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  • Concentration du front commun syndical : ‘‘La résistance commence aujourd’hui!’’

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    Nous étions environ 7.000 militants aujourd’hui réunis à Bruxelles à l’appel du Front commun syndical pour dénoncer les actuelles négociations pour gouvernement ‘‘qui n’a qu’une oreille, celle de droite, pour n’entendre que la bouche des patrons’’, comme cela a été clamé à la tribune. Dénoncer, oui, mais aussi poser le premier pas de la résistance concrète contre l’attaque frontale inédite contre la sécurité sociale et le monde du travail en discussion par la coalition kamikaze.

    Augmentation de l’âge de la prépension, attaques sur les salaires, mesures antisyndicales, travail forcé pour les chômeurs,… c’est une véritable catastrophe sociale qui est en préparation. Selon un rapport du Bureau du plan, se plier au diktat austéritaire de l’Union européenne se paierait cash en termes d’emploi : pas moins de 47.000 emplois seraient ainsi en danger, comme cela a été rappelé de la tribune syndicale. Autre chiffre : le saut d’index prévu par cette coalition de droite dure reviendrait à une perte de 20.000 euros sur la carrière d’un jeune travailleur.

    ‘‘Faisons payer la crise aux riches !’’

    Ce slogan a été scandé avec enthousiasme avant la prise de parole des dirigeants de la FGTB, de la CSC et de la CGSLB. Et, c’est certain, les moyens ne manquent pas chez l’élite capitaliste, pour qui la crise a été le moyen d’accentuer plus encore le transfert de richesses de la collectivité vers les poches des grands patrons, spéculateurs et actionnaires professionnels. En Belgique, les 10% les plus riches possèdent 44% de la richesse nationale alors que 15 % de la population vit sous le seuil de pauvreté (ce serait 42 % sans la sécurité sociale).

    Il a été déclaré à plusieurs reprises que ce rassemblement n’était qu’un début. ‘‘La résistance commence aujourd’hui’’, a par exemple dit Rudy De Leeuw, le président de la FGTB. Marc Leemans, celui de la CSC, a quant à lui terminé son discours par ces mots : ‘‘On se donne rendez-vous bientôt’’. L’automne s’annonce chaud, et il faudra sérieusement discuter de la meilleure manière d’informer, sensibiliser et mobiliser autour d’un plan d’action combatif pour faire reculer l’austérité sous toutes ses formes.

    Pas de Thatcher en Belgique! Pour un plan d’information et d’action, pour la construction d’un mouvement de masse!

    La ‘‘paix sociale’’, dont il faudra un jour honnêtement tirer le maigre bilan, est déjà brisée par le camp d’en face. Il est plus que temps d’organiser la riposte contre l’arrogance patronale, et la colère ne manque pas.

    Le PSL était présent avec plusieurs dizaines de militants, occasion de défendre nos proposition pour l’organisation de la lutte, mais aussi de prendre le pouls des syndicalistes présents. Chacun d’entre eux a son exemple de la manière dont les directions d’entreprises se sentent les coudées franches.

    Des travailleurs d’un call center nous expliquaient ainsi la multitude de problèmes qui se posent sur leur lieu de travail, des primes qui ne sont pas payées aux licenciements abusifs. La charge de travail qui s’accroit sans cesse est un autre point qui est régulièrement revenu. Une délégation des travailleurs de Delhaize était aussi présente pour rappeler leur combat contre la menace de la destruction de 2.500 emplois. Les grévistes de BM&S tenaient un stand avec une pétition de solidarité pour soutenir leur lutte pour la réintégration de 5 de leurs collègues. ‘‘On lâche rien’’, proclamait leur banderole. C’est le message central à garder en tête : la riposte sociale doit être organisée de manière à ne pas céder un pouce de terrain et à reparti à l’offensive pour la protection de nos conquêtes sociales et l’obtention de nouvelles.

    Nous avons distribué plusieurs milliers d’exemplaires de notre tract, qui consacrait une place importante à diverses propositions pour ‘‘bloquer cette politique’’ et ‘‘construire un bon rapport de force et un mouvement de masse’’.

    ‘‘Pourquoi ne pas mener une campagne d’information, avec de bons arguments, des tracts et des affiches pour discuter sur les lieux de travail et motiver les collègues ? Il nous faudrait un mot d’ordre concret pour riposter ensemble et éviter de partir au combat en ordre dispersé. Cela pourrait être une manifestation nationale ou une série de manifestations et de meetings provinciaux pour mesurer la combattivité. La tenue d’assemblées générales sur les lieux de travail pendant les heures de travail pourrait y être annoncée. Un plan d’action pourrait ainsi être soumis à la discussion, avec des grèves et des manifestations provinciales à tour de rôle débouchant sur une grève générale nationale de 24 ou 48 heures. Si le gouvernement n’a toujours pas reculé ou n’est pas de suite tombé, l’idée d’une grève générale reconductible chaque jour peut être soumise au vote une semaine plus tard lors d’assemblées générales sur les lieux de travail. (…)

    ‘‘Les grèves générales de 1993, de 2005 et du 30 janvier 2012 ne visaient pas à faire chuter le gouvernement. Chaque alternative possible semblait encore plus à droite que le gouvernement de l’époque. Mais cela ne signifie pas que le mouvement syndical doit se jeter dans les bras de la tripartite ou des coalitions ‘‘alternatives’’ de Bruxelles et de Wallonie. Là, les symboles sont sauvegardés, mais la stratégie suivie – à l’instar de celle du gouvernement fédéral précédent – revient aussi à appliquer l’austérité, mais avec les bords les plus tranchants émoussés.’’

    Quel programme défendre ?

    Jamais autant de richesses n’ont été produites qu’aujourd’hui. Ce constat, nous sommes évidemment loin d’être les seuls à le faire. A la tribune, les diverses prises de paroles ont accordé une large place à la justice fiscale. ‘‘Un impôt sur la fortune rapporterait 6 milliards d’euros et chaque année, 20 milliards d’euros de fraude fiscale échappent à l’impôt’’, a-t-on pu entendre.

    Le PSL défend aussi une fiscalité plus juste, mais les capitalistes et les propriétaires immobiliers vont faire payer la pression fiscale aux consommateurs, aux travailleurs ou aux locataires, ou tout simplement à organiser la fuite des capitaux. Seule la nationalisation des secteurs clés de l’économie sous contrôle démocratique de la collectivité nous offrira les garanties nécessaires à l’application de ce programme.

    Il faut sortir de ce système anachronique de propriété privée des moyens de production et de course aux profits – le capitalisme – qui n’a que misère et austérité à nous offrir. Selon nous, la lutte concrète d’aujourd’hui doit être liée à la défense d’une société socialiste démocratique, une société où les connaissances et les moyens disponibles seraient gérés au service de tous et dans le respect de l’environnement grâce à une planification démocratique de la production économique.

    – Rétablissement total de l’indexation, négociations salariales libres et salaire minimum de 15 euros bruts de l’heure !
    – Non à la dégradation des contrats de travail par la sous-traitance, l’intérim ou les autres emplois précaires !
    – Bas les pattes du statut des fonctionnaires ! Aucun démantèlement des services publics ! Aucune privatisation ou libéralisation ! De l’insourcing au lieu de l’outsourcing !
    – La prépension à 55 ans, pour des systèmes de fin de carrière avec diminution du temps de travail et pension anticipée à 60 ans !
    – Augmentation des pensions à minimum 75% du dernier salaire avec un minimum de 1500 euros par mois!
    – Pas de service communautaire pour les chômeurs ! Attaquons le chômage par la diminution généralisée du temps de travail à 32 heures/semaine sans perte de salaire et avec embauches compensatoires!
    – Pour un plan d’information et d’action combatif et démocratiquement élaboré !
    – Pour la nationalisation sous contrôle et gestion démocratiques des entreprises qui procèdent à des licenciements collectifs !
    – Pour l’expropriation et la nationalisation sous contrôle et gestion démocratiques des secteurs clé de l’économie (finance, énergie, sidérurgie,…) !
    – Pour une société socialiste !

  • Pas de Thatcher en Belgique! Seule une résistance sociale de masse peut stopper ça!

    Le nouveau gouvernement de droite dure n’existe pas encore. Mais les mesures seront drastiques et structurelles, ça, c’est certain. Et ce sera aux frais des travailleurs et de leurs familles. Cette coalition ouvertement de droite ne visera pas qu’à obtenir des résultats chiffrés, elle veut surtout démolir des symboles. Il est crucial d’y opposer une farouche résistance sociale, sérieusement organisée.

    Tract du PSL // Version PDF de ce tract

    Le gouvernement flamand de Geert Bourgeois donne le ton. Il veut appliquer des mesures d’austérité pour 8 milliards d’euros. Il veut réduire le nombre de fonctionnaires, mettre les communes sous tutelle, placer le secteur culturel sous la coupe de sponsors privés, rendre l’accueil des enfants plus cher, écrémer les allocations familiales, etc. Une économie de 160 millions d’euros doit être faite sur le symbole fort qu’est le minerval. Auparavant, chaque hausse du minerval s’est heurtée à de fortes protestations. La capacité des étudiants à se défendre sera ainsi testée, ce qui constituera un baromètre pour juger de ce qui se produira si tout le mouvement des travailleurs est attaqué. Si cette mesure passe, la voie sera ouverte pour l’introduction graduelle d’un enseignement d’élite avec des minervals allant jusqu’à 8.000 euros, comme dans le monde anglo-saxon.

    La droite nous vise tous

    Il est toujours difficile de généraliser une problématique vers le contexte global de l’austérité, d’élargir un mouvement étudiant aux travailleurs ou de réunir dans la rue les secteurs publics et privés. Mais ce boulot, la coalition de droite au niveau fédéral est en train de le faire pour nous. Ce qui se passe en Flandre n’est encore rien comparé à ce qu’il faut attendre du fédéral, avertissait De Wever. La coalition kamikaze ou suédoise veut trouver 17,3 milliards d’euros, et plus encore si la croissance économique est plus décevante. A cet effet, ce n’est pas un seul ‘‘tabou’’ qu’elle veut démolir, mais toute une série.

    L’indexation en fait partie. Le président de la CSC Marc Leemans a déjà averti qu’il faut ne pas y toucher. Mais il y en a encore tout une série : retraite anticipée à partir de 62 ans seulement ; démantèlement du statut des fonctionnaires ; faire ‘‘converger’’ les pensions sur base du système à points élaboré par Vandenbroucke ; vente des participations majoritaires dans BPost et Belgacom ; service minimum dans les prisons, les chemins de fer et les aéroports; service communautaire obligatoire pour les chômeurs ; hausse de la TVA, etc.

    La prépension est déjà devenue un “chômage avec supplément d’entreprise’’. La coalition de droite dure veut mettre fin à tous les systèmes spéciaux de retraite. Dans l’enseignement et chez la police, cela a déjà été aboli ou remis en question. Est-ce que la limitation de la norme de croissance dans les soins de santé sera accompagnée de l’abolition des diminutions du temps de travail pour les plus de 45, 50 et 55 ans ? Et qu’arrivera-t-il aux variantes de ce système négociées dans les entreprises pour le travail en équipe ? Combien de burn-outs en résulteront ?

    Cette coalition de droite dure veut “créer des emplois” en abaissant les charges soi-disant “patronales” de 33% du salaire brut à 25%. Cette mesure, nous la payerons donc nous-mêmes avec la partie socialisée de notre salaire, qui nous assure contre la maladie, la vieillesse et le chômage. Quel en sera le coût ? On parle de 2, 4 voire même 5 milliards d’euros. Le futur gouvernement veut aussi réduire les coûts de l’énergie pour les entreprises, mais les particuliers payeront désormais une taxe sur la consommation.

    Les charges seront donc à nos frais et tous les bénéfices seront pour les patrons.

    Comment construire un bon rapport de force ?

    Il est possible que tout cela ne soit pas concrétisé, mais maintenant qu’elle a dû ranger son agenda communautaire pour son agenda socio-économique, la N-VA veut des ‘‘gros poissons’’. Les partis ouvertement de droite font la surenchère, et ceux qui comptent sur le CD&V pour arrêter ça ont déjà perdu.

    Bloquer cette politique requiert un bon rapport de force et un mouvement de masse. Le gouvernement ne va pas épuiser toute ses munitions d’un coup, mais va planifier diverses vagues d’attaques réparties dans le temps. Attendre que tous les détails soient connus nous fera perdre du temps, mais partir en action avec les convaincus sans prendre le temps de préparer les autres collègues et de les impliquer dans la prise de décisions est également une erreur.

    Nous avons besoin de chacun, y compris des affiliés des autres syndicats et de ceux qui ne sont affiliés nulle part. C’est en surmontant ensemble les difficultés que nous pourrons les gagner à la lutte collective, pas en leur reprochant toutes sortes de choses. Pour nous diviser, le gouvernement prendra des mesures qui frapperont une région plus fortement qu’une autre. Mais beaucoup de travailleurs flamands sont aussi opposés à la politique de droite que leurs collègues wallons ou bruxellois, tandis que d’autres ont été terriblement trompés. Nous ne voulons pas les laisser isolés, mais au contraire leur donner les arguments nécessaires pour convaincre leur communauté. A ce titre, des visites de solidarité peuvent faire des miracles.

    Pourquoi ne pas mener une campagne d’information, avec de bons arguments, des tracts et des affiches pour discuter sur les lieux de travail et motiver les collègues ? Il nous faudrait un mot d’ordre concret pour riposter ensemble et éviter de partir au combat en ordre dispersé. Cela pourrait être une manifestation nationale ou une série de manifestations et de meetings provinciaux pour mesurer la combattivité. La tenue d’assemblées générales sur les lieux de travail pendant les heures de travail pourrait y être annoncée. Un plan d’action pourrait ainsi être soumis à la discussion, avec des grèves et des manifestations provinciales à tour de rôle débouchant sur une grève générale nationale de 24 ou 48 heures. Si le gouvernement n’a toujours pas reculé ou n’est pas de suite tombé, l’idée d’une grève générale reconductible chaque jour peut être soumise au vote une semaine plus tard lors d’assemblées générales sur les lieux de travail.

    Limer les bords les plus tranchants sera insuffisant

    Les grèves générales de 1993, de 2005 et du 30 janvier 2012 ne visaient pas à faire chuter le gouvernement. Chaque alternative possible semblait encore plus à droite que le gouvernement de l’époque. Mais cela ne signifie pas que le mouvement syndical doit se jeter dans les bras de la tripartite ou des coalitions ‘‘alternatives’’ de Bruxelles et de Wallonie. Là, les symboles sont sauvegardés, mais la stratégie suivie – à l’instar de celle du gouvernement fédéral précédent – revient aussi à appliquer l’austérité, mais avec les bords les plus tranchants émoussés.

    Nous savons maintenant où cela amène. Parmi de nombreux travailleurs, cela a nourri l’idée que l’austérité est la seule solution. Quant aux patrons, ils en veulent encore plus. Au lieu d’éviter le pire, le tapis rouge a été déroulé pour une coalition encore plus à droite. La fédération Wallonie-Bruxelles va assainir plus de 300 millions d’euros dans l’enseignement ces deux prochaines années, proportionnellement plus qu’en Flandre. Les deux prochaines années, seul 1 fonctionnaire sur 5 partant en pension sera remplacé à la Région wallonne, et 1 sur 3 les trois années d’après. Ce n’est pas une alternative.

    Un programme pour défendre nos intérêts

    Nous devons au contraire nous battre avec un programme basé sur la satisfaction des besoins réels de la majorité sociale et pas pour répondre à la soif de profits d’une poignée d’ultra-riches.

    – Rétablissement total de l’indexation, négociations salariales libres et salaire minimum de 15 euros bruts de l’heure !
    – Non à la dégradation des contrats de travail par la sous-traitance, l’intérim ou les autres emplois précaires !
    – Bas les pattes du statut des fonctionnaires ! Aucun démantèlement des services publics ! Aucune privatisation ou libéralisation ! De l’insourcing au lieu de l’outsourcing !
    – La prépension à 55 ans, pour des systèmes de fin de carrière avec diminution du temps de travail et pension anticipée à 60 ans !
    – Augmentation des pensions à minimum 75% du dernier salaire avec un minimum de 1500 euros par mois!
    – Pas de service communautaire pour les chômeurs ! Attaquons le chômage par la diminution généralisée du temps de travail à 32 heures/semaine sans perte de salaire et avec embauches compensatoires!

    C’est impensable pour les patrons. Pourtant, jamais autant de richesses n’ont été produites qu’aujourd’hui. Ce ne sont pas les moyens qui manquent, mais bien la volonté politique. Le PSL défend aussi une fiscalité plus juste, mais les capitalistes et les propriétaires immobiliers vont faire payer la pression fiscale aux consommateurs, aux travailleurs ou aux locataires. Seule la nationalisation des secteurs clés de l’économie sous contrôle démocratique de la collectivité nous offrira les garanties nécessaires à l’application de ce programme. Nous voulons la fin de ce système anachronique de propriété privée des moyens de production et de course aux profits – le capitalisme – pour le remplacer par un socialisme moderne et démocratique, avec libre utilisation des connaissance et des moyens disponibles au service de tous.

  • Comment le précédent gouvernement ouvertement de droite a-t-il été stoppé ?

    Après une période d’instabilité, fin 1981, il y eut un gouvernement dirigé par Wilfried Martens (CVP, prédécesseur du CD&V) et Jean Gol (PRL, prédécesseur du MR). Ce gouvernement de droite a mené une politique d’austérité dure sur base des pleins pouvoirs, de sorte que même le parlement a été mis de côté.

    Par Geert Cool, article tiré de l’édition de septembre de Lutte Socialiste

    Les propositions allaient loin et parfois, sous la pression des protestations, le gouvernement s’est vu obligé de raboter les mesures les plus dures, mais le résultat n’est restait pas moins catastrophique pour le niveau de vie des simples travailleurs. Sauts d’index, diminutions des allocations de chômage, allongement du stage d’attente, licenciements,… n’étaient que quelques-uns des éléments de la “force du changement” sous Martens 5 (1981-1985) et Martens 6 (1985-1987).

    Cette politique de droite s’est heurtée à la résistance des masses. La jeunesse a protesté contre le taux très élevé de chômage avec une grande Marche des Jeunes pour l’Emploi en 1982. Ce n’était qu’un prélude aux actions du mouvement des travailleurs. Par contre, la direction de la CSC a soutenu le gouvernement, au point même où le président de la CSC, Jef Houthuys, s’est rendu à plusieurs reprises dans le village reculé de Poupehan, dans les Ardennes, pour discuter avec Martens et d’autres des mesures antisociales à venir. La direction de la FGTB s’est quant à elle contentée de faire des discours et des déclarations musclés, sans y coupler un plan d’action audacieux.

    L’explosion de colère exprimée par la grève des services publics de septembre 1983 (du 9 au 26) a été organisée par la base et a globalement échappé au contrôle de la direction syndicale. Les cheminots de Charleroi ont donné l’impulsion initiale et le mouvement s’est propagé comme un feu de paille à tout le secteur public et même dans certaines entreprises privées. Le mouvement s’est vite étendu, sans qu’il n’y ait hélas d’appel pour une grève générale de 48 heures qui aurait pu réunir les secteurs privé et public. La direction de la CSC a signé un accord pourri qui comportait à peine des concessions aux travailleurs et la direction de la FGTB n’a pas joint les actes à la parole. Ainsi, la grève de septembre a partiellement fini sur un échec. Le mouvement ouvrier avait montré son potentiel, sans que cela ne se traduise par des résultats.

    En 1984, la FGTB a essayé d’obtenir des changements via pas moins de 6 grèves générales de 24 heures. Les actions se sont succédé à un rythme rapide, mais sans être suffisamment préparées et sans que les leçons de la défaite partielle de 1983 n’aient été assimilées. Pour un temps, on aurait dit que la droite avait complètement les choses en mains. La menace terroriste (Bande de Nivelles, CCC et autres) a été utilisée pour renforcer l’appareil de répression d’État et directement criminaliser toute opposition. La politique d’austérité tournait à plein régime : entre 1982 et 1985, les salariés ont perdu en moyenne 15% de leurs revenus alors que les profits ont augmenté de 57% sur la même période !

    Le mécontentement restait latent, mais ce n’est qu’en 1986 qu’il a refait surface. Une fois de plus, c’est la jeunesse qui a donné le signal de départ. Fin janvier 1986, les premières grèves d’écoliers eurent lieu contre Martens 6 sous le slogan ‘‘Sur la brèche contre Martens 6’’. Cela a commencé en Flandre-Orientale avec la manifestation de 3.000 écoliers à Ostende, Bruges et Furnes. Le gouvernement voulait frapper les jeunes durement, entre autres en allongeant le service militaire, en doublant le stage d’attente, en étendant le stage d’attente aux jeunes qui perdaient leur premier emploi, en supprimant les subsides pour les maisons et associations de jeunes, en rendant obligatoire le service à la communauté pendant le stage d’attente, en diminuant les allocations de chômage,…

    Les actions des écoliers de Flandre-Orientale le 29 janvier 1986 – initiées par les prédécesseurs du PSL groupés autour du journal ‘‘Vonk’’ (Étincelle) – ont été le point de départ d’une grève nationale des écoliers le 5 mars lorsque, dans 20 villes, pas moins de 20.000 jeunes étaient dans les rues et ont été soutenus par certaines franges du mouvement ouvrier. Plusieurs mesures ont été retirées, mais une manifestation le 6 mai a tout de même été annoncée. Cet appel a été repris par les syndicats et a conduit à une grande mobilisation. La pression augmentait et le front syndical s’est vu obligé d’appeler à une manifestation nationale des services publics contre le plan Sainte-Anne, plan par lequel le gouvernement de Martens et de Verhofstadt voulait économiser l’équivalent de 5 milliards d’euros.

    L’action enthousiaste du 6 mai 1986 a posé la base pour un large front d’action contre le gouvernement. Les cheminots de Charleroi ont vite été de la partie et sont entrés en grève le 12 mai pour être suivis nationalement un jour plus tard. De plus en plus de secteurs ont rejoint le mouvement et la FGTB appela à une action de solidarité sous la forme d’une grève de 48 heures, les 22 et 23 mai. Cela n’a été qu’un succès partiel en raison de la précipitation, d’une préparation insuffisante et d’un manque de clarté. Toutefois, la pression était telle qu’une autre action a vite suivi, les 29 et 30 mai 1986, et ce fut un succès. À la CSC, la poussée de la base vis-à-vis de la direction devenait trop importante pour pouvoir stopper les actions. Le 30 mai, 250.000 personnes manifestaient à Bruxelles. Malheureusement, la direction de la FGTB n’a pas donné suite à cette action et n’est ainsi pas parvenue à gagner l’adhésion des centaines de militants les plus combatifs de la CSC grâce à un plan d’action offensif comprenant, par exemple, une marche sur Bruxelles destinée à faire chuter le gouvernement.

    Malgré le fait que les actions syndicales n’ont pas été poursuivies, la pression sur le gouvernement était tellement forte qu’il ne pouvait tenir. Le prétexte communautaire a alors été invoqué pour faire chuter le gouvernement. Aux élections suivantes, le PS était devenu incontournable et le gouvernement de droite a disparu de la scène. Les libéraux, complètement grillés, allaient rester écartés du pouvoir plus de 10 ans. Les sociaux-démocrates ont utilisé la reprise économique entre 1988 et 1991 pour réaliser des économies plus “douces” mais, lorsque la situation économique a de nouveau empiré, ils se sont montrés prêts à frapper aussi fort que leurs collègues libéraux avec le “Plan Global” (1993).

    Les actions contre le précédent gouvernement de droite ont démontré l’importance de la jeunesse pour donner une dynamique à l’opposition et donner confiance en la possibilité d’actions combatives. Les actions des écoliers contre Martens 6 ont commencé à petite échelle, à l’initiative des marxistes alors organisés autour du journal ‘‘Vonk’’. Ces derniers ont joué un rôle beaucoup plus important que ce que laissaient penser leurs forces limitées.

    La façon dont la direction syndicale a, à plusieurs reprises, freiné, désorganisé ou stoppé la lutte illustre clairement l’importance de l’organisation par la base. En 1983, nous avons écrit dans une évaluation de la grève de septembre : “Avant qu’un mouvement de grève puisse être conscient de sa propre force et augmenter la combativité des travailleurs, il est nécessaire d’organiser des meetings et des manifestations nationales. De cette manière, les travailleurs peuvent se faire une idée de la situation et baser les nouveaux mots d’ordre en fonction. Pour un tel mouvement de grève, il est également important qu’une structure démocratique de comités d’action locaux, régionaux et nationaux soit mise sur pied (…). Une telle structure d’organisation aurait permis des discussions plus fluides et plus conscientes sur les objectifs de la grève et la manière dont ceux-ci doivent être atteints. De plus, de cette manière, le plus grand nombre de travailleurs possible aurait été impliqué dans la direction consciente, l’organisation et le renforcement du mouvement.” En résumé : un plan d’action allant crescendo avec l’implication la plus large possible de la base.

    Enfin, il y avait aussi l’importante question d’une alternative au programme d’austérité. Démolir la politique d’austérité ne suffit pas, un programme socialiste offensif est nécessaire pour combattre la crise. La crise du capitalisme assure que l’obtention de réformes favorables à la classe ouvrière est de plus en plus difficile à concrétiser. Les revendications du maintien et de l’amélioration des conditions de vie doivent être combinées à une rupture anticapitaliste fondamentale et à la construction d’une société socialiste.

  • Comment riposter à l’agression gouvernementale ?

    Par la résistance et la défense d’une alternative socialiste!

    L’austérité à tous les niveaux de pouvoir, c’est le menu que les différents gouvernements et les autorités locales vont nous imposer. Accepter cette logique, ce n’est pas une option. Il faudra résister, et obtenir des résultats est tout à fait possible.

    Par Geert Cool, édito de l’édition de septembre de Lutte Socialiste

    Le mouvement syndical a démontré à plusieurs reprises, ces dernières années, son pouvoir potentiel (contre le Pacte des Générations en 2005 ou pour le pouvoir d’achat en 2008). Le 2 décembre 2011, juste avant que le gouvernement Di Rupo ne soit installé, 80.000 syndicalistes défilaient déjà contre l’austérité. Mais ce potentiel n’a pas été saisi pour aller vers une confrontation frontale avec la politique d’austérité. À chaque fois revenait l’argument du danger d’un gouvernement de droite, utilisé notamment par le PS et le SP.a pour justifier leur politique de droite. Cet argument est maintenant caduc et même pour la CSC, il sera difficile de maintenir ses liens avec le CD&V alors que celui-ci gouvernera avec la N-VA.

    Pendant des années, les dirigeants syndicaux se sont limités à tenter d’émousser les bords les plus aigus des attaques antisociales. Mais les arêtes vives et dangereuses ne manqueront pas dans la période qui nous fait face, cette tactique est donc vouée à l’échec. Certains dirigeants et militants syndicaux pourront peut-être voir une alternative dans les gouvernements de la Région wallonne et de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Ils se trompent. Il sera nécessaire de construire une dynamique de résistance et d’opposition active contre les politiques d’austérité, à tous les niveaux de pouvoir. C’est ce que nous avons déjà défendu avant les élections avec cette idée d’un front de résistance contre toutes les mesures d’austérité. Une campagne d’information des syndicats en front commun sur les lieux de travail, parmi les jeunes, dans les quartiers et parmi les pensionnés permettrait de divulguer l’ampleur des économies prévues et pourrait représenter la première étape dans la construction d’une forte mobilisation.

    Pour cette mobilisation, nous aurons besoin d’un plan d’action qui ne se limite pas à laisser échapper de la vapeur, mais qui vise à construire la pression nécessaire sur le gouvernement et le patronat afin de revenir sur les mesures d’austérité. Nous pouvons ici nous inspirer de ‘‘l’Opération Vérité’’ qui a précédé les grandes mobilisations de la grève générale de 1960-61. L’ampleur de la résistance de l’époque peut également être une source d’inspiration pour l’heure actuelle.

    Selon la logique capitaliste, l’austérité est la seule option. Dans ce cadre, les débats sont limités au rythme et à l’ampleur des économies budgétaires. Comme de nombreux travailleurs, jeunes, malades et pensionnés, le PSL pense qu’il faut partir des besoins et des exigences de la majorité de la population. La politique de ces dernières années a fortement augmenté les déficits dans les domaines de l’emploi, du logement, de l’éducation et des services publics. Un plan drastique d’investissements publics est nécessaire pour apporter des changements et améliorer notre niveau de vie avec des salaires plus élevés (par exemple, un salaire minimum général de 15 euros par heure) et des allocations décentes.

    De nombreuses ressources existent, mais celles-ci ne sont aujourd’hui pas utilisées dans l’intérêt de la collectivité. Une redistribution des moyens est de plus en plus considérée comme une alternative à la concentration des richesses aux mains des 1% les plus riches. Mais répartir les richesses se heurte directement à la logique capitaliste. Il nous faut une force politique qui lutte pour un autre système, un système socialiste, basé sur la satisfaction des besoins de la majorité de la population, plutôt que sur la soif de profits. À cette fin, nous avons aussi besoin de prendre en mains la gestion et le contrôle des secteurs-clés de l’économie au moyen de nationalisations sans indemnisation, sauf sur base de besoins avérés.

    L’austérité dure qui arrive constituera un test pour le mouvement des travailleurs et la gauche politique. La possibilité d’obtenir des compromis est de plus en plus limitée. L’autre camp lance une offensive brutale qui exige une riposte ajustée en conséquence, tant sur le plan syndical que politique. La stabilité de ce gouvernement austéritaire dépendra de la réponse du mouvement des travailleurs. Le PSL veut jouer un rôle actif dans cette résistance : travaillez-y avec nous, rejoignez-nous!

  • Questions fréquemment posées sur le socialisme

    Ces prochains jours, nous allons remettre à l’honneur quelques textes issus de nos archives. Le texte ci-dessous a initialement été publié sur notre site en février 2012.


    Conséquence du développement du mouvement Occupy, l’opposition face au système économique et politique est devenue monnaie courante. Difficile d’imaginer que la femme au bandana sur la couverture du Time – représentation du “Manifestant”, personnalité de l’année selon le Time – puisse avoir quoi que ce soit de positif à dire au sujet du capitalisme, et l’omniprésence du masque de Guy Fawkes – popularisé par “V for Vendetta” – souligne encore plus à quel point les idées révolutionnaires sont à présent répandues.

    Par Brandon Madsen, Socialist Alternative (CIO-USA)

    Cependant, ce soutien croissant apporté à un changement de système n’a pas encore conduit à des discussions sérieuses quant à une quelconque alternative. Un nouveau sondage du Pew publié le 28 décembre 2011 indique que les personnes noires ou de moins de 30 ans sont majoritairement en faveur du socialisme, mais n’explique en rien ce qu’est le socialisme, ou comment un système politique et économique socialiste fonctionnerait. Nous vous offrons cet article comme base de discussion.

    Comment fonctionnerait une économie socialiste?

    Sous le capitalisme, les institutions où d’immenses richesses sont centralisées (les grandes entreprises) dirigent l’économie, et exploitent les plus pauvres pour accroître leurs propres richesses. Le but d’une économie socialiste est de renverser la vapeur : ce serait la classe ouvrière qui serait aux commandes de l’économie, et utiliserait les richesses et la productivité de la société pour améliorer ses conditions de vie. Pour cela, il faudrait rendre publiques les ressources des banques et des grandes entreprises, et les gérer de manière démocratique.

    Employer les chômeurs, redéfinir le budget et créer de l’emploi en tenant compte des priorités sociales – soins de santé, éducation, énergie propre, etc. – donnerait un énorme coup de fouet à la productivité et créerait des richesses. Une planification démocratique de l’économie permettrait à tout le monde d’avoir un travail bien rémunéré, un accès à des soins de santé de qualité, à un enseignement gratuit à tous les niveaux, et, bien sur, aux besoins vitaux tels que la nourriture et un logement. Mais cela ne se limiterait pas à ces bases; nous pourrions soutenir et encourager les musiciens, artistes, réalisateurs, designers, etc de façon à favoriser un développement culturel.

    Ce système économique nécessiterait une planification réfléchie, mais c’est déjà le cas d’une certaine manière sous le capitalisme. Des multinationales plus grandes que des Etats planifient déjà leurs niveaux de production et de distribution, décident des prix, et cela sans pour autant s’effondrer, rien ne dit que les travailleurs seraient incapables de faire de même.

    La différence sous le capitalisme, c’est que la planification n’est que partielle, incomplète, et antidémocratique, le but étant de maximiser les profits d’une élite. Sous le socialisme, nous pourrions décider des investissements en ayant une vue d’ensemble de l’économie mondiale, afin de subvenir aux besoins humains, de conserver un environnement sain, et de garantir à chacun le droit à une existence libre.

    Un système économique socialiste devrait être intégré de par le monde. C’est déjà le cas sous le capitalisme, nous vivons en effet dans un monde d’interdépendance. La globalisation vue par le capitalisme consiste à exploiter les économies les plus faibles, et à plonger dans une misère sans cesse croissante les travailleurs de par le monde. Sous le socialisme, l’intégration d’une économie globale aurait pour but d’améliorer la vie des gens.

    Une économie socialiste gérerait l’environnement de manière très différente. Tant que maintenant, les compagnies n’ont que faire des taxes environnementales, car elles peuvent les faire payer au public. Les coûts liés à la pollution de l’air et de l’eau sont réels, mais ils ne représentent pas une menace pour une entreprise comme Monsanto. Voilà pourquoi aucune corporation ne bougera le petit doigt pour l’environnement sur base des principes du marché libre.

    Une économie démocratiquement planifiée empêcherait les corporation de faire des profits en externalisant les coûts liés à la pollution. Au lieu de cela, l’efficacité, la préservation de l’environnement, et la satisfaction des besoins de base de chacun seraient les critères de décision économique. Au lieu de promouvoir des mesures inadéquates telles que les ampoules économiques et la sensibilisation au recyclage, une économie socialiste investirait dans un total renouveau de la production, mettant à profit les dernières technologies vertes pour assurer la protection de l’environnement et la création de millions d’emplois.

    Comment fonctionnerait une démocratie socialiste?

    La « démocratie » actuelle se limite à nous faire voter une fois de temps en temps afin de décider quel riche politicien prendra les décisions pour nous. Cela n’a bien sur rien de démocratique, encore moins quand la corruption issue des corporations s’en mêle.

    Au contraire, une démocratie socialiste serait une démocratie omniprésente, de semaine en semaine, présente sur tous les lieux de travail, dans toutes les écoles et communautés. Les travailleurs effectuerait une rotation des tâches, et les managers élus seraient révocables à tout moment si le besoin s’en faisait sentir. Chaque décision pourrait être réévaluée par un vote de la majorité.

    Le programme et les politiques scolaires, plutôt que d’être imposées par des administrateurs incompétents et des bureaucrates, seraient discutées conjointement par les parents, les professeurs et les étudiants. Des conseils de quartier décideraient de qui peut ou ne peut avoir une forme d’autorité, et dicteraient à leurs élus comment prioriser leurs efforts..

    Tout investissement et décision économique se ferait démocratiquement. Les lieux de travail et les quartiers éliraient des représentants à de massifs conseils locaux et régionaux, qui eux-mêmes éliraient des décideurs nationaux. Les représentants élus ne devraient avoir aucun privilège que ce soit comparé à leur électorat, et ils seraient révocables à tout moment.

    Afin de faciliter ce processus décisionnel démocratique, les horaires de travail et d’études devraient prévoir du temps pour des conseils et des discussions quand aux décisions. Grâce aux richesses nouvellement créées, la semaine de travail serait réduite afin de prodiguer aux gens le temps et l’énergie pour s’impliquer politiquement, et se réaliser hors du travail ou du cadre scolaire.

    Une élite bureaucratique ne prendrait-elle pas le dessus?

    Cela va sans dire, aux prémices d’une société socialiste, une lutte contre les carriéristes et la corruption sera nécessaire. Le bagage idéologique pernicieux issu de siècles de domination de classe ne s’évaporera pas d’un claquement de doigts. Mais en faisait des ressources productives de la société un bien public, en éliminant les privilèges, et en établissant les structures d’une gestion et d’un contrôle démocratiques, les obstacles barrant la route des aspirants bureaucrates seraient immenses.

    L’évènement qui fait craindre une prise de pouvoir de la bureaucratie est l’arrivée de Staline au pouvoir en Union Soviétique quelques années après la révolution russe de 1917. Cette dégénérescence tragique de la Révolution Russe a été débattue par des marxistes dans de nombreux ouvrages. La conclusion que l’on peut tirer de ces évènements après une analyse historique sérieuse, c’est que cette dégénérescence n’était ni naturelle, ni inévitable, mais juste un concours de circonstances particulières.

    Au moment de la révolution, la Russie était l’un de pays les plus pauvres, et la situation ne n’est guère améliorée lorsque les capitalistes détrônés, soutenus par 21 armées étrangères, on fait usage de violence pour récupérer le pouvoir des mains des assemblées démocratiques, ce qui a conduit a une guerre civile sanglante. Bien que la révolution prenait place ailleurs également, notamment en Allemagne, tous les mouvements furent réprimés, laissant la Russie isolée.

    Ce n’était pas le terrain idéal sur lequel fonder le socialisme. La base même du socialisme, c’est d’avoir suffisamment de moyens pour subsister, mais la Russie manquait de moyens. Dans ce contexte, les structures démocratiques des Soviets (les assemblées de travailleurs) ont cessé de fonctionner. Qui se soucie d’aller aux réunions politiques sans savoir s’il pourra se nourrir le soir?

    C’est cette sape du pouvoir des travailleurs, aggravée par l’isolement et le déclin économique du pays, qui a permis la bureaucratisation de la société et la montée de Staline en tant que leader. Mais ce n’eût rien de naturel. Staline a eu recours à l’emprisonnement, au meurtre et à l’exil, et a forcé des millions de gens dont le seul crime était leur attachement aux principes démocratiques de la révolution de 1917 à se soumettre.

    Cette expérience illustre l’importance de faire de la lutte pour le socialisme une lutte globale. A cause d’impérialistes pillant des ressources à travers le monde, certains pays pourraient manquer d’une base économique stable pour se mettre au socialisme, et auraient besoin de négocier avec des pays plus riches. Si la Russie avait pu recevoir la soutien ne serait-ce que d’un seul pays, comme l’Allemagne, l’histoire serait aujourd’hui bien différente.
    Ne serait-ce pas plus facile de réformer le capitalisme?

    Contrairement aux récits populaires, l’histoire du capitalisme n’est pas celle d’un progrès constant vers des sommets de démocratie et de richesse. Chaque réforme a nécessité une lutte de masse, remettant souvent en doute les fondements mêmes du système.

    Les réformes ne sont pas des cadeaux de politiciens au grand coeur, mais des concessions accordées dans l’unique but d’apaiser le mouvement et de faire oublier les vraies revendications. Que cela concerne les droits civils, le week-end de congé, ou le droit d’organiser uns syndicat, chacune de ces réformes a nécessité un combat constant contre la logique capitaliste, combats dans lesquels nombre d’innocents furent éliminés par les élites désireuses de mettre un terme à la lutte.

    Sous le capitalisme, même ces réformes partielles ne sont pas permanentes. Comme nous avons pu le voir ces dernières décennies, les capitalistes n’hésitent pas à annuler leurs réformes quand ils pensent pouvoir se le permettre.

    Les programmes sociaux pour lesquels les gens se sont battus bec et ongles par le passé se disloquent ou disparaissent sous des coupes budgétaires. Après avoir presque annihilé les syndicats dans le privé –où moins de 7% des travailleurs sont syndiqués – les politiciens se tournent maintenant vers le secteur public, dont un tiers des travailleurs n’est toujours pas syndiqué.

    Une base stable pour des réformes effective demanderait que les travailleurs s’emparent du pouvoir pour le gérer eux-même – c’est à dire, rejeter le capitalisme en faveur du socialisme. C’est bien simple, lutter pour des réformes, et lutter pour le socialisme, sont deux choses identiques.

    En théorie, ça sonne bien, mais en pratique?

    La seule constante en histoire est le changement ininterrompu. Des anciens Etats esclavagistes aux seigneuries féodales jusqu’au système capitaliste global d’aujourd’hui, les gens n’ont cessé de rejeter les anciens systèmes dés qu’ils devenaient un frein au développement. Là où réside l’utopie, c’est dans la pensée que la guerre, la pauvreté et la destruction de l’environnement peuvent être réglés par le capitalisme.

    Bien que le socialisme soit réaliste, il n’est pas inévitable. Encore et toujours, le capitalisme a conduit les opprimés et les travailleurs à se révolter. Nombreuses ont été les révolutions cette année, notamment en Egypte et en Tunisie. Mas bien que beaucoup aient réussi à détrôner le gouvernement, peu sont parvenues à un changement de régime. Le capitalisme renaîtra sans cesse, au détriment des pauvres, des jeunes et des travailleurs, si nous ne le remplaçons pas par un système meilleur.

    C’est là que les socialistes entrent en scène: Nous prenons l’étude de l’histoire au sérieux, apprenant à la fois des défaites et des succès qu’ont connus les révolutions. Nous répandons cette connaissance au maximum afin d’établir le socialisme avec succès . Cela ne revient pas qu’à se plonger dans des bouquins. Cela nécessite de s’engager et construire les mouvements actuels, de mettre en avant des idées socialistes tout en apprenant des autres en lutte, construire notre avenir ensemble.

    Si vous êtes d’accord avec ces idées, réfléchissez à nous rejoindre !

  • Un ‘‘service minimum’’ qui s’oppose aux usagers

    S’il y a bien une chose typique des gouvernements de droite, c’est de tout faire pour rendre plus difficile la protestation contre leurs politiques. Et à leurs yeux, dans ce cadre, le droit de grève est une sérieuse épine dans le pied. C’est ainsi que l’on a bien vite vu revenir sur le devant de la scène la discussion sur le service minimum à la SNCB. Le patron du rail, Jo Cornu, en avait déjà parlé au moment de la grève des cheminots de juin dernier et il semblerait que les négociations de la coalition kamikaze (ou suédoise, c’est selon) portent notamment sur ce point.

    L’argument central de la mesure est de fournir un service minimum de manière à permettre qu’une action soit menée sans toucher aux voyageurs qui se rendent au travail. Mais une grève sert précisément à mettre une activité au point mort, à clarifier que ce sont les travailleurs qui font circuler les trains et sont la cheville ouvrière du service, et non la direction. Si le personnel le souhaite, rien ne roule. Quant au fait qu’une grève du rail perturbe le fonctionnement d’autres entreprises, cela ne fait qu’accroître la pression sur la direction de la SNCB afin de satisfaire les exigences des travailleurs.

    Les partis de droite – N-VA en tête – se distinguent par un appel au service minimum de manière générale, via la dégradation des services publics, à tel point qu’avec les diverses réductions de moyens et de personnel de ces dernières années, l’instauration d’un service minimum devrait mobiliser les deux tiers du personnel ! Si les choses se poursuivent ainsi, il faudra bientôt engager du personnel supplémentaire pour satisfaire aux conditions d’un ‘‘service minimum’’ ! Blague à part, le service minimum rendrait dans les faits quasiment impossible d’organiser une grève. Et c’est précisément l’objectif des néolibéraux.

    Toutes nos conquêtes sociales ont pu être arrachées par des actions de grève, de la journée des huit heures aux congés payés en passant par la sécurité sociale ! Et les tentatives visant à miner le droit de grève sont en fait destinées à revenir sur nos conquêtes sociales.

    Le personnel ferroviaire revendique un service maximum, c’est-à-dire que suffisamment de personnel soit présent – avec de bonnes conditions de travail, de sécurité et de salaire – avec à sa disposition un équipement de qualité et bien entretenu, afin d’assurer la prestation d’un service de qualité aux usagers. Si les partis au pouvoir se souciaient véritablement du service aux usagers, ils investiraient dans les transports en commun et les autres services ! Mais ils font tout le contraire…

  • Ecole d’été du CIO : reportage-photos

    Six jours de débat politique intense et d’échange d’expériences, c’est ce qu’a offert l’école d’été internationale annuelle du CIO à entre 300 et 350 participants issus de nombreux pays européens et même d’au-delà. Dans les jours à venir, nous publierons divers rapports des discussions qui y ont pris place, mais voici déjà une série de photos de PPICS.

  • Pour un salaire minimum de 15 euros de l’heure!

    Le conseil de la ville américaine de Seattle a pris fin mai la décision d’accepter la revendication de la campagne ‘‘15NOW’’ qui avait suscité un réel mouvement de masse pour introduire un salaire minimal de 15 dollars de l’heure. Cette victoire constituera à n’en pas douter une inspiration pour des revendications similaires dans le reste du pays. Mais cette revendication pourrait également devenir de première importance en Belgique.

    Par Tim (Bruxelles), article tiré de l’édition d’été de Lutte Socialiste

    Beaucoup de travailleurs belges pourraient effectivement défendre l’introduction d’un salaire minimum de 15 € de l’heure, ce qui reviendrait, pour un travailleur à plein temps, à 2.565 € de salaire brut mensuel, soit 1.650 € net pour un travailleur isolé. En 2012, 40% des travailleurs belges gagnaient un salaire inférieur à ce montant, surtout dans des secteurs comme le nettoyage, la vente, l’horeca ou l’industrie textile(1). Les salaires les plus bas touchent majoritairement les jeunes, les travailleurs peu qualifiés et les femmes : plus de 70% des travailleurs de la tranche des 10% de salaires les plus bas (moins de 1.967 € brut par mois) sont des femmes(2)!

    En Belgique, le patronat est à l’œuvre depuis plusieurs années déjà pour fortement y élargir le secteur des bas salaires. A la demande d’entreprises comme Walibi et Studio 100 (entreprise productrice de shows télévisés comme Megamindy, mais aussi exploitante du parc d’attractions Plopsaland, ex Méli Parc), le secteur des attractions touristiques a reçu en 2003 une nouvelle commission paritaire (la 333), avec des salaires qui se situent loin en dessous de la moyenne nationale. Un travailleur peut donc être engagé dans un parc d’attractions à un salaire de 9,34 € de l’heure à peine, ce qui contraste fortement avec les profits des actionnaires : sur un chiffre d’affaires de 153 millions € en 2012, Studio 100 a réalisé un profit net de 41 millions € (27%). En 2010, le personnel de Walibi avait d’ailleurs mené des actions contre les bas salaires et les mauvaises conditions de travail dans le secteur(3).

    Dans le secteur de la vente et des supermarchés, les salaires – pourtant déjà fort bas – sont à nouveau sous pression. En 2008-2010, Carrefour avait réussi à s’en prendre aux salaires de ses travailleurs en fermant des magasins pour les rouvrir en tant que franchises. Delhaize a relevé le même défi aujourd’hui. L’enseigne au lion veut tourner le plus de magasins possible vers des commissions paritaires moins intéressantes, aux salaires et conditions de travail bien pires.

    Les attaques continuelles contre les chômeurs constituent une autre tactique pour pousser plus de gens vers les secteurs à bas salaires. Suite à l’une des mesures-phares du gouvernement Di Rupo, des dizaines de milliers de personnes vont perdre leur allocation d’insertion à partir du 1er janvier 2015. Selon le gouvernement et le patronat, cette approche ne viserait qu’à ‘‘activer’’ les chômeurs en les forçant à trouver un emploi au plus vite. Dans les faits, avec 669.032 chômeurs pour seulement 90.547 offres d’emploi en Belgique(4), cela ne fera qu’accroitre la compétition pour le maigre nombre d’emplois disponibles. Encore plus de travailleurs seront obligés d’accepter n’importe quelles conditions de travail. Du pain béni pour les entreprises qui se spécialisent dans les bas salaires…

    Ce n’est toutefois pas encore suffisant aux dires de certains. Début juin, la Banque Nationale a ainsi conseillé au gouvernement de faire baisser les montants des allocations et des pensions. Quand de tels avis sont rendus publics, les économistes néolibéraux comme Geert Noels font la file pour s’exprimer face aux journalistes : ‘‘Il faudra un jour réaliser des arbitrages douloureux dans nos dépenses sociales et de subventionnement : l’assiette est trop large et nuit autant à la solidarité qu’à la soutenabilité de notre modèle(5).’’

    Les économistes bourgeois ne font finalement que confirmer que le capitalisme est de moins en moins capable d’offrir des salaires, des pensions et des allocations décentes pour la majorité de la population. Des emplois disparaissent, des allocations sont rayées de la carte, et pour ceux qui ont encore un boulot, les salaires continuent à baisser. Nous sommes d’accord avec Geert Noels : ce modèle n’est plus soutenable !

    Prenons donc exemple sur la lutte qui a été menée à Seattle : n’acceptons plus les dictats du libre marché capitaliste, mais construisons un contre-mouvement conséquent, capable de mener la lutte pour suffisamment d’emplois, avec de bons salaires. Et si cette revendication n’est pas compatible avec les profits record et les salaires trop élevés du patronat, réglons de suite nos comptes avec ce système, et remplaçons-le par le socialisme démocratique, où les richesses sont collectivement gérées. Alors, de bonnes conditions de vie et de travail seront possibles !

    Notes

    (1) Chiffres Statbel: http://statbel.fgov.be/fr/binaries/SES%202010_Loon%20naar%20werken_FR_tcm326-206807.pdf
    (2) Chiffres 2009, voir “De Loonkloof en het Glazen Plafond in België” par Nick Deschacht ea. (en néerlandais): http://mosi.vub.ac.be/papers/DeschachtBeartsGuerryMOSI38.pdf
    (3) http://www.socialisme.be/fr/3216/walibi
    (4) Chiffres avril 2014
    (5) Le Soir, 10 juni 2014: « La BNB conseille de baisser les pensions » : http://www.lesoir.be/567300/article/economie/2014-06-10/bnb-conseille-baisser-pensions

  • Notre solidarité contre leur avidité

    Tous ensemble contre l’austérité et les pertes d’emploi !

    Une fois les élections passées, il n’a pas fallu attendre longtemps pour que l’actualité redevienne des plus préoccupantes pour les travailleurs et leur famille. Une chose est sûre : sans une résistance sérieusement organisée, nous allons en baver, et pas qu’un peu.

    Par Nicolas Croes

    Pas moins de 2.500 emplois sont aujourd’hui menacés chez Delhaize tandis que les salaires de tous les travailleurs restant sont sur la sellette. Ce ne sont pourtant pas les profits qui manquent avec un bénéfice net de 179 millions d’euros en 2013. Mais ce n’est toujours pas suffisant pour les actionnaires, qui réclament un retour sur capitaux investis à deux chiffres.

    Ces rapaces célèbrent un massacre social avec la joie qui est la nôtre en accueillant une naissance chez nos proches. Quelques heures à peine après l’annonce de ces mesures, l’indice boursier de Delhaize augmentait ainsi de 1,09%. Pour les actionnaires, l’orgie est tout simplement interminable : ceux de Delhaize s’étaient encore accordés une hausse de leurs dividendes de 11% l’an dernier, tandis que le taux d’imposition après divers cadeaux fiscaux était de… 0,15% ! L’exemple servira de prétexte dans le reste du secteur, une infernale spirale à la baisse que nous connaissons partout.

    C’est le cas de nos pensions. ‘‘A politique inchangée, le système de pension actuel n’est pas soutenable financièrement. Il ne correspond plus à l’évolution de la société et il pose des problèmes de qualité sociale’’, expliquait doctement Frank Vandenbroucke en juin dernier, lorsque la commission de réforme des pensions a publié son rapport. Ce sera un des chevaux de bataille du prochain gouvernement.

    Il est vrai qu’entre 1964 et 2002, la baisse du nombre de naissance a été de 31% (de 168.000 à 115.000)(1). Mais sur la même période, la productivité a augmenté de 215%(2)! Où donc sont passés tous ces moyens ? Pas dans nos poches, ça c’est certain. Depuis le milieu des années 70’, la part des salaires (y compris le salaire socialisé ; les cotisations sociales servant à financer la sécurité sociale) dans la richesse collectivement produite n’a cessé de diminuer, alors que cette richesse était en pleine croissance. Gel des salaires, diminution drastique de cotisations sociales pour les gros patrons (et donc attaques sur notre salaire socialisé), explosion du chômage, etc. voilà ce qui mine notre système de pension. A titre d’exemple, les exonérations de cotisations sociales pour les patrons reviennent à plus de 7 milliards d’euros par an !

    Selon la logique dominante, il faut donc travailler plus longtemps. Cela a aussi l’avantage d’accroître la pression sur les salaires et conditions de travail en augmentant la concurrence entre travailleurs pour des emplois de plus en plus précaires et moins nombreux… A terme, il sera bien entendu question de privatiser ce gâteau des pensions, qui représente tout de même quelque 30 milliards d’euros par an.

    Résistance !

    L’establishment capitaliste ne vise qu’à réanimer un système archaïque en puisant dans les caisses de la sécurité sociale pour accorder subventions salariales et réductions de cotisations sociales. Pour la majorité sociale, rien n’a été sauvé de cette façon. Les travailleurs de Delhaize en savent quelque chose, tout comme ceux d’ArcelorMittal ou de Caterpillar. Ce chaos capitaliste doit être remplacé par un système basé sur la planification rationnelle de l’économie, sur base de la collectivisation des secteurs-clés de l’économie et de leur gestion démocratique par les travailleurs.

    Il est urgent de rendre aux travailleurs la confiance en la lutte collective. En Belgique, les 20% les plus riches possèdent 61,2% du patrimoine total (et 52% des revenus) et le nombre de millionnaires a augmenté de 12.000 personnes en 2013 (notamment avec les nombreux touristes fiscaux). Mais s’ils ont le capital, nous avons le poids du nombre, et le monde du travail représente une force potentielle monumentale. Réfléchissons à la meilleure manière de l’organiser et partout à la contre-offensive.

    Notes
    1. SPF économie: Structure de la population selon âge et sexe : pyramide d’âge
    2. The Conference Board Total Economy Database

  • Percée de la gauche radicale : une excellente occasion d’organiser la lutte contre l’austérité

    Par Els Deschoemacker

    Comme on pouvait s’y attendre, quelques jours après les élections, l’Europe néolibérale a fait parvenir un nouveau message aux autorités belges encore en formation. On a ainsi appris que plusieurs milliards d’euros de dettes publiques étaient jusqu’ici ‘‘cachés’’ et viendront alourdir la prochaine opération d’austérité, que la commission européenne n’a pas l’intention de donner plus de temps à la Belgique pour lutter contre le déficit budgétaire et la dette publique et, finalement, que de nouvelles normes comptables pour les dettes publiques seront d’application en Europe dès septembre.

    Cette Europe des riches a beau avoir perdu les élections, elle n’éprouve aucune honte à vouloir imposer une politique antisociale sans précédent. C’est comme si la révolte électorale contre la dérive austéritaire n’avait pas eu lieu ! Les patrons belges aussi se préparent à partir à la bataille. Les organisations patronales ont précédemment fait savoir qu’elles étaient très heureuses de constater que les programmes des partis tenaient plus que jamais compte des désirs du monde entrepreneurial.

    Par ailleurs, les patrons sont aussi assez satisfaits des élections. En effet, à leurs yeux, une bonne partie des électeurs a explicitement voté pour un programme d’austérité. D’une part, la NVA, qui est le parti de l’austérité par excellence, est sorti des urnes comme le plus grand parti et, d’autre part, les six partis au pouvoir n’ont pas été sévèrement punis pour les 22 milliards de mesures d’austérité qu’ils ont votées et pour leur politique qui a rendu les riches encore plus riches et les pauvres encore plus pauvres. Pourtant, c’est une manière erronée de considérer le résultat des élections. Les résultats électoraux contiennent les germes de la révolte croissante, ce qui est plus évident encore en ce qui concerne les élections européennes.

    A l’exception du PTB et de diverses petites listes de gauche, tous les programmes des partis ne fournissaient qu’un mélange indigeste de mesures d’austérité affectant principalement la population active et de réductions d’impôt pour les entreprises. Cependant, tous ces partis ont remarquablement fait de leur mieux pour se présenter à l’électeur sous leur jour le plus social et pour éviter le reproche de ne pas être assez proche du monde du travail. Soudainement, on a pu entendre le CD&V ou encore le MR se déclarer contre l’abolition de l’index, contre la limitation des allocations de chômage dans le temps et contre d’autres mesures qu’ils ont pourtant en réserve pour nous. Soudainement, tous étaient d’accord pour augmenter les pensions.

    Ce n’est pas neuf de voir les principaux partis jouer ce jeu avant les élections. Ce qui est nouveau, par contre, c’est qu’il est clair qu’une bonne partie de la population ne les croit plus et que l’idée du ‘‘moindre mal’’ fait moins recette. Pour la première fois depuis 1985, la gauche radicale fait son apparition au Parlement fédéral. Ce n’est pas un fait divers, mais l’expression d’un mouvement de la base de la société, une prise de conscience que le mouvement des travailleurs a besoin de sa propre voix et de son propre parti politique.

    Pourtant, et de façon assez scandaleuse, la plupart des dirigeants syndicaux ne le comprennent toujours pas. Certains ont même encore appelé explicitement à plusieurs reprises à ne pas voter pour les listes de la gauche radicale. S’ils avaient au contraire activement soutenu ces listes et joué un rôle dans leur élargissement, la percée de la gauche radicale aurait pu être bien plus forte. Le mouvement des travailleurs aurait été d’autant mieux préparé pour affronter les politiques d’austérité qui l’attendent à l’automne.

    Quelles que soient les compositions exactes des futurs gouvernements régionaux et fédéral, il est d’ores et déjà certain que nous allons subir une avalanche de mesures antisociales de la part de tous les niveaux de pouvoir ; fédéral, régional et communal. L’heure est à la résistance et pour cela, ainsi que pour être aptes à inverser la tendance, nous avons besoin d’un large front de résistance qui regroupe les mouvements sociaux, les syndicalistes de gauche, la gauche radicale, les militants associatifs ou de quartier, etc. Un tel appel lancé uniquement de la part du PSL ne peut compter que sur un écho limité, mais si le PTB posait cette question sur la table avec ses huit parlementaires ainsi que ses 50 élus communaux et si, surtout, certaines fédérations ou régionales syndicales suivaient, le potentiel serait gigantesque pour construire un véritable mouvement de résistance de la base.

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