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  • A propos de la collaboration, de l’extrême-droite et de la NVA

    Ces derniers jours, les critiques envers le nouveau gouvernement semblent fortement porter sur le caractère indésirable de toute une série de cadres de la N-VA. Il est vrai qu’il se trouve dans la N-VA plusieurs personnes qui ont un passé de soutien à la collaboration ; plus encore, le parti est issu de cette tradition. Mais c’était aussi le cas, et cela était encore plus vrai à l’époque, lorsque le PS faisait partie d’un gouvernement avec la Volksunie dans le passé. Quelques éclaircissements sont donc nécessaires sur la collaboration, l’extrême-droite et la N-VA.

    Par Geert Cool

    Le Mouvement flamand et la collaboration

    La collaboration lors de l’occupation nazie des années 1940-44 n’était certainement pas quelque chose de purement flamand. Il y avait des différences régionales, en Flandre aussi. Une étude de Huyse et Dhondt concernant l’origine des collaborateurs a déterminé que parmi eux, 62 % étaient flamands et 38 % francophones – c’est-à-dire le même rapport qu’entre le nombre de Flamands et de francophones dans le pays en général.

    Si la collaboration flamande est mieux connue, c’est surtout du fait qu’existaient en Flandre des expressions plus fortement organisées de ce courant. L’exemple le plus proéminent est celui de la VNV (Vlaams Nationaal Verbond, Ligue nationale flamande) qui disposait d’environ 100 000 membres. À titre de comparaison, aucun parti politique belge ne possède aujourd’hui autant de membres. La VNV est complètement passée dans le camp de la collaboration, a fourni des bourgmestres de guerre, et repris à son compte la rhétorique nazie. Les dirigeants de la VNV comme Staf De Clercq n’hésitaient pas non plus à recourir aux discours antisémites. Ainsi, celui-ci déclarait en 1940 : « Il n’y a qu’une seule solution. La purge systématique de notre corps national. L’élimination entière et totale du juif, pour assainir notre corps national. […] Nous sommes nationalistes, ce qui signifie que nous nous dressons pour la défense de notre peuple, de notre culture, de notre sang. Le juif n’appartient pas à notre peuple, et encore moins à notre sang. Sa culture a pour objectif l’anéantissement de la culture chrétienne. Qui ne travaille pas est un parasite. Or, avez-vous déjà vu un juif travailler ? Le juif vole, pille, escroque, fraude. »

    Voilà quelle était la rhétorique des dirigeants de la VNV. Après la guerre, très peu de collaborateurs ont été poursuivis. Les cercles nationalistes flamands nouvellement refondés se concentraient essentiellement autour de tels collaborateurs : vu le poids de la VNV, cela n’était pas étonnant. C’est à partir de ce mouvement flamand, qui s’était d’abord regroupé dans les cercles catholiques, qu’est apparue la Volksunie (VU, Union populaire) puis le Vlaams Blok (VB, Bloc flamand). Il y a quelques années, l’historien Bruno De Wever disait (à propos d’un énième scandale suivant une déclaration de son frère Bart) : « Après la guerre, le mouvement flamand au sens large a fait sienne la défense de la collaboration, via la justification et la dissimulation. La Flandre a connu un journal comme ‘t Pallieterke, et un historien comme Arthur De Bruyne, dont le style vivant visait à rendre sympathiques les collaborateurs. Il y avait le pèlerinage de l’Yser, des poètes comme Anton Van Wilderode, ou le journal De Standaard, un trait-d’union entre les intellectuels catholiques, démocrates, et les collaborateurs flamands. »

    Le fait qu’une grande partie du mouvement flamand provient de la collaboration a eu pour conséquence que l’on a toujours cherché à justifier cette collaboration ou que l’amnistie pour les collaborateurs a toujours été une revendication importante du mouvement flamand. Bob Maes aussi (un membre de la N?VA à Zaventem, ancien responsable de l’Organisation militante flamande – VMO –, qui après sa dissolution a été suivie par l’Ordre militant flamand – VMO aussi – dirigé par Bert Eriksson) affirmait à nouveau cela lorsqu’il tentait de justifier Staf De Clercq à la télévision. Toute sorte d’organisations de collaborateurs telles que le Fonds Saint-Martin (une association caritative dont le but était d’aider les anciens combattants flamands partis se battre contre l’Union soviétique pour le compte de l’armée nazie) faisaient partie intégrante du Mouvement flamand. Lorsque le Fonds Saint-Martin a été placé sur la liste des organisations extrémistes en Europe à la fin des années ’80, cela s’est fait avec le soutien d’à peu près tous les députés belges au parlement européen. Mais en 2001, Johan Sauwens (CD&V) a dû démissionner de son poste de ministre flamand à la suite de sa présence à une fête organisée par ce fonds.

    Aujourd’hui, il ne reste plus grand-chose de ces cercles collaborateurs qui ont peu à peu dépéri. Le Fonds Saint-Martin n’existe plus, vu le décès de la plupart de ses membres. Les partis nationalistes flamands ont eux aussi adapté leur rhétorique : au Vlaams Belang le candidat-président peut parler du pèlerinage de l’Yser d’un ton condescendant sans que cela ne provoque le moindre remous parmi ses membres, et on c’est à peine si on y parle encore de l’amnistie. C’est la même chose à la N-VA. Cela ne signifie pas que le passé collaborationniste a complètement disparu, mais simplement que son intérêt a diminué.

    Lorsque Jambon explique que les collabos avaient « leurs raisons », mais que lui-même ne vivait pas à leur époque et ne peut se permettre de les juger, il suit la position de De Wever lorsque celui-ci avait provoqué un scandale en 2010 en reprenant une déclaration du président français Mitterand. « Ou comme François Mitterand le disait, lorsqu’on l’a confronté à son passé en tant que fonctionnaire dans le régime collabo de Vichy : “On ne tourne pas le dos à ce qu’on était, on change, c’est tout” ». Encore une fois, on peut y lire une justification de la collaboration. Et encore une fois, on constate que De Wever peut se référer aux “socialistes” pour défendre son point de vue.

    Une VMO n’est pas l’autre…

    La présence de Ben Weyts et de Theo Francken à l’anniversaire de Bob Maes a été utilisée pour stigmatiser le gouvernement. Bob Maes était un collaborateur nazi, qui est par la suite devenu responsable de la VMO, une milice privée interdite. Pendant la guerre, cet homme était membre de la VNV et des Jeunesses national-socialistes flamandes. De même, s’il est vrai que l’Organisation militante flamande (la première VMO, dissoute au début des années ’70) n’est pas la même milice privée que l’Ordre militant flamand (le deuxième VMO, fondée par les néonazis radicaux autour de Bert Eriksson), cela ne rend pas la première VMO plus sympathique – ce n’est d’ailleurs pas un accident si les militants du deuxième VMO ont décidé de se référer à cette tradition.

    Le rôle de Bob Maes et d’autres militants de la Volksunie dans cette organisation était connu depuis longtemps, et n’a à l’époque pas causé le moindre problème au PS pour participer à un gouvernement avec la Volksunie à plusieurs reprises. C’était également le cas lorsque Maes siégeait encore au parlement en tant que sénateur de la VU – en particulier pour les gouvernements Tindemans II et Vanden Boeynants II.

    Sans la VMO de Bob Maes, le deuxième VMO, plus radical, du néonazi Bert Eriksson n’aurait pas vu le jour. Le deuxième VMO a été condamné en tant que milice privée, mais la première VMO avait elle aussi connu pas mal de problèmes juridiques à cause de cas de violences. Il ne s’agissait pas d’un petit club innocent, c’était bien plus qu’un “groupe de défense”. Aujourd’hui, de nombreux membres de la N?VA restent ambivalents au sujet du collaborationnisme, mais c’est également le cas en ce qui concerne d’autres épisodes violents du passé impliquant le Mouvement flamand.

    D’extrême-droite ?

    Pouvons-nous tirer de cela la conclusion que la N?VA est un parti d’extrême-droite ? Non seulement ce parti cherche à justifier le collaborationnisme et la violence de la première VMO, mais on a aussi des photos où on voit Jambon ou même De Wever aux côtés de Jean-Marie Le Pen. Le club d’amis de Theo Francken avait repris le nom de VNV. Et il y a beaucoup de militants du VB qui sont passés à la N?VA. Il est d’ailleurs possible que Jan Jambon soit devenu bourgmestre de Brasschaat grâce au soutien d’un tel militant VB de la première heure passé à la N?VA, du nom de Luc Sevenhans. À l’intérieur du NSV (le cercle étudiant du VB), il y autant de sympathies envers les courants d’extrême-droite dure comme Aube Dorée qu’envers la N?VA.

    Si ces éléments sont tous bel et bien présents, nous trouvons cependant dangereux de banaliser l’appellation d’“extrême-droite”. Dans son essence, la N?VA est une formation petite-bourgeoise, une expression politique de petits entrepreneurs qui subissent la lourde concurrence des grandes entreprises et qui de ce fait entrent en résistance contre l’establishment, tout en aspirant à en faire partie. Mais la N?VA n’est pas une force d’extrême-droite prête à avancer ses positions par des combats de rue, comme cela est le cas avec le VB. Certains membres de la N?VA comme Francken font plus penser à des populistes de droite comme Wilders aux Pays-Bas ou comme le Parti populaire (Folkeparti) danois.
    De part son discours populiste, la N?VA peut compter sur un large mécontentement politique qui attire des figures de divers types : des anciens militants du Vlaams Blok à des libéraux amateurs de Porsche. La simple présence d’éléments d’extrême-droite ne suffit pas pour qualifier l’ensemble du parti comme étant d’extrême-droite.

    La N?VA reste un parti petit-bourgeois, qui représente l’opinion des petits patrons flamands. Ce qui inclut la défense du “bon sens” qui dit que quand cela va moins bien en Flandre, “nous” devons arrêter de subsidier la “politique socialiste” en Wallonie. La volonté de se débarrasser de plusieurs (ou de tous) les mécanismes de protection sur le marché du travail, sans le moindre égard au maintien du capitalisme en tant que système, est également caractéristique de cette classe. La N?VA combine les envolées romantiques du nationalisme flamand historique aux revendications du Voka – un nationalisme flamand de commerçant et de comptable, dont la seule base idéologique est l’égoïsme économique à l’état brut.

    À bas le nouveau gouvernement !

    La critique de Jambon et de Francken est fondée sur des éléments corrects. Mais en ne concentrant cette critique que sur leurs seuls liens avec des réseaux d’extrême-droite, comme le fait le PS, la discussion risque fort de dévier vers le terrain communautaire, alors que plus que tout, ce qu’il faut mettre en avant est le caractère profondément antisocial de ce nouveau gouvernement.

    Le renvoi de Jambon et de Francken ne suffira pas à faire cesser l’offensive déclarée sur tous nos acquis sociaux que ce gouvernement de droite est en train de préparer. Le problème n’est pas la présence de l’une ou l’autre pourriture dans le gouvernement, le problème est l’ensemble de la politique menée par ce gouvernement, qui est contraire à nos intérêts. Les attaques nous concernent tous, Flamands comme francophones, travailleurs comme allocataires sociaux. C’est donc tous ensemble qu’il nous faut partir en résistance contre ce gouvernement des riches.

  • Argumentaire en défense de la grève. ?#?jefaisgrève?

    Les syndicats viennent d’annoncer quel était leur plan d’action. Les jours à venir, une tournée d’information et d’actions de sensibilisation sera organisée, avec ensuite une manifestation nationale à Bruxelles le 6 novembre prochaine. Il y aura également grève à Liège le 24 novembre, de même qu’à Anvers et dans le Luxembourg. Le 1er décembre, la grève touchera Namur, Gand et le Hainaut. Le 8 décembre, ce sera au tour du Brabant-flamand, du Brabant wallon et de Bruxelles. Ensuite, une grève générale est prévue, dans tout le pays, pour le 15 décembre.

    C’est une excellente initiative qui, évidemment, a été décriée par le gouvernement et les organisations patronales. « On n’a pas encore la moindre explication du gouvernement et on va déjà dans la rue », a ainsi déclaré Pieter Timmermans, administrateur-délégué de la Fédération des Entreprises de Belgique. Il nous semble pourtant que nous avons eu largement assez d’explications de la part du gouvernement Michel pour justifier une riposte sérieuse de la part du monde du Travail…

    Qu’est-ce que tout cela peut donc bien avoir à faire avec moi ?

    Ce que prévoit ce gouvernement des riches représente une attaque en règle contre nos conditions de vie. Voici quelques-unes (et seulement quelques-unes…) des mesures issues du catalogue des horreurs du gouvernement :

    • Un saut d’index et une longue période de “modération salariale”. Sur l’ensemble d’une carrière, un saut d’index, cela signifie concrètement une perte de quelque 20.000 euros.
    • Travailler plus longtemps : il n’est pas seulement question de l’augmentation de l’âge de la pension, mais aussi de l’âge de la retraite anticipée et de la limitation des possibilités de crédit-temps.
    • Nos services publics seront littéralement plumés. Nous aurons à payer plus pour des services de qualité moindre tandis que le personnel verra ses conditions de travail être détériorées.
    • Les soins de santé verront leurs moyens considérablement limités.
    • Alors que des emplois disparaîtront dans le secteur public, il y aura imposition du travail forcé pour les chômeurs de longue durée, sous la forme de deux demi-journées de « service à la communauté ». Si du travail doit être fait, pourquoi ne pas embaucher ceux qui le feront avec de vrais contrats et de bons salaires ?

    En bref, les attaques pleuvront sur nous tous, que l’on soit jeune ou pensionné, travailleur avec ou sans emploi.

    Tout le monde ne doit-il quand même pas faire un effort ?

    Cette semaine, l’étude annuelle du Crédit Suisse consacrée à la richesse mondiale (Global Wealth Report) a révélé que la richesse mondiale n’a jamais été aussi grande, avec une moyenne de 56.000 euros par adulte à travers le globe. La somme totale est supérieure de 20 % au plus haut montant jamais enregistré avant la crise ! « Cette croissance est principalement due à la performance des marchés de capitalisation des États-Unis et en Europe. » Il ressort également de ce rapport que les 10 % des plus riches détiennent 87 % de la richesse mondiale alors que les 50 % les plus pauvres n’en détiennent que… 1 % ! Les inégalités ont atteint un niveau « anormalement élevé » pouvant conduire à la récession.

    Comme le philosophe français Piketty l’observe: «Les 1% les plus riches aux Etats-Unis se sont accaparés 60% de l’augmentation du revenu national américain entre 1977 et 2007. » Depuis le début de la crise, les riches sont devenus encore plus riches, tandis que la grande majorité de la population a cédé du terrain. La coalition suédoise va poursuivre ce sale travail et puiser dans nos salaires, nos avantages sociaux et nos services publics pour donner des cadeaux aux patrons. La seule mesure destinée à (un peu) toucher les patrons (porter d’un à deux mois la période de salaire garanti en cas d’incapacité de travail) a immédiatement été retardée. Tout le monde n’est pas logé à la même enseigne… Ce dont il est en réalité question, c’est de poursuivre et d’accentuer le transfert de richesses de la population ordinaire vers les super-riches.

    OK. Mais les employeurs doivent quand même eux-aussi participer à l’effort non? Avec la « taxe Caïman » ?

    L’impact de cette taxe, la “taxe de transparence” (qui vise les montages financiers dans les paradis fiscaux), est très clair. Même le président du CD&V a dû reconnaître que l’apport serait « modeste ». Par contre, le saut d’index est un cadeau de 2,6 milliards d’euros pour les employeurs ! Un jeune perdra plus de 20.000 euros au cours de l’ensemble de sa carrière. Avec cette nouvelle taxe, le gouvernement espère récolter sur 120 millions d’euros, une somme considérée comme exagérée par divers spécialiste. Face à cela, les patrons recevront un cadeau de 2,6 milliards d’euros avec la seule mesure du saut d’index.

    Comme cela a déjà été dit, la seule mesure qui s’en prendra un peu au patronat a déjà été reportée d’un an et les employeurs espèrent que cette mesure ne verra jamais le jour. Les patrons savent très bien que nous travaillons tous plus longtemps et plus durement, mais ils ne veulent pas prendre leurs responsabilités quant aux conséquences en termes de stress, d’épuisement et d’autres formes d’incapacité de travail. Tout ça, cela doit selon eux être aux frais de la collectivité.

    Nous vivons plus longtemps, c’est quand même normal de travailler plus longtemps non ?

    Nous vivons plus longtemps, c’est vrai, mais nous sommes aussi beaucoup plus productifs. Il y a vingt ans, l’espérance de vie d’un travailleur était légèrement plus courte qu’aujourd’hui. Mais les travailleurs qui arriveront demain à l’âge de leur pension auront beaucoup plus contribué. En 1980, pour chaque heure prestée, nous étions 111% plus productifs qu’en 1965. Entre 1980 et 1995, l’augmentation de la productivité était de 36% et, en 2009, nous étions encore 15% plus productifs par heure prestée par rapport à 1995.

    Cette forte augmentation de la productivité signifie que nous produisons plus dans le même temps. Nous produisons donc plus de richesses pour les employeurs et la collectivité. Cette augmentation de la productivité ne peut pas seulement être attribuée aux innovations technologiques, car la charge de travail est croissante, ce que confirment les données relatives aux burnouts et au stress. Qu’est ce qui justifie de reporter de plusieurs années le fait de pouvoir bénéficier de sa pension après avoir travaillé très dur autant de temps? Où s’arrêtera-t-on ? L’âge d’accès à la pension dépassera-t-il un jour l’espérance de vie ?

    Il s’agit tout de même de l’avenir de nos enfants…

    S’il s’agissait vraiment de l’avenir de nos enfants, pourquoi ce domaine n’est-il pas épargné par l’austérité ? Tout ce qui est important pour la jeunesse voit ses moyens se réduire, et cela ne dépend d’ailleurs pas que du fédéral… L’enseignement est loin d’être gratuit en Belgique, très certainement dans le cas du supérieur, et on prévoit encore 240 millions d’euros d’économie dans les budgets de la Fédération Wallonie-Bruxelles (dont environ 80% des moyens sont consacré à l’enseignement.

    A côté de cela, la politique à destination de la jeunesse est de plus en plus répressive : pensons seulement à l’usage des Sanctions Administratives Communales (SAC). Et se construire un avenir avec des services publics plus chers, des salaires moindres, les attaques sur les allocations de chômage,… ne sera pas évident.

    Ne devrions-nous pas attendre les consultations avec les autorités et ensuite passer à l’action ?

    Le gouvernement affirme vouloir consulter les syndicats avant de mettre ses mesures en œuvre. Mais les décisions sont déjà prises. L’accord de gouvernement lui-même ne parle que de demander leur avis aux « partenaires sociaux ». Ce gouvernement de droite dure est déterminé à déployer une offensive de grande ampleur contre notre niveau de vie. Cette droite n’est pas intéressée par le dialogue social, cela a été explicité très clairement par un journaliste pro-NVA du quotidien De Standaard (Discart), qui a déclaré : « J’espère que l’accord gouvernemental frappera les Wallons de telle manière à ce que leurs nombreuses grèves causent un chaos total. » Qui est responsable de l’organisation du chaos avec des propos pareils ? Nous n’avons pas de temps à perdre, nous devons sérieusement organiser la résistance sociale.

    Ce gouvernement a quand même été démocratiquement élu ?

    Nous avons le droit démocratique de mener des actions. Mais le gouvernement va tout faire pour limiter ce droit, il suffit de penser au service minimum dans les transports publics (s’il fallait réellement défendre ces services, ils n’organiseraient pas l’austérité à la SNCB…). Mais le droit démocratique à l’action existe toujours bel et bien. Si nous voulons bloquer ces mesures antisociales, nous aurons besoin de recourir à ce droit, qu’il faut défendre avec énergie. Le gouvernement ne traitera qu’avec mépris les actions ludiques et symboliques.

    Pourquoi dois-je faire grève ?

    Aucune conquête sociale n’a été obtenue en la demandant gentiment. C’est grâce à la lutte collective et à la grève que nous avons pu gagner diverse réformes qui ont amélioré le sort des travailleurs et de leurs familles. A chaque moment, le patronat a parlé de « prise d’otage » de la population et de l’économie par les grévistes. Si on laissait faire les patrons, nous nous retrouverions sans la moindre protection sociale. Ils organisent notre misère et l’effondrement de nos conditions de vie, et celui qui ose dire quoi que ce soit à ce sujet doit faire face à la répression.

    Quel a été le résultat des grèves précédentes ? La fin du travail des enfants, le suffrage universel, la sécurité sociale, les congés payés, l’indexation des salaires, la législation sur la sécurité et la santé au travail,… Celui qui pense que tout cela est sans importance a des raisons de résister à la grève. Nous comprenons donc la position anti-grève défendue par les organisations patronales (VOKA, FEB,…) et par ce gouvernement des riches. Mais la majorité de la population n’a que des intérêts à trouver dans le soutien aux actions de grève.

    Serons-nous écoutés ?

    Une seule chose est certaine : rien ne bougera si nous demandons gentiment de revenir sur les mesures antisociales. Une grève paralyse tout le système économique et clarifie de suite qui sont les véritables producteurs de richesses : les travailleurs. Une simple protestation est insuffisante, une promenade de santé à Bruxelles également. Nous avons maintenant la base pour un plan d’action avec des tournées d’information dans les entreprises suivies d’une manifestation nationale précédant des grèves provinciales et la tenue d’une journée de grève générale le 15 décembre.

    Nous pouvons saisir cette occasion pour aller vers la victoire. Les réunions d’information permettront de pousser la discussion le plus largement possible sur ce qui convient de faire pour faire chuter ce gouvernement. Ces discussions permettront une large mobilisation contre le gouvernement, mais aussi d’aller un pas plus loin, contre l’austérité sous toutes ses formes.

    Que voulons-nous au final ?

    Tout au long du mouvement, il nous faudra défendre une alternative contre la politique austéritaire. Émousser les bords les plus tranchants de la politique antisociale ne suffira pas. Nous voulons repousser toute la politique d’austérité. Nous vivons dans un monde où les 85 personnes les plus riches possèdent autant que la moitié la plus pauvre de la population mondiale, comme l’a encore récemment dévoilé une étude d’Oxfam.

    Nous sommes de plus en plus nombreux à être convaincus que ce système est à renverser. La tâche peut paraître titanesque, mais la colère contre l’establishment capitaliste se répand et se renforce. Reste à l’organiser de manière conséquente, avec un programme capable d’arracher les leviers de l’économie à la rapacité des actionnaires, spéculateurs et grands patrons pour les placer dans les mains de la collectivité : le programme du socialisme démocratique.

    Les travailleurs n’ont rien à perdre que leurs chaînes, ils ont un monde à gagner, disait Karl Marx en son temps. Il n’a jamais eu aussi raison qu’aujourd’hui.

  • Un sit-in réussi à l’école De Wingerd (Gand), d’autres à suivre aujourd’hui !

    Rapport et photos repris d’actieflinks.be, le site des Étudiants de Gauche Actifs en néerlandais

    En Flandre, la lutte contre l’austérité dans l’enseignement se poursuit. Hier, un sit-in a eu lieu à l’école De Wingerd, à Gand. Aujourd’hui, des actions similaires sont prévues entre autres à St Lucas, de Voskenslaan et l’Athénée Gentbrugge. Thomas, un élève de De Wingerd, nous raconte.

    “Ce matin, plus de 250 élève de l’école De Wingerd ont participé à une action de sit-in contre l’austérité dans l’enseignement. L’initiative de cette action a été prise par le comité d’action de De Wingerd. Ce n’est pas la seule école qui refuse d’accepter l’austérité. Après la manifestation qui a réuni étudiants du secondaire et du supérieur le 8 octobre dernier, le lancement de groupes d’action dans différentes écoles et hautes-écoles a été décidé. Avec succès, puisque des actions doivent être menées demain à l’image de se qui s’est produit aujourd’hui à De Wingerd. J’ai entendu que cela allait se produire à St.-Lucas (qui avait déjà organisé un sit-in avec environ 200 personnes), de Voskenslaan et l’Athénée Gentbrugge. Avec ces actions, nous espérons clarifier aux yeux du gouvernement que nous n’acceptons pas la logique d’austérité et que nous allons défendre notre enseignement. Des comités d’action s’organisent aussi dans d’autres écoles.”

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  • [VIDEO] Kshama Sawant et le prix Nobel de Malala

    Sur Democracy Now, notre camarade Kshama Sawant (élue de Socialist Alternative au Conseil de Seattle) a réagi à l’annonce du prix Nobel reçu par la jeune pakistanaise Malala. Dans les médias dominants, on a très peu entendu parler des positions anticapitalistes et en faveur du socialisme de Malala. Il y a peu, elle avait également reçu le prix Sakharov au Parlement européen.

  • Un système de plus en plus inégalitaire, à jeter dans les poubelles de l’histoire

    capitalism-crashPlus d’un Belge sur cinq risque de sombrer sous le seuil de pauvreté ou d’être victime d’exclusion sociale. C’est ce qui ressort d’une récente étude du groupe de réflexion allemand Bertelsmann Stiftung, relayée en Belgique par le quotidien néerlandophone De Standaard. 50% de risques en plus qu’en République tchèque…

    Edito de l’édition d’octobre de Lutte Socialiste, par Nicolas Croes

    L’étude pointe du doigt que les pauvres, les chômeurs, les enfants et les malades sont mal intégrés à la société belge en raison d’une faible lutte contre la pauvreté, d’une inégalité dans l’enseignement et d’un marché du travail saturé. Concernant l’enseignement, le contexte socio-économique familial n’est aussi déterminant pour les performances scolaires que dans sept autres pays européens.

    Malgré ce constat, il semblerait que la Belgique soit l’un des pays les plus égalitaires d’Europe, toujours selon le groupe Bertelsmann Stiftung. Pourtant, en Belgique, les 10% les plus riches possèdent 44% de la richesse nationale. Pas moins de 15% de la population vit sous le seuil de pauvreté et, sans la sécurité sociale, ce chiffre exploserait pour atteindre les 42%. Voilà de quoi sérieusement relativiser cette idée d’un pays ‘‘égalitaire’’. Cette situation des plus révoltantes est destinée à s’assombrir à nouveau de par les mesures austéritaires discutées à tous niveaux de pouvoir, et particulièrement au niveau fédéral.

    Un appauvrissement collectif

    La coalition dite suédoise actuellement en formation prévoit des économies budgétaires à hauteur de 17 milliards d’euros (le rythme d’application est encore sujet à discussions). Cela ‘‘ne se fera pas sans un appauvrissement collectif inévitable’’ déclare le professeur en Finances publiques Herman Matthijs (VUB et Université de Gand). Ce constat fait la quasi-unanimité.

    L’étude de Bertelsmann Stiftung explique le côté ‘‘égalitaire’’ de la Belgique par les résultats obtenus sur le plan des soins de santé. Mais il est justement question de réduire la norme de croissance des soins santé. Le rapport pointe du doigt le taux de chômage, particulièrement parmi la jeunesse. Mais la coalition des droites prévoit de durcir les règles d’accès à la pension et de supprimer presque totalement la prépension. Un quart des pensionnés vivent déjà sous le seuil de pauvreté en Belgique. Mais MR, N-VA, CD&V et Open-VLD discutent de revoir à la baisse le calcul de la pension des fonctionnaires et de mettre fin aux régimes d’exception dans la police et chez les cheminots.

    A tout le monde de se serrer la ceinture ? Pas vraiment… Le monde patronal recevrait 2 milliards d’euros de cadeaux fiscaux supplémentaires. Le secteur diamantaire, notamment, a de quoi se frotter les mains : Bart De Wever a fait savoir que les négociateurs de la coalition suédoise prévoyaient de nouvelles mesures favorables au secteur. ‘‘On tombe dans la caricature du lobby droitier…’’ a bien dû reconnaître La Libre.

    Toutes ces recettes ne sont pas neuves et le désastre qu’elles laissent dans leur sillage est bien connu. Nous vivons dans un monde où 85 personnes à peine possèdent autant de richesses que la moitié la plus pauvre de l’humanité, comme le révélait il y a quelques mois une étude d’Oxfam.

    Nous sommes de plus en plus nombreux à être convaincus que ce système est à renverser. La tâche peut paraître titanesque, mais la colère contre l’establishment capitaliste se répand et se renforce. Reste à l’organiser de manière conséquente, avec un programme capable d’arracher les leviers de l’économie à la rapacité des actionnaires, spéculateurs et grands patrons pour les placer dans les mains de la collectivité : le programme du socialisme démocratique.

    Les travailleurs n’ont rien à perdre que leurs chaînes, ils ont un monde à gagner, disait Karl Marx en son temps. Il n’a jamais eu aussi raison qu’aujourd’hui.

  • Hong Kong: attaques criminelles du gouvernement et de la police

    Pour l’organisation de comités d’auto-défense !

    Ce vendredi 3 octobre – les rangs des manifestations diminuant après 6 jours d’occupation, de résistance à la police, et la fin des 2 jours fériés – le mouvement de masse pour la démocratie a souffert d’attaques de plusieurs fronts, évidemment coordonnées. Dans le quartier ouvrier de Mong Kok, où les membres de Socialist Action (section du Comité pour une Internationale Ouvrière à Hong Kong) sont actifs dans les actions du « Mouvement Parapluie », des gangs criminels (les triades) et les foules mobilisées par « Caring Hong Kong Power » (un groupe pro-régime raciste de droite) ont attaqué l’occupation violemment, détruisant les tentes et les barricades et attaquant les manifestants pro-démocratie alors que la police restait généralement en retrait. Selon la police, 37 personnes ont été blessées vendredi, dont au moins 18 à Mong Kok, où 19 personnes ont été arrêtées (la moitié d’entre eux avaient « des liens avec la triade » selon la police).

    Par Dikang, Socialist Action (CIO-Hong Kong)

    Une attaque simultanée commise par un groupe similaire, mélange de brutes du monde sous-terrain et des forces pro-Pékin, a été menée contre l’occupation à Causeway Bay, sur l’Ile de Hong Kong. La police a utilisé le prétexte pour y pénétrer et détruites tentes et barricades afin d’en finir avec l’occupation. Un nouveau groupe pro-gouvernement a été formé cette semaine, qui porte des rubans bleus en soutien à la police, en opposition aux rubans jaunes des manifestants pour la démocratie. Ce n’est que la dernière des nombreuses « initiatives » de “citoyens inquiets”, mais qui ne sont en fait que des manœuvres d’organisations liées à la dictature chinoise du Parti “Communiste” Chinois. Une vidéo circule montrant la police près d’une station de police de Causeway Bay distribuant des rubans bleus à une foule essentiellement composée d’hommes d’âge moyen qui ont plus tard été vus attaquer l’occupation.

    Cette violence orchestrée par le gouvernement ce vendredi suit une attaque lancée deux jours plus tôt par une organisation rurale pro-régime (Heung Yee Kuk) contre un stand de la Hong Kong Confederation of Trade Unions (HKCTU Confédération des syndicats de Hong Kong, pro-démocratie). Environ 10 000 membres de HKCTU (dans les secteurs du transport, de l’éducation et des services) sont en grève depuis lundi, en participation au mouvement de contestation actuel. Cette violence orchestrée est appuyée par une propagande médiatique intensive contre le « chaos » et « la paralysie économique ».

    Sur le principal site d’occupation à Admiralty aussi, il y a maintenant un urgent besoin d’organiser une défense sérieuse contre les hommes de main de Pékin et les nouvelles attaques policières. Des affrontements ont eu lieu là-bas entre la police et les manifestants mis en colère par les manœuvres policières provocatrices. Vendredi matin, la police a ainsi demandé aux occupants de libérer un couloir pour permettre à une ambulance d’entrer afin de soigner un policier malade.  Mais ce sont en fait des camions pleins de gaz lacrymogènes, de balles en caoutchoucs et d’autres matériels de répression qui ont fait leur apparition. Un journaliste de CNN a rapporté avoir vu des containers amenés dans les bureaux du gouvernement mardi matin avec des étiquettes signalant des balles en caoutchouc.

    Les masses défendent l’occupation de Mong Kok

    L’action de la police a effectivement transformé le bureau du Chef de l’Exécutif CY Leung en forteresse armée après que des groupes étudiants plus radicaux aient menacé de monter une occupation à cet endroit. Cela montre la frustration apparente parmi les couches plus radicales de la jeunesse contre le jeu de patience du gouvernement et les attaques violentes, mais aussi la peur de plus en plus forte que les dirigeants « modérés » cherchent encore un moyen d’éteindre le mouvement.

    Les attaques des lieux d’occupation étaient clairement coordonnées, selon un modèle et un timing presque identiques – au milieu de la journée, quand les occupants étaient peu nombreux. Les manifestants pour la démocratie ne doutent pas que la contre-attaque du mouvement de contestation était organisée et dirigée par le gouvernement haï du Chef de l’Exécutif CY Leung et les commandants des Forces de Police de Hong Kong dont les attaques brutales au gaz lacrymo contre des manifestations pacifiques ont provoqué cette « Révolution des Parapluies ».

    A Mong Kok, les appels au renfort pour que le mouvement reprenne le contrôle de la place a fait gonfler la foule jusqu’à 10 000 personnes vendredi soir. C’est une réponse incroyable, étant donné les déclarations des dirigeants « officiels » du mouvement (dont ceux de la Fédération des Etudiants et l’ONG de jeunes, Scholarism) qui appelaient les gens à se rassembler sur le site principal du mouvement à Admiralty, devant les quartiers généraux du gouvernement assiégés. Le mobilisation pour défendre le site de manifestation de Mong Kok était une initiative des groupes contestataires plus radicaux « non-officiels » et de gens ordinaires.

    Plusieurs sites d’occupation

    Il s’agit d’une question importante. Avoir plusieurs sites d’occupation augmente l’efficacité du mouvement en termes économiques et, plus important, en termes politiques. Mais l’effet le plus important est peut-être que cela rend ces occupations encore plus résistantes aux attaques de la police. La décentralisation de l’occupation en 4 sites à un moment a constitué une réponse à l’offensive de la police les 28 et 29 septembre qui visait à briser le mouvement. C’était une réponse tactique brillante et complètement improvisée des manifestants, qui a instantanément pris de court les commandants de police et a accru leurs problèmes stratégiques. Le plan de jeu de la police pour écraser le mouvement d’occupation était basé sur la notion de « Occupy Central » (une campagne menée par des professeurs libéraux qui ne s’est jamais vraiment matérialisée) – un seul site, en d’autres termes, qui aurait été bien plus facile à encercler et à vaincre.

    Une pression apparaît aussi à l’intérieur du « Mouvement des Parapluies » de la part d’une partie de sa direction qui ne sont pas d’accord avec l’existence de tant de lieux de contestations, parce que cela rend le mouvement bien plus difficile à contrôler pour ces dirigeants en général auto-proclamés. Les pan-démocrates bourgeois « modérés » qui sont aujourd’hui l’influence dominante dans le mouvement ont été complètement médusés, presque autant que les gouvernements chinois et de Hong Kong, par l’échelle et l’esprit combatif de ces manifestations. Ces politiciens ont toujours redouté la lutte de masse, dont ils savaient qu’elle pouvait se radicaliser et échapper à leur contrôle.

    « A présent, le status quo est la confusion », dit l’ancien dirigeant du Parti Démocrate Albert Ho Chun-yan. Les politiciens bourgeois comme Ho se sont, à de nombreuses reprises, opposés à la lutte de masse et ont donné du crédit à la propagande de peur du gouvernement contre « l’extrémisme » et « les manifestations violentes ». Ce fut le cas lorsque beaucoup de politiciens pan-démocrates ont condamné les manifestants, y compris « Longs Cheveux » Leung Kwok-hung, après les manifestations furieuses au forum de consultation du gouvernement en 2011 – pour lesquels Longs Cheveux a récemment purgé 1 mois de prison. La soi-disant « violence » dans ce cas consistait en quelques pots de fleurs cassés et une porte endommagée, pour lesquels même le tribunal n’accusait pas « Longs Cheveux » – qui lui même a été attaqué par un partisan du gouvernement lors de ce forum. Les pan-démocrates modérés se sont emparés de cet incident et d’autres pour dénoncer « les manifestations violentes, mais surtout parce qu’ils étaient en période électorale (pour les conseillers locaux) et étaient défiés par des candidats plus radicaux.

    Aujourd’hui, il n’est donc pas surprenant que les modérés comme Ho soient « désorientés » par la lutte de masse sans précédent. Mais ce qui frappe dans le mouvement de Hong Kong en ce moment est plutôt la clarté des buts et les actions décisives dont les jeunes, les étudiants et les travailleurs font preuve dans leur résistance quotidienne à la police.

    Le but des pan-démocrates modérés est de trouver un « compromis », une « solution pragmatique », des concessions périphériques qui laisseraient les autorités dictatoriales actuelles – avec ou sans CY Leung – en place. Ce n’est pas un programme pour « la démocratie totale » comme elle est exigée par les masse, il risque donc de provoquer un mécontentement massif.

    Les attaques violentes actuelles contre le mouvement de masse font partie de la stratégie du gouvernement, comme Socialist Action l’avait prédit, d’augmenter la pression sur les pan-démocrates « modérés » et les groupes comme « Occupy Central » (OC) afin de les pousser vers la voie du « compromis ». Les attaques augmentent aussi la nervosité des dirigeants « modérés » qui préféreraient re-centraliser le mouvement de contestation en un seul site – plus facile à contrôler. Ceci explique pourquoi, alors qu’ils ont condamné les attaques violentes et critiqué le rôle de la police, il y a un manque d’intérêt manifeste de la part de ces dirigeants à appeler à la continuation (et à la défense) des occupations de Mong Kok et Causeway Bay.

    Des négociations?

    A ce stade de la lutte, la montée initiale atteignant un plateau en l’absence de toute stratégie claire ou de direction réelle, l’incertitude est grande concernant l’orientation du mouvement et ses revendications. Une question-clé est l’attitude envers les négociations, que le gouvernement a longtemps refusées.

    A Hong Kong comme ailleurs, les exemples sont nombreux de mouvements de contestation de masse qui se sont retrouvés les mains vides faute d’avoir des dirigeants sous contrôle démocratique et en raison de l’absence d’organisations réellement massives (en particulier issues du monde du travail) à côté d’ONG qui ne se profilent que sur un seul thème. Les politiciens bourgeois qui dominent la lutte pour la démocratie à ce stade ne veulent pas d’une révolution (« de parapluie » ou autre) parce qu’ils partagent la peur de la classe capitaliste que cela irait au delà des appels au « une personne – un vote » (démocratie bourgeoise) et que les corporations et les banques qui saignent la population ne soient directement remises en question. Trop souvent, les dirigeants pan-démocrates sont entrés dans le piège du faux dialogue avec la dictature du PCC où de ses laquais – un dialogue qui ne peut favoriser qu’un seul but : faire rentrer les gens chez eux sans leur offrir aucun changement réel ou significatif.

    Il y a déjà une division au sein du mouvement sur cette question cruciale. Les principaux groupes étudiants ont d’abord déclaré avec justesse que les négociations étaient exclues tant que CY Leung resterait à son poste – c’est une position minimum ! Cependant lorsque le gouvernement a offert de rencontrer les dirigeants des manifestations le jeudi 2 octobre au soir, un plan évidemment approuvé ou dicté par Pékin, les « modérés » et en particulier les dirigeants de « Occupy Central » semblent avoir déjà exercé une pression pour ouvrir des pourparlers qui sont liés à leurs peurs d’avoir déjà perdu le contrôle du mouvement.

    Les attaques à Mong Kok et Causeway Bay coupent court à ce développement, car la pression des masses sur les dirigeants étudiants leur fait changer de position et dire non aux négociations. Mais les dirigeants d’Occupy Central ont insinué qu’ils sont toujours ouverts à discuter avec le gouvernement. Leur ardeur à passer de la lutte des masses en rue aux dirigeants assis autour d’une table fait partie de l’ADN politique des pan-démocrates modérés. Ils veulent utiliser tout pourparlers pour clamer « la victoire morale » et soutenir que les manifestations de masse devraient se terminer « pour l’instant ». Mais une telle position serait désastreuse. Cela signifierait jeter l’énorme élan que cette lutte de masse a acquis et laisser s’en tirer le gouvernement (qui a des réserves sans fin de malhonnêteté et d’intrigues) !

    Besoin d’un parti des travailleurs

    Les succès de cette lutte, en particulier ce mouvement historique, doivent être mesurés par les gains concrets, pas par les promesses vides. Cela ne signifie rien de moins que la chute du gouvernement cruel et corrompu de CY Leung – et le refus d’accepter tout successeur autre que par une élection vraiment démocratique, sans le comité de nomination dominé par le Big Business du PCC, et dans laquelle il n’y a aucune restriction sur quels candidats peuvent se présenter. Cela signifie aussi le remplacement du pouvoir législatif imposé par une authentique assemblée du peuple, composée de membres élus, révocables, et payés seulement le salaire d’un travailleur qualifié. Comme dans le récent référendum en Écosse, l’âge du droit de vote devrait être ramené à 16 ans, puisque les jeunes ont donné la preuve de leur rôle crucial dans le développement politique de la société.

    Les socialistes ne sont pas des dogmatiques qui écartent l’idée de négociations par principe. Il y a beaucoup d’occasion où, dans une lutte sur un lieu de travail ou un mouvement social, les socialistes faisant partie de la direction entreraient dans des négociations, tant qu’elles sont appuyées par la pression de l’action de masse. Mais les pourparlers avec ce gouvernement de Hong Kong – sous les ordres d’une dictature qui ne négociera jamais son pouvoir et son contrôle – est la recette pour un échec certain. C’est particulièrement vrai si les négociateurs sont les mêmes dirigeants pan-démocrates « modérés » dont l’approche compromise n’a pas récolté une seule avancée démocratique en plus de 3 décennies (et qui n’ont joué aucun rôle dans les événements massifs actuels).

    Socialist Action, en tant qu’organisation marxiste, sert de mémoire au mouvement de la classe ouvrière. Nous rappelons aux masses les erreurs passées – l’expérience amère des trahisons de l’Histoire de la lutte pour la démocratie à Hong Kong – pour que ces opportunités manquées puissent être évitées dans la lutte d’aujourd’hui.

    Ce mouvement de masse magnifique a attiré l’attention du monde entier, en particulier chez les opprimés, les travailleurs et les jeunes. Il y a eu un épanchement de solidarité de partout dans le monde, y compris d’organisations ouvrières des Philippines à la Grande Bretagne.

    Socialist Action a joué un rôle actif dans le mouvement d’occupation et la grève étudiante à partir de laquelle le mouvement s’est développé. Nous lions la lutte démocratique au besoin de combattre le capitalisme, en particulier le besoin d’un nouveau parti de masse des travailleurs pour unir la classe ouvrière et les couches de gauche de ce mouvement. Nous avons besoin de cela pour défier le pouvoir économique dictatorial des familles de magnats d’affaires de Hong Kong et de construire un soutien à une alternative socialiste, avec par exemple le contrôle public démocratique sur les banques et les sociétés immobilières comme seul moyen d’alléger le fardeau insupportable du coût du logement – officiellement « le plus abordable au monde ».

    Faites passer le parapluie en Chine!

    Socialist Action, en tant qu’une des quelques voix de ce mouvement, appelle aussi à l’étendue de la lutte à la Chine continentale, en soutenant les luttes ouvrières illégales dans les usines en Chine et à la lutte contre la répression d’État. C’est la seule stratégie viable pour vaincre la dictature à parti unique du PCC, qui constitue aujourd’hui un barrage apparemment insurmontable à la démocratie à Hong Kong, ainsi bien sûr qu’en Chine. Malheureusement, beaucoup des groupes contestataires, en particulier ceux qui sont influencés par les partis capitalistes comme le Parti Démocratique, ne voient pas le besoin de cela où le rejettent tout à fait en tant « qu’ingérence » dans les affaires chinoises qui provoquerait une ligne encore plus dure de la part de la dictature.

    Mais «l’auto-censure » et les tentatives de séparer les deux lutte sont une approche aux graves lacunes, qui en fait renforce l’emprise du régime chinois. Le “parapluie” doit être passé de Hong Kong à la Chine, et le plus tôt sera le mieux. Mais cela requiert un programme basé sur les intérêts de la classe ouvrière et des jeunes, en Chine et à Hong Kong, en opposition aux intérêts des capitalistes qui de toute façon sont fermement dans le camp anti-démocratique.

    Socialist Action a toujours systématiquement soutenu que les manifestations de masse pour la démocratie devraient être organisées sur des lignes démocratiques, avec des comités d’action élus ouverts à tous les groupes participant pour diriger les occupations, les coordonner les travailleurs et étudiants en lutte, et pour prendre toutes les décisions importantes sur les futures tactiques, y compris quelle attitude avoir face aux éventuelles concessions ou offres de négociations par le gouvernement.

    Nous avons subi des critiques et des tentatives bureaucratiques de bloquer nos activités de la part de certains des groupes au sein de la lutte pour la démocratie, quand durant le mouvement de 100 000 personnes contre le lavage de cerveau dans les écoles en 2012 nous avions mis en garde contre le fait de permettre à un petit cercle de dirigeant de décider de tout sans approche ouverte et démocratique ; mais cela s’est révélé décisif quand le mouvement a été soudainement et inexplicablement dissout sans avoir obtenu une annulation complète de la politique réactionnaire du gouvernement.

    Malheureusement, il y a aujourd’hui une absence similaire de structures démocratiques, et alors que l’occupation spontanée et organisée approximativement s’est déroulée avec une énergie et un bon fonctionnement impressionnants dans ses premiers jours, ce modèle de lutte de masse est mis à rude épreuve par la campagne de terreur du gouvernement. La violence contre le mouvement de contestation rend la question de l’organisation démocratique extrêmement urgent, avec le besoin de monter des comités d’action dans chaque occupation, de coordonner la mobilisation et en particulier d’organiser l’auto-défense, et des organes démocratiques similaires dans les écoles et les lieux de travail pour construire le mouvement de grève. Ces comités devraient être ouverts à toutes les forces du mouvement de contestation, avec des discussions ouvertes et démocratiques pour décider des tactiques et de quelles positions politiques prendre à mesure que le mouvement se déroule. Seul un mouvement complètement démocratique est capable de vaincre le gouvernement.

    – A bas CY Leung!
    – Non aux faux accords négociations : démocratie complète maintenant !
    – Soutenons et étendons la « Révolution des Parapluies » – construisons des comités d’action démocratiques pour décider des prochaines étapes et organisons l’auto-défense contre la violence orchestrée par le gouvernement !
    – Continuons à construire la grève des écoles ! Pour une union combative indépendante des écoliers !
    – A bas la dictature à parti unique du PCC ! A bas les magnats capitalistes protégés par la dictature !
    – La lutte pour la démocratie est aussi une lutte de classe – nous avons besoin d’un parti de masse des travailleurs pour lutter le socialisme!

  • Pas de Thatcher en Belgique !

    Il nous faut un plan d’information et d’action contre le gouvernement de droite dure !

    Les partis ouvertement de droite qui discutent de la formation du nouveau gouvernement fédéral n’ont qu’une seule logique en tête : celle du libre marché et de la maximisation des profits des grandes entreprises. Selon leurs dires, au plus les grandes entreprises recevraient de cadeaux, au plus la population bénéficierait de retombées positives. En conséquence de quoi les sacrifices que nous avons à livrer au final serviraient à notre bien-être futur. La coalition ‘‘suédoise’’ utilise ici une vieille rengaine, celle de Margaret Thatcher et Ronald Reagan dans les années ‘80.

    Même le Bureau Fédéral du Plan a calculé que la poursuite de la trajectoire budgétaire stricte pour parvenir à un équilibre en 2016 signifierait une perte de 47.000 emplois. Cette étude a été réalisée en juin dernier, mais le résultat n’a été dévoilé que maintenant. Toujours est-il que les indicateurs économiques ne sont pas devenus meilleurs depuis lors. Toutes les données indiquent également qu’à politique inchangée, il n’y aurait de toute façon pas suffisamment d’emplois pour répondre au chômage massif et croissant dans notre pays.

    Pour les politiciens les plus à droite, les avertissements du Bureau du Plan ne sont qu’une ‘‘vérité qui dérange’’ dont il ne faut pas tenir compte. Rien ne doit s’élever sur le chemin tracé par le dogme néolibéral. Comme le journaliste Marc Reynebeau l’a écrit dans le Standaard : ‘‘Les politiciens sont tellement imprégnés de la logique du marché qu’ils ne la considèrent plus comme un choix idéologique mais comme une nécessité inaltérable.’’ C’était typique de la rhétorique de Thatcher : There is no alternative.

    Les politiques néolibérales de Thatcher & Cie ont conduit les inégalités vers des sommets inédits. Le transfert massif de richesses des travailleurs et allocataires sociaux vers les super-riches n’a jamais ‘‘ruisselé’’ vers le bas de la société. Cela n’a freiné le développement ni d’un chômage de masse et d’une pauvreté inquiétante. Pourquoi serait-ce différent aujourd’hui? Quelles conséquences l’austérité a-t-elle eu pour les Grecs, les Espagnols ou les Irlandais ? Ils se retrouvent la tête sous l’eau.

    Tout comme Thatcher en son temps, la coalition d’ultra-droite en formation ne veut pas limiter son action à l’application d’une politique néolibérale drastique, elle veut aussi s’en prendre à une série de symboles. Des ‘‘tabous de gauche’’ doivent disparaître. Parmi ces tabous figure la sécurité sociale, sans laquelle le taux de pauvreté exploserait à 42%. La N-VA préfère une douleur ‘‘dure et brève’’ dans la lutte contre les pensions des fonctionnaires, contre le droit de grève (avec l’imposition d’un service minimum dans les transports publics notamment) ou pour un saut d’index.
    Ne devrions-nous pas plutôt éviter d’attaquer le niveau de vie de la majorité de la population et investir massivement des moyens publics pour répondre aux nécessités criantes dans presque tous les services publics : des services à la petite enfance aux mouvements de jeunesse, des soins de santé à l’enseignement, des logements sociaux aux transports publics, de l’énergie aux pensions ? Pour une fois, n’irait-on pas chercher l’argent là où il est ? Dans les poches des super-riches ?

    Cette option-là est irréaliste pour les néolibéraux. C’est impossible. L’explication est aussi convaincante que celle que défend l’austérité : c’est comme ça. On ne peut rien y faire. Il n’y a pas d’alternative. Nous refusons d’accepter cette logique dont la faillite a été largement démontrée. Il existe une alternative : le socialisme. La lutte contre le gouvernement d’ultra-droite sera difficile, mais même Maggie ‘‘Dame de Fer’’ Thatcher n’a pu résister à un mouvement de masse. Construisons un large front de la résistance sociale, avec un plan d’information et d’action élaboré à la base, pour que le gouvernement d’ultra-droite arrive à sa fin le plus vite possible.


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    Au sommaire de cette édition :

    1. Pas de Thatcher en Belgique !
    2. Seule une résistance sociale de masse peut stopper ça!
    3. EDITO : Un système de plus en plus inégalitaire, à jeter dans les poubelles de l’histoire // Gouvernement kamikaze cherche pilote // Margaret Thatcher: pionnière du néolibéralisme
    4. Energie : de la libéralisation au black-out… // La coalition suédoise trouve 6 milliards d’euros… pour la Défense !
    5. Les hôpitaux constamment en proie aux excès d’austérité // Quelques considérations à propos de l’Ice Bucket Challenge
    6. Gouvernement et patronat, à l’unisson contre le droit de grève // 1-0 : pour les grévistes de BM&S // Doosan Infracore à Frameries, Avidité patronale et nouveau bain de sang social
    7. Pourquoi donc soutenons-nous l’indépendance de l’Ecosse en nous opposant à la N-VA ?
    8-9 Comment vaincre l’austérité dans l’enseignement supérieur ?
    10. L’atterrissage brutal… du modèle-PS en France… // … et du modèle conservateur suédois
    11. D’où provient l’État islamique et comment lutter contre ?
    12. L’austérité met aussi le secteur de la jeunesse en péril ! // Changeons le système, pas le climat !
    13. ‘‘Retrouvailles’’ : la colère est bien là… // Le Congrès bisannuel du PSL différé : un automne social chaud arrive ! // Agenda militant
    14. Un phénomène comme Aube Dorée peut-il se produire en Belgique ? // Un casseur à la tête du Vlaams Belang
    15. Premières actions contre l’austérité : Rassemblements anti-austérité à Liège et Bruxelles // À Gand, les étudiants du secondaire ont manifesté contre l’augmentation des minervals // ‘‘Pourquoi et comment désobéir aux créanciers’’ – Rencontres d’été 2014 du CADTM
    16. Résistance Internationale contre le racisme et le capital !

  • Un phénomène comme Aube Dorée peut-il se produire en Belgique ?

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    Manifestation contre la venue de marine le Pen à Bruxelles, mai 2014. Photo : PPICS

    Dans le cadre de la mobilisation vers la manifestation contre le racisme et l’extrême-droite qui se déroulera le 9 novembre prochain à Bruxelles, nous avons discuté avec Geert Cool, porte-parole de notre campagne antifasciste Blokbuster / Résistance Internationale au sujet de l’extrême-droite en Europe et chez nous. Cette manifestation du 9 novembre est organisée pour répondre à un appel lancé par les comités antifascistes grecs qui se sont organisés pour riposter face à la croissance du parti néonazi Aube Dorée. Il est largement connu que cette formation d’extrême-droite est impliquée dans des meurtres, mais elle se maintient pourtant à 10% aux élections et dans les sondages.

    Interview de Geert Cool

    Comment se fait-il qu’Aube Dorée ait pu atteindre un tel score et s’y maintenir ?

    “La crise économique a élu domicile en Grèce plus que partout ailleurs. L’économie s’y est contractée d’un tiers depuis le début de la crise, le taux de chômage a augmenté de 27% et, parmi la jeunesse, il est désormais bien au-delà des 50%. Ceux qui disposent encore d’un emploi gagnent jusqu’à 30% de moins qu’avant la crise. En matière de santé, pas moins de 40% des budgets ont été supprimés depuis 2008.

    ‘‘La résistance a été forte, avec de nombreuses grèves générales. Mais la lutte n’a pas été en mesure d’aller de l’avant. L’impatience et la frustration se sont donc développées, ce qui a ouvert la voie à des forces comme Aube Dorée. Trotsky disait au moment du développement du fascisme en Allemagne dans les années ’30 que ‘‘lorsque la crise revêt une gravité insupportable, un parti se met en avant, avec le but déclaré de chauffer à blanc la petite bourgeoisie et de diriger sa haine et son désespoir contre le prolétariat. En Allemagne, cette fonction historique est remplie par le national-socialisme, large courant dont l’idéologie se forme à partir de toutes les exhalaisons putrides de la société bourgeoise en décomposition.’’ Il a ajouté que cela n’avait été rendu possible que parce que le mouvement des travailleurs n’avait mis en avant aucune mesure résolue pour lutter contre le capitalisme.

    ‘‘L’arrivée au pouvoir du fascisme n’est pas encore imminente en Grèce, mais Aube Dorée peut capitaliser sur le désespoir des couches perdues par le mouvement des travailleurs et même attirer un certain nombre de travailleurs pour les lancer contre le monde du travail. Et sa base idéologique est effectivement composée de toute la pourriture d’une société en plein désintégration.’’

    N’est-ce pas une situation tout à fait grecque ? Chez nous l’extrême-droite semble disparaître…

    ‘‘La Belgique n’est pas isolée du contexte économique européen. Nous ne sommes pas dans une période où il sera évident d’améliorer le niveau de vie de la majorité de la population. L’autorité de toutes les institutions bourgeoises est minée. Dans ce contexte, il existe un espace électoral pour les forces d’extrême-droite. Il suffit de regarder la France, où le Front National et Marine Le Pen continuent d’obtenir des résultats élevés, et même à être le plus grand parti au niveau électoral.

    “En Belgique, nous sommes à l’aube d’une confrontation ouverte entre la politique d’austérité et le mouvement des travailleurs. Tout au long de cette lutte, il sera possible à ce dernier de prendre des initiatives politiques pour renforcer le mouvement social. Mais si le mécontentement n’est pas suffisamment reflété dans la résistance active, l’espace peut grandir pour un vote de protestation, y compris à l’extrême droite.

    ‘‘En Flandre, dans l’entourage du Vlaams Belang, il n’est pas impossible que la moindre attention médiatique dont bénéficie le parti ouvre la voie à des méthodes directement inspirées d’Aube Dorée (voir l’article sur le nouveau président du VB).’’

    Que pouvons-nous faire ?

    “‘Blokbuster est actif dans la lutte contre l’extrême droite depuis 1991. Nous avons toujours lié ce combat à la lutte contre le chômage, pour des logements sociaux, de bons services publics,… en tant que réponse basée sur la solidarité face à la logique de division raciste, homophobe ou sexiste. Dans l’actuel contexte de crise économique profonde, cela est plus nécessaire que jamais. Avec des initiatives telles que la journée d’action du 9 novembre, nous voulons lier la question de la solidarité internationale à celle de la lutte à mener en commun pour un meilleur avenir. Participez à cette campagne vous aussi !’’

  • Pourquoi soutenir l’indépendance de l’Ecosse et s’opposer à la N-VA ?

    Référendum & révolte contre la politique d’austérité

    “Expulsons les conservateurs”

    Malgré l’énorme campagne d’intimidation menée par tout l’establishment britannique, que ce soit par les grandes entreprises et leurs marionnettes politiques ou par les médias dominants, 1,6 million d’Ecossais ont voté ce 18 septembre pour l’indépendance. Chez nous aussi, nombreux sont ceux qui ressentent une grande sympathie pour la révolte écossaise contre la politique d’austérité. Beaucoup de questions restent toutefois en suspens. Cet appel à l’indépendance de l’Ecosse n’est-il pas similaire à la surenchère communautaire connue en Belgique ? Nous avons demandé d’y répondre à Anja Deschoemacker, notre spécialiste de la question nationale.

    Article tiré de l’édition d’octobre de Lutte Socialiste

    Pouvons-nous comparer le large sentiment indépendantiste en Ecosse au nationalisme de la N-VA & Co ?

    Anja: “Non. Même la N-VA reconnaît qu’en ce moment il n’existe aucun soutien à l’indépendance en Flandre. Tout sondage sérieux montrent que seule une minorité soutient cette idée (de l’ordre de 15 à 20%), alors que 45% des électeurs ont voté pour l’indépendance au référendum écossais.

    “Mais au-delà de ces chiffres, la différence qualitative du soutien est remarquable. En Ecosse, des mobilisations de centaines de milliers de personnes ont été organisées en faveur de l’indépendance. Les meetings organisés sur cette question attirent systématiquement un grand public. Trouver une personne indifférente à cette question n’est pas évident. En Flandre, la masse de la population soupire d’exaspération quand les gesticulations communautaires recommencent. Les sondages montrent un soutien pour plus de compétences régionales, certes, mais le nombre de personnes réellement mobilisées autour de ce thème reste fortement limité.

    “En Ecosse, lorsqu’on demande aux gens pourquoi ils soutiennent l’indépendance, on entend presque toujours le nom de Margaret Thatcher. Lorsqu’elle fut Premier ministre britannique, l’Ecosse connaissait une majorité travailliste, c’est-à-dire favorable à une politique plus ancrée à gauche. En ce sens, le cas écossais est plus comparable à la Wallonie qu’à la Flandre, à la différence qu’après la désindustrialisation, l’Ecosse est aujourd’hui économiquement en meilleure forme grâce au développement des secteurs énergétiques et financiers.

    “Le soutien à la N-VA est un soutien à une politique économique plus à droite que la politique belge traditionnelle. En Ecosse, la volonté d’indépendance va dans le sens contraire. Le ‘‘Oui’’ à l’indépendance était d’ailleurs beaucoup plus fort dans les quartiers ouvriers, là où la volonté de se séparer de la Grande-Bretagne est plus fortement liée à la résistance contre l’austérité.

    “Comme le Socialist Party Scotland (parti-frère écossais du PSL) le disait début septembre : ‘‘De plus en plus de gens mènent activement la campagne pour le ‘‘Oui’’ et les meetings publics sont particulièrement grands. Cela contraste fortement avec les élections précédentes, où la participation et l’enthousiasme étaient faibles. Aujourd’hui, la victoire du ‘‘Oui’’ est une possibilité réaliste qui représente pour beaucoup de gens l’opportunité de changer leurs conditions de vie, et ce pour la première fois de leur vie. (…) La principale raison qui explique pourquoi la campagne pour le “Non” a encore une avance doit être cherchée dans le doute légitime quant à ce qu’une Ecosse indépendante et capitaliste signifierait pour la population. Les promesses du SNP [Scottish National Party, parti nationaliste pro-capitaliste, NDLR] se limitent à des baisses d’impôts pour les grandes entreprises sans remettre en cause l’austérité. C’est un grand obstacle pour le ‘‘Oui’’. (…) La très large participation aux meetings défendant une indépendance anticapitaliste et socialiste illustre que le soutien va grandissant pour ceux qui considèrent que l’opportunité de l’indépendance doit être saisie pour stopper l’austérité en plaçant les secteurs clés de l’économie (comme l’énergie et la finance) dans les mains de la collectivité.”

    Anja Deschoemacker
    Anja Deschoemacker

    “En Flandre les choses sont différentes. C’est essentiellement parmi les petits patrons que l’on trouve des appels à ‘‘plus de Flandre’’. Dans la classe des
    travailleurs l’option d’une unité nationale autour de la défense de la sécurité sociale est bien plus forte. De nombreux affiliés des syndicats ont cependant voté pour la N-VA pour exprimer leur mécontentement envers les partis traditionnels, par sentiment anti-establishment. Même si certains travailleurs entretiennent des illusions sur les possibilités d’amélioration de leurs conditions de vie dans le cas où la Flandre ‘‘n’aurait plus à payer pour la Wallonie’’, ils sont loin de sortir dans la rue pour le crier. Par contre, la classe des travailleurs occupera les rues massivement – et nationalement – si le gouvernement fédéral impose le programme violemment antisocial tel que décrit dans la note des formateurs.’’

    N’est-il pas contradictoire que les militants du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO, dont le PSL est la section belge) s’opposent au nationalisme en Belgique (tant le nationalisme flamand que le régionalisme wallon) alors qu’ils ont activement soutenu la campagne pour le ‘‘Oui’’ en Ecosse ?

    “Non. Les socialistes révolutionnaires – de Marx à Lénine en passant par Trotsky et par le CIO aujourd’hui – n’ont jamais élaboré de formule unique concernant la question nationale : chaque question nationale est différente.

    “Le point central de notre analyse est la question de l’unité des travailleurs contre la politique d’austérité et le capitalisme. Quand un sentiment d’oppression nationale est présent et que l’opposition se développe au sein de la classe des travailleurs, comme cela s’est produit en Ecosse, cette unité ne peut être assurée que s’il y a dans le mouvement des travailleurs un respect des aspirations nationales. De véritables socialistes n’imposent jamais l’unité nationale, c’est une question de démocratie. Mais nous sommes favorables à des structures bien plus grandes, créées sur base volontaire, plutôt que pour de nombreuses petites nations et groupes régionaux.

    “Un autre élément central – évidemment lié au premier – est la question du soutien aux organisations et partis qui défendent un nationalisme bourgeois, comme la N-VA flamande, le SNP écossais, le CIU catalan ou encore l’OLP palestinienne. Les défenseurs des idées du socialisme n’offrent jamais de soutien au nationalisme bourgeois. A la suite, entre autres, du dirigeant marxiste irlandais James Connoly, nous expliquons qu’un Etat indépendant sous la direction de la bourgeoisie nationale ne signifie pour la grande majorité de la population que le remplacement du patron étranger par un patron autochtone alors que l’économie reste soumise à l’économie capitaliste mondiale. Une liberté nationale authentique n’est possible que sur base socialiste, ce qui vaut également pour la réconciliation nationale. Le capitalisme agitera toujours les différences et les contradictions présentes parmi la grande majorité de la population afin de la diviser et d’assurer que le pouvoir reste aux mains de la classe capitaliste.

    “En Ecosse, nos camarades du Socialist Party Scotland défendent une Ecosse indépendante et socialiste. Les compétences nationales doivent être utilisées pour répondre aux besoins de la majorité, ce qui implique d’exiger la nationalisation sous contrôle démocratique des secteurs clés de l’économie. Cela constituerait un exemple pour la classe des travailleurs ailleurs en Grande-Bretagne. Cette lutte doit d’ailleurs y être menée – à partir d’une résistance commune contre la politique d’austérité – dans le but de parvenir à une confédération volontaire de l’Ecosse, de l’Angleterre, du Pays de Galles et de l’Irlande du Nord et du Sud sur une base socialiste, en tant que pas vers une confédération volontaire et socialiste européenne aux antipodes de l’Europe capitaliste actuelle.

    “En Ecosse de larges couches de la population trouvent cette approche attractive. Cela a été illustré par le grand intérêt suscité par la campagne de notre parti-frère écossais et de Tommy Sheridan ‘‘Hope over Fear’’. Les divers meetings tenus dans les villes et villages ont attiré plus de 20.000 personnes!”

    Et la question nationale en Belgique ?

    affiche_psl_lsp2“En Flandre la situation est entièrement différente. Le discours nationaliste flamand est quasi unilatéralement de droite et bourgeois, sans aucun sentiment que l’indépendance flamande offrirait aux travailleurs l’opportunité de radicalement changer de politique pour mettre fin à l’austérité. Au contraire, la N-VA, totalement dominante, veut même approfondir l’application de la logique antisociale des partis traditionnels.

    “La question peut être différente si le sentiment d’une oppression par la Flandre grandit en Wallonie, particulièrement avec un gouvernement fédéral ‘‘kamikaze’’ qui n’a le soutien que de 23% des francophones. Dans le cas où surviennent de grandes défaites pour la lutte et que la démoralisation des travailleurs est forte, un sentiment national similaire à celui actuellement présent en Ecosse pourrait se développer sur base de l’idée qu’une autre politique ne pourrait être menée qu’en rejetant le joug de l’Etat national existant. Dans ce cas, le PSL mènerait une discussion sérieuse et approfondie pour savoir dans quelle mesure soutenir cette logique. Ce n’est de toute manière en aucune façon le cas du discours nationaliste flamand dominant, basé sur l’égoïsme économique et l’illusion que la Flandre pourrait mieux s’en sortir sans la Wallonie.

    “En ce moment, ce dont nous avons besoin, c’est d’une lutte nationale contre l’austérité. L’unité de la classe des travailleurs est cruciale pour obtenir des victoires et nous pensons que la grande majorité du mouvement des travailleurs en est consciente. Nous devons assurer que les conflits communautaires entre partis bourgeois flamands et N-VA d’un côté et le PS et le CDH de l’autre ne créent pas d’obstacles pour l’unité des travailleurs. Loin de nier la question nationale – comme beaucoup d’autres le font à la gauche – nous devons y consacrer une grande attention. Nous devons aussi comprendre que le programme à défendre face à la question nationale change en fonction de la situation: ils sont toujours concrets, non pas abstraits ni figés pour l’éternité.”

  • [PHOTOS] Concentration syndicale contre l’austérité (5)

    Reportage-photos de la concentration syndicale du front commun syndical d’aujourd’hui, 7000 militants réunis pour le premier pas de la résistance sociale contre la suédoise ! Reste à sérieusement organiser les suivants, vers la construction de mouvement de masse contre l’austérité sous toutes ses formes !

    Par Navid (Bruxelles)

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