont de la mémoire allons un peu fouiller dans les réminiscences de notre mémoire.

    Par Alain (Namur)

    Retour en arrière…

    Nous sommes en 1999, année d’élections, la crise de la dioxine venant ternir le bilan de la majorité sortante. Cet événement a constitué un élément majeur pour comprendre la percée d’Ecolo et son entrée dans la famille des quatre grands partis. À cette époque, le parti vert était traversé par deux courants: les ‘réalos’ et les ‘fundis’.

    Les premiers voulaient participer à la gestion de l’Etat et y faire avancer des éléments de leur programme, les seconds voulaient rester dans la coalition jugeant la participation gouvernementale comme une compromission. Une législature plus tard, les Ecolos, qui débutaient dans les arcanes de la ‘realpolitik’, s’étaient mis une partie des électeurs à dos et avaient suscité pas mal de mécontentement dans leur propre base. La seule chose qui permit à l’époque de justifier la participation gouvernementale d’Ecolo étaient la loi de sortie du nucléaire signée en 2003. Après avoir été complice de privatisations d’entreprises publiques et d’attaques contre les travailleurs, Ecolo pouvait encore se profiler comme une organisation de gauche en exhibant la loi de sortie du nucléaire à l’horizon 2015, vielle revendication écologiste. De plus, cette loi était la démonstration par l’exemple que le parlementarisme et la participation gouvernementale était une stratégie efficace pour changer le cours des choses.

    Retour au présent…et la dure réalité

    2 octobre 2009: le ministre ‘socialiste’ de l’énergie annonce, suite à la lecture du rapport du GEMIX (un groupe d’expert chargé d’étudier la capacité d’approvisionnement en électricité de la Belgique) qu’il va demander de prolonger l’usage des centrales d’au minimum 10 et voir 20 ans, recommandation des experts. Les centrales avaient au départ été conçues pour une durée de 30 ans. Outre le buzz médiatique que l’information a généré, il convient de se poser quelques questions.

    Alors réforme ou révolution?

    Olivier Deleuze disait à l’époque que la loi serait un signal clair lancé au monde industriel. Quelle naïveté, quel candeur! Quelques leçons:

    • Le seul signal clair que perçoivent les industriels, sont ceux données par les variations du taux de profit!
    • En établissant un rapport de force favorable, on peut obtenir des acquis, mais ce n’est qu’avec un changement radical de société et par la sortie de la logique du profit qu’on peut les pérenniser (voir notre article Pourquoi nous faut-il une révolution? ou encore Environnement: Quelles méthodes de lutte utiliser?)

    En effet, Electrabel est en train de profiter de la situation actuelle pour négocier en position de force. La crise, qui a amené les gouvernants à ouvrir les vannes pour sauver le système, a vu la finance publique se dégrader. Bloqué dans le piège capitaliste, et par sa soumission aux intérêts des patrons et actionnaires, le gouvernement cherche de l’argent par tous les moyens.

    Electrabel fait actuellement des profits record du fait de l’amortissement des centrales, ceci tranquillement alors que nos facture s’alourdissent. Ce qu’on appel la ‘rente nucléaire’ est actuellement l’objet de la convoitise du gouvernement. Selon  Eric De Keuleneer, Professeur au département économique de l’ULB, la rente se chiffrerait au minimum à 1.2 milliard. Les estimations divergent et un chiffre régulièrement cité fait état de 850 millions. L’Etat se verrait bien, en échange de la prolongation de l’activité des centrales, récupérer 250 à 300 millions pour combler les trous dans son budget. Il faut savoir que si l’on prolonge de 10 à 20 ans l’activité des centrales, ce sont des milliards d’euros de profit qui vont être captés par les actionnaires d’Electrabel et au nombre de ceux-ci, le milliardaire Belge Albert frère, principal actionnaire privé de Suez. Malgré les promesses d’investissement dans l’énergie renouvelable et le maintient d’une énergie à ‘bas’ coût, il est clair que ce qui est en train de se passer c’est très certainement le vol du siècle!  

    Un système incapable de répondre aux besoins sociaux

     

    La question de savoir s’il est oui ou non souhaitable de sortir du nucléaire est une question qui divise la communauté scientifique. En réalité, il est difficile de se faire une idée objective de la question, tant les protagonistes sont liés et influencés par leur condition matérielle. Plus que jamais, il faut se battre pour une science indépendante des lobbys et une recherche scientifique publique nantie de moyen conséquents. Il faut aussi augmenter le niveau général de culture scientifique. Une démocratie réelle suppose un contrôle démocratique. Ce n’est pas à une dizaine d’experts que doivent être laissé le soin d’étudier la manière dont on produit et on gère notre énergie. Une chose est sûre, tant que la production d’énergie et la recherche scientifique reste aux mains du privé et de la soif de profits, le nucléaire restera excessivement dangereux et d’un prix extrêmement lourd pour les générations futures.

    Les multinationales de l’énergie ont bénéficié d’aides massives lors de la construction des centrales, ce qui les a rendue rentables. Aujourd’hui, elles font des profits en hypothéquant notre avenir et sans apporter de solution à la problématique des déchets nucléaires. Il est plus que jamais nécessaire de nationaliser le secteur énergétique et de le placer sous le contrôle des travailleurs et des usagers. On ne peut laisser des questions si importantes aux mains sans scrupule des capitalistes.

     

    Conclusion pour Monsieur Defeyt

    Malgré vos présupposés sur la mémoire des petites gens, nous sommes bien obligés de constater que votre méthode d’alors a échoué. Soyez sûr que nous mobiliserons le peu de cervelle qu’on nous prête pour nous souvenir des attaques que votre parti va porter au nom de la rigueur ou de l’austérité (selon le terme qu’il vous plaira)!

    Pour le reste, il nous faudra mobiliser notre énergie et toute nos forces dans la lutte, car les revendications de nationalisations des secteurs de l’énergie et du secteur scientifique, l’augmentation des moyens pour l’enseignement, etc. ce n’est pas dans vos beaux programmes ni avec vos belles paroles qu’on va les trouver.            

  • Budget fédéral en vue: Pour les banques, des piqûres symboliques – Pour nous, la démolition de notre niveau de vie

    Malgré l’absurdité propre à la politique belge, certaines choses restent prévisibles. Que tous les partis politiques traditionnels soient décidés à répercuter la crise essentiellement sur le dos des travailleurs par exemple. Tout aussi prévisible est le combat de boxe que simulent ces partis autour des mesures anti-crise, parce qu’il faut persuader la population que « tout le monde » contribue à l’effort et les coupables pour la crise encore plus que les autres.

    Dossier d’Anja Deschoemacker issu de l’édition d’octobre de l’Alternative Socialiste

    Depuis la fin de l’été, nous sommes inondés de titres de presse catastrophistes. Les pensions deviennent «impayables», le pays est «virtuellement en faillite», «Nous vivons au-dessus de nos moyens»,… L’opinion publique est ainsi peu à peu préparée à encaisser le plan d’austérité le plus dur depuis la Deuxième Guerre Mondiale.

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    Ampleur des assainissements

    Les détails définitifs des plans gouvernementaux ne sont pas encore connus mais, pour chiffrer l’ampleur des restrictions, le gouvernement se base sur les avis du Haut Conseil des Finances (HCF), qui veut un retour à l’équilibre budgétaire vers 2015. Le HCF affirme que, “sans mesures gouvernementales”, le déficit budgétaire atteindrait 7,4% du PIB en 2015, alors qu’il préconise que ce déficit soit ramené à 3% dès 2013. Pour “ne pas ralentir la relance économique” les grands efforts sont reportés à 2012. En 2010, 0,5% du PIB devrait être assaini, 1% en 2011 et 1,3% annuellement dès 2012 (minimum 45 milliards d’euros).

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    Après une récession de 3,1% cette année, le Bureau du Plan attend une croissance de 0,4% pour 2010 et de 1,9% pour 2011. Ceux qui sont un peu plus âgés se rappellent encore que les années ’80 ont été ressenties par les travailleurs et ceux qui n’ont que leur allocation pour vivre comme une crise prolongée. Et bien, dans les années ’80, la croissance annuelle moyenne était de 1,9% (chiffres du Bureau du Plan). Pour la période qui vient, c’est la croissance la plus haute attendue !

    Mesures symboliques…

    Tous les partis, même le MR et le VLD, claironnent que les “coupables de la crise” doivent être punis. Mais quand on regarde les propositions concrètes, même celles de Di Rupo ne contiennent que des cacahuètes si on les compare à ce qui est demandé aux enseignants dans l’enseignement francophone.

    Une «contribution de crise symbolique», personne ne va plus loin que ça. C’est la même chose qui se passe avec Electrabel, qui devrait payer une «contribution» (qui ne représente non plus pas grand-chose en comparaison avec ses profits) si on garde ses centrales nucléaires ouvertes au-delà de 2015.

    Les gouvernements du pays se sont imposés un régime. Mais en fin de compte, les décisions se limitent à diminuer un peu le nombre de ministres, travailler avec des cabinets un peu plus petits et écrémer les rémunérations (toujours) confortables des fonctionnaires politiques.

    …et vraies restrictions

    Rudi Thomaes, l’administrateur délégué de la FEB, a expliqué qu’on peut épargner au moins 5 milliards d’euros en ne remplaçant pas les 40% de fonctionnaires qui partiront en pension dans les dix ans qui viennent (ce qui signifierait une vraie coupe à blanc dans les services publics). Il est rejoint par Luc Coene, vice-gouverneur de la Banque Nationale, qui vient de lancer l’attaque sur les pensions (De Standaard, 18 septembre) et qui a été soutenu par divers articles dans la presse flamande qui affirment que le Pacte des Générations «n’allait pas assez loin», parce que le nombre de prépensionnés continue à augmenter. Ce qui est apparemment un tout gros problème pour Timmermans, le directeur général de la FEB, qui explique que le maintien de la prépension mènera, quand l’économie redémarrera vraiment, à des «salaires trop élevés» à cause des pénuries sur le marché de travail.

    Que les travailleurs doivent supporter cette ritournelle depuis 30 années et que cette politique n’a apparemment pas évité la crise…, ce ne sont que des détails pour ces messieurs !


    Sursis avant exécution

    Aujourd’hui les choses doivent surtout être calmées et dans les deux années qui viennent (2010 et 2011) on ne devrait avoir, selon le gouvernement et les medias, que des «assainissements light» (voir ci-dessus). Pendant ce temps, le climat social doit être préparé pour une austérité dure à partir de 2012.

    Dans cette préparation, ce n’est pas des contributions – même symboliques – des responsables de la crise dont on parle le plus. Non, ce sont surtout les attaques contre les services publics et la sécurité sociale qui font la une. Aujourd’hui Luc Coene (ex-chef de cabinet de Verhofstadt, maintenant vice-gouverneur de la Banque Nationale) se borne encore à parler prudemment d’« écrêter les pensions les plus hautes des fonctionnaires ». Mais, dans un avenir proche, c’est la péréquation (l’adaptation automatique des pensions de fonctionnaires aux augmentations salariales dans leur secteur) qui va être mise en question.

    Pour pouvoir couper dans la sécurité sociale et les dépenses des services publics, il va falloir passer par la fameuse «réforme de l’Etat». Les divers gouvernements sont tombés d’accord sur la clé de répartition pour les coupes budgétaires: 65% des assainissements à faire pour l’Etat fédéral et 35% pour les administrations régionales et locales. Dans les deux communautés, le personnel de l’enseignement (et avec lui, les enfants et les jeunes) se voit déjà – même dans une période dite d’assainissements « doux » – présenter la facture de la crise.

    Des 2012, une nouvelle clé de répartition devra être déterminée. Une formule plus définitive devrait passer par un changement de la loi de financement ou par un transfert des coûts fédéraux (entre autre des parties de la sécurité sociale et des pensions des fonctionnaires) vers les Régions et les Communautés sans transfert des budgets – c’est-à-dire par une réforme de l’Etat.


    Si nous ne luttons pas, nous perdrons tous nos acquis

    Les chiffres du Haut Commissariat aux Finances annoncent déjà que les efforts exigés vont être énormes. Entre 2012 et 2015, les coupes budgétaires devraient atteindre au minimum 135 milliards d’euros. Une petite comparaison est éclairante : le Plan de Val Duchesse (1986) regroupait des coupes pour 140 milliards de… francs belges !

    Les partis traditionnels ne comptent aller chercher que quelques miettes dans les poches des riches. Il n’est pas question de remettre en cause les diminutions des contributions patronales à la sécurité sociale (5 à 6 milliards d’euros par an), ni d’augmenter les impôts des entreprises, ni de remettre en cause la diminution des impôts personnels (3,5 milliards d’euros par an) qui a bénéficié essentiellement aux couches les plus riches.

    Pour ne pas faire payer la crise aux riches, depuis le milieu des années ’70, l’Etat s’est de plus en plus endetté. Tout au long des années ’80 et ’90, les travailleurs et les allocataires ont vu leur pouvoir d’achat et leur niveau de vie systématiquement rabotés avec l’excuse qu’il fallait payer la dette de l’Etat. Le chômage structurel s’est installé (aujourd’hui 1,5 million de gens reçoivent l’une ou l’autre allocation de l’Onem !) et le chômage officiel a grimpé de 6% à 15%. Ce qui pouvait encore être payé par une famille avec un seul salaire n’est plus possible aujourd’hui qu’avec deux salaires. Dans les années qui viennent, cela risque tout simplement de ne plus être possible.

    Les enseignants francophones montrent déjà aujourd’hui qu’ils ne sont pas prêts à payer la crise. Il va falloir une lutte – mais une lutte généralisée de tous les secteurs et avec une stratégie claire. Les syndicalistes combatifs vont devoir se battre dans les syndicats pour imposer une telle stratégie – dans laquelle une rupture avec les partis soi-disant « amis » (les PS, SP.a, CDH et CD&V) sera une condition minimale. Politiquement, le mouvement des travailleurs est toujours sans-abri, ce qui est un frein énorme à une stratégie efficace.

    Mais la capacité du mouvement des travailleurs à éviter le bain de sang social et à arriver à une solution positive pour la majorité de la population reste entière. Le PSL continuera à faire tous les efforts possibles pour arriver à une stratégie d’action combative sur le plan syndical et à une nouvelle représentation politique des travailleurs. Le choix entre cette option et un bain de sang social est d’une intensité sans précédent.

  • Quelques éléments de sociologie pour aborder la question du voile

    La question du voile divise, elle divise même les rangs de la ‘gauche’ progressiste. Plusieurs intellectuels de ‘gauche’ ce sont prononcés en faveur de l’interdiction, tout comme les Femmes Prévoyantes Socialistes et le Centre d’Action Laïque. Ils rejoignent ainsi la ligne du MR de Reynders à Defraigne qui a entamé, au nom du bon sens et de la sécurité, un combat contre le port du voile. Au-delà de l’instrumentalisation qu’en font les médias et les partis politiques (pour qui il est bien pratique d’avoir à se prononcer sur autre choses que sur les attaques antisociales), quelle attitude adopter à l’égard du voile?

    Par Alain (Namur)

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    Egalement, sur socialisme.be:

    • Interdiction du foulard: Diviser pour régner
    • ISLAM & SOCIALISME, par Hannah SELL
    • Lénine: Socialisme et religion
    • Lénine: De l’attitude du parti ouvrier à l’égard de la religion
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      Les lecteurs de Socialisme.be ont déjà eu l’occasion de lire différents articles abordant cette question et notre position; contre l’interdiction. Pour poursuivre le débat, il nous a semblé intéressant de faire référence aux constatations du sociologue E. Durkeim. Il fait la constatation suivante en évaluant l’impact de la religion sur le taux de suicide:«Ce n’est pas avec des démonstrations dialectiques qu’on déracine la foi ; il faut qu’elle soit profondément ébranlée par d’autres causes pour céder aux chocs des arguments…». (Le suicide, Emile Durkeim).

      Cela est conforme aux connaissances des sciences psychologiques et de l’apprentissage. On appelle dissonance cognitive l’état dans lequel se trouve le cerveau lorsqu’il est en présence de faits qui choquent ses représentations mentales: comme des membres d’une secte qui croient arriver la fin du monde et qui constatent que malgré la date fatidique ils sont encore en vie…

      Il se produit alors un phénomène de régression de la dissonance cognitive, qui va chercher à retrouver un équilibre. Cela peut se traduire par un renforcement des croyances antérieures en dépit de la réalité. Cela s’explique par le fait que l’individu a tellement ‘investit’ qu’il veut éviter de remettre en cause l’ensemble de son système de croyance cognitive, un ensemble de connaissances et d’apprentissages que l’individu a fait durant toute sa vie. Ce système inclu la manière dont l’individu perçoit le monde et la manière dont il se perçoit dans ce monde et le détruire serait trop instable rationnellement et rationnellement.

      Lénine a abordé la question de la religion dans différents textes, notamment dans "De l’attitude du parti ouvrier envers la religion": "Le marxisme est un matérialisme. A ce titre il est aussi implacablement hostile à la religion que le matérialisme des encyclopédistes du XVIII° siècle ou le matérialisme de Feuerbach. (…) Mais le marxisme n’est pas un matérialisme qui s’en tient à l’a b c. Le marxisme va plus loin. Il dit : il faut savoir lutter contre la religion ; or, pour cela, il faut expliquer d’une façon matérialiste la source de la foi et de la religion des masses. (…) La situation sociale défavorisée des masses travailleuses, leur apparente impuissance totale devant les forces aveugles du capitalisme, qui causent, chaque jour et à toute heure, mille fois plus de souffrances horribles, de plus sauvages tourments aux humbles travailleurs, que les événements exceptionnels tels que guerres, tremblements de terre, etc., c’est là qu’il faut rechercher aujourd’hui les racines les plus profondes de la religion. (…) Aucun livre de vulgarisation n’expurgera la religion des masses abruties par le bagne capitaliste, assujetties aux forces destructrices aveugles du capitalisme, aussi longtemps que ces masses n’auront pas appris à lutter de façon cohérente, organisée, systématique et consciente contre ces racines de la religion, contre le règne du capital sous toutes ses formes."

      Les racines de la religion sont sociales, elles sont liées aux conditions de vie des masses et au système de production. Les conditions de vie indigente dans laquelle les masses exploitée sont plongées, sans secours face aux forces aveugles du capitalisme sont le substrat de l’esprit religieux. Aucun manuel scolaire ne peut éradiquer la religion, il convient donc à la propagande marxiste de subordonner le combat contre la religion à sa tache principale: l’explication des conditions d’émancipation des travailleurs à travers la lutte des classes.

      Pour la question spécifique du voile, quelques remarques s’imposent :

      Il règne dans cette question une grande hypocrisie. Ceux qui veulent interdire le voile dans les services publics sous prétexte de neutralité ne parlent pas d’enlever les portraits de Sa Majesté, un appui flagrant au système monarchique qui est loin d’être "neutre". Au-delà de cela, le concept de neutralité de l’Etat est particulièrement absurde dans la mesure où celui-ci est un instrument aux mains des classes dominantes afin d’assurer leur domination.

      Pour ce qui est de l’interdiction du voile dans les écoles. L’une des premières conditions de succès d’un apprentissage c’est que l’apprenant se sente en sécurité (sécurité considérée ici au sens large) dans son école et qu’il soit dans un contexte émotionnelle positif qui va favoriser la rétention d’information et le stockage de celle-ci. L’école ne doit pas seulement être considérée comme un lieu d’emmagasinement de savoir, mais comme un centre d’apprentissage et d’expérimentation ainsi qu’un lieu de vie. Comment, une personne pourrait se reconnaitre et se sentir en sécurité dans une institution qui nie une partie de son identité? Les problèmes de disciplines que rencontrent les professeurs sont suffisamment complexes pour qu’il ne faille en rajouter avec une énième interdiction arbitraire.

      Pour les arguments de types sécuritaires: nous les attendons toujours. À Bruxelles, c’est une trentaine de procès-verbaux qui ont été dressés suite au port de la Burqua. Avant d’aller pondre des lois sur cette question ultra-mineur, les législateurs devraient se demander comment se fait-il que le montant de la fraude fiscale est si énorme… Les Défenseurs de l’interdiction n’ont jamais expliqué en quoi le voile alimenterait l’insécurité. On peut mettre le MR au défi de venir le démontrer chiffres et arguments à l’appui.

      À ceux qui voudraient argumenter en ce prétendant féministe et progressiste, nous répondons que c’est aux femmes de choisir de porter ou de ne pas porter le voile. Quel étrange conception de la liberté ont ces gens: crier à la liberté avant d’imposer leur propre vue! Il faut quand même donner un honoris causa au Mouvement Réformateur pour sa constance dans la démagogie et la pusillanimité de leurs arguments. Didier Reynders et ses amis estiment que la femme prend ses décisions de manière autonome à partir de 16, 17 ans. Pour les libéraux, donc, avant cet âge, l’individu est tributaire de la pression sociale, et, après cette âge béni s’il en est, l’individu pense de manière autonome et expérimente le libre arbitre. C’est méconnaitre l’ABC de la sociologie.

      Dans chaque groupe quel qu’il soit (groupe de musique, équipe de foot, ville, ethnie,…), il existe une pression sociale qui s’exerce afin que les individus se conforment aux normes intrinsèques au groupe. C’est donc une vérité de Lapalisse de dire que les femmes musulmanes sont soumises à une pression sociale. Dans notre société, l’impact de la publicité effectue la même pression sur l’ensemble de ses membres. Prenons l’image présentée par les médias de la femme dans la publicité, on y voit une femme considérée comme objet sexuel, comme attribut de réussite, comme éléments inférieur à l’homme. Cela a un impact sur la manière dont les petits garçons et les petites filles, mais aussi les adultes, se comportent. Un phénomène de pression sociale dû à la société patriarcale est aussi l’hypersexualisation chez les enfants et les adolescents. Ce phénomène a des conséquences graves tels que : anorexie, dépression et mal être, grossesse non-désirée, viol, trouble sexuel,… Mais jamais le MR n’a parlé de la pression de l’industrie capitaliste sur nos enfants, Defraigne n’a jamais voulu légiférer pour tenter d’endiguer ce phénomène.

      Dans l’état actuel de notre système scolaire, l’interdiciton du port du voile ne ferait que renforcer encore la ségrégation sociale qui a largement cours dans nos écoles. Les progressistes repasseront. Enfin, aux Dufraigne, Ducarme et tout les propagateurs de peurs et de haine, le clash des civilisations à la Huntington est bien commode pour essayer de diviser les travailleurs alors que les différents gouvernements s’apprêtent à attaquer les acquis de toute notre classe. Si la condition de la femme intéressait vraiment le MR, ces élus proposeraient des lois pour créer plus de centres d’accueil pour femmes battues, pour aboutir à une vraie égalité salariale homme-femme ou encore pour mettre en place un service public qui aurait comme attribution les travaux domestique qui sont, même en Europe, encore le lot de la gente féminine (la double tâche)… Ce ne sont que quelques exemples…

      Ne nous laissons pas avoir par la propagande populiste d’un MR aux abois: tout ce qui nous divise nous affaiblit!

  • La fin de la récession? Pour les travailleurs et leurs familles, le pire reste encore à venir

    A en croire le Fonds Monétaire International, la récession aurait atteint un plancher et «la reprise de l’économie mondiale a commencé». Cela ne s’est pas fait grâce à la «main invisible» du marché, mais bien grâce aux autorités qui se sont largement endettées afin de sauver le système. Pour éviter l’effet boule de neige des intérêts à payer, elles seront obligées des années durant, de couper fortement dans les dépenses publiques tout en cherchant de nouvelles sources de revenus.

    Analyse, par Eric Byl

    Des bourgeons verts?

    Selon Obama, l’économie a été sauvée de la catastrophe, échappant à une dépression comme celle des années ‘30. En juin, la perte d’emplois aux Etats-Unis a été réduite de moitié par rapport aux mois précédents et limitée à «seulement» 250.000. Malgré ça, le gouvernement s’attend à un chômage de 10% pour la fin de l’année (contre 9,4% aujourd’hui). Mais, si l’on prend en compte les contrats temporaires involontaires et les chômeurs «démotivés», il atteint déjà les 16,3%. «Joe Six-pack» (le travailleur américain moyen) à déjà perdu 3,4% de son revenu sur base annuelle – le recul le plus important depuis le début des statistiques en 1960 – une diminution ininterrompue depuis huit mois. Parallèlement, sa productivité a augmenté de 6,4%. Le coût du travail payé par le patronat a baissé de 5,8%, la plus grande chute depuis 2001.

    Il faut d’ailleurs toujours relativiser les «bonnes» nouvelles venant des USA. Le nombre de saisies immobilières a atteint un nouveau record en juillet. Malgré la prime de 250 $ accordée aux retraités et aux allocataires en mai, l’économie s’est encore contractée au deuxième trimestre de 0,3% par rapport au premier trimestre, ce qui fait un recul de 3,9% en un an. L’Europe aussi à ses «bourgeons verts». Tant les économies allemande que française ont connu une croissance modeste de 0,3% ce deuxième trimestre après 4 trimestres de recul. La prime pour le remplacement des vieilles voitures n’y est certainement pas étrangère. Mais tant les économies de Grande-Bretagne (-0,8%) que celle d’Espagne (-0,9%), d’Italie (-0,5%), des Pays-Bas (-0,9%) et de Belgique (-0,4%) ont connu un rétrécissement considérable ce deuxième trimestre. Sur base annuelle, l’économie allemande a reculé de 5,9%, la française de 2,6% et la belge de 3,8%. La production industrielle de la zone Euro s’est réduite pendant cette même période de pas moins de 17%.

    La nouvelle de cet été, c’est la croissance des pays asiatiques, qui a atteint 10% en moyenne. Si ce chiffre est contesté en Occident, aucun doute ne peut pourtant exister: les stimulants fiscaux y ont été plus amples et ont eu un effet plus immédiat. Mis à part l’Inde, tous ces pays sont entrés en récession avec des budgets publics plus sains et avaient donc plus de marge pour intervenir. Les dettes des entreprises et des particuliers y étaient aussi plus limitées. Les banques asiatiques étaient encore en meilleur état que les occidentales. Sans pouvoir échapper à la récession mondiale, ces pays étaient mieux équipés sur le plan fiscal et monétaire pour y faire face.

    Dangers en vue

    Les dangers d’une rechute restent pourtant nombreux. La politique monétaire actuelle menace de gonfler de nouvelles bulles. Sur le marché chinois, les actions s’échangent ainsi à 31 fois les profits estimés, contre 18 fois en moyenne dans les pays riches.

    Il n’est donc pas anodin que le prix Nobel Paul Krugmann ait déclaré que les autorités pourraient avoir été trop généreuses et auraient ainsi raté l’occasion d’appliquer des réformes structurelles. Il craint de nouvelles bulles spéculatives et un retour à la case départ dans quelques mois. L’économiste Ivan van de Cloot est réaliste lorsqu’il qualifie la Bourse de maniaco-dépressive: «un pendule qui oscille entre la peur et l’avidité». Et ce n’est d’ailleurs pas encore fini. Selon le FMI, les banques européennes auraient seulement assaini 17% de leurs mauvais actifs. Le stress test (simulation de conditions très défavorables) de septembre forcera beaucoup de banques à renforcer leurs capitaux. Les pouvoirs publics belges, les plus généreux en Europe après l’Irlande et la Grande-Bretagne, n’osent pas y penser, eux qui ont déjà dépensé 26,7% du PIB (92 milliards d’euros) pour sauver les banques.

    Reprise économique ou pas, on s’attend partout à une hausse du chômage, qui devrait atteindre, en Belgique, 70.000 personnes cette année et 110.000 l’an prochain. La consommation, facteur le plus important de la croissance économique, sera ainsi freinée. L’illusion de croissance à déjà fait doubler le prix du pétrole en seulement 6 mois et d’autres matières premières suivent le même chemin. Les coûts de production et de transport des entreprises vont déraper. La croissance ne viendra donc pas non plus des investissements des entreprises. Ces augmentations de prix ne sont d’ailleurs pas dues à une croissance de la demande, mais principalement à la spéculation. De leur côté, les autorités devront compenser les sommes mirobolantes offertes pour sauver les banques par une politique d’assainissement. Finalement les banques resteront fort prudentes dans l’octroi de crédits.

    Si reprise économique il y a, elle sera très faible et ira de pair avec des attaques contre le niveau de vie et les conditions de travail des travailleurs et de leurs familles. Une nouvelle chute économique est probable, car si la politique anticrise a énormément coûté, elle a très peu résolu. Ce système de profits ne peut être sauvé, régulé, ni même domestiqué, il doit être remplacé par un système où l’on produit en fonction des besoins de tous au lieu des profits de quelques-uns. C’est cela que nous appelons socialisme.

  • Crise de surproduction : le secteur agricole largement touché lui aussi

    Lors de la dernière foire agricole de Libramont, les producteurs laitiers ont tenu à marquer l’ouverture en menant des actions pour perturber la cérémonie officielle. Ils ont à ce titre détruit l’emplacement des stands fédéraux, en particulier celui de L’AFSCA. C’était le prolongement de diverses actions de blocage menées depuis des mois par les producteurs excédés par la situation catastrophique des prix du lait. D’où vient la crise qui sévit dans le secteur agricole et quelles sont les solutions face à celle-ci.

    Par Alain (Namur)

    Le secteur agricole occupait en 2007, 46.500 personnes à temps plein et 42.541 personnes à temps partiel. Depuis des années, le nombre de personne occupées dans ce secteur est en diminution constante (en 2001, il y avait respectivement 53.857 et 49.011 personnes actives dans ce secteur). Il y a de plus une tendance lourde de diminution du nombre d’exploitations agricoles: alors qu’en 1998 il y avait 65.674 exploitations agricoles, en 2007 il n’en restait plus que 48.013. Il faut à ce titre noter que le nombre d’hectares de surface cultivée n’a pas marqué une telle diminution: de 1.390.801 hectares en 1998, nous sommes passés en 2007 à 1.370.285 hectares de surface agricole utilisée (avec une tendance à la baisse qui commence à se marquer en 2005). En clair, les exploitations sont de plus en plus grosses. (Les données de ce paragraphe proviennent de l’Institut National des Statistiques)

    Dans le domaine agricole, la mécanisation et l’amélioration des rendements des variétés cultivées ont rendu la concurrence très acerbe. Suite à cela, la situation de ceux qu’on appelle les petits cultivateurs s’est dégradée. La responsabilité de cette situation revient entièrement à la manière dont fonctionne le système. En effet, afin de maximiser son profit, l’entrepreneur individuel investit dans des machines plus performantes, dans des variétés et des espèces plus productives et combat tout se qui pourrait attaquer son rendement, en utilisant force de pesticides, incecticides, fongicides,… (des produits phytosanitaires). Ce comportement rationnel à l’échelle individuelle, multiplié par tous les exploitants agricoles, fait que le stock de produits agricoles sur le marché, l’offre, est fortement supérieur à la demande effective. Cela a conduit les ministres des pays de l’Union Européenne à développer des mesures protectionnistes dans un premier temps et puis, les règles de libre échange forçant, à adopter des mesures d’aide à l’exportation et des systèmes de quota de production.

    Actuellement, la commission européenne veut aller vers une réduction des quotas afin de permettre au libre marché d’offrir le prix juste au citoyen. Cela signifierait sans nul doute l’accroissement de la tendance à la baisse du nombre d’exploitants avec un effet d’augmentation du nombre de chômeurs (surtout parmi les ouvriers agricoles, mais également nombre d’anciens exploitants surendettés). Cette situation est un exemple des contradictions dans lesquelles la classe paysanne est engluée.

    Les agriculteurs ont en effet tendance à voter massivement pour les chrétiens-démocrates et pour les libéraux. Mais ceux qui au niveau belge se présentent comme les grands défenseurs de la cause paysanne sont en réalité leurs plus grands fossoyeurs par la politique qu’ils mènent au niveau européen.

    Nous n’entrerons pas ici dans les conséquences de l’agriculture intensive et chimique sur l’environnement et la santé humaine, mais il convient toutefois de noter que ce type d’agriculture est dû aux logiques économiques qui prévalent actuellement.

    De manière plus concrète, on peut prendre l’exemple des producteurs de lait, ceux-ci ont un coût de production moyen de 0.33 euro par litre, alors que le prix auquel ils vendent le lait est actuellement de 0.18 euro… il y a un an le prix avoisinait encore les 0.36 euro. De plus, la spécificité du secteur laitier est que la capacité de stockage du lait est limitée dans le temps. On peut encore ajouter qu’une fois l’investissement consenti pour des races de vaches plus productives, on ne peut pas leur demander de produire moins…

    Dans la production céréalière, Le Soir (édition du 22 août) nous apprends ceci: les rendements ont augmenté de 5 à 10% grâce au temps clément cette année (hivers rigoureux ce qui décime les ravageurs, alternance de pluie et de bonne période d’ensoleillement pendant l’été). Ceci devrait faire le bonheur des exploitant et, en fait, comme l’enseigne «l’effet King», c’est une catastrophe: un bon rendement agricole annuel fait baisser les prix. Le prix de la tonne de blé est à 90.5 euros, un des prix les plus bas depuis 1945, alors que la tonne se vendait encore à 150 euros l’an dernier. En 2007, la tonne se vendait encore 250 euros! Pour le secteur du blé, la capacité de stockage est plus importante (on peut vendre jusqu’au 31 mai 2010 ce qui a été récolté pour la saison 2009). Là, cela dépend de la réserve en liquidité de chaque exploitant et il n’est pas dit que le prix va aller en augmentant. Il faut espérer pour les producteurs belges que la récolte dans l’hémisphère sud soit mauvaise afin de faire remonter les prix…

    Voilà où en sont les agriculteurs belges, à espérer que des crickets géants ou des pluies torrentielles ravagent les récoltes d’autres exploitants du sud qui ne sont déjà pas dans une bonne situation et qui risque aussi de tout perdre. C’est à cette situation que conduit la «main invisible» du libre marché…

    La surproduction dans le secteur laitier est un problème structurel. La suppression des quotas, comme le réclame l’Union Européenne, va encore l’accentuer. Néanmoins, les revendications des agriculteurs ne vont pas non plus les sortir du gouffre. Ces derniers veulent une diminution des quotas (de 5%), ce qui rétablirait quelque peu les prix. Mais en conséquence, la consommation diminuerait, ce qui risquerait d’accroître encore la crise de surproduction par la suite. Les grandes surfaces ont accordé 0.05 euro d’augmentation aux producteurs de lait après plusieurs mois de blocage. Cela a partiellement calmé les agriculteurs qui par ailleurs ont également reçu une aide du ministre régional de l’agriculture (une enveloppe de 20 millionsd’euros). Ces 20 millions sont une goutte dans l’océan et, au vu du manque à gagner des producteurs, les 0.05 euros sont un pis-aller. De plus, les poches qui vont supporter ces maigres acquis sont encore une fois les travailleurs et les allocataires sociaux puisque les augmentations seront répercutées sur les prix en rayon.

    En ce qui concerne le blé, la production mondiale pour 2009 est estimée à 660 millions de tonnes, pour une demande estimée à 640 millions, et ce sans compter les stocks… Donc, alors que la récolte n’est pas encore terminée, nous sommes déjà en surproduction. Mais aucun espoir de voir un quelconque effet positif pour nos poche, le prix du blé ne représente en moyenne que 15% du coût de production du pain!

    Tout cela nous offre un aperçu de l’inefficacité du système capitaliste en ce qui concerne un des aspects les plus importants de la vie humaine: la production de nourriture. Rappelons encore qu’un enfant meurt de faim dans le monde toutes les 5 secondes…

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