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Défendre nos pensions par une résistance offensive !

Le gouvernement Michel ne se retient pas. Après avoir augmenté l’âge de la pension à 67 ans, il cherche maintenant à imposer une pression supplémentaire pour nous faire travailler plus longtemps. C’est l’idée derrière le régime de pension à points, mais peut-être également avec le régime à venir pour les métiers lourds ainsi qu’en entamant immédiatement la discussion sur les retraites du secteur public. Si nous ne voulons pas travailler jusqu’à la tombe, littéralement, il faut bloquer la politique actuelle !
Par Geert Cool
Individualisation des droits collectifs
La pension est un droit collectif garanti par le mouvement des travailleurs. C’est nous-mêmes qui la payons avec nos cotisations à la sécurité sociale. Les ‘‘cotisations patronales’’ font d’ailleurs également partie de notre salaire. Lorsque, ces dernières années, le gouvernement a réduit les cotisations à la sécurité sociale pour donner plus de cadeaux fiscaux aux employeurs, une partie de notre salaire a dans les faits été versée aux patrons. Et après ça il vient nous dire que les moyens manquent dans le système de sécurité sociale et que c’est encore une fois à nous de payer !
Après une attaque contre les droits à la pension de la collectivité, avec l’augmentation de l’âge de la retraite à 67 ans et la réduction des possibilités de retraite anticipée, le gouvernement prend maintenant une autre direction. Avec l’individualisation du droit collectif à la pension, chaque travailleur est poussé à travailler plus longtemps. C’est ce que montrent tant la pension à points que l’approche individuelle de la discussion sur les professions lourdes.
La pension à points signifie que chaque travailleur reçoit des points tout au long de sa carrière. À la fin du voyage, le gouvernement détermine combien valent ces points en fonction notamment des possibilités financières du moment. Cela pose problème pour plusieurs raisons. Le caractère incertain du montant de la pension que nous recevrons ouvre la voie à une pression accrue en fin de carrière pour encore bosser un an ou deux et parvenir à une pension un minimum digne. Cela ouvre parallèlement la porte à la démolition des pensions par catégorie professionnelles spécifiques. Et combien de points obtiendront une personne en congé de maladie ou un chômeur ? Qu’est-ce qui permettra d’obtenir des points dans dix ans ?
Aucune décision n’a encore été prise concernant les métiers lourds. Mais si c’est aux employeurs de décider, la reconnaissance d’une profession lourde se fera au cas par cas. En intégrant les professions lourdes dans le régime des pensions à points (une année de travail dans un emploi lourd se traduirait par plus de points), il serait possible d’augmenter la diversification des régimes (un nombre différent de points par année de travail).
Cela ouvre la porte à une approche plus individuelle. Si toutes ces mesures sont adoptées, l’âge légal de la pension pourra alors être mis de côté. Sous prétexte que certaines personnes ‘‘veulent’’ travailler plus longtemps que 67 ans, cette frontière peut disparaître. Les autorités taisent qu’en fait, beaucoup ‘‘voudront’’ travailler plus longtemps tout simplement pour péniblement parvenir à un montant de pension décent.
Ce sont les femmes qui seront le plus durement touchées. Selon Eneo (mouvement social d’aînés), quatre retraités sur dix vivent en dessous du seuil de pauvreté en Belgique. Les pensions des femmes sont en moyenne inférieures de 26% à celles des hommes. Avec des mesures telles que la limitation des périodes assimilées, cet écart se creusera encore. De plus, le manque d’investissement dans le secteur des soins et dans les services publics entraine le fait qu’une plus grande part du fardeau des soins incombe à la famille, aux femmes la plupart du temps.
Pour une pension mensuelle minimale de 1.500 euros
L’espérance de vie augmente, mais nous ne sommes en bonne santé que jusqu’à 64 ans en moyenne, soit en-dessous de l’âge de la retraite. Nous vivons plus longtemps, mais nous travaillons aussi de manière plus productive. Notre productivité a augmenté de 15 % entre 1995 et 2009, alors que la productivité augmentait encore plus rapidement les années précédentes. En 2009, nous avons donc produit autant en 34 ans de carrière qu’en 1995 en 40 ans. Et le gouvernement de droite veut nous faire travailler plus longtemps ? L’inconvénient de cette productivité considérable, c’est que de plus en plus de gens ne tiennent plus le coup. Cela se voit au nombre de dépressions et de burn-out. L’augmentation de l’âge de la pension et la suppression progressive de la retraite anticipée doivent être abolis.
Le gouvernement proclame que le système de points est nécessaire pour offrir une pension décente à tout le monde. Si ce gouvernement se souciait effectivement de la qualité de vie des personnes âgées, il investirait massivement dans les soins pour les personnes âgées. Aujourd’hui, un séjour dans une maison de repos en Flandre coûte en moyenne 1.655 euros par mois alors que la pension légale moyenne s’élève à 1.100 euros par mois. Pas besoin d’être un génie des mathématiques pour remarquer le problème. Faute d’investissements publics, des entreprises privées ont la possibilité de réaliser de juteux bénéfices sur le dos du personnel et des personnes âgées. Il ne faut pas s’attendre à de la compassion avec ce gouvernement, même vis-à-vis de nos aînés.
Pour vivre dignement, le montant de la pension doit au moins être de 1.500 euros par mois. Et cette revendication est encore modeste en considérant le coût des maisons de repos. Quand le gouvernement dit que les caisses sont vides pour y faire face, il ferme volontairement les yeux sur les richesses et les profits qui s’accumulent dans les poches d’une infime élite. Les Paradise Papers ont encore remis en lumière que 7.900 milliards d’euros seraient planqués dans les paradis fiscaux. Pour peu qu’on aille chercher l’argent là où il est, les moyens ne manquent pas.
Pour une résistance offensive !
De toute évidence, le gouvernement ne va pas céder. Après le succès de la manifestation pour nos pensions du 19 décembre – 40.000 personnes, à nouveau plus que prévu – le Premier ministre Charles Michel a accusé les syndicats d’être des menteurs et les manifestants des idiots. Selon lui, nous n’avons rien compris et le gouvernement doit tout nous expliquer encore une fois. Michel et le ministre des pensions Bacquelaine (MR) ont parlé de «désinformation», de «mensonges» et de «fakes news». De par cette attitude, le gouvernement montre immédiatement qu’il est illusoire de penser que les dirigeants syndicaux obtiendront quoi que ce soit de sérieux par la négociation.
Pour arracher quelque chose, il faut construire une relation de force qui menace la survie du gouvernement. La manifestation du 19 décembre a donné un aperçu du potentiel qui et le nôtre. Les dizaines de milliers de manifestants avaient le soutien de centaines de milliers de personnes inquiètes pour leur pension.
Le jour où le site web mypension.be a été lancé, pas moins de 160.000 personnes s’y sont connectées. On retrouve cette inquiétude dans tout le pays. Le défi est d’y répondre avec une campagne d’information et de mobilisation qui donné un élan vers des actions plus larges, en donnant suffisamment de temps pour être en mesure de convaincre les collègues et les amis de la nécessité d’agir. Les grandes manifestations et actions de grève peuvent reposer sur des assemblées du personnel sur le lieu de travail et des comités d’action dans les quartiers, autour par exemple de pétitions à faire signer sur les marchés pour faire connaître les revendications du mouvement. Les actions ne doivent pas être des événements ponctuels visant à relâcher un peu la pression. L’enjeu de la mobilisation doit être clair: mettre fin à la politique de droite et à l’austérité.
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Croissance économique? Exigeons notre part!
La faim touche la Belgique
‘‘La Belgique pauvre a faim’’ titrait le quotidien flamand De Standaard le 19 janvier. Jamais les Banques Alimentaires n’ont eu à nourrir autant de personnes démunies qu’en 2017. Pas moins de 16.488 tonnes de nourriture ont ainsi été délivrées à 157.151 personnes !En Belgique, un habitant sur sept est exposé au risque de pauvreté. Le nombre de bénéficiaires du revenu d’intégration des CPAS a augmenté de 9,3% en 2016 (baromètre interfédéral de la pauvreté). Les Banques Alimentaires expliquent que le nombre de personnes qu’elles sont susceptibles d’aider a augmenté de 30% en 5 ans et de 45% en 10 ans.
Un cinquième de la population belge a du mal à boucler les fins de mois et un quart seulement a les moyens de partir en vacances une semaine pendant l’année (Statbel).
Dans le camp d’en face, les dirigeants des entreprises du Bel-20 ont vu leurs revenus augmenter de 26% en 2017. La fortune des ultra-riches augmente partout.
Bientôt tous pauvres ?
Depuis dix ans maintenant, les multiples mesures antisociales ont été justifiées par la crise. Et malgré une forte productivité, nos salaires restent en berne, pour ‘‘préserver la position concurrentielle’’ des entreprises.
Laisser faire ce gouvernement revient à sombrer tous dans la pauvreté. Le salaire moyen est aujourd’hui inférieur à celui de 2013 (selon les chiffres de l’OCDE). La fédération syndicale britannique TUC s’attend à une croissance des salaires réels de 0,1% en Belgique en 2018, derrière les Pays-Bas (+1,1%), l’Allemagne (+0,9%) et la France (+0,8%).
Un pensionné sur quatre vit sous le seuil de pauvreté et le gouvernement entend ‘‘réformer’’ le système des pensions (comprenez : le détruire). C’est grâce aux combats du passé, notamment pour la sécurité sociale, que la pauvreté n’est pas plus répandue aujourd’hui. Et c’est grâce à la lutte que nous stopperons la casse de nos conquêtes sociales.
Nous connaissons aujourd’hui une certaine reprise économique. Aux Pays-Bas, cela a redonné confiance aux travailleurs et la colère secoue les directions syndicales restées trop passives. En Allemagne, le puissant syndical IG-Metall vient de lancer une campagne d’actions et de grève pour la réduction du temps de travail.
Misère, misère, misère
Au Parlement, Charles Michel a tenté de faire oublier les frasques de Theo Francken en défendant la fait que l’activité du gouvernement avait permis de créer 176.000 emplois. Le calcul est fantaisiste et les emplois créés sont largement précaires et sous-payés.
Pour Elio Di Rupo, le slogan ‘‘jobs, jobs, jobs’’ du gouvernement est en réalité ‘‘misère, misère, misère’’. Charles Michel a rétorqué – peut-être un peu trop vite – que ‘‘sous le gouvernement Di Rupo, ce sont 25.000 emplois privés qui ont disparu, misère, misère, misère, c’était vos choix’’. Au fait, le MR n’était-il pas membre du ‘‘gouvernement papillon’’ ?
La politique profondément antisociale de Michel donne envie de vomir. Mais il ne faut pas oublier la ‘‘rigueur’’ de Di Rupo & Co. L’indéboulonnable président du PS a beau répété que ‘‘son cœur saigne’’ quand il pense à la limitation dans le temps des allocations de chômage d’insertion, cela ne change rien pour toutes les personnes qui se sont vues exclues et plongées dans une misère encore plus noire. Les Banques Alimentaires affirment qu’elles aident de plus en plus de jeunes exclus de leur droit aux allocations.
Avec une telle opposition dont le projet n’est en définitive qu’une version allégée de la même politique et qui patauge dans les scandales à répétition, la reconduction du gouvernement Michel n’est pas exclue. Les sondages favorables au PTB sont une bonne nouvelle, non seulement en Wallonie et à Bruxelles mais aussi maintenant en Flandre, comme l’a révélé un sondage de la Gazet van Antwerpen fin janvier.
Il nous faut une gauche conséquente et combative. Le potentiel à saisir pour de futures actions syndicales reste entier, malgré les hésitations au sommet. Tout cela peut lancer une nouvelle dynamique qui remettrait à l’agenda la lutte et la solidarité pour le socialisme.
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Soudan: Libération immédiate de tous les manifestants !
Une vague de protestations contre les massives hausses des prix et contre diverses mesures d’austérité du gouvernement a englouti le Soudan au cours de ces deux dernières semaines… (lire notre article : “Soudan: des protestations éclatent contre les politiques d’austérité du gouvernement”).
Craignant que ces protestations ne se transforment en un mouvement plus large, le régime dictatorial d’Omar el-Béchir a réagi en recourant à une forte répression. Des dizaines de manifestants, de journalistes, de militants des droits humains et d’activistes politiques ont été brutalement attaqués, intimidés et arrêtés. La police a également été déployée dans les rues pour faire taire les voix de l’opposition.
Ce mercredi 17 janvier au petit matin, le principal dirigeant du Parti communiste soudanais a été arrêté par la police à son domicile. Cette arrestation intervient un jour à peine après qu’une manifestation organisée par le PC contre les mesures d’austérité du gouvernement a rassemblé des milliers de personnes dans le centre de Khartoum, en criant des slogans comme “Non à la faim! Non aux prix élevés!” Il s’agit jusqu’à présent de la plus grande manifestation depuis le début de la récente vague de luttes. Elle a été brutalement réprimée par les forces de l’Etat avec des gaz lacrymogènes, des coups de matraque et de nombreuses arrestations. Mercredi après-midi, dans une autre manifestation organisée par l’opposition, une nouvelle vague d’arrestations et de détentions arbitraires a eu lieu. Un témoin qui avait parlé avec le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO, dont le PSL/LSP est la section belge) juste avant la manifestation rapportait alors que la police politique avait été déployée en nombre inhabituellement important. Il expliquait que les autorités avaient inondé la place où la manifestation devait se dérouler avec des citernes d’eau dans le but d’éviter qu’elle ne devienne un point central de rassemblement pour les personnes désireuses d’exprimer leur colère contre le régime et ses politiques anti-pauvres. Ce type de mesures trahit un sentiment de panique de la part de l’élite dirigeante soudanaise corrompue face au spectre des révoltes de masse qui éclateront dans la période à venir.
Le Comité pour une Internationale Ouvrière tient à exprimer sa pleine et entière solidarité avec le peuple soudanais, qui brave l’impitoyable machine répressive du régime d’Al-Beshir pour se battre en faveur d’un avenir décent. Nous exigeons la libération immédiate et inconditionnelle de tous les militants, manifestants et dissidents politiques arrêtés par les autorités ces derniers jours.
Veuillez envoyer des lettres de protestation au ministre soudanais de l’Intérieur Ibrahim Mahmoud Hamid à l’adresse mut@isoc.sd, avec des copies à cwi@worldsoc.co.uk. Voici un exemple de lettre de protestation :
‘‘Nous avons été outrés d’entendre la nouvelle de la répression violente des autorités soudanaises contre les manifestants pacifiques qui exercent leurs droits démocratiques fondamentaux. Il s’agit d’une inacceptable tentative de forcer le peuple soudanais à se taire face aux politiques d’austérité mises en œuvre par le gouvernement, en dépit de l’opposition généralisée et de leurs conséquences désastreuses sur la vie de la population. Nous exigeons la libération immédiate et inconditionnelle de tous les manifestants et dissidents appréhendés au cours de ces derniers jours, de même que l’abandon de toutes les charges potentiellement retenues à leur encontre. Dans l’éventualité où cela ne se produirait pas, nous veillerions à ce que cette répression honteuse et ce traitement brutal des voix d’opposition soudanaises soient largement exposés sur la scène internationale.’’
“We have been outraged to hear the news about the violent repression by the Sudanese authorities on peaceful protesters exercising their basic democratic rights. This is an unacceptable attempt at forcing the Sudanese people to keep quiet on the austerity policies that are being implemented by the government, despite widespread opposition and the dismal consequences of these measures on people’s lives. We demand the immediate and unconditional release of all the protesters and dissidents who have been apprehended in the last days, and the dropping of all potential charges against them. In the event this does not happen, we will make sure that this disgraceful crackdown and brutal treatment of Sudanese voices of opposition is being widely exposed internationally.”
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les CEO du Bel20 ont déjà gagné autant qu’un Belge en une année
Nos salaires : +0,1 %. Top managers: +25 %. Mais sur le dos de qui le gouvernement applique-t-il l’austérité ?
Nous travaillons tellement durement que les bénéfices se portent bien et, par conséquent, les salaires des top managers augmentent fortement. Selon les spécialistes, c’est le signe que l’économie se porte bien. Le fait que nos salaires ne suivent pas et restent toujours sous le niveau d’il y a quelques années est également considéré comme positif pour l’économie. Pour les experts et spécialistes qui défendent le capitalisme, les inégalités croissantes sont positives : tant que les riches continuent à s’enrichir, ils sont satisfaits.Quelques chiffres : en 2016, les top managers de notre pays ont gagné en moyenne 2,08 millions d’euros par an. Cela représentait une augmentation de 26% en comparaison à 2015. Au cours de la même année, le salaire moyen d’un travailleur en Belgique était, selon l’OCDE, de 43.097 euros. Soit une baisse de 1% par rapport à l’année précédente, le salaire annuel moyen (sur la valeur de l’euro en 2016) était de 43.541 euros et toujours sur base de la valeur de l’euro en 2016, toujours sous le niveau du salaire moyen en 2014 et 2013. La coupole syndicale britannique TUC a fait un classement des augmentations salariales réelles attendues en 2018 : la Belgique est en queue de peloton avec une prévision de croissance de 0,1%. C’est beaucoup moins qu’aux Pays-Bas (+1,1%), en Allemagne (+0,9%) et en France (+0,8%). Il y a clairement un handicap salarial à notre désavantage !
Et pourtant, on ne parle pas de mesures pour résoudre le handicap salarial. Des salaires moindres sont, en effet, bons pour “notre” position concurrentielle. Entendez : pour les profits des entreprises. Pour les top managers, on compare avec les pays voisins. Tous les journaux remarquent que les top managers en Allemagne et au Royaume-Uni gagnent plus que leurs collègues belges. On compare toujours nos salaires avec les salaires les plus bas alors que les leurs le sont avec les salaires les plus élevés.
Au Royaume-Uni, la comparaison est faite entre les salaires moyens des travailleurs et ceux des top managers. Sur cette base, on détermine que le 4 janvier, le troisième jour ouvrable de l’année, un top manager a déjà empoché un premier salaire annuel moyen. Ce jour est appelé ‘Fat Cat Day.’
Pour notre pays, de tels calculs divergent quelque peu. L’étude Vlerick par laquelle les salaires des managers des entreprises du Bel20 sont divulgués, indique qu’un CEO d’une entreprise du Bel20 gagne en moyenne 37 fois le salaire de ses travailleurs. En d’autres termes, il est tenu compte d’un salaire annuel moyen d’environ 56.000 euros. La CNE, syndicat chrétien francophone, a proclamé la journée d’hier de ‘CEO Jackpot Day’. Le syndicat part du salaire annuel médian de 44.374 euros en 2016. Les chiffres de l’OCDE tiennent compte d’un salaire annuel moyen de 43.097 euros. Selon De Standaard, en Belgique, le ‘Fat Cat Day’ tombe le 17 janvier. Ce journal est parti du salaire annuel brut moyen d’un travailleur à temps plein : 47.954 euros.
Etant donné que beaucoup de travailleurs à temps partiel ne le sont pas volontairement mais n’ont pas d’autre option étant donné l’offre ou leur situation familiale (sachant que nombre de tâches de soins ne sont pas prises en charge par la communauté mais sont reportées sur la famille et en particulier, sur les femmes), il nous semble logique de partir du salaire moyen d’un travailleur comme le calcule l’OCDE. Nous voulons bien admettre que les top managers travaillent durement mais le travailleur moyen en fait tout autant. Avec une moyenne de 250 jours ouvrables sur l’année (congé payé inclus, nous supposons qu’un top manager part aussi en vacances), nous arrivons à un salaire journalier de 8.320 euros pour un top manager et de 172 euros pour un travailleur moyen. Au début du sixième jour ouvrable (après 5,2 jours), un top manager a déjà empoché un premier salaire annuel normal. C’était ce matin, autour de l’heure de la pause-café. A partir d’aujourd’hui, les managers travaillent pour leur deuxième salaire annuel.
La CNE a baptisé la journée d’hier de ‘CEO Jackpot Day’ et soulignait que l’an dernier, cette journée ne tombait que le 10 janvier. Il faut encore préciser que le calcul de cette année est basé sur les chiffres disponibles les plus récents, c’est-à-dire ceux de 2016. A la vitesse à laquelle le fossé se creuse entre les salaires des top managers et ceux des simples travailleurs, dans quelques années, les top managers fêteront le ‘fat cat day’ en même que la nouvelle année.
Le fossé entre les gros salaires les plus élevés et les salaires normaux est dénoncé depuis longtemps déjà. Face à cela, nous revendiquons une limite maximale à la tension salariale, il s’agit du rapport entre les salaires les plus élevés et ceux les plus bas. Il y a cent ans, les Bolcheviks introduisaient, en Russie, une tension salariale maximale d’un sur quatre. Le salaire le plus élevé ne pouvait dépasser au maximum que quatre fois le plus bas. Gagner quatre fois un salaire annuel signifie quand même la possibilité d’un grand luxe. Une telle mesure permettrait peut-être un plus grand soutien pour le relèvement des salaires et allocations les plus faibles.
En liant la revendication d’une tension salariale maximale à celle d’une augmentation du salaire minimum à 15 euros de l’heure, on pourrait certainement compter sur un large soutien si ces revendications étaient popularisées. Ne nous contentons pas de dénoncer les énormes inégalités mais faisons des propositions pour y mettre fin. De telles propositions se heurtent directement à la logique du capitalisme et exigent la perspective d’une société socialiste.
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Plan Grand-froid : un problème structurel
Ce premier Novembre et jusqu’au 31 Mars, dans toute la Wallonie, a été activé le Plan Grand Froid. Ce plan a pour but de «de renforcer les mesures d’aide aux personnes sans-abris » afin de garantir au mieux leur survie. Dans ces mesures, nous retrouvons l’augmentation du nombre de place dans les abris (et l’ouverture de certains), l’organisation de maraudes par les travailleurs sociaux de rues, un appel aux dons afin d’obtenir de la nourriture, des couvertures, etc.Par Franck (Liège)
Évidemment, aucune de ces mesures n’est à jeter mais force est de constater leur insuffisance en terme structurel. Par exemple, en Wallonie, treize abris offrent 354 places (pour 988 à Bruxelles). En outre, en cas de froid morbide (c’est-à-dire en dessous de -3), les capacités d’accueil sont étendues et il est même illégal de laisser une personne dehors (en cas de manque de place dans les abris, les personnes peuvent être logées temporairement dans des hôtels par exemple).
Cependant, il est clair que considérer que le danger n’est présent qu’à partir de -3 est déjà un problème en soit car oui, s’il fait -1 ou -2, certaines personnes devront loger dehors, faute de places en suffisance dans les structures…. En outre, si les personnes ne sont accueillies qu’à partir de -3, ce n’est pas tant parce qu’il y a un manquement au niveau de l’évaluation des risques liés au froid mais bien parce qu’il y a un clair manque d’investissement de la part du public (et que cela lui coûterait trop cher d’activer plus tôt les mesures prises en cas de froid morbide). Un des autres problèmes se trouve dans le fait que les abris, bien que nécessaires, ne sont pas adaptés à toutes les personnes que l’on peut retrouver dans la rue. Par exemple, en Wallonie, il n’y a pour ainsi dire pas de places d’accueil prévues pour les personnes avec chien. De plus, toutes les personnes atteintes de toxicomanies ou d’alcoolisme se trouvent dans l’interdiction de consommer toute la nuit en abri (ce qui peut être un effort impassable pour certains). Et pour finir, il est clair que les abris de nuit ne sont pas de tout confort (les personnes dorment souvent dans des dortoirs où elles sont obligées bon gré malgré de supporter les odeurs des autres, les ronflements, etc).
Évidemment, il n’est nullement dans notre intention de cracher dans la soupe et il est clair que les travailleurs sociaux et bénévoles des diverses structures d’aides aux SDF font ce qu’ils peuvent afin d’aider (et sans les dons des particuliers, la situation serait encore plus critique). Pour nous, le problème se trouve plutôt dans le manque criant de moyen déployer par le secteur public afin d’aider les personnes sans-abris et leur garantir un logement décent. Pour changer cela, l’état devrait massivement réinvestir dans le secteur social plutôt que d’exiger de lui plus de résultats avec de moins en moins de moyens et il est scandaleux de constater que sans la solidarité déployer par les citoyens, tout s’écroulerait !
Ce changement de politique, pourtant d’une absolue nécessité, il est clair qu’aucun de nos politiciens à la solde des plus riches ne nous l’octroiera. Pourtant, les moyens, ils existent et ils sont chez tous ces ultras riches sous-taxés et pratiquant massivement la fraude fiscale. Seule une société malade laisse ces membres les plus fragiles dans une précarité aussi grande et seul un changement complet de modèle de société nous permettra de remédier à cet état de fait…
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La N-VA et le nationalisme catalan: au plus on est loin de chez soi, au plus on est radical…

Photo : Jean-Marie Versyp Bart Maddens, sommité du nationalisme flamand et mentor critique de la N-VA, était impatient d’aider le nationaliste catalan Puigdemont. Peter De Roover, chef de la fraction parlementaire de la N-VA à la Chambre, a pu commenter le référendum sur l’indépendance du 1er octobre aux nouvelles de la VRT en direct de Barcelone. On a pu voir des photos du nationaliste de droite Puigdemont mangeant à la table du N-VA Lorin Parys après sa fuite de Catalogne. Pas besoin d’autant d’expression du ‘‘nationalisme de droite’’ pour être irrité.
Par Peter Delsing
Le mouvement indépendantiste catalan est cependant un phénomène contradictoire traversé par une ligne de démarcation entre classes sociales aux intérêts divergents. D’un côté se trouvent Puigdemont et ses partisans de l’élite, de droite, pro-austérité. Mais de larges couches des masses catalanes, à la base du mouvement pour l’indépendance, considèrent cette dernière comme un moyen d’en finir avec la politique néolibérale et la répression du gouvernement Rajoy. Puigdemont et son parti, le PDeCAT, ont proclamé l’indépendance sous l’immense pression des travailleurs et des jeunes descendus dans la rue. Avant cela, leur position s’était toujours limitée à renégocier la contribution fiscale de la Catalogne au gouvernement central.
Depuis lors, la bourgeoisie catalane a voté avec ses pieds contre l’indépendance en délocalisant divers sièges d’entreprises en dehors de la Catalogne. Ils redoutent les conséquences sociales du mouvement de masse qui se développe autour de l’autodétermination et des droits nationaux, historiquement liés à la gauche, et qui peut commencer à défendre des revendications sociales. Les banquiers et industriels catalans frémissent face au climat quasi-révolutionnaire qui peut naître d’une telle situation. Quand Puigdemont déclare aujourd’hui qu’il est ‘‘contre une déclaration unilatérale d’indépendance’’, il rejoint ses patrons de la bourgeoisie catalane et revient à sa position initiale. Karl Marx faisait déjà remarquer en son temps que, depuis 1848, la bourgeoisie avait plus peur de la masse des salariés derrière eux que de la réaction féodale des rois !
Ce contexte social montre à quel point l’attitude de la N-VA est hypocrite. A la base, le mouvement catalan est un mouvement social et antifasciste. La N-VA, elle, est partisane d’un néolibéralisme brutal. Ses députés et ministres ne cachent pas leur sympathie pour une politique autoritaire. Le mouvement national catalan recourt aux grèves générales et aux manifestations de masse, des méthodes issues du mouvement ouvrier. La N-VA est fière d’être un parti antigrève. Avec le gouvernement Michel, elle ne cesse d’attaquer le droit de grève, à la SNCB notamment. Cela ne la dérange donc pas en Catalogne, pourvu que cela concerne les droits nationaux et non les revendications sociales ? L’hypocrisie des nationalistes de droite est écœurante.
Si De Wever & Co se sont jetés sur la cause catalane de leur ‘‘ami’’ Puigdemont, c’est aussi pour dissimuler aussi leur manque d’audace communautaire en Belgique. La condition de la mise en œuvre d’une politique d’austérité dure était que la ‘‘réforme d’Etat’’ devait être mise au frigo. La N-VA n’y a pas été contraire afin de participer à une offensive contre la classe des travailleurs et ses droits. Elle se heurte aussi au fait que les deux principales classes sociales en Belgique, les capitalistes et les travailleurs, sont toutes deux opposées à une division du pays.
La bourgeoisie belge ne s’est montrée disposée à confier le pouvoir aux éléments petits-bourgeois de la N-VA (qui représente plus les petits patrons de PME, les avocats, les professions libérales et les intellectuels de droite mécontents) que lorsque son programme communautaire a cédé la place à une politique thatchérienne. Ce faisant, elle verrait bien combien de temps une telle provocation pouvait durer contre le mouvement ouvrier et, dans l’intervalle, engranger tous les bénéfices possibles.
La N-VA est devenue adepte du grand écart communautaire parce que, pour la petite bourgeoisie, défendre la grande bourgeoisie passe généralement avant ses propres fantasmes politiques irréalistes. En réalité, la N-VA et Puigdemont s’opposent à une majorité progressiste qui, comme en Catalogne, pourrait utiliser l’autodétermination pour se débarrasser de la politique de profits avec des méthodes combatives de lutte de masse. C’est pourquoi les formations de gauche catalanes doivent défendre un programme qui lie immédiatement les droits démocratiques nationaux à la lutte pour des revendications socialistes. La nationalisation démocratique des secteurs clés de l’économie, couplée à un appel aux travailleurs espagnols et européens à suivre cette voie, pourrait radicalement changer l’équilibre des forces entre classes sociales en Catalogne, mais aussi en Espagne et à travers le continent.
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Catalogne: Carles Puidgemont en exil à Bruxelles
Dans le cadre de la venue de Puigdemont et de quatre autres membres du gouvernement catalan, nous avons discuté de la situation en Catalogne avec Boris, responsable du PSL à Bruxelles.Que pense-tu des propos de Francken offrant l’asile à Puidgemont ?
Les déclarations de Théo Francken sont une façon pour la N-VA de corriger son manque de soutien au processus indépendantiste en Catalogne. Ce qu’il propose dans les faits, c’est de couvrir Puidgemont pour que ce dernier abandonne le navire en lui offrant une porte de sortie personnelle. La N-VA participe à un gouvernement qui ne reconnaît pas la république catalane. Pour la N-VA, le principal, c’est de mener une politique d’austérité brutale contre la classe des travailleurs, ce n’est pas le droit à l’autodétermination. Leur nationalisme est un moyen de diviser le mouvement des travailleurs en reposant sur un égoïsme revanchard. Ce n’est pas du tout cet élément qui est dominant dans l’exercice du droit à l’autodétermination des masses en Catalogne. La résistance des travailleurs et des jeunes en catalogne contre l’oppression nationale est aussi une résistance contre l’austérité imposé par le gouvernement central du PP.
Le président destitué de la Catalogne, Carles Puigdemont, visé par une procédure judiciaire en Espagne, est actuellement à Bruxelles, où il a notamment rencontré Paul Bekaert, avocat spécialisé en mandats d’arrêt européen, extraditions et asile politique. Quels sont les raisons de cet exil ?
Dans sa conférence de presse, Puidgemont déclare qu’il ne va pas demander en ce moment l’asile politique en Belgique, mais qu’il va quand même rester à Bruxelles pour rester libre face à la répression judiciaire à son encontre. La procédure d’asile pourrait être utilisée en cas de mandat d’arrêt européen, selon son avocat. Il est menacé d’un procès politique pouvant entraîner de lourdes peines de prison pour rébellion, sédition et détournement de fonds. Le procureur présente le référendum catalan comme « un soulèvement violent » et la grève générale du 3 octobre comme un « coup de force ».
En réalité, Puidgemont et son parti de droite le PDeCAT ne représentent qu’une direction formelle au mouvement. Les 1er et 3 octobre, l’initiative réelle était aux mains des masses qui ont poussé le processus beaucoup plus loin que ce que souhaitaient Puidgemont et le PDeCAT. Sa fuite à Bruxelles vise à sauvegarder sa position personnelle et son prestige en tant que représentant d’un gouvernement symbolique en exil suite à une déclaration symbolique d’indépendance. La droite est incapable de concrétiser les aspirations des masses.
Il déclare également ne pas vouloir se mêler de la politique belge mais être ici pour assurer que le débat sur l’indépendance de la Catalogne soit un débat international et européen. C’est une illusion d’espérer obtenir la reconnaissance d’une république catalane au travers d’un lobbying envers les institutions européennes et les divers gouvernements et chefs d’Etat. Tous se prononcent contre l’indépendance de la Catalogne. Ils restent attachés aux États-nations historiques du capitalisme et, en même temps, ils craignent que le mouvement en Catalogne remette en cause le système capitaliste lui-même. Seule une lutte des masses à caractère révolutionnaire pourrait arracher de telles concessions à la classe dominante lorsque celle-ci craint le renversement de son système.
Il s’est exprimé lors d’une conférence de presse à Bruxelles, ce mardi midi, à deux pas des institutions européennes. Il y a notamment déclaré qu’il acceptait le « défi » des élections anticipées convoquée pour le 21 décembre par le chef du gouvernement espagnol suite à la dissolution du Parlement catalan vendredi dernier. Que faut-il en penser ?
Comme politicien de droite, Puidgemont n’en appelle pas au mouvement de masse en Catalogne pour résister à l’application de l’article 155. Il n’est pas prêt à faire face à la répression du gouvernement du PP à laquelle font face les dizaines de milliers d’activistes sur place. Ce qu’il faut surtout, c’est l’organisation du mouvement en Catalogne. En élargissant par exemple les comités de défense de la république pour résister et désobéir à la mise sous tutelle de la Catalogne par le gouvernement central. Cela devrait être couplé à un appel à la grève générale. Une participation aux élections dans une telle situation mobilisatrice peut assurer que les élections ne représentent pas un pas en arrière mais une occasion pour un gouvernement de gauche prêt à adopter des mesures socialistes, capables de résoudre réellement les problèmes de pauvreté, logements, santé et toutes formes d’oppression. Le gouvernement PP et ses alliés, le PSOE et Ciutadans, ont réussi une certaine démonstration de force en mobilisant 300.000 personnes ce dimanche à Barcelone autour de leur campagne nationaliste réactionnaire. La présence à cette manifestation était renforcée par la campagne de peur des plus de 1700 entreprises qui ont déménagé leur siège hors de Catalogne. Il s’agit d’une menace directe vers la délocalisation d’emplois. Un gouvernement de gauche pourrait y faire face avec l’arme de la nationalisation et ainsi écarter la menace sur l’emploi utilisée par la bourgeoisie catalane et espagnole. Une République socialiste catalane serait une source d’inspiration pour le mouvement ouvrier partout en Europe et en premier lieu dans le reste de l’Etat espagnol.
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Leur vérité n’est pas la nôtre !
Stopper la droite par la résistance sociale et avec une alternative anti-austérité
Le Premier ministre Michel n’a pas cessé de se vanter durant sa déclaration politique de rentrée. Son gouvernement s’était engagé : ‘‘jobs, jobs, jobs’’. Michel a parlé de 130.000 nouveaux emplois, essentiellement à temps plein. Il a défendu que les salaires nets augmentent, que nous bénéficions des meilleurs soins de santé au monde, que les retraités sont mieux lotis grâce à l’augmentation des pensions les plus basses,… Ce petit spectacle dans l’enceinte du Parlement est totalement déconnecté de notre réalité quotidienne.Par Geert Cool
Des mensonges réfutés par les chiffres
Les nouveaux emplois sont principalement à temps partiels et très flexibles : tous les chiffres indiquent qu’un quart à un tiers seulement des emplois sont à temps plein. Michel se base sur les estimations de la Banque Nationale pour atteindre 130.000 nouveaux emplois. Les chiffres de l’ONSS, qui reposent sur les cotisations sociales, indiquent par contre qu’entre le troisième trimestre 2014 et le premier trimestre 2017, le nombre d’emplois a augmenté de 90.000 unités, dont 76.700 dans le secteur privé. Parmi ces nouveaux emplois, seuls 19.200 sont à temps plein.
Pour étayer sa rhétorique, Michel souligne la baisse des dépenses pour les allocations de chômage. Il oublie un peu vite que de nombreux sans-emplois ont vu leurs droits suspendus et font maintenant appel au Revenu d’intégration sociale (RIS, délivré par les CPAS). En 2016, on trouvait 140.143 bénéficiaires du RIS en Belgique, contre 127.898 en 2015.
Les nouveaux emplois sont aussi très coûteux au vu du nombre de cadeaux des autorités aux grandes entreprises. La Banque Nationale belge estime que le Tax-shift aura créé 64.500 nouveaux emplois au prix de 102.000 à 146.000 euros par emploi! En d’autres termes, c’est la collectivité qui paye pour les nouveaux emplois.
Les salaires nets plus élevés dont Charles Michel se gargarise sont complètement engloutis par les augmentations d’impôts de toutes sortes (du sucre à l’énergie). La pension minimale pour ceux qui sont parvenus à une carrière complète a légèrement été augmentée, mais les conditions pour bénéficier d’une carrière complète sont devenues bien plus restrictives. En conséquence, plus de personnes retombent sur la Garantie de revenus aux personnes âgées (GRAPA). À cette fin, la pension a été portée de 701,72 euros à 708,03 euros pour un cohabitant et de 1.052,58 à 1.062,05 euros pour un isolé. Charles Michel fait beaucoup de bruit pour 10 euros…
La réalité de terrain fait entendre un autre son de cloche
Au-delà des chiffres, il y a la réalité vécue. Qui prend au sérieux la déclaration de Michel concernant les ‘‘meilleurs soins de santé’’ du monde après le reportage choquant de l’émission flamande Pano sur les maisons de repos privées ? Les personnes âgées sont victimes d’abus au grand profit des actionnaires. Même des entreprises comme ABInBev investissent leurs bénéfices (non imposés !) dans les maisons de repos. Et tant pis pour les soins et la qualité de vie. Le personnel souffre lui aussi, sa charge de travail est intenable. Une personne âgée doit être tirée du lit en 10 minutes, lavage et petit déjeuner sont impossibles. Les seniors se plaignent de la mauvaise qualité de la nourriture (les économies frappent partout) et des repas qui se suivent trop rapidement. La malnutrition se développe. C’est ainsi que les actionnaires privés transforment nos vieux jours.
Tout le monde est touché par ce genre d’histoire, dans ce secteur comme ailleurs. À Anvers, un médecin a travaillé comme chauffeur de bus durant un an. Son livre-témoignage est un acte d’accusation sans concession des conditions de travail en vigueur à De Lijn. Dans l’édition précédente de Lutte Socialiste, en préparation de la grève du 10 octobre, vous aviez également pu lire plusieurs témoignages de travailleurs de secteurs des plus divers qui, tous, faisaient le même constat : le personnel manque pour assurer des services publics décents. Charles Michel peut bien raconter des contes de fées au Parlement, les faits sont là.
Résistance !
Ce n’est pas une coïncidence que Michel s’est si brutalement exprimé contre les syndicats dans son discours de rentrée politique du 10 octobre, également jour d’action et de grève de la CGSP. Ce n’est pas en attendant les prochaines élections ou en s’accrochant aux négociations que l’on parviendra à bloquer ce gouvernement de malheur. C’est avec l’action du mouvement organisé des travailleurs que l’on y parviendra et que l’on pourra déterminer l’agenda politique. Mais pour ça, nous devons sérieusement organiser notre lutte.
La résistance sociale peut également permettre de développer et de populariser des alternatives à la politique néolibérale de démolition sociale. Selon nous, parvenir à vaincre l’austérité signifie de lui opposer un programme socialiste.
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Grève du 10/10: Je suis SOLIDAIRE
Une action unifiée peut stopper le gouvernement
Tant qu’il le peut, le gouvernement Michel, héritier de Thatcher, fera tomber l’un après l’autre chaque symbole du mouvement ouvrier. Il nous fait travailler jusqu’à 67 ans et limite de plus en plus l’accès à la prépension. Il y a eu le saut d’index. Les prix de l’électricité et de l’eau pèsent de plus en plus sur les ménages.Par Peter Delsing
Les réductions d’impôts concernent surtout les plus riches et les grandes entreprises : l’accord d’été du gouvernement prévoit une baisse de l’impôt sur les sociétés, qui passera de 33,99% officiellement à 25% pour les grandes entreprises d’ici 2020. Ainsi le gouvernement organise-t-il un déficit permanent sur son budget.
Tous ces cadeaux fiscaux néolibéraux et les coupes budgétaires contre les travailleurs menés au cours de ces 35 dernières années n’ont pas encore eu de résultat ! De décennie en décennie, la croissance économique diminue. Les grandes entreprises préfèrent planquer leurs profits dans des paradis fiscaux plutôt que de les investir dans la productivité. Seule la politique de ‘‘prêts bon marché’’ maintient le système debout depuis la crise de 2008 partout dans le monde. Et aux Etats-Unis, on veut y mettre un terme…
Le droit de grève aussi est sous attaque néolibérale. Le gouvernement veut introduire un ‘‘service minimum’’ dans le chemin de fer. En s’attaquant à ce secteur à forte tradition combattive, le gouvernement essaye de faire un exemple pour tous les travailleurs. S’ils réussissent à briser notre résistance, les attaques générales contre notre niveau de vie s’accélèreront.
Avec l’accord d’été, le gouvernement veut briser les services publics par l’introduction du travail intérim et, ce, alors que de nombreux contrats temporaires sont déjà en cours dans de nombreux services. Stop à l’insécurité de l’emploi et aux attaques sur contre le statut des fonctionnaires ! Stop à la casse du droit de grève par la généralisation des contrats précaires qui compromettent l’unité et la capacité de combat des travailleurs ! Il faut refinancer les services publics par une hausse des impôts sur les plus riches, avec un réel prélèvement des taxes sur les grandes entreprises et en allant chercher le capital qui dort dans les paradis fiscaux !
La FGTB Liège-Huy-Waremme appelle l’ensemble de ses secteurs professionnels à rejoindre la grève de la CGSP le 10 octobre. Cette unité nous montre la voie. Le privé a suffisamment de raison de partir en action lui aussi ! Avec les attaques contre les pensions. Avec la loi Peeters et ‘‘l’annualisation du temps de travail’’ qui augmente le temps de travail lors des pics de production au détriment de la vie privée.
Avec les tentatives visant à faire passer une sorte de ‘‘statut intérim permanent’’ dans les conventions collectives de travail. Cela menacerait les salaires et les conditions de travail de tous les travailleurs. Les directions syndicales doivent dire non à cela !
C’est malheureusement souvent là où le bât blesse. Marc Leemans (CSC) trouve que ‘‘faire grève’’ n’est pas la bonne manière de réagir aujourd’hui. Mais comment allons-nous pouvoir stopper ce gouvernement thatchérien autrement que par la grève ? Ils n’écoutent rien d’autre. De nombreux militants sont scandalisés par ces dirigeants qui ne prennent pas les mesures nécessaires pour élaborer un plan d’action de mobilisation et de grèves clair et unifié. Avec participation et droit de décision pour tous les membres actifs dans le mouvement. Début septembre, les syndicats auraient dû mobiliser leurs militants sur le plan régional ou par secteur pour discuter de la riposte à organiser contre l’accord d’été, avec éventuellement une concentration syndicale nationale. Une action de grève commune visant la chute du gouvernement devrait, selon nous, être un point de discussion central. A la suite de quoi nous devrions mobiliser nos collègues et l’opinion publique plus large avec un plan crescendo de manifestations et de grèves.
Le PTB devrait, selon nous, ensemble avec d’autres militants combattifs, prendre la tête d’une large coalition sociale incitant à la participation de chaque courant et individu et ainsi soutenir et étendre le mouvement de résistance. Avec une discussion libre sur le programme, les revendications et la stratégie d’une telle coalition sociale, comme préparation pour l’obtention d’un vrai gouvernement pour et par les travailleurs et la jeunesse.
Ce ne sont pas seulement les services publics, mais nos vies qui peuvent être transformées par la richesse que nous produisons, pour peu que nous les ayons en main. Le capitalisme doit faire place à une planification démocratique de l’économie. Dans les syndicats, dans les quartiers et parmi les jeunes, nous devons relier la lutte contre le gouvernement Michel à la lutte pour des instruments politiques et un programme de rupture. Le socialisme démocratique pourrait en finir avec l’incertitude, la pauvreté, le chômage et la dégradation sociale du capitalisme.

