Category: Moyen-Orient et Afrique du Nord

  • Action “libérez Mohamed Satti” contre la répression au Soudan

    Jeudi 8 février, action devant l’ambassade du Soudan à 18h et débat à l’ULB à 19h (EGA, Amnesty International ULB & la Coordination des sans-papiers).

    Action de protestation pour la libération de Mohamed Satti et de tous les prisonniers politiques au Soudan !

    Jeudi 8 février, nous manifesterons devant l’ambassade du Soudan, à proximité de l’ULB, contre la répression brutale du gouvernement soudanais face au mouvement social. Le cercle des Etudiants de Gauche Actifs est en lien avec des activistes sur place. Cela fait presque deux semaines que notre camarade soudanais Mohamed Satti (Hamudi) a été arrêté à Khartoum et nous n’avons toujours aucune nouvelle tangible de sa part.

    C’est lors de la journée de protestation du 17 janvier qu’Hamudi a été arrêté. Près de 200 opposants politiques ont été incarcérés. Leurs familles et avocats ne sont pas autorisés à les rencontrer, et le service de sécurité n’a fourni aucune preuve de leur jugement, localisation ou conditions de détention. L’idée qu’ils ont été torturés est maintenant un fait avéré, comme l’a montré la journaliste soudanaise Amal Habani, qui a fait partie des détenus et a été grièvement blessée après avoir été torturée avec une matraque électrique.

    L’élément déclencheur des protestations a été le doublement du prix du pain après que le gouvernement brutal d’Al-Beshir ait confié les importations céréalières au secteur privé, dans le cadre d’une politique d’austérité. Cette mesure a pris place sur fond de misère extrême (jusqu’à 75% de taux de pauvreté dans certaines zones) et de vastes pénuries dans la santé, l’éducation ou l’accès à l’eau potable.

    L’administration Trump a abandonné les sanctions contre le Soudan, la France a invité le ministre soudanais des affaires étrangères à Paris et l’Angleterre organise un forum de commerce et d’investissement entre le Royaume-Uni et le Soudan. En Belgique, le gouvernement coopère avec la dictature soudanaise. C’est avec ce régime que Francken veut travailler pour identifier les réfugiés soudanais et les renvoyer là-bas, ne respectant pas la protection subsidiaire (stipulée par la convention de Genève) s’il y a risque d’un traitement dégradant et inhumain dans leur pays d’origine. Le gouvernement Michel utilise les sans-papiers et les réfugiés comme des boucs émissaires qui seraient responsables des trous dans la Sécurité Sociale. Il essaye de nous monter les uns contre les autres et de détourner l’attention en stimulant le racisme pendant qu’il détruit notre sécurité sociale.

    EGA ULB, le Cercle Amnesty International – ULB veulent témoigner toute leur solidarité avec les jeunes et les travailleurs et tous ceux qui luttent contre la pauvreté et la violence au Soudan. RDV à 18h devant le Foyer pour rejoindre l’ambassade du Soudan (avenue Roosevelt, 124) et exiger la libération de Mohamed Satti et de tous les prisonniers politiques au Soudan!

    Nous vous demandons également d’envoyer tous vos messages de protestation et vos photos de solidarité sur ces deux adresses email: mut@isoc.sd et info@sudan.gov.sd, avec des copies vers egaulb@gmail.com

    L’action sera suivie d’un débat à 19h à l’ULB contre la politique migratoire de Francken et pour la manifestation nationale de solidarité avec les migrants du 25 février. Avec des orateurs de la Coordination des sans-papiers de Belgique, des Étudiants de Gauche Actifs et du Cercle Amnesty International ULB.

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  • Rassemblement de solidarité avec Afrin à Bruxelles

    Samedi 27 janvier, plusieurs centaines de personnes se sont réunies à la gare de Bruxelles central pour dénoncer l’invasion turque d’Afrin. Après la défaite de Daesh en Syrie, plusieurs puissances tentent de renforcer leur position et de saper celle des autres acteurs. Le régime turc veut renforcer son influence régionale et, en même temps, saper la possibilité d’une autonomie kurde dans le nord de la Syrie. Les États-Unis et la Russie regardent et ne veulent rien mettre en travers du chemin de leur allié turc. Les principales victimes sont encore une fois les gens ordinaires, d’abord et avant tout la population d’Afrin.

    Ce rassemblement n’était pas un événement isolé. Dans de nombreux pays, les Kurdes sont descendus dans la rue par solidarité avec le peuple d’Afrin et contre la guerre du régime d’Erdogan. A Bruxelles, les manifestants kurdes ont reçu la solidarité de VZW Peace et d’autres organisations, y compris le PSL. Comme d’habitude, toutes les organisations présentes ont eu la possibilité d’expliquer leur position dans un micro ouvert. Nous avons distribué le tract disponible ici.

    #SolidarityWithAfrin // Liesbeth

  • STOP à la guerre contre les Kurdes! #SolidaritéAvecAfrin

    Manifestation à Londres, cette semaine. Photo : Amaliah (Socialist Party)

    Pour une résistance de masse !

    L’État turc s’en prend aux Kurdes à Afrin au moyen de bombardements et d’une invasion terrestre. Ceci survient à la suite de l’offensive dévastatrice menée en 2016 contre les régions kurdes en Turquie. Le président Erdogan avait mis fin au “processus de paix” et déclenché une guerre, provoquant une vague de nationalisme anti-kurde en Turquie.

    Ce n’est qu’en 2016 que des avions turcs ont bombardé pour la première fois les bases de Daesh en Syrie. Mais le prétexte de la prétendue “guerre contre le terrorisme” des forces occidentales a été saisi par le régime d’Erdogan pour couvrir le bombardement des régions kurdes.

    Ces forces kurdes étaient celles qui combattaient Daesh sur le terrain ! Plutôt qu’une victoire kurde, l’Etat turc préférait que Daesh l’emporte.

    Les Kurdes composent une nation sans Etat, divisée entre l’Irak, l’Iran, la Syrie et la Turquie depuis l’accord conclu après la Première guerre mondiale entre puissances impérialistes pour découper la région.

    Dans l’instabilité créée par la guerre en Irak de 2003, ils ont développé des zones autonomes en Irak et en Syrie. La lutte contre Daesh a soulevé la possibilité de faire tomber les frontières de l’impérialisme. Grâce aux progrès réalisés par les Unités de protection du peuple (YPG, branche armée du Parti de l’union démocratique, PYD, organisation de gauche syrienne) kurdes, une grande zone conjointe dans le Nord de la Syrie et en Irak est sous contrôle kurde. Le régime turc craint ce que cela pourrait signifier pour la Turquie elle-même.

    Les Kurdes trahis

    Les combattants kurdes ont fait preuve d’héroïsme dans leur lutte contre Daesh. Mais bon nombre de leurs gains ont été réalisés au côté d’attaques aériennes des forces russes et américaines.

    Le Parti Socialiste de Lutte (PSL) et le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) ont à plusieurs reprises averti que les États-Unis et la Russie n’étaient pas des amis du peuple kurde. Ils utilisent les combattants kurdes quand cela leur convient pour ensuite les abandonner tout aussi facilement.

    Dès que Daesh a été repoussé, les Etats-Unis et la Russie ont permis à la Turquie de déchainer sa machine de guerre dans l’espoir de stabiliser leurs relations avec le régime turc.

    Les différentes puissances impérialistes, parmi lesquelles les États-Unis et la Russie, n’ont jamais eu les intérêts des Kurdes à cœur. Ils ne s’intéressent qu’à leurs propres intérêts et ne soutiennent les forces kurdes que dans la mesure où ces derniers n’entrent pas en conflit avec eux.

    C’est ce que nous avons brutalement vu se produire en 1991, lorsque George H. W. Bush a encouragé un soulèvement contre Saddam Hussein pour ensuite laisser les Kurdes être massacrés.

    Ni les puissances occidentales, ni les régimes répressifs de la région ne veulent que la détermination des Kurdes à lutter pour l’indépendance dans d’autres régions ne s’accentue davantage, en raison de l’instabilité profonde qui en résulterait, dont l’éclatement potentiel de la Turquie.

    Les puissances capitalistes régionales sont toutes prêtes à favoriser les divisions ethniques et nationales et à dresser les peuples les uns contre les autres – les Arabes contre les Kurdes par exemple – pour servir leurs intérêts.

    Pour une résistance de masse !

    Les Kurdes ont bien entendu le droit de se défendre. Le PSL défend la création de comités de défense démocratiques, non sectaires et multiethniques, capables de donner un rôle actif à la population.

    Les territoires actuellement sous contrôle kurde sont peuplés d’Arabes, de Turkmènes et de Kurdes. Il est vital de faire appel à ces masses pour qu’elles s’organisent ensemble.

    En défendant le droit à l’autodétermination des peuples, il serait possible de construire un mouvement qui résisterait aux attaques turques et s’adresserait aux travailleurs et aux pauvres de toute la région.

    Il est également important de lancer un appel à la classe ouvrière en Turquie. Dans une situation aussi terrible, cela peut sembler éloigné. Un tel appel doit reposer sur un programme de défense des droits démocratiques, pour de bons emplois et des logements décents ainsi que pour que les vastes ressources de la région soient détenues et contrôlées démocratiquement au bénéfice de tous. Cela serait de nature à briser la peur et la haine. Les travailleurs et les pauvres en Turquie n’ont rien à gagner de l’oppression des Kurdes, qui ne fait que renforcer le gouvernement et les patrons qui les exploitent et les oppriment également.

    La plus grande crainte des riches, des grands patrons et des propriétaires terriens ainsi que de leurs représentants politiques serait le rassemblement des travailleurs kurdes, irakiens, turcs, syriens et iraniens dans un mouvement qui pourrait défier les gouvernements locaux, les impérialistes et le capitalisme lui-même.

    Nous soutenons le droit démocratique du peuple kurde à l’autodétermination, y compris, s’il le souhaite, jusqu’à la pleine autonomie et à l’établissement d’États indépendants ou d’un État commun à tous les Kurdes.

    Une confédération socialiste volontaire du Moyen-Orient permettrait à tous les peuples de décider librement et démocratiquement de leur destin.

    Les socialistes et les organisations des travailleurs doivent construire des mouvements opposés à la guerre contre les Kurdes et contre l’intervention impérialiste, et exiger des droits et des conditions décentes pour les réfugiés.

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    Déclaration conjointe de SOSYALIST ALTERNATIF (CIO-Turquie) & de PATRONSUZ DUNYA

    Le régime d’Erdogan a lancé une opération militaire à Afrin, une ville kurde du nord-ouest de la Syrie, avec le soutien sans réserve du parti d’opposition social-démocrate, le CHP. Les acquis et la lutte de libération du peuple kurde – peuple réparti sur un territoire partagé entre la Turquie, l’Irak, l’Iran et la Syrie – sont visés par un accord commun entre les régimes de ces quatre pays ainsi que les forces impérialistes telles que la Russie et les Etats-Unis.

    Le nom même de l’opération, ‘‘Rameau d’olivier’’, exprime le commun accord contre toutes sortes de revendications fondées sur le droit à l’autodétermination des Kurdes, même si ces puissances sont en conflit les unes avec les autres. Ce nom revient à voir un dictateur offrir un rameau d’olivier à un autre alors que tous deux qualifient l’autre de ‘‘dictateur aux mains pleines de sang’’. En tant que socialistes et marxistes révolutionnaires, nous appelons tous les travailleurs et les syndicats à s’opposer à cette attaque.

    Il s’agit d’une guerre contre les Kurdes. Le mobile qui la sous-tend est simple : le peuple kurde est géographiquement divisé et opprimé par quatre pays, usurpé de ses droits démocratiques nationaux les plus élémentaires. Toute conquête éventuelle que les Kurdes pourraient obtenir dans l’un de ces pays impliquera des revendications nationales en matière de droit démocratique et, par conséquent, accélérera le processus de sensibilisation pour le peuple kurde dans les trois autres pays. C’est précisément ce qui inquiète les autres pays et leurs régimes oppresseurs. Ils n’hésitent donc pas à recourir à toutes sortes de moyens, y compris la guerre et les massacres, pour éliminer ces conquêtes.

    Les médias, qui agissent tel un ministère de la propagande pour le palais d’Erdogan, injectent le racisme dans la conscience des masses en présentant cette campagne d’occupation comme une opération ‘‘contre le terrorisme’’. Il s’agit d’un énorme mensonge. Le régime d’Erdogan a alimenté la guerre civile syrienne, a soutenu les organisations djihadistes-terroristes et a causé des effusions de sang non seulement en Syrie mais aussi dans d’autres pays du monde. Il a utilisé ces organisations djihadistes-terroristes pour servir sa stratégie politique. Le régime d’Erdogan a ouvertement transporté en bus des djihadistes de Turquie à Afrin pour cette campagne d’occupation, sans même essayer de le cacher. Le régime d’Erdogan était assis à la table de négociation avec les régimes russe et syrien, pour Alep et Idlib, en tant que ‘‘représentant’’ des organisations terroristes djihadistes. Cela révèle quelle est la nature des relations entre le régime d’Erdogan et les djihadistes.

    D’autre part, le régime fait taire toutes les voix de l’opposition par le biais de l’état d’urgence et des décrets d’urgence. Avec cette guerre, le régime d’Erdogan tente de se renforcer. Il ajoutera ‘‘l’état de guerre’’ à ‘‘l’état d’urgence’’. Cette guerre favorisera en outre l’atmosphère nationaliste dans le pays, ce qui diminuera la marge de manœuvre de l’opposition. Le CHP (le parti kémaliste prétendument social-démocrate) est en concurrence avec la ‘‘coalition AKP-MHP’’ (l’AKP est le parti d’Erdogan, le MHP le parti d’extrême droite) dans une ‘‘course au patriotisme’’.

    Le véritable ennemi n’est pas le peuple d’Afrin, c’est le régime d’Erdogan. Ce régime réprime toute revendication démocratique en utilisant toute la force de l’appareil d’Etat. Les conditions de vie de la classe des travailleurs, dont les enfants sont envoyés à la guerre, sont grandissantes. Le régime d’Erdogan utilisera la guerre contre les Kurdes pour empêcher que le mécontentement des travailleurs ne vienne menacer le régime. De cette façon, il lui sera beaucoup plus facile de stigmatiser ceux qui revendiquent leurs droits en les qualifiant de ‘‘partisans des terroristes’’.

    Il est presque certain qu’il sera interdit aux travailleurs du secteur métallurgique de faire grève dans ces prochains jours. Lors d’un meeting public à Kütahya, Erdogan a élevé la voix contre les travailleurs précaires exigeants des emplois permanents en leur disant : ‘‘Vous n’écoutez pas les explications, vous ne suivez pas les choses, vous ne savez pas (…) nous l’avons déjà dit au Parlement (…) vous insistez encore pour ne pas comprendre…’’ tout cela alors qu’il annonçait le début de la campagne d’occupation. Cela illustre l’apparente confiance en lui d’Erdogan, confiance créée par son pouvoir absolu sur le pays. Nous aurons à faire face à plus encore en raison de la guerre et des divisions au sein de la classe ouvrière à cause du racisme, du nationalisme, du sectarisme et du chauvinisme.

    Tous les partis d’opposition et les médias, qui sont tout à fait d’accord avec le régime d’Erdogan sur ce sujet, accordent une attention extrême à la ‘‘lutte contre le terrorisme’’ comme raison de l’opération. Ils évitent autant que possible d’utiliser le mot ‘‘kurde’’ (y compris certains groupes qui se définissent comme ‘‘socialistes’’). C’est la raison pour laquelle le nom de Rojava a été rapidement changé, passant du terme de ‘‘corridor kurde’’ jusqu’à la Méditerranée à celui de ‘‘corridor de terreur’’. Même le MHP ultra-nationaliste et raciste affirme : ‘‘On ne peut pas prétendre que le MHP est contre les Kurdes’’. Leur véritable préoccupation est la conscience nationale formée autour des Kurdes.

    Comme tous les autres peuples, les Kurdes devraient avoir le droit de vivre et de déterminer leur destin, que ce soit en Syrie, en Irak, en Iran ou en Turquie. La formation de la conscience nationale des Kurdes et leurs revendications démocratiques doit devenir une préoccupation pour toute la classe ouvrière exploitée. Il s’agit d’une condition préalable au succès en tant que force unifiée des travailleurs en Turquie. Il est nécessaire que la classe ouvrière turque défende collectivement les droits des Kurdes. Ce n’est que de cette manière qu’il sera possible de gagner la confiance puis le soutien du peuple kurde et de combiner la lutte pour les droits démocratiques nationaux à la lutte des classes.

    Ni le peuple kurde, ni le peuple syrien ne sont nos ennemis. Le véritable ennemi, c’est la dictature d’Erdogan, qui protège les patrons, les voleurs, la corruption, les tueurs et les organisations terroristes djihadistes qui n’ont rien donné aux travailleurs et aux opprimés si ce n’est le chômage, la pauvreté, l’exploitation, du sang, des larmes, la guerre et la mort. Une dictature ne peut être détruite que par ses victimes. Les victimes de ce régime sont les Turcs ordinaires, les Kurdes, les Alevites, les Sunnites, c’est-à-dire la classe ouvrière et tous les peuples opprimés.

    L’AKP, le CHP, le MHP et le ?Y? sont tous des partis nationalistes et chauvinistes. Ils tentent de démontrer que les travailleurs et les capitalistes ont les mêmes intérêts sous le toit d’une ‘‘nation unique’’. Ces intérêts ne se chevauchent toutefois pas, quelle que soit la nationalité, l’origine ethnique ou la religion à laquelle ils appartiennent. Ils sont plutôt opposés. C’est pourquoi il nous faut un parti des travailleurs capable d’organiser notre propre classe contre les partis nationalistes capitalistes.

    Seule l’unité de la classe ouvrière peut stopper les guerres, les impérialistes et leurs collaborateurs. Par conséquent, nous appelons toutes les organisations de la classe des travailleurs, en particulier les syndicats, à s’opposer à cette guerre que l’Etat turc a déclarée contre les Kurdes, avec l’aide de des impérialismes américain et russe.

    • Stop à l’occupation !
    • Ne participez pas à l’occupation, dites non à l’offensive contre Afrin !
    • Que les syndicats s’opposent à la guerre: grève générale !
    • Unissons la lutte des métallos avec la lutte contre la guerre !
    • Pour l’unité de classe contre le nationalisme et le sectarisme !
    • Contre la guerre, l’exploitation, l’oppression et la pauvreté, pour une confédération socialiste volontaire du Moyen Orient !
  • Samedi : Manifestation contre l’invasion turque d’Afrin

    Samedi prochain, il y aura une action à Bruxelles contre l’invasion turque de d’Afrin, une enclave du Nord de la Syrie. Ce raid vise le peuple kurde, tant à Afrin qu’à l’étranger. Le régime turc veut de plus se positionner en Syrie après la chute du “califat” de Daesh. Nous reviendrons sous peu sur la situation à Afrin avec un article de notre organisation sœur turque. Voici l’appel pour la manifestation de samedi. Le PSL soutient cet appel et sera présent.

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    Le régime turc de l’AKP et ses milices ont entamé le 20 janvier une guerre contre Afrin, une enclave du nord de la Syrie dotée d’un gouvernement démocratique, multiculturel et égalitaire. Afrin n’a jamais représenté une menace pour la Turquie. À la suite de cette agression, des dizaines de civils ont déjà été tués et blessés. Afrin était l’un des endroits les plus calmes du nord de la Syrie et un endroit sûr pour des centaines de milliers de réfugiés venant d’autres parties de l’Etat syrien.

    La population d’Afrin et ses nombreux réfugiés sont à la merci de l’Etat turc et des puissances internationales et régionales qui jouent un jeu géopolitique pervers. Et pourtant, c’est à cause des forces démocratiques syriennes et des unités d’autoprotection kurdes, avec le soutien international, que État islamique a été vaincu dans le nord de la Syrie. Maintenant, ils sont laissés à leur sort.

    Nous demandons à la Belgique, à l’UE et à la communauté internationale de :
    – condamner la guerre menée par le régime turc
    – arrêter le commerce d’armes avec la Turquie
    – prendre de toute urgence des mesures menant à la fin des hostilités et au retrait des troupes turques
    – lancer des initiatives diplomatiques qui aboutiront à une trêve durable et à des négociations politiques
    – aider à garantir la liberté d’expression et d’association dans l’Etat turc

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  • Israël/Palestine : Stop aux arrestations d’adolescents, fin de l’occupation !

    Ahed Tamimi, 16 ans, et sa cousine de 21 ans, Nour Tamimi, ont été arrêtées il y a trois semaines dans la nuit du 19 décembre, lors d’un raid militaire sur leur maison dans le village de Nabi Saleh, en Cisjordanie. La mère d’Ahed, Neriman Tamimi, a été arrêtée alors qu’elle se rendait au poste de police pour savoir ce qui était arrivé à sa fille. Les ordinateurs portables et les téléphones de la famille ont été confisqués par l’armée.

    Par Neta Most, Socialist Struggle / Nidal Ishtiraki (CIO en Israël / Palestine)

    Tout cela est la conséquence d’une vidéo documentant les deux jeunes femmes faisant face à deux soldats armés avec un gilet pare-balles et essayant à mains nues de les sortir de chez elles. Quelques minutes plus tôt, un proche d’Ahed, Muhammad Tamimi, âgé de quinze ans, avait grièvement été blessé après avoir reçu une balle en métal plaquée de caoutchouc dans la tête.

    Il ressort clairement du film que les soldats n’ont jamais été blessés ou même menacés. Ils ont gardé leurs armes, mais sont repartis sans les arrêter ni les attaquer. La publication de l’incident a provoqué un tollé parmi la droite israélienne, de l’extrême-droite fasciste de Benzi Gupstein et de ‘‘The Shadow’’ (un rappeur devenu ardent défenseur de l’extrême-droite sur les médias sociaux) aux ministres de la sécurité, Lieberman, et de l’éducation, Bennet. Ce dernier a exigé l’arrestation de la jeune fille pour avoir osé expulser un soldat de chez elle dans les territoires occupés.

    Ces arrestations hautement couvertes par les médias, avec explications d’un porte-parole de l’armée israélienne, semblent être un acte de vengeance visant à montrer que si les soldats s’étaient retirés face aux protestations d’habitant non armés, cela n’étaient rien de plus qu’un geste tactique. Les arrestations visent aussi à dissuader les jeunes Palestiniens de se battre contre l’occupation, particulièrement à la suite des manifestations qui ont suivi les déclarations de Trump concernant Jérusalem et l’emplacement de l’ambassade des Etats-Unis en Israël.

    Les militaires accusent Ahed de divers chefs d’accusation, parmi lesquels ‘‘agression contre les forces de sécurité’’. Sa mère fait également l’objet de poursuites et Nour a également été officiellement accusé d’agression présumée contre un soldat.

    Elles sont détenues dans la prison militaire d’Ofer, célèbre pour son recourt à des méthodes douteuses visant à briser les prisonniers, comme l’isolement et le manque de sommeil (Nour a depuis lors été libéré après 16 jours de détention). Elles seront jugées en cour martiale, une cour martiale dont le taux de condamnation avoisine les 100%. Étant donné que l’incident initial pour lequel elles ont été arrêtées ne suffit pas à justifier leur arrestation, même selon les normes du système judiciaire militaire, le bureau du procureur général de l’armée israélienne a demandé à maintes reprises de prolonger leur arrestation afin d’ajouter à leur mise en accusation d’autres infractions qui auraient été commises dans le passé. Dans ces conditions, non seulement ils n’ont aucune chance de bénéficier d’un procès équitable, mais il y a un réel danger qu’ils restent en prison pour des années.

    Au même moment, les colons juifs filmés en agressant des Palestiniens, des militants de gauche israéliens ou même des policiers et des soldats ne sont pas confrontés aux tribunaux militaires et évitent quasiment systématiquement d’être traduits en justice.

    La couverture médiatique nie la réalité

    La discussion dans les principaux médias israéliens a surtout porté sur la question de savoir si l’officier aurait dû réagir immédiatement en faisant usage de la force ou plutôt faire preuve de retenue devant la caméra. L’image dépeinte est celle d’un soldat qui se tenait là, innocent, tandis que deux jeunes filles essayaient de l’affronter et de le faire réagir violemment devant la caméra. Au regard des faits, il est évident que l’histoire est exactement inverse: c’est l’armée qui est entrée de façon provocante dans le village pour pousser les habitants à réagir afin de justifier une plus forte oppression.

    Plusieurs éditoriaux sont allés plus loin et ont dépeint Ahed, 16 ans, comme une provocatrice ou une actrice habile qui a intentionnellement créé cette situation pour présenter les soldats de l’armée israélienne sous un mauvais jour devant une caméra. Comme si la famille Tamimi avait invité des soldats armés à envahir leur maison pour qu’ils aient mauvaise mine ! Aucune fille, n’importe où dans le monde, ne choisit de naître et de vivre sous l’occupation d’une armée étrangère. Depuis la déclaration de Trump, au moins 610 Palestiniens ont été arrêtés par l’armée israélienne, dont plus de 170 enfants et adolescents. Ont-ils tous “orchestré” leurs arrestations pour ternir la réputation des soldats ?

    La plupart des médias israéliens ignorent le principal problème : pourquoi les soldats sont-ils entrés dans Nabi Saleh ? Seule une poignée de journalistes a mentionné les protestations populaires dans le village – celles que les soldats devaient réprimer – contre l’occupation et le vol du village par la colonie voisine, Halamish.

    L’eau du puits, qui se trouve sur des terres privées palestiniennes, est utilisée par les fermiers palestiniens de Nabi Saleh. Mais les colons entendent leur interdire d’exploiter leurs terres. L’armée israélienne est là pour protéger ce vol et pour empêcher les habitants de protester contre l’injustice. La plupart du temps, la répression des manifestations se fait à l’aide de la force brute. Des civils non armés sont souvent tués. Deux manifestants ont été assassinés ces dernières années, Mustafa et Rushdi Tamimi.

    Le jour de l’incident filmé où Ahed et sa cousine ont affronté les soldats, l’armée ne s’est pas arrêtée à la répression des manifestations, elle a envahi le village afin de bien faire comprendre aux habitants que protester ne sert à rien. C’est au cours de la répression des manifestations contre l’invasion du village par l’armée que Muhammad Tamimi a reçu une balle dans la tête.

    L’armée était donc là pour protéger la prise de contrôle d’un puits utilisé par les habitants de la région par les colons. L’armée était là pour faire respecter l’oppression et l’occupation. Les colons juifs ont le droit de voler tandis que les Palestiniens se voient privés de leur droit de protester.

    Solidarité et lutte à venir

    Ces arrestations brutales et arbitraires ont suscité une solidarité que le gouvernement et l’armée redoutent. La vidéo d’une jeune Palestinienne confrontée à un officier armé est devenue virale. Des travailleurs et des jeunes du monde entier ont suivi l’arrestation de la jeune fille et des manifestations pour exiger sa libération ont été organisées dans plusieurs pays.

    Cette réaction révèle les limites du pouvoir du régime d’occupation face à la population civile et peut certainement pousser davantage de jeunes à s’y opposer. ‘‘Ahed est la représentante d’une nouvelle génération de notre peuple, de jeunes combattants de la liberté (…) Ils doivent devenir la ligne de vie qui fera revivre notre révolution’’, a écrit son père dans une lettre publique.

    Ces arrestations visent à mettre un “prix” sur la résistance au régime militaire dans les territoires occupés. Le gouvernement des colonies et du capital de Netanyahou tente avec arrogance de briser la résistance à l’occupation par une oppression meurtrière. Il essaie de “gérer le conflit” aux dépens de l’avenir des travailleurs et des jeunes palestiniens, mais aussi des Israéliens. Il faut mettre un terme aux attaques gouvernementales au lieu d’arrêter des jeunes filles qui se dressent contre l’occupation et l’oppression. Le combat pour le retrait de l’armée et des colons des territoires occupés est un combat pour la paix.

    • Soutien aux manifestations de protestation et de solidarité demandant la libération des Tamimis !
    • Non aux arrestations arbitraires et à l’incarcération sans procès ! Non aux détentions administratives ! Pour le droit de chaque détenu d’être représenté par un avocat, de connaître les charges retenues contre lui et de bénéficier d’un procès équitable !
    • Retrait des militaires des territoires occupés ! Pour la fin de l’occupation des territoires palestiniens et la fin des colonies !
    • Libération de tous les prisonniers politiques palestiniens ! Pour des procès équitables supervisés par des organisations indépendantes des travailleurs et de défense des droits humains des deux côtés du conflit !
    • Pour la création d’un État palestinien indépendant, démocratique et socialiste, avec pour capitale Jérusalem-Est, aux côtés d’un Israël démocratique et socialiste, avec une véritable égalité des minorités, dans le cadre de la lutte pour un Moyen-Orient socialiste et pour la paix dans la région !

  • Iran: des syndicats indépendants lancent un appel à la solidarité

    Manifestation à Kermanshan, Iran, le 29 décembre 2017. (Wikimedia)

    Le 5 janvier, les syndicats indépendants d’Iran ont rendue publique une déclaration de soutien aux protestations de masse de la fin de l’année passée contre l’austérité et la dictature (* Voir en-dessous de ce mail). Cette déclaration émane du Syndicat des travailleurs des Transports Publics de Téhéran et du Syndicat des travailleurs de l’industrie agricole de Haft Tapeh, dans la province de Khuzistan. Ces deux syndicats ont récemment été impliqués dans des mouvements de lutte et ont été confrontés à la répression. Reza Shahabi, un des dirigeants des travailleurs des bus de Téhéran, a été poursuivi en 2010. Il vient juste d’de sortir de 6 années d’incarcération et a de nouveau été emprisonné depuis le mois d’août dernier.

    Nous insistons sur l’importance d’envoyer des messages de solidarité visant à exiger la libération de tous les syndicalistes et autres activistes emprisonnés et de soutenir chaque effort pour construire un mouvement des travailleurs, des jeunes et des pauvres visant à arracher des droits démocratiques et à transformer l’Iran. Envoyez vos messages à Tehran Public Transport Workers Union vsyndica@gmail.com avec copie à cwi@worldsoc.co.uk et à eric@socialisme.be

    Nous demandons surtout aux camarades actifs dans les syndicats d’envoyer des messages en soutien de leur propre part, de leur délégation syndicale ou d’autres organes syndicaux. Il serait également bienvenu de mentionner d’avoir découvert l’appel à travers le site du CIO (www.socialistworld.net). Vous trouverez ci-dessous un exemple de motion (en français et en anglais)

    Voici le contenu de leur déclaration:

    Les protestations des pauvres, des classes opprimées et des travailleurs sont les conséquences d’injustices.

    Des années durant nous avons expliqué que nos salaires ne suffisaient pas pour vivre, mais nous n’avons pas été entendus. Nos faibles salaires, seulement un cinquième du seuil de pauvreté, n’ont pas été payés pendant des mois. L’extension des privatisations, de la sous-traitance, des contrats temporaires et des contrats blancs (où les travailleurs doivent signer avec leurs empreintes un contrat sur une feuille blanche) sous les divers gouvernements ont sans relâche miné la sécurité d’emploi. Des emprunts bancaires accordés pour créer de l’emploi ont été abusés par certains pour obtenir des gains personnels non-productifs . Des choix de gestion erronés ont fait exploser le chômage. La pauvreté, les sans-abris, le travail des enfants et l’escroquerie ont augmenté pour parvenir survivre. L’assurance santé est insuffisante pour les travailleurs et les pauvres. Le pillage et le manque de transparence vis-à-vis des moyens publics sont partout. Avec les services et le fuel, les prix des autres marchandises ont aussi augmenté. Les classes pauvres sont énormément touchées par la diminution des subsides, des montants fixes payés en cash alors que les prix ont été libéralisés.

    De justes protestations des travailleurs et des enseignants ont fait face à des licenciements, des coups de fouet et la prison.

    Le Syndicat des Travailleurs des Transports Publics de Téhéran, le Syndicat des Travailleurs de l’industrie agricole de Haft Tapeh et d’autres syndicats indépendants et des organisations de travailleurs et d’enseignants qui défendent leurs droits, ne sont pas officiellement reconnus. Ils sont en plus violemment réprimés, leurs membres sont régulièrement traînés en justice et emprisonnés. La constitution a été violée maintes fois en interdisant le droit de protester tout comme le droit des travailleurs à construire leurs propres syndicats indépendants pour défendre leurs intérêts.

    Tous les travailleurs et les pauvres sont exposés à des injustices largement répandues. La violence n’est pas une réponse à la lutte pour survivre de la part de la population.

    • Le Syndicat des Travailleurs des Transports Publiques de Téhéran
    • Le Syndicat des Travailleurs de l’industrie agricole de Haft Tapeh

    Lettre de solidarité

    Camarades,

    “J’ (nous) ai (avons) pris connaissance de votre appel à travers le site du CIO (www.socialistworld.net),…

    “en tant que syndicaliste (et socialiste)”

    ou “nous, travailleurs de …. (nom de l’entreprise)”

    ou “nous, délégation syndicale socialiste (chrétienne) de …. (nom de l’entreprise)”

    ou “La centrale syndicale socialiste (chrétienne) … (nom centrale)”

    “…. Je veux (nous voulons) exprimer ma (notre) solidarité avec votre lutte pour les droits démocratiques et les droits des travailleurs ainsi que contre l’austérité. Nous exigeons la libération des activistes emprisonnés, nous nous opposons à l’intervention étrangère en Iran et soutenons la construction d’un mouvement des travailleurs et des pauvres pour libérer l’Iran de l’emprise de la dictature et du capitalisme. Nous aimerions être tenus au courant des développements et de vos futures luttes”

    Comrades,

    “I (we) have learned about your appeal through the CWI website (www.socialistworld.net)

    “As a trade unionist (and socialist)”

    Or “As workers from …. (name company)”

    or “The socialist (Christian) trade union delegation of… (name company)”

    or “The socialist (Christian) trade union called …. (name trade union)”

    “I (we) wish to express my (our) solidarity with your struggle for democratic and workers’ rights and against austerity. We demand the release of all imprisoned protesters, oppose any foreign intervention in Iran and support the building of a movement of workers and poor to transform Iran by freeing it from the grip of both dictatorship and capitalism. We would like to be kept informed of developments and future struggles”

  • Tunisie: A bas la loi des finances! A bas le gouvernement Chahed!

    Les protestations qui ont éclaté cette semaine contre la nouvelle Loi des Finances 2018, une batterie de mesures contre les classes populaires, remet en perspectives le conte de fées des observateurs libéraux sur la «transition démocratique réussie» en Tunisie. En réalité, le pays reste un champ de bataille ouvert entre les forces de la révolution et de la contre-révolution.

    Par Serge Jordan et Al-Badil al-Ishtiraki (« Alternative Socialiste »), groupe de partisans du Comité pour une Internationale Ouvrière en Tunisie

    Depuis quelques jours, des manifestations sociales ont éclaté dans de nombreuses régions du pays, ainsi que des émeutes et des clashs parfois violents entre jeunes et policiers, en particulier dans les régions intérieures marginalisées et dans les banlieues populaires de Tunis et d’autres villes. Ayant initialement répondu à une campagne lancée par des activistes sur les médias sociaux (#Fech_Nestannew # ???_?????? = « Qu’attendons-nous? »), le peuple exprime sa rage longtemps mijotée contre des conditions de vie qui ne font que s’empirer de jour en jour.

    Le budget 2018 voté le 9 décembre comprend une série de pilules amères pour les pauvres, notamment la hausse de la TVA qui élève les prix des produits de base tels que médicaments, carburants et aliments, la mise en place d’une nouvelle « contribution sociale généralisée », et de nouveaux droits de douane sur les produits importés. Des études financières indiquent que les ménages tunisiens débourseront jusqu’à 300 dinars de plus en moyenne chaque mois à cause de ces mesures.

    Ce vaste hold-up des poches des travailleurs et des classes populaires a été concocté avec la supervision et les applaudissements du Fonds Monétaire International, lequel exerce une pression intense pour accélérer le rythme des soi-disant «réformes structurelles», visant à financer le remboursement de la dette publique aux spéculateurs financiers. Contrairement à un mythe répandu, cette dette n’a rien à voir avec le « haut volume salariales » des travailleurs de la fonction publique, mais est un cadeau empoisonné de la mafia au pouvoir avant la révolution, et dont le peuple tunisien n’a jamais vu le moindre millime.

    L’État a répondu au mouvement par la force, arrêtant des centaines de personnes, y compris par la traque préventive d’activistes ayant publié des déclarations ou écrit des slogans appelant aux manifestations. Lundi soir, un homme de 43 ans est mort après avoir été écrasé par un véhicule de police dans la ville de Tebourba, à 30 km à l’ouest de la capitale Tunis. Il n’a échappé à personne que pendant que le gouvernement applique méthodiquement des mesures d’austérité sévères, les ministères de la Défense et de l’Intérieur voient leurs budgets renforcés, dans un contexte de criminalisation croissante des protestations. L’état d’urgence, constamment renouvelé depuis novembre 2015, est utilisé pour réprimer les droits démocratiques, alors que l’année dernière, la militarisation de certains sites de production a été décrétée par le gouvernement en réaction aux mouvements sociaux dans le sud du pays. Sur tout cela, Trump et les autres dirigeants impérialistes occidentaux, rapides dans leur soutien hypocrite aux protestations récentes en Iran, sont restés absolument silencieux, du fait que cette fois-ci, cela se passe au sein de leur sphère d’influence.

    Fossé de classe

    Le grotesque écart de richesses, au cœur du soulèvement révolutionnaire contre le régime de Ben Ali il y a sept ans, n’a fait que s’élargir depuis. Alors que même l’Union Européenne, une institution au service des patrons et des banquiers, identifie la Tunisie comme un « paradis fiscal » pour les super riches, les prix des denrées de base, en particulier alimentaires, battent des records – un phénomène amplifié par la spéculation du marché et le démantèlement organisé du système de subventions par les gouvernements successifs. Le déficit commercial a triplé en sept ans, faisant baisser la valeur du dinar tunisien, ce qui pousse à la hausse le coût du service de la dette et écrase le niveau de vie de la majorité de la population. Pas étonnant que dans un récent sondage, 73,3% estiment que l’économie tunisienne va « dans la mauvaise direction ».

    La situation dans les régions pauvres de l’intérieur du pays est particulièrement inflammable, les communautés locales n’ayant constaté aucun changement ni vu venir aucun investissement public significatif. Beaucoup de jeunes ont le sentiment qu’ils ont troqué leur sang en 2010-2011 pour encore plus de misère et de chômage. Dans ces régions, la moindre étincelle peut allumer un feu de prairies, comme le montre l’exemple de Sejnane, une localité qui a connu deux grèves générales en moins d’un mois fin 2017, pour protester contre le chômage, la pauvreté et la dégradation des services publics. Ce mouvement a été déclenché par l’auto-immolation d’une mère de cinq enfants devant le bâtiment des autorités locales, un épisode tragique qui rappelle l’étincelle des soulèvements dans le monde arabe en décembre 2010.

    Même selon les chiffres de la Banque mondiale, la classe moyenne en Tunisie a été réduite de moitié depuis 2011. Dans ce seul constat est exprimé le dilemme auquel est confronté le capitalisme en Tunisie: la classe dirigeante a été forcée par la révolution de 2011 à se parer d’une démocratie parlementaire; pourtant, cette « démocratie » n’a pas de base économique stable. Les six dernières années ont enregistré une croissance économique moyenne inférieure à 1%, les capitalistes ne peuvent donc pas se permettre de faire des concessions substantielles aux travailleurs et aux pauvres qui pourraient fournir à leur système politique remodelé une base de soutien social durable.

    Témoin de cette réalité, neuf gouvernements se sont succédés en moins de sept ans depuis le renversement de Ben Ali. Tous ont vacillé, ou se sont écrasés, sur le rocher des explosions populaires. Ce ne sera pas différent avec le gouvernement actuel. La soi-disant coalition «d’unité nationale» de Youssef Chahed est composée de quatre partis, avec les rôles principaux joués par Nidaa Tounes (qui est essentiellement une machine de recyclage de l’ancien RCD dissous) et Ennahda (le parti islamiste de droite qui a gouverné le pays jusqu’en 2013). Tous deux sont confrontés à des crises internes et ont subi des scissions.

    Nidaa Tounes est également le parti du président de la République Caïd Essebsi, et est gouverné par son propre fils Hafedh. Ce dernier est le personnage le plus détesté en Tunisie, et le leader d’Ennahda, Rached Ghannouchi, arrive en deuxième position sur cette liste peu glorieuse. Selon les projections, environ 70% des gens s’abstiendront lors des prochaines élections municipales. Tout cela témoigne de l’impopularité évidente de l’establishment au pouvoir, accentuée par un remaniement qui a ramené au sein du cabinet ministériel des individus ayant des liens directs avec le régime Ben Aliste.

    L’année dernière, le gouvernement a tenté de réduire son discrédit croissant en lançant une «campagne anti-corruption». La corruption est encore plus répandue aujourd’hui qu’elle ne l’était sous Ben Ali. Etroitement contrôlée et centralisée à l’époque par les cercles proches de l’ex-dictateur, elle a maintenant prospéré partout. La corruption colossale de l’élite dirigeante fut un facteur important qui a alimenté la révolution, et les politiciens actuels en sont très conscients. Cette campagne anti-corruption a principalement consisté en quelques arrestations de personnalités impliquées dans des réseaux de contrebande, mais il n’y a aucune confiance publique dans le gouvernement pour s’attaquer sérieusement à ce problème – certainement depuis que les partis au pouvoir se sont eux-mêmes illustrés comme architectes de la malnommée «loi de réconciliation» qui blanchit de fait les fonctionnaires de l’État impliqués dans des affaires de corruption sous l’ère de Ben Ali, une loi adoptée au Parlement en septembre dernier.

    Rôle déplorable des dirigeants syndicaux

    Honteusement, les dirigeants centraux de l’UGTT ont déployé une attitude bienveillante et coopérative à l’égard du gouvernement sur ses plans d’austérité – bien que le récent mouvement les ait forcés à prendre des distances rhétoriques. Tout au long de l’année 2017, la presse capitaliste était pleine d’éloges du secrétaire général Noureddine Taboubi, son élection à la tête de la fédération syndicale ayant marqué un tournant vers des formes plus explicites de collaboration de classe. Ayant agi comme «conseillers sociaux» du cabinet néo-libéral actuel, et n’ayant rien fait pour préparer la résistance contre la guerre sociale que ce dernier a engagé contre les travailleurs et les pauvres, les membres du bureau de l’UGTT gesticulent à présent pour prétendre être du côté des opprimés. Très justement, les manifestants n’ont pas attendu le feu vert des sommets syndicaux pour envahir les rues, sinon ils auraient attendu éternellement.

    Ces dirigeants syndicaux vocifèrent contre les actes de violence et de pillage. Il est certain que de tels actes de vandalisme jouent directement dans les mains de l’appareil d’État, en discréditant les revendications du mouvement et en justifiant la répression contre les manifestants pacifiques ; ils doivent donc être résolument combattus. Les agents provocateurs et les pilleurs doivent être isolés et marginalisés par le mouvement. Cependant, la responsabilité de ces développements incombe également à ces mêmes dirigeants syndicaux. Beaucoup de jeunes pauvres et aliénés sont en effet attirés dans l’impasse des actions désespérées du fait que ces «dirigeants» ont déserté leur poste, ne prenant aucune initiative sérieuse pour mener une lutte déterminée contre les conditions sociales intolérables vécues par la jeunesse tunisienne.

    Si ces dirigeants ne sont pas prêts à prendre des mesures sérieuses pour élargir et renforcer le mouvement actuel, ils doivent être remplacés par d’autres qui le sont. La nécessité de construire un puissant mouvement de grève contre la Loi des Finances doit être fermement mise à l’ordre du jour dans toutes les branches de l’UGTT à travers le pays. Après tout, c’est le déploiement de la puissance du mouvement ouvrier organisé qui a scellé le sort de Ben Ali il y a sept ans – c’est la même puissance qui peut vaincre aujourd’hui tous ceux qui essaient de poursuivre la politique économique de l’ancien régime.

    Les dirigeants de la coalition de gauche du «Front Populaire» ont raison d’appeler à intensifier les mobilisations. Mais leur appel parallèle pour des «élections anticipées» est en-dessous des exigences du moment. Bien sûr, nous ne sommes pas par principe contre des élections qui mettraient un terme prématuré au mandat de l’administration actuelle. Mais lancer une telle idée au beau milieu de la lutte trahit les préoccupations habituelles des dirigeants du Front Populaire de détourner le résultat des luttes sociales dans les canaux sûrs de la politique institutionnelle. Beaucoup n’ont pas oublié qu’en 2013, ces dirigeants ont gaspillé deux merveilleuses opportunités révolutionnaires avec une stratégie similaire.

    Selon nous, un vaste front uni de résistance rassemblant les militants de Fech_Nestannew, les travailleurs et les syndicats, les organisations de chômeurs et les communautés locales en lutte, les activistes politiques et sociaux, doit être organisé et intensifié jusqu’à ce que la Loi des Finances soit dégagée, et avec elle, son concepteur sous la forme du gouvernement Chahed. Mais comme le démontre amplement l’expérience des sept dernières années, à moins que le mouvement ne construise sa propre expression politique indépendante basée sur les exigences de la révolution, les classes dirigeantes capitalistes constitueront continuellement des équipes gouvernementales qui correspondent à leurs seuls intérêts et écrasent les aspirations du peuple.

    Pour éviter que cela ne se reproduise, des comités d’action doivent être mis en place sur les lieux de travail et dans les quartiers afin de construire le mouvement par la base, de fédérer une lutte politique de masse visant à renverser le gouvernement actuel, et de préparer la formation d’un gouvernement révolutionnaire, basé sur des représentants démocratiquement élus des travailleurs, des paysans pauvres et des jeunes. A l’aide d’un programme socialiste, basée sur la propriété publique des banques, des usines, des grandes propriétés foncières et des services, un avenir radicalement différent pourrait être construit pour la majorité.

    Nos revendications:

    -A bas la Loi des Finances – refus du paiement de la dette

    -Non à la hausse des prix – défense et extension des subventions de l’Etat – pour des salaires et des allocations sociales adaptés au coût de la vie

    – Libération immédiate de tous les militants arrêtés – fin immédiate de l’état d’urgence

    -Pour une série de grèves générales régionales, en vue de préparer une grève générale nationale de 24h pour faire tomber le gouvernement Chahed

    -Pour un vaste plan d’investissement public dans les infrastructures et le développement des régions intérieures, afin de fournir des emplois aves salaires décents pour les chômeurs

    -Nationalisation des banques, des grandes entreprises et des grandes propriétés agricoles, sous contrôle démocratique de la population

    -Pour un gouvernement révolutionnaire basé sur des représentants des travailleurs, des paysans pauvres et des jeunes, démocratiquement élus sur les lieux de travail, dans les villages et les quartiers

  • Bruxelles : action de soutien aux masses iraniennes

    Ce vendredi, une petite centaine de personnes s’est rassemblée devant l’ambassade iranienne. La colère est grand contre la corruption et la politique répressive du gouvernement. La crise économique touche de plus en plus les pauvres alors que les riches en tirent profit.

    Beaucoup ont encore en tête le mouvement de 2009 au cours duquel beaucoup de jeunes se sont radicalisés. A l’époque, les dirigeants réformistes l’avait détourné vers les élections pour en tirer profit.

    Cela illustre qu’il est important de bien choisir ses alliés dans le mouvement. Des membres de l’élite y voient une occasion d’orienter le mouvement selon leurs intérêts. Les jeunes et les travailleurs en Iran ont besoin de structures indépendantes. Lors du mouvement en Afrique du Nord et au Moyen Orient de 2011, on avait vu émerger des comités visant à coordonner les activités des masses et à élaborer le programme. Initié en Tunisie, le mouvement s’est rapidement étendu en Afrique du Nord et au Moyen-orient. Ce sont ces points que nous avons défendus lors de la prise de parole, devant l’ambassade.

    Pour plus d’éléments de contexte, consultez notre article : “Le mouvement des travailleurs et des jeunes défie le régime iranien”.

     

     

  • Le mouvement des travailleurs et des jeunes défie le régime iranien

    Des manifestations soudaines à l’échelle nationale ont secoué l’Iran. De larges couches des masses ont démontré leur profonde méfiance envers le régime. La jeunesse, confrontée à un taux de chômage estimé entre 25% et 40%, a particulièrement été sur le devant de la scène. Les manifestations, initialement dirigées contre la hausse des prix et la corruption, ont presque immédiatement évolué en combats et affrontements avec les forces de sécurité avec un nombre croissant de morts. Dans certaines villes, des gens ont attaqué des postes de police, des quartiers généraux paramilitaires favorables au régime et des centres religieux. Ce développement rapide semblait incroyable même pour les analystes politiques et les activistes les plus optimistes.

    Par P. Daryaban, Comité pour une Internationale Ouvrière

    L’étincelle immédiate fut l’opposition à l’annonce de nouvelles mesures néolibérales faite en décembre par le président «modéré» Hassan Rouhani, la forte hausse des prix des produits de première nécessité ainsi que la divulgation de détails portants sur le somptueux financement des organismes religieux. Dans un contexte de chômage de masse et de baisse moyenne de 15% du niveau de vie au cours de ces dernières années, les manifestations se sont propagées rapidement à travers le pays.

    La crise économique s’est aggravée au cours des dernières années. Cela s’illustre au travers des dettes énormes du gouvernement aux banques, l’épuisement des ressources des fonds de pension, la faillite des institutions financières et une quantité incroyable de corruption et de détournement de fonds, qui ont directement endommagé les conditions de vie de la classe ouvrière. Couplée à une élite riche de plus en plus visible, ceci était un autre facteur clé dans ces protestations, dans lesquelles sont scandés « A bas les escrocs! ».

    L’administration Rouhani se vantait de réduire l’inflation à un seul chiffre et d’augmenter le taux de croissance à six pour cent. Cependant, ce premier objectif a été partiellement atteint par des mesures néolibérales, tandis que le second n’était que le produit de la capacité du régime à exporter du pétrole après la levée d’une partie des sanctions imposées par l’ONU.

    Le régime a également épuisé ses ressources en s’impliquant dans les guerres en Irak, en Syrie et au Yémen. De plus, le leader libanais du Hezbollah a ouvertement annoncé qu’ils recevaient depuis l’Iran tout l’argent pour leur parti et pour l’amélioration des infrastructures au sud Liban. Le régime verse d’énormes fonds aux forces militaires qu’il soutient également en Irak. Les politiques étrangères ambitieuses du régime ont des coûts que la classe ouvrière iranienne doit payer. Le régime, pendant un certain temps, a cherché à justifier cela par la peur concernant l’émergence du terrorisme à l’intérieur des frontières iraniennes. Cependant, avec la chute de l’Etat islamique, l’épouvantail du régime a disparu, au moins pour l’instant.

    L’arrivée de Trump a aggravé la situation et a brisé les rêves du régime iranien d’attirer des investissements étrangers. Les banques iraniennes n’ont pas été en mesure de retourner au système bancaire international.

    Au cours des trois ou quatre dernières années, deux mouvements importants ont maintenu allumée la flamme de l’opposition : le mouvement ouvrier d’une part et d’autre part la campagne des déposants dans la faillite des institutions financières.

    Des grèves et des piquets importants ont eu lieu à Arak dans le nord-ouest de l’Iran et dans les zones riches en pétrole et gaz dans le sud, ainsi que des manifestations continues contre la répression des militants syndicaux, comme le dirigeant des travailleurs des bus à Téhéran et d’autres au sein de Haft-Tapeh Sugar Company au Khuzestan.

    Les institutions financières, qui ont surtout été fondées par des gens affiliés au régime, ont volé des millions de dollars aux déposants, allant des personnes à faible revenu qui ont déposé des sommes minimes pour vivre, jusqu’aux riches qui ont reçu d’énormes revenus en intérêts. L’histoire de ces institutions, ainsi que les détournements colossaux de la Caisse de retraite des enseignants et de la sécurité sociale, n’est pas le simple fait du profit capitaliste, mais relève aussi des pillages moyenâgeux. Aucun des officiels corrompus n’a été puni.

    Le budget jette de l’huile sur le feu

    L’annonce en décembre du projet de loi budgétaire 2018 de Rouhani qui proposait une augmentation des prix du pétrole et du gazole d’environ 40% a jeté de l’huile sur le feu. Dans le même temps, les prix des œufs ont soudainement augmenté au cours des dernières semaines. Cela signifie que les pauvres ne peuvent pas accéder à une nourriture même très basique. Le budget proposait également de mettre fin, dans le cadre du programme de aides, aux paiements mensuels de 455 000 rials (12,60 $ US) pour quelque 34 millions de personnes, soit environ 40% des bénéficiaires actuels.

    De plus, la publication du projet de loi sur le budget concernant l’énorme allocation de fonds aux institutions religieuses parasitaires a enragé les gens. Alors que ce plan budgétaire parlait d’une augmentation des dépenses publiques de 6%, avec une inflation officielle de près de 10%, il poursuivait en réalité les politiques néolibérales de réduction de dépenses introduites par Rouhani après son entrée en fonction en 2013 (les chiffres publiés par les centres statistiques iraniens sont très contradictoires et l’inflation réelle et les taux de chômage réels devraient être beaucoup plus élevés).

    La croissance des médias sociaux a complètement éclipsé les médias d’État, permettant aux gens de partager plus librement leur colère et leur insatisfaction. Il y avait environ un million de smartphones en Iran lors des dernières manifestations de masse en 2009, il y en aurait maintenant 48 millions.

    Malgré le fait qu’en Iran les syndicats de lutte indépendants ne sont pas autorisés, le peuple a utilisé tout espace et brèche possible pour construire ses revendications. La crise profonde et la colère ont creusé les divisions et les luttes intestines au sein du régime et l’ex-président, Ahmadinejad, a commencé à attaquer amèrement le pouvoir judiciaire et exécutif. Khamenei a averti Ahmadinejad dans une tentative de le faire taire mais le prétendu chef suprême a perdu son autorité même à l’intérieur du régime.

    Dans ces circonstances, les manifestations du 28 décembre à Mashhad ont joué le rôle d’étincelle. Premièrement, l’accent a été mis sur la hausse des prix et la corruption, mais il a été rapidement été élargi politiquement. La foule a crié “mort au dictateur” et a appelé à la liberté pour des prisonniers politiques. Même s’il y avait la crainte que les soi-disant « extrémistes » du régime pourraient utiliser les protestations comme levier de pression sur Rouhani, il est clair qu’ils ont perdu le contrôle de celles-ci presque aussitôt après qu’elles aient commencé !

    Le lendemain, des manifestations similaires ont pris place à Téhéran, à Rasht, à Kermanshah et à Ahvaz avec des slogans visant les principaux dirigeants du régime.

    La caractéristique de ce mouvement est qu’il est principalement spontané, sans direction unifiée, et est largement basé sur l’initiative des masses sur le terrain. Les villes éloignées n’attendent pas les grandes villes. Elles se sont engagées dans le mouvement de manière complètement indépendante.

    Le régime a été brièvement paralysé et a hésité à lancer une contre-offensive très violente, bien qu’il ait arrêté des centaines de personnes et en a tué au moins 21 jusqu’à présent. Partout où il a essayé d’utiliser sa « poing de fer », les gens l’ont puni sévèrement. À Malayer et à Shahinshahr, les gens auraient occupé des postes de police et le plus haut bureau religieux local. Cela ne se passe pas seulement dans les zones du Fars (Perse), les Kurdes et les Baloutches ont également rejoint les manifestations. Les femmes ont joué un rôle remarquable dans le mouvement.

    Personne ne pouvait imaginer cette situation, même il y a une semaine. Bien qu’il ne soit pas clair comment ce mouvement d’en bas va se développer immédiatement, il est très clair que nous assistons à une incroyable démonstration de courage, à l’expression d’une énorme colère et d’un profond désir de liberté et de justice sociale.

    Caractéristiques politiques du mouvement

    Ce mouvement est totalement basé sur l’initiative des masses. Beaucoup ont complètement rompu avec les dirigeants réformistes du mouvement vert de 2009 qui ont utilisé le peuple dans les élections et dans la division du pouvoir avec l’autre faction principale de l’élite dirigeante. La soi-disant faction réformiste a même ouvertement condamné les manifestations actuelles et a appelé à leur répression. Ce mouvement est une expression de la déception généralisée d’avec le président Rouhani, qui a été massivement réélu en mai dernier avec plus de 57% des voix.

    La majeure partie du mouvement est passée de la participation d’une couche importante de la petite bourgeoisie et des couches moyennes, qui constituaient principalement les protestations vertes de 2009, à la participation de la classe ouvrière et des chômeurs. La colère accumulée a radicalisé le mouvement. Les masses ne croient plus aux manifestations «non-violentes» et «silencieuses» de type Gandhi. Ils appellent ouvertement à renverser le régime.

    Les femmes, comme auparavant, ont joué un rôle remarquable dans le mouvement et parfois elles s’engagent plus audacieusement que les hommes. C’est à cause de la double oppression qu’elles ont subie sous le régime islamique.

    L’ampleur des protestations est telle que la population des petites villes des régions reculées n’attend plus après les grandes villes pour s’organiser et lutter.

    Perspectives

    Au moment d’écrire ces lignes, la censure étouffante d’Internet par le régime iranien limite la quantité d’informations précises et à jour sur ce qui se passe dans le pays.

    Nous ne sommes pas sûrs de la durée de ces manifestations spontanées, mais ce qui est certain, c’est que cela a ouvert un nouveau chapitre de l’histoire révolutionnaire iranienne d’après 1979. Nous pouvons diviser cette histoire en trois étapes; de la révolution de février 1979 à la répression de juin 1981, de cette répression à décembre 2017. Dans un premier temps, le régime a écrasé la révolution de 1979 et consolidé sa position. Pendant la deuxième période, le Thermidor (la réaction) a survécu malgré ses crises, comme le mouvement vert de 2009, alors que les gens espéraient encore des réformes du régime, en particulier des factions soi-disant réformistes. Cette nouvelle troisième étape marque le début d’une rupture totale avec le régime et ses factions par des couches importantes. La gouvernance du clergé est de plus en plus considérée comme responsable de ce qui se passe.

    Cependant, malgré son haut niveau de militantisme, ce mouvement souffre de sérieuses faiblesses. Il n’en est encore qu’à ses débuts et, en l’absence d’un parti révolutionnaire capable de proposer une stratégie claire, il risque de perdre son élan malgré sa montée rapide. Inévitablement, cette faiblesse, combinée au fait que ce mouvement en est à ses débuts, produit des tendances contradictoires dans la conscience des participants. Ainsi, parfois même des slogans à l’appui de la monarchie de la révolution d’avant 1979 pouvaient être entendus, bien que ce n’était tout de même pas l’humeur dominante dans la manifestation.

    Les actions initiales de ce mouvement se situaient dans les rues et n’ont pas encore fusionné avec les manifestations sur les lieux de travail. Mais le fait d’être présents dans les espaces publics et dans les rues n’assure pas la survie du mouvement, il doit se modeler autour des usines, des lieux de travail, des communautés et des écoles…

    Si la classe ouvrière dans les principales industries – pétrole, gaz, pétrochimie et automobile – s’engageait dans une grève de 24 heures, elle apposerait son sceau sur le mouvement et le ferait avancer énormément. Cependant, nous n’avons pas observé de signaux pour un tel pas en avant.

    Que faut-il faire ?

    La gauche iranienne doit essayer de tirer les leçons de la révolution de 1979, des manifestations de 2009 et de l’expérience des luttes révolutionnaires dans le monde, en particulier dans le récent “printemps arabe”. Cela exige également un plus grand sens de l’internationalisme et de la coopération avec les forces du mouvement socialiste international.

    La gauche doit réagir à ces nouvelles opportunités en proposant des activités, des formes organisationnelles et des méthodes pratiques pour renforcer et améliorer le mouvement. La gauche doit se doter de nouveaux moyens de communication qui, malgré les tentatives du régime pour limiter leur utilisation, peuvent aujourd’hui jouer un rôle crucial pour atteindre les masses. Elle doit utiliser ces moyens, y compris les médias sociaux, pour diffuser les informations et les propositions pour aider à l’organisation des prochaines étapes.

    Bien que les manifestations actuelles peuvent ralentir, elles ont fondamentalement changé la situation en Iran. Cette expérience peut jeter les bases de la construction d’un mouvement ouvrier capable de défier aussi bien le régime que le capitalisme. Les premières étapes doivent être le rassemblement des activistes dans des groupes et des comités pour coordonner les activités et élaborer les revendications et le programme. La gauche doit entamer un dialogue pour former un front uni, comme un pas en avant vers la création d’un parti ouvrier de masse démocratiquement dirigé qui puisse rassembler les travailleurs, les pauvres et les jeunes dans la lutte pour une alternative.

    Les marxistes plaideraient pour un programme liant les revendications pour des droits démocratiques, contre la répression, pour défendre et améliorer les conditions de vie avec la nécessité d’un gouvernement de véritables représentants des travailleurs et des pauvres qui puisse commencer la transformation socialiste de l’Iran en nationalisant, sous contrôle démocratique, les secteurs clés de l’économie. Cela aurait un énorme attrait pour les travailleurs à travers le Moyen-Orient et au-delà.

    La gauche doit avertir de l’intervention impérialiste pour déstabiliser et détourner le mouvement. L’hypocrisie de Trump doit être révélée, tout en affirmant un “soutien” pour le peuple iranien, il se lie à la dictature saoudienne. Dans le même temps, toute illusion parmi les couches de la population que des alternatives bourgeoises pro-occidentales peuvent apporter une vie meilleure au peuple doit être combattue par un programme socialiste qui explique ce qui pourrait être réalisé si le capitalisme était renversé.

    Seule une société dirigée par des représentants des travailleurs peut résoudre les crises chroniques en Iran, gagner des droits démocratiques et mettre fin à la pauvreté et à l’oppression fondées sur le genre, la religion et l’ethnicité. Une révolution des travailleurs en Iran stimulera les forces progressistes, démocratiques et socialistes au Moyen-Orient et surmonterai les idées et les forces islamistes réactionnaires.

  • Colère massive suite à la reconnaissance par Trump de Jérusalem comme «capitale» israélienne

    La déclaration de Trump de reconnaissance unilatérale de Jérusalem comme capitale d’Israël, tout en ignorant le droit des Palestiniens à un Etat avec une capitale à Jérusalem, a déclenché une vague de protestation dans le monde et a déjà entrainé des morts parmi les Palestiniens. Quatre Palestiniens tués, plusieurs centaines de blessés, des roquettes dans le sud d’Israël, des bombardements dans la bande de Gaza: la déclaration arrogante de Trump est déjà tachée de sang.

    Par Shahar Benhorin et Yasha Marmer, Mouvement Socialiste de Lutte (CIO-Israël/Palestine)

    Cette déclaration accepte la revendication du régime israélien d’une reconnaissance unilatérale de Jérusalem divisée et frappée par la pauvreté comme seule capitale d’Israël, et, en fait, la reconnaissance du statu quo de l’occupation continue à Jérusalem-Est tout en niant le droit des Palestiniens à disposer d’un Etat ayant une capitale à Jérusalem.

    La décision de Trump a déclenché des protestations justifiées dans le monde entier et particulièrement parmi les Palestiniens. Des dizaines de milliers de personnes ont protesté à Amman en Jordanie, tandis que des milliers de personnes ont manifesté dans les villes de la région et autour du globe. Des milliers de Palestiniens ont manifesté à Jérusalem-Est, parallèlement à une grève des commerces. Des milliers de personnes ont manifesté à Ramallah, avec des manifestations organisées dans plusieurs parties de la bande de Gaza et dans toute la Cisjordanie. De l’autre côté de la ligne verte (en Israël), des milliers de personnes ont protesté à Umm al-Fahm, des milliers dans la région de Wadi Ara tandis que d’autres manifestations s’ébranlaient avec des centaines de participants à Jaljulia, Kafr Kanna, Qalansuwa, Nazareth et d’autres villes. Le Haut comité de suivi pour les citoyens arabes d’Israël a appelé à une manifestation devant l’ambassade américaine à Tel Aviv et à une manifestation à Sakhnin.

    Le nombre de victimes dues à cette prise de position de Trump pourrait augmenter dans les jours et les semaines à venir, à la suite de la répression militaire des manifestants palestiniens, des bombardements des forces de défense israéliennes dans la bande de Gaza et des attaques aveugles contre les civils israéliens.

    Avant la déclaration de Trump – qui, selon Trump et Netanyahu [le Premier ministre israélien] aidera à promouvoir la paix! – le Département d’Etat américain a ordonné aux diplomates américains de se mettre à l’abri et d’éviter les visites inutiles en Israël pendant deux semaines par souci pour leur sécurité. La sécurité des Palestiniens et des Israéliens ne concerne pas l’administration Trump et ses partenaires dans le gouvernement de Netanyahou. L’empressement du gouvernement de Netanyahou à défendre la poursuite de l’occupation, à tout prix, peut à lui seul ouvrir un autre chapitre d’une escalade significative et continue du conflit israélo-palestinien et aggraver les tensions dans la région.

    Le Premier ministre israélien, le président et les dirigeants des partis d’opposition, Avi Gabbay et Yair Lapid, ont salué la démagogie de Trump. Les représentants de la droite et des colons l’interprètent comme un feu vert pour la poursuite de l’expansion des colonies et de la «judaïsation» des quartiers palestiniens de Jérusalem-Est, pour des démolitions systématiques de maisons, pour l’oppression et l’expropriation des Palestiniens. Le gouvernement envisage toujours d’annexer la colonie de Maale Adumim, de construire des colonies dans la zone E1 et d’exclure des dizaines de milliers de Palestiniens de la zone municipale de Jérusalem. Pendant ce temps, le ministre du logement, Yoav Gallant, qui n’a pas réussi à résoudre la crise du logement, a déjà annoncé la construction de milliers de nouvelles colonies à Jérusalem-Est.

    Les mesures visant à empêcher toute possibilité d’établir une capitale palestinienne à Jérusalem ont longtemps été soutenues silencieusement par les administrations américaines, accompagnées de condamnations purement verbales. Trump a transformé le soutien silencieux en un soutien bruyant et provocateur. Quand il dit que son administration soutiendra une solution à deux États, si les deux parties sont d’accord, il indique clairement qu’il est prêt à soutenir l’idée de la création d’un État palestinien seulement si le gouvernement israélien l’accepte. Apparemment, Trump ne prend pas position sur les limites de la souveraineté israélienne à Jérusalem. Mais, en fait, il donne un soutien clair à la poursuite de la prise de contrôle violente et unilatérale du côté est de la ville par le régime israélien en collaboration avec les organisations de colons.

    Réactions internationales

    Trump a annoncé les préparatifs pour la relocalisation de l’ambassade des États-Unis à Jérusalem, conformément à la loi américaine qui a été approuvée par le Congrès en 1995, dans le contexte des Accords d’Oslo. La loi a appelé à déplacer l’ambassade américaine et à reconnaître Jérusalem comme la capitale «indivisible» d’Israël. La mise en œuvre de la loi a été reportée à plusieurs reprises par une dérogation présidentielle signée tous les six mois. Trump a signé cette renonciation maintenant, comme il l’a fait en juin dernier. Il aurait pu déclarer la relocalisation immédiate de l’ambassade dans le bâtiment du consulat des États-Unis à Jérusalem, mais une telle mesure ne ferait qu’accentuer les critiques à son égard, y compris de la part de responsables gouvernementaux américains.

    Le secrétaire d’État Tillerson, le secrétaire à la Défense Mattis et le directeur de la CIA, Pompeo, faisaient partie de ceux qui s’opposaient à la déclaration. Ils craignaient, comme d’autres officiels de l’establishment américain, que les intérêts de l’impérialisme américain soient endommagés par la résurgence de la rage contre les Etats-Unis à l’échelle internationale, les dommages aux relations avec les régimes de la région, l’érosion de la stabilité dans la région et affaiblissement de l’influence américaine sur l’Autorité palestinienne (AP). En effet, la démarche de Trump était un objectif propre pour la politique étrangère américaine. Cela s’est manifesté par la réunion d’urgence du Conseil de sécurité des Nations unies, par la condamnation des gouvernements européens, par la réunion d’urgence des ministres des Affaires étrangères de la Ligue arabe au Caire et par la déclaration de l’Autorité palestinienne de couper les liens avec les Etats-Unis.

    Seule une poignée de régimes internationaux étaient prêts à s’adapter à ce type de politique concernant Jérusalem: Taïwan a copié la position de Trump et les promesses d’aller dans la même direction ont été faites par les “mini-atouts” de la Hongrie, de la République tchèque et des Philippines. La plupart des gouvernements du monde n’oseront pas adopter la politique de Trump concernant Jérusalem dans un avenir proche, pour leurs propres considérations stratégiques mais aussi en raison de l’opposition publique significative à l’occupation israélienne des territoires de 1967 [ceux occupés à la guerre de 1967]. Même la République tchèque a souligné dans sa déclaration de presse qu’elle ne reconnaissait comme capitale d’Israël que “Jérusalem à l’intérieur des frontières de 1967”. Cette déclaration s’inscrit dans la nouvelle position de la Russie qui a déclaré en avril qu’elle considérait Jérusalem Ouest comme la capitale d’Israël et Jérusalem-Est comme la capitale du futur Etat palestinien.

    Netanyahu se vante d’un renforcement des relations avec les dirigeants du monde entier, mais sous la surface – aux États-Unis, en Europe et ailleurs – il y a une tendance significative à la critique plus forte de la politique israélienne. Au Moyen-Orient, bien que les régimes sunnites arabes agissent pour resserrer une alliance stratégique avec l’Etat israélien, ils doivent prendre en considération le sentiment public et la solidarité généralisée avec la lutte palestinienne pour la libération nationale.

    “L’accord du siècle”

    Après le discours de Trump, le New York Times a publié que le prince héritier saoudien Mohammed bin Salman avait fait pression sur l’Autorité Palestinienne (AP) pour que soit accepté un accord de capitulation avec Israël. Selon cet accord, la capitale palestinienne sera située à Abu-Dis et non à Jérusalem-Est, les colonies ne seront pas supprimées et le «droit au retour» [des réfugiés palestiniens] ne sera pas reconnu. Mais publiquement, les dirigeants saoudiens ont été obligés de jouer un air différent. Ils se sont opposés, tout comme leurs homologues du royaume jordanien, à la déclaration de Trump avec des communiqués acerbes. Ils craignent des protestations éventuelles du peuple saoudien. Hassan Abu Hanieh, un analyste jordanien, a expliqué dans le Financial Times [6.12.17] que “le leadership arabe sera considéré comme complice de cette situation, et il y a une conviction croissante parmi les populations que leurs gouvernements sont en collusion avec Israël”.

    Trump a l’intention de révéler dans les prochains mois une nouvelle “feuille de route” qui, selon lui, résoudra le conflit israélo-palestinien. Trump utilise sa récente intervention pour intensifier la pression sur l’Autorité Palestinienne et l’OLP (Organisation de Libération de la Palestine) pour accepter tous ses diktats. Tout cela alors que Trump continue également de menacer de fermer le bureau de l’OLP à Washington. Il soutient que la suspension du soutien officiel des États-Unis à Israël sur la question de Jérusalem n’a pas aidé à promouvoir un accord, jusqu’à présent. Par-là, Trump envoie un message à la direction palestinienne que si cela ne correspond pas à ses conditions – la nécessité de satisfaire le gouvernement de Netanyahu qui refuse toute reconnaissance d’un état palestinien – les Etats-Unis vont faire payer l’addition. Cependant, faire pression sur l’Autorité palestinienne d’une manière aussi publique et sévère compromet encore plus toute base pour la promotion de son «accord du siècle».

    Trump arrache du visage de l’impérialisme américain, une fois de plus et de façon « laide », le faux masque d’ «intermédiaire honnête» qu’il prend dans le conflit israélo-palestinien. Jusqu’à la récente déclaration, le président palestinien Mahmoud Abbas cherchait vigoureusement les grâces de Trump, et a même déclaré en septembre: “Nous sommes très près d’une véritable paix entre les Palestiniens et les Israéliens”. Dans le même temps, la majorité des Palestiniens ne croient pas au canular de la paix de Trump et préféreraient qu’Abbas démissionne de son poste. Maintenant, Trump a poussé les hauts dirigeants de l’AP dans un coin. Parallèlement au gel des relations avec les Etats-Unis, Abbas refusera de rencontrer le vice-président américain Mike Pence qui prévoit de se rendre à Bethléem à Noël. Il semble aussi qu’Abbas refusera l’invitation de rencontrer Trump à la Maison Blanche, du moins pour l’instant.

    Mais l’élite de l’AP est dans une impasse en termes de stratégie. Elle craint le développement de manifestations populaires de masse. Les dirigeants de l’AP sont également conscients qu’il n’y a pas d’autre puissance impérialiste qui serait acceptée par le régime israélien pour «sponsoriser» les négociations. Abbas peut espérer un parrainage et une nouvelle initiative de la part de la Russie ou de l’Union européenne, mais le gouvernement de Netanyahu refusera de collaborer à toute initiative de ce genre, comme l’a clairement montré l’exemple français. Les chances de renouvellement des pourparlers directs entre l’AP et le gouvernement de Netanyahu sont faibles ou inexistantes.

    Quant aux dirigeants du Hamas, ils espéraient, comme l’avait expliqué à l’époque leur leader Khaled Mashal, que l’administration Trump fournirait aux Palestiniens une “opportunité spéciale”, car elle contenait “un plus grand seuil d’audace” que celles d’avant. Ils ont placé leurs espoirs dans le «processus de réconciliation» avec le Fatah [le parti d’Abbas], parrainé par le régime de Sissi en Egypte, mais ce processus n’a pas encore pris son essor. L’Autorité palestinienne refuse de lever les sanctions économiques imposées à Gaza et le Hamas refuse de désarmer.

    La possibilité d’une nouvelle escalade de la confrontation avec Israël arrive au mauvais moment pour les dirigeants du Hamas. Dans le contexte de la crise à Gaza, ils n’ont pas été en mesure de présenter des résultats au cours de la dernière période. Ils préfèrent donc éviter de lancer des roquettes sur Israël (les organisations salafistes revendiquent la responsabilité des derniers lancements). Sans présenter de solution pour Gaza, le Hamas appelle à une «nouvelle Intifada» dans les territoires de Cisjordanie et à Jérusalem, visant à couvrir son manque de stratégie crédible pour faire avancer la lutte palestinienne.

    Protestations sur le terrain

    L’idée d’un soulèvement important contre le régime d’occupation a eu un large soutien pendant un certain temps parmi les Palestiniens dans les territoires de 1967. Dans le même temps, il y a un profond pessimisme quant aux résultats potentiels de la lutte. Par conséquent, compte tenu de la lourde répression militaire israélienne qui a déjà entraîné le meurtre de deux manifestants et des centaines de blessés, y compris par balles réelles, les manifestations de masse en réaction à la déclaration de Trump, notamment en Cisjordanie, ont, jusqu’à présent, été limitées.

    En juillet dernier, un soulèvement de milliers de manifestants à Jérusalem-Est a réussi à vaincre la provocation arrogante du gouvernement de Netanyahou – une attaque contre la liberté de culte et de mouvement dans la ville antique, surnommée “la crise des détecteurs de métaux”. Après la déclaration de Trump, des milliers de personnes sont descendues dans les rues de Jérusalem-Est, parallèlement à des manifestations dans d’autres endroits. Il n’est pas clair, à ce stade, si ces manifestations palestiniennes de «rage» se transformeront en un soulèvement plus large et prolongé. Mais une protestation à grande échelle, qui défiera la dictature de l’occupation et des colonies, est définitivement nécessaire.

    Trump et Netanyahu sont prêts, en exploitant le fanatisme nationaliste, à détériorer la région vers une autre crise sanglante, pour permettre leur survie au pouvoir. La réponse appropriée est de sortir et de lutter contre ceux-ci et leur programme désastreux. Des manifestations importantes dans les territoires palestiniens et dans toute la région sont nécessaires. De grandes manifestations au sein de la « Ligne verte », y compris en réunissant des Juifs et des Arabes, contre l’occupation et pour la paix sont essentielles pour bloquer les fauteurs de guerre et détruire cette même occupation. La lutte pour la paix exige d’être large, contre l’occupation et pour des politiques allant dans l’intérêt des travailleurs et des pauvres, des deux côtés de la division nationale.

    Netanyahou essaie de saisir la déclaration de Trump pour détourner l’attention non seulement des arguments justes de ceux qui s’opposent à l’occupation, mais aussi du grand mouvement de protestation contre la corruption qui a récemment émergé contre son règne et contre toute une série de problèmes sociaux.

    Dans le contexte des manifestations internationales et face à une incitation féroce et à la répression militaire contre les manifestants palestiniens, il est nécessaire de mobiliser la solidarité et d’élargir les protestations, y compris au sein du mouvement contre la corruption en Israël et en impliquant les organisations d’ouvriers et d’étudiants israéliens.

    La propagande hypocrite qui tente de dépeindre Jérusalem comme une ville «unifiée» et prospère qui préserve la liberté de culte et la dignité de tous, vise à cacher la réalité des divisions profondes. Le mur de séparation, les checkpoints, la provocation sans fin sur base de la nationalité et de la religion, la discrimination, la pauvreté, le vol de maisons et de terres des résidents sont les réalités vécues par la majorité des palestiniens. A cela il faut rajouter les marches racistes et haineuses promues par l’État et les abus quotidiens de la police des frontières et des autorités.

    Dans le cadre de la lutte contre l’occupation et pour la paix, le Mouvement Socialiste de Lutte appelle à l’établissement de deux capitales nationales à Jérusalem, assurant une vie de bien-être, d’égalité des droits, de liberté de mouvement et de liberté religieuse. Dans le contexte de deux Etats socialistes, démocratiques et égaux, il sera possible de créer une société qui permettra à Jérusalem de s’épanouir véritablement en tant que ville pluraliste sans ghettos misérables, sans discrimination et sans murs de béton.

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